Dans l'Eglise de Grèce le problème de la pénurie de clergé s'aggrave
Traduit du russe par Marie et André Donzeau

Selon la législation en vigueur, l'Eglise orthodoxe grecque, église autocéphale dont la juridiction canonique s'étend principalement sur le territoire de la République grecque, n'est pas séparée de l'Etat ; le clergé, les professeurs des séminaires et les professeurs de catéchisme de l'école secondaire sont des fonctionnaires de l'Etat.

Dans le cadre de la campagne de réduction des dépenses publiques, le budget de l'Eglise de Grèce s’est également trouvé réduit. Les autorités grecques, dont la compétence consiste, entre autre, en l'approbation du nombre de nouvelles ordinations sacerdotales, ont considérablement réduit le nombre de celles-ci, à la suite de quoi des centaines d'églises à travers le pays se sont trouvées sans clergé, ainsi que le relate le site de la maison d'édition «La Montagne sainte» se référant au site « Ekklisiaonline.gr ».

Selon les lois en vigueur, tout fonctionnaire, y compris un prêtre, ne peut être embauché qu'après que dix de ses collègues soient partis à la retraite. Cette proportion a été établie récemment ; initialement, elle était de un à cinq, puis elle a augmenté de un à sept.

La pénurie croissante de membres du clergé : la statistique

Selon le Saint-Synode de l'Eglise grecque, aujourd'hui sur 10.500 prêtres nécessaires pour desservir toutes les paroisses existantes en Grèce, l'"effectif" est d'environ 8.200. Le manque de prêtres se monte à 2300, soit 22% du nombre total de membres du clergé.

La situation la plus difficile se rencontre dans les paroisses situées dans les petites villes et villages.

Cette année, le Ministère de l'éducation a commencé l'examen et l'approbation des effectifs du clergé des paroisses en Grèce, en Crète et dans l'archipel du Dodécanèse, dans le sud-est de la mer Egée. En tout, 178 postes permanents doivent être affectés, dont 160 pour le clergé en Grèce, 10 en Crète et 8 - dans huit grandes villes du Dodécanèse.
Une publication qui se réfère au site « Ekklisiaonline.gr » rapporte que lors de la dernière réunion du primat de l'Eglise de Grèce l'archevêque Jérôme avec le Premier ministre Alexis Tsipras, l’hiérarque grec a soulevé la question de l'augmentation du nombre de postes pour le clergé. Le Premier ministre a promis d'examiner cette demande.

Le Saint-Synode a récemment décidé d'examiner attentivement cette question, considérant qu'au cours des 5-10 prochaines années, le processus ne fera que s'aggraver en raison de l'augmentation de l'âge moyen du clergé grec. Les évêques grecs font remarquer que la pénurie de clergé qui est apparue en raison de la législation actuelle ne peut pas être corrigée si l'on ne corrige pas les errements actuels.

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Il est caractéristique que le manque de prêtres se fait sentir non seulement dans les métropoles éloignées (où le problème est particulièrement aigu), mais aussi dans les grandes mégalopoles.
Dans l'Eglise de Grèce le problème de la pénurie de clergé s'aggrave

L'opinion des évêques grecs sur ce problème : les voies de sa résolution

Le métropolite Eustache de Monemvasia et Sparte, un des hauts hiérarques de l'Eglise grecque, membre du Comité pour le dialogue entre l'Eglise et l'Etat a, dans un commentaire , exprimé des doutes sur la possibilité d'avancées proochaines dans la solution de ce problème. Selon lui, même si le Synode grec obtient de l'Etat le doublement des affectations de prêtres, cela ne résoudra pas cette question.

« Dans chaque diocèse il manque au moins vingt prêtres, alors que dans notre métropole il en manque soixante-dix, y compris dans les petites paroisses. Et chacune d'elles s'attend à ce que la liturgie soit célébrée dans l'église locale tous les dimanches. Parmi les habitants il y a beaucoup de personnes âgées qui ressentent la nécessité de la présence de l'Eglise et d'un prêtre. [...] Ces personnes sont abandonnées par le président, les enseignants, les fonctionnaires et les services publics qui ont réduit leurs activités dans les villages ; la seule chose qui leur reste est l'Eglise. S'il n'y a pas de prêtre, ils restent totalement sans protection et sans soutien », dit-il dans cette publication.

L’hiérarque grec a aussi ajouté qu'en pratique, il y a actuellement une nouvelle ordination pour 6 ou 7 prêtres qui partent à la retraite.

« Au bout de 15 ans, dans le diocèse, sur 120 prêtres, il en reste vingt ou trente qui seront obligés de desservir quatre ou cinq paroisses, éloignées les unes des autres de beaucoup de kilomètres », observe le Métropolite Eustache.
Dans les diocèses de l'Eglise grecque on recherche des voies pour résoudre la situation. Un des moyens les plus évidents est maintenant de retenir les prêtres les plus âgés, qui doivent partir en retraite. Cependant, comme le reconnaissent les évêques grecs eux-mêmes, cette mesure ne peut que partiellement atténuer le problème, tout en créant les conditions d'une crise encore plus grave pour l'avenir.

Une autre voie suivie dans certains diocèses grecs pour surmonter la pénurie de clergé est l'introduction du statut de de prêtres non-payés. Dans de tels cas, les diocèses (surtout dans les grandes villes) refusent la dotation de l'Etat pour une partie de leur clergé, en comptant sur les grandes paroisses relativement prospères pour prendre en charge le clergé par des dons et des cotisations paroissiales.

Cependant, dans de tels cas des difficultés surgissent, liées, par exemple, au fait que ces prêtres n'ont pas formellement le droit de signer quelque document officiel de l'Église que ce soit, n'étant pas fonctionnaires de l'Etat.
Dans certains diocèses, par exemple dans la métropole d'Edessa, sur la proposition du métropolite Joël, l’hiérarque dirigeant, un fonds diocésain a été créé, constitué par des retenues mensuelles sur les salaires des prêtres. Mais ces fonds ne suffisent que pour l'entretien de deux prêtres.

Le métropolite Jérémie de Gortinos partage l'inquiétude de la hiérarchie de l'Eglise de Grèce.

« Dans mon diocèse, sur 150 églises, 50 n'ont plus de prêtre. On a cessé de sonner les cloches. Un des habitants m'a dit une fois : "Nous n'avons pas d'enseignant, pas de prêtre, nous avons cessé de sonner les cloches. Ainsi nous allons, tôt ou tard, devenir des Turcs " », a conclu le hiérarque.

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L'Eglise orthodoxe grecque : l'état actuel

L'Eglise de Grèce compte 81 diocèses, dont 30 sont situés en Grèce du Nord et dans les grandes îles du Nord. Ces «Nouveaux Territoires», ainsi qu'on les appelle, sont nominalement sous la juridiction du Patriarche de Constantinople mais sont de facto contrôlés par le Synode de l'Eglise grecque.

Les paroissiens sont environ 8 millions (pour une population totale de 10.600.000 d’habitants).
Les diocèses de Crète et du Dodécanèse, ainsi que tous les monastères du Mont Athos, sont sous la juridiction directe du Patriarche de Constantinople et ne sont pas considérés comme faisant partie de l'Eglise de Grèce.

Dans l'Église grecque il y a environ 200 monastères.

Au 31 décembre 2010, le nombre de prêtres de l'Eglise grecque était de 10 368 sur le territoire de la Grèce, 9117 appartenant à la juridiction de l'Eglise orthodoxe grecque ; les 1007 prêtres appartenant à l'Eglise de Crète, les 228 des métropoles des îles du Dodécanèse et les 16 de l'Exarchat de Patmos, dépendent du Patriarcat de Constantinople.
L'Etat grec assume la charge matérielle du clergé depuis 1949.

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В Церкви Эллады обостряется проблема дефицита духовенства

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 5 Décembre 2015 à 09:12 | 0 commentaire | Permalien



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