L'écologie réunit le pape François et le patriarche de Constantinople Bartholomée
Il faut « un changement radical dans nos valeurs et nos pratiques pour que les gens puissent inclure la dimension éthique et spirituelle du développement durable dans les vies et les pratiques ». Patriarche Bartholomée, 8 juin 2015

"La publication de l’encyclique "Laudato Si’" est une occasion de grande joie et de satisfaction pour les orthodoxes.

En leur nom, je tiens à exprimer notre profonde gratitude à Sa Sainteté pour s’être exprimé avec autorité afin d’attirer l’attention du monde sur la nécessité urgente de protéger la création de Dieu des dommages que nous, les humains, infligeons par notre comportement à l’égard de la nature.

Cette encyclique vient à un moment critique dans l’histoire humaine et aura sans aucun doute un retentissement dans le monde entier sur la conscience des personnes." - Intervention du Métropolite Jean de Pergame à la présentation de l'encyclique "Laudato Sii" le 18 juin 2015 au Vatican.

"Le monde orthodoxe, pionnier de la « conscience verte »", titrait "La Croix" en 2009

Depuis vingt ans, le Patriarcat œcuménique de Constantinople est très mobilisé sur la question de la sauvegarde de la Création et le patriarche Bartholomée a été surnommé "le patriarche vert". En 1989, le Patriarcat œcuménique avait décidé de dédier le 1er septembre de chaque année à la prière pour l’environnement (c'est le premier jour de l’année ecclésiastique selon le calendrier liturgique orthodoxe) et l’office liturgique du jour inclut des prières pour la création el des hymnes propres à ce jour commandés à un hymnographe contemporain du Mont Athos. En 1995 le patriarche Bartholomée a lancé sur l’île de Patmos une série de symposiums et de colloques internationaux sur « religion, science et environnement» dont le dernier en date a été le tout récent colloque «Théologie, écologie et Parole : un colloque sur l’environnement, la littérature et les arts» qui s'est tenu du 8 au 10 juin 2015 au séminaire de Halki.

Intervention remarquée du Métropolite Jean de Pergame

Il n'est donc pas surprenant que la dernière encyclique papale "Laudato Sii" sur cite longuement le Patriarche Bartholomée, qui la qualifie de son côté de « véritable bénédiction » et dit partager avec le Pape un « intérêt commun et une vision commune pour la création de Dieu ». Plus étonnant, pour la première fois dans l'histoire un prélat orthodoxe, le Métropolite Jean de Pergame, a été invité à participer au Vatican à la présentation de l'encyclique du Pape le 18 juin dernier. Il est vrai le métropolite Jean est l'un des principaux artisans des actions écologiques du patriarcat et c'est lui qui avait ouvert le sommet d’Halki et qui

L'agence d’informations catholique Zenit a mis en ligne la traduction française de l’intervention du métropolite Jean Lien dont je propose quelques extraits:

Dans la célébration de l’eucharistie, l’Église offre à Dieu le monde matériel sous la forme du pain et du vin. Dans ce sacrement, l’espace, le temps et la matière sont sanctifiés ; ils sont élevés au Créateur avec reconnaissance, comme ses dons à notre égard ; la création est solennellement déclarée don de Dieu et les êtres humains, au lieu d’agir en propriétaires de la création, agissent en tant que ses prêtres, qui l’élèvent à la sainteté de la vie divine. Cela rappelle les paroles émouvantes de saint François d’Assise par lesquelles s’ouvre l’encyclique : « Loué sois tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre ». Comme l’ont expliqué saint Grégoire Palamas et d’autre Pères grecs, la création tout entière est imprégnée de la présence de Dieu par ses énergies divines ; tout annonce la gloire de Dieu, comme le dit le psalmiste, et l’être humain conduit ce chœur cosmique de glorification au Créateur, en tant que prêtre de la création. Cette façon de comprendre la place et la mission de l’humanité dans la création est commune à la tradition chrétienne de l’Orient comme de l’Occident et elle est d’une importance particulière pour la culture d’une philosophie écologique.


L’Église doit maintenant introduire dans son enseignement sur le péché le péché contre l’environnement, le péché écologique. La repentance doit être étendue pour couvrir aussi les dommages que nous infligeons à la nature, comme individus et comme sociétés. Cela doit être porté à la conscience de tout chrétien qui se soucie de son salut.

La rupture de la juste relation entre l’humanité et la nature est due à la montée de l’individualisme dans notre culture. On a fait de la poursuite du bonheur individuel un idéal à notre époque. Le péché écologique est dû à l’avidité humaine qui aveugle les hommes et les femmes au point d’ignorer et de mépriser la vérité de base selon laquelle le bonheur d’un individu dépend de sa relation avec le reste des êtres humains. Il y a une dimension sociale dans l’écologie, que l’encyclique fait ressortir avec clarté. La crise écologique va de pair avec la propagation de l’injustice sociale. Nous ne pouvons pas affronter avec succès la première sans traiter avec l’autre.

Le péché écologique est un péché non seulement contre Dieu mais aussi contre notre prochain. Et c’est un péché non seulement contre l’autre de notre époque mais aussi – et c’est grave – contre les générations futures. En détruisant notre planète afin de satisfaire notre avidité de bonheur, nous léguons aux générations futures un monde irrémédiablement abîmé avec toutes les conséquences négatives que cela aura pour leur vie. Nous devons donc agir de façon responsable à l’égard de nos enfants et de ceux qui nous succèderons dans cette vie.


L’importance œcuménique de l’encyclique: il y a trois dimensions à l’œcuménisme. La première, que nous pouvons appeler l’œcuménisme dans le temps, une expression fréquemment utilisée par l’un des plus grands théologiens orthodoxes du siècle dernier, le regretté père Georges Florovsky. Nous entendons par là l’effort des chrétiens divisés pour s’unir sur la base de leur Tradition commune, l’enseignement de la Bible et les Pères de l’Église. C’est l’objet des dialogues théologiques qui ont lieu dans le mouvement œcuménique de notre époque et il semble que ce soit la forme d’œcuménisme prédominante.

En même temps, un œcuménisme dans l’espace est aussi pratiqué à travers diverses institutions internationales, comme le Conseil mondial des Églises et des organisations œcuméniques similaires qui rassemblent les chrétiens divisés, de sorte que les différents contextes culturels dans lesquels ils vivent puissent être pris en considération dans le recherche de l’unité. Cela a réuni des chrétiens d’Asie, d’Amérique, d’Europe, d’Amérique latine, etc. – une expression de l’universalité de l’Église chrétienne.

À ces deux dimensions qui ont dominé la scène œcuménique ces cent dernières années, nous devons en ajouter, je pense, une troisième qui est habituellement négligée, celle que j’appellerais un œcuménisme existentiel. Je veux dire par là l’effort pour affronter ensemble les problèmes existentiels les plus profonds qui préoccupent l’humanité dans son ensemble – pas seulement dans des endroits ou des catégories de personnes en particulier. L’écologie est sans doute le candidat le plus évident dans ce cas.

Une dimension œcuménique

Je crois que l’importance de l’encyclique du pape, "Laudato Si’", ne se limite pas au sujet de l’écologie en tant que telle. J’y vois une dimension œcuménique importante en ce qu’elle conduit les chrétiens divisés devant une tâche commune qu’ils doivent affronter ensemble. Nous vivons à une époque où les problèmes existentiels fondamentaux débordent nos divisions traditionnelles en les relativisant au point de les faire pratiquement disparaître. Regardez, par exemple, ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient : ceux qui persécutent les chrétiens leur demandent-ils à quelle Église ou confession ils appartiennent ? L’unité chrétienne, dans de tels cas, est de facto réalisée par la persécution et le sang – un œcuménisme du martyre.

De même, la menace que fait peser sur nous la crise écologique dépasse ou transcende nos divisions traditionnelles. Le danger qui se présente à notre maison commune, la planète sur laquelle nous vivons, est décrit dans l’encyclique d’une manière qui ne laisse aucun doute sur le risque existentiel auquel nous sommes confrontés. Ce risque nous est commun à tous, indépendamment de nos identités ecclésiastiques ou confessionnelles. Notre effort pour empêcher les conséquences catastrophiques de la situation actuelle doit être également commun. L’encyclique du pape François est un appel à l’unité – unité dans la prière pour l’environnement, dans le même Évangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et de nos styles de vie pour respecter et aimer chacun et chaque chose qui nous sont donnés par Dieu. Nous en sommes reconnaissants.

V.G.

Rédigé par V.G. le 24 Juin 2015 à 10:58 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir. G: l'Église doit vraiment suivre cette mode du monde? le 24/06/2015 18:43
« Le pape est en train de renverser les tables dans le Temple, » dit notre José Bové national et pour Edgar Morin (ex-communiste il est vrai repenti depuis 1948) « L’encyclique "Laudato Si’" est peut-être l’acte 1 d’un appel pour une nouvelle civilisation;» Hubert Reeves se réjouit que «Le pape François s’adresse au monde entier» et va plus loin en formulant un vœu «que les différentes religions s’impliquent d’une façon beaucoup plus active sur le terrain écologique… Le concert de louanges est donc quasi unanime.

Et moi je me demande si l'Église doit vraiment suivre cette mode du monde? Si cela ne la met pas de fait "dans le monde"? Comment cela peut-il nous aider à faire notre Salut et à connaitre Dieu? N'est-ce pas cela le rôle de la "théologie" (connaissance de Dieu au sens propre!) que doit promouvoir l'Église?

L'argumentation théologique du métropolite de Pergame ne me convainc pas vraiment et je trouve surprenant que le point de l'ordre du jour du Concile panorthodoxe consacré à la "Contribution des Eglises orthodoxes à la réalisation des idéaux chrétiens de paix, de liberté, de fraternité et d'amour entre les peuples, et à la suppression des discriminations raciales", qui se focalisait en 1986 sur le désarmement universel (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-preparation-du-Concile-Modification-de-l-environnement-I_a4032.html) soit maintenant réorienté sur ces problèmes écologiques. N'est-ce pas une preuve évidente de ces effets de mode, essentiellement passagère et versatile, alors que l'Église devrait plutôt se préoccuper de l'éternité?

2.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 25/06/2015 05:44
Toutes ces encycliques et ces discours d'intention sont des approches idéologiques, et non des adresses pastorales.
Et comment donc un hiérarque orthodoxe (et un orthodoxe plus généralement), peut-il accorder quelque crédit aux paroles ex-cathedra du Pape de Rome, puisque l'Eglise orthodoxe ne reconnait ni le Pape, ni son infaillibilité.
L'Eglise orthodoxe a toujours été proche de la Nature, témoins les cimetières catholiques où les arbres et petits arbres sont systématiquement coupés, alors que n'importe quel cimetière orthodoxe se ressent de cet amour reconnaissant pour la Création.
КПСТШ

3.Posté par Noël Ruffieux le 25/06/2015 16:17
Sur « Parlons d’orthodoxie », les premiers « commentaires » de l’encyclique « Laudato si’ » de l’évêque François de Rome sont d’une affligeante pauvreté. Comme si la « secte orthodoxe » - à ne pas confondre avec l’Eglise orthodoxe, mon Eglise que j’aime - tenait à distiller son fiel.

@ Vladimir G. et @ Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский, quel est votre problème ? Vos commentaires n’ont qu’une logique : la haine antipapiste. C’est court. Et cela produit beaucoup de contre-vérités.
Cette encyclique ne se veut pas un document « infaillible, ex cathedra ». L’évêque de Rome (c’est le titre que François préfère) la signe « Franciscus, près de Saint Pierre ». « Mon appel, dit-il, est une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. » Mais dans votre logique, « puisque l’Eglise orthodoxe ne reconnaît ni le Pape, ni son infaillibilité », sa parole ne peut avoir aucun crédit. Logique étrange qui, de nature, disqualifie l’autre.

Vous vous réunissez dans une même affirmation : Tout cela n’est qu’effet de mode, que position idéologique, un trend qui risque de placer l’Eglise « dans le monde ». L’Eglise est-elle hors du monde ? Pensez-vous « faire votre salut » hors du monde ? On se souvient des mots de Jésus : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. » (Jn 17,19) Ou de la formule de l’épiclèse dans la Liturgie de saint Basile : « répandu pour la vie du monde ».

Bien des « écolos » ou des « verts » ne prendront peut-être qu’une partie du message de François. Les Chrétiens - de quelque bord qu’ils soient - devraient être à même d’en saisir l’intégralité, même s’ils n’adhèrent pas à tout.
Quand j’ai découvert l’Orthodoxie, je fus frappé par la solidarité que les textes liturgiques établissent entre le péché humain et la malédiction de la terre. (cf. Gn 3,17-19) Et bien sûr leur solidarité dans le salut, cette « Création (qui) attend avec impatience la révélation des fils de Dieu ». Si l’on prend quelque peu conscience des menaces qui pèsent aujourd’hui sur la Création (mais peut-être n’est-ce qu’un effet de mode idéologique ?), on comprend mieux l’Apôtre : « Livrée au pouvoir du néant, la Création garde l’espérance, car elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. » (Rm 8,19-21) Comment « notre Salut » et notre connaissance de Dieu pourraient-ils être indifférents à la dégradation de la Création « bonne et belle » ? Quand Adam pleure devant les portes fermées de l’Eden, il pleure sa faute, mais aussi la perte du paradis.

Un concile panorthodoxe ne serait pas nécessaire, si les « signes des temps » n’étaient pas des signaux d’alarme dans la vie de l’Eglise. Il y a ceux qui signalent un danger à l’intérieur de l’Eglise : désunion juridictionnelle, phylétisme, désordre de la diaspora... Et d’autres viennent du monde. A côté de la guerre, de la persécution, de la misère des pauvres, l’Eglise ne peut être sourde et ne pas entendre « tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres ».

Les Orthodoxes aiment parler de métanie, de conversion, de repentir. Nous avons tous ici l’occasion de nous interroger sur le rapport entre notre orthodoxie et notre orthopraxis. Est-ce hasard que du lundi au vendredi du Carême l’Eglise lise les appels d’Isaïe à la conversion (à Sexte) et la Genèse dès le récit de la Création (à Vêpres) ?
J’ai découvert dans les rites orthodoxes le lien entre la foi et la nature. Mais les rites de la Théophanie ou de la Transfiguration suffisent-ils à « convertir » les croyants ? Leur engagement actif (qu’on l’appelle écologique ou autre m’est égal.) demande ce que l’évêque de Rome appelle « la conversion écologique », un élément de la « conversion intégrale ». Cette conversion est à la fois personnelle et communautaire. Les moniales orthodoxes de Solan dans le Gard ou d’Ormylia en Grèce auraient quelque chose à nous dire à ce sujet.
Affirmer, comme le fait l’un de vous deux, que cela n’est que « discours d’intention, approches idéologiques et non adresses pastorales », révèle simplement qu’il n’a pas lu l’encyclique.

Pourquoi cette hargne à l’égard de l’évêque François ? Parce qu’il occupe le terrain médiatique ? Parce qu’il sait se servir de mots simples, à une distance considérable du langage onctueux de la plupart des hiérarques orthodoxes ? Parce qu’il préfère au cérémonial pompeux le contact avec les personnes ? Parce qu’il use de formules et d’images familières, de gestes affectueux, compréhensibles par tous ? Parce qu’il aime les gens à qui il s’adresse ?

Nul n’est propriétaire de la Vérité : nous sommes tous des chercheurs en quête d’un trésor perdu. Nul n’est propriétaire de la Création. « Toute la Création gémit encore dans les douleurs de l’enfantement. » (Rm 8,22) Le devoir de tous est « de la cultiver et de la garder » (Gn 2,15). Que propose d’autre l’encyclique ?

4.Posté par Daniel le 25/06/2015 19:47
Un des problèmes de cette encyclique est qu'elle adhère au mythe du réchauffement climatique qui n'est pas validé par tous les scientifiques et qui est d'ailleurs mis en avant par des scientifiques (du GIEC) ayant trafiqué leurs modèles...

5.Posté par Vladimir. G: se consacrer à ce qui est le rôle de l''''Église – Le Créateur plutôt que la Création. le 25/06/2015 22:59
Bien cher Noël Ruffieux,

Je veux d'abord disperser un malentendu: "VG", l'auteur de l'article, et "Vladimir.G", l'auteur du commentaire 1, sont la même personne, Vladimir Golovanow (je ne sais d'ailleurs pas pourquoi les modérateurs n'ont pas publié cette fois mon nom complet comme habituellement!), bien connu des lecteurs de PO pour les plus de 500 articles et commentaires publiés sur ce forum… Je pense donc qu'il ne saurait être question de " haine antipapiste " pour ce qui me concerne – la plupart de mes contradicteurs me considérant au contraire comme "pro-KTO"!

Par contre je pense que le pape François, le patriarche Bartholomée et le métropolite Jean, toutes personnalités pour qui j'ai le plus profond respect, mêlent trop leurs voix à celles du monde au risque de banaliser et galvauder le rôle de l'Église. Je partage entièrement votre avis sur le respect qu'a toujours eu l'Orthodoxie pour la Création – mais ce n'est pas une raison pour entonner les mêmes hymnes que les José Bové, Edgar Morin et autres promoteurs de la nouvelle religion de l'écologie. Il y a 30 ans notre Église se devait de militer "pour la paix et le désarmement", maintenant c'est pour "sauver la planète"… Est-ce bien raisonnable? Ne faut-il pas laisser cela aux politiciens, "à César", pour se consacrer à ce qui est le rôle de l'Église – Le Créateur plutôt que la Création?

Oui, le réchauffement climatique est indéniable… Mais il dure maintenant depuis environ 10 000 ans (fin de la glaciation würmienne.) Oui, l'homme y contribue probablement depuis les débuts de l'agriculture (à la même époque!). Mais il me parait bien présomptueux de penser que les humains peuvent changer ce mouvement naturel et je me demande bien pourquoi l'Église devrait s'en mêler.

6.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 26/06/2015 00:02
Une chose est d'entretenir des relations paisibles avec l'Eglise catholique romaine, une autre est de se référer à l'Evêque de Rome, qui depuis 1054 n'est plus canonique, surtout quand on a des écrits spirituels d'une qualité tellement élevée, tant des Pères de l'Eglise que d'innombrables saints orthodoxes, qui expriment tous la plénitude de la foi.

7.Posté par Fanfan le 26/06/2015 12:27
À (3) Noël Ruffieux,
Cher monsieur si vous trouvez tant de défauts à l’Église orthodoxe, votre bercail actuel dont vous déplorez entre autres « la désunion juridictionnelle, le phylétisme, les désordres de la diaspora », la surdité à la misère, sans parler de « cérémonial pompeux » et du « langage onctueux de la plupart des hiérarques orthodoxes » et d’autres insuffisances, rien ne vous empêche de rejoindre une bergerie qui réponde mieux à vos attentes. Il est tout à fait légitime de vouloir se sentir en harmonie plutôt que dans un lieu qui vous déçoive à ce point. Bonne chance.


8.Posté par Affeninsel le 26/06/2015 12:48
C'est une plaisanterie ? Donc lorsqu'on souhaite que les pasteurs de l'Eglise se hissent plus volontiers à la hauteur de la charge qui leur est confiée, on est prié de partir ? Faut-il au contraire se réjouir du désordre anti-canonique de la situation actuelle en pays d'émigration ?

Du reste, je suis d'accord avec Noël Ruffieux, que le Pape n'appartienne pas à l'Eglise n'empêche pas de lire ce qu'il a à dire et de l'appuyer lorsque il dit des choses justes. C'est même une attitude très propice au retour des catholiques vers l'orthodoxie que de montrer son estime pour ce qu'il y a de juste dans le monde catholique. Encore une fois, si le Pape dit que le soleil brille, j'ose espérer que les orthodoxes n'iront pas prétendre le contraire.

Pour le reste, il est vrai que, même si l'exigence écologique est une évidence pour le chrétien et que le Pape dit de belles choses contre le productivisme et la logique du profit permanent, il y a un fond assez marxiste, ou du moins un peu corrompu par l'esprit moderne dans cette encyclique, ce qui est assez dommage.

9.Posté par Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский le 26/06/2015 19:17
En réponse au dernier message, sous le pseudonyme de Affeninsel :

Mes messages ne critiquaient nullement les propos du Pape François, mais tentaient de rappeler que l'Eglise orthodoxe, dépositaire de la foi intacte et inaltérée de l'Eglise, n'a nul besoin de se référer à ceux qui se sont mis en dehors d'Elle, ni même de les commenter et de juger leur recevabilité.

Leur valeur intrinsèque est à recevoir ou à juger par les catholiques eux-mêmes, et non par les orthodoxes, qui ont, chacun en leur lieu, leur Evêque à écouter comme la brebis son pasteur. A chaque troupeau son pasteur.

10.Posté par Vladimir. G: évitez d''''écrire des sottises! Le pape François rejoint notre "primus inter pares"! le 28/06/2015 23:19
Bien cher Fanfan,

Vous devriez lire quelques publications de Noël Ruffieux avant d'écrire des sottises! (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Noel-Ruffieux-Quand-j-etais-petit-enfant-catholique-nous-attendions-le-matin-du-6-janvier-pour-placer-les-trois-mages_a4115.html?com#comments)

Bien cher Кирилл Петрович Семенов-Тян-Шанский,

Mais le patriarche œcuménique de Constantinople, clairement orthodoxe, est sur cette ligne depuis vingt ans! On peut dire que le pape François y rejoint notre "primus inter pares" comme le montrent le métropolite Jean et le patriarche lui même qui a qualifié l'encyclique de « véritable bénédiction » de partage d’un « intérêt commun et d’une vision commune pour la création de Dieu » dans le Time.

11.Posté par Clovis le 29/06/2015 00:15
Si l'intention est bonne, le résultat manque de sérieux, le péché contre l’environnement - le péché écologique sont des formules hasardeuses, sorte de slogan de formule politique à la recherche de "like" et de "flower".
Est-ce que c'est à l'église de reprendre le flambeau de l'éducation des enfants des mains de la nation ?

Les mêmes qui nous rabattent le caquet avec le réchauffement climatique (GIEC) sont les même qui croient à l'évolution, donc s'ils sont convaincus par leur théorie, la Nature va s'adapter à ces "dits"changements, ce n'est qu'un question de temps...
Si la Nature est oeuvre de Dieu, certes il faut la respecter en tant que telle, mais il ne faut pas non plus être trop pessimiste, ce n'est pas le Déluge. Regardez Tchernobyl comme la nature a repris ses droits ?!

12.Posté par Vladimir. G: Déclaration de la Conférence des responsables de Culte en France sur la crise climatique le 1er juillet 2015 au Palais de l’Elysée le 06/07/2015 09:09
Déclaration de la Conférence des responsables de Culte en France sur la crise climatique
1er juillet 2015
Palais de l’Elysée

La crise climatique est un défi spirituel et moral

Nous, membres de la Conférence des responsables de Culte en France, prenons la parole ensemble
pour partager notre conviction : au-delà des problématiques techniques, économiques et
géopolitiques, la crise climatique relève d’un défi spirituel et moral.
C’est d’abord notre rapport à la création comprise comme don de Dieu et à la nature qui est en jeu(1)

Ayant perdu de vue sa relation à la nature et son intime interdépendance avec tout ce qui constitue
celle-ci, l'humanité s'est fourvoyée dans un rapport de domination et d’exploitation mortifère de
l'environnement.
Nous sommes mis au défi de repenser et d'habiter autrement notre rapport à la création et à la nature. Nous faisons un. En détruisant l’environnement, l'humanité se détruit elle-même ; en le préservant, nous nous préservons nous-mêmes, nous préservons notre prochain et les générations futures.
Notre conscience spirituelle et morale est interpellée.
Nous sommes mis au défi d’agir pour la justice, d'oeuvrer pour la paix, de préparer de toute urgence
un futur sûr et viable pour nos enfants, en sortant de l'ère des énergies polluantes et en revoyant
nos modèles économiques de production et de consommation sans limite.
Nous appelons à un sursaut des consciences vers une action climatique conséquente et à une
remise en question de nos valeurs et de nos attitudes. Refusons l’indifférence et l'avidité.
Ouvrons-nous à la compassion et à la fraternité. Sortons de nos égoïsmes. Soyons solidaires et
prenons le bien commun pour boussole. Persévérons et valorisons chaque action.

Notre appel

La France accueillera et présidera la 21ème Conférence des Parties de la Convention-cadre des
Nations Unies sur les changements climatiques (la COP21). La France joue et jouera un rôle
diplomatique clé. Nous appelons à l’adoption d’un accord contraignant applicable à tous qui :

- engage à sortir à temps de l’ère des énergies fossiles et vise un ensemble d’objectifs
de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui garde le
réchauffement moyen global bien en deçà de +2 °C, doté de règles assurant la transparence,
la responsabilité et un processus de révision des objectifs régulier ;
- protège les populations les plus vulnérables aux impacts des changements en leur
permettant de s’adapter à ces impacts et en prenant en compte les pertes et dommages qui leurs
sont causés ;

- favorise un développement écologiquement responsable et la lutte contre la
pauvreté en garantissant un financement adéquat, le transfert de technologies et le renforcement
des savoirs et des compétences.

Notre engagement

Bien que la COP21 soit une étape clé, nous sommes convaincus que les défis posés par les
changements climatiques ne peuvent être relevés de façon effective par les Etats seuls, mais surtout
par une mobilisation individuelle et collective, aujourd’hui et dans les années à venir.
Nous appelons les membres de nos communautés à prendre conscience des enjeux de la
COP21 et à faire évoluer leurs propres modes de vie.
Nous nous engageons à enseigner et transmettre à partir de nos textes fondateurs et de nos
traditions respectives, l'exigence de prise de conscience, d'éveil et de responsabilité de l'être
humain au sein de la nature et de la création.
--------------
(1)- 1 Coran - Sourate 80, Verset 24-32 : « Que l’Homme considère donc sa nourriture : c’est nous qui versons l’eau abondante, puis nous fendons la terre par fissures, et y faisons pousser grains, vignobles et légumes, oliviers et palmiers,
jardins touffus, fruits et herbages, pour votre jouissance vous et vos bestiaux. »
- Bible - Genèse 2 verset 15 : « Le SEIGNEUR Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour cultiver le sol et le garder. »
- Citation du Bouddha - Dhammapada : «Ni dans le ciel, ni au fond des océans, ni en aucune partie de ce vaste monde, il n’existe de lieu ou l’être humain puisse échapper aux conséquences de ses actions. »

Mgr Georges PONTIER et Mgr Pascal DELANNOY, Conférence des évêques de France
Le pasteur François CLAVAIROLY et le pasteur Laurent SCHLUMBERGER, Fédération protestante de France
Le métropolite Emmanuel et le métropolite Joseph, Assemblée des Evêques Orthodoxes de France
M. le Grand Rabbin de France Haïm KORSIA et M. Joël MERGUI, président du Consistoire central israélite de France
Le recteur Dalil BOUBAKEUR et M. Anouar KBIBECH, Conseil français du culte musulman
M. Olivier WANG-GENH et Madame Lama DROUPGYU, Union Bouddhiste de France

La Conférence des Responsables de Culte en France (CRCF)

La CRCF a été créée le 23 novembre 2010. Elle regroupe six instances responsables du
Bouddhisme, des Églises chrétiennes (Catholique, Orthodoxe, Protestante), de l’Islam et du
Judaïsme. Cette initiative est justifiée par la volonté des responsables de culte en France
d’approfondir leur connaissance mutuelle, par le sentiment de contribuer ensemble à la
cohésion de notre société dans le respect des autres courants de pensée, et par la
reconnaissance de la laïcité comme faisant partie du bien commun de notre société.

CONTACTS PRESSE : SERVICES RELATIONS MEDIAS DES MEMBRES DE LA CRCF
AEOF : 06 20 18 46 77 – CEF : 06 26 12 65 07 – CFCM : 06 11 14 12 65 – FPF : 06 73 39 55 98 – GRF: 06 98 58 35 31 - UBF : 06 77 73 19 38

13.Posté par Père Serge le 06/07/2015 15:45
Vient de paraître sur le sujet : Patriarche oecuménique Bartholomée : “Et Dieu vit que cela était bon”, Paris, éd. du Cerf, 2015.

http://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/17395/et-dieu-vit-que-cela-etait-bon

14.Posté par Vladimir G: fibre écologique le 30/08/2017 20:17
François et Bartholomeos, une même fibre écologique
Samuel Lieven, le 30/08/2017 à 17h36

Surnommé le « patriarche vert », Bartholomeos de Constantinople est le premier primat chrétien à avoir placé l’écologie au cœur de sa réflexion.

Signant avec l’encyclique Laudato Si’ un texte historique sur cette question, le pape François ne se pose pas moins en disciple de Bartholomeos.

Le pape François l’a annoncé, mercredi 30 août, sur la place Saint-Pierre, à la fin de l’audience générale. Son traditionnel message pour la Journée mondiale de prière pour le soin de la Création, qui sera célébrée vendredi 1er septembre (le message sera rendu public la veille), a été préparé en commun avec le patriarche œcuménique Bartholomeos Ier de Constantinople.

Le pape François et le patriarche Bartholomeos lancent un appel conjoint pour la planète

Une première depuis le lancement de cette journée en 1989 par celui qu’on appelle aussi le « patriarche vert », fixée le jour anniversaire symbolique de la Création du monde et qui marque le début de l’année liturgique. En 2015, quelques semaines après la publication de son encyclique Laudato si’, le pape François avait à son tour institué dans l’Église catholique une Journée de prière pour le soin de la Création à la même date.

« Nous y invitons chacun à adopter une attitude respectueuse et responsable envers la Création, a expliqué le pape devant son auditoire. Nous appelons également ceux qui occupent des positions influentes à écouter le cri de la terre et le cri des pauvres, qui souffrent le plus des déséquilibres écologiques. »
Bartholomeos, penseur visionnaire de l’écologie

C’est qu’entre les deux principaux représentants de la chrétienté – le successeur de saint Pierre représente 1,3 milliard de catholiques et celui de saint André près de 300 millions d’orthodoxes à travers le monde –, la sauvegarde de la Création est la pierre angulaire d’un lien spirituel et personnel d’une rare intensité.

Élu patriarche œcuménique en 1990, Bartholomeos développe depuis plusieurs décennies une réflexion de tout premier plan sur l’écologie. Alors que son statut précaire de patriarche grec résidant à Istanbul tend à l’isoler sur la scène mondiale, il est en effet parvenu à faire de la question écologique un levier privilégié de rayonnement international, ralliant les soutiens de personnalités comme le prince Charles ou l’actuel ministre français de l’écologie Nicolas Hulot.

Aussi dans l’introduction de son encyclique Laudato si’, en 2015, le pape fait d’emblée référence au primat de l’orthodoxie. « Le Patriarche Bartholomeos s’est référé particulièrement à la nécessité de se repentir, chacun, de ses propres façons de porter préjudice à la planète, parce que” dans la mesure où tous nous causons de petits préjudices écologiques”, nous sommes appelés à reconnaître” notre contribution – petite ou grande – à la défiguration et à la destruction de la création”. »

Deux enfances modestes au milieu des pauvres

« En même temps, poursuit le pape argentin dans ce texte qui a, entre autres, influencé les discussions au sein de la COP 21, tenue à Paris la même année, Bartholomeos a attiré l’attention sur les racines éthiques et spirituelles des problèmes environnementaux (…). Il nous a proposé de passer de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager, dans une ascèse qui signifie ”apprendre à donner, et non simplement à renoncer’’. »

« Bartholomeos est le premier primat de la chrétienté à avoir fait de l’écologie un sujet de préoccupation essentiel », souligne Jean-François Colosimo, historien des religions et président de l’institut de théologie orthodoxe Saint-Serge. Une enfance agreste sur l’île grecque d’Imbros, au large de la Turquie actuelle, au contact de la nature et des animaux, a d’emblée inscrit dans le cœur et la spiritualité du futur patriarche un sens du cosmos et de la sanctification des éléments profondément inscrits dans la tradition orthodoxe.

Mais Bartholomeos ne se contente pas de mots. Il a, entre autres, créé une société pour le sauvetage des eaux, notamment dans l’Arctique et la mer de Marmara, rassemblant les plus grands scientifiques.

Aussi en lui rendant hommage dans son encyclique, François ne fait que reconnaître l’apport universellement reconnu du patriarche à la pensée chrétienne et écologique. Et exprimer, selon les termes de Jean-François Colosimo, une « amitié instinctive, personnelle et profonde ». Cette déclaration commune à l’occasion de la journée de prière pour la création est une nouvelle manière de marquer publiquement ce lien entre les deux hommes et leur désir de rapprochement œcuménique.

La reconnaissance de François envers son maître

Toutefois, l’héritage de la doctrine sociale de l’Église dont le pape est comptable, fruit d’une confrontation historique plus aiguë avec la modernité du côté catholique que du côté orthodoxe, pousse François à approfondir un aspect omniprésent dans Laudato si’ : le lien indissoluble entre le soin apporté à la Création et la prise en compte des pauvres.

Cette écologie intégrale aux accents latino-américains (la théologie de la Libération développée par Leonardo Boff et Gustavo Gutierrez fait aussi la part belle à l’écologie), qui s’impose d’ores et déjà comme l’un des principaux legs de François à l’enseignement de l’Église, n’est pas aussi nettement formulé sous la plume de Bartholomeos. Mais leur pensée converge en profondeur. « Pour ces deux hommes, les pauvres ne sont pas qu’une figure puisqu’ils ont vécu au milieu d’eux », insiste Jean-François Colosimo.

Dans sa préface à une biographie traduite en français du patriarche œcuménique, François ne fait pas mystère de ce que lui doit sa pensée écologique. Comme une reconnaissance de l’élève envers son maître (1).
Samuel Lieven

(1) Bartholomée, apôtre et visionnaire, par John Chryssavgis, Cerf, 300 p., 25 €.

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