Dimitri Barsov a eu un accident à l’âge de 17 ans : "  Le crépuscule de l’âme recèle le malheur, ni lumière ni obscurité n’ont plus de place dans son for intérieur.."
Traduction Elena Tastevin

Dimitri Barsov a eu un accident à l’âge de 17 ans. Sa mère Raissa Nikititchna se rappelle que ce soir-là il a arrangé sa touffe de cheveux devant le miroir avant d’aller se promener. Le temps passait mais il ne rentrait pas et, inquiète, elle pensait lui passer un savon à son retour.

Deux mois après ses proches ont décidé de le faire revenir à la maison . La santé est un don de Dieu. Sa perte est souvent un effet de la Providence. Lorsqu’on l’a il faut être reconnaissant et ne pas l’utiliser pour le mal, si on la perd, accepter humblement et chercher à faire le bien coûte que coûte. Une petite dame aide constamment son fils. Raissa Nikititchna a 77 ans et malgré son courage sa fatigue est visible .

Les personnes en pleine santé ont du mal à comprendre ce que ressent un homme dont le corps ne lui obéit pas. On ne s’imagine pas l’obstacle insurmontable que représentent les escaliers et les hautes bordures. Sans parler de l’angoisse que causent les regards fixes des passants. Eviter de penser aux accidents est inhérent à la nature humaine.

Un rêve terrible

Les premiers jours après l’accident il lui semblait qu’il faisait un rêve terrible: une chambre d’hôpital, des perfusions, sa mère et sa tante en pleurs… Sorti de réanimation il refusait de croire que la maladie était incurable, il espérait malgré tout. Hélas, des changements irréversibles se sont produits et les médecins ont dit qu’une opération n’aurait rien changé.

Dimitri Barsov a eu un accident à l’âge de 17 ans : "  Le crépuscule de l’âme recèle le malheur, ni lumière ni obscurité n’ont plus de place dans son for intérieur.."
En ayant pris conscience, il s’est désespéré. Parfois le matin il ne voulait plus se réveiller. A l’hôpital, il avait un petit volume de Lermontov, un jour il l’a ouvert au hasard sur le poème « Litvinka » :

« Le crépuscule de l’âme recèle le malheur
Ni lumière ni obscurité n’ont plus de place dans son for intérieur
Prisonnière enchaînée du sort épouvantable
La vie lui semble odieuse, la mort effroyable »


Ces vers exprimaient parfaitement ce qu’il éprouvait. Il fallait s’adapter à une vie nouvelle. Au début, il lui était impossible de sortir car il attirait l’attention de tous, cela l’angoissait. Les trottoirs ne sont pas adaptés pour se déplacer dans un fauteuil d’handicapé et il fallait se mettre sur la route. De plus, la pension de sa mère n’était pas suffisante pour se nourrir et acheter des médicaments.En 1991 un ami entrepreneur lui a proposé du travail dans son commerce. Lorsqu’il n’y avait pas d’acheteurs il se mettait à dessiner. La mère d’un garçon qui faisait ses études dans un atelier de peinture l’a aperçu et en a parlé au directeur de l’atelier. Un jour, Nicolas Galkin, fondateur du studio « Inva-studio », lui a proposé d’apprendre l’iconographie.

INVA-STUDIOI

« Inva-studio » existe à Krasnodar depuis 16 ans. Sa tâche consiste à aider les enfants handicapés à surmonter les difficultés causées par la maladie et à essayer de trouver leur vocation.

Les murs sont ornés de photos de jeunes peintres et de leurs œuvres : tableaux, objets de bricolage en grains de verre, en paille et en céramique. Dans l’atelier d’iconographie on peint des icônes commandées par les églises pour les iconostases ainsi que pour des expositions ou des cadeaux. Les enfants sont suivis par un psychologue. Ils ont une salle d’ordinateurs, une petite imprimerie, et une salle avec d’entraînement. Les professeurs ont élaboré des méthodes de réhabilitation fondées sur un travail créatif.

L’atelier organise des expositions. Il y en a eu 300 en Russie et à l’étranger. Ainsi, ils ont présenté leurs œuvres au Conseil de l’Europe à Strasbourg ainsi qu’à la représentation permanente de la Fédération de Russie auprès des organisations européennes à Bruxelles. En Allemagne, les enfants ont participé à un séminaire sur la thérapie artistique.

« En règle générale, les handicapés n’ont la possibilité d’étudier et de communiquer que dans leur enfance et leur adolescence. Ensuite, beaucoup de portes leur sont fermées et leur monde est limité par leur appartement. Nous n’avons pas de limite d’âge, l’essentiel est le désir de la personne de suivre nos cours », - a dit l’enseignant d’« Inva-studio » Vassili Rouskin.

Dimitri Barsov a eu un accident à l’âge de 17 ans : "  Le crépuscule de l’âme recèle le malheur, ni lumière ni obscurité n’ont plus de place dans son for intérieur.."
Etudes à supérieures

En 1998 Dimitri Barsov a commencé à suivre des cours à « Inva-studio ». Cela lui a permis de voyager avec sa mère, d’aller à l’étranger. A Moscou ses peintures ont intéressé un banquier qui lui a offert un fauteuil motorisé. Maintenant Dimitri est bien plus autonome.En 2002 on lui a suggéré de faire des études universitaires. Il a passé des examens d’entrée pour étudier à la faculté de peinture.
La première année il a suivi quelques cours : avec l’aide de sa mère et de ses amis il prenait le tramway. Le plus difficile, pourtant, était de monter au cinquième étage du bâtiment de l’université où il n’y avait pas d’ascenseur. A partir de la deuxième année il étudiait par correspondance. Sa mère transmettait ses devoirs. Son ami Roman Martynenko, venait lui donner des cours d’iconographie. Cela a duré 5 ans.

A partir de 2003 il peint ses icônes dans un style qui lui est propre. Le délai dépend de la dimension de l’icône : d’une semaine à un mois. Parfois, il se dit que les petits détails qu’il fignole tant sont invisibles aux yeux des autres mais il se reprend : Dieu voit tout !

Le cheminement

Le jour où ses parents l’ont ramené de l’hôpital les voisins demandaient : « Est-ce chez vous qu’un garçon est mort ? » « Ce garçon est vivant »,- répondait sa mère. Il est resté vivant grâce à ses prières.

La première fois ils sont entrés à l’église en 1987. Ensuite ils y revenaient une fois par an pour Pâques. A partir de 1991 ils sont devenus pratiquants. « Je me sentais particulièrement bien après la liturgie. Après ma première communion j’ai retrouvé la paix et tout m’a paru tellement petit et insignifiant. Quand j’étais dans le commerce le matin je me réveillais en pensant aux affaires. Depuis que je suis dans l’Eglise mes pensées ont changé ».

« L’Eglise fait comprendre beaucoup de choses. Un jour dans le monastère du Saint-Esprit à Timachevsk on nous a laissés passer la nuit dans une cellule. Il y avait un minimum de meubles et soudain j’ai réalisé que l’homme a besoin de peu. Dans un monastère de la région de Stavropol les moines lisaient les 12 Evangiles lors de la Semaine Sainte. Ils lisaient et pleuraient. J’ai senti la communauté de la terre et du ciel ». Il a souvent réfléchi pour essayer de savoir comment cela lui était arrivé. « Dieu sait où ces pieds se seraient dirigés et ce que ces mains auraient fait s’ils avaient été sains ». Il appréhende le futur car pour espérer en Dieu il faut acquérir une foi ferme et il est au début du chemin.

Dimitri Barsov a eu un accident à l’âge de 17 ans : "  Le crépuscule de l’âme recèle le malheur, ni lumière ni obscurité n’ont plus de place dans son for intérieur.."
La santé de la société

L’indice moral de la santé de la société se manifeste dans son attitude envers les faibles, les malades et les démunis. Le culte imposé de la jeunesse, de la beauté et du succès matériel ne laisse aucune place pour les handicapés. Les rues ne sont pas adaptées, nos cœurs ne les laissent pas entrer.

En Russie les handicapés constituent environ 10 pour cent de la population. Le plus grand malheur est notre attitude envers eux : à commencer par le regard que nous posons sur eux et à terminer par, souvent, une grossière condescendance à leur égard. Pratiquement tous les handicapés, surtout les femmes, se heurtent à une attitude grossière et hostile dans les hôpitaux, les cliniques et dans les transports. Les gens y compris le personnel médical sont exaspérés par la lenteur et le handicap des invalides. Les handicapés moteurs en souffrent le plus, surtout les enfants. On peut donner quelques roubles à celui qui demande l’aumône et se dire que l’on miséricordieux. La charité manifestée sous forme de sympathie et de compassion est bien plus précieuse. Peut-être, quelques mots chaleureux et une brève visite chez un voisin sortiront ce dernier du désespoir et du sentiment d’être inutile. Demain chacun d’entre nous peut se trouver à la place du handicapé.

Si quelqu’un décide de commander une icône à Dimitri ce sera la meilleure récompense pour lui parce qu’il se sentira utile.
Tél : +79180291812


ДИМА Miloserdie ru Lire aussi Les abeilles et la maladie

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 19 Octobre 2015 à 12:14 | 0 commentaire | Permalien


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