Encyclique du saint et grand Concile du 26 juin 2016

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit

Nous adressons une hymne d’action de grâce au Dieu adoré dans la Trinité qui nous a permis de nous réunir en ces jours de Pentecôte sur l’île de Crète, sanctifiée par l’apôtre Paul des nations et son disciple Tite, « véritable enfant dans la foi qui nous est commune » (Tt 1, 4), et d’achever, sous l’inspiration du Saint-Esprit, les travaux du saint et grand Concile de notre Église orthodoxe – convoqué par Sa Sainteté le patriarche œcuménique Bartholomaios, avec l’accord de Leurs Béatitudes les Primats des très-saintes Églises orthodoxes autocéphales – à la gloire de son Nom béni, et au profit du peuple de Dieu et du monde entier, confessant avec le divin Paul : « Ainsi, qu’on nous regarde comme des serviteurs du Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu » (I Co 4, 1).

Le saint et grand Concile de l’Église une, sainte, catholique et apostolique constitue un témoignage authentique de la foi dans le Christ Dieu-homme, Fils unique-engendré et Verbe de Dieu qui, par son Ιncarnation, toute son œuvre sur terre, Son Sacrifice sur la Croix et Sa Résurrection, a révélé le Dieu trinitaire en tant qu’ Αmour infini....Suite

Message du saint et grand Concile du 26 juin 2016

Message 
du saint et grand Concile de l’Église orthodoxe
Au peuple orthodoxe 
et à toute personne de bonne volonté

Nous louons et glorifions le Dieu « de compassion et de toute supplication », car il nous a rendus dignes de nous réunir durant cette semaine de Pentecôte (18-26 juin 2016) en Crète, où l’Apôtre Paul et son disciple Tite ont annoncé l’Évangile au cours des premières années de la vie de l’Église. Nous rendons grâce au Dieu trinitaire, car il a permis avec bienveillance que nous cheminions dans un même esprit pour achever les travaux du saint et grand concile de l’orthodoxie, convoqué par Sa Toute-Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomée, en accord avec les Primats des Églises orthodoxes autocéphales locales.

Fidèles à l’exemple des Apôtres et des Pères théophores, nous avons étudié de nouveau l’Evangile de la liberté par lequel « Christ nous a affranchis » (Ga 5, 1). La fondation de nos discussions théologiques constitue l’assurance que l’Église ne vit pas pour elle-même. Elle transmet le témoignage de l’Évangile de la charité et de la liberté, tout en offrant à l’ensemble du monde habité les dons de Dieu : l’amour, la paix, la justice, la réconciliation, le pouvoir de la Croix et de la Résurrection et l’attente de l’éternité.

La principale priorité du saint et grand Concile fut de proclamer l’unité de l’Église orthodoxie. Fondée sur l’Eucharistie et la succession apostolique des évêques, l’unité existante a besoin d’être renforcée et de porter de nouveaux fruits. L’Église une, sainte, catholique et apostolique est une communion divino-humaine, un avant-goût et une expérience des eschata dans la sainte Eucharistie. En tant que Pentecôte, elle est une voix prophétique qui ne peut être mise sous silence, une présence et un témoignage du Royaume du Dieu d’amour....SUITE


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 27 Juin 2016 à 14:50 | 29 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 27/06/2016 20:12
Il va falloir faire attention à cette période d'après-concile. Les documents signés commencent à être publiés ou soubliés avec des listes de signatures et déjà certains évêques font remarquer que leurs noms fiurent sur des documents avec lesquels ils sont en désaccord et qu'ils n'ont pas signé. D'ailleurs n'était-ce pas uniquement les primats qui étaient censés signer... Ca promet.

2.Posté par Petit Curieux le 28/06/2016 08:50
Peut-être ai-je mal lu ?
Ou bien ce Concile ecclésiologique n’aurait pas eu droit à son petit oros, cette précieuse synthèse, ce concentré de l’essentiel, même s’il n'est pas un Concile dogmatique comme ses célèbres prédécesseurs du premier millénaire qui ont chacun le sien ?

3.Posté par Carol Saba le 29/06/2016 17:55
Retour en pleine forme à Paris après un périple antiochien très riche à Beyrouth et au monastère Notre Dame de Balamand et la participation aux travaux de notre saint synode réuni avec tous nos pères réunis autour de notre bien-aimé patriarche Jean.
Très bonne fête à tous pour la fête aujourd'hui des deux Coryphées des Apôtres, saints Pierre et Paul. Faut pas oublier que c'est non seulement la fête de notre Patriarcat d'Antioche mais aussi son emblème ! Dans l'icône de la fête (celle ci provient du saint monastère de Simonas Petras du Mont Athos), on voit Pierre et Paul qui s'entrelacent dans une circularité parfaire et totale qui représente la vraie conciliarité de L'Eglise. C'est là, l'essence et "la" définition de l'Eglise orthodoxe ! Faut savoir que cette icône dans la tradition s'appelle "Concordia Apostolurum" càd l'Entente des Apôtres.

Quand le différend entre Pierre et Paul a eu lieu, les disciples et les anciens se sont tous réunis en concile. Ce fut le premier concile de l'Eglise, le concile de Jérusalem en l'an 49. Les uns et les autres ne se sont pas mobilisés pour dire qui est avec Paul et qui est contre Pierre, et quelle majorité est avec Pierre et quelle minorité est celle de Paul (il n'y avait pas cet esprit qu'on retrouve malheureusement ces temps-ci) mais qui est avec L'Eglise du Christ et comment doit-on oeuvré pour que "tous" ensemble (et pas 10 des 14!) nous manifestions l'unité du corps ecclésial !

La voie à été trouvée à Jérusalem sous l'inspiration du Saint Esprit car elle excluait les logiques de majorité et de minorité et de vote dans l'Eglise. C'est la voie de l'Entente de "tous" qui a été recherchée et donc la concorde et non pas la voué de quelques uns qui prétendent parler au nom de tous. D'où la fête de la Concordia des Apôtres. C'est cela la tradition d'Antioche, d'hier et d'aujourd'hui... Et de demain jusqu'à la Seconde Venue du Christ !

4.Posté par 156 hiérarques, et non 290, ont participé au Concile le 30/06/2016 19:50
En tout 156 évêques, et non 290, comme cela avait été communiqué par les représentants du Concile lors des interviews à la presse, ont participé au saint et grand Concile à Kolymbari en Crète. La raison pour cette différence provient du fait que chacune des dix Églises participantes avait droit à 25 évêques, mais la Pologne, la Tchéquie et Chypre n’avait pas tant d’évêques. Selon les informations recueillies par l’agence Romfea.gr, des hiérarques des Églises de Grèce, Chypre et Serbie qui ont participé au saint et grand Concile n’ont pas signé certains textes finaux.

5.Posté par Vladimir.G: Concile historique et consensus... le 30/06/2016 23:07
Ainsi donc le Concile de Crête a réuni près de 200 prélats - succès historique évident! Et moins d'un dizaine d'entre eux (7 au dernier décompte) ont exprimé leur désaccord sur « La mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain » (l'un d'eux s'opposant aussi au texte sur « Le sacrement du mariage et ses empêchements».) Ces évêques sont donc en désaccord avec leurs Églises respectives et il n'est pas étonnant que les représentants de Constantinople parlent de consensus en prenant bien soin de faire la distinction entre consensus et unanimité...

L'Histoire dira si ces textes seront effectivement reçus par l'Orthodoxie mais il est d'ores et déjà clair qu'ils feront référence: ainsi l'Église russe, absente, va les examiner à la prochaine réunion de son synode...

6.Posté par justine le 02/07/2016 13:54
Post 5: Vladimir qui d'habitude aime les chiffres, dans l'affaire de la rencontre en Crete - ou du "pseudo-concile" comme il est couramment appele en Grece -, il semble avoir oublie cet amour! Plein d'admiration pour ce "consensus distingué de l'unanimité", il lui echappe que les Eglises absentes representent plus de 150 millions de fideles orthodoxes, soit plus de la moitie du plerome orthodoxe dans le monde. Quelle valeur donc peuvent avoir les decisions d'un tel concile, surtout quand sa convocation a ete tout sauf canonique? Car comme oublient de dire systematiquement les communiques officiels des organisateurs, le reglement du concile stipulait que ce dernier se reunit "avec le consentement de toutes les 14 Eglises autocephales". Or, comme on sait, 4 de ces Eglises, suite a la decision de leurs Saintes Hierarchies apres examination des textes recemment publies, ont demande l'ajournement du concile en vue de retravailler ces textes, et n'ont donc pas consenti finalement a sa convocation. Et bien que cela obligeait canoniquement le Fanar de renoncer a la convocation, les conditions n'etant pas remplies, celui-ci ou, pour etre exact, le patriarche Bartholomee, avec sa superbe habituelle, en a decide autrement. Les consequences sont malheureusement tres nefastes pour le monde orthodoxe dans son ensemble.


A relever aussi que plusieurs hierarques des Eglises presentes a Kolymbari n'ont pas signe certains textes du concile. Trois d'entre eux jusqu'a ce jour ont publiquement explique leurs raisons: le metropolite de Naupacte Hierotheos, les metropolites Athanase de Lemessos et Neophyte de Morphou (les deux de Chypre). Voir

http://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/9157-naupaktou-ierotheos-giati-den-upegrapsa
http://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/9162-lemesou-athanasios-gia-logous-suneidiseos-den-to-
upegrapsa
http://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/9121-mitropolitis-morfou-neofutou-ekklisia-kai-eterodojoi
l

7.Posté par justine le 02/07/2016 13:59
Complement a mon post precedent: Les textes en question ont ete publies par le site officiel du concile avec les noms de tous les hierarques de toutes les delegations, SANS INDIQUER que tel et tel hierarque n'a pas signe le texte, donnant donc a croire qu'ils ont tous signe.....

8.Posté par justine le 02/07/2016 14:49
Excusez-moi de vous enquiquiner encore a propos des chiffres, mais on ne peut pas ne pas s'etonner de la penseee zig-zag de Vladimir (et pas de lui seulement). D'une part, tout heureux il souligne la presence de 200 hierarques (qui etaient en fait 156) et celebre ce "succes historique", faisant abstraction des quelque 470 eveques orthodoxes exclus du concile. D'autre part il note avec satisfaction que 7 hierarques seulement (chiffre qui reste a verifier) n'auraient pas signe le texte le plus controverse, celui sur la relation avec les heterodoxes, faisant abstraction des 67 de Georgie et Bulgarie (rappelons que les Saintes Hierarchies des deux Eglises en corpore ont officiellement rejete ce texte), sans mentionner ceux qui l'AURAIENT REJETE si on leur avait accorde de participer au concile et de voter!

Les organisateurs du concile et leur representants de presse se sont exprimes avec beaucoup de mepris au sujet des Saintes Eglises absentes. Quand on leur faisait remarquer que les absents representent plus de la moitie du plerome orthodoxe, ils repondaient: "les nombres ne comptent pas dans l'Eglise". En meme temps ils ont tout fait pour manipuler les nombres, transformant l'unanimite initialement decidee en suffrage majoritaire, et le premier parmi eux aime meme a se presenter au monde comme "guide spirituel de 300 millions d'Orthodoxes"!

9.Posté par Vladimir G: Condamnation de l'uniatisme? le 02/07/2016 16:06
L'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce Hieronyme, primat de l'Église de Grèce, a proposé au cours du Concile de Crête de condamner l'uniatisme "comme étranger à l’esprit de l'Orthodoxie", rapporte l'agence d'information "Romfea". "Il doit être condamné par toutes les Églises orthodoxes," a dit le primat et cette proposition a été adoptée par les pères du Concile et sera reprise dans ses textes officiels. Pour l'agence c'est la première condamnation de l'uniatisme proclamée au niveau conciliaire...

Source: http://ria.ru/religion/20160625/1451954137.html

Mais l'uniatisme n'est pas mentionné dans les textes officiellement publiés. La seule évocation, très indirecte, qu'on puisse en trouver est la mention du Concile de Constantinople de 1484 "pour réfuter le concile d’union de Florence (1438-1439)" dans la liste des Conciles de l'Orthodoxie au paragraphe 3 de l'Encyclique (https://www.holycouncil.org/-/encyclical-holy-council?inheritRedirect=true). Ce Concile fait ainsi partie des "conciles plus récents possédant une autorité universelle" qui "poursuivent le travail conciliaire sans interruption dans l’histoire." Mais concernant spécifiquement l'unitatisme cette condamnation est clairement moins explicite que celle du "document de Balamand" (1993) dans lequel les deux Eglises catholique et orthodoxe condamnent la démarche de l’uniatisme en tant que méthode d’union et en tant que modèle d’unité (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Reflexions-sur-l-Eglise-greco-catholique-d-Ukraine-et-La-declaration-de-Balamand_a3820.html) ou la déclaration de La Havane où le Pape François et le Patriarche de Moscou Cyrille déclarent: "Il est clair aujourd’hui que la méthode de l’« uniatisme » du passé, comprise comme la réunion d’une communauté à une autre, en la détachant de son Eglise, n’est pas un moyen pour recouvrir l’unité." (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/DECLARATION-COMMUNE-DU-PAPE-FRANCOIS-ET-DU-PATRIARCHE-CYRILLE-DE-MOSCOU-ET-DE-TOUTE-LA-RUSSIE_a4621.html par. 25)

10.Posté par justine le 02/07/2016 19:32
A Vladimir, post 9. Si, il y une toute petite mention, dans le texte final sur les Relations avec les heterodoxes article 23 ou il est dit : " L’Église orthodoxe a une conscience commune de la nécessité du dialogue théologique interchrétien ; c’est pourquoi, elle juge indispensable que le dialogue aille de pair avec le témoignage dans le monde et des actions qui expriment « la joie ineffable » de l’Évangile (I P 1, 8), excluant tout acte de prosélytisme, d’UNIATISME ou autre action provocante d’antagonisme confessionnel." Une "condamnation" bien velouteuse qui ne correspond certes pas a ce que l'Eglise de Grece demandait.

11.Posté par Père Joachim le 04/07/2016 10:34
Cher VLADIMIR, par l’évènement Pan-Chrétien de KOLIBARI l'affaire du « Saint et Grand » à quitté et conclut « sa gigantesque préparation » qui avait dépassé les limites de la bienséance et nous faisait sombrer « tous » dans le RIDICULE, laissant éclater au grand jour les limites de notre « Communauté ecclésiale de VÉRITÉ », et de son ecclésiologie dite de "communion" !

A présent les décisions de la sainte et docte assemblée devront répondre à l’épreuve du lent phénomène de RÉCEPTION pour réaliser le défit de renouveau qui lui avait été confié il y a 55 ans.

De tels objectifs laissent présager des jours d’existence limités pour les "échoppes chrétienne du religieux" de tout poil ? Et, l’avenir de ses boutiquiers, semble compté à l'aune du phénomène de la RÉCEPTION CONCILIAIRE.
Dans ce processus on doit prévoir que les bizness mystico-lucratif et les idéologies d'impostures vont démontrer leur stérilité …(Mathieu 2, 19- 20)

Il est à prévoir pour toutes les « EGLISES » que les courants des « les idéologies chrétiennes » et leur ministère « d’enfumage mystico-politique» va céder le champ ecclésial en faveur du recentrage originel et permanent autour de la Toute Bonne Nouvelle, et de son support privilégier, la « théologie empirique»décriée même par les trado-dingos.
… ceux donc, qui veulent sauver les meubles de leur plan de carrières devront donc à présent la bâtir autour de la « nouvelle école » !

Ça sera le prix à payer ! Demandez en le montant à JEAN XXIII qui a décidé d'ouvrir les portes au Bon Esprit.

NB. Pour ce qui est de la mention de « l’UNIATISME » , la formule est quelque peu « décoiffante» dans un texte doctrinal historique et complète l’autre stigmatisation "hâtive" en la matière : « hétérodoxie». Dans le contexte des stratégies politico-religieuses qui définissent les actions denos églises chrétiennes, il y aurait de quoi rappeler "les ambassadeurs" !

A tout prendre S.S. BENOÎT XVI en nous qualifiant « d’église indigente» usait d’une saine réserve à propos des orthodoxes et à postériori mérite reconnaissance sympathie et respectable amitié.

Quand à l’Archevêque JÉRÔME d’Athènes, il a porté SEUL la responsabilité de ces deux termes au nom d’un très grand nombre (d’absents et de présents) qui se sont défilés "à l'anglaise" ! alors qu’on sait que dans les éparchies d’Hellades, la communauté greco-catholique ne dépasse pas les 2000 fidèles et pour la plupart originaires d’Ukraine ! Merci Béatitude !

12.Posté par Vladimir G: mise en parallèle du prosélytisme et de l'UNIATISME le 04/07/2016 14:59
Merci bien chère Justine, je l'avais effectivement raté...

C'est en effet bien en retrait des condamnations que je cite, mais cela devrait servir à amadouer l'Église russe! Et la mise en parallèle du prosélytisme et de l'UNIATISME est aussi tout sauf neutre!

Et, tout comme Père Joachim, je trouve curieux que cette initiative soit venue de l'Eglise de Grèce, qui n'est pas directement concernée, et non des Église de Serbie ou Roumanie, directement touchées avec celle de Russie (absente!) ...

13.Posté par justine le 04/07/2016 18:11
En Grece, comme il est dit au post 11, il n'y a que quelque milliers uniates. Ceci n'a pas empeche le Vatican de leur donner un "EVEQUE", et ceci malgre les protestations energiques de l'Eglise de Grece qui considere cet "eveche" uniate comme une 5e colonne sur son territoire. Le conflit continue puisque a chaque deces de l''eveque" uniate a Athenes, la Vatican en met en place un autre. Donc, on ne peut pas dire que l'Eglise de Grece ne soit pas directement concernee.

14.Posté par Vladimir.G: L'uniatisme en Grèce le 04/07/2016 21:09
Merci de cette information bien chère Justine,

Je n'en avais jamais entendu parler...

15.Posté par Vladimir.G: Une base qui devrait permettre d''''avancer vers cette unité que l''''Orthodoxie n''''a pas réussi à démontrer cette fois-ci. le 04/07/2016 22:16
MISE AU POINT: je regrette clairement l'absence de quatre Eglises qui n'a pas permis d'en faire une manifestation de l'unité orthodoxe et je ne me considère pas compétent pour juger de la canonicité de ce Concile dont débâtent d'éminents spécialistes. Je me contente de constater faits et prises de position et d'essayer de les analyser…

LES CHIFFRES: que 156 prélats orthodoxes se soient réunis et mis d'accord sur un certain nombre de choses place ce Concile dans la ligne de celui de 1872, auxquels ne participèrent aucun hiérarque des Églises russe et Bulgare (ni Géorgienne, absorbée par Moscou…). Ce Concile est pourtant reconnu (les chiffres ne sont donc effectivement pas primordiaux!) et le fait que quelques évêques ne sont pas d'accord avec un texte (Justine en site 3, une autre source 7…) ne change pas la portée de l'évènement.

CONSENSUS OU UNANIMITÉ: tout le monde est d'accord sur la nécessité du "consensus" pour valider les décisions du Concile, mais c'est sur la définition de ce mot que porte le désaccord. " Un consensus est un accord des volontés sans aucune opposition formelle. Le consensus se distingue de l'unanimité qui met en évidence la volonté manifeste de tous les membres dans l'accord." (https://fr.wikipedia.org/wiki/Consensus).

Consensus ne signifie donc pas unanimité, mais Moscou et les opposants au Concile le prennent plutôt dans ce sens (cf. commentaire 6) ce qui signifierait que, comme au CS de l'ONU, chaque membre disposerait d'un droit de veto...

Constantinople retourne le problème en considérant que, là où il y a eu CONSENSUS, il faut un autre consensus pour renverser la décision. Ainsi la date et les conditions du Concile ont été définis par le consensus des Églises représentées par leurs primats et il fallait donc un nouveau consensus pour revenir dessus… Idem pour les textes…

Comme écrit plus haut, je ne me considère pas compétent pour juger de la canonicité de ces positions dont débâtent d'éminents spécialistes...

"LES ABSENTS ONT TOUJOURS TORT": en boycottant la réunion, les quatre absents ont perdu l'occasion de faire entendre leurs voix et laissé le champ libre à leurs opposants. Constantinople, en particulier, en est ressorti renforcé dans son rôle de coordinateur. C'est de plus une victoire personnelle du patriarche Bartholomé et de son entourage immédiat qui est parvenu à forcer la décision…

CONCILE ET TEXTES FONT RÉFÉRENCE: je constate que tant le Concile que les textes proclamés font déjà référence même chez les absents; l'Église russe va les "examiner" à la prochaine réunion de son synode, le patriarcat d'Antioche considère ce Concile comme une réunion préparatoire ... Il y aura probablement des ajustements mais c'est une base qui devrait permettre d'avancer vers cette unité que l'Orthodoxie n'a pas réussi à démontrer cette fois-ci.

16.Posté par Père Joachim le 05/07/2016 12:24
La situation de l'église greco-catholique en Hellade est proprement affligeante. Il n'y a ni fidèles hellènes, ni vocation sacerdotale, pas non plus chez les religieuses apostoliques, jadis si actives (sœurs de Pammakaristo) Seuls restent deux ou trois bons très vieux Pères qui n’ont pu assumer la succession épiscopale.
Le jeune prêtre ukrainien pressenti pour la succession de l'évêque atteint par la limite d'âge à tragiquement péri dans un accident laissant orpheline la sympathique communauté slave d’Athènes avec ses quelques dizaines de familles. Il n’y a donc pas quelques milliers de grec-catholiques mais quelques dizaines. La situation des « latins » que la hiérarchie catholique à pris soin de regrouper à Syros et (dans les Cyclades) est meilleure et enrichie par des populations asiatiques et polonaises d’émigrés; le tout est évalué à 30.000, bien moins donc que les émigrés de religion musulmane.
Fort intelligemment le Saint Siège à détaché un de ses précieux collaborateur en charge du Collège Grec de Rome. C'est un professeur distingué de patristique et qui plus est, vrais moine bénédictin de catalogne, de la grande abbaye de Monsérat. Mais il ne parle pas couramment le grec
Certainement c’est un grand connaisseur lui aussi de la théologie du Père Jugié !
Qu’avons-nous à nous plaindre ? Laissons vivre ces enfants du Bon Dieu tout comme nous les orthodoxes de France voudrions pouvoir respirer librement.

L’Archevêque JEROME, ( dont le Synode n’a pas émis de protestation spéciale), en demandant la mise à l’index de l’UNIATISME n’a donc fait que transmettre au « Saint et Grand »une demande fraternelle venants « des ailleurs » de l’orthodoxie.

Si le Saint Synode grec à une stratégie à mettre en place ??? qu'il se mêle de promouvoir des MOINES EXPÉRIMENTES qui soit vraiment des moines et non des prêtres célibataires qui n'ont d'orthodoxe que le RITE et qu’il se préoccupe de choisir MIEUX ses évêques là où il y a des communautés latines vivantes dans les Cyclades, afin d’entretenir entre autres le dialogue œcuménique !

N.B. Hors mit l’Église d’ex-Yougoslavie qui l’a fait par la dignité de sa présence, personne n’a osé dénoncer la fêlure significative qui est apparue au « St.et G. » et qui aurait du mettre en évidence l’instrumentalisation et la réinterprétation de la "théologie empirique" des grands saints contemporains (les Starets), par les obscures alcôves du zélotisme et du fondamentalisme.

Ces milieux intégristes se sont fixé l'objectif de dévoyer et discréditer ce courant providentiel de renouveau au profit de leur esprit "malade", tout aussi néfastes, que ceux des plus dangereux activistes qui sévissent dans les aéroports et les "bataclans"

17.Posté par justine le 05/07/2016 18:30
Post 15: "Constantinople, en particulier, en est ressorti renforcé dans son rôle de coordinateur. C'est de plus une victoire personnelle du patriarche Bartholomé et de son entourage immédiat qui est parvenu à forcer la décision." Ça c'est le point de vue des Fanariotes et de leurs adherents, occupes jour apres jour a construire leur propre tour de Babel. Il y a aussi le point de vue oppose qui critique vivement la maniere dont le patriarche Bartholomee a mene cette affaire du concile, et en Grece - pour ne parler que de ce pays la - nombreux sont ceux qui, au vu des actes autocrates, des mensonges systematiques et des hypocrisies fanariotes, des manoeuvres derriere les coulisses avant et pendant le concile, pensent que la credibilite du Fanar a encore baisse, et ceci a un degre substantiel.

En obliterant certains faits, on parvient evidemment a une image toute rose, comme par exemple celle que dessine dans une interview avec Radio Vatican le dominicain Yacinthe Destivelle (http://fr.radiovaticana.va/news/2016/06/28/quel_bilan_pour_le_concile_de_l%C3%A9glise_orthodoxe_/1240736), lequel passe completement sous silence le grand debat au sujet de la relation de l'
Eglise Orthodoxe avec les heterodoxes, debat qui a failli conduire au naufrage du concile et qui va continuer a diviser les Orthodoxes apres le concile.

18.Posté par justine le 05/07/2016 18:51
Il est caracteristique pour les ecumenistes de fuir, comme le diable fuit l'encens, les arguments theologiques des hierarques serieux et connus pour leur stature spirituelle qui defendent la Sainte Tradition spirituelle et canonique de l'Eglise, restreignant volontairement leur champ de vision a certains milieux extremistes et fanatiques qui leur permettent de parler de "zelotisme" et "fondamentalisme". Voguant sur un ocean indefini d'insinuations et de sous-entendus, le p. Joachim ne nous a pas encore edifie par une evaluation, en langage comprehensible pour un chretien orthodoxe, des prises de position d'un eveque theologien comme Hierotheos de Naupacte par exemple.

19.Posté par Père Joachim le 05/07/2016 23:01
Pour ma part je ne connais pas, ni pratique des rites anti satanique d'encensement ...??? Il doit y avoir du côté de Paris d' obscures alcôves du zélotisme et du fondamentalisme où cela se pratique?

Pour ce qui est du Métropolite HIEROTHEE les frères et sœurs de FOI et de BON SENS de PO., peuvent écouter un long interview à propos du St.et Gd. Cet évêque grec est un disciple du Père Jean ROMANIDES (Voir l'ouvrage récemment paru aux Ed. l' ARMATTAN. "La théologie Empirique")

Dans ses propos rigoureux mais pondérés et sereins et ceux de bien d'autres théologiens de notre Église présents en Crêtes , dont le Métropolite ATHANASE de l'ex-Yougoslavie ( gr théologien présent mais non membre de la délégation) dont j'ai écouté attentivement l’interview sur "Pendapostagma" (site du Monastère de Vatopédi),
je ne parvient pas à retrouver un quelconque soutient à une étroitesse maniaque impropre à la foi de nos Pères et à présent formellement CONDAMNÉE en Crêtes par une décision d'ores et déjà "catholique" !

A croire donc qu'il aurait , comme pour l'Europe, des régimes de compréhensions à plusieurs vitesses que l'orthodoxie saura écarter bientôt vers "les églises historiques hétérodoxes" où ces tendances et sensibilités semblent naturellement avoir droit de cité ???

20.Posté par Gueorguy le 08/07/2016 11:57
Franchement, il est très difficile de comprendre pourquoi les appels et doléances de l'Eglise d'Antioche ont, à ce point, été ignorés.

A ce stade, se pose une et une seule question. Comment pouvait-on imaginer un concile dès lors que la liturgie ne pouvait réunir tout le monde?

Ou bien Est-ce les contingences de billets d'avions ou de réservation d'hôtel (selon l'argument apporté par ce fameux diacre qui peut affirmer qu'un concile est reçu avant même d'être tenu) qui priment?

Dans sa mansuétude, l'Eglise d'Antioche ou son porte-parole, Carol Saba, ne rejettent pas les travaux, veulent bien les prendre en considération. Ce n'est certainement un acte de faiblesse mais une grandeur d'âme à l'honneur de cette Eglise d'Antioche qui, par ailleurs, souffrent tant, aujourd'hui.

21.Posté par justine le 09/07/2016 16:07
En ce jour il convient tout de meme de signaler les declarations publiques d'autres hierarques de renom encore qui ont confirme ne pas avoir signe le texte conciliaire sur les relations avec les heterodoxes et expliquent leurs raisons. Il s'agit des metropolites serbes Amfilohije du Montenegro et Irenej Boulovits de Batska qui donnent d'ailleurs a entendre que la majorite des eveques de la delegation serbe et un nombre considerable d'eveques d'autres delegations n'ont pas signe ce texte. Leurs explications mettent encore plus en evidence certains aspects negatifs du concile de Crete, qui ont ete camoufles a dessein par l'information officielle des organisateurs du concile.

On peut lire sur Orthodoxie.com un resume des propos des deux eveques en traduction francaise, mais en ce qui concerne ceux du metropolite Irenej Boulovits, le resume est plutot lacunier. A noter en particulier l'omission de la declaration du metropolite de Batska qu'avec la restriction du droit de vote aux seuls primats on "degrade le concile a une synaxe de primats" et surtout que "LE COLLECTIF DES PRIMATS FONCTIONNE EN FAIT COMME UNE SORTE DE PAPE COLLECTIF, qu'on veuille honnetement le reconnaitre ou qu'on veuille bien s'aveugler soi-meme a ce sujet".

La traduction omet aussi ce que le metropolite Irinej dit sur les procedes contestables lors des conferences preconciliaires ("dont les raisons il vaut mieux honorer par le silence"). Et elle ne rend pas du tout le temoignage initial du metropolite que "le Saint et Grand Concile" (appellation qu'il met entre guimets) est mis en doute non seulement par les Eglises absentes, mais "aussi par un tres grand nombre des hierarques participants".

Les declarations du metropolite Amfilohije sont accessibles en serbe sur youtube: https://youtu.be/Lql_R4NYUwI
Le texte du metropolite Irinej (original en grec) est accessible sur http://aktines.blogspot.gr/2016/07/blog-post_69.html#more

22.Posté par Daniel le 10/07/2016 12:14
J'ai comme l'impression que ce concile panorthodoxe va faire "pschiiiit".

23.Posté par Vladimir G: "Faut-il revisiter Athénagoras 1er de Constantinople pour sortir de l'impasse ecclésiale de Crète 2016 ?" par Carol SABA le 11/07/2016 10:12
Crète 2016 : concile ou pas concile orthodoxe ?

Faut-il revisiter Athénagoras 1er de Constantinople pour sortir de l'impasse ecclésiale de Crète 2016 ?

La rencontre interorthodoxe de Crète 2016 vient de s'achever. Au-delà du tapage médiatique intense qui a été déployé en Crète, et qui s'est déroulé très souvent non sans « désinformation » et non sans « défiguration » des arguments des Églises qui ont été contraintes à ne pas y être, il n'en demeure pas moins que, d'évidence, la photo de famille restera marquée par cette tache indélébile d'une unité « inachevée ». Qu'on le veuille ou pas, le concile qui devait réunir les 14 Églises orthodoxes autocéphales s'est transformé en rencontre, certes importante, d'une dizaine de ces Églises.
Quatre Églises, et pas des moindres (l'Église apostolique d'Antioche, et les Églises russe, géorgienne et bulgare), ont été contraintes de ne pas y être. Les autres Églises orthodoxes sœurs leur ont littéralement tourné le dos et ont voulu avancer toutes seules, sans elles, coûte que coûte. Pourtant les doléances de celles-ci, valables et fondées, ne visaient qu'à mieux affermir l'unité orthodoxe et sa manifestation par les « 14 Églises » qui constituent « ensemble » le « plérome » de l'orthodoxie. Elles cherchaient à faire éviter au monde orthodoxe, déjà largement éprouvé, de nouvelles fractures et déchirures comme celles qui résulteraient de Crète 2016.
Il n'est pas question ici de faire une lecture à chaud et critique de la rencontre crétoise, ni de ses documents qui continuent, au-delà de la rencontre, à susciter de vives critiques justifiées de la part même de certains hiérarques qui ont été en Crète. Il ne s'agit pas non plus de décrypter les implications juridico-canoniques de cette « rencontre » crétoise et des risques sous-jacents qu'elle implique pour l'unité du plérome de l'Église orthodoxe. Ni non plus, à ce stade, de prendre la défense des arguments valables et fondés des Églises qui ont été contraintes de ne pas y être malgré le fait qu'elles représentent non seulement des Églises apostoliques, comme le cas de l'Église d'Antioche, mais aussi des Églises qui représentent de très nombreux fidèles orthodoxes de par le monde, l'Église russe représentant à elle seule bien plus que la moitié des orthodoxes du monde.
Chacune de ces Églises fera sa propre plaidoirie par la bouche de ses propres instances et de son saint synode. D'ailleurs, celui d'Antioche vient de sortir un long communiqué explicatif et circonstancié de la position fondée de cette Église.
Il y a lieu tout simplement de mettre en garde contre les risques importants, présents et sous-jacents, d'un certain « triomphalisme » totalement déplacé qui s'est manifesté en Crète, un triomphalisme dénué d'esprit évangélique et qui ne se soucie point de la nécessité viatique de renouer ce qui a été rompu et de restaurer la pleine « conciliarité » de l'Église orthodoxe, qui ne peut qu'être celle des 14 Églises, largement entamée en Crète. Je ne citerai pas ici les propos blessants d'un primat en Crète parlant des 4 primats des Églises non présentes en Crète car il faut renouer ce qui a été rompu.
En effet, tout orthodoxe responsable conscient des risques qui menacent désormais l'unité orthodoxe ne peut faire fi des fractures, avant, pendant et après Crète 2016, qui se multiplient ici et là entre les Églises en raison de Crète 2016, qui a été davantage un signe de fracture qu'un ferment d'unité, quoi qu'on en dise dans les belles interviews des bouches officielles martelant des mots d'ordre de cette rencontre.
La première ligne de fracture oppose les Églises présentes en Crète et celles qui n'y étaient pas. La deuxième ligne de fracture, plus grave de conséquences, est celle qui oppose les Églises qui appelleront Crète 2016 un « concile » et celles qui le désigneront comme « rencontre ». Concile donc, coûte que coûte, pour les uns qui le veulent engageant, au nom de 10 Églises orthodoxes autocéphales, les 14 Églises autocéphales ! Et pour les autres, une rencontre préconciliaire non engageante, car ils considèrent à juste titre que seules l'unanimité et la concordance des 14 Églises peuvent engager le plérome de l'orthodoxie. Une troisième ligne de fracture, de plus en plus dynamique celle-là, traverse chacune des Églises qui ont été en Crète, une ligne qui monte en crescendo et constitue une opposition interne au sein des Églises signataires de Crète, manifestant ouvertement ses critiques sur ses documents et leur validité.
Toutes ces fractures, mouvantes, dynamiques et menaçantes, résultent malheureusement, de cette logique un peu « bulldozer » qui, non sans tension, a voulu avancer « coûte que coûte », sans entendre ni écouter les doléances de fond des Églises sœurs qui les empêchaient d'être aux discussions conciliaires et, pour Antioche, à la table eucharistique préalable forcé à toute discussion conciliaire sauf si pour les Églises présentes en Crète la communion eucharistique est un détail mineur qui ne vicie pas les discussions au sommet ! C'est cette logique qui a voulu avancer « sans les autres frères » qui est en cause et qui est, bien entendu, regrettable car, d'évidence, le concile n'est pas l'objectif mais la conciliarité, qui aujourd'hui est atteinte. Est-ce vrai « qu'ils ont des yeux et ne voient point, ils ont des oreilles et n'entendent point », selon les paroles du prophète Jérémie ?
Alors comment sortir de l'impasse ecclésiale de Crète 2016 ? Mon charisme antiochien, qui reste et restera un charisme de « rassemblement », qui va au-delà des analyses et des positions des uns et des autres, me dicte de dire que l'intelligence ecclésiale implique aujourd'hui aux Églises qui n'ont pas été en Crète de ne pas mettre en cause la « légitimité » de la rencontre d'une dizaine d'Églises orthodoxes autocéphales réunies en Crète et de reconnaître cette légitimité et de traiter avec elle d'une manière irénique. De même, les mêmes considérations d'unité orthodoxe et d'intelligence ecclésiale imposent à mon avis aux Églises orthodoxes réunies en Crète de ne pas insister sur la qualification canonique de Crète comme un « concile » qui n'en est plus un. Ceci ne serait-ce que parce que au moins une des Églises orthodoxes autocéphales, l'antiochienne, n'a pas signé les résolutions de Chambésy 2016 y compris le règlement du concile qui ne peut être convoqué, selon les propres termes de ce règlement, « qu'avec l'accord de tous les primats des Églises orthodoxes autocéphales ». L'équation est simple, validité du concile, non. Légitimité de la rencontre au sommet des 10 Églises, oui ! Il y a là matière à réfléchir pour les pacificateurs des deux camps !
Crète 2016 : une fracture de fond qui entame l'unité orthodoxe. Mais rien n'est irréversible. Il est encore temps de sortir de l'impasse et de réduire cette fracture. Pour ce faire, il faut sortir du triomphalisme d'un camp sur un autre pour que l'ensemble du plérome de l'Église orthodoxe gagne... Il ne faut pas oublier que le patriarche Athénagoras 1er de Constantinople a été à Antioche en premier, au début de son périple en novembre 1959 auprès des Églises locales, pour défendre l'idée du concile panorthodoxe.
Il a commencé son voyage par Alep puis c'est dans la cathédrale patriarcale d'Antioche à Damas qu'il s'est adressé en premier à cette Église apostolique et à son patriarche Théodose d'Antioche en disant : « Notre siège apostolique et œcuménique, sur la base des relations historiques qui l'unissent au siège d'Antioche, attache la plus grande importance à leur commun effort pour résoudre les problèmes qui intéressent l'Église orthodoxe et le monde chrétien en général. » Aussi, il ne faut pas oublier que ce même Athénagoras disait et répétait que « agir sans l'Église russe, c'était le schisme » et il ne cessait de répéter cette phrase « les Grecs, je vous l'ai dit, critiquent souvent mon amour du peuple russe. J'aime la Sainte Russie, cette Sainte Russie aujourd'hui secrète, mais qui reprendra un jour sa mission spirituelle sur la scène de l'histoire. Je l'aime pour ses saints, pour son approfondissement théologique de l'orthodoxie, mais surtout pour ses martyrs... C'est pourquoi nous devons avoir l'Église russe avec nous ». Alors faut-il revisiter Athénagoras pour sortir de l'impasse de Crète 2016 ? À défaut, un rapport de force sera engagé et tout le monde va perdre y compris le camp qui pense avoir triomphé !

Carol SABA – Avocat à la cour au barreau de Paris

24.Posté par Vladimir G: "Faut-il revisiter Athénagoras 1er de Constantinople pour sortir de l''''impasse ecclésiale de Crète 2016 ?" par Carol SABA le 11/07/2016 10:24
Crète 2016 : concile ou pas concile orthodoxe ?
Le patriarche Athénagoras 1er.

Faut-il revisiter Athénagoras 1er de Constantinople pour sortir de l'impasse ecclésiale de Crète 2016 ?

Carol SABA,

La rencontre interorthodoxe de Crète 2016 vient de s'achever. Au-delà du tapage médiatique intense qui a été déployé en Crète, et qui s'est déroulé très souvent non sans « désinformation » et non sans « défiguration » des arguments des Églises qui ont été contraintes à ne pas y être, il n'en demeure pas moins que, d'évidence, la photo de famille restera marquée par cette tache indélébile d'une unité « inachevée ». Qu'on le veuille ou pas, le concile qui devait réunir les 14 Églises orthodoxes autocéphales s'est transformé en rencontre, certes importante, d'une dizaine de ces Églises.

Quatre Églises, et pas des moindres (l'Église apostolique d'Antioche, et les Églises russe, géorgienne et bulgare), ont été contraintes de ne pas y être. Les autres Églises orthodoxes sœurs leur ont littéralement tourné le dos et ont voulu avancer toutes seules, sans elles, coûte que coûte. Pourtant les doléances de celles-ci, valables et fondées, ne visaient qu'à mieux affermir l'unité orthodoxe et sa manifestation par les « 14 Églises » qui constituent « ensemble » le « plérome » de l'orthodoxie. Elles cherchaient à faire éviter au monde orthodoxe, déjà largement éprouvé, de nouvelles fractures et déchirures comme celles qui résulteraient de Crète 2016.

Il n'est pas question ici de faire une lecture à chaud et critique de la rencontre crétoise, ni de ses documents qui continuent, au-delà de la rencontre, à susciter de vives critiques justifiées de la part même de certains hiérarques qui ont été en Crète. Il ne s'agit pas non plus de décrypter les implications juridico-canoniques de cette « rencontre » crétoise et des risques sous-jacents qu'elle implique pour l'unité du plérome de l'Église orthodoxe. Ni non plus, à ce stade, de prendre la défense des arguments valables et fondés des Églises qui ont été contraintes de ne pas y être malgré le fait qu'elles représentent non seulement des Églises apostoliques, comme le cas de l'Église d'Antioche, mais aussi des Églises qui représentent de très nombreux fidèles orthodoxes de par le monde, l'Église russe représentant à elle seule bien plus que la moitié des orthodoxes du monde.

Chacune de ces Églises fera sa propre plaidoirie par la bouche de ses propres instances et de son saint synode. D'ailleurs, celui d'Antioche vient de sortir un long communiqué explicatif et circonstancié de la position fondée de cette Église.
Il y a lieu tout simplement de mettre en garde contre les risques importants, présents et sous-jacents, d'un certain « triomphalisme » totalement déplacé qui s'est manifesté en Crète, un triomphalisme dénué d'esprit évangélique et qui ne se soucie point de la nécessité viatique de renouer ce qui a été rompu et de restaurer la pleine « conciliarité » de l'Église orthodoxe, qui ne peut qu'être celle des 14 Églises, largement entamée en Crète. Je ne citerai pas ici les propos blessants d'un primat en Crète parlant des 4 primats des Églises non présentes en Crète car il faut renouer ce qui a été rompu.

DES FRACTURES QUI SE MULTIPLIENT

En effet, tout orthodoxe responsable conscient des risques qui menacent désormais l'unité orthodoxe ne peut faire fi des fractures, avant, pendant et après Crète 2016, qui se multiplient ici et là entre les Églises en raison de Crète 2016, qui a été davantage un signe de fracture qu'un ferment d'unité, quoi qu'on en dise dans les belles interviews des bouches officielles martelant des mots d'ordre de cette rencontre.

La première ligne de fracture oppose les Églises présentes en Crète et celles qui n'y étaient pas. La deuxième ligne de fracture, plus grave de conséquences, est celle qui oppose les Églises qui appelleront Crète 2016 un « concile » et celles qui le désigneront comme « rencontre ». Concile donc, coûte que coûte, pour les uns qui le veulent engageant, au nom de 10 Églises orthodoxes autocéphales, les 14 Églises autocéphales ! Et pour les autres, une rencontre préconciliaire non engageante, car ils considèrent à juste titre que seules l'unanimité et la concordance des 14 Églises peuvent engager le plérome de l'orthodoxie. Une troisième ligne de fracture, de plus en plus dynamique celle-là, traverse chacune des Églises qui ont été en Crète, une ligne qui monte en crescendo et constitue une opposition interne au sein des Églises signataires de Crète, manifestant ouvertement ses critiques sur ses documents et leur validité.

Toutes ces fractures, mouvantes, dynamiques et menaçantes, résultent malheureusement, de cette logique un peu « bulldozer » qui, non sans tension, a voulu avancer « coûte que coûte », sans entendre ni écouter les doléances de fond des Églises sœurs qui les empêchaient d'être aux discussions conciliaires et, pour Antioche, à la table eucharistique préalable forcé à toute discussion conciliaire sauf si pour les Églises présentes en Crète la communion eucharistique est un détail mineur qui ne vicie pas les discussions au sommet ! C'est cette logique qui a voulu avancer « sans les autres frères » qui est en cause et qui est, bien entendu, regrettable car, d'évidence, le concile n'est pas l'objectif mais la conciliarité, qui aujourd'hui est atteinte. Est-ce vrai « qu'ils ont des yeux et ne voient point, ils ont des oreilles et n'entendent point », selon les paroles du prophète Jérémie ?

VALIDITE DU CONCILE, NON. LEGITIMITE DE LA RENCONTRE AU SOMMET DES 10 ÉGLISES, OUI !

Alors comment sortir de l'impasse ecclésiale de Crète 2016 ? Mon charisme antiochien, qui reste et restera un charisme de «rassemblement», qui va au-delà des analyses et des positions des uns et des autres, me dicte de dire que l'intelligence ecclésiale implique aujourd'hui aux Églises qui n'ont pas été en Crète de ne pas mettre en cause la « légitimité » de la rencontre d'une dizaine d'Églises orthodoxes autocéphales réunies en Crète et de reconnaître cette légitimité et de traiter avec elle d'une manière irénique. De même, les mêmes considérations d'unité orthodoxe et d'intelligence ecclésiale imposent à mon avis aux Églises orthodoxes réunies en Crète de ne pas insister sur la qualification canonique de Crète comme un « concile » qui n'en est plus un. Ceci ne serait-ce que parce que au moins une des Églises orthodoxes autocéphales, l'antiochienne, n'a pas signé les résolutions de Chambésy 2016 y compris le règlement du concile qui ne peut être convoqué, selon les propres termes de ce règlement, « qu'avec l'accord de tous les primats des Églises orthodoxes autocéphales ». L'équation est simple, validité du concile, non. Légitimité de la rencontre au sommet des 10 Églises, oui ! Il y a là matière à réfléchir pour les pacificateurs des deux camps !

Crète 2016 : une fracture de fond qui entame l'unité orthodoxe. Mais rien n'est irréversible. Il est encore temps de sortir de l'impasse et de réduire cette fracture. Pour ce faire, il faut sortir du triomphalisme d'un camp sur un autre pour que l'ensemble du plérome de l'Église orthodoxe gagne... Il ne faut pas oublier que le patriarche Athénagoras 1er de Constantinople a été à Antioche en premier, au début de son périple en novembre 1959 auprès des Églises locales, pour défendre l'idée du concile panorthodoxe.
Il a commencé son voyage par Alep puis c'est dans la cathédrale patriarcale d'Antioche à Damas qu'il s'est adressé en premier à cette Église apostolique et à son patriarche Théodose d'Antioche en disant : « Notre siège apostolique et œcuménique, sur la base des relations historiques qui l'unissent au siège d'Antioche, attache la plus grande importance à leur commun effort pour résoudre les problèmes qui intéressent l'Église orthodoxe et le monde chrétien en général. » Aussi, il ne faut pas oublier que ce même Athénagoras disait et répétait que « agir sans l'Église russe, c'était le schisme » et il ne cessait de répéter cette phrase « les Grecs, je vous l'ai dit, critiquent souvent mon amour du peuple russe. J'aime la Sainte Russie, cette Sainte Russie aujourd'hui secrète, mais qui reprendra un jour sa mission spirituelle sur la scène de l'histoire. Je l'aime pour ses saints, pour son approfondissement théologique de l'orthodoxie, mais surtout pour ses martyrs... C'est pourquoi nous devons avoir l'Église russe avec nous ». Alors faut-il revisiter Athénagoras pour sortir de l'impasse de Crète 2016 ?
À DEFAUT, UN RAPPORT DE FORCE SERA ENGAGE ET TOUT LE MONDE VA PERDRE Y COMPRIS LE CAMP QUI PENSE AVOIR TRIOMPHE !

(Les sous-titres en majuscules sont ajoutées par Vladimir G)

25.Posté par justine le 11/07/2016 11:41
Le metropolite Hierotheos de Naupacte vient de publier un nouveau texte nous renseignant sur les debats lors du Concile de Crete, et comme les renseignements concrets sur ces debats sont rares, il vaut la peine de le signaler. Il porte le titre "Un peu apres le «Grand et Saint Concile»" (faisant pendant a son texte "Un peu avant le...") et est accessible (en grec) sur http://www.romfea.gr/images/article-images/2016/07/romfea2/NAYPAKTOY_IEROTHEOY_Ligo_META_AMSOE.pdf

Parmi les passages-cle de ce texte il y a notamment ce temoignage inquietant : "En toute sincerite je dois dire que dans tout ce qui a ete articule pendant ce Concile, j'ai constate avec la plus grande clarte un RELATIVISME, car dans tout ce qui se disait et se discutait circulait de maniere prononcee le contenu de la THEORIE DES BRANCHES, sans qu'on le nomme expressement comme tel, c'est a dire il en ressortait l'opinion qu'il y aurait eu une division de la chretiennete et que le christianisme aurait ete «dechire comme le rasson d'un clerc» (!) et que tous recherchent son unite - theorie de l'inclusion, selon laquelle chez tous les chretiens il y aurait un element commun, a savoir le bapteme valide, autrement dit la theologie baptismale, de meme qu'un moralisme denue de fondement theologique et une pastorale de l'homme contemporain pareillement denuee de fondement theologique."

Pour ceux qui ne sont pas trop familiers avec le dogme orthodoxe, il faut preciser que la theorie des branches et la theologie baptismale sont completement etrangers a l'ecclesiologie orthodoxe et a toute la Sainte Tradition de l'Eglise.

Le metropolite de Naupacte note aussi que dans l'Encyclique du Concile il y a un "serieux probleme theologique", car elle caracterise l'Eglise comme "icone de la Sainte Trinite" et proclame que l'Eglise serait une "communion theandrique selon l'image de la Sainte Trinite". Or, souligne-t-il, toute la Tradition patristique definit l'Eglise a partir de la Christologie et non pas de la Triadologie. L'Eglise est christocentrique: "Le Christ est la Tete de l'Eglise, l'Eglise est le Corps du Christ, nous-memes sommes membres du Corps du Christ et par le Christ participons aux energies increees du Dieu Trinitaire."


26.Posté par Saba Carol le 12/07/2016 11:54
Bonjour à tous, @Vladimir G, Post 23 - Merci d'avoir repris le texte de ma chronique hebdomadaire sur radio notre dame (c'était la dernière avant la rentrée 2016-2017). Par contre, pourriez-vous SVP supprimer la mention "Carol SABA, secretaire de l'AEOF" car d'une part je ne suis pas le secrétaire de l'AEOF (c'est un évêque qui l'est) et je suis le "responsable de la communication de l'AEOF", et d'autre part, dans les chroniques que je publie notamment sur Radio Notre Dame, je n'engage pas l'AEOF, je précise toujours, comme c'est le cas pour cette chronique, je m'exprime en mon nom propre personnel sans aucune référence à l'AEOF. Merci de rectifier. Bon journée et bon été à tous. En Christ, C.S.

27.Posté par OLTR - WEB-MASTER le 12/07/2016 16:53
@15 - Vladimir Golovanow

Dans votre contribution n°15, vous faites référence au concile de 1872 (évoquant le cas du Phylétisme); référence mentionnée dans l'Encyclique du concile de Crête.

Nous estimons utile et intéressant de rappeler le traitement de ce sujet - le phylétisme - dans l'une des publications disponibles sur notre site.

La fameuse condamnation du phylétisme semble bien être systématiquement assénée sans le discernement et le contexte que rappelle Séraphin REHBINDER.

28.Posté par V.Golovanow le 12/07/2016 16:53
Erratum en 23: Carol SABA N'EST PAS "secrétaire de l'AEOF" et s'exprime dans ce texte "en son nom propre personnel sans aucune référence à l'AEOF"

Sincèrement vôtre

Vladimir Golovanow

29.Posté par Vladimir.G: Erratum en 23: Carol SABA N''''''''''''''''EST PAS "secrétaire de l''''''''''''''''AEOF" et s''''''''''''''''exprime dans ce texte "en son nom propre personnel sans aucune référence à l''''''''''''''''AEOF" le 12/07/2016 17:04
Bien cher Saba Carol,

Je vous prie de m'excuser pour la confusion de vos titres ...

Je n'ai malheureusement pas la main sur les corrections et ne peux que proposer la publication de cet "erratum". Je l’envoie aussi directement aux modérateurs ...

30.Posté par Noël Ruffieux le 13/07/2016 10:29
Pour répondre à la question de Gueorguy, sur le phylétisme et le Concile de Constantinople de 1872, je suggère det lire le numéro 249 de janvier-mars 2015 de CONTACTS, Revue française de l'Orthodoxie, avec des articles de M. Stavrou, B. Pnevmatikakis, A. Miltos, D. Lossky, J.-Cl. Polet, N. Ruffieux.

31.Posté par Gueorguy le 13/07/2016 12:17
@ 30 - Noël Ruffieux

Merci pour cette référence et pour avoir été attentif à ma sollicitation formulée dans une autre file de discussion (celle consacrée aux entités schismatiques d'Ukraine; voir lien ci-dessous). Ainsi que je l'ai indiqué, il me semblait, tout de même, délicat de n'avoir que, comme seule référence, l'approche d'une personne qui pouvait avoir, par ailleurs, un parcours quelque peu chaotique ou sinueux et assez éloigné de l'Eglise orthodoxe (c'est à dire celle reconnue par tous, en un mot, canonique).

32.Posté par Saba Carol le 16/07/2016 16:21
@Vladimir, post 29. Aucun problème. Merci Beaucoup. Au plaisir, C

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