LA CROIX: Victor Loupan et Basile de Tiesenhausen " Grandeur et misères de l’orthodoxie russe en France"
Cet article a été aimablement mis à la disposition de P.O. par ses auteurs V. Loupan et B. de Tiesenhausen

L’église orthodoxe « russe » de la rue Daru fête ce mois-ci ses 150 ans. Si elle retrouve la paix et la sérénité, l’orthodoxie a sûrement un grand avenir, en France et en Europe.

En ce début du mois de septembre, « l’église russe » de la rue Daru, comme l’appellent les Parisiens, fête ses 150 ans. Dans la seconde moitié du XIX siècle, la Russie impériale bâtit des églises orthodoxes partout dans le monde. Des édifices religieux furent ainsi construits à Paris, Florence, Nice, Cannes, Biarritz, Copenhague, Berlin, Menton, San Remo. Certains sont des chefs-d’œuvre. Au même moment, des lieux de culte catholiques et protestants ouvraient leurs portes à Moscou, Saint-Pétersbourg, Odessa.

La présence russe en Europe n’avait au départ rien de massif. Les millions de réfugiés déferleront après la victoire des bolcheviks. Proportionnellement, l’exode touche l’Église plus encore que la société civile. Seuls quatre évêques demeurent en Russie soviétique au début des années 1920 ! Parmi eux, le patriarche Tikhon canonisé depuis. Avant de mourir, ce dernier « charge » le SaintSynode de sauvegarder l’Église russe… en exil ! C’est ainsi que naît l’Église orthodoxe russe hors-frontières – monarchiste et traditionnelle. L’Archevêché parisien de la rue Daru en est une émanation plus libérale.

Dans les années 1930, le métropolite Euloge (Guéorgievski), dirigeant historique de l’Archevêché, le place sous l’omophore du patriarche de Constantinople. Il s’agit d’une solution provisoire. L’Union soviétique ne durera pas, pense-t-il comme beaucoup. Elle durera. Alors qu’en Russie soviétique règne une terreur antichrétienne sans équivalent, l’orthodoxie russe resplendit à Paris, Berlin, Jordanville. Conscients de leur responsabilité historique, les émigrés gardent précieusement le trésor qui leur a été confié. Ils resteront fidèles à cette mission jusqu’à la chute du communisme.

En 1991, l’URSS cesse enfin d’exister. Après un processus long et complexe, l’Église hors-frontières se rattache à Moscou. Pour apprécier l’importance de ce geste historique, il faut se souvenir qu’elle était allée jusqu’à nier la canonicité du Patriarcat de Moscou, « soumis à la volonté des communistes » ! Après cette union qui eut lieu en 2007, seul l’Archevêché de la rue Daru reste dans sa posture « antisoviétique », sous prétexte qu’une « histoire particulière » en fait la matrice d’une « Église » au destin propre. Il fait même preuve d’une crispation croissante à l’égard de l’Église russe, alors que l’archevêque Serge (Konovaloff ), décédé en 2003, avait placé l’Archevêché dans la perspective d’un rapprochement avec le Patriarcat de Moscou ! Ce décès et le changement d’orientation qui en a découlé ont généré un malaise qui ne cesse de s’approfondir. Pour en apprécier la nature, il faut se souvenir que lors de sa visite historique en France, le patriarche Alexis II fut magnifiquement accueilli à la cathédrale catholique NotreDame de Paris, mais traité en persona non grata à la cathédrale orthodoxe russe de la rue Daru, dont il n’a pu franchir le seuil !

Un mur d’incompréhension se dresse désormais entre ceux d’entre nous qui trouvent naturel un retour dans le sein d’une Église-mère qui a recouvré sa liberté et ceux qui pensent le contraire. Il traverse la plupart des paroisses et des institutions de l’Archevêché.

En sus des divisions internes, nous sommes entrés dans une période d’affrontements inter-orthodoxes sans précédent. Les hostilités ont démarré par un procès inattendu entre l’Archevêché et l’Église russe, autour de la paroisse de Biarritz. Il fut gagné par l’Archevêché. À Londres, c’est au contraire Moscou qui a gagné un procès concernant plusieurs édifices. Partie d’une histoire de bail emphytéotique échu, la bataille autour de l’église SaintNicolas de Nice s’est transformée en une affligeante guerre médiatique. Remportés par Moscou, les procès en première instance et en appel ont été accompagnés d’une rhétorique aux relents anachroniques de guerre froide. En Belgique aussi, un procès est en cours, à Liège. On en ignore encore l’issue.

C’est donc sur ce fond de crise sans précédent que notre cathédrale célèbre son cent cinquantième anniversaire. Crise paradoxale, car jamais il n’y eut autant d’orthodoxes pratiquants en Europe occidentale. Nous le disons sans ambages : les problèmes fonciers et les divisions internes sont des séquelles absurdes de la révolution bolchevique. Le magnifique héritage spirituel de ceux qui nous ont précédés, et qui nous a unis pendant des décennies, sert aujourd’hui à nous diviser. Sans vraies raisons. Nous qui écrivons ces lignes, représentons deux vagues distinctes de l’émigration russe. Citoyens français et orthodoxes russes, nous pensons que l’orthodoxie a un grand avenir, en France et en Europe. À condition qu’elle retrouve la paix et la sérénité.
"Un mur d’incompréhension se dresse entre ceux qui trouvent naturel un retour dans le sein d’une Église-mère qui a recouvré sa liberté et ceux qui pensent le contraire."

Victor Loupan Membre élu du conseil paroissial de la cathédrale orthodoxe russe Saint-AlexandreNevsky (Paris), président des Éditions de l’Œuvre
BasiLe de Tiesenhausen Ancien membre du conseil paroissial de la cathédrale orthodoxe russe Saint-AlexandreNevsky, ancien secrétaire de l’Archevêché des églises orthodoxes russes d’Europe occidentale et de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF), officier de la Légion d’honneur.

"La CROIX" le 12 Septembre 2011
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PO Le 11 septembre 2011, 150ème Anniversaire de la Cathédrale Saint Alexandre Nevski à Paris

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 12 Septembre 2011 à 12:55 | 42 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 12/09/2011 13:47
Il est probable que ces querelles absurdes ne changeront pas la vision que les hommes de bonne volonté ont du Christianisme orthodoxe. Son héritage et ses fruits spirituels ne dépendent pas de querelles humaines qui ont hélas toujours existé. Lesquelles querelles n'empêchent pas l,existence d,hommes fidèles et justes dans toutes les juridictions. Ces hommes, qui n'ont pas en général pour vocation de se mettre en plein soleil, seront tout de même aussi remarqués et appréciés.

Cette réthorique de guerre froide anachronique (partagée aussi par certaines composantes séparatistes de l'EORHF comme Lesna) est d,autant plus étonnante que l'archévêché de Daru n'a jamais particulièrement défendu le souvenir de la Russie Impériale, de son héritage, de ses institutions, qu'il a toujours présenté comme oppresseur et archaique. Seule la Russie de Février 1917, qui n'est franchement pas la plus légitime ni la plus brillante, semble trouver grace à leurs yeux. Pourtant, spirituellement parlant, cette Russie là est aussi peu Chrétienne que celle d'Octobre.


2.Posté par Laurence Guillon le 12/09/2011 19:16
Ces querelles sont consternantes. On se demande où se placent ceux qui poursuivent aujourd'hui cette guerre contre l'Eglise russe. Ils donnent l'impression d'un rameau tombé de l'arbre.

3.Posté par vladimir le 14/09/2011 11:17
Je partage l'analyse des auteurs, "Citoyens français et orthodoxes russes, nous pensons que l’orthodoxie a un grand avenir, en France et en Europe", et il est important de souligner, comme les montrent les différents commentaires de ce blog, que c'est là le fait non seulement des représentants des différentes vagues de l'émigration, mais aussi des Orthodoxes Français d'origine et des Russes établis provisoirement en France. Et le point commun entre nous c'est la nécessité de retrouver un dialogue fraternel avec l'Eglise-mère, et de le rechercher en toutes circonstances…

Toutefois je suis gêné par certaines imprécisions historiques de ce texte:

- "Proportionnellement, l’exode touche l’Église plus encore que la société civile. Seuls quatre évêques demeurent en Russie soviétique au début des années 1920" est juste, mais fait penser que tous les autres ont émigrés, ce qui est évidement faux: seule une forte minorité a émigré et le Synode Hors Frontières comptait en 1921 30 évêques (1), soit un tiers de l'épiscopat russe. C'est en 1927 qu'il n'y eut plus en Russie que 4 évêques en liberté, et c'est là que le métropolite Serge, locus tenens du trône patriarcal, promulgua la fameuse déclaration d'allégeance au pouvoir soviétique(2). Plus de soixante évêques avaient alors été emprisonnés et éliminés par les bolchéviques et, à la fin des années 20, il y avait effectivement plus d'évêques russes en dehors des frontières qu'en URSS ce qui justifiait la prétention de Synode Hors Frontière, devenu EORHF (Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières) à représenter la véritable continuité de l'Eglise russe, allant jusqu'à nier la canonicité du patriarche de Moscou.

- Le passage de Daru à Constantinople est aussi très elliptique. Mgr Euloge a été nommé à la tête des paroisses d'Europe occidentale directement par décret du saint patriarche Tikhon (3), sans référence à la "Direction provisoire des églises russes à l’étranger", qui devait donner naissance au Synode Hors Frontières en novembre 1921. "La Direction provisoire des églises russes à l’étranger" avait d'ailleurs précédé le décret du patriarche et Mgr Euloge participa au Synode Hors Frontières jusqu'en 1926-27(4); quand le Synode Hors Frontières rompit avec le patriarcat de Moscou, les diocèses de MMgr Euloge (Europe occidentale) et Platon (Amériques) restèrent dans la juridiction de l'Eglise russe (5), et ce n'est qu'en 1931 que Mgr Euloge se place sous l’omophore du patriarche de Constantinople à titre provisoire (6).

- Le clivage politique est aussi simpliste: si l'Eglise Hors Frontière a clairement revendiqué une orientation politique en faveur de la monarchie, Daru a toujours refusé toute allégeance politique; cette position clairement affirmée par Mgr Euloge correspond pour moi à une vison plus seine du rôle de l'Eglise, mais suffit à certains pour classer Daru à gauche…


Source:
(1) http://drevo-info.ru/articles/10518.html
(2) http://orthodoxinfo.com/ecumenism/cat_tal.aspx
(3) Décret № 424 du 8 avril 1921
(4) http://www.exarchat.org/spip.php?article89
(5) http://www.russianorthodoxchurch.ws/synod/enghistory/enhis_rocornafanail.html
(6) http://www.exarchat.org/spip.php?article857

4.Posté par Parlons d'orthodoxie le 14/09/2011 18:15
Le dernier numéro de l'hebdomadaire "La Pensée Russe" ( 9-15 septembre 2011) publie plusieurs articles très intéressants:

"Émigration et diaspora" de Victor Loupan,
"Acceptez nous tels que nous sommes" de Nicolas Ross
"La Russie fait valoir ses droits, cathédrale Saint Nicolas, Nice" (cet article contient de nombreuses références à l'OLTR)



5.Posté par Marie Genko le 14/09/2011 19:18
Cher Vladimir,

Je ne vous suis pas.
L'Orthodoxie n'aura pas d'avenir en France tant que les Orthodoxes se feront des procès, au lieu de donner l'exemple de la Sainteté!!
Et hélas, trois fois hélas, il n'y a aucune raison que cet ordre de choses cesse!
Il a au contraire toutes les raisons pour qu'il perdure, puisque l'Archevêché semble ignorer que l'église de Russie rescussitée est le successeur légitime du Saint patriarche Tikhon.

Tous les fidèles de la diaspora orthodoxe sur le sol de France sont restés fidèles à leurs identités patriarcales respectives et ils sont retournés vers leurs Eglises mères.
Seul l'archevêché ne veut pas s'engager sur ce chemin!
Cela n'aurait pas d'importance, puisque nous sommes tous Orthodoxe, si cette situation fausse ne générait pas tous ces conflits!
Cela n'aurait pas d'importance si cela n'empêchait pas les fidèles de se recueillir et de prier d'un coeur léger!

Puisse le Seigneur nous pardonner d'être un tel exemple de discorde!

Pour ce qui est des colorations politiques des juridictions russes elle a beaucoup évolué, et il est impossible de classer aujourd'hui les uns comme monarchistes et les autres comme libéraux plutôt de gauche, alors que cela était certainement exact dans les années 1920.

6.Posté par A-Marie Gueit le 15/09/2011 18:34
150ème Anniversaire de la consécration de la cathédrale Saint Alexandre Nevsky
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Lundi, 12 septembre (30 août selon l’ancien calendrier) la cathédrale Saint Alexandre Nevsky a célébré le 150ème anniversaire de sa consécration. La Sainte Liturgie était présidée par Son Eminence, le Métropolite Chrysostome de Myra, chef de la délégation qui représentait Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée 1er. Elle était concélébré par Son Éminence l’Archevêque Gabriel de Comane, et leurs Excellences les évêques, Mgr Michel (Diocèse de Genève et d’Europe Occidentale - Église orthodoxe russe à l’étranger), Mgr Athenagoras de Sinope (évêque auxiliaire de l’Archevêché Orthodoxe de Belgique, Patriarcat Œcuménique), Mgr Irénée (Église orthodoxe en Amérique, Montréal - Québec), Mgr Ignatios (Évêque diocésain titulaire de l’Archevêché Antiochien Orthodoxe d’Europe) ainsi que de nombreux prêtres et diacres de l’Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale.
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Étaient également présents au sanctuaire, Son Éminence le métropolite Emmanuel (Métropole grecque du Patriarcat Œcuménique en France), Son Éminence le métropolite Joseph (Métropole orthodoxe roumaine d’Europe Occidentale), Son Excellence l’évêque Marc (évêque auxiliaire, Métropole Orthodoxe roumaine d’Europe Occidentale) et Son Excellence Mgr Luka (diocèse de France et d’Europe Occidentale du Patriarcat de Serbie).
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Plusieurs invités de marque sont venus prendre part à cette liturgie commémorative aux côtés de nombreux fidèles. A la fin de la Divine Liturgie, l’Archevêque Gabriel de Comane a prononcé un discours à l’occasion de cette date jubilaire des 150 ans de la consécration de la cathédrale Saint Alexandre Nevsky. Le Message de Sa Sainteté Bartholomée 1er, patriarche Œcuménique de Constantinople, à l’occasion de cet événement ecclésial, a été lu par Son Éminence le métropolite Emmanuel.150ème Anniversaire de la consécration de la cathédrale Saint Alexandre Nevsky
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7.Posté par Constantin M. le 15/09/2011 22:24
150 ans de la cathédrale russe et aucun invité du patriarcat de Moscou ? Sur 10 évêques et archevêques 1 seul ( évêque Michel ) serait d' origine russe.
Chez nous, en Russie, les femmes des prêtres chantent dans le coeur et élèvent les enfants; rien d'autre ne leur ai permis.
Si ce message fait suite aux événements passé à Nice aujourd'hui- on a compris l'issue... Provocation ou amertume ?...

8.Posté par Marie Genko le 16/09/2011 09:40
Chère Matouchka Anne Marie,

Merci pour toutes ces précisions concernant la Liturgie du 12 septembre, elles sont vraiment les bienvenues.
Que le Seigneur vous ait en Sa Sainte garde.
Avec tout mon respect.

Marie

9.Posté par Marie Genko le 16/09/2011 18:36

Cher Constantin,

Permettez-moi, pour une fois, de ne pas être complètement d'accord avec vous!

Chaque pays a ses coutumes, et il est normal que ce qui se passe chez les uns semble étranger aux autres!

Vous nous donnez une image du rôle de la femme en Russie, qui ne me semble pas tout à fait exacte!

C'est justement parce que beaucoup de personnes en Occident pensent que les structures sociales et les usages sont nettement plus contraignants et pour les femmes et pour les hommes aussi, en Russie, que beaucoup d'Occidentaux, et certainement aussi des prêtres et leurs familles, ne veulent surtout pas tomber sous la coupe de l'Eglise de Russie!

Peut-être même craignent-ils d'être envoyés en Yakoutie???

D'après ce que vous venez d'écrire, la Russie peut dans l'imaginaire collectif passer pour un pays où l'homme seul est pris en considération !
Donc ce n'est pas exactement une image attractive pour les femmes de nos prêtres que vous donnez dans votre message N°7 !

Nous savons que beaucoup de femmes sont des intellectuelles de haute volée en Russie et nous avons pu lire sur ce blog des articles passionnants écrits par des journalistes femmes!

Enfin, je connais suffisamment de familles russes dans lesquelles règne un joyeux matriarcat, pour vous affirmer que votre message généralise beaucoup trop une image négative de la matouchka russe !

10.Posté par Constantin M. le 16/09/2011 19:36
Chére Marie, être une matouchka russe n'est pas une mince affaire et nos femmes, si fortes et indépendantes ne sont pas prêtes à se sacrifier si facilement pour ce rôle.
J'imagine mal une matouchka russe écrire sur un forum, prendre des positions(même s'il s'agit d'épauler son mari), amener les fidèles aux procès, leur envoyer les huissiers. La femme d'un prêtre russe est invisible, calme et bonne et aide son mari sur le terrain. Tous les fidèles les respectent beaucoup justement pour ces qualités d'humilité. Je ne comprend ni la méchanceté ni l'appât du gain dans une église-seul l'amour devrait diriger le cœur des personnes qui servent Dieu.

11.Posté par Marie Genko le 16/09/2011 21:33
Cher Constantin,

Je comprends que certaines choses vous choquent, mais ne devons-nous pas envers et contre tout pardonner?
Et surtout ne devons-nous pas nous garder de juger notre prochain!
L'heure de la réconciliation va venir, elle viendra probablement plus tôt que nous ne l'espérons, car le Seigneur est doux et miséricordieux!
Et nous devons nous tenir prêts à ouvrir nos bras à ceux qui nous ont offensés.
Avec toute mon amitié Marie

12.Posté par vladimir le 16/09/2011 21:46
Bien chère Marie,
Je réponds à votre 5: Je ne crois pas que l'Archevêché puisse être un obstacle au développement de l'Orthodoxie sur le long terme: nous sommes focalisés sur nos misérables querelles de Nice ou de Liège, mais cela ne représente rien pour l'Orthodoxie! Mgr Nestor parle (1) de "croissance inouïe" pour le diocèse de Chersonèse tout en précisant que "ce sont les diocèses de l’Eglise orthodoxe roumaine qui se développent le plus intensément en Europe occidentale"… et pendent ce temps Daru s'épuise en vains procès!

La réorganisation de l'Eglise russe en dehors de ses frontières canoniques, que prépare un groupe de travail de la Commission Interconciliaire, va certainement donner un nouvel élan à ses diocèses. J'imagine qu'il va être crée de grandes métropoles continentales autonomes, comme l'avait dernièrement suggéré Mgr Marc de Berlin en continuant la proposition faite par le patriarche Alexis II en 2003 (2), et que ces métropoles " serviront au moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale"(dito) et, j'ajoute, sur les autres continents. Ainsi va se créer une synergie qui démultipliera le dynamisme de toutes les Eglises, à commencer par celles qui sont déjà les plus puissantes: Russie et Roumanie.

Et Daru?
L'Archevêché a rempli une double mission grandiose: enraciner l'Orthodoxie en Occident et garder vivante et développer la pensée du renouveau théologique russe de la fin du XIXe – début XXe siècles (je me souviens de cet office patriarcal dans la cathédrale du Kremlin où Alexis II félicitait Mgr Serge pour ces réalisations!) Il avait bien entendu toute sa place dans la vision d'avenir de l'Eglise russe mais, ayant refusé de participer à ce grand projet, Daru reste sur le bas-côté et s'étiole… Très probablement l'Archevêché va éclater dans quelques années, comme le doyenné de Grande Bretagne, certaine paroisses étant absorbées par les métropoles grecques, d'autres rejoignant l'Eglise russe. On peut regretter que sa glorieuse histoire se termine ainsi piteusement, mais comme ses dirigeants actuels refusent de regarder la réalité en face ce destin me semble inéluctable.

Références:
(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-importante-interview-de-Mgr-Nestor-eveque-de-Chersonese-L-orthodoxie-en-Europe-Occidentale-passe-et-avenir_a1866.html
(2) http://oltr.france-orthodoxe.net/html/appelfr.html )

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LA-CROIX-Victor-Loupan-et-Basile-de-Tiesenhausen-Grandeur-et-miseres-de-l-orthodoxie-russe-en-France_a1880.html?com#com_2449690

13.Posté par Constantin M. le 16/09/2011 22:27
Nos mentalités diffèrent, Marie, et notre orthodoxie également. Chez nous, nous pardonnons à ceux qui l'expriment et regrettent sincèrement leurs actes. Nous jugeons et acceptons d'être jugés en retour. Tout ceci créé un dialogue qui manque cruellement chez vous; vous vous pardonnez par procuration et l'interlocuteur n'est ni entendu ni écouté. Pour ce qui est de l'amour;comme vous je les aurais tous aimé bien plus si j'étais très loin d'ici.

L'amour et le respect se gagnent;on ne les a pas d'office juste parce qu'on porte une soutane et une grosse croix sur la poitrine. Ces personnes ont tout fait et font encore pour se faire rejeter-ils veulent rester seuls à la cathédrale, se conduisent en maîtres, or, pour certains, même le logement ne leur appartient pas( l'ACOR se l'est approprié,mais c' est à la cathédrale).

14.Posté par Tchetnik le 17/09/2011 08:26
Si chaque Chrétien doit en effet être bienveillant et pret à accorder son pardon, encore faut-il qu'il y ait demande dans ce sens et repentir du côté qui le nécessite.

Le pardon n'est pas gratuit et nécessite repentir et changement de comportement en face. Ce qui n'ôte en rien le fait que chaque chrétien se doit d'être toujours bienveillant et ne jamais souhaiter de mal.

Après, il n'y a aucun jugement, simplement la constatation de la réalité des faits, et de leur décalage par rapport aux enseignements et usages de l'Église. Si une telle constatation devait être nommée "jugement", alors, les Prophètes, les Apôtres et les Pères eux-mêmes seraient en mauvaise posture.

Si le prêtre est, dans ses enseignements et comportements, Orthodoxe et honnête, on doit le respecter, même si ce qu'il dit ne plait pas toujours, Un prêtre est là pour dire la Vérité, pas forcément ce que les gens veulent entendre.

En revanche, si ses actes et dires commencent à différer des idéaux de l'Église et de ce qui est juste, alors, il doit en accepter les conséquences, parmi lesquelles figure la critique.


15.Posté par Constantin M. le 17/09/2011 11:08
Je suis d'accord avec vous, Tchetnik. J'ajouterai que les prêtres ont une plus grande responsabilité que les autre chrétiens et de ce fait ils doivent être irréprochables, ou du moins chercher cette perfection. Mais ils ne sont que des hommes, comme nous tous. Ils peuvent avoir succombé aux tentations, qu'importe s'ils sont capables de se relever en demandant pardon à ceux qu'ils auraient offensé ?
J'ai le souvenir d'un prêtre de campagne, qui cherchait les donations de toutes part. Dès qu'il a eu une somme il a entamé la restauration d'une ruine qui fut une église avant la révolution. Ses 2 fils adolescents l'aidaient. Très vite les hommes du village, puis des villages voisin ont rejoint ce chantier. Un ami m'a téléphoné et les hommes des villes venaient rejoindre ce chantier les jours de congé. Avant tout il y avait des prières,puis, dans la bonne humeur et la joie nous travaillions. Les femmes du village avec matouchka en tête nous cuisinaient et amenaient les repas. C'était une grande expérience dans notre vie à tous.
A Nice l'Acor se refuse d'ouvrir la cathédrale aux visiteurs gratuitement...

16.Posté par Daniel le 17/09/2011 11:26
Pour ma part, je suis hostile aux visites dans les églises qui sont faites avant tout pour se recueillir. Les visites permanentes et nombreuses rendent cela impossible; il suffit de voir à Notre Dame de Paris, un flot continuel de touriste odnt on entend les chaussures frotter sur le sol, qui murmurent mais le murmure de 100 personnes, c'est du bruit. Je ne parle des tenues inandaptées au lieu des hommes en short et les bras nus, idem pour les femmes non voilées de plus...

17.Posté par Tchetnik le 17/09/2011 11:58
Effectivement, ils se doivent de donner le meilleur exemple de fidélité, d'honnêteté, de foi, de bienveillance, parfois aussi de fermeté, pour résister aux desideratas de certains, qui se croient abilités à leur commander tout et n'importe quoi (surtout ce qui est contraire aux idéaux de l'Église...) en vertu du principe "qui paie commande la musique".

S'ils ont offensé réellement quelqu'un par injustice, arbitraire ou autre, ils doivent avoir la lucidité de s'en rendre compte et en tirer les conséquences. En revanche, s'ils ont froissé certains laics en ne faisant que leur devoir, en dispensant ce qu'ils devaient dispenser et en disant ce qu'ils devaient dire, il n'est pas bon qu'ils demandent pardon, alors qu'ils ne faisaient qu,exercer une autorité légitime pour imposer ce qui était conforme et juste. ce serait alors plutôt au laic "lésé" de comprendre que ses revendications n,étaient pas correctes.

Votre histoire de volontaires qui donnent tout ce qu'ils peuvent pour rebâtir les églises et les faire revivre, avec l'ensemble de leurs oeuvres, peut être répétée des centaines de fois. On ne compte plus ces volontaires qui, avec leurs grâces, leurs qualités, leurs défauts et leurs péchés, cherchent à rencontrer Dieu et à faire ainsi partager les fruits de cette rencontre. Le monastère de Saint Nicolas, à Ougriech, qui fut une vraie ruine, est aujourd'hui bien vivant et resplendissant grâce à ces hommes là, dont l'Histoire ne retient pas le nom, mais que Dieu connait.
Et quand des paroisses Russes vous reçoivent et vous invitent à partager leurs fêtes, elles ne font pas les choses à moitié ni du bout des lèvres. Et pourtant, les moyens de certaines sont des plus limités.


18.Posté par Constantin M. le 17/09/2011 12:20
@Daniel; je vous rejoint dans l'absolu, or une église doit être accessible à tous et tous les jours. Il se peut qu'un simple visiteur des lieux, venu pour admirer l'architecture soit touché par la grâce divine lors de sa visite. Il se peut qu'il voit un groupe de pèlerins se recueillir, un prêtre ou un moine pourra croiser son chemin et cette visite deviendra un tournant dans sa vie. L'église est là pour ça; pour sauver, ouvrir le chemin vers Dieu. Ceux qui ont déjà eu la lueur et veulent prier tranquillement devraient penser aux moins chanceux qui cherchent encore Dieu, souvent sans même le réaliser. Soyez patient, cher Daniel, avec ce flot qui sauvera peut-être un homme. Il en vaut la peine.

19.Posté par Mischa le 17/09/2011 12:30
@Tchetnik,Constantin,Daniel

У русских православных, которые обрели возможность в России, да и по всему Миру восстанавливать Церкви, удивительное старание. Они это делают с любовью и как говорится всем миром. Лучше всего об этом строительстве мог бы рассказать новый настоятель в Ницце отец Николай Озолин. Он ведь воскрешал храм в Кижах! Ему есть чем поделиться.
Представляю, какой шок для него состояние Собора в Ницце!

Я неплохо знаком с храмами в Париже ( на Оливье де Сер, РСХД, Сергиевское подворье и проч.) Много раз я наблюдал в каком ужасном состоянии их хозяйство! Стены, дворы, подсобные помещения, водопровод, електричество, крыши и подвалы - всё в запустении. И дело даже не в деньгах, а просто прихожане привыкли к этому и даже не хотят ничего делать.
Когда я увидел фотографии Собора в Ницце, то ужаснулся. Именно всё это я видел в Архиепископийных храмах. ( интересно как на Дарю? Неужели в храме одно, а в подсобных помещения тоже разруха?)

20.Posté par Anne Marie Gueit le 18/09/2011 05:45
@Constantin M (№ 10 )

Je tiens à rassurer Constantin : Je chante dans le chœur, je prépare les prosphores, je m'occupe du catéchisme et de diverses autres choses à la paroisse St Hermogene , dont p. Jean est le recteur depuis bientôt 30 ans.
J'ai travaillé comme enseignante et suis maintenant à la retraite. Je pense que cela est permis à une matouchka, comme il lui est permis de lire et d'écrire, y compris sur Internet.

21.Posté par Tchetnik le 18/09/2011 12:16
Matuschka Anne-Marie est parfaitement dans son rôle et sa légitimité, même si nos appréciations peuvent diverger. Une femme de prêtre joue un rôle substantiel dans la vie spirituelle d’une paroisse, entre autres par les tâches qu’elle a décrites. Elle fait et dit ce qu’elle estime être juste, même si on peut ne pas être d’accord sur tout, et elle en a parfaitement le droit. Ne confondons pas Christianisme Orthodoxe et islam.

Elle en a d’autant plus le droit que la position de Père Jean reste effectivement défendable sur certains aspects, en particulier quand il dit que ce n,est pas à une autorité civile d’imposer une juridiction ecclésiale. Cela est parfaitement juste.
On peut ensuite discuter de la réalité canonique de Daru et de la pertinence de son existence actuelle, de la réalité de sa gestion de ce lieu, mais l’argument concernant le fait qu’une autorité civile n’est pas habilitée à choisir quelle juridiction devra occuper une paroisse, fut-elle légitime propriétaire, reste parfaitement recevable.

Ce qui, à mon avis reste déplaisant, est la russophobie latente de certains membre de cette paroisse, russophobie qui puise ses sources et s’exprime dans et par un panel de stéréotypes aussi faux que désobligeants à l’égard d’une Russie actuelle et d’un Patriarcat de Moscou dont la réalité somme toute plus que positive reste très loin des âneries décrites par certains. Positions qui avaient suscité cette longue et inutile querelle juridique, non pas sur la juridiction en place, mais sur la propriété en titre. Ce qui reste bien dommage.




22.Posté par Constantin M. le 18/09/2011 14:45
Nul besoin de vous justifier, chers amis, ou de vous expliquer. J'ai bien dis que notre orthodoxie n'est pas la même-chez nous (en Russie) un prêtre est un prêtre 7 jours sur 7. C'est pareil pour les prêtres catholique en France, mais dans le patriarcat de Constantinople l'homme travaille durant la semaine ( docteur, avocat, professeur en droit etc.) et le week end il met sa soutane pour officier.

On m'a parlé de la paroisse saint Hermogene de Marseille- est -ce bien celle qui était aux Hors Frontières et le p. Jean l'aurait fait passer en douce sous l'homophore de Constantinople ? Les Hors Frontières ne l'ont pas encore réclamé ?

23.Posté par Tchetnik le 18/09/2011 15:55
Le problème est que, en occident, les éparhies n'ont pas forcément les moyens de rémunérer leurs prêtres qui, de ce fait, sont obligés de travailler pour vivre, ce qui n'est pas forcément confortables.

Cela ne les empêche pas de rester prêtre 24h sur 24, 7j sur 7 également et de ne pas prendre la prêtrise comme un hobby. En revanche, certains prêtres Grecs qui sont payés par l'État, eux ont une mentalité qui les rapproche pas mal du fonctionnaire lambda.

les prêtres qui travaillent n,en ont pas moins, foi, honneur et fidélité, pas moins de bons fruits à dispenser. Leur situation difficile devrait plus susciter le respect que la méfiance ou l'ironie. Ce d'autant plus que cela est le cas aussi dans le Patriarcat de Moscou à l'étranger et pas uniquement à Cple, avec des prêtres pourtant parfaitement fidèles et authentiques dans leur vie Chrétienne personnelle, comme dans l'enseignement qu,ils dispensent.

En revanche, les prêtres Grecs au Canada et USA ne travaillent pas, ils sont payés par leurs paroissiens. Avec tout le clientèlisme que cela suppose...Les Russes de L'EORHF sont en fait plus libres que ces prêtres là.


24.Posté par Mikael Lefaux le 18/09/2011 16:56
Cher Constantin!
On n'attaque pas la femme du prêtre... vos commentaires ou pseudo-dialogue avec matushka Gueit sont mal venus. Être la femme du prêtre en occident est aussi un très grand sacrifice personel! Je ne suis pas très tendre avec le p. Jean pour des raisons évidentes mais que son épouse le défende c'est touchant...soyez un gentleman montrer un peu de pudeur et retenue ou comme vous dite chez vous en Russie soyez un vrai ''moujik''!!!

25.Posté par Constantin M. le 18/09/2011 17:39
Quel est le sujet qui a fâché ? La paroisse saint Hermogene de Marseille ? Au nom de la pudeur il ne faut pas aborder le sujet ?

26.Posté par vladimir le 18/09/2011 19:44
Constantin a mis le doigt sur une vraie différence entre nos prêtres d'ici et ceux de Russie (et des autres pays où l'Eglise est une vraie institution?). Chez nous le sacerdoce est une vocation qui demande sacrifice et abnégation car ils doivent nourrir leur famille, rassembler leur paroisse et, souvent, la financer; une bonne idée est donnée par l'interview du père Michel de Castelbajac (lien). La Matushka est, évidement, logée à la même enseigne...

Pour les jeunes prêtres en Russie (ceux qui embrassent la prêtrise maintenant) il s'agit plutôt d'une profession à part entière; une profession spéciale, bien sur, mais qu'on peut aborder... professionnellement et qui, si on ne roule pas sur l'or, assure au moins la sécurité de l'emploi! Ainsi on voit sur les blogs orthodoxes des petites annonces du genre "séminariste souhaite rencontrer JF orthodoxe avec diplôme chef de chœur"... Et une fois ordonné, on pense aussi promotion... etc: j'ai ainsi connu un séminariste qui se demandait si le célibat n'était pas préférable en vue de devenir évêque... Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas d'excellents prêtres en Russie, mais les Russes ont visiblement du mal à comprendre comment nous pouvons fonctionner avec nos prêtres qui ne sont pas "professionnels": Constantin le montre bien, comme l'une de nos paroissiennes arrivée récemment de Russie qui parlait des "fonctionnaires de l'Eglise" à propos des prêtres de la rue Petel...

27.Posté par vladimir le 18/09/2011 19:50
Constantin слышал звон, да не знает где он.

Si vous arrêtiez de tout mélanger? Informez-vous sur les différentes paroisses russes de Marseille et faites nous un topo: PO le publiera avec plaisir et nous pourrons discuter en connaissance de cause au lieu de parler dans le vide et colporter des ragots.

28.Posté par Hiéromoine Nicolas le 19/09/2011 10:26
J'avais écrit à Constantin M. qu'il lui serait profitable de faire une pause, mais le post n'est pas passé. Passons donc.
J'apprécie et soutiens les réponses iréniques et fondées de Vladimir et Tchetnik. Il est cependant un point sur lequel je diverge de ce dernier. Tchetnik déclare : "... la position de Père Jean reste effectivement défendable sur certains aspects, en particulier quand il dit que ce n'est pas à une autorité civile d’imposer une juridiction ecclésiale." Si l'affirmation est incontestable, on peut cependant se demander si elle s'applique dans le cas qui nous occupe. La Fédération Russie tend-elle effectivement à imposer une juridiction ecclésiale plutôt qu'une autre ? Pour ma part, je ne le crois pas. L'Etat russe entrant en possession d'un bien a toute latitude d'en confier la jouissance à quelque association qu'il lui plaise. Il aurait pu le confier au grand Rabbinat de France, au Dalaï lama ou à l'université de Nice pour en faire des chambres d'étudiants. Il a choisi de confier son bien à une association particulière : le Patriarcat de Moscou. Il a choisi de confier son bien à une association, un point c'est tout.

Tout au plus peut-on penser qu'il a voulu que son bien soit géré par des orthodoxes et par des orthodoxes de Moscou puisque les orthodoxe occupants avaient jusque là refusé ses offres. Il n'a rien dit ni précisé en matière de juridiction (il ignore de quoi il s'agit). C'est désormais le patriarcat de Moscou qui a accepté le contrat proposé par la Fédération Russie qui se trouve dans une position délicate, puisque qu'il est à la fois une association de droit civil et une Eglise structurée, comme les autres, par le droit canonique auquel il doit conformer sa pratique. Imputer à la Fédération Russie l'intention d'imposer une juridiction me semble donc spécieux du fait que l'on ne tient pas compte de la double nature du Patriarcat de Moscou, à la fois association civile et Eglise orthodoxe.

Il est curieux qu'un certain nombre de maladresses et d'illogismes aient été commis dans cette affaire, et surtout qu'une feuille de route précise n'ait pas été élaborée après la décision des tribunaux. Pourquoi la Fédération Russie, propriétaire, n'a-t-elle pas d'abord délégué un fonctionnaire d'état pour prendre possession des locaux avec les clés et les documents qui leurs sont indissociables ? Pourquoi faire venir un archiprêtre avant que la question canonique ait été résolue ? Pourquoi cette rencontre de Mgr Gabriel et Mgr Nestor où, manifestement, aucun des deux interlocuteurs n'avait rien à négocier ? On ne saurait penser qu'à ce niveau de responsabilité, les têtes ne soient ni bien pleines ni bien faites. Alors ? Aurait-on opté, de part et d'autre pour la confrontation brutale et la politique du fait accompli ?

La distribution de tracts par l'ACOR lors de la journée du Patrimoine me semble relever de la même stratégie. Je la trouve parfaitement inopportune. D'une part parce que je considère que l'argumentation qui en constitue le fond est spécieuse, comme j'ai tenté de le montrer plus haut. D'autre part, parce j'estime que le procédé est indécent. Il me fait penser à des époux qui, au cours d'une scène de ménage, prennent les passants à témoins et requièrent qu'il prennent parti dans une querelle dont il n'ont rien à faire. Je trouve également cette distribution de tract désastreuse pour le témoignage orthodoxe : Les visiteurs athées y auront trouvé matière à se gausser des croyants, les visiteurs indifférents se seront fait une piètre idée d'une Orthodoxie censée les inviter par l'exemple de la charité à entrer dans la voie du salut, les catholiques seront renforcés dans leur opinion que l'Orthodoxie est très belle dans les livres, mais que, sur le terrain, il lui manque un pape pour maintenir l'ordre.
Pour finir, je regrette que l'ACOR n'ait pas respecté la consigne de discrétion et de modération de l'AEOF.

@ Anne-Marie Gueit.
Malgré nos évidentes différences d'appréciation de la situation, je tiens à vous dire mon respect et mon estime.

29.Posté par Tchetnik le 19/09/2011 12:25
Il était bon effectivement d'apporter ces précisions pour une meillleure compréhension de cette affaire et des rôles précis des différents protagonistes, lesquels peuvent nous échapper en partie, j'en conviens.

Cependant, d'un point de vue canonique, comme Hiéromoine Nicolas l'avait fort bien rappelé, une entente entre les deux juridictions serait plus conforme, d'un point de vue des idéaux évangéliques aussi.

Je regrette que l'ACOR ait en quelque sorte gâché ses chances (et en quelque sorte aliéné des sympathies) par sa politique de terre brûlée, d,obstruction systématique, politique fondée sur une vision excessive, outrancière et erronée de la Russie et du Patriarcat de Moscou.




30.Posté par Marie Genko le 19/09/2011 13:56

Cher Père Nicolas,

Bénissez-moi, mon Père.

Merci pour votre commentaire 28, il nous rassure puisqu'il nous montre que les descendants des exilés russes, nostalgiques de relations fraternelles avec leur Eglise mère, ne sont pas seuls à trouver la situation actuelle désastreuse pour le témoignage de notre Sainte Orthodoxie!

Il nous reste à espérer en vos prières et en l'infinie miséricorde du Seigneur pour nous éclairer tous.
Avec tout mon respect et ma reconnaissance.

Bien à vous dans le Christ

Marie

31.Posté par Potomok le 19/09/2011 15:17
Que pensez-vous, alors, mon Père, d'un site qui se réclame de Mgr Gabriel et de sa sainteté le patriarche Bartholomée (puisqu'il se place sous leur paternité spirituelle) et qui tente de défendre ses positions en suscitant des "pétitions" pour le soutien de la cause que ce site prétend défendre?

Je laisse ; de coté, l’aspect « soutien » par rapport à une procédure juridique. Heureusement nos tribunaux ne statuent pas sous l'influence de manifestation de rue ou de soutien mais sur la base de texte de Loi et de pièces juridiques. Sinon, un leader de parti, prétendant, un temps, à la charge suprême, pourrait facilement récolter plus de soutien qu'une femme de ménage immigrée qui aurait, dans le seul dessein de soulager ses démarches administratives, déformé quelques informations dans ses déclarations : le premier serait alors blanchi... quand bien même sa faute est finalement, par lui-même, reconnue.

Non, je me pose la question: L'ecclésiologie se décide-t-elle par le nombre de pétitions récoltées ou par des démarches plus conformes à la tradition de l'Eglise (Concile, Concertation, etc..) ? Quelle est votre appréciation de cette démarche et pourquoi ne vous étonnez-vous pas qu’il n’y ait pas été mis un terme depuis longtemps ? Le problème pour ceux qui sont choqués d’une telle démarche est qu’ils sont partagés entre l’impuissance dans la dénonciation d’une telle dérive et la tentation d’une jouissance machiavélique de voir ses opposants se compromettre dans une attitude aussi éloignée de tout l’enseignement de l’Evangile.

Alors, pour seule consolation, on reconnaîtra volontiers que, au moins, cette pétition apporte son lot de bienfait et l'étude de la vie de l'Eglise nous apprend souvent qu'il faut être attentif à ses opposants (je veux parler de ceux qui ont un avis opposé au votre). Les membres de l'ACOR et du conseil de l'Archevêché (ils se reconnaîtront ! Leur propos sont issus d’interview qu’ils ont accordé) déclarent à qui veut les entendre qu'ils représentent l'immense majorité de l’émigration russe. Ce site lancé, il y a plus d'un an, a péniblement récolté 847 signatures (date d'aujourd'hui!). Un rapide parcours nous laisse entrevoir de nombreux "voisins", des personnalités politiques qui profitent de l'aubaine pour se faire connaître, des opportunistes qui tentent par ce biais de s'offrir une publicité gratuite pour leur site, leur association ou leur activité et autres "farfelus"... Dans ce contexte, le reste dont on s’abstient de juger s'ils le sont vraiment, sera généreusement comptabilisé, sans plus de distinction, comme descendants de l'émigration russe (et à en juger par quelques réactions épidermiques, ils en constituent une frange clairement identifiée comme celle symbolisée par les élucubrations du "diacre" scessionistes Ivanoff-XII qui sera heureux d’être cité ici). Et donc, tout aussi généreusement, nous estimerons à 700 le nombre de ces signataires. On sera attentif à tout amendement, basé sur une étude plus fiable, quant à ce nombre. Mais nous resterons dans une fourchette de 650-750 personnes.

Et ceux-là, ceux qui apportent un soutien actif à cette démarche, constitueraient l’immense majorité de l’émigration russe ? Comme cela a été indiqué, cette pétition a énormément de bon ! Elle permet à ceux qui ont proféré ces allégations d’apprendre l’humilité et la raison ! Et que ne peut-on plus souhaiter à son prochain ?

32.Posté par vladimir le 19/09/2011 16:44
Bravo Potomok!
Vous êtes le premier, à ma connaissance, à avoir tenté une approche chiffrée des positions en présence. Sans vouloir inscrire de l'autre côté tous ceux qui n'ont pas signé cette pétition, il est claire que le nombre ridicule de signatures recueillies démontre le faible soutien dont bénéficie ce groupuscule jusqu’au-boutiste...

Quand au commentaire du père Nicolas. je le trouve encore une fois remarquablement réfléchi. Et remarquez qu'il ne prend pas position: il cite des règles, des faits, des possibilités et invite chacun à y réfléchir pour tirer ses propres conclusions. Tout au plus indique-t-il quelques directions ("Il est curieux..."), mais sans prendre parti ni d'un côté ni de l'autre...

Et pourquoi donner sur un site "qui se réclame" de tel ou tel? "Nous sommes dans une société de libre expression, le droit de dire n'importe quoi est un droit fondamental de la personne humaine" comme dit M Rocard ...

33.Posté par Mikael Lefaux le 19/09/2011 17:45
Merci p.Nicolas pour votre propos très juste @28 .J 'ajouterais que l' ACOR par son attitude de radicalisation a pris en otage toutes les personnes de bonne volonté au sein de l’archevêché qui sont pour une ouverture progressive vis-à-vis de Moscou! A l'avenir s'ouvrira toute la gestion catastrophique
de Mgr Gabriel et de sa désastreuse équipe!!! le plus triste c'est qu'ils le savent mais ils en ont que faire!

34.Posté par J.P. Gervais le 19/09/2011 18:19
Cher Révérend Père,
Il est indispensable de vous remercier d'avoir transposé en langage de chaire mes profanes observations et considérations visuelles. Votre interprétation a servi de tremplin à l'excellent post de M. Potomok.

S'il est vrai qu'il est plus condamnable de persévérer dans le mauvais chemin que d'en tâter le terrain sacher que l'acor persiste à se vanter de ses cégétesques exploits de hier....
Encore une fois ma gratitude, portez vous bien,

J.P. Gervais
Intercédez, s'il vous plaît, pour la fin du film Clochemerle-Tzarevitch!
Voila, en effet, ce que je viens de recevoir

35.Posté par Hiéromoine Nicolas le 19/09/2011 18:23
@ Potomok
Vous avez dit ailleurs que les canons de l'Eglise ne s'appliquaient pas dans la circonstance actuelle. Je suis au regret de vous affirmer le contraire. Des situations analogues à la notre se sont produites au moins deux fois dans l'histoire et ont occasionné la rédaction de ces canons destinés à inspirer les protagonistes au cas où ils seraient engagés dans une conjoncture semblable. En effet, lors de la constitution de nouvelles métropoles dans l'empire byzantin, la question se posait de leur juridiction sur les paroisses proches des la villes nouvelles. Cela avait créé des mésententes entre les hiérarques, d'un côté l'évêque ordinaire de ces paroisses et, de l'autre, celui de la nouvelle métropole. Les canons que vous connaissez (et que j'ai cités ailleurs) ont dès lors été rédigés, le second confirmant le premier.
Mais venons-en à votre Post 29. Je n'ai rien à penser du site auquel vous faites allusion, je ne le fréquente pas. Il existe, il se présente de la façon qui lui semble la plus appropriée, il propose les initiatives dont chacun est libre de penser ce qu'il veut. Ainsi, vous estimez que l'utilisation du procédé de la pétition ou de la manifestation de soutien est inappropriée et vous fournissez de bonnes raisons à l'appui de vos dires. Moi-même, au terme de mon post 28, ai failli ajouter à mon appréciation du tract de la journée du Patrimoine qu'en plus d'être spécieux, indécent, nuisible, il était aussi inutile car je ne voyais pas ce que l'ACOR pourrait bien faire des signatures récoltées auprès du tout venant. Je m'en suis abstenu parce que mon message était déjà fort long et qu'il n'est pas nécessaire de toujours vouloir tout dire. D'autres peuvent le faire aussi bien. Vous vous en êtes chargé... tant mieux.
Suis-je "partagé entre l’impuissance dans la dénonciation d’une telle dérive et la tentation d’une jouissance machiavélique de voir des opposants se compromettre dans une attitude aussi éloignée de tout l’enseignement de l’Evangile" ? Je serais un chrétien encore pire que je ne le suis si je m'abandonnais à de telles dispositions intérieures proprement démoniaques. Dans la symphonie de l'Eglise, j'essaie de faire retentir la petite note qui m'est propre, sachant que ma modeste contribution ne peut pas emporter la décision (sinon Dieu m'aurait confié des responsabilités) mais que, avec la grâce divine, il se pourrait que ceux qui ne sont pas de mon avis soient portés à réfléchir à leur pratique. Croyez bien que les incohérences que je perçois dans les stratégies des uns comme des autres ne me réjouissent guère. Je les souligne certes à la mesure de mon pauvre discernement, mais je préférerais de loin pouvoir conserver une attitude de disciple qui découvre les voies de la vérité parce que ce qui lui est dit est authentique et que celui qui le lui dit est juste.
Je n'ai pas envie de juger les membres de l'ACOR ni les représentants du patriarcat de Moscou, quels que soient leurs procédés : nous sommes solidaires et membres les uns des autres en raison du Corps et du Sang du Christ auquel nous communions, leur salut n'est pas indépendant du mien ou du vôtre. Et lorsque que par la grâce providentielle de Dieu, nous aurons dépassé cette épreuve, tous confondus, nous rirons de notre sottise ... du moins je l'espère.

36.Posté par Potomok le 19/09/2011 23:06
@35
Père, vous me reprenez en affirmant que j'aurais écrit quelque part que les "les canons de l'Eglise ne s'appliquaient pas dans la circonstance actuelle".

Père, je ne retrouve pas cette affirmation de ma part et dans ses termes. Au besoin, indiquez là moi. Mais inutile de faire une recherche poussée car vous avez tout à fait raison d'écrire:"Je suis au regret de vous affirmer le contraire."

Si cela a été écrit tel que vous l'affirmez, il convient d'amender mon propos. Mais ma pensée est exactement cela. Les canons, assurément s'appliquent. Sans contestation. Il convient de faire toutefois extrêmement attention à l'interprétation des canons qui avaient acté pour des raisons de l'époque et dans un situation qui n'est plus celle de l'époque où ils ont été formulées. Je ne sais pas si je formule bien ma pensée alors autant se remettre à celle du père Alexandre que Vladimir a cité à ce propos. Cela est précisément cité dans l'article du père Alexandre, datant de 1949 et disponible sur le site de l'exarchat.

Je ne voudrais donner qu'un exemple. Je ne me lancerai pas ici dans un développement de l'interprétation du Canon 28. Cela serait trop long. Vous appuyez votre thèse sur le canon 17 du Concile de Chalcédoine. Alors pour en choisir un autre, j'ai opté pour le canon 15.

En effet, j'ai recherché ces textes et, au demeurant, si vous avez une traduction reconnu par l'Eglise orthodoxe, je vous serais très reconnaissant de nous la proposer. La référence dont j'ai trouvée et dont je donne le lien mérite d'être vérifié mais c'est l'une des seules que j'ai trouvé.

Et donc si nous nous intéressons non au canon 17 mais au canon 15, on peut lire :

*" 15. Des diaconesses.
On ne doit pas ordonner des diaconesses avant l'âge de quarante ans, et cela après une probation sévère. Si après avoir reçu l'ordination et exercé son ministère quelque temps, elle vient à se marier, faisant ainsi injure à la Grâce de Dieu, elle doit être anathématisée, ainsi que celui auquel elle s'est unie. "

Vous admettrez, Père, que la référence à ce canon en l'état ménerait à des conclusions qui sont très éloignées de la pratique pastorale actuelle: A quelle diaconesses fait-on allusion?

Voilà pourquoi, la prudence qui est la mienne me parait plus que de mise.

------------------

Quand aux dispositions d'esprits que sont les miennes face à ce site avec ces pétitions, croyez-moi que je ne cherche pas à en être assailli. Le silence et l'indifférence me semblaient la meilleure réponse.

Aujourd'hui que l'impact de cette initiative se révèle aussi nulle que son idée initiale, je prends seulement la liberté d'indiquer à l'arroseur qu'il s'est arrosé. Cela ne mérite pas plus de développement que cela.

37.Posté par Hiéromoine Nicolas le 20/09/2011 12:02
@Potomok
Veuillez, je vous prie vous reporter à votre Post 50 du 12/09/2011 à 20h15, sur le fil : "Le Père Nicolas Ozoline est nommé recteur". On y lit sous votre plume (clavier ?) : "Et il faut arrêter de se référer à quelques canons que ce soit. Aucun d'entre eux, datant de premier millénaire n'ont jamais traité des situations comme à Nice." Pardonnez-moi de n'avoir pas fait l'effort de vous citer littéralement dans mon post 35 ci-dessus, mais convenez que je n'ai pas été infidèle dans la relation que j'en ai faite. Vous avez cependant raison : il peut arriver que notre expression dépasse notre pensée et nous avons tous droit à une rectification. Je vous en donne bien volontiers acte.
D'autre part, vous avez encore raison en disant que l'art d'interpréter les canons est difficile. Cet art requiert un travail sérieux et structuré, un préalable dont trop d'orthodoxes se dispensent (Saint Grégoire de Nazianze, s'en plaignait déjà de son temps en matière de théologie). N'est pas canoniste qui veut, cela ne s'improvise pas. Contrairement au droit romain qui dit ce qui est permis et ce qui est interdit, le droit canonique orthodoxe, se fondant sur des problèmes concrets survenus dans l'histoire indique plutôt les principes généraux de solution auxquels devront se référer ensuite les églises pour résoudre les difficultés qui leurs sont propres dans l'esprit des Pères et de la Tradition de l'Eglise. La science canonique est une science de l'interprétation qui nécessite de nombreuses connaissances annexes. D'ailleurs, l'interprétation n'est pas univoque et n'est pas le fait d'un seul canoniste ou même d'une seule église. Vous avez donc raison d'être prudent. Mais, dans le problème de Nice, il ne conviendrait pas (comme le font certains) de récuser toute observation juste des canons, pour se donner la possibilité de résoudre le conflit brutalement et rapidement en suivant ce qu'inspirent les passions et en utilisant les moyens du monde. Certes, les résultats sur le terrain seraient acquis, mais ce serait au détriment de l'unité et de la paix ecclésiale, voire de l'identité chrétienne. Je ne pense pas que vous vouliez cela. Je ne pense pas non plus que cela irait dans le sens indiqué par sa Toute-Sainteté, le patriarche Bartholomée. Il n'y a dans la situation qui nous occupe qu'une voie à suivre : celle de la conciliation, prélude à celle de la réconciliation. Oserais-je, pour être honnête, me demander si les personnes actuellement en responsabilité dans les deux camps sont d'une part sous contrôle et d'autre part animées d'une volonté tenace de trouver une voie moyenne pour la résolution du conflit ? Je poserais peut-être la question mais, au risque de me faire traiter de jésuite, n'attendez pas de moi que j'écrive la réponse.



38.Posté par Potomok le 21/09/2011 14:32
@37 - Hiéromoine Nicolas

Merci, père Nicolas, de me permettre de m'amender.

La citation que vous avez relevée peut paraître excessive, il convient de la replacer dans son contexte. Il s’agissait de quelques « chicaneries » (terme entre guillemets car, je le reconnais, peu approprié au sujet) qui, à partir d’un acte de conciliation de la part du père Nicolas Ozoline à la venue duquel le sujet est consacré, déduisent des dispositions canoniques qui méritent encore à être vérifiées.

Sortis de ce contexte, mes propos paraîtront excessifs - veuillez m’en excuser – et il convient de les amender. Je crois avoir expliqué mon sentiment dans mon message précédent. Somme toute, il aurait été plus simple de citer à nouveau la citation du père Alexandre Schmemann que Vladimir nous avait proposé quant la grande prudence à mettre en avant tel ou tel canon.

Mais, si mon propos méritait d’être corrigée, je voudrais indiquer qu’il me parait, au moins, risqué de conclure des canons une position infaillible quant à la situation de Nice. Il serait même préférable de s’y référer avec plus que de la prudence (« c’est canonique ! Ce n’est pas canonique !) quand on sait que les conciles œcuméniques, un millénaire durant, ont déjà tant de mal à régler les problèmes christologiques et, finalement n’ont jamais vraiment réglé les problèmes ecclésiologiques.

Vous m’avez rappelé à l’ordre en m’invitant à ne pas récuser « toute observation juste des canons » et vous m’accorderez que j’ai bien fait amende honorable. Mais aussi, vous me confortez dans l’idée d’un appel à plus de la prudence et on ne peut que trop la recommander avant de proférer, aussi bien dans des discours percutants mais non argumentés que dans des actions d’inspiration syndicale, des allégations se référant inconditionnellement à ces canons. On préférera, volontiers, un dialogue comme celui que vous stimulez et entretenez ici, en exposant votre point de vue, l’argumentant et le soumettant une critique. On ne peut que vous rendre grâce et, sans hésitation, qualifier cette approche de conciliation. Après tout si les conciles ont été si riches, c’est qu’ils ont laissé une large place à la confrontation. Ayant posé cela, on restera attentif à tout exposé dans un sens ou dans un autre ou l’on se consacrera à en prolonger ce débat sur le fond… avant qu’une disposition soit finalement adoptée et acceptée.

39.Posté par Hiéromoine Nicolas le 21/09/2011 17:49
@ Potomok
Je vois que nous sommes bien du même esprit. Nous pouvons donc dire ensemble que les canons ecclésiastiques ne peuvent être ni niés, ni choisis et utilisés pour justifier des thèses a priori. On ne se sert pas des canons, on les sert en les interprétant pour la direction, la conservation et l'expansion de l'Eglise.

Cela n'est pas vrai seulement des canons, on pourrait tout aussi bien le dire des enseignements des Pères qui doivent être étudiés pour eux-mêmes et non comme arsenal de citations tronquées pour justifier les opinions qui nous arrangent. On peut le dire aussi des bâtiments ecclésiaux, ils ont été crées par nos pères dans la foi au prix de leurs sacrifices, mais ils n'appartiennent à aucun de leurs descendants, car ils ont été liturgiquement consacrés à Dieu qui est libre, au fil de l'Histoire, d'en faire (ou d'en laisser faire) ce qu'Il pense être le mieux pour le salut des hommes.

Vivons donc au présent. Fréquentons les églises aujourd'hui en vue de notre salut, sanctifions-les par notre pénitence et notre prière, mais ne considérons jamais que cela nous donne sur elles des droits imprescriptibles pour ne pas risquer de nous opposer à la volonté divine lorsqu'elle se manifestera providentiellement. C'est aussi ce qu'il m'arrive de dire à des novices que je rencontre : le monastère dans lequel ils entrent n'est pas immuable, et s'ils y consacrent leur vie, ils doivent avoir la souplesse d'épouser l'intention divine manifestée dans les accidents de son histoire lorsque, par exemple, l'higoumène lumineux qu'ils aiment tant viendra à mourir et qu'il devront obéir à un autre moine qui leur conviendra moins.
Tout ces exemples ne représentent que quelques applications particulières de la disposition générale à laquelle les chrétiens devenus orthodoxes à l'âge adulte devraient être plus sensibles, mais à laquelle les autres ne sont pas dispensés de se conformer : On ne peut entrer dans l'Orthodoxie et y progresser que par la métanie, c'est-à-dire : la pénitence, l'obéissance et la reconnaissance. Si, chacun de nous était encore étonné d'être orthodoxe et d'être reconnu comme tel, cette humilité non seulement nous épargnerait bien des déboires personnels et des querelles communautaires, mais elle constituerait la bonne terre où la Parole semée pourrait produire du fruit au centuple.

Je ne vous écris pas ce petit fervorino pour vous édifier - vous savez déjà tout cela - mais pour me le rappeler à moi-même avant de partir dans quelque jours au Mont Athos pour ma retraite d'automne. Je vais donc suspendre ma participation à ce blog.
A mon retour, dans trois semaines, j'espère que la situation à Nice sera apaisée et que votre prière et votre modération y auront grandement contribué. Priez pour moi.

40.Posté par Fabre Daniel le 22/09/2011 08:53
bonne, heureuse et Sainte retraite hiéromoine Nicolas, je prierai pour vous comme tous les matins....mais pour moi vrai..pécheur et ma famille, priez peut-être au moins une fois notre Seigneur.
en Christ : Daniel

41.Posté par Potomok le 22/09/2011 17:38
Merci père Nicolas, puisse votre retraite vous apporter encore plus de sagesse et surtout de forces pour nous éclairer, au moins, dans la manière d'entretenir la conciliation dont vous avez donnez, ici, un exemple vivant. Nous vous envions de partir là-bas et de pouvoir vous ressourcer dans un environnement aussi propice.

42.Posté par Mischa le 27/08/2012 10:13
Я живу в основном в Германии, но в прошлом году я побывал в храме, относящемся к Архиепископии. Настоятель там протоиерей Владимир Шибаев. Был на службе, видел эту маленькую общину. И вдруг... Несколько недель тому в интернете появилось интервью с ним, он рассказывал как его в 1986 году выслали из СССР и он оказался во Франции. Теперь он клирик Архиепископии, но до этого побывал в РПЦЗ ( в СССР он служил в РПЦ)

В статье, которая появилась сегодня, "The New Times" (27 августа 2012г) написана она известной журналисткой Зоей Световой ( дочерью диссидентов, христиан Зоей Крахмальниковой и Световым, которые много и долго сидели в СССР) В своей статье Зоя рассказывает о неожиданном прошлом и настоящем о.Владимира Шибаева. Из этой подробной и аргументированной статьи выходит, что о.Владимир, до сих пор оказывает «некие услуги, неким силам» в России.

EGLISE SAINT-NICOLAS A ST-LOUIS (FRANCE) Eglise Orthodoxe Russe En Europe Occidentale Exarchat Du Patriarchat De Constantinople http://www.zerkov-stl.com/index.php?id=114&lang=fr Vous pouvez nous contacter pour toute information au 00-33(0)389812400, archiprêtre Vladimir Shibaeff.

«Неожиданные откровения православного батюшки из Франции, да еще аккурат в тот момент, когда на Гудкова обрушилась российская репрессивная машина, и у автора, для которой это и личная история, и у знавших священника Шибаева по восьмидесятым годам, мягко говоря, вызвали удивление. И подозрения — тоже»...Статья по ссылке http://www.newtimes.ru/articles/detail/56351


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