A la mémoire des victimes de la répression
Le 30 octobre est, depuis 1991, la "journée de commémoration des victimes des répressions politiques" en Russie. Tout a commencé 30 Octobre 1974: les détenus politiques des camps sibériens ont fait grève de la faim et allumé des cierges en souvenir de toutes les victimes innocentes par une. En même temps, à Moscou, A Sakharov et S. Kovalev organisaient une conférence de presse dans l'appartement du savant pour rendre publique l'action des détenus et montrer des documents provenant des camps ainsi que le nouveau numéro tout juste imprimé de "La chronique des événements courants" (journal clandestin de défense des droits de l'homme qui existât en 1968-1983) qui était consacré à cette évènement (1).

Après cela des grèves de la faim ont eu lieu chaque année le 30 octobre parmi les détenus politiques et des manifestations ont été organisées dans les grandes villes d'URSS.

Le 30 octobre 1989, plus de 3000 personnes, tenant des cierges, ont fait une chaine humaine autour du siège du KGB, sur la place de la Lubianka à Moscou. Ils ont été dispersés par les troupes du ministère de l'intérieur. Le 30 juin 1990 un énorme monolithe provenant de Solovki (où avait été organisé le premier camp dès 1918) a été érigé sur la place de la Loubianka et, depuis lors, des manifestations y ont lieu chaque année, en particulier le 30 octobre.

Comme depuis plusieurs années la commémoration a commencé dès la veille, le 29 avec l'appel des "noms oubliés": plusieurs dizaines de militants de l'association "Mémorial", qui vient de recevoir le prix Sakharov 2009 du Parlement européen(2), ont font l'appel des noms des victimes de répressions: il y en aurait plus de 30 000 fusillés à Moscou, d'après Mémorial, et plusieurs millions en Russie d'après "Le livre noir du communisme".
C'est Vladimir Loukin, responsable aux Droits de l'Homme nommé par le gouvernement russe, qui a commencé l'appel; après cela il a regretté que "si peu de fonctionnaires viennent à la pierre de Solovki".

"Tant qu'on n'a pas donné les noms de toutes les victimes, tant que nous n'avons pas compris les causes de cette tragédie, il est nécessaire de la rappeler" a dit Arsène Roguinski, le chef de Mémorial, prenant clairement le contre pieds de tous ceux qui veulent "tourner la page" et oublier ce douloureux passé (cf. Echo de Moscou).


Et demain c'est l'Église russe qui s'associera à l'hommage solennel aux victimes de la répression


(1) Quelques mois plus tard, l'organisation de cette conférence de presse deviendra l'une des charges au procès de S. Kovalev; en décembre 1975 il sera condamné à 7 ans de camp et 3 ans d'exil et ne reviendra à Moscou qu'au moment de la perestroïka; en 1994-95 il sera le premier "responsable aux Droits de l'homme" en Russie.

(2) Le Parlement européen a décerné ce prix à Memorial le jeudi 22 octobre. Le prix, saluant "la liberté de penser" a été attribué à Lioudmila Alexeeva, Sergueï Kovalev, Oleg Orlov, tous trois de Memorial, ainsi qu'aux "autres défenseurs des droits de l'homme en Russie", a précisé le Parlement. L'ONG russe fondée en 1989 par le dissident Andreï Sakharov est la seule à rendre compte des exactions commises dans le nord du Caucase.
Memorial travaille aussi sur les crimes de l'époque stalinienne. Ses activités déplaisent aux nostalgiques du stalinisme comme aux partisans de l'actuel homme fort en Tchétchénie, R. Khdyrov: le 15 juillet dernier, Natalia Estemirova, la représentante de Memorial en Tchétchénie, a été enlevée puis retrouvée tuée de deux balles dans la tête et la poitrine.
Elle enquêtait sur des exécutions sommaires et des enlèvements. Après sa mort, l'ONG a décidé de suspendre ses activités en Tchétchénie. Les militants qui travaillaient sur des dossiers chauds ont été évacués vers des pays européens.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 29 Octobre 2009 à 22:12 | 1 commentaire | Permalien



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