Il s'agit de la première rencontre entre un chef de l'Eglise catholique et le patriarche de la plus importante des Eglises orthodoxes depuis le schisme entre Eglises d'Orient et d'Occident en 1054.

« Finalement ». C’est le premier mot qu’a prononcé avec douceur le pape François en échangeant une longue et chaleureuse accolade avec le patriarche de Moscou, Kirill. Une rencontre historique qui s’est déroulée dans un petit salon boisé de l’aéroport de La Havane, le 12 février, à 14h25 (heure locale) précisément. Dans un mouvement parfaitement symétrique, le primat de l’Église catholique et celui de l’Église orthodoxe russe se sont avancés l’un vers l’autre devant une forêt de caméras et d’appareils photos, avant un échange de baisers fraternel, se dire quelques mots et prendre place chacun sur un fauteuil blanc pour deux heures d’entretien.


Assis à droite, le pape, à gauche, le patriarche. Entre eux, une croix en bois de style byzantin. De part et d’autre, le drapeau jaune et blanc du Saint-Siège et celui vert du Patriarcat de Moscou forment le décor sobre de cette rencontre, qui se veut moins protocolaire que personnelle.

« Nous sommes frères »

« Nous sommes frères », dit le pape, s’exprimant dans son espagnol natal aux côtés d’un interprète et du cardinal Kurt Koch, président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui prépare ce rendez-vous œcuménique depuis deux ans. « Les choses sont plus faciles », a été entendu dire le patriarche Kirill, également accompagné d’un interprète ainsi que du métropolite Hilarion, le directeur des relations internationales du Patriarcat russe, autre protagoniste de la préparation secrète de cette rencontre.

Au-delà des propos échangés ensuite à huis clos, c’est l’intensité de l’échange de regard qui frappe. Le pape François, 79 ans, et Kirill, dix ans de moins, ne se quittent pas des yeux, comme contemplant ce moment tant attendu. Les sourires ne sont pas larges mais profonds et pleins de respect.

De chaque côté, posés sur une table, attendent les cadeaux qui seront échangés à la fin de cette entrevue d’une durée totale de trois heures. Le Vatican a prévu un calice et un reliquaire de saint Cyrille, saint patron du patriarche mais aussi l’un des co-patrons de l’Europe dans l’Église catholique, qui le fêtera le 14 novembre, et figure historique slave de premier plan. Pour sa part, le Patriarcat de Moscou est venu avec une icône de la Vierge de Kazan, vénérée chez les orthodoxes russes.

Dehors, sur le tarmac, l’Airbus Alitalia par lequel est arrivé le pape depuis Rome juste avant patiente tout à côté de l’avion russe qui a amené le patriarche et sa délégation la veille. L’aéroport de La Havane est bouclé. Sous un soleil cubain généreux, le président Raul Castro a accueilli le pape François à son arrivée, là même où il l’avait reçu seulement cinq mois plus tôt. Il devait le raccompagner à la fin de la rencontre laissant le pape gagner Mexico dans la soirée, début de sa visite dans ce pays. Le patriarche doit poursuivre la sienne au Paraguay et au Brésil....

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 12 Février 2016 à 21:37 | 2 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: Rencontres tous azimuts le 13/02/2016 15:22
Rencontres tous azimuts

Le patriarche maronite Béchara Raï a reçu le 11 février le représentant du Patriarche de Moscou auprès du patriarcat orthodoxe d'Antioche, l' igoumène (abbé) Arsène (Sokolov). Les parties ont discuté de la réunion du Patriarche de Moscou avec François (qui a eu lieu le lendemanin à Cuba) et ont a exprimé l'espoir que cette réunion sans précédent va unir les efforts de toutes les personnes de bonne volonté dans la défense des chrétiens persécutés du Moyen-Orient, en particulier ceux qui vivent en Syrie et en Irak, pays déchirés par la guerre le terrorisme.

L'Eglise maronite est la plus grande communauté catholique au Proche-Orient depuis 1182. C'est aussi la dénomination chrétienne la plus nombreuse au Liban. Le président du pays est toujours un maronite.

Source et photos: https://mospat.ru/ru/2016/02/12/news128124/

2.Posté par Vladimir.G: "l’œcuménisme du sang" le 14/02/2016 19:14
"La rencontre entre François et Cyrille est un signe fort pour le monde"

propos recueillis par Charles de Pechpeyrou, à Rome

Artisan de la rencontre entre François et Cyrille à Cuba, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, décrypte cet événement historique pour La Vie. Pour lui, ce sont les défis du monde actuel, en particulier la persécution des chrétiens, qui ont rendu cette rencontre, de même que l'unification des chrétiens, plus urgente.

Dans quel état d'esprit se trouve le pape à la veille de cette rencontre?

Le pape a toujours désiré cette rencontre. Lorsque l'annonce que le patriarche partageait ce désir est arrivée de Moscou, le pape a été absolument heureux et plein d'espérance pour l'avenir.

Une visite à Moscou, par exemple ?

On ne discute pas de cela actuellement. Cette première rencontre doit avoir lieu. Les prochaines seront plus faciles.

Le pape François a-t-il trouvé la bonne méthode pour le dialogue œcuménique en accordant une grande place aux gestes ?

D'une part, il est clair que la manière dont le pape traite son ministère pétrinien aide beaucoup à ouvrir les portes. D'autre part, ce sont aussi les circonstances qui ont changé et je suis convaincu – et j'ai aussi entendu cela de la part de Moscou – que cette rencontre aurait pu avoir lieu avec Benoît XVI s'il ne s'était pas retiré. Comme le métropolite Hilarion l'a dit, ce sont les défis du monde, surtout la persécution des chrétiens, l’œcuménisme du sang, qui, par leur importance, ont rendu cette rencontre plus urgente. Ceux qui persécutent les chrétiens ne font pas de différences entre catholiques, orthodoxes et protestants. Si les dictateurs persécutent les chrétiens indépendamment de leur confession, comment ces derniers pourraient-ils rester divisés ? C'est un grand défi de retrouver cette unité.

Comment définiriez-vous la conception de l'oecuménisme du pape François, en particulier avec les orthodoxes ?

Il y a différentes formes d'oecuménisme pour le pape. D'abord, l'oecuménisme de l'amour et de la fraternité. Le pape veut approfondir les relations personnelles, amicales, fraternelles avec toutes les autres Églises. Il y a aussi l'oecuménisme pratique, la collaboration entre les différentes Églises aux niveaux culturel, social - surtout face au défi de la pauvreté dans le monde - politique. Puis l'oecuménisme de la vérité, le dialogue théologique. La priorité pour le pape est d'approfondir les relations personnelles entre les Églises et de retrouver l'unité. Il est ouvert à toutes les communautés ecclésiales. Bien sûr, il y a une très grande proximité avec les orthodoxes, avec lesquels nous partageons notre foi. La grande question qui se pose dans ce dialogue reste celle de la primauté de l'évêque de Rome.

Qu'espérez-vous de cette rencontre?

Ce sera un signe fort pour le monde, parce que les deux hommes ont un message clair et commun en matière de paix, de justice, de protection de la Création et à l'égard des pauvres.

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