COMMUNION: UN CONTEXTE ŒCUMÉNIQUE

Permettez-moi de vous parler d'un aspect moins connu de l'encyclique papale; de glisser un coup d'œil dans une dimension moins évidente de ce document; de donner un aperçu d'une relation très importante: à savoir, le lien entre un pape et un patriarche.

Il y a presque exactement un an, le pape François et le patriarche Bartholomée sont allés ensemble à Jérusalem pour célébrer le cinquantième anniversaire de la visite historique de leurs prédécesseurs, Paul VI et Athénagoras en 1964.

Décembre suivant marque une autre étape: le cinquantième anniversaire de ce qu'on appelle «la levée des anathèmes", c'est à dire la suppression de la mémoire de l'Eglise (par les deux mêmes primats, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras) des tragiques excommunications qui ont conduit à la malheureuse brouille entre l'Église catholique romaine et les Eglises orthodoxes, à la division entre les Églises orientales et occidentales connues comme le «grand schisme» il y a presque mille ans, en 1054.

Le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras ont rompu un silence long et douloureux de dix siècles dans leur vision et leur dévouement à remplir le dernier commandement et la prière fervente du Christ - que ses disciples «soient un» (Jean 17:21). Durant cinq cents ans, les dirigeants de nos deux églises n'avaient ni parlé ni même communiqué avec l'un avec l'autre. Lorsque Paul et Athénagoras se sont retrouvés à Jérusalem, c'était la première fois qu'un pontife romain et un patriarche de l'Est se sont rencontrés face-à-face depuis le Concile de Florence en 1438.

Plus récemment, quand en Mars 2013 le Patriarche œcuménique Bartholomée a personnellement assisté à la messe inaugurale du pape François sur la Place Saint-Pierre, c'était la première fois que le chef de l'autre Église prenait part à un tel événement.

Et hier, le 29 Juin, qui marquait la fête patronale de l'Eglise de Rome, le Patriarche œcuménique Bartholomée était une fois de plus officiellement représenté au Vatican par le métropolite Jean de Pergame pour la célébration solennelle de la fête des saints Pierre et Paul. Au-delà du dialogue théologique, qui a débuté en 1980 sur l'île de la révélation, Patmos, cette tradition d'échanges formels entre nos deux églises a commencé en 1969.

Ce que je voudrais vous soumettre, donc, en développant l'arrière-plan de l'encyclique papale sur la Sauvegarde de la Création c'est qu'elle a été longuement anticipée non seulement d'un point de vue écologique, mais aussi dans le contexte d'ouverture œcuménique entre deux leaders religieux contemporains, qui sont profondément et fermement engagé à rétablir la communion entre leurs deux églises que Constantinople aime à qualifier d'«églises sœurs» et que Rome décrit souvent comme «deux poumons respirant ensemble."

COMPASSION: UN CONTEXTE ÉCOLOGIQUE

Si l'engagement pour la communion est ce qui attire François et Bartholomée pour un témoignage commun dans un monde par ailleurs divisé par les tensions politiques et économiques, et par des conflits religieux et raciaux, la responsabilité de la compassion est sans doute ce qui les pousse à une préoccupation commune pour gérer les hommes et la planète comme le corps du Christ.

Depuis vingt-cinq ans, le patriarche œcuménique Bartholomée a souligné la dimension spirituelle de la crise écologique et même introduit le concept révolutionnaire du péché écologique par le biais de l'expansion de notre compréhension de la repentance, de ce que nous avons jusqu'ici considéré comme une faute individuelle ou une transgression sociale à un sens beaucoup plus large d'abus commun, générationnel et même un abus environnemental de la Création divine.

Alors, depuis qu'à son élection le pape a pris le prénom de Saint François d'Assise, c'est une indication sans équivoque de sa priorité aux marginalisés, aux personnes vulnérables et aux opprimés dans notre communauté mondiale. Voilà pourquoi, dans sa récente encyclique, il prie: «Ô Dieu guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs» .

PRÉSERVER ET SERVIR

L'encyclique papale nous a rappelé avec force et conviction que la préservation de la nature et le service le prochain sont inséparables; ils sont comme les deux faces d'une même médaille.

À cet égard, je crois qu'il est en effet providentiel que ces deux évêques sont à la tête de leurs églises respectives à ce moment critique dans le temps. Et c'est aussi une bénédiction unique qu'ils aient des rapports aussi agréables et confiants l'un avec l'autre. La réception de ce texte ne fait aucun doute pour moi mais je me risquerai à ajouter que la réaction hostile et la critique acerbe de leur marche en avant et le plaidoyer pour la prise en charge de la Création divine peut se voir comme la meilleure preuve qu'ils sont très certainement sur la bonne voie. Pour cette seule raison, ils méritent notre prière et notre louange, tandis que leur exemple éclairé et leur enseignement méritent notre attention et notre proclamation.

(*) John Chryssavgis est archidiacre et conseiller théologique au patriarche œcuménique Bartholomée.

Source: "An Eastern Orthodox Perspective on Laudato Si". First Things (blog)-5 juil. 2015
Traduction V. Golovanow

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 23 Juillet 2015 à 17:01 | -4 commentaire | Permalien



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