Dimanche du Triomphe de l'Orthodoxie
Ce premier Dimanche de Carême, nous faisons mémoire du rétablissement des Saintes Icônes advenu sous le règne de Michel, empereur de Constantinople, et de sa mère Théodora, d'éternelle mémoire, et sous le pontificat du Saint Patriarche et Confesseur Méthode.

Les Icônes jadis avaient été bannies :
j'exulte quand je vois leur culte rétabli.

Lorsque Léon l'Isaurien, d'artisan et d'ânier qu'il était, prit le sceptre de l'empire, par concession de Dieu, le Patriarche Germain, qui tenait alors le gouvernail de l'Eglise, fut aussitôt appelé par lui pour s'entendre dire : « A ce qui me semble, Monseigneur, les Saintes Images ne diffèrent en rien des idoles ; ordonne donc qu'elles soient rapidement enlevées. Si elles représentent vraiment les Saints, qu'elles soient mises plus haut, afin que les pécheurs que nous sommes ne les souillent pas constamment de leurs baisers. »

Le Patriarche, cherchant à détourner l'empereur d'une telle aversion, lui dit : « Sire, ne te fâche pas, mais qui entendons-nous parler contre les Saintes "Icônes"? quelqu'un qui porte le nom de "Conon"! » Et lui : « Oui, c'est ainsi que j'étais appelé, quand j'étais enfant. »

Comme le Patriarche ne se laissait pas convaincre de se ranger à l'avis de l'empereur, celui-ci l'exila et mit à sa place Anastase, qui partageait ses idées. Et c'est ainsi que fut déclarée la guerre contre les Saintes Icônes. Suite

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 21 Mars 2021 à 10:05 | 12 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Boris le 24/03/2013 14:41
Pour le Dimanche du Triomphe de l'Orthodoxie que l'on n'ose plus appeler que "Dimanche de l'Orthodoxie" pour - "politiquement correct" oblige - ne pas blesser nos frères chrétiens, faussant par là-même le sens de cette Fête primordiale (au sens du début du Grand Carême mais également comme fondement de la foi chrétienne orthodoxe) St Cosmas Le mélode représente bien la cohérence de tous les éléments de ce grandiose capteur solaire de la Lumière Divine qu'est la Tradition orthodoxe. Tout est lié et indissociable : hymnographie, théologie, iconographie, prière, ascèse, vie spirituelle. Il n'y pas de séparation. Il y a Unité et cohérence.

2.Posté par Daniel le 24/03/2013 19:32
C'est vrai que les célébrations du Triomphe de l'Orthodoxie sont souvent politiquement correct: présence d'hérétiques de tout poil, pas de lecture du sinodikon ou lecture sans les anathèmes, qui visent entre autre Sévère et quelques autres monphysites (dont les disciples sont invités à assister à l'office). Bienvenue dans l'orthodoxie sans sel!

On peut trouver à ce lien le texte du synodikon dans sa version de 1583:
http://www.johnsanidopoulos.com/2010/02/synodicon-of-orthodoxy.html

3.Posté par Daniel le 26/03/2013 11:53
On trouve ici le récit du Triomphe de l'Orthodoxie à Moscou. On note la phrase "la victoire éternelle du Christ sur tout mal et toute injustice" alors que c'est une fête de la victoire sur l'hérésie... Le politiquement correct est décidément partout!

http://www.patriarchia.ru/db/text/2867722.html
http://www.orthodoxie.com/actualites/dimanche-de-lorthodoxie-a-moscou/

4.Posté par Vladimir: "Ne jugez pas..." le 26/03/2013 15:53
Ah! , d'où vient donc ce "que l'on n'ose plus appeler que "Dimanche de l'Orthodoxie"... "? Vous avez mal lu le titre du post? Pourquoi toujours chercher (avec Daniel) la petite bête? "Ne jugez pas..." ne devrait'il pas s'appliquer, surtout en Carême?

5.Posté par Union sacrée autour de l'Orthodoxie le 09/03/2014 21:53
Rassemblés ce matin en l'église Saint-Théodore de Marseille, 350 fidèles ont assisté à une grand-messe œcuménique organisée pour la première fois dans la cité phocéenne, à l'occasion du Dimanche de l'Orthodoxie.

Au moment même où se retrouvaient à Constantinople tous les primats de l'église orthodoxe, la cérémonie marseillaise réunissait en effet les cinq paroisses orthodoxes de la ville: Dormition de la Mère de Dieu, Sainte- Irénée, Saint-Hermogène, Notre-Dame de Kazan et Les Trois Hiérarques; la liturgie étant célébrée dans les quatre langues russe, grecque, roumaine et française.

Le choix de l'église Saint-Théodore pouvait alors paraître peu... orthodoxe. Il avait pourtant une explication très simple : les différentes paroisses concernées étant trop petites pour accueillir une telle foule, l'archevêché de Marseille avait accepté de mettre son église de la rue des Dominicaines (1er) à la disposition des organisateurs de cette cérémonie, en l'occurrence l'église grecque orthodoxe pour le midi de la France et son vicaire épiscopal, l'archimandrite Grégoire Ioannidis. L'un des temps forts de la cérémonie fut la procession des saintes icônes qui commémore le rétablissement de leur vénération en 843, après plus d'un siècle d'un conflit sanglant.
Philippe Gallini

6.Posté par Vladimir.G le 09/03/2014 22:36
Voilà un magnifique exemple d'unité orthodoxe sur le terrain... et de l'aide que nous apportent si souvent nos frères catholiques!

7.Posté par justine le 10/03/2014 11:28
Typiquement phanariote : célébrer la fete de l'Orthodoxie dans une église hétérodoxe! Tout comme à Budapest on avait inthronisé le métropolite du Phanar dans une église catholique au lieu de celle des frères orthodoxes russes....

8.Posté par Boris le 10/03/2014 12:21
Bravo Justine )))) Typiquement phanariote célébrer la fete de l'Orthodoxie dans une église hétérodoxe!

9.Posté par Père Joachim le 13/03/2014 23:44
Sur la base d'un article très approximatif issue de la plume d'un journaliste profane, on peut regretter que les distillateurs "de la bile haineuse et sectaire" a encore lamentablement coulée de la plume des habitués du genre du blabla pseudo théologique, souvent présents sur ce blog !
La simple réalité est tout autre. L'église historique de Saint Théodore, un joyaux baroque du (XVII s.) a été offerte au culte grec-orthodoxe, en remplacement d'un local vétuste qui était utilisé pour accueillir l'ancienne communauté orthodoxe de l'Annonciation.
La sublime sacristie, elle même classée, suffisait largement pour couvrir les besoins spirituel de la deuxième église grecque de Marseille.
Mais la cession de l'ensemble du bâtiment religieux imposait l'ouverture mensuel de l'église centrale- ce qui a été réalisé avec éclat le Dimanche 9 Mars. Il y a donc eu un vrais triomphe de l'Orthodoxie directement offert par nos frères séparés ... !!!
Un prochain grand rassemblement du même type est envisagé à l'issue de la célébration Pascale.
Tous les orthodoxes présents dans la cité Phocéenne et leurs pasteurs voient dés à présent d'une manière favorable l'utilisation de ce qui devrait être considéré comme un véritable don du Ciel.

10.Posté par Bravo! (posté par Vladimir.G) le 14/03/2014 11:42
Bénissez Père Joachim,

D'abord un grand merci pour vos précisions. Il est très regrettable que nous n'ayons le plus souvent que des "articles très approximatifs issus de la plume de journalistes profanes" car les témoins orthodoxes ne prennent pas la peine de nous faire part de tels évènements... Mais ce "vrais triomphe de l'Orthodoxie directement offert par nos frères séparés" se produit, heureusement, assez souvent. Ainsi nous avons aussi à Lyon, à une plus petite échelle, une manifestation de ce type: le diocèse catholique met une chapelle à la disposition des paroisses de l'Eglise Russe et de l'Eglise Bulgare qui l'occupent alternativement pour leurs célébrations mensuelles après l'avoir totalement aménagée en église orthodoxe (1). Comme cette église est trop petite pour accueillir tous les croyants qui viennent pour la célébration commune de Pâques, la paroisse catholique nous prête la grande église attenante et aussi une salle pour les agapes... Et des Catholiques viennent assister à l'office orthodoxe.

Pour ce qui concerne les distillateurs "de la bile haineuse et sectaire", l’Église a besoin de ces groupes radicaux conservateurs, comme dit Mgr Hillarion de Volokolamsk (2), "parce qu’ils lui permettent de ne pas tomber dans l’abîme du libéralisme, cet autre extrémité"; et il ajoute: "le juste milieu consiste naturellement à se conduire de façon civilisée et à être capable de s’écouter quel que soient nos opinions." Ceci s'adresse, je pense, à nous tous...

(1) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Theophanie-a-la-paroisse-Notre-Dame-de-toute-Protection-Lyon_a3529.html
(2) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-metropolite-Hilarion-Le-Patriarche-Cyrille-a-pour-objectif-d-employer-au-maximum-tout-le-potentiel-de-l-Eglise_a3579.html

11.Posté par Hai Lin (Los Angeles) le 02/03/2015 09:16
Проповедь митрополита Филарета (Вознесенского) на воскресенье Торжество православия в его кафедральном соборе города Нью-Йорка 1980

   Завтрашний воскресный день, первое воскресенье в Великом посту, именуется «Неделя Православия», когда Церковь Православная торжественно празднует свою победу над всеми злоучениями и над всеми скорбями, притеснениями и гонениями, которые испытала она за все эти многие сотни и тысячи лет своего пребывания на земле. Священное Писание говорит: «мир во зле лежит» (1Ин. 5:19), зло разлито в мире. Теперь мы это в особенности ясно видим, когда стараются победоносно занять командные позиции в жизни. Раньше было не то. Оно было всегда, это зло, но раньше, как Сам Господь Иисус Христос говорил, оно таилось больше во тьме, а теперь оно вылезает наружу гордо и нагло.


   Но так или иначе — мир лежит во зле. И когда в мир пришел Свет, когда в мир пришла Любовь воплощенная, когда пришли правда и добро, то естественно, что зло, которое в мире, обрушилось на этот Свет и на это добро, и прежде всего обрушилось на Того, Кто его принес, на Самого Господа Иисуса Христа, и предало Его на позорную тяжкую Крестную смерть. Они не знали еще, что имеют дело с Богом воплотившимся, Который воскрес из мертвых, и этим положил начало Нового Завета.

   Сам Он был после этого, конечно, для них абсолютно неуязвим, недоступен. Но тогда на Церковь Его обрушилось это зло со всеми своими злобными силами. Сначала Церковь заливалась кровью христианской. Могучее римское языческое царство обрушилось на Церковь со всей силой своего мощного государственного аппарата: все было мобилизовано для того, чтобы сломить христиан.

   Это пробовали сделать еще в первые десятилетия христианского существования Христовой веры — иудеи. Но у них не было силы, и они сумели восстановить мир римский могучей его властью против христианства. Прошло несколько веков кровавых гонений, в которых была борьба между Церковью Христовой и языческим царством римским. Римское царство было вооружено всеми средствами борьбы притеснения и убийства, а христиане были вооружены только верою, надеждою, любовью и всепрощеньем. В этой борьбе христианство победило, и мир языческий склонился к подножию Христа. Аминь.

12.Posté par Vladimir.G: un commentaire intéressant sur le blog "Les Cigales éloquentes" le 20/03/2016 23:03
Chaque année, le premier dimanche de carême commémore la légitimité d'une pratique extrêmement ancienne dans l'Eglise – mais qui fut un temps violemment contestée sous des influences étrangères : l'usage et la vénération des icônes.

Encore faut-il bien s'entendre : l'icône n'est ni une technique, ni un style, ni un thème, même si ces trois éléments y participent : l'icône est avant tout une expression de la théologie de l'Eglise par le trait et la couleur.

Ainsi, comme le rappelle cet article de Ludmilla sur les "icônes déviantes", non seulement toute peinture religieuse – fut-elle juste – n'est pas ipso facto une icône ; mais tout ce qui "ressemble" à une icône n'en est pas forcément non plus.

C'est ainsi que, pour illustrer une discussion entre un moine orthodoxe et trois lettrés musulmans, au XIIIe siècle (un document sur le quel je travaille en ce moment), j'ai placé en vis à vis, sur la page de garde, l'icône en tête de ce billet ainsi que la miniature persane ci-après.

Suite: http://cigales-eloquentes.over-blog.com/2016/03/dimanche-de-l-orthodoxie-2016.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

13.Posté par Vladimir.G: "ICONES DEVIANTES" le 21/03/2016 09:44
L'article ci-dessus (12) cite "cet article de Ludmilla sur les "icônes déviantes"." En voici le début et le lien. Il est vraiemnt très intéressant et remarquablement illustré.

L'auteur, Ludmilla Garrigou-Titchenkova, décédée le 5 mai 2014, était une iconographe française d'origine russe très réûtée en France. Elle avait fondé avec son mari, le père Nicolas Garrigou, l’Atelier ST JEAN DAMASCENE (http://www.atelierdamascene.fr/spip.php?rubrique34) qu'ils dirigèrent d'abord à Paris puis dans le Vercors. Cet article, écrit pour une revue catholique, montre bien sa parfaite connaissance de la signification théologique de l'icône.

"ICONES DEVIANTES"

Cet article fut rédigé dans la revue " Chrétiens en marche " par Ludmilla Tichenkova,iconographe et fondatrice de l’Atelier St Jean Damascene, sur la demande du Père René Beaupère, prêtre catholique, directeur de la revue et du Centre Saint-Irénée à Lyon. Il donne un éclairage sur les déviations iconographiques auxquelles succombent des catholiques de bonne volonté, mais mal éclairés...

Comme nous vous le disions lors de notre récente rencontre, le sujet que vous nous proposez de traiter est plutôt explosif ! C’est peut-être pourquoi personne à ce jour n’a osé l’aborder sérieusement... Merci donc à vous, prêtre catholique, d’avoir le courage de soulever cette importante question des icônes non canoniques qui, pour beaucoup, semble secondaire et de peu d’intérêt, et qui cependant choque bien des chrétiens orthodoxes.

Il faut d’abord préciser que nous ne chercherons à faire aucune polémique, même si, à la lecture de l’article, certains penseront le contraire par la mise en opposition, ou comparaison inévitable, de l’Orient/Occident. Aucun de nous ne détient la Vérité et les orthodoxes ne rendent pas toujours un bon témoignage : s’ils parlent trés bien des icônes, ce n’est pas pour autant que toutes leurs églises reflètent la Beauté décrite.
Laxisme en Orient

De nos jours. il existe en effet un certain laxisme en ce domaine. Peut-être le manque de vérification par nos hiérarques en est-il la cause ?
"L ’Eglise a toujours accordé beaucoup d’attention à son art : elle a veillé à ce qu’il exprime sa doctrine. Toutes les déviations ont été écartées conciliairement (….). Aujourd’hui, il n’y a plus dans l’Eglise de pensée bien établie et explicitée sur l’art sacré, et encore moins de contrôe exercé sur cet art par l’autorité ecclésiastique. On admet dans l’enceinte de l’église pratiquement tout", nous dit Père Zénon". "L’icône prend naissance dans l’expérience eucharistique de l’Eglise, elle est étroitement dépendante de cette expérience et, d’une façon plus générale, du niveau de la vie ecclésiale. Quand ce niveau était élevé, l’art sacré était lui aussi à la hauteur : quand la vie ecclésiale s’étiolait ou que venaient pour elle les temps de décadence, l’art sacré à son tour tombait évidemment en décadence. Souvent l’icône était transformée en tableau à sujet religieux et sa vénération cessait d’être authentiquement orthodoxe...".
affirme-t-il également.

On remarque effectivement que l’icône devient soit un décor d’église richement orné, mais vide de sens ; soit un support de prière, mais maladroitement exécuté. Que faire ? …

Par ailleurs, on fera volontiers appel "au plus offrant", c’est-à-dire à celui même qui n’aura reçu aucune formation iconographique mais qui, par contre, travaillera gratuitement. Alors, le critère de peindre une icône ou des fresques dans une église devient non plus celui de la recherche de la beauté, mais plutôt celui de l’économie.
Il y a eu un temps où l’église orthodoxe en Occident, complétement démunie de moyens financiers, faisait de son mieux pour sortir des cendres et utilisait les dons de chacun sans qu’il y ait nécessairement "qualification spéciale". Mais ce temps est révolu. Si l’on admire encore aujourd’hui certaines icônes peintes rapidement sur contre-plaqué et avec les moyens du bord, c’est en devant les replacer dans leur contexte premier : l’après-guerre. Et non en tant qu’œuvres d’art exemplaires dont il faudrait s’inspirer.
Ce n’est pas un " renouveau iconographique ". Il n’ya pas lieu de s’extasier sur des compromis
Fantaisies occidentales

Il nous semble que c’est seulement après un tel préambule que nous pouvons nous permettre d’aborder la question des "déviations auxquelles succombent des catholiques de bonne volonté, mais mal éclairés...".
Il est à craindre que l’Occident, sous prétexte de défendre la " liberté d’expression avant tout ", se permette toutes sortes de fantaisies. Et l’Orthodoxie, hélas plus ou moins laxiste en ce domaine comme nous venons de le constater, n’affiche pas suffisamment le label de qualité pour être prise au sérieux dans ses remarques.

C’est dire combien l’iconographe se sent seul et presque abandonné dans la mesure où rien ni personne ne le contrôle ni le soutient. Il est presque obligé, par ce fait même, à inlassablement recopier les modèles anciens pour ne pas courir le risque d’une, interprétation erronée et par trop personnelle. Nous connaissons les époques où, par manque d’encouragement et de vérification de l’élise, des icônes pourtant remarquablement peintes sont devenues sinon des tableaux religieux, du moins des icônes plus ou moins païennes. Et aujourd’hui, nous constatons pratiquement le même phénomène.

Devant cette faiblesse de l’église orthodoxe, le monde catholique, redécouvrant l’icône avec émerveillement mais refusant dans le même temps son côté statique et immuable, peut alors se permettre, sans la moindre impunité et de bonne foi, toutes sortes d’interprétations. Ainsi il nous est arrivé d’entendre, lors d’un cours d’iconographie, des élèves dire : "Oh !vous les orthodoxes, vous êtes toujours coincés dans votre Tradition ! Heureusement que nous, catholiques, nous avons l’évolution et la liberté d’expression !".

Mais oû nous mène-t-elle, cette soi-disant liberté ? On remarquera volontiers qu’en Occident il sera demandé à l’icône surtout affection et tendresse. Ainsi par exemple, à choisir entre deux reproductions : celle d’un Christ miséricordieux sous des traits quasi "humains", et celle d’un Christ en Majesté quelque peu hiératique par sa gravité, c’est la première image qui sera retenue. L’icône de la Vierge de tendresse, celle dont le regard est plein d’amour pour son tout petit enfant Jésus, remporte aussi tous les suffrages. Mais n’en est-il pas de même pour les offices liturgiques ?
Nous avons souvent remarqué que, lors d’une célébration catholique, l’aspect fraternel l’emporte sur l’aspect paternel si évident dans l’orthodoxie. Le Christ semble trés proche, il est comme un grand frère que l’on peut aborder facilement et même lui taper amicalement sur l’épaule... plutôt que le Père, le Créateur, qui demande un plus grand respect. une plus grande retenue, donc aussi une certaine distance.
élever l’icône

Notre comportement durant la liturgie est révélateur d’une sensibilité différente.. Il en est de même pour notre attitude face à l’icône. Fasciné par sa couleur, le chrétien catholique peut facilement remplacer le bouquet de fleurs par une icône et la poser à même le sol, sur les marches du sanctuaire, comme il le ferait pour un vase... Et il la contemplera, assis. L’attitude d’un chrétien orthodoxe est tout autre : il "élèvera" icône sur un haut pupitre recouvert de parures et l’honorera en s’inclinant profondément devant elle par trois fois et en l’embrassant. Il découle de ces deux manières d’être si différentes que l’un considére l’icône comme un objet à contempler, l’autre comme une personne qui vous regarde...

Donc, avec cette liberté d’expression et une sensibilité autre, il est pratiquement normal qu’il y ait des déviations dans l’exécution des icônes par des "catholiques de bonne volonté mal éclairés"...

La théologie de l’icône n’est pas affaire personnelle ni purement artistique. Elle concerne l’ensemble de la communauté locale (et mondiale !). C’est pourquoi il est difficile de la séparer de l’église plénière.
L’icône ne doit pas être "inventée", mais "révélée". Elle ne peut être une juxtaposition de symboles mis en place volontairement et avec une imagination exagérée. Les vrais symboles sont ceux qui traversent le temps et qui ont une signification profonde de ce qu’il est difficile d’exprimer autrement. Ce n’est pas un patchwork un découpage d’icônes anciennes avec un morceau pris à droite et un autre à gauche, puis rassemblés. Même s’il y a de l’or et que le travail est fait à la perfection, ce ne sera pas obligatoirement une icône.
des exemples

Ainsi c’est une erreur grave de s’être inspiré de l’icône nommée "CONCEPTION DE LA MERE DE DIEU", qui représente traditionnellement Joachim et Anne enlacés, "concevant" la Mère de Dieu, fêtée le 8 décembre. Il en a été fait une icône nouvelle : le même couple est représenté, tendrement enlacé, dont on aura seulement changé les noms : Marie et Joseph...

Paul Evdokimov définit l’icône comme "La PAROLE (...) mystérieusement dessinée (qui) s’offre en contemplation, en théologie visuelle"".
A la lecture de cette "fausse icône", ou à l’écoute de sa Parole, qu’apprenons-nous ? Que le Christ est uniquement homme, ayant pour parents de chair saints Joseph et Marie... Quelle hérésie !

Suite: http://www.atelierdamascene.fr/spip.php?article178

Source: Les "Icônes Déviantes" article de Ludmilla Garrigou Titchenkova. Article publié le lundi 15 novembre 2010
Mis à jour le samedi 21 juin 2014.

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