Marie GENKO

La première remarque que me suggère cet article de Sergueï Tchapnine est qu’avant la révolution russe, il n’y avait qu’une seule juridiction russe en Europe occidentale.
Il y avait par ailleurs des Grecs, des Serbes, des Bulgares et des Roumains, et tous ces orthodoxes en dispersion dépendaient de leurs patriarcats respectifs.

C’est la révolution russe de 1917 qui a divisé, en Europe occidentale, les Russes en trois entités ecclésiales différentes. D’un côté la juridiction du Patriarcat de Moscou et de autres juridictions . Les uns s’appelant l’Archevêché des Eglises russes d’Europe occidentale et les autres, l’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières. L’article de Sergueï Tchapnine s’intéresse essentiellement à cette dernière entité ecclésiale qui a voulu en 2007 retrouver son unité avec son Eglise Mère l’Eglise de Russie tout en conservant sa dénomination.
Quelle sera la mission de cette Eglise russe hors frontières, voilà la question qui est posée à la fin de cet article.

Ma seconde remarque à propos de cette mission, est que tous les Patriarcats sont soucieux de témoigner leur foi orthodoxe sur les terres occidentales. Les différentes paroisses de ces patriarcats sont suffisamment nombreuses autour de nous pour que nous en soyons convaincus. Et cette démarche me semble tout à fait légitime puisqu’il s’agit d’un souci pastoral envers des fidèles en dispersion.
Ainsi nous sommes nombreux à témoigner l’orthodoxie dans toute la richesse de la pluralité de nos traditions cultuelles et ceux des occidentaux qui veulent partager notre foi peuvent choisir parmi ces traditions celle qui répond le mieux à leur attente. Cette situation est une situation d’attente, car nous espérons tous voir l’Eglise Locale, l’Eglise catholique romaine, retrouver l’unité de foi perdue depuis mille ans avec l’orthodoxie

Mais pourquoi l’Archevêché des Eglises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale veut-il rester isolé au lieu de rejoindre lui aussi son Eglise mère ? Cet Archevêché s’est mis sous la protection provisoire du Patriarche de Constantinople et aucune raison valable ne le retient loin de la source de la spiritualité qui l’a fondé, inspiré et conduit depuis sa création au début du siècle dernier ? Au contraire la richesse de la pensée théologique que les penseurs russes ont su développer dans les murs de l’Institut Saint Serge à Paris pourrait se voir fortifiée et approfondie au contact des nouvelles écoles qui commencent à refleurir en Russie ! Car comment vouloir observer et rester fidèle à la tradition russe de nos fondateurs sans revenir à la source qui nous a enfantés ?
Comme l’écrit Sergueï Tchapnine, à l’époque de la globalisation, le parcours unique de l’Eglise hors frontières est particulièrement important ! Mais celui de l’Archevêché ne l’est pas moins lui aussi !
Les descendants de l’émigration russe n’ont plus aujourd’hui de raison de division et notre mission est une mission commune, celle de mettre notre expérience d’occidentaux au service de cette Eglise de Russie qui sort d’un si long martyr ! Ainsi l’unité des juridictions russes en Occident donnera un réel exemple d’amour à nos frères séparés.
Et cet exemple sera le premier élan qui nous portera tous à reconstruire l’union des différentes Eglises du Christ.

Rédigé par Marie Genko le 24 Novembre 2010 à 09:35 | 30 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Irénée le 24/11/2010 10:34
Chère Marie,
Merci pour ce texte de réflexion.
Mais il faudrait, je crois, être un peu plus précis...
Avant 1920, les paroisses orthodoxes étaient dans une situation bien différente de celle que nous connaissons aujourd'hui !
Les grecs avaient une église à Marseille (vers 1850), plus tard à Paris, Lyon...afin de rapondre aux besoins pastoraux de ses ressortissants émigrés sur les rivages de la Méditerranée, puis ailleurs...
Les russes avaient des églises destinées là aussi aux personnes venant de Russie et vivant en France, soit en permanence, soit lors de vacances à Nice ou Biarritz.
Les roumains avaient de nombreux étudiants en France, et ont souhaité avoir une église pour les acceuillir... etc.
Aujourd'hui, ces communautés se sont intégrées dans la vie sociale en France, beaucoup de mariages, mixtes ou non, des déplacements, une certaine perte de la langue et de la culture des grands parents ou arrières grands parents. Des convertis aussi, et de nouveaux arrivants...
Nous ne sommes plus dans une situation de "chapelles d'ambassades", mais dans une situation ou des orthodoxes, de toutes nationalités, sont présents un peu partout sur le territoire d'europe occidentale.
L'Eglise doit donc répondre aux besoins spirituels de toutes ces personnes, quelle que soit leur histoire personnelle ou familiale, et aussi porter la bonne nouvelle de l'Evangile à celles et ceux qui l'ont perdu ou qui ne l'onts jamais entendue.
La question centrale ne me semble donc pas être celle d'un retour ou non à l'"Eglise Mère", (laquelle ?) mais bien de savoir comment vivre de la vie du Christ dans l'Eglise, avec fidèlité et respect des traditions reçues.
Je ne souhaite pas ouvrir une polémique autour de l'archevêché, mais je ne vois pas en quoi il est isolé ! Cette notion d"Eglise à l'étranger" continue à me sembler bien étrange...
Là ou des chrétiens, autour de leur évêque (ou des prêtres qui le représentent) prient et partagent l'eucharistie, en union avec les autres Eglises orthodoxes, là est l'Eglise...je ne vois même pas de quoi on parle en utilisant cette expression "Eglise à l'étranger".
S'il n'y avait aucune paroisse, aucun prêtre orthodoxe en France, il semblerait légitime que l'Eglise de Russie envoie un prêtre. Mais même là, à partir du jour ou la liturgie serait célébrée en France, ce serait l'Eglise en France.
Je crois que le métropolite Euloge allait déjà dans ce sens dès les années 30 en ordonnant des français de souche pour désservir certaines paroisses comme Nantes.
Le cas de Paris est sans doute particulier. Mais si vous êtes un orthodoxe à Charleville Mézière, Brest ou Besançon (par exemple) vous faites comment ? Vous envisagez de créer 15 paroisses orthodoxes, une par nationalité ? avec une demi-douzaine de fidèles dans chaque paroisse et un prêtre venant 3 fois par an ? ou bien vous rassemblez les fidèles autour d'un projet de paroisse orthodoxe regroupant tout le monde, qui aura son prêtre et sa chapelle ? Et dans ce cas de quel rattachement à "l'Eglise Mère" va t'on parler ?
Ce que nous avons à faire, je crois, c'est d'être de modestes artisans de l'unité (et pas de l'unité des seuls russes!) et de témoigner dans ce monde de plus en plus déchristianisé de la richesse du don de Dieu et de l'enseignement de l'Eglise. Le reste me semble n'être que discours politique et intrigues de couloirs !
Excusez-moi si je vous contrarie, mais, bien entendu, ce n'est pas une attaque personnelle, mais une réponse à ce que vous écrivez.

2.Posté par Marie Genko le 24/11/2010 13:51
Cher Irénée,

Je comprends votre point de vue, dans la mesure où la situation en Province est certainement tout à fait proche de ce que vous décrivez.
Mais le fait que la communauté la plus nombreuse, quelle soit grecque, roumaine ou de tradition russe à Nantes, ou ailleurs, accueille dans sa paroisse d'autres paroissiens venus d'autres juridictions orthodoxes, cela veut-il dire que cette communauté se sente la mission d'arracher ces fidèles à leurs Églises mères respectives pour les assimiler dans une Église Locale, qui n'existe pas et que vous voulez créer de toutes pièces!
Église Locale qui sera nécessairement un doublon de l'Église Locale Catholique dont nous espérons tous le retour à la foi du premier millénaire?
Pardonnez-moi, cher Irénée, mais à mon sens cette démarche ne va pas du tout dans le sens de la volonté des différents patriarcats orthodoxes présents en Occident et comme je l'ai écrit plus haut de nouvelles paroisses se sont ouvertes récemment par la volonté des différents patriarcats sur la terre de France.
Plus que jamais à l'époque de la globalisation, nous devons préserver la pluralité des différentes traditions cultuelles orthodoxes!
Nous sommes issus de l'Église russe et nous avons un devoir de fidélité envers cette Église.

3.Posté par Irénée le 25/11/2010 08:53
Marie, Permettez-moi de vous dire que personne n'arrache qui que ce soit à son Eglise d'origine !
Je ne veux rien créer du tout par ailleurs, je souhaite simplement que l'Eglise puisse acceuillir et nourrir tous ceux qui en ont besoin. Il m'importe assez peu de savoir quelle "ethnie" est majoritaire.
La question est celle de la mission de 'Eglise, rien d'autre !
Quand à l'Eglise locale catholique romaine, je vous ai dit ailleurs ce que j'en pensais. Je ne vois d'ailleurs aucun "doublon" si, par la grâce de Dieu,les catholiques romains revenaient à l'orthodoxie, il y aurait simplement dans l'Eglise des personnes suivant des usages différents, et avec des sensibilités particulières. Tout comme il y a aujourd'hui des Dominicains et des Trappistes.
Je pense enfin que votre interprétation des accords de Chambésy est erronée. La volonté de créer dans tous les pays des Assemblées locales d'évêques, de coopérer sur le plan pastoral, liturgique etc. montre une volonté de faire vivre les communautés locales dans l'orthodoxie, au delà des questions nationales et juridictionnelles.
La pluralité dont vous parlez ne me semble pas être un concept écclésiologique orthodoxe. La seule solution vraiment conforme à la tradition orthodoxe c'est bin l'Eglise en un lieu, autour d'un évêque. Les questions de tradition propre ou de langue n'empêchent pas l'unité complète et visible.
Mais la manière dont cette unité se mettra en place m'importe pesersonnellement assez peu. Si c'est dans une métropole semi-autonome à majorité de tradition russe, ça me convient parfaitement. Si c'est au sein d'une synode épiscopal avec un primat reconnu par tous, c'est parfait aussi. Ne me prêtez pas des projets que je n'ai pas et qui ne m'intéressent pas ! Mais dans un cas comme dans l'autre, ce sera bien l'Eglise locale ! Tout comme, par exemple, l'Eglise de Finlande qui est autonome dans un pays majoritairement de tradition luthérienne, après avoir dépendu de l'Eglise de Russie.

4.Posté par Nicolas le 25/11/2010 10:58
@ Irénée,

Il me semble que dans votre démonstration vous voulez absolument rationaliser l'organisation de l'Eglise Orthodoxe comme on le ferrait pour n'importe quelle association, parti politique, etat, etc, ceci pour être efficace pragmatique et rationnel à la "sauce d'un humanisme du siècle des lumières" , un bon cartésianisme de bon aloi.
Mais l'église orthodoxe n'est pas organisée et ne se réclame pas de ces principes car comme vous savez ce qui est agréable à Dieu est pure folie pour les hommes.

5.Posté par vladimir le 25/11/2010 15:19
@Irénée,
Pour ce qui me concerne Daru pose un problème canonique fondamental: est-il concevable qu'un évêque quitte l'Église autocéphale dans laquelle il a été consacré, définie dans ce cas comme "Église-mère" (Chambézy), pour passer chez le voisin (avec son diocèse) sans l'accord de son Église-mère. Cela me parait totalement contraire au principe du canon 16 du 1er concile œcuménique. En voici le texte:
"Les prêtres ou les diacres ou en général ceux du clergé qui audacieusement, sans considérer la crainte de Dieu et ignorant la discipline ecclésiastique, abandonnent leur Église, ne doivent en aucune façon être reçus dans une autre Église ; on doit les forcer de toutes manières à revenir dans leur diocèse, et s'ils s'y refusent, on doit les excommunier. Si quelqu'un ose, pour ainsi dire, voler un sujet qui appartient à un autre évêque, et s'il ose l'ordonner pour sa propre Église sans la permission de l'évêque, au clergé duquel ce clerc appartient, l'ordination sera nulle."
C'est pourtant bien la situation de Daru, qui a "abandonné son Église" (Moscou) pour "être reçue dans un autre Église" (Constantinople).
Je crois vraiment que c'est là l'origine de tout le trouble, le reste n'étant que mauvais arguments pour camoufler cette évidente violation des canons; et les Pères avaient bien raison raison de préciser ce point dès le 1er Concile pour éviter les troubles que son non respect provoque aujourd'hui! Le mauvais exemple de Daru fait des émules de Mgr Basile (Osborne) à l'Estonie, en passant par les tentatives Ukrainiennes et les séparations de fait dans les Balkans... Tout cela ne fait qu'ajouter au trouble dans l'Orthodoxie.

La position de l'Église Hors Frontière a été in fine plus conforme à ce canon: refusant de reconnaitre l'autorité de son patriarche (en fait vacance du trône puis sacre de Sa Sainteté Serge), elle n'a pas été reçue dans une autre Église mais s'est mise PROVISOIREMENT en marge des Églises canoniques. A ce moment là, la réception PROVISOIRE de Daru par Constantinople (cf. tomos de 1931 confirmé en 1999) semblait préférable. Mais alors que l'Église hors frontière se remet en règle en 2007 Daru semble vouloir pérenniser une situation qui viole le canon 16...

Le rôle des deux Églises dans l'avenir reste en devenir: la période transitoire de 5 ans prévue pour le retour de l'Église hors frontières n'est pas encore finie et, comme le souligne Sergueï Tchapnine, "c’est une expérience unique à notre époque de globalisation, et elle encore plus indispensable aujourd’hui qu’elle ne le fut jamais auparavant." Sergueï Tchapnine parle essentiellement de la situation en Amériques, et elle me semble similaire en Océanie et en Allemagne, par contre en France c'est Daru qui pourrait jouer ce rôle... si l'Archevêché se mettait en règle avec le canon 16!

6.Posté par Marie Genko le 25/11/2010 18:50

Cher Irénée,

Dans votre commentaire N°3, vous dites une chose très juste:

"La volonté de créer dans tous les pays des assemblées locales d'évêques, de coopérer sur le plan pastoral, liturgique etc. montre une volonté de faire vivre les communautés locales dans l'orthodoxie, au-delà des questions nationales et juridictionnelles."

Vous décrivez la situation telle qu'elle est aujourd'hui!

Je ne comprends pas pourquoi cette situation ne vous convient pas?

Vous ajoutez plus bas que vous souhaitez une métropole semi autonome, à majorité de tradition russe...?
Dans la mesure où vous souhaitez cette métropole sous l'omophore du patriarche de Constantinople, il me semblerait au contraire LOGIQUE QU'ELLE SOIT DE TRADITION GRECQUE car elle n'aurait, vis à vis des autres fidèles orthodoxes en dispersion, les Roumains les Géorgiens les Grecs et les autres, aucune raison d'être de tradition russe !!!

Nous, nous souhaitons revenir à la situation normale des juridictions russes, telle qu'elle était avant la révolution.

Ce qui ne contrarie en rien l'assemblée des évêques de France, qui existe tout à fait légitimement sur le sol de l'Europe occidentale!

Nous souhaitons que les fidèles issus de l'émigration russe, et leurs églises, se réunissent avec l'Église russe à l'Etranger, avec laquelle ils n'auraient jamais du se séparer!

Il est dommage que vous, et d'autres convertis occidentaux à l'orthodoxie, trouvent à redire à cette volonté d'union des juridictions russes!
Elle est pourtant complètement normale et mettrait fin à tout litige judiciaire concernant la propriété des églises russes construites par les Russes pour les Russes!

Cher Irénée, je vous assure que ce n'est pas demain, ni même après demain, que nous verrons disparaître l'assemblée des évêques de France. Cette assemblé fonctionne bien, les évêque sont soumis à leurs patriarches respectifs et cette situation satisfait les orthodoxes en dispersion en Occident!

-Par ailleurs le faible pourcentage des conversions à l'orthodoxie ne peut que vous conforter dans la constatation que le rite slave, ou grec, est trop exotique pour les occidentaux.
C'est notre amour entre orthodoxes, et la joie que nous apporte notre foi, qui peut les amener à se poser des questions et à revenir à l'Église des sept conciles.
Et ils reviendront à la vraie Foi avec leur propre rite et leur propre sensibilité!
Mais tant que nous continuerons nos dissensions et nos chicanes, le devoir de mission dont vous parlez n'a aucune chance d'être crédible!
Cher Irénée, je suis navrée de contrarier votre rêve de catho-orthodoxie Locale dans la tradition russe!
Mais il a autant de chance de se réaliser que celui qui a porté l'ECOF...
Je vous assure que nous devons faire confiance à AEOF, nous devons faire confiance au prochain concile et en attendant, nous devons essayer de nous aimer et de nous comprendre dans la joie et la certitude de la Résurrection.
Bien à vous dans le Christ.

Marie






7.Posté par Tchetnik le 25/11/2010 22:07
Il existe de plus des différences de mentalité de plus en plus nettes et criantes entre ces juridictions Grecques, marquées par un esprit de plus en plus libéral, moderniste, complaisant, qui tiennent des discours dévalorisant la Tradition de l'église et les enseignements et exigences qu'elle porte, et les juridictions Russes, Serbes qui, dans leur ensemble restent beaucoup plus attachées à la Fidélité à la Tradition et à ses idéaux considérée comme vectrice de Vérité et de Grace, et qui sont hostiles à tout compromis complaisant (lesdits compromis n'ayant rien à voir avec l'Économie, intelligence misericordieuse des situations particulières).

Ce fossé devient de plus en plus évident et l'identification des Chrétiens Orthodoxes à certaines juridictions qui deviennent de vrais stands de Bougatsa, où chacun peut commander ce qu'il veut, selon son bon et paresseux plaisir, devient vraiment problématique.

8.Posté par Irénée le 25/11/2010 22:10
@Marie, Merci de lire attentivement ce que j'écris. L'interprétation que vous faites n'est absolument pas conforme à ce que j'ai écrit et à ce que je pense. Il y a de votre part beaucoup de suppositions qui ne correspondent pas du tout à la réalité. Une fois de plus, je vais rester silentieux et ne plus participer aux échanges.

9.Posté par Marie Genko le 26/11/2010 09:12

Cher Irénée,

Pardonnez-moi de ne pas comprendre votre vision du devenir de l'orthodoxie en Europe occidentale.
Il est clair que les orthodoxes en dispersion (grecs, serbes, roumains etc.) veulent rester attachés à leurs patriarcats respectif.
Pour beaucoup d'entre nous, une assemblée des évêques est donc la solution la plus conforme et aux vœux des fidèles et à l'ecclésiologie orthodoxe.
Cette assemblée des évêques ne serait absolument pas troublée si les 3 juridictions russes se fondaient en une seule, comme elles l'étaient avant la révolution russe!
Et ce serait là un bel exemple de retrouvailles et d'amour d'un seule et même famille!
Je suis franchement désolée de ne pas avoir compris quelle est votre vision du devenir de l'Orthodoxie!
Il nous a été si souvent répété que Sa Sainteté Bartholomé devrait avoir sous son omophore les territoires barbares, que j'ai cru comprendre que vous adhériez peut-être à ce qui est communément appelé le papisme orthodoxe.
Et de là probablement ma mauvaise interprétation de votre pensée.
Pardonnez-moi!
Je vais moi aussi me retirer pour une raison de voyage familial durant quelques jours du Forum.
Avec toute mon amitié en Christ

Marie

10.Posté par vladimir le 26/11/2010 09:22
@Tchetcnik
Vous mettez le doigt sur un autre problème très grave: la division interne à l'Orthodoxie entre "modernistes" et "traditionalistes". Cette division est particulièrement évidente sur œcuménisme (cf. billets dédiés aux relations avec le catholicisme), mais elle englobe aussi bien d'autres aspects comme vous le soulignez. Elle traverse tous les patriarcats et, pour la diaspora, je ne crois pas que la distinction entre "Grecs" d'une part, et "Russes, Serbes" d'autre part soit totalement pertinente. Pour la diaspora de tradition russe, en particulier, il y aurait l'Église hors frontière d'un coté, Daru de l'autre (même si certaines paroisses de l'Archevêché sont très traditionalistes il y a une grand esprit de permissivité qui permet toutes les expérimentations...) et Moscou entre les deux?

@Irénée: je suis d'accord que Marie a mal interprété votre pensée à propos de Chambezy: j'ai l'impression que nous sommes tous d'accord pour continuer dans cette voie... Mais je suis un peu déçu qu'un bon connaisseur des textes canoniques comme vous ne me réponde pas sur ce plan là...

11.Posté par Nicolas le 26/11/2010 10:41
@Irénée,

Il est domage que vous ne voulez plus participer aux échanges et rester silencieux car comme vous savez : ......" confions nous nous même les uns aux autres et toute notre vie au Christ notre Dieu".....
Notez tout de même que cette église locale orthodoxe en Europe dont vous parlez existe déjà même si elle n'est pas organisée selon ce que vous souhaiteriez . La volonté de Dieu.......

12.Posté par Irénée le 26/11/2010 13:31
Je ne refuse pas de participer, je trouve simplement exaspérant de se voir sans cesse classé dans telle ou telle catégorie d'une manière arbitraire...les échanges de devraient pas être aussi pleins de préjugés et d'idées toutes faites, le plus souvent simplistes.

13.Posté par Nicolas le 26/11/2010 15:09
@Irénée,

Pas de préjugés, pas d'idées toutes faites, pas de classement dans telle ou telle catégorie.
Vous avez entièrement raison !

14.Posté par Tchetnik le 26/11/2010 15:36
@Vladimir

Les positions sur ce qu'on appelle l'"oecuménisme" peuvent paradoxalement être complètement inversées, entre des libéraux qui refusent toute relation avec une église Catholique jugée "rétrograde" et des tradditionnels qui refusent certes le mélange des genres et le relativisme dogmatique, mais qui sont en revanche respectueux et reconnaissants envers des Catholiques partageant la même notion de fidélité. Et qui travaillenet ensemble en fait de façon beaucoup plus fraternelle et efficace qu'on ne le supposerait.

15.Posté par vladimir le 27/11/2010 10:05
@Tchetcnik: vous avez raison... mais les cas que vous citez restent exceptionnels et nous voyons principalement nos "modernistes" séduits par la modernité du catholicisme post Vatican II (école de Paris) et nos "zélotes" (dixit patriarcat de Constantinople) qui ne bougent pas de St Marc d'Éphèse...

NB: je ne condamne personnellement ni les uns ni les autres, chacun recherchant en fait la Vérité et la Gloire de Dieu. Le problème vient du manque d'Amour, lorsque on en vient à détester ceux qui ne sont pas d'accord au lieu de les aimer...

16.Posté par Marie Genko le 05/12/2010 15:04

Cher Vladimir,

Votre commentaire N°10 concernant la division interne à l'Orthodoxie entre modernistes et traditionalistes mériterait une longue réflexion et un débat à part entière entre le ressenti des fidèles et celui des prêtres.
En définitive, ce qui importe à l'Église est d'amener un maximum de brebis sur le chemin de la Foi et du Salut.
Lorsqu'on sait combien les sensibilités sont diverses, on peut se demander comment ne pas heurter les uns en contentant les autres?
Moderniser est, à mon sens, un chemin extrêmement dangereux car ce n'est pas en vain qu'une tradition deux fois millénaire conduit les fidèles sur le chemin du Ciel dans nos différents patriarcats!


Comment aborder

17.Posté par vladimir le 05/12/2010 15:39
Chère Marie,

Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père (Jn XIV - 2) et il n'y a aucune raison de faire entrer tout le monde dans un moule unique. Cela a été vrai dès le début pour l'Orthodoxie, où cohabitaient côte à côte des traditions différentes. Même les dates de fêtes étaient différentes dans l'Église primitive. Au temps de la splendeur de Byzance, l'Église de Constantinople a pratiquement tout rassemblé en une seule tradition, celle que nous connaissons. Mais d'autres traditions orthodoxes existent en Orient... et en Occident.

Ainsi orthodoxie.com c'est fait récemment l'écho (lien ci-dessous) de la réception dans l'Église russe hors frontières (patriarcat de Moscou) d'un groupe de dix paroisses de rite occidental des États-Unis, avec 18 clercs. Et nous découvrons l'existence dans nos patriarcats (Moscou, Antioche... je ne sais pas pour les autres) de ces Orthodoxes qui retrouvent des traditions liturgiques différentes, peut-être plus proches (c,est du moins ce que déclarent leurs promoteurs) de "l'esprit occidental" qu'effrayent nos "excès de byzantinisme". N'est-ce pas là un exemple de "modernisme orthodoxe" tout à fait intéressant tant qu'il reste (ou revient) dans le cadre canonique?

En France, où ces recherchent avaient commencé avant guerre mais n'ont guerre eu de succès (ECOF), une telle démarche serait anathématisée par la plupart des Orthodoxes (et je ne parle pas de la Russie ou de la Roumanie ou le moindre changement provoque de couvre chef féminin provoque une levée de boucliers). Mais si nous les regardions plutôt avec amour et les acceptions fraternellement?

18.Posté par Marie Genko le 05/12/2010 23:16

Cher Vladimir,

Vous avez raison, nous devons regarder tous nos frères orthodoxes avec amour, quels que soient la tradition, ou le rite, qui sont les leurs.
Heureusement que chaque peuple, qui partage notre Foi a su la vivre et la personnaliser selon son génie propre!
Cela nous montre, une fois encore, que la Foi Orthodoxe s'acculture étroitement aux Nations qui vont au Christ grâce à elle.
Ce n'est certainement pas la diversité en orthodoxie qui me pose problème!
En fait, le changement, qui me semble redoutable, c'est plutôt celui que l'on veut introduire dans une tradition déjà bien établie, au prétexte que le monde change, que notre mode de vie et nos habitudes changent...!
Si deux mille ans d'expérience ecclésiale ont abouti à certains usages, (différents selon les Patriarcats) est-il vraiment sage de vouloir les moderniser?
Je pense surtout à cette acculturation, qui nous guette ici en Occident.
J'ai essayé de poser à une personne venue à l'orthodoxie de la religion catholique, la question suivante:
"Si l'Église catholique retrouvait demain la foi des sept premiers conciles, seriez vous heureux de participer à des liturgies de rite purement occidental?"
Et il m'a été tout de suite répondu:
"Ah non, je préfère la tradition russe!"
Cette personne est purement française et paroissienne dans une paroisse francophone...!
Pourtant, lorsqu'on constate le petit nombre de personnes converties à l'Orthodoxie, cela semble au contraire indiquer que les Occidentaux rejettent ce que vous appelez si justement notre excès de bysantinisme!
Alors devons nous, comme cela semble être le vœux dans mon archevêché, nous efforcer de nous adapter au monde occidental, en nous modernisant en quelque sorte, ou bien devons nous au contraire nous attacher à un rite et à une tradition qui ont fait leurs preuves durant les deux derniers millénaires?
La difficulté pour en juger vient du fait que d'une part les convertis sont en général plus puristes que les orthodoxes de souche, et d'autre part, les personnes, comme vous et moi d'origine russe, tiennent viscéralement à leur liturgie traditionnelle, de préférence en Slavon!

Pour moi, ce ne sont pas les questions de rite, de langues et d'usages qui sont les plus importants.
Le plus important c'est l'esprit de permissivité, dont vous parlez dans votre message N° 10, je vous cite:

"Même si certaines paroisses de l'archevêché sont très traditionalistes, il y a un grand esprit de permissivité, qui permet toutes les expérimentations"

Qu'entendez-vous exactement par permissivité?
Les règles ne sont-elles pas sensiblement les mêmes pour tous, d'un Patriarcat à l'autre ?
Et le but le plus essentiel n'est-il pas comme je vous l'ai écrit :

"amener un maximum de fidèles à rejoindre la protection du troupeau de l'Eglise"

Le prêtre ne doit-il pas lui aussi s'adapter à chacun de ses fidèles et moduler ses exigences selon les possibilités de chacun de ses pénitents?

Car en définitive le sens du sacré, je parle de notre profond respect pour le Seigneur, et la repentance sincère de nos péchés n'ont pas de raison de différer en Occident ou en Orient!

Je ne vois donc pas à quelles expérimentations nous devrions avoir recourt ici en Occident?




19.Posté par Fabre le 06/12/2010 09:05
il faudrait pas en arriver à faire des détails des idoles : le slavon, le grec, l'église Russe, Roumaine, le patriarcat de Constantinople, et Dieu en tout cela et le Christ !? bon mais ..." je sais où est l'Eglise, je ne sais pas où elle n'est pas..." (citation, trouvez de qui ?!)...triste et affligeant spectacle que tout cela, quelque puissent être les arguments !

20.Posté par Daniel le 06/12/2010 15:15
Ah ces rites occidentaux... Il faudrait étudier la chose plus sérieusement. D'où viennent-ils, quel est leur origine, sont-ils authentiques? Car le rite de l'ECOF est tout sauf authentique, c'est plus une liturgie de Kovalevsky qu'une liturgie de Saint Germain. Un rite c'est aussi tout les textes des offices au complet, les vêtements liturgiques, la façon de chanter, expurger de fâcheuse innovations qui auraient pu s'y introduire...

Au final, je suis assez réservé sur les rites occidentaux :

21.Posté par Marie Genko le 06/12/2010 22:52
Chers Fabre et Daniel,

Merci pour vos intéressantes réflexions!
Il n'est surtout pas question d'idolâtrer les détails, mais de conserver ceux qui sont nécessaires à élever notre âme vers le Seigneur!
Car, comme l'écrit si justement Daniel, il faut éviter à tout prix de tomber dans le piège d'une liturgie de "Kovalevsky"!
Voilà pourquoi je pose la question à Vladimir: De quelles expérimentations s'agit-il au sein de l'archevêché?

22.Posté par Marie Genko le 06/12/2010 23:05

Dans le commentaire N°7 Tchetnik écrit:

"Les juridictions russes, serbes restent beaucoup plus attachées à la fidélité de la tradition et de ses idéaux, considérés comme vecteurs de Vérité et de Grâce et qui sont hostiles à tout compromis complaisant"
Voilà qui donne à réfléchir!

23.Posté par Fabre le 07/12/2010 07:03
je ne sais plus de quel concile il s'agissait,( je vais rechercher) mais je me souviens que celui-ci disait ce qui devait être " immuable " dans une célébration liturgique et ce qui pouvait ne pas l'être....en tout cas, que ce fut celle de Saint Jean Chrysostome ou de " saint Germain"...la première pas que de ....la seconde n'est pas dite de saint Germain mais SELON saint Germain, ce qui n'est pas pareil, inutile de tricher pour argumenter ! nul n'y gagne rien..c'est en cela que je parle de détail et en cela je persiste et signe, tout cela n'a rien à voir avec le Royaume des Cieux, l'acquisition du très SAint Esprit, l' Amour du Père, la Grâce de notre Seigneur Jésus-Christ et la BIENVAILLANCE (qui est aussi l'incarnation du Fils)aux hommes bonne volonté..

24.Posté par Marie Genko le 07/12/2010 09:33

Cher Fabre,

Il est infiniment plus doux à nos âmes et à nos esprits d'être AIMANTS ET BIENVEILLANTS.

Aimer nos frères en Christ, c'est la chose la plus normale et cet Amour nous apporte Paix et sérénité!

Mais, même si nous devons en souffrir, ne devons nous pas aussi veiller à la pureté des traditions qui ont préservé la Foi de nos ascendants et qui nous l'ont transmise jusqu'à notre génération?
Si nous ne voulons pas que nos enfants égarent leur foi dans des usages permissifs ou des expérimentations hasardeuses n'est-il pas sain d'identifier ces expérimentations et ces nouveaux usages?
Personnellement je suis dans une paroisse très traditionnelle et je n'ai donc pas connaissance de ces nouveautés dont parlent Tchetnik et Vladimir.
Je ne peux que répéter que j'aimerais les connaître.

Je sais aussi que de nombreux Orthodoxes aiment se référer aux enseignements du Père Alexandre Schmemann, qui s'est efforcé de s'adapter avec son troupeau à des circonstances et à un vécu orthodoxe aux USA.
il me semble qu'il serait une excellente chose de nous efforcer d'apprécier la pensée de ce serviteur de l'Église qui, tout au long de sa vie, a servi l'Orthodoxie.
Je sais que son enseignement est très suivi dans mon archevêché et je pense qu'il serait sain d'aborder la lecture de son œuvre avec le désir de suivre ce qui nous paraît salvateur dans son enseignement et de nous mettre nous-mêmes en garde contre les erreurs qui auraient pu s'y introduire!
Il est nécessaire avant tout de préserver l'unité et l'amour parmi les fidèles.
Il n'est pas pensable d'imposer des expérimentations qui les diviseraient!


25.Posté par vladimir le 11/12/2010 16:11
Trois commentaires très différents:

1/ Je considère comme "expérimentation" les tentatives de "moderniser" le rite byzantin par des simplifications unilatérales: ouverture des Portes Saintes, voire suppression de l'iconostase, psalmodie du Notre Père, suppression d'une lecture de la prière pré-eucharistique, adjonction d'une phrase au canon eucharistique... Toutes choses décidées pour des raisons dites "logiques", qui laissent penser que nous sommes plus intelligents ou éclairés que les Pères et qui ne semblent inacceptables ... sauf à être acceptées par un Saint Concile qui exprimerait un signe de l'Esprit.

2/ Je ne suis pas expert en rites occidentaux, mais en cherchant sur Internet j'ai trouvé qu'il y a en Amérique 5 ou 6 rites occidentaux acceptés par l'Orthodoxie, en particulier les patriarcats d'Antioche et de Moscou (liste sur: http://www.allmercifulsavior.com/Liturgy/Groups.html). L'Église hors frontière en accepterait 4 (cf. lien ci-dessous), mais je n'ai pu en trouver confirmation. Ces rites sont issus d'anciennes messes romaines ou anglicanes, mais j'imagine qu'ils conservent "ce qui devait être immuable" pour le concile dont parle Fabre (on peut trouver les textes de ces liturgies sur http://www.allmercifulsavior.com/Liturgy/Liturgics.html).

3/ Le père Alexandre Schmemann n'a pas cherché à adapter l'Orthodoxie à la modernité US mais plutôt à l'expliquer en utilisant une langue et des concepts modernes. C'était un liturgiste très stricte et il n'a jamais introduit aucune "expérimentation" dans ses célébration. Par contre il a toujours cherché, en expliquant, à faire adhérer et participer ses ouailles, allant même jusqu'à parler de co-célébration. Ainsi, s'il a dénoncé ce qu'il appelait "des excès de byzantinisme", il n'a jamais appelé à rien modifier... contrairement à certains de ses disciples qui, à mon sens, ont tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain (cf. par. 1)

26.Posté par Irénée le 11/12/2010 21:59
Vladimir,
Merci pour ces précisions. Pourriez-vous être plus précis concernant le contenu de votre premier paragraphe. De quelle phrase ajoutée au canon eucharistique parlez-vous ? de quelle psalmodie du Notre Père parlez-vous ? Ecusez mon ignorance, mais je ne vois pas àquoi vous faites allusion...
Permettez-moi quand même de dire que l'iconostase et les portes saintes n'étaient guère existantes à l'époque patristique !
J'avais dit la même chose que vous dans le paragraphe 3 concernant le Père Alexandre. Très strict lui-même dans ses célébrations, ce qui ne l'empêchait pas d'ouvrir le débat sur certains points.

27.Posté par Marie Genko le 11/12/2010 23:09

Cher Vladimir,

Merci pour votre appréciation dans le point 1 de votre message 25, je vous suis complètement.
Merci aussi pour le lien concernant les rites occidentaux point 2.
Point 3 Le Père Alexandre Schmemann, il me semble tout de même que son influence a modifié certaines choses dans l'archevêché.
Je le cite:

" Je déteste confesser: c'est une torture. De quoi peut-on tant causer dans le christianisme? et pour quoi faire?" (Journal page 21)
"Personnellement, je supprimerais la confession fréquente, à part le cas où la personne a commis un péché flagrant et concret et le confesse, et non point ses humeurs, ses doutes, ses désolations et ses tentations. Et alors que faire de tous ces "états d'âme" habituels."
( Édition des Syrtes, Journal page 51)

Je comprends très bien que la confession des fidèles soit un véritable pensum pour les prêtres, Mais si les fidèles viennent se confesser, c'est parce qu'ils en ont besoin!
Parce qu'ils ont besoin de sentir cette absolution salvatrice qui leur permet de s'approcher de la Sainte Communion d'un cœur léger!
Avoir fait part à son confesseur de son égoïsme, de son manque de prière et de charité, n'est-ce pas déjà en soi une préparation à recevoir les Saints Mystères?
Et le fait que la Communion fréquente, sans confession préalable, soit encouragée dans mon archevêché, me semble déjà un changement important.
Lorsque j'étais enfant, les Catholiques se confessaient et observaient le jeûne avant la Communion, aujourd'hui ils communient à toute heure et en toutes circonstances...
Allons nous petit à petit glisser, nous aussi, sur cette pente si commode et si facile?
Une pente qui nous mène tout droit à perdre ce sens du sacré que nos frères séparés nous envient tant ..!!!

28.Posté par vladimir le 12/12/2010 16:55
@ Irénée,
Ce ne sont que quelques exemples concrets que j'ai rencontrés personnellement:
1/ Après "Buvez en tous, ceci est mon Sang, le Sang de la Nouvelle Alliance, qui est répandu pour vous et pour un grand nombre en rémission des péchés. Amen." Le prêtre rajoute "Faites cela en mémoire de moi" avant de continuer "Faisant mémoire de ce commandement ... etc".
2/ Le clergé et les fidèles récitent ensemble la prière pour la communion avant la communion du clergé, le prêtre ne la lit pas devant les fidèles avant leur communion
3/ Le Notre Père de la Liturgie, avant l'Élévation, n'est pas chanté mais psalmodié par les fidèles.

Je suis entièrement d'accord avec vous que, ni l'iconostase, ni ces "détails" n'étaient fixés à l'époque patristique. En fait, en lisant le livre très érudit du père Job Getcha «Le Typikon décrypté. Manuel de liturgie byzantine» (Cerf, 2009, collection «Liturgie» n°18), vous constatez que toutes nos pratiques liturgiques se sont assemblées au cours des siècles à partir des traditions des différentes Églises, et je pense que cela ne s'est pas fait sans la volonté de l'Esprit Saint.

L'iconostase en fait aussi partie. Contrairement à ceux qui voient là une séparation, elle est destinée à symboliser la rencontre et la réconciliation de Dieu et de l'homme, du Ciel et de la Terre, dans la participation de l'Église toute entière à l'intercession et à l'offrande de l'Unique Grand-Prêtre. Ce n'est pas une séparation entre le célébrant et le peuple, ni la distinction de l'Église céleste et de l'Église terrestre, mais un lien qui les unit, en la personne des intercesseurs et de cette «nuée de témoins» qui entourent la Mère de Dieu et le Précurseur et nous appellent à se joindre à leur prière. (d'après E. Behr-Sigel)

Ainsi il ne me parait pas sain de se lancer dans des suppressions, ajouts ou modifications qui nous paraissent " logiques" actuellement, mais qui tendent en fait à placer notre "raison" au dessus de la Sagesse qui a inspiré la Tradition. Dans le texte magnifique de l'une de ses "Causeries sur Radio Liberté", le Père Alexandre Schmemann dit: "L'intelligence doit se rabaisser, et donc accepter que, dans ce monde il n'y a pas que la seule causalité aveugle (que seule elle peut percevoir), mais aussi qu'il a Dieu, Dont il est dit que les voies sont impénétrables, Dont la Sagesse n'est pas notre sagesse et qu'Il détruit l'orgueil de l'intelligence en affirmant Sa toute puissance" (publié en russe par les éditions de l'Université St. Tikhon, Moscou, 2009, tome 1 p. 286, traduction VG).

Et @ Marie: en effet, le père Alexandre n'aimait pas les confessions type psychanalyse et "états d'âme", comme vous le citez, et proposait d'espacer les confessions en cas de communions fréquentes. Il n'a jamais suggéré de supprimer la confession ni de la remplacer par ces sortes de happening collectifs se résumant à une prière commune suivie d'une absolution, comme je l'ai vu pratiquer chez nous et en Russie... Il me semble que là aussi le père Alexandre avait une approche rigoureuse: soit une vraie confession, quand on a quelque chose à confesser, soit pas de confession si on cherche seulement une oreille complaisante pour épancher ses "problèmes".

29.Posté par Irénée le 12/12/2010 18:19
Merci Vladimir pour ces précisions.
Ne cherchez pas à me convaincre, je ne suis pas favorable à la suppression des Iconostases !
Pour revenir aux pratiques que vous évoquez, je n'ai personnellement jamais rencontré la première et la troisième "innovation". Concernant la première, je me permet de signaler que la liturgie de Saint Jacques, antérieure à celles de Saint Basile et de Saint Jean Chrysostome mentinne après Buvez en tous..."Faites ceci en mémoire de moi. Toutes les fois souvent que vous mangez ce pain et buvez à cette coupe, vous annoncez la mort du Fils de l’Homme et confessez sa résurrection, jusqu'à son retour"
Concernant le second point, la prière avant la communion dite par le prêtre et les fidèles ensemble, elle se pratique en effet souvent, et dans différentes juridictions.
Merci enfin de votre commentaire concernant le Père Alexandre et la confession.

30.Posté par vladimir le 12/12/2010 18:47
Cher Irénée,
Merci de vos commentaires et surtout de vos précisions qui montrent bien votre connaissance du domaine! Vos explications concernant les "innovations" illustrent bien qu'elles ne sont ni dénuées de sens ni de fondement (la psalmodie du Notre Père est, elle, courante chez les Catholiques et le Protestants...) néanmoins, peut on comme cela, suivant sa propre logique mélanger les Typikon et les liturgies? Ne va-t-on pas arriver arriver à des liturgies "personnalisées" dans chaque paroisse?

Mon commentaire sur l'iconostase ne s'adressait pas tant à vous, dont l'érudition est suffisamment démontrée, qu'à ceux de nos lecteurs (il y en a plusieurs centaines tous les jours) qui sont moins au fait des traditions orthodoxes et pouvaient se méprendre sur le sens de votre commentaire, alors même qu'il est, je le répète, parfaitement exacte!

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