Fête de l’Ascension : le chemin extraordinaire d’une icône rare par son nom et exceptionnelle par son histoire
Anne Khoudokormoff-Kotschoubey

Bientôt nous serons dans la joie extrême d’une fête qui, à part son icône spécifique et traditionnelle de ce jour de l’Ascension, en a une autre, encore peu connue, dont l’appellation porte le nom du Kondakion du jour: « «Аз есть с вами и никто же на вы» (« Je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous »).

Quelle est cette icône ? D’où vient-elle ? Quelle est son histoire ?

Cette icône, un peu « fade » par sa représentation et couleurs, a vu le jour en Russie, dans un célèbre monastère appelé saint Jean-Baptiste, situé à Leouchino, près du village de Miaksa, au nord de Moscou. A l’heure actuelle ce monastère n’existe plus. Il se trouve sous eau ayant été totalement submergé, comme tant d’autres, par la construction d’un gigantesque barrage sur la Volga, construit dans les années 1940, ayant provoqué des inondations impitoyables pour l’homme, son habitat, ses œuvres (monastères, églises) et la nature environnante. Cet endroit devenu un immense lac artificiel (connu sous le nom de lac de Rybinsk) est visité sans cesse à présent par des descendants de cette contrée qui viennent sur les bords de cette vaste étendue d’eau se rappeler leurs parents disparus et/ou leurs domaines noyés.

L’icône dont nous parlons ici exalte la dernière phrase prononcée par le Christ au moment de son Ascension, rapportée par l’évangéliste Matthieu : «Je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous » (28,20).

C’est le père Jean de Constradt, qui a permis à sa fille spirituelle, l’higoumène du monastère saint-Jean Baptiste de Leouchino, Taïssia, de faire écrire dans les années 90 du 19ième siècle cette icône sous cette appellation dans ce monastère dont il était le père spirituel.

Sentant sa fin prochaine, le père Jean de Cronstadt, prévoyant aussi que des temps troubles agiteraient le pays et ne voulant pas que l’icône tombe dans des mains hostiles, la confie à une connaissance du nom de Mouraviev, connu en son temps à la fois pour sa richesse et sa probité. Ce Mouraviev devint moine et cent ans plus tard fut canonisé sous le nom bien connu de saint Séraphim Viritski !, celui-là même qui répéta l’exploit de saint Séraphim de Sarov, celle de prier 1000 jours et nuits sur un rocher.

En-effet, Séraphim Viritsky pria intensément durant la blocade de Léningrad avec devant lui l’icône « «Аз есть с вами и никто же на вы» que lui avait confié le père Jean de Constradt. Cette icône resta chez lui jusque fin 1930.
Fête de l’Ascension : le chemin extraordinaire d’une icône rare par son nom et exceptionnelle par son histoire

Par la suite, lorsqu’il fut évident que des temps de cruauté et de terreur s’amplifiaient et que les dangers accrurent que l’icône pût tomber dans les mains de l’ennemi, le moine Séraphim transmit la précieuse icône à sa fille spirituelle, Lidia, qui par la suite, devint moniale sous le nom de Varsonofia.

Celle-ci, peu avant la fin de son père spirituel Séraphim, lui demanda à qui elle devrait confier l’icône. Le moine lui répondit : « Chérubin » !!!

Vorsonofia fut songeuse. Comment verrait-elle un ange, un chérubin ? Elle resta pourtant confiante et avec foi attendit que s’accomplisse les mots du starets. De longues années plus tard Varsonofia rencontra un archimandrite du nom de Chérubin, en 1962, et lui raconta toute l’histoire de l’icône et la lui confia en espérant qu’un jour elle puisse revenir en son lieu d’origine.

Tandis que la Russie subissait encore et encore des années de persécution, et un collapse total du pays, un temps béni de renaissance spirituelle pointait cependant à l’horizon à l’approche du millénaire du Baptême de la Russie, et l’icône « Az iest s Vami i nie kto je na Vi» arriva finalement dans le pays où naquit la foi ancestrale de notre mère patrie, c.à.d. en Ukraine! En-effet, l’archimandrite Chérubin eut l’occasion de visiter le monastère Saint Georges à Kozel, et par une prescience intime donna en 1997 sa bénédiction pour qu’elle puisse y trouver refuge. Voilà donc notre icône voyageuse saine et sauve en Ukraine.

Fin des péripéties. Depuis l’icône accomplit maints miracles et fut reconnue officiellement par l’Eglise orthodoxe d’Ukraine (patriarcat de Moscou) en 2002.
Fête de l’Ascension : le chemin extraordinaire d’une icône rare par son nom et exceptionnelle par son histoire

Réjouissons-nous donc et abreuvons-nous de son magnifique message, car en vérité, son nom même est tout un programme : l’extraordinaire phrase, la dernière sur terre du Christ n’est-elle pas LE baume suprême que l’on puisse rêver, bouée de sauvetage permanente, assurance divine de Sa présence éternelle, ce dont nous avant tant besoin pour accomplir le mieux possible notre but sur terre, avec foi, confiance et gratitude, et dont le Kondakion sera chanté bientôt pour nous.

Anne K-K
Bruxelles 19 mai 2015, jour de fête de « saint Job qui a beaucoup souffert… ».


PS : ce texte est mon remerciement pour une amie russe qui m’a offert une icône de ce nom il y a 10 ans dans un train de banlieue bruyant, cahotant et bondé. Je peux affirmer qu’elle a grandement accompli son « rôle », parfois à mon insu, parfois et le plus souvent avec conscience de son travail d’intermédiaire. Dieu soit loué pour tout.

Lire aussi Anne Khoudokormoff: Baptême de Russie 1025 et ÉLISABETH DE RUSSIE, moniale, martyre et sainte
Fête de l’Ascension : le chemin extraordinaire d’une icône rare par son nom et exceptionnelle par son histoire

Rédigé par Anne Khoudokormoff-Kotschoubey le 14 Juin 2021 à 02:36 | 14 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir. G: on "n''''écrit" pas des icônes en français, on les peint. le 20/05/2015 13:38
Un beau texte rempli de spiritualité.

Je veux toutefois souligner une faute sémantique très classique: on "n'écrit" pas des icônes en français, on les peint.

Les aires sémantiques de "pissat" en russe et "écrire" en français ne se superposent pas totalement: "pissat" s'utilise aussi bien pour l'écriture de textes que pour la réalisation de tableaux (et d'icônes), ce qui s'exprime par le verbe peindre en français.

Par contre, quand il s'agit simplement détaler des couleurs ou de colorier, le russe emploiera "kracit' " là ou le français utilisera encore "peindre" (un mur, une image...)

2.Posté par Daniel le 20/05/2015 19:31
En géorgien, on dit aussi "écrire une icône".

3.Posté par Hai Lin (Los Angeles) le 21/05/2015 08:17
@ No. 1 ci-haut

При всем моем самом искреннем отношению к г-ну ВДГ, комментарий является абсолютно педантичным.
Ее светлость написала удивительно вдохновляющую маленькую статью. Терминология не влияет на красоту иконки, ни на красоту статьи и истории.

Вы помните молитву преподобного Ефрема?

Я обожаю Францию, но иногда, иногда, доза смирения было бы замечательна.

И британский джентльмен, например, никогда бы не позволил себе такого замечание.

4.Posté par Guillaume le 21/05/2015 08:28
Merci pour la découverte de cette Sainte Icône. Qu'elle puisse intercéder pour la France comme elle l'a fait pour la Sainte Russie.

5.Posté par Juan García MUñoz le 21/05/2015 20:43
En grec on dit aussi « écrire une icône » (εἰκονογραφῶ) et l'art « iconographie » (εἰκονογραφία), &c. C'est vrai que γράφω signifiait en grec ancien « égratigner », « tracer » → « écrire » ... &c. et comme une des dernières significations « peindre ».

6.Posté par Vladimir. G: Quand on aime une langue le 22/05/2015 20:45
Quand on aime une langue, on veut en comprendre les finesses et ne pas se contenter de la première explication superficielle venue.On ne peut donc pas dire qu'on "écrit les icônes" en russe; tant qu'à faire, il vaudrait mieux prétendre qu'en russe on "peint" les romans, lettres, etc.

En effet la racine du verbe "писать", utilisé aussi bien pour l'écriture que pour la peinture, se retrouve dans les mots "живопись", "иконопись" (peinture de tableaux, d'icônes) ou "писанка" (œuf de Pâques décoré). Elle provient du vieux slavon pьsā́tī qui signifiait orner, décorer, illustrer… Ce mot correspond à une vieille racine indo-européenne qui a donné le grec "ποικίλος" (multicolore) et le latin "pictus" (décorer, broder...d'où pictogramme, picture... peinture).

Comme on voit, c'est très différent de l'origine de εἰκονογραφῶ que nous cité 5 et de "écrire", du latin "scribere" - rayer avec un objet pointu, graver, creuser avec un poinçon...

Il est probable que ces étymologies renvoient aux origines différentes des écritures. Encore une différences entre les civilisations occidentales, qui gravaient (dans le marbre ou l'argile des ostraca) et les Slaves, qui peignaient, dessinaient...

7.Posté par Clovis le 23/05/2015 12:46
Cher Vladmir vous avez raison., mais permettez, que l'on puisse (quand même) user du terme "écrire" une icône. Ce n'est pas seulement pour faire chic, voire une licence poétique, mais en tout cas pour le français que je suis, le fait d'employer le verbe "écrire" pour la réalisation d'une icône lui donne une signification et une dimension qui dépasse de loin l'acte de peindre.

Si l'icône est la théologie en ligne et en couleur, pourquoi ne s'écrirait-elle pas comme une prière, ou comme la Parole de Dieu qui nous a ainsi été transmise ? L'icône est à la fois ontologique et eschatologique. C'est l'alpha et l'omega de notre vie de chrétien, et de son but, l'union suprême avec Dieu en l'Esprit et en la Chair.

Pour revenir à cette icône, une copie m'en a été offerte il y a quelques années par un prêtre (merveilleux) de Saint Pétersbourg, cette icône miraculeuse étant celle de sa paroisse, s'agit-il d'une copie ?

8.Posté par Vladimir. G: théologie "picturale" le 25/05/2015 11:53
Bien cher Clovis,

Je ne crois pas qu'il soit raisonnable de "violenter" une langue. Le français n' "écris" pas les tableaux ni les fresques... ni les icônes. "Écrire" garde la trace de l'origine dure et pointue de "scribere" qui, à mon sens, ne convient pas à la création inspirée de l'icône. D'ailleurs l'Orthodoxie n'apprécie pas la sculpture...

L'icône est évidement théologique, mais c'est de la théologie "picturale" et non pas "scripturale", tout comme le chant liturgique est de la théologie "musicale"; elle fait appel à une autre forme de perception...


9.Posté par Clovis le 25/05/2015 15:09
Je comprend votre point de vue, mais ne le partage...
A mon avis, c'est justement parce que le français peint fresques et tableaux, qu'il peut "écrire" une icône, ce terme comme je voulais l'expliquais lui donne un caractère spécial, qui loin de violenter le transcende en utilisant une traduction "littérale" certes, mais chargée de symbolique.

Car ce faisant, l'on comprend que l'icône n'est pas qu'une image, mais un processus de création, une prière qui prend forme "visuellement" graphiquement, en suivant des règles et des canons précis. L'on dépasse donc le champ de perception de la seule vision, et de la seule peinture.

J'apprécie au contraire que les français respectent les icônes et les "traitent" à part (un traitement de faveur), à l'encontre pourtant de notre culture renaissante et de "l'odieuse manière byzantine" de Vasari.
Bien entendu, il ne faut pas perdre le sens des mots et de leur étymologie, mais ce "dialogue" entre le français et le russe et fructueux dans un sens évangélique et pastoral, car elle confère dès lors un autre statut à l'image, qui est en quelque sorte presque secondaire par rapport à l'objet lui-même et à ce qu'elle représente.

PS on "écrit bien de la musique" en français ;-))

10.Posté par Vladimir. G: Rousseau : « j’aime mieux être homme à paradoxes qu’homme à préjugés.» le 27/05/2015 11:59
Rousseau : « j’aime mieux être homme à paradoxes qu’homme à préjugés.»

Vous pensez que le français donnerais plus de sens à l'icône en l'écrivant (comme un livre) que le russe qui la peint (comme un tableau ou une fresque) ... Un peu paradoxal mais rien ne l'interdit, pour autant que vous soyez sûr que votre lecteur comprendra bien votre idée et ne prenne pas cela pour une fioriture folklorique!

Par contre, quand il s'agit d'une traduction, il ne faut pas chercher à imposer ses idées mais rendre au mieux la pensée de l'auteur. S'il s'agit d'un auteur russe il faut donc traduire "писать" par peindre car pour les Russes, comme pour les Français, l'art de l'icône appartient à l'art "pictural".

Et voici une leçon du grand théologien de l'icône L. Ouspensky (j'ai mis les majuscules...):

"L.O. - Il faut croire à la vérité de ce qui est représenté pour pouvoir le représenter de la même façon, dans la tradition. Et pour les Occidentaux c’est très difficile de revenir à la tradition. Je dis bien revenir, parce que l’art roman, par exemple, c’est tout à fait dans la tradition, comme foi. Par la suite, en Occident, on a commencé à s’intéresser à l’antiquité, alors cela a tout gâché. J’ai essayé plusieurs fois, avec mes élèves catholiques, de les pousser dans leur tradition, pas dans la tradition russe ou grecque, mais dans la tradition occidentale, en partant de l’art roman. D’ailleurs, je dis toujours que dans les icônes de chacun de mes élèves sa nationalité, sa culture doivent transparaître. Cela serait absurde : un chinois ou un japonais qui peindrait des icônes à la manière russe, n’est-ce pas ? Alors j’ai poussé mes élèves non-orthodoxes à étudier la peinture romane, non pas pour y revenir, mais pour partir de là. Les icônes russes sont beaucoup plus proches d’eux, rien à faire ! En revanche, l’année passée, j’ai eu un élève péruvien. Je l’ai poussé, je l’ai poussé, je l’ai poussé et, tout à coup, cela est sorti.

C.S. - Et il peignait selon quelle culture, espagnole ou indienne ?

L.O. - Ce qu’il fait, c’est tout à fait... non, il n’y a rien d’espagnol là-dedans, c’est un peu quelque chose... d’exotique, cela ressemble un peu à Gauguin. J’ai eu aussi un élève égyptien. Tout d’abord, il ne comprenait rien. Il copiait, sans plus. Puis, tout à coup, il y a eu comme quelque chose de cassé. Il a commencé à faire quelque chose, tout à fait comme ces fresques que l’on a découvertes lorsqu’on a construit le barrage d’Assouan. On a trouvé plusieurs églises du IXe siècle à ce moment-là, et on a enlevé les fresques. Eh bien, la peinture de cet élève, c’était justement cela, tout à fait dans le même esprit. [Long silence].

C.S. - À ton avis, quelle est en Occident l’influence de l’iconographie dans les milieux non orthodoxes ?

L.O. - Parlons de Matisse. Matisse était fou d’admiration quand il est allé en Russie. II était émerveillé, complètement ; il disait : " C’est ici que doivent venir les artistes pour apprendre la peinture ". Il donnait même des icônes à reproduire à ses élèves, mais il a pris la partie extérieure de l’icône, en ce qui concerne les couleurs. Dans l’icône la matière n’est pas violée, c’est la matière telle que Dieu l’a créée. Les couleurs, c’est les couleurs ; le rouge, c’est le rouge. La couleur n’imite pas les couleurs d’un objet, tu comprends ? Elle reste elle-même, la couleur comme telle. C’est en ce sens qu’il y a une parenté avec la peinture moderne.

C.S. - Et tu penses qu’un jour on arrivera à peindre des icônes françaises ?

L.O. - Ah oui, bien sûr ! Tu vois, je pense une chose : c’est que l’Occident est resté en dehors du mouvement iconographique ; il n’a pas été non plus iconoclaste, il était en dehors de tout cela, excepté à l’époque romane ; mais cela n’a pas duré longtemps. À mon avis, c’est maintenant le tour de l’Occident de s’exprimer dans la peinture sacrée."

Paris, février 1974.
Le Messager orthodoxe, numéro spécial, « Vie de l’icône en Occident », No 92, 1983.

Toute la "leçon d'iconographie avec Léonide Ouspensky est à lire sur "http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/iconographie-ouspensky.htm

Et aussi:
"La tâche du PEINTRE d’icônes et celle du prêtre ont beaucoup de points communs. Selon saint Théodose l’Érmite, par exemple, " l’un compose le Corps et le Sang du Seigneur et l’autre le représente ". Comme le prêtre, le PEINTRE a le devoir, dans son art, de nous mettre devant la réalité, laissant à chacun la liberté de réagir dans la mesure de ses moyens, suivant son caractère et les circonstances."

http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/icones-sens.htm

11.Posté par Clovis le 27/05/2015 14:55
Fort bien. je n'ai aucun préjugé en la matière puisque je me fonde sur l'expérience. Vous savez mieux que moi que le russe est intraduisible, un mot pouvant valoir une phrase en français, dans certains cas, la traduction littérale dans un contexte compréhensible en français est salutaire pour dépasser le prosaïsme de la traduction.
Ainsi, ce n'est pas parce que l'on use du terme "écrire des icônes" que l'on est pour autant un "écrivain" d'icônes et non un peintre, personne n'y a jamais songé. Il faut savoir raison garder, c'est ce que l'on appelle le 'comble'.
Le génie de la langue française tient au contexte dans lequel on utilise les mots d'une manière imagée. Je vous avais cité le cas "écrire de la musique", que tout le monde comprend aisément.
Il est vrai qu'en russe, langue fort cloisonnée "vocabulairement", c'est une autre paire de manche que de faire de tels jeux de mots.

La langue russe est à ce sens assez étonnante, puisque "pisat'" (désolé pour la transcription) peindre écrire donne "pisatel" écrivain, mais pas peintre pour un sous, car il y a deux mots "khudozhnik" pôur l'artiste peintre et "maliar" pour le peintre en bâtiment (qui doit venir de l'allemand).

Je vous remercie pour l'exemple d'Ouspensky citant Matisse, il est parfaitement révélateur de ce que devient en français "peindre" une icône, l'on en fait de la peinture, un style, parce que l'on en apprécierait le dessin "maladroit" le côté hiératique voire folklo etc et l'on en oublie le principal, la substance.
Les iconographes français les plus sérieux que j'ai rencontré utilisaient "écrire" une icône pour faire le distinguo.
L'origine de l'icône qui tient à l'acculturation du modèle canonique et son application (économie ?) dans un pays est tout autre, et ne concerne pas le fait d'écrire ou peindre une icône.

12.Posté par Anna Kotschoubey le 27/05/2015 18:18
J'aimerais au plus vite et du mieux que je peux, répondre au dénommé Clovis/commentaire 7.

D'abord 1) pour le remercier de son approche de la prière, que ce soit pour une icône ou même pour un texte révélant une grâce, ou une rencontre... que sais-je, pour n'importe quoi qui vous emplit de bonheur. Quand on a reçu quelque chose de merveilleux, on voudrait tout simplement la partager/fructifier, c'est d'ailleurs un devoir que de le faire (parabole des talents). En ce qui concerne la dite icône j'ai mis beaucoup de temps à accomplir ce devoir tout simplement parce que j'avais toujours voulu être présente à l'extraordinaire pèlerinage qui se déroule chaque année la veille de la fête de la naissance de saint Jean-Baptiste (7 juillet) sur ces fameux rivages dévastés et où pendant toute la nuit on chante l'acathiste à cette icône. Cependant, voyant que cette année encore cela ne me serait pas possible, et que je voulais fêter les 10 ans de la présence de l'icône chez moi, j'ai décidé de me lancer et de répandre ma joie sans plus tarder...

C'est ainsi que 2) il y a une semaine!!! j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai téléphoné au doyen de l'église saint Jean l'Evangéliste à Saint Pétersbourg, qui est la représentation du monastère de Leouchino (disparu), celui-ci fut surpris d'un appel lointain, mais très aimablement et chaleureusement m'a donné ses coordonnées pour que je puisse lui poser quelques questions. Ainsi j'ai pu avoir quelques précisions sur l'icône et sur son trajet. Aussi je pense que

3) c'est bien ce même prêtre (merveilleux) qui a dû vous donner à Saint Petersbourg une copie de l'icône dont nous parlons et que vous citez. Il s'agit de l'archiprêtre Gennadi Belovolov. C'est lui qui a initié il y a quelques années le fameux pèlerinage et est très actif pour tout ce qui concerne l'icône. Quelle magnifique providence donc! Dieu soit loué pour tout. Imbibons-nous donc encore jusqu'à la fin de la période de l'Ascension qui se termine bientôt, dans la joie du Christ et de son cadeau éternel: "Je suis toujours avec vous et personne à jamais ne peut rien contre vous".

13.Posté par Vladimir. G: "Les ascensions byzantines" le 28/05/2015 10:37
Bien cher Clovis

Je comprends votre position mais ne la partage pas car je pense que tend à créer une espèce de jargon pour initiés contraire au but pour suivi d'acculturation de l'Orthodoxie en Occident. À la question " Et tu penses qu’un jour on arrivera à peindre des icônes françaises ?" L. Ouspensky répond "Ah oui, bien sûr ! Tu vois, je pense une chose : c’est que l’Occident est resté en dehors du mouvement iconographique ; il n’a pas été non plus iconoclaste, il était en dehors de tout cela, excepté à l’époque romane ; mais cela n’a pas duré longtemps. À mon avis, c’est maintenant le tour de l’Occident de s’exprimer dans la peinture sacrée." (Ibid. 10) Il parle bien de PEINTURE et de PEINDRE et ile reste, pour moi, LA référence…

Mais je pense que nous pouvons clore cet intéressant débat car il me semble difficile d'aller plus loin et l'essentiel pour une icône, qu'elle soit "peinte" ou "écrite", c'est qu'elle corresponde à son objectif théologique. Et, comme nous sommes encore dans la période de l'Ascension, je vous propose cette intéressante réflexion sur "Les ascensions byzantines" (cf. lien)

Dans l’Orient byzantin, le langage de l’Exaltation.

Troisième partie. Les ascensions byzantines.

Les hymnes chantés par les communautés primitives lors de leurs assemblées liturgiques se bornent à dire, je l’ai rappelé plus haut, que le Christ a été exalté. Dès l’instant de sa mort. Il n’a donc plus besoin de monter au ciel quarante jours après Pâques. Il y est déjà.
Pour les artistes byzantins, le Christ est déjà dans la gloire, hors de notre temps, assis sur un trône dans une mandorle lumineuse portée par des anges.
Le récit de Luc ne serait donc pas un événement historique dont on pourrait préciser le jour, et l’heure, et le lieu, mais une Théophanie, une aventure spirituelle… Une ultime vision mystique offerte aux Apôtres qui transcende l’expérience sensible et qui ne peut être enfermée dans un récit.

A la fin du VIè siècle, en Syrie, dans un monastère des bords de l’Euphrate, un certain Rabula avait copié une miniature illustrant un Evangile en langue syriaque et représentant l’une de ces « Ascensions »byzantines. Cette copie semble s’inspirer d’un modèle antérieur d’un siècle, une de ces ampoules d’argent, contenant un peu de l’huile des lampes que l’on brûlait dans les sanctuaires de Terre sainte. Elles étaient censées avoir touché le corps des martyrs. Elles auraient été offertes en hommage à la reine des Lombards aux alentours de l’an 600. D’où leur nom d’ampoules de Monza. Jean Marie Tézé, dans Théophanies du Christ (Desclée 1988, p.111), dit que l’origine pourrait en remonter aux monuments construits en Palestine sur ordre de Constantin au cours de la première moitié du IVème siècle.
J’ai choisi de vous montrer cette miniature pour sa beauté plastique, les nuances de ses couleurs et la richesse du message qu’elle nous envoie.

Suite passionnante et très bien illustrée:

14.Posté par Clovis le 28/05/2015 13:18
@ Vladimir
En effet il est inutile de poursuivre, nous restons fermement sur nos position respectives, même si je maintient que vous regardez la mienne sous un mauvais angle. Il s'agit bien de peindre et de peinture, c'est évident, "écrire" est simplement une locution qui permet à mon sens, (et je ne suis a priori pas le seul) de dire par là que dans le cadre de l'icône (pas seulement la peinture sacrée) il faut élargir le champ sémantique.

@ Anna Ktoschoubey,
Merci de votre message, il s'agit bien du père Gennadi que j'avais rencontré il y a quelques années à Paris pour la Sainte Hélène et Saint Constantin à Saint Leu Saint Gilles.

15.Posté par Vladimir. G: "Les ascensions byzantines" le 29/05/2015 09:26
Bien cher Clovis,

Mais non, je pense bien comprendre et respecter votre point de vue. Mais, pour "élargir le champ sémantique", encore faut-il être compris. Or je n'ai trouvée mention de cette acception du verbe écrire dans aucun dictionnaire... C'est là que je parle "d'une espèce de jargon pour initiés"...

Et que pensez-vous du texte sur "Les ascensions byzantines"? Voilà une véritable lecture des icônes: "sa beauté plastique, les nuances de ses couleurs et la richesse du message qu’elle nous envoie."

16.Posté par Clovis le 01/06/2015 21:04
Cher Vladimir,

Pour le dictionnaire, en effet nous ne sommes pas près d'en trouver un écho, l’engouement pour l'art de l'icône étant qui plus est récent...
Mais je trouve cela très bien cette idée de jargon pour les initiés ! S'il permet de faire plus d'initiés.

Je n'ai pas encore lu ce texte sur "les ascensions byzantines" et ne manquerai pas de vous faire part de mes réflexions.

17.Posté par Daniel le 05/06/2019 17:17
En effet, l'icône est plutôt fade mais il y en a de pires...

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