Le métropolite Hilarion, président du DREE du patriarcat de Moscou, estime que c’est la décision prise par l’empereur Nicolas II de faire participer la Russie à la Première guerre mondiale a permis au régime bolchevique de s’instaurer et de mener des campagnes de répressions massives. Monseigneur Hilarion est intervenu au Conservatoire de Moscou après un concert commémoratif du centenaire du début de la première guerre mondiale.

« Cette guerre a entraîné des conséquences à long terme pour les pays qui ont été impliqués dans le conflit. N’eût-été cette guerre le III Reich n’aurait jamais existé, national-socialisme, camps de concentration, chambres à gaz… La Russie n’aurait pas cédé aux bolcheviks, n’aurait pas eu à souffrir de la famine de la collectivisation de son agriculture, de l’extermination des cosaques et de plusieurs décennies de répressions…

Les historiens débattent toujours pour savoir qui sont les vainqueurs et qui sont les vaincus de la guerre de 1914-1918.

D’un point de vue purement formel la guerre a été perdue par l’Allemagne et ses alliés. Mais peut-on dire que la Russie en est sortie triomphatrice ? Ce n’est qu’au début des combats, en 1914, que la chance semblait sourire à la Russie. Mais les trois années qui suivirent ont tellement épuisé les forces et les ressources du pays que l’empire est tombé et que les bolcheviks, non sans l’aide de l’Allemagne, ont pu s’emparer du pouvoir sans coup férir ».

Monsieur Vygaudas Ušackas, représentant de l’Union Européenne en Russie, a rappelé dans son allocution que « la vie humaine est sacrée et que sa valeur est bien plus grande que n’importe quelles ambitions géopolitiques.

Notre responsabilité commune consiste à faire de sorte que de telles tragédies ne se répètent plus jamais. L’harmonie des musiciens, des solistes et des chorales que nous venons d’entendre, et je tiens à les en remercier, est un symbole de l’entente et de la paix qui doivent régner dans les relations entre nos pays et nos peuples ».

Interfax religion et Traduction "PO"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Décembre 2014 à 14:24 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 12/12/2014 11:15
C'est l'understatement du siècle...

Vladimir Volkoff a pas mal écrit sur ce qui se serait passé si cette guerre, qui a détruit un ordre ancien pas parfait mais plutôt positif, n'avait pas eu lieu.

Pour l'Armée Russe, il ne faut pas être trop négatif. Des officiers généraux hétérogènes, des génies mais aussi des nullités et un gros passage à vide pour l'intendance au cours de l'automne et de l'hiver 1914-1915 sont réels, mais elle s'st battue sur deux fronts, contre trois armées et a été clairement victorieuse d deux. Et a su tenir plus qu'honorablement face à la troisième (victoire de Dvinsk, succès de Koltchak en Mer Noire, entre autres...)

2.Posté par Hai Lin (林海), Harbin, Mandchourie, RPC le 12/12/2014 12:59
Tchetnik,

You may wish to read Barbara Tuchman's The Guns of August. Or perhaps The March of Folly.

H.L.

3.Posté par Clovis le 14/12/2014 12:38
Premier point les alliances contre nature, la France laïcarde (que dis-je antic-cléricale) et de républicaine, l'angleterre (ce qui se passe de commentaires) avec la Russie autocratique, orthodoxe, de droit divin, face à la triplice...

Au sujet de la guerre, la Russie aura certainement fait preuve d'une grande naïveté face aux allemands, les lettres de Nicky à Willy le montrent, l'Allemagne n'avait aucune raison valable (à moins de rechercher l'escalade à tout prix) de se mobiliser sur la question Serbe qui concernait, l'Autriche, la Serbie, (qui s'est montré conciliante), et la Russie son alliée. Mais, la Russie a agit ainsi pour son frère orthodoxe, ce qui est louable, avant de songer cependant que politiquement remettre en cause un empire comme celui d'Autriche-Hongrie (qui était quand même soft), revenait incidemment à ouvrir une brèche dans son propre empire.

Mais la plus grande erreur selon moi (car elle constitue un retournement dans le conflit), et selon beaucoup d'observateurs aura été pour Nicolas II de prendre la tête de l'armée et d'aller à la Stavka de Moghilev, ce faisant il ôta le commandement à Nikolaï Nikalaïevitch, qui jouissait pourtant d'une certaine aura auprès des soldats, et qui fit très bien son boulot dans l'armée du Caucase, prouvant sa valeur dans le commandement. Mais surtout il laissa de fait le "champ libre" à l'impératrice quand même sérieusement sous influence du triste Raspoutine (nommant des ministres incapables, pro-germaniques voire syphilitique Dobrovolski etc...) ce qui atteignit gravement le prestige impérial. Cet éloignement de surcroît aura été très problématique pour gérer la crise, le tsar batioushka qu'il était ou rêvait d'être, se devait d'être auprès de son peuple, et certainement à l'arrière l'organisation aurait été moins désordonnée.

Mais par dessus tout, en dépit de ces erreurs, somme toute pardonnables, la situation aura été très sérieusement envenimée par la "cinquième colonne", les problèmes de ravitaillement son difficilement explicables autrement. D'ailleurs après février, les choses vont s'accélérer avec le fumeux (fameux ?) prikaz °1 rendant tout commandement ingérable, le propagande bolchevique défaitiste au front avec la pravda des tranchées, et dans les usines, grèves générales etc... Avec l'or des allemands, finissant d'achever la Sainte Russie.

Un empire comme celui-là qui finit en rase campagne dans un wagon, parce que le train a été détourné supplié par son état major par deux émissaires de seconde zone, est tout simplement déroutant.

Pas un ne s'est levé pour défendre le tsar, et l'église a elle-aussi vu midi à sa porte et cessant de prier pour la famille impériale dès février, elle en profita légitimement pour réunir un concile, celui-ci ayant pu néanmoins élire à temps un Saint homme pour limiter les dégâts (et renforcer l'Eglise par son indépendance) face aux bolchos qui arrivaient quelques mois plus tard, ayant pour cause ce que l'on a encore du mal à appréhender.

4.Posté par Tchetnik le 14/12/2014 13:09
L'influence de Raspoutine est grandement noircie et exagérée.

La correspondance du Tsar montre qu'il n'écoutait pas forcément aveuglément ses conseils (ce qui est parfois dommage du reste). Raspoutine, sans avoir été un saint, n'a certainement pas été l'"éminence Grise" habituellement décrite, chez Troyat et autres.

Nicolas II qui a tenté de freiner des 4 fers la guerre a mobilisé parce qu'il pensait que, compte tenu d ses alliances avec la France, c'était son devoir de le faire. En revanche, il est vrai que son éloignement de la capitale a affecté sa vision de l'ensemble des évènements de l'Empire (évènements graves mais qui pouvaient encore être gérés sans trop de mal) et l'ont fait accepter les mensonges des conjurés de Pskov.

Mais la situation militaire de l'Armée Russe, sans être brillante, n'était pas plus mauvaise que celle de l'Armée Italienne après Caporetto ou de l'Armée Française dont le territoire était aussi envahi. La contre-offensive Broussilov a même contribué à sauver Verdun...

Les Russes furent victorieux des Turcs dans le Caucase 9ce qui leur permit de sauver 300 000 Arméniens du reste) et des Autrichiens. Avec une tenue plus qu'honorable ensuite face aux Allemand qui n'avaient pas la partie facile.

Cependant, les passages à vide de 1915 dans l'intendance, les officiers généraux parfois brillants, parfois pas et le manque d'artillerie lourde (le M-1902 de 76.2) était un excellent canon de campagne mais il manquait des calibres plus lourds) ont, au début, fortement pesé.

5.Posté par Clovis le 14/12/2014 15:26
Je conviens que la légende noire de Raspoutine mérite des bémols, mais les nombreux courriers insistants de l'impératrice à son impérial époux évoquant "notre ami" sont tout de même assez révélateur d'une volonté d'influer sur les choix du tsar par le biais de son épouse.
Raspoutine était tout de même germanophile, sans doute avait-il ses raisons mais en temps de guerre, l'intelligence avec l'ennemi plane toujours, et que cette tâche est retombée sur la famille impériale, et sur Alexandra, "allemande" malgré elle.
P. Pascal notamment (c'est celui qui e revient en tête) et d'autres évoquent l'instabilité ministérielle durant l'absence de Nicolas II, due en grande partie par Raspoutine, Sazonov, Dobrovolski Galitzine et d'autres... Il y a quand même des faits qui parlent, même si la personnalité du tsar est bien plus complexe comme le relève Carrère d'Encausse. Beaucoup ont comme pour Louis XVI en faire un fade hésitant et indécis, ce qui n'était pas le cas, mais nul n'est parfait et à l’abri de commettre une erreur, d'autant plus sans avoir toutes les cartes en mains. Comme pour Pskov.
Enfin, pour que l'enterrement de Raspoutine ait été fait plus secrètement que discrètement en dit long sur la popularité de Grishka, dont les assassins ont été tout de même "bénis" par Sainte Elisabeth.
Si on ne peut lui faire porter le chapeau sur tout, sa personnalité interlope et son comportement (débauché voir les mémoires d'un dirigeant de l'Okhrana) ont irrémédiablement nui au prestige et au respect de la famille impériale. Assurément sa mort aura précipité la chute du tsar.


Je conçois que Nicolas ait mobilisé, c'était naturel, je parle surtout de ses lettres à Guillaume lui en expliquant les raisons et l'invitant à raison garder, à faire preuve de compréhension. Ce qu'il ne fit point, l'Allemagne ne pouvait tolérer que la Russie ne la dépasse.

En effet, le front était stable jusqu'en mars 1917, et Nicolacha a été brillant dans le Caucase, comme je l'écrivais, il avait en outre grandement aidé la France durant la première bataille de la Marne. Dommage qu'il ait été éloigné du commandement suprême (cf : l'inimité entre Raspoutine et Nikolaîevitch via Alexandra). Sans la révolution, la Russie venait à bout de la Turquie, tout en maintenant une pression sévère sur l’Allemagne qui avait quand même envoyé Hindenburg sur le front est, pas le dernier blaireau, preuve que le Reich redoutait le "rouleau compresseur" russcoff.
Mais avec des "si"...

6.Posté par Tchetnik le 14/12/2014 17:05

Même "débauché" reste sujet à caution.

Raspoutine n'était sûrement pas un Templier, c'est certain. mais bien des ragots journalistiques en ont ajouté sur la question.

Il est vrai que Raspoutine était bien vu par la famille Impérial et entretenait avec elle d'excellentes relations, d'où le "notre ami". Il est vrai que l'Impératrice, malgré ses qualités réelles, était parfois un peu trop enthousiaste à son endroit, sur ses conseils. le fait qu'il ait soulagé le tsarévitch d son hémophilie, sans toutefois le guérir y st sans doute pour beaucoup.

Cependant, les réponses de l'Empereur à l'Impératrice montrent que l'appréciation du tsar sur ces conseils, pas forcément négative, restait nuancée. De nombreuses lettres montrent que Nicolas II n'a pas forcément suivi les conseils en question.

Loin de le suivre aveuglément, le Tsar s’opposait souvent à ses conseils comme sa correspondance avec la Tsarine Alexandra le montre et le faisait surveiller par la Sécurité. La quelle a établi, entre autres, que Raspoutine ne pouvait être présent là où on prétendait l’avoir vu en train de bambocher. Le Tsar avait chargé personnellement le général Adrianov, gouverneur de Pervoprstolny de le surveiller, suite à l’un de ces fameux articles de journaux (journaux qui, déjà à l’époque étaient tenus par de oligarques, Banksters et officines philosophiques, comme le fameux Alexandre Goutchkov), et les services du général ont établi que Grigory Raspoutine ne pouvait s’être trouvé à Zlatoglavni ce jour-là.

La plupart des appréciations qui demeurent à son sujet ne relèvent pas de la recherche sourcée et documentée, mais des ragots et calomnies journalistiques, facilement démontables par ailleurs (certains étaient biologiquement fausses du reste, comme celles concernant Anna Vyroubova).

Il existe de nombreuses lettres et journaux intimes de Raspoutine qui montrent que non seulement le personnage était déjà loin d'être illettré, mais que de plus, sa foi religieuse était sincère et son mode d vie plus policé qu'on ne le dit.

Sur Raspoutine, on peut lire, outre c qui en est dit dans la biographie de NICOLAS II d'ALEXANDRE BOKHANOV (Russkoye Slovo?), l'opuscule d'un historien de valeur variable, hétérogène, très documenté, sourcé, quand il parle de la Russie, très stéréotypé quand il parle de l'Occident, qui est "VIE POUR LE TSAR" d'OLEG PLATONOV.

7.Posté par Clovis le 14/12/2014 19:55
Il ne s'agit pas d'en faire un diable, mais quand même pas un saint (je ne dis,ni ne pense pas que c'est ce que vous faites, rassurez vous)
D'accord pour les journaux qui étaient et sont toujours enclins à la calomnie, cependant au sujet de Raspoutine il n'y a pas de fumée sans feu. Pour la calomnie, on pourrait aussi citer le trouble Iliodore, d'abord proche puis ennemi juré de Raspoutine.
Ecarté du tsar une première fois, introduit à la cour par une personnalité aussi interlope que Militza, le cocktail est assez inflammable. Si à l'époque le spiritisme et le mysticisme étaient assez en vogue, la famille impériale s'était premièrement approchée du dénommé Papus, de Maître Philippe, du médecin Badmaev etc...
En outre, était-ce dans le caractère de l'impératrice, mais ses lettres parfois pathétiques étaient très insistantes, était-ce devant le silence de Nicolas II ? Ou l'insistance du "moine" qui réussit à faire nommer le syphilitique Protopopov...

Si je puis douter de la véracité concernant son appartenance à la secte des khlytsiy (dont vous me pardonnerez éventuellement l'orthographe), sans doute sa légende noire aura été fantasmée (et c'est la cas de le dire), mais il n'en demeure que sa présence à la cour et dans le proche entourage de la famille impériale aura été délétère et même fatal.
Même Mgr Théophane l'aura rejeté, et aussi S. P. Belestky, chef de l'Okhrana, ce proche de Raspoutine ne s'est pas fait prier pour raconter les exploits de Grishkas, sans doute a-t-il grossi le trait, mais les accusations contre un innocent ne tiennent pas aussi longtemps.
Un réel homme de Dieu n'aurait sans nul doute pas eu les mêmes résultats et la même réputation, et surtout aussi longtemps.
Et enfin s'il avait été un tant soit peu honnête, il aurait tout fait pour éviter de mêler la famille impériale et surtout la pauvre impératrice calomniée du fait de son comportement.

Merci pour les références.

8.Posté par Tchetnik le 15/12/2014 09:20
Il est vrai qu'Élisabeth était profondément hostile à Raspoutine, mais quand on voit qui sont les assassins de Raspoutine (homosexuels notoires, francmacs, corrompus...) on se dit que Raspoutine était encore préférable...:)

Les personnages douteux qui grenouillaient autour de la Cour ne manquaient pas en effet.

Et si Raspoutine a su être lucide sur bien des choses, certains de ses choix d'hommes n'ont pas toujours été les bons, on est bien d'accord. Cependant, il n'a jamais été moine...

Mais sur les accusations dont il a fait l'objet, aucunes n'ont jamais été prouvées et l'instrument de manipulation qui s'appelle la rumeur tient très bien même (et surtout) quand les gens visés n'ont rien à voir avec. Marie Antoinette et l'affaire du Collier en est un bel exemple. Et outre ses propres écrits, il existe bien ds témoignages, comme celui de l’Archimandrite Théophane (quand même pas un incompétent ni un naif), celui du prêtre de son village et de nombreux villageois, font état d’une personne à la fois bien plus simple et plus complexe que l’image « petersbourgeoise » donnée intentionnellement.

On a prêté à Raspoutine avec grande insistance dans les média de l'époque une liaison avec un peu tout le monde mais notamment avec Anna Vyroubova, camériste de l'Impératrice. Or cette affirmation a été irréfutablement prouvée comme fausse. Vu que le reste n'est confirmé par aucune preuve, on peut logiquement penser que cela relève de la même intention. Les affirmations du journaliste Manassévitch-Manouilov (pas besoin d’en dire plus…) selon lesquelles Raspoutine aurait passé une nuit avec sept femmes dans un sauna apparaitrait comme ridicule et se serait contenté de susciter un amusement incrédule si ce n’était cette atmosphère à la fois hyper ésotérique et hyper érotique qui planait sur la société bourgeoise et noble décadente de l’époque, atmosphère que vous avez bien soulignée. Mais ce ragot est aussi peu prouvé que les autres. Au contraire, quand la Sécurité a réellement commencé à filocher Raspoutine, ils s sont apercu qu’il n pouvait pas être dans deux endroits à la fois…

Raspoutine a été introduit à la cour par certaines personnes sincères (Mgr Serge, recteur de l’Académie Théologique de SPB, archimandrite Théophane, confesseur de la famille Impériale…), d’autres plus douteuse comme Milica (mais cette catégorie n’est pas unique) et d'autres qui souhaitaient lui faire jouer un rôle qu'en définitive il n'a pas joué. A savoir montrer qu’un Tsar capable d’obéir à un personnage aussi « grossier » ne méritait plus sa position. En cela, bien des « cousins » (Kirill, entre autres) ont joué dans ce poker un rôle très néfaste, de par leur jalousie, leur ambition. Ils ont largement contribué à entretenir cette atmosphère de potins quand il ne l’ont pas suscitée. Comme en 1789, une partie de la haute noblesse a marché main dans la main avec les franc-macons et les hommes d’argent pour se tailler un régime politique à leur convenance.

Ajoutons à cela que la personnalité bienveillante du Tsar et de la tsarine, leurs gestes simples, leurs attitudes à la fois familières et nobles, les poussaient à établir des relations amicales avec des gens de classe sociale bien plus modestes (mais dans le cas de Raspoutine, ces relations ont quand même mis du temps à démarrer), Raspoutine et Anna Vyroubova faisant partie de ces quelques happy few qui bénéficiaient de cette proximité. Et bien des gens de la haute noblesse étaient outrés par ces relations. A leur ambition dévorante s’ajoutaient jalousie et préjugés de classe…que l’on retrouve d’ailleurs en France dans cette immigration « Russe » qui se la joue tant « ancienne culture »…

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