"Recevant toutes sortes d'appels à propos du prochain Concile panorthodoxe," le Service des communications du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou a publié une longue déclaration dont voici la traduction. Nous avons ajouté les sous-titres.

LE CONCILE PANORTHODOXE NE SERA PAS LE VIII ème CONCILE ŒCUMENIQUE

Le Saint et Grand concile de l'Eglise orthodoxe qui se tiendra en Crète les 18 - 27 Juin 2016 ne va pas débattre des questions dogmatiques qui ont été débattues et définitivement décidées par les Conciles œcuméniques. La convocation du Concile panorthodoxe n'est associée à aucune influence de quelque force politique ou processus mondial que ce soit du fait même que sa préparation, en cours depuis 1961, a commencé et s'est développée dans des conditions historiques et politiques totalement différentes.

Le prochain Concile n'est pas et ne peut être le "huitième concile œcuménique". Nombre d'auteurs religieux anciens, dont certains sont vénéré parmi les saints, ont désigné comme huitième concile œcuménique celui qui s'est tenu à Constantinople en 879-880 et qui a condamné toute addition au Credo. Et pour ce qui concerne le Concile qui est convoqué en Crète, "nous ne qualifions pas ce Concile d'œcuménique car, contrairement aux anciens Conciles œcuméniques, il n'a pas pour objet de résoudre des questions doctrinales, qui ont été résolues depuis longtemps et ne sont pas sujettes à révision. Il n'a pas non plus pour objet d'introduire quelque innovation que ce soit dans la vie liturgique de l'Église, dans sa structure canonique," comme l'a clairement déclaré le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrile au Concile épiscopal de l'Eglise orthodoxe russe le 2 Février, 2016.

Les seules questions traitées durant ce Concile panorthodoxe seront celles qui, pour des raisons historiques, n'ont pas reçues de réponses universellement acceptées dans le cadre du droit canonique, comme par exemple la coopération pour la pastorale des orthodoxes vivant en dehors des frontières canoniques des Églises locales. Le Saint et Grand Concile est également appelé à exprimer l'opinion cohérente et autorisée de l'Eglise orthodoxe sur certaines questions d'actualité du monde moderne.

LA VÉRITÉ SUR LES PROJETS DE DOCUMENTS


La synaxe des 21 - 28 Janvier derniers a décidé de soumettre à l'examen du Concile les projets de six documents qui ont tous été publiés, sur la demande insistante de l'Eglise orthodoxe russe, sur les sites officiels du Patriarcat Moscou et ICI. Pouvant ainsi consulter les projets de décisions conciliaires publiés, chaque membre de l'Eglise peut constater qu'il n'y a aucun fondement aux craintes que le Concile puisse modifier les règles de l'Eglise, comme par exemple: abolir le monachisme, introduire un épiscopat marié ou le second mariage du clergé, raccourcir ou supprimer des carêmes, imposer le nouveau calendrier dans toutes les Églises locales ou encore signer l'union avec l'Église catholique romaine ou se réunir avec des confessions non orthodoxes.

Ainsi par exemple:
- Le projet de document «L’importance du jeûne et son observance aujourd’hui" non seulement ne réduit rien des règles existantes, mais proclame pour la première fois (!) le caractère obligatoire des carêmes de Noël, des Apôtres et de la Dormition qui n'avaient pas été inclus dans les anciens saints canons contrairement au Grand Carême.
- Le projet de document «L’AUTONOMIE ET LA MANIÈRE DE LA PROCLAMER" complète les normes du droit canonique en confirmant le droit de chaque Eglise autocéphale d'accorder une certaine autonomie à l'une de ses parties.
- Le projet de document "LE SACREMENT DU MARIAGE ET SES EMPÊCHEMENTS" reconnaît en particulier l'impossibilité du mariage des personnes ordonnées ou ayant prononcé les vœux monastiques.
- Le projet de document "La Diaspora orthodoxe" traite de la question des fidèles vivant en dehors des limites géographiques d'une Eglise orthodoxe locale qui n'avait pas de solutions dans les canons de l'Église jusqu'ici, car elle n'est apparue qu'au XXe siècle sous sa forme actuelle. Le projet proposé au Concile panorthodoxe vise à renforcer l'assistance mutuelle entre les orthodoxes par l'établissement, dans différentes régions du monde, d'Assemblées épiscopales dans lesquelles les évêques canoniques qui exercent leur ministère dans ces régions participent sur un pied d'égalité.
- Le projet de document sur «La question de calendrier" a été exclu de l'ordre du jour du Concile panorthodoxe à l'initiative de l'Eglise orthodoxe russe et conformément à la décision de la synaxe des Primats.
- Le projet de document "La mission de l’Eglise Orthodoxe dans le monde contemporain" s'adresse non seulement aux enfants de l'Eglise, mais aussi au monde extérieur et révèle les causes spirituelles de la crise dans la vie économique, politique et sociale de nombreux états, liée à l'oubli des valeurs morales fondamentales du christianisme dans la société moderne.

"LES RELATIONS DE L’EGLISE ORTHODOXE AVEC L’ENSEMBLE DU MONDE CHRETIEN"

Contrairement aux rumeurs malveillantes, ce projet de document n'approuve aucunement l'union avec les catholiques romains et les communautés non-orthodoxes ne sont pas désignées comme égales en dignité ou également salvatrices que l'Eglise orthodoxe. Les craintes que le soi-disant objectif du document serait de déclarer l'œcuménisme comme une espèce d'enseignement obligatoire pour tous les orthodoxes sont sans fondement. Le terme même de «mouvement œcuménique» n'est utilisé dans le document que dans un contexte historique pour décrire les réalités du passé. En outre, le projet de document indique clairement les seuls critères de participation acceptables pour l'Eglise orthodoxe dans les contacts interchrétiens. Ainsi, il y est clairement dit que les relations de l'Eglise orthodoxe avec les communautés non-orthodoxes " doivent se fonder sur une clarification, le plus rapidement et le plus objectivement possible, de toute la question de l’ecclésiologie et, plus particulièrement de l’enseignement général que celles-ci professent sur les sacrements, la grâce, le sacerdoce et la succession apostolique." En ce qui concerne la relation avec le Conseil Œcuménique des Églises, le document précise que l'Eglise orthodoxe "tout en participant au COE, n’accepte absolument pas l’idée de 'l’égalité des confessions' et ne peut concevoir l’unité de l’Église comme un compromis interconfessionnel."

Il convient également de noter que l'entrée de l'Eglise orthodoxe russe dans cette organisation œcuménique n'est devenue possible qu'après l'adoption par celle-ci de la "Déclaration de Toronto" en 1950; celle-ci reste à ce jour l'un des documents fondamentaux du COE. (…) Les principes exposés dans la «Déclaration de Toronto» satisfont aussi aux exigences du document intitulé "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", adopté par le Concile des évêques en 2000, qui sont incontournables pour autoriser l'adhésion de l'Eglise russe à des organisations interchrétiennes (paragraphe 5.2).

Selon le même document, " Le témoignage ne peut être un monologue, il présuppose écoute et échange. Le dialogue sous-entend deux parties, ouvertes à l'échange mutuel, disposées à se comprendre." Il est évident qu'un tel dialogue n'est guère possible si l'une des parties traite l'autre de groupement hérétique. Le Patriarche Cyrille l'a dit récemment dans son homélie du Dimanche de l'Orthodoxie: "dès que vous dites à quelqu'un qu'il est un hérétique, vous fermez toute possibilité de dialogue avec lui - il cesse de vous entendre devient votre ennemi, parce qu'il ne se considère pas comme hérétique et interprète ces mots comme une insulte." Saint-Marc d'Ephèse, dénonçant les erreurs des Latins au concile de Florence, s'adresse au Pape en ne l'appelant pas autrement que «Saint-Père» et «Sa Béatitude le Pape de l'ancienne Rome," et les débats conciliaire avec les catholiques sont décrits ainsi: "Aujourd'hui, les membres du corps du Seigneur, divisé et coupé depuis des siècles, se pressent vers la réunion mutuelle!". Pour apprendre comment pensait et agissait réellement le saint il faut lire le livre de l'Archimandrite Ambroise (Pogodin) "Saint-Marc d'Ephèse et l'Union de Florence", qui cite ses véritables discours au Concile de Florence et après le Concile. Le saint faisait tout pour convaincre ses adversaires de revenir dans la voie de la vérité dans un dialogue mutuellement respectueux. Quand il est devenu clair que c'était impossible, il a courageusement résisté aux Latins pour défendre la pureté de l'orthodoxie.

C'est exactement cela que fait le patriarche Cyrille en défendant avec zèle la foi orthodoxe et les intérêts de l'Eglise orthodoxe russe dans le dialogue avec les autres confessions, les autres religions et les non-croyants. Le refus d'un tel dialogue serait un crime devant le Seigneur qui a commandé à ses apôtres d'aller enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce qu'il a commandé (Matthieu 28: 19-20.). Si les apôtres étaient restés barricadés en évitant tout contact avec ceux qui appartenaient à d'autres religions, la prédication de l'Evangile du Christ ne serait jamais allée au-delà du Cénacle. Dédaigner les membres d'une autre religion ou d'autres opinions c'est se mettre au rang des Pharisiens, dont la crainte principale était de se souiller par le contact avec ceux qui, à leur avis, ne croyait pas de la bonne façon.

C'est aux Pharisiens, et non aux apôtres et à Saint-Marc d'Ephèse, que s'assimilent ces pseudo "zélateurs de l'orthodoxie" qui, aujourd'hui, troublent le peuple de Dieu avec des histoires mensongères sur la soi-disant préparation du concile de l'Antéchrist. Et l'œuvre des apôtres et de Saint-Marc d'Ephèse est continuée par ceux qui entament sans crainte un dialogue avec les hétérodoxes, non pour arriver à un compromis doctrinal, mais pour témoigner de la pureté et de la vérité de la foi orthodoxe et afin de trouver des formes de coexistence mutuelle acceptables pour sauver la vie des chrétiens persécutés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pour défendre ensemble la famille comme l'union consacrée par Dieu d'un homme et d'une femmes, pour protéger la vie des enfants à naître, pour la défendre la paix sur la terre.

RÈGLEMENT D’ORGANISATION ET DE FONCTIONNEMENT DU SAINT ET GRAND CONCILE DE L’ÉGLISE ORTHODOXE

Il faut souligner que le Règlement de fonctionnement du Concile Panorthodoxe exclut la possibilité d'aborder aucun autre nouveau sujet ou document en dehors des six énumérés ci-dessus. De plus, le Règlement prévoit que toute modification apportée à ces documents – s'il en était besoin – ne pourrait être adoptée que par une décision unanime de toutes les Églises locales; cela signifie qu'aucune modification ne peut être acceptée si ne fut-ce qu'une des Églises locales participantes au travail du Concile exprime son désaccord. Cette procédure de prise de décision autorise l'Eglise orthodoxe russe à participer au concile panorthodoxe sans craindre que les Églises locales se voient imposer une décision qui irait à l'encontre de l'enseignement des saints Pères et à la tradition séculaire de l'Église.

(…)
Conformément à la résolution du Concile épiscopal de l'Eglise orthodoxe russe des 2-3 février 2016, nous appelons à prier pour "que le Seigneur révèle sa volonté aux membres du prochain saint et grand Concile de l'Eglise orthodoxe et que sa tenue renforce l'unité de l'Orthodoxie, serve au bien de l'Eglise du Christ, à la gloire de Dieu et à conserver intact les orthodoxes la foi. "

Lien
Traduction V. Golovanow
DÉCLARATION DU PATRIARCAT DE MOSCOU SUR LA PRÉPARATION DU CONCILE PANORTHOXE


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 19 Avril 2016 à 18:44 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir. G: un texte est particulièrement intéressant et important! le 19/04/2016 19:45
Ce texte est particulièrement intéressant non seulement par les explications fournies, mais aussi par le niveau des attaques qu'il réfute et les rumeurs et désinformation rependues par les adversaires de Concile: abolition du monachisme, épiscopat marié et second mariage du clergé, allégements des carêmes, passage obligatoire au nouveau calendrier et, horresco referens, union avec les catholiques et autres confessons. Il est donc important que l'Église russe réponde officiellement et en détail à toutes ses accusations sans fondement. les membres su saint synode soutiennent unanimement cette position et considèrent comme "inacceptables les attaques contre la direction ecclésiale dans ce contexte à partir de positions sans aucun fondement théologique et qui ne reflètent, en fait, 'qu'une évaluation émotionnelle'." (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-Saint-Synode-l-Eglise-orthodoxe-russe-exprime-son-soutien-a-l-Eglise-dans-le-domaine-de-ses-relations-avec-le-monde_a4700.html)

NB: c'est en toute connaissance de cause que j'ai choisi pour illustrer ma traduction cette miniature occidentale du XIIIe. Ce concile, qui se veut celui de Nicée, représente à l'évidence une rencontre œcuménique avant l'heure entre des prélats catholiques, glabres et tonsurés, et des Orthodoxes barbus et encapuchonnés... :-)

2.Posté par Daniel le 19/04/2016 21:37
""Aujourd'hui, les membres du corps du Seigneur, divisé et coupé depuis des siècles, se pressent vers la réunion mutuelle!"

Ca, c'est de la fausse théologie orthodoxe car en bonne théologie orthodoxe, le corps du Seigneur (l'église) ne peut être divisé et coupé et désuni... Il est clair que si l'on écrit une telle énormité dans un document censé apporter de la sérénité, on aboutit à l'effet inverse.

3.Posté par Vladimir.G: mauvais théologiens (dont St Marc?) le 19/04/2016 22:41
Mauvais théologiens (dont St Marc?)

"Aujourd'hui, les membres du corps du Seigneur, divisé et coupé depuis des siècles, se pressent vers la réunion mutuelle!"

Il est bien précisé qu'il s'agit là d'une expression historique utilisée par les membres de la délégation orthodoxe (dont St Marc?) pour décrire les débats conciliaires avec les catholiques durant le concile de Florence... 500 ans se sont écoulés depuis!

4.Posté par Clovis le 19/04/2016 22:50
En effet Daniel a justement trouvé l'os dans le potage. Le Corps du Christ en tant que tel ou en tant qu'Eglise ne peut-être divisé, "aucun de ses os ne sera brisé". J'ai entendu le même discours au sujet de la Tunique. Mais Sa tunique sans couture fut tirée au sort

Psaume 21:18
Ils se partagent mes vêtements, Ils tirent au sort ma tunique.

Jean 19:23
Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas.

Jean 19:24
Et ils dirent entre eux: Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. Cela arriva afin que s'accomplît cette parole de l'Ecriture: Ils se sont partagé mes vêtements, Et ils ont tiré au sort ma tunique. Voilà ce que firent les soldats."

Si la Tunique peut renvoyer à l’Église, les autres vêtements partagés en 4 parts peuvent-être assimilés aux hérésies se revendiquant de la chrétienté.

5.Posté par justine le 22/04/2016 18:45
D'après des informations des milieux ecclésiastiques grecs, la phrase la plus contestée dans le texte "Relations de l'Eglise Orthodoxe avec le reste du monde chrétien", à savoir: "L'Eglise Orthodoxe reconnait l'existence historique d'autres églises et confessions chrétiennes..." (paragraphe 6) provient en fait des représentants de l'Eglise de Russie! C'est en effet ce que donne à comprendre le mémoire sur le futur Concile que le métropolite Chrysostome de Messinie a adressé le 1er avril au Saint Synode de l'Eglise de Grèce. Or; on sait que cette phrase est rejetée comme absolument inacceptable du point de vue de l'ecclésiologie orthodoxe par plusieurs Eglises locales et de nombreux hiérarques et théologiens orthodoxes dans l'ensemble du monde orthodoxe.

6.Posté par Vladimir.G: L''''ÉGLISE RUSSE COMMENTE LES PROJETS DE DOCUMENTS DU CONCILE le 27/04/2016 12:31
L'ÉGLISE RUSSE COMMENTE LES PROJETS DE DOCUMENTS DU CONCILE

"Le fait que, avec d’autres, nous avons identifié de sérieux manques dans quelques-uns des documents proposés à l’examen du futur Concile, ne doit provoquer ni crainte, ni anxiété."

Communiqué du synode de l’Église orthodoxe russe à l'étranger (ROCOR).

Deux documents importants ont été publiés par l'Église russe à propos de la préparation du Concile panorthodoxe et des projets de documents qui ont été rendus publique après la synaxe des 21 - 28 Janvier 2016:
- Un communiqué du synode de l’Église orthodoxe russe à l'étranger (ROCOR) critiquant les projets de documents.
- Une déclaration du métropolite Hilarion de Volokolamsk, chef du Département des Relations Ecclésiales Extérieures et porte-parole du patriarcat de Moscou, sur les différentes critiques formulées à propos de ces documents.

1. LE COMMUNIQUE DE ROCOR
«À la lumière de la publication de documents qui doivent être examinés lors du futur Concile panorthodoxe en Crète du 16 au 27 juin 2016, le synode des évêques de l’Église orthodoxe russe à l'étranger a procédé à l’examen des textes concernés, à l’instar de nombreux hiérarques, clercs et laïcs qui continuent la préparation au grand Concile, et souhaite communiquer à son troupeau gardé de Dieu et à tous les propositions que nous soumettons car les documents du Concile éveillent l’intérêt et chez beaucoup provoquent des questions…» dit un long Communiqué du synode de ROCOR qui commente les projets de documents du futur Concile panorthodoxe et propose des amendements. Comme ce communiqué est disponible en russe et en anglais (http://www.synod.com/synod/2016/20160413_synodposlaniye.html; http://www.synod.com/synod/eng2016/20160413_ensynodposlaniye.html), nous en proposons une analyse synthétique.

Le document précise d'abord que la plupart des textes préparés, "qui ne sont toutefois que des projets et doivent être considérés comme tels, ne provoquent pas d'inquiétude et contiennent même des explications importantes (comme par exemple le document sur l'Autonomie et la façon de la proclamer), en revanche l’usage, dans certains textes, de termes qui laissent place à une double interprétation, l’absence d’exactitude théologique et l’utilisation d’un langage ecclésiologique étranger à la sainte Tradition de l’Église nécessitent des commentaires qui peuvent mener à la correction du texte entier».

Trois documents retiennent particulièrement l'attention:

- «Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien» apparait pour le synode de ROCR "comme le plus discutable des documents préconciliaires": le communiqué reprend les critiques des métropolites de Neupathe et de Limassol à propos de la définition de ce qu'est l'Église qui interdirait aux autres confessions chrétiennes d'être considérées comme telles et proclame que "la seule unité envisageable pour les Orthodoxe doit être le 'retour' de tous les autre en son sein…" Le communiqué considère comme une action bénéfique le dialogue théologique interchrétien, mentionné au point 23 du projet document préconciliaire, mais s'inquiète du refus "de toute pratique prosélyte ou antagonisme interchrétien." Soulignant que la Mission est le devoir des Orthodoxes, le communiqué souhaite que le terme "prosélytisme" soit précisé et que le refus ne concerne que les pratiques qui mèneraient à exacerber les antagonismes interchrétiens.

- «La mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain», pose des questions plus profondes qui touchent à la théologie et réclament des corrections. Le projet de document utilise partout le terme de "personne humaine", introduit par Lossky il y a 75 ans, au lieu du terme patristique "homme" utilisé dans le langage liturgique. Ceci crée une grave confusion puisque le terme "Personne" renvoi aux Personnes de la Trinité ou bien à la Personne unique de Jésus Christ dans Sa double nature. Et cela mène à une conception anthropologique erronée de la relation entre l'humanité et la Sainte Trinité. "Il y a pourtant beaucoup de choses très intéressantes dans ce projet de document, en particulier concernant la liberté de l'homme, le soutien de la paix et de la justice, la lutte contre les discriminations, la dénonciation de l'idéologie de la consommation et de la sécularisation dans la culture contemporaine, etc. Tout cela constitue des objectifs dignes et pieux, mais ils ne doivent pas être atteints par l'utilisation de concepts anthropologiques et théologiques erronés; pour pallier cette difficulté il est proposé de remplacer systématiquement l'expression "personne humaine" par "homme."

- Le "Règlement du Concile" pose des problèmes de procédure: il s'agit essentiellement du fait que tous les évêques orthodoxes ne pourront être présents au Concile ni participer individuellement aux votes mais seront substitués par la procédure inédite d'un vote des Églises locales. De ce fait la réunion panorthodoxe de 2016 ne sera pas un concile par sa nature mais une conférence panorthodoxe, "ce qui ne signifie pas qu'elle ne puisse devenir importante et amener le dialogue et la coopération interorthodoxe à un nouveau niveau..."

Conclusion:

«Nous avons préparé les remarques susmentionnées, afin de proposer à l’examen du futur Concile certaines corrections importantes aux documents, dans l’esprit d’une collaboration fraternelle, (…) et aussi afin d’assurer au troupeau préservé de Dieu qui nous est confié par le Christ que les pasteurs eux-mêmes portent une attention particulière à la tâche qui leur est impartie d’étudier les documents» précise le communiqué qui conclut: «Ce type de textes passe par bien des stades de préparation et de révision, maintenant comme par le passé, et le fait que, avec d’autres, nous avons identifié de sérieux manques dans quelques-uns des documents proposés à l’examen du futur Concile ne doit provoquer ni crainte, ni anxiété»...

Commentaire du rédacteur

Ce communiqué argumente de façon très détaillée les critiques et propositions de modification des projets de documents publiés mais ne remet aucunement en cause la tenue et la portée du Concile panorthodoxe, même s'il propose de le requalifier en "Conférence panorthodoxe". Il illustre en fait la position spécifique de ROCOR dans l'Orthodoxie: c'est une juridiction de l'Église russe qui jouit d'une très grande autonomie, un peu comme l'Église autonome d'Ukraine, et elle le démontre par cette critique positive des documents que le concile épiscopal de l'Église russe avait soutenu sans faire de commentaires. Séparée de l'Église russe pendant 80 ans, ROCOR a souvent des positions plus conservatrices que la hiérarchie du patriarcat, ce qui transparait bien dans ces critiques.

2. LA DÉCLARATION DU MÉTROPOLITE HILARION

Au cours d'une conférence sur la préparation du Concile panorthodoxe, qui s'est déroulée à Moscou le 20 avril, le métropolite Marc de Berlin, d'Allemagne et de Grande Bretagne a exposé les réserves de ROCOR mentionnées ci-dessus; d'autres intervenants ont développé les argumentations de certains hiérarques grecs et chypriotes qui vont plus loin dans la critique des projets de documents, voire contestent la tenue du Concile. Dans sa déclaration, le métropolite Hilarion a déclaré que le patriarcat de Moscou comprenait l'importance de la critique positives des projets de documents (http://www.interfax-religion.ru/?act=news&div=62702).

"Je considère que ces critiques sont importantes pour que les décisions qui seront ensuite prises par le Concile ne rencontrent pas l'opposition de nos croyants. Il vaut mieux écouter ces critiques d'abord, les prendre en considération et les transmettre au Concile plutôt que de voir cette vague critique déferler après le Concile," a déclaré le prélat en précisant qu'il s'agissait de "critiques théologiques sérieuses et constructives émanant de prélats et de théologiens" et non "de critiques provocatrices répandues pour miner l'unité de l'Église." Et il a affirmé que tous les efforts seront faits pour améliorer les projets de documents dont les propositions de modifications seront portées par le patriarche Cyrile.

Il est ensuite revenu sur la procédure du vote au Concile en précisant que l'Église russe avait proposé dès le début d'inviter tous les évêques orthodoxes pour que les positions votées au Concile reflètent à tout le moins les opinions de la majorité d'entre eux. Mais la réponse fut qu'il était impossible de réunir autant d'évêques il a été décidé que chaque Église locale en enverrait un nombre égal. "On a d'abord parlé de 12, puis 20 et on est enfin tombé d'accord sur 24. Cela signifie que tous les évêques de certaines Églises locales pourront participer mais pour d'autres, qui peuvent compter jusqu'à 350 évêques comme la nôtre, il n'y en aura qu'une proportion infime. Dans ces conditions, la seule solution acceptable, sur laquelle nous avons insisté, était qu'il n'y eut qu'une voix par Église locale lors des votes."

Revenant sur les rumeurs concernant le statut du Concile et sa capacité à modifier les dogmes orthodoxes, le primat a tenu à préciser: "le Concile panorthodoxe ne sera pas le VIIIe Concile œcuménique. Son format, qui a été décidé après une longue concertation, diffère de celui des conciles œcuméniques. Les décisions du Concile panorthodoxe auront une autorité panorthodoxe comme le précise son règlement, qui diffère de l'autorité des Conciles œcuméniques qui ont formulé les bases théologiques et canoniques de la foi de l'Église orthodoxe car la prise de ce genre de décision par le Concile panorthodoxe n'est pas prévue."

7.Posté par justine le 27/04/2016 15:20
Significatif dans le même contexte:

Le Synode de l'Eglise de Bulgarie, qui s'est occupé des textes proposés au Grand Concile le 21 avril, a décidé à l'unanimité de demander quatre corrections au texte sur les Relations avec les hétérodoxes, à savoir:
A l'article 4: spécifier que "l'union de tous" signifie pour l'Eglise Orthodoxe que ceux qui sont tombés dans l'hérésie ou dans le schisme, doivent d'abord revenir à la Foi orthodoxe et prouver leur obéissance envers la Sainte Eglise, suite à quoi, moyennant le repentir, ils peuvent être incorporés à l'Eglise.
A l'article 5: spécifier que la Sainte Eglise Orthodoxe, laquelle est la seule Eglise et laquelle est une, n'a jamais perdu et ne perdra jamais, conformément à la promesse du Seigneur en Mt 16,18, l'unité de la Foi et de la communion en l'Esprit Saint de ses membres.
Aux articles 6,16 et ailleurs: Hors de la Sainte Eglise Orthodoxe il n'existe pas d'autres Eglises, mais seulement des hérésies et des schismes, et appeler ces hérésies et schismes des "Eglises" est du point de vue théologique, dogmatique et canonique absolument erronné.
A l'article 12: il y est dit que "le but commun de tous, dans les dialogues théologiques, est la restauration finale de l'unité dans la Foi droite et dans l'amour", ce qui est également tout à fait erronné et inacceptable, car il faut spécifier et souligner que le retour à la Foi droite concerne les hérétiques et les schismatiques et en aucun cas, de quelque maniere que ce soit, l'Eglise Orthodoxe.

D'autre part, l'Eglise de Bulgarie se félicite de s'etre retirée en 1998 du COE, vu qu'il n'est pas possible d'appartenir à un organisme qui considère et traite l'Eglise Orthodoxe comme "une Eglise parmi d'autres ou comme une branche de l'Eglise".

Le communiqué du Saint Synode souligne que ces décisions du Synode constituent la position définitive, officielle et inaltérable de l'Eglise Orthodoxe Bulgare concernant ce texte du Grand Concile.

Note: Cette position de l'Eglise de Bulgare est en accord essentiel avec le document du Patriarcat de Moscou sur les Principes fondamentaux dans les relations avec les heterodoxes, notamment les articles 1,1; 1,2; 1,9; 1,10; 1,13; 1,14; 1,15; 1,18; 1,19; 2,3; 2,4; 2,5; 2,6; 2,7; 2,8; 2,9; 2,10 et 4,4.

8.Posté par justine le 28/04/2016 13:18
Lien pour le texte - en bulgare et en grec - des decisions du Saint Synode de l'Eglise de Bulgarie: http://aktines.blogspot.gr/2016/04/blog-post_880.html

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile