V. Golovanow

UN CONSENSUS QUASI GÉNÉRAL SUR LA MISSION ŒCUMÉNIQUE DE L'ORTHODOXIE

Nous ne connaissons pas la teneur du document "Relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien" adopté en Conférence préconciliaire le 16 octobre dernier et qui a donc recueilli le consensus des délégués de toutes les 14 Églises mais le colloque de Metz 20-21 octobre dernier montre les origines de la Mission œcuménique orthodoxe et ses liens étroits avec les études patristiques: "force est déjà de reconnaître que la visée d’unité de l’œcuménisme trouve son écho chez les Pères qui sont non seulement l’expression de l’Église indivise, mais ceux qui les premiers ont œuvré à réaliser l’unité de leur vie et de l’Église, ce qui leur donne une place fondamentale dans la théologie, et qui en fait nos frères dans la vie de l’Esprit."

Un article du Dr. Julija Vidovic (1) montre de son côté que les deux grands saints théologiens orthodoxes du XXe siècle, l'évêque d'Ohrid Nicolas (Velimirovic) et le père Justin (Popovic) "partagent la position de toute l'Église orthodoxe sur l'œcuménisme.

Notre dialogue avec les non-Orthodoxes est la responsabilité évangélique qui tient de la nature même de l'Église orthodoxe, qui est l'Église même que le Seigneur a fondé sur Lui-même comme pierre éternelle (1 Cor. 3:11). C'est notre devoir de porter témoignage au Seigneur Ressuscité jusqu'à la fin des temps. Cette mission a été confiée aux Apôtres et l'Église orthodoxe ne peut pas s'y soustraire maintenant, après deux mille ans… Pour ce courant, qui n'est certainement pas nouveau, les "Orthodoxes œcuméniques" sont des gens de compréhension et d'inclusion et non d'exclusion, comme disait le jeune Nicolas Velimirovic, des gens d'unité et de conciliarité pour le père Justin Popovic," et tous formulent "les mêmes critiques d'une civilisation européenne séparée de Christ, d'une part, et de la présence des tendances sécularisatrices à l'intérieur même de l'église d'autre part l'autre; dans le catholicisme romain et le protestantisme l'Homme devient valeur suprême et remplace le Christ – Dieu-homme, écrit Saint-Justin," souligne le Dr. Vidovic.

LES DIVISIONS ORTHODOXES SUR L'ŒCUMÉNISME
APPROCHES DIVERGENTES DES MODALITES DU DIALOGUE ŒCUMÉNIQUE

A partir de ce constat commun, les appréciations des modalités du dialogue œcuménique créent une fracture au sein de l'Orthodoxie qui est assez bien personnifiée par les approches divergentes de saint Nicolas et de saint Justin.

-LE SAINT EVEQUE NICOLAS était très favorable au développement du dialogue œcuménique dont il fut l'un des fondateurs en participant à la première conférence de « Foi et Constitution » (Lausanne, 1927(2)). Il se méfiait de l'évolution de l'œcuménisme mais, comme l'écrit le Dr Vidovic, "cela ne signifie pas que l'évêque Nicolas n'était plus ouvert au dialogue œcuménique…mais il développe une claire distinction entre 'les églises hétérodoxes' et l'Eglise Orthodoxe. Dans 'Centurie de Ljubostinja' il va même plus loin en écrivant que, dans le monde chrétien, seule l'Eglise Orthodoxe honore l'Evangile comme la Vérité absolue et n'est pas gouvernée par l'esprit du siècle," et elle l'illustre parfaitement avec la citation de son discours à la deuxième Assemblée du COE (Evanston, 15-31 août 1954), à laquelle il participa en personne dix huit mois avant de s'endormir dans le Seigneur… Toutes les délégations orthodoxes aux différentes instances œcuméniques reprennent cette doctrine, de la "déclaration d'Oberlin" (Conférence "Foi et Constitution", 1957) au dernier discours du métropolite Hilarion de Volokolamsk (Pusan, Corée, Xe Assemblée du COE, 30 octobre - 8 novembre 2013), sans oublier les "Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie" (2000).

La grande majorité des prélats et théologiens qui dirigent et représentent les Églises Orthodoxes se retrouvent en général sur ces bases doctrinales là, avec les exceptions notoires des Églises de Bulgarie et de Géorgie dont les réticences ont amené le retrait de certaines instances du dialogues œcuméniques, les rapprochant ainsi du courant suivant.

- LE PÈRE JUSTIN POPOVIC est en effet opposé au dialogue institutionnalisé: il avait cessé de commémorer le patriarche de Serbie quand son église avait rejoint le COE en 1965 (information à confirmer), mais surtout il a identifié dans ses écrits le dialogue œcuménique avec les tendances humanistes sous tendant la démarche vers l'unité des Chrétiens de l'Église catholique romaine et des Protestants," écrit le Dr Vidovic. Le père Justin qualifie ce processus là de "pan-hérésie" et lui oppose le concept d'un "œcuménisme orthodoxe" qui est spécialement développé dans ses "Notes sur l'œcuménisme" (rédigées en 1972 mais publiées en 2010, Bishop Athanasius (Yevtic), “Introduction”, in St. Justin Popovic, "Записи о екуменизму", Манастир Твдош, 2010) où "il invoque l'aide de l'expérience attestée des Écritures et la Tradition vivante préservée dans l'Église du Christ"(dito).

La grande majorité des croyants et des prêtres de paroisse ainsi que bon nombre de théologiens et de prélats un peu marginalisés par leurs hiérarchies dans leurs Églises se retrouvent dans ce courant là avec les Églises de Bulgarie et de Géorgie.

- DES EXTREMISTES DES DEUX BORDS vont exacerber les divergences:

* Ceux que j'appellerais "ULTRA ŒCUMENISTES" oublient les déviations des Églises occidentales depuis mille ans et, en prétendant dépasser ces divergences, ils nient en fait que "le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de ces Églises va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne," qui sont les fondements de l'Orthodoxie comme l'affirment clairement les "Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie" cité plus haut. Certaines déclarations de représentants du patriarcat de Constantinople se rapprochent de cette mouvance.

* Ceux que l'on appelle les "ZÉLOTES DE L'ORTHODOXIE " rejettent tous ceux qui sont engagés dans le dialogue œcuménique en les amalgamant aux "ultra-œcuménistes" (procédé de propagande totalitaire classique) et en voulant enfermer l'Orthodoxie dans une espèce de ghetto idéologique. La base idéologique la plus ferme de ce courant est constituée par un certain nombre de monastères, Mont Athos en tête, et la «Confession de foi contre l’œcuménisme d’avril 2009 peut être considérée comme leur manifeste Cf.

CONCLUSION

J'ai essayé dans ce long commentaire de faire une analyse aussi objective que possible du clivage que provoque le concept même d'œcuménisme parmi les Orthodoxes. Il est clair que cela reste succinct et bien d'autres développements seront certainement à faire sur ces sujets

(1) L'article "St. Nicolas Velimirovic and St. Justin Popovic on Ecumenism" a été publié sur Orthodox Handbook on Ecumenism. Resources for Theological Education, чијисуиздавачи P. Kalaitzidis, T. Fitzgerald, C. Hovorun, A. Pekridou, N. Asproulis, D. Werner and G. Liagre, VolosAcademy, WCC, Regnum Books International, Oxford, Volos, Greece, 2014, p. 263-272. Disponible en PDF à partir de.

Julija Vidovic est une jeune théologienne qui a soutenu sa thèse intitulée “La synergie entre la grâce divine et la volonté de l’homme selon saint Maxime le Confesseur” le 29 mai, à l’Institut catholique de Paris, en doctorat conjoint avec l’Institut Saint-Serge.

(2) Cf. ICI; http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-2_a2526.html; http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-3_a2536.html

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Novembre 2018 à 16:48 | 18 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Philippe Amartolos le 27/11/2015 20:49
Afin d'éviter tout "procédé de propagande totalitaire classique", que chacun lise les œuvres des deux saints théorisés ici comme favorables à "l'écuménisme". Quelques une de ces œuvres existent à l'Âge d'Homme (en français donc) sinon ce site : http://www.svetosavlje.org/ les a toutes numérisées (malheureusement elles sont en versions originales serbes) mais ils existent une maison d'édition anglophone : http://www.lazaricachurch.co.uk/English/.

Aussi, devant les clivages idéologiques que vous présentez, on peut relever la voie du Saint Esprit à travers quelques saints du siècle dernier, qui tous, à la fin de leur vie (lors donc qu'ils avaient des années de repentir et d’expérience de vie en Christ), déclaraient toute forme d’œcuménisme (dialogue, doctrine, débats, rencontre, communion sacramentelle, prière commune) comme strictement hérétique, étranger à la conscience orthodoxe et incompatible avec la Tradition des saints Père de l'Eglise :

Saint Justin de Tchélié :
"L'oecuménisme est la pan-hérésie".
Archimandrite Justin Popovitch, L'Eglise orthodoxe et l’œcuménisme, Théssalonique, 1974, p. 224.

Saint Nicolas de Jitcha :

"Les théologiens hérétiques donnent à l'Eglise Orthodoxe le nom outrageant d'"église pétrifiée". Pour quelle raison ? La raison disent-ils, en est que cette Eglise "ne vas pas dans le sens du temps" et qu'elle "ne s'adapte pas au temps" ! Or c'est précisément là qu'est le mérite de l'Orthodoxie : ne pas aller dans le sens du temps et ne pas s'adapter au temps, conformément au commandement du saint apôtre Paul : Ne vous conduisez pas selon ce siècle (Ep. 2, 2)."
"Il y a, certes, dans l'Eglise Orthodoxe quelques théologiens aussi qui marchent sur les traces des théologiens hérétiques et qui pensent que l'Evangile n'est pas assez fort pour se soutenir lui-même et affronter les tempêtes de ce monde. Les idées et les méthodes des hérétiques leur en imposent. Ils sont de leur côtés de toute leur âme et se tiennent en apparence seulement auprès de l'Eglise Orthodoxe.."
" L'Eglise Orthodoxe en tant que corps récuse de tels théologiens et ne les considère pas comme siens, mais les tolèrent seulement, et cela pour deux raisons ; 1° en attendant que ces derniers se repentent et changent, 2° pour ne pas permettre, en les excluant, un mal plus grand, c'est-à-dire provoquer leur chute et les pousser dans le giron des hérétiques. Ces théologiens ne sont pas des détenteurs de la connaissance et de la connaissance et de la conscience orthodoxes, mais des organes souffrants du corps.."
"En un mot, dès la séparation de l'Occident d'avec l'Orient, les théologiens hérétiques se sont adonnées à l'adaptation et à l'uniformisation, et cela s'est accentué ces cent cinquante dernières années. Ils ont adapté le ciel à la terre,le Christ aux autres "fondateurs de religions" et la Bonne Nouvelle aux cultes israélite, musulman et païens. Tout cela prétendument au nom de la "tolérance" et dans "l'intérêt de la paix parmi les hommes et les nations.."
"Il y a quelque chose qui représente une différence essentielle entre notre Eglise orientale et les églises occidentales hérétiques.[...]
Mgr Nicolas Vélimirovitch, Centurie de Ljubostinja (écrit en 1941-1942) in La foi et la vie selon l'Evangile, l'Âge d'Homme, Lausanne, 2007.

Saint Gabriel de Tbilissi : "L’œcuménisme est une super-hérésie.
(http://www.monkgabriel.ge/fr/enseignements4.htm)

Saint Philothéos (Zervakos), bientôt canonisé, s'adressant au patriarche Athénagoras :
[...] "Depuis quelque temps j'avais résolu d'écrire à Votre Sainteté à cause de Votre action hâtive et irréfléchie en vue d'une union de l'Église orthodoxe orientale avec la papauté à la doctrine maligne.
Prenez garde, Votre Toute Sainteté, parce que les bonnes brebis raisonnables du troupeau du Christ ne Vous suivront pas, conformément à la parole de l'Evangile: Elles ne suivront point un étranger; mais elles fuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers. (Saint Jean 10: 5). Celles qui Vous suivront seront telles, qu'elles seront à l'extérieur de la bergerie du Christ, où sont les papes et les luthéro-calvinistes, ceux dont les esprits sont hétérodoxes.

[...] Les premiers à parler étaient déjà les Pères très justes de la Sainte Montagne, qui ont donné le mot d'ordre, le bon et honorable exemple, à l'imitation de leurs saints Pères orthodoxes qui ne veulent pas écouter d'autres voix comme la Vôtre, qui est la voix de l’étranger latinisant, le patriarche Jean Beccos. [2] Ces Pères préfèrent la mort à la fausse union. Et non seulement les Pères athonites présents ne Vous suivent pas, ils ont même cessé de Vous commémorer dans les offices divins. Vous devez savoir, Votre Toute-Sainteté, qu'il n'y a pas seulement les Pères de la Sainte Montagne, mais aussi des myriades d'autres membres du clergé grec et des laïcs, véritables orthodoxes, qui Vous ont désavoué et d'autres qui sont prêts à Vous désavouer pour autant que Vous persistiez dans l'union fausse retorse et délibérée.

[...] Concernant la voie médiane de compromis, Saint Marc Evgenikos [d’Ephèse] dit que même pas cette idée ne devrait tromper personne, car entre deux doctrines opposées une véritable voie médiane de compromis ne peut pas exister. "Pour ces raisons, ceux qui annoncent la voie médiane de compromis et enseignent qu'il n'y a rien de stable ou précis et certain, mais comme hypocrites au moyen de concessions adaptent et oscillent entre les opinions de chacun, doivent être évités. Ni par exemple, votre Toute Sainteté, que nous poursuivions simplement un rapprochement extérieur et d'unité pour la formation d'un front uni de l'amour contre la faim, contre le malheur, contre l'athéisme, contre le communisme, contre la guerre, etc., puisque l’union doit d'abord être un triomphe de la vérité, et puis un triomphe de l'amour qui jaillit de l'unité de la foi. Et encore une fois, ni sous le couvert de parvenir à la paix ne devez vous efforcer comme vous le faites, puisque comme ce grand défenseur de l'Orthodoxie, saint Marc Evgenikos, le dit encore, "Il est impossible de restaurer la paix si la cause du schisme n’est pas supprimée précédemment, et le Pape, qui est déclaré être l'égal de Dieu, ne vient pas à cette réalisation."

[...] Votre Toute Sainteté, "Le Lucifer de Rome étant devenu très enflé et il a placé son trône au-dessus des étoiles, soyez zélé et criez: Tenons-nous droits, Tenons-nous dans les vénérables traditions des Pères" («Laudes» pour l’Orthros pour la fête de saint Photios de Constantinople).
(Source : http://orthodoxologie.blogspot.fr/2015/10/saint-staretz-philothee-zervakos-propos.html)

Saint Païssios l'athonite :

"Il combattait l’œcuménisme et parlait de la grandeur et de l'unicité de l'Orthodoxie, et cette certitude, il la tenait de la grâce divine qui jaillissait de son cœur."
"Il avait une grande sensibilité orthodoxe, c'est pourquoi il n'acceptait pas de prier et de communier avec des non-orthodoxes. [...]Il interrompit toute relation ou évita de fréquenter des clercs qui participaient à des prières communes avec des hétérodoxes.Il ne reconnaissait pas les "sacrements" des hétérodoxes."
"Pendant une période, il cessa de commémorer le patriarche Athénagoras, en raison de ses ouvertures dangereuses à l'égard des catholiques romains. Mais il le fit avec souffrance en disant : "Je prie pour que Dieu retranche des jours sur la durée de ma vie afin de les donner au patriarche afin qu'il ait le temps de se repentir."
Hiéromoine Isaac, L'ancien Païssios de la Sainte Montagne, l'Âge d'Homme, Lausanne, 2008, p. 403.

"Nous devons nous fier à la Tradition. Aujourd'hui, malheureusement, la politesse européenne est de mise, et les hommes s'efforcent de paraître aimables. Ils désirent manifester leur ouverture d'esprit et finissent par se prosterner devant le diable à deux cornes ! Prônant l'existence d'une religion universelle, ils mettent tout au même niveau. [...] Les saints Pères ont tant lutté pour purifier le dogme des hérésies ! Ils savaient ce qu'ils faisaient en interdisant qu'on prie avec les hérétiques. Mais aujourd'hui on nous invite à prier non seulement avec les hérétiques, mais aussi avec les bouddhistes, les idolâtres, et même avec les satanistes ! On affirme : "Les Orthodoxes doivent participer àleurs célébrations et congrès, car ils y manifestent la présence orthodoxe !" Quelle présence ? On cherche à tout résoudre par la raison et à justifier l'injustifiable. L’esprit européen pense que les questions spirituelles peuvent être objet de débats au Marché Commun.
Certains Orthodoxes organisent des congrès avec des hétérodoxes -- congrès dont ont fait grande publicité -- et pensent qu'en mangeant ainsi à la même marmite que les hérétiques, ils contribueront à promouvoir l'Orthodoxie. Les super-zélotes prennent alors le relais et tirent à l'autre extrême. Ils blasphèment, rejettent les sacrements des Eglises ayant adopté le nouveau calendrier. Quant aux hétérodoxes, ils participent volontiers à ces congrès, où ils jouent au professeur, prennent de l'Orthodoxie la part de spiritualité qui leur semble bon pour la faire passer à leur moulinette. [...] Mais au moment opportun, le Seigneur fera surgir des Marc d'Ephèse et des Grégoire Palamas, lesquels rassembleront nos frères et sœurs scandalisés par ces compromis avec l'hérésie, confesseront la foi orthodoxe, affermiront la Tradition des Pères, et procureront une immense joie à notre Mère l'Eglise."
" Des jeunes catholiques venaient me voir à mon ermitage voulant connaitre l'Orthodoxie. "Nous voudrions que tu nous donnes une parole qui puisse nous aider au plan spirituel. -- Eh Bien, leur conseillé-je, prenez l'histoire de l'Eglise ; vous constaterez que jadis nous étions unis : voyez où vous avez abouti. Scrutez l'histoire de l'Eglise vous sera d'un grand profit. Agissez ainsi, et nous parlerons de beaucoup de choses la prochaine fois."
Gérond Païssios l'athonite, Avec amour et douleur pour le monde contemporain, Monastère Saint-Jean-Le-Théologien, Souroti, 2011, pp. 353-355.

On aurait pu citer le bienheureux hiéromoine Séraphim (Rose), le bienheureux métropolite Philarète de New-York, le métropolite Antoine Khrapovitsky, de bienheureuse mémoire, mais encore saint Jean de Shangaï, etc...

2.Posté par Vladimir.G: "UN NOM NOUS REUNI ET NOUS RAPPROCHE - JESUS-CHRIST," le 28/11/2015 09:38
Bien cher Philippe Amartolos,

Merci pour votre commentaire, très documenté comme les précédents.

Je trouve ce genre d'échanges toujours intéressant, d'autant que vous illustrez très clairement la position "anti-œcuméniste" que je décris dans mon analyse. La précision qui m'intéresserait serait de savoir si vous partagez la position de la "Confession de foi contre l’œcuménisme" d’avril 2009 que je cite.

Pour ce qui concerne la position de saint Nicolas d'Ohride, il est important de rappeler ce qui constitue pratiquement son testament spirituel: son allocution à la deuxième Assemblée du COE (Evanston, 15-31 août 1954), à laquelle il participa en personne douze ans après avoir écrit "Centurie de Ljubostinja" que vous citez.

"Un nom nous réuni et nous rapproche à Evanston - Jésus-Christ," lance saint Nicolas qui continue: "Comme mentionné plus haut (*), le fait est que, si chaque dénomination contient seulement une partie de la foi chrétienne, l'Eglise orthodoxe contient la totalité et la plénitude de la vraie foi 'qui a été transmise aux saints une fois pour toutes' (Jude 1:3). L'espérance en Christ [une allusion au thème de l'assemblée d'Evanston: "Le Christ, seul espoir du monde"] est basée sur la foi véritable et entière, car il est écrit: d'abord la foi, ensuite l'espoir et puis l'amour, sinon il s'agit d'une maison sans fondations. La même chose s'applique à l'eschatologie contenue dans cette foi depuis l'origine. Sans une telle foi, il est difficile d'approcher le Christ en vérité, qui est considéré comme l'espoir total, aussi bien que le Christ eschatologique qui doit accomplir l'histoire de l'humanité et être le Juge pour l'éternité. L'union de toutes les églises ne peuvt être atteinte par des concessions mutuelles, mais seulement par l'adhésion de tous à la seule vraie foi dans son intégralité, car elle a été léguée par les Apôtres et formulée par les conciles œcuméniques; en d'autres termes, par le retour de tous les chrétiens à Église une et indivisible à laquelle appartenaient les ancêtres de tous les chrétiens dans le monde entier au cours des dix premiers siècles après Jésus-Christ. C'est la Sainte Eglise Orthodoxe."
(In St. Nicolai Velimirovic, “Догађај у Еванстону” publié dans “Слобода” du 20 Octobre 1954 et repris dans "Collected Works". Vol. 13, Himmelsthür, 1986, p. 42-46 (en serbe). Traduit de l'anglais par Vladimir Golovanow d'après Julija Vidovic, "St. Nicolas Velimirovic and St. Justin Popovic on Ecumenism", OrthodoxHandbook on Ecumenism. Resources for Theological Education, чијисуиздавачи P. Kalaitzidis, T. Fitzgerald, C. Hovorun, A. Pekridou, N. Asproulis, D. Werner and G. Liagre, VolosAcademy, WCC, Regnum Books International, Oxford, Volos, Greece, 2014, p. 263-272. Disponible en PDF à partir de https://icp.academia.edu/JulijaVidovic/Papers.)

(*) Référence à une citation du père Georges Florovsky (1893-1979); comme le souligne Mgr Maxim Vasiljevic (qui fut un disciple des saints Nicolas Vélimirovic et Justin Popovic), saint Nicolas reprenait scrupuleusement la position prise par le père Georges et y adhérait totalement (In “Trois théologiens serbes entre l’Orient et l’Occident. Nicolas Velimirovic, Justin Popovic et Athanase Jevtic”, in "Istina" LVI (2011), p. 63-78).
Le père Georges et St Nicolas furent des membres fondateurs du mouvement œcuménique, de la première réunion la première conférence de « Foi et Constitution » à Lausanne (1927) à la fondation du Conseil œcuménique des Églises.

"UN NOM NOUS RÉUNI ET NOUS RAPPROCHE - JESUS-CHRIST." Cette adresse de saint Nicolas aux représentants des différentes confessions chrétiennes membres du COE pourrait être le mot d'ordre et la justification du dialogue œcuménique...


3.Posté par Philippe Amartolos le 01/12/2015 12:51
Cher Vladimir,
Afin de pouvoir apporter une réponse à la question qui m'est posée, il faut avant tout procéder à une précision.
En effet, vous déclarez exactement ceci :
" Ceux que l'on appelle les "ZÉLOTES DE L'ORTHODOXIE " rejettent tous ceux qui sont engagés dans le dialogue œcuménique en les amalgamant aux "ultra-œcuménistes" (procédé de propagande totalitaire classique) et en voulant enfermer l'Orthodoxie dans une espèce de ghetto idéologique. La base idéologique la plus ferme de ce courant est constituée par un certain nombre de monastères, Mont Athos en tête, et la «Confession de foi contre l’œcuménisme d’avril 2009 peut être considérée comme leur manifeste Cf"

Or, bien que je sois indigne et que mon avis ou opinion ne compte pas, je ne reconnais pas cette définition comme juste car :
1. Le terme zélote est maladroit lorsqu'il est employé dans un contexte de polémique théologique comme celui de l’œcuménisme. Car de fait, il renvoi aux groupes schismatiques et au Monastère athonite d'Esphigménou qui confesse n'être que les seuls récipiendaires de la Grâce divine.
2.Le "ghetto idéologique" qui serait le résultat d'un repliement sur soit de l'Orthodoxie voulu par les tenants de "l'anti-œcuménisme" est, à mon sens, un exagération d'abord parce que, là aussi, ce terme de ghetto renvoi à certains événements passés qui, par on ne sait quelle influence, envahissent chaque débat et toute discussion ce qui cloisonne et enferme la réflexion intellectuelle sous une chape de plomb emplie de non-dit et d'interdits. Mais plus grave encore cette expression peut occasionner une mésinterprétation du rôle profond de la dogmatique orthodoxe qui d'après saint Justin de Tchélié se définie comme suit :

"Les dogmes sont les vérités éternelles de la Foi contenues dans la sainte Révélation, telles que l’Eglise les garde, les explique et les transmet comme règle divine, vivifiante et immuable du salut. Le mot « dogme » [δόγμα], est lui-même d’origine grecque et il provient du verbe δοκεῖν (penser, tenir, croire, supposer) ; au parfait passif et à la 3ème personne δέδοκται signifie : « il a été décidé, défini, déterminé » ; il désigne étymologiquement la pensée définie, affirmée comme vérité logique et incontestable dans n’importe quel domaine de l’activité : philosophie, religion ou droit. Les anciens auteurs grecs et romains utilisent le mot « dogme » dans ses acceptions philosophique, éthique, juridique… dans le sens d’ « enseignement », de « règle » qui, à cause de sa vérité irréfutable a pris pour beaucoup d’entre eux un sens de « vérité obligatoire » logique et factuelle, de « commandement », de « loi », de « décret »."
ET :
"C’est par les particularités suivantes que les dogmes sont d’éternelles vérités divines. Ce sont elles qui les caractérisent comme tels : leur révélation divine, leur ecclésialité, leur obligation universelle et leur immuabilité.
1° C’est la révélation divine qui est la caractéristique fondamentale faisant que les dogmes sont dogmes. Elle en atteste l’origine divine. C’est en vertu de cette origine que les dogmes ne sont pas seulement des vérités de foi, mais des vérités de foi révélées par Dieu Lui-même. C’est leur origine divine qui fait que ces vérités sont incontestables, éternelles, salvatrices, incompréhensibles, et qu’elles surpassent l’intelligence. […] C’est pour cette raison que les dogmes sont objet de foi, qu’ils sont reçus par la foi en tant que vérités divines supérieures à l’esprit et que l’Eglise ouvre le Symbole de foi par le mot « je crois » (Πιστεύω, Credo, Верую).
C’est leur origine divine qui distingue les dogmes chrétiens—vérités divines et éternelles—des dogmes des religions non chrétiennes et des enseignements philosophiques, vérités humaines, relatives et passagères. Hors de la Révélation chrétienne il n’existe pas et ne peut exister de divines vérités dogmatiques éternelles. Les vérités divines sont données une fois pour toutes dans la sainte Révélation, et l’Eglise les garde et les confesse comme telles.
2° L’ecclésialité est la seconde caractéristique de tout dogme. Du fait même qu’il est œuvre de Révélation, le dogme est également œuvre d’Eglise—car l’Eglise est le corps de la Révélation. La formulation et le commentaire des saints dogmes appartiennent à l’Eglise en tant que corps divino-humains du Christ, qui vit et œuvre par le Saint Esprit. Dans cette activité elle est infaillible, parce que sa tête est Jésus Christ et que son âme est le Saint Esprit de Vérité—qui la conduit vers toute vérité.
3° L’obligation universelle des dogmes, telle que la définissent les Pères du Vie Concile œcuménique, est la conséquence naturelle de leur origine divine et de leur caractère indispensable au salut de tout membre de l’Eglise. Les dogmes, en tant qu’ils sont révélés par la divinité trinitaire, sont de fait obligatoires pour qui désire le salut. Les renier serait renier le Sauveur et son exploit rédempteur du Salut. C’est en s’assimilant les dogmes par la foi que chaque homme peut obtenir le salut et la vie éternelle. Dans leur pureté révélée par Dieu et leur véracité, les dogmes sont indispensables au salut. Celui qui veut les changer ou les transformer s’expose lui-même au terrible anathème apostolique : Mais quand nous-mêmes, ou bien un ange venu du ciel vous annoncerions un autre évangile que celui que nous avons annoncé, qu’il soit anathème ! (Gal. 1, 8 ; 1 Jn, 2, 21-23). De tous ceux qui se joignent à elle, l’Eglise exige la confession de la vérité de tous les dogmes divins de la foi.
4° L’immuabilité comme caractéristique des dogmes découle de ce que les dogmes sont révélés par Dieu, comme de leur ecclésialité et de ce qu’ils sont indispensables à la vie et au salut des hommes. En tant que règles de foi données par Dieu, c’est de leur assimilation que dépend le salut des hommes. C’est pour cette raison que les dogmes sont immuables et intangibles, et que l’Eglise catholique du Christ garantit leur immuabilité par ses anathèmes contre ceux qui la menacent. De même que Dieu ne change pas, de même ses vérités ne changent pas. Comme les dogmes sont des vérités divines éternelles, ils ne changent pas ni ne peuvent changer : ils sont de Dieu, en qui il n’est ni changement ni variation. Donnés à l’Eglise par Dieu lui-même, sanctionnés et formulés par l’Eglise, les dogmes, ne peuvent être ni changés, ni accrus, ni diminués. « Les dogmes divins sont immuables » , dit saint Basile le Grand. « Les dogmes de la philosophie céleste, écrit saint Vincent de Lérins, ne peuvent être soumis à aucun changement, retranchement ou renversement, comme il en est des institutions humaines, qui ne peuvent être perfectionnées que par d’incessantes critiques et améliorations » .
De toutes ces particularités que nous avons citées, caractérisant les dogmes comme vérités divines éternelles, il résulte que les dogmes sont des vérités de la Révélation, transmises par Dieu à l’Eglise, comme règles de foi divines, immuables, et obligatoires pour tous les fidèles, sans lesquelles et en dehors desquelles il n’est ni salut, ni connaissance de la vie éternelle et du sens de la vie." (saint Justin de Tchélié, Philosophie Orthodoxe de la Vérité, tome 1, Cerf, Lausanne, 1992)

Aussi, je comprend mal comment la défense des dogmes, ne serait-ce qu'un exposé de ceux-ci, puisse aboutir sur un "ghetto idéologique" ne serait-ce qu'en espèce, car il est évident que a) le dogme n'enferme pas la vérité mais la rend libre de toute acception humaine et b) qu'il ne peut y avoir rien d'idéologique dans la Révélation divine pour laquelle les dogmes font offices à la foi de dépositaires et de gardiens ("La Révélation divine est la seule et unique source des dogmes" -- saint Justin, Philosophie... tome 1)

Le périodique "Orthodox Heritage" de la fraternité St-Poimen aux Etats-Unis, communauté fondée par le père Ephrem de l'Arizona, considère le métropolite Séraphim du Pirée comme étant LA voie de l'orthodoxie aujourd'hui. De fait, son action en faveur de la foi et contre toute forme de compromis doctrinale avec qui que ce soit (voir ses anathèmes prononcés contre tout ennemi de la Foi trinitaire et contre la théorie de l’œcuménisme, excluant de fait une condamnation par anathème des orthodoxes prenant part à ces assemblées apostates -- question des anathème du métropolite Séraphim déjà débattue sur ce forum il y a quelque temps).
La déclaration que vous signifie en lien (qui ne débouche pas sur le texte de la déclaration) est, selon ma simplicité d'esprit, tout à fait cohérente et en lien direct avec les encycliques de 1848 et de 1895, les écrits de saint Nicodème, le Pidalion compilé par ce dernier, ainsi que les confessions de foi des saints Marc d'Ephèse et Grégoire Palamas auxquels ont peut assimilé saint Photios. Ainsi, je ne prend pas beaucoup de risque en me déclarant obéissant à ce qui est professer par les "Fleurs du jardins de la Mère de Dieu" qui depuis un millénaire garde intact le dépôt de leurs Pères.
Je ne suis, en revanche, pas d'accord avec la réponse du Patriarche Bartholomée qui voudrait faire entendre que :

a) Ce texte se donne le titre de “Confession de foi”, rivalisant, d’une certaine façon — ou quoi qu’il en soit constituant un parallèle — avec les «Confessions de foi» officielles, comme celles des conciles saints et œcuméniques ou d’autres “confessions” portant les noms de personnalités telles que Pierre Moghila, Dosithée de Jérusalem et d’autres. Mais tandis que ces dernières ont fait l’objet d’une ratification synodale, la «confession» dont il est ici question n’a été aucunement ratifiée de cette façon, et, par ce titre égare une partie du peuple fidèle, se présentant comme une telle “Confession”.
(Source : http://orthodoxologie.blogspot.fr/2009/10/orthodoxiecomimportants-remous-au-sein.html)

Cette "ratification synodale" évoquée ici sert à décrédibiliser la confession de foi athonite. Car, le très saint patriarche de la nouvelle Rome (docteur en théologie au Vatican après avoir soutenue une thèse sur la codification des recueils des saints canons pour, en définitive, pouvoir atténuer le sens de ceux qui pourraient être contre les politiques de " paix et d'amour du monde") ne dit pas que le concile réunit par saint Photios en 879, (réunissant des représentant de l'ensemble du monde chrétien, condamnant le Filioque comme hérésie, ratifiant et proclamant comme digne de foi les conclusions du 7eme concile oecuménique, et proclamant comme illégitime toute innovation future faite aux saints dogmes) à toutes les qualités pour être déclaré comme le huitième concile œcuménique. Aussi, Sa sainteté fait fi des conclusions pourtant synodalement ratifiées par le concile de 879, tout en justifiant l'invalidité de la confession de foi athonite parce qu'il n'y a pas de ratification synodale...

De plus, il ajoute :
La “Confession” comprend in fine la proclamation que tous ceux qui communiquent avec les hétérodoxes et prient avec eux, se trouvent automatiquement en dehors de l’Église. Cela signifie que tous les patriarches et les autres primats d’Églises autocéphales avec leurs Saint-Synodes respectifs, en tant que participants à ces contacts et dialogues se sont mis en dehors de l’Église!!! Les signataires de la “confession”, de cette façon, nous taxent d’extérieurs à l’Église, c’est-à-dire de schismatiques. On peut se demander par conséquent pourquoi ils n’ont pas rompu la communion sacramentelle avec nous, étant donné que nous nous tous nous trouvons, selon eux, “en-dehors de l’Église”. Le germe du schisme existe dans les expressions susmentionnées de la “Confession”, ce qui convient de provoquer l’inquiétude de tous les pasteurs de l’Église."
(Source : http://orthodoxologie.blogspot.fr/2009/10/orthodoxiecomimportants-remous-au-sein.html)

Cette interprétation rappelle la qualification de "zélote de l'orthodoxie" qui voudraient que la grâce de Dieu ne soit présente que chez eux. Or ce procédé habituel est mensonger. Car ce qui est condamné par les moines athonites est bien l'action et la propagande faite au nom de l’œcuménisme par certains hiérarques, laissant à Dieu le soin de juger les personnes. Cette confusion est voulue afin de faire "tomber" les opposants à "l'aggiornamento" que l'on voudrait imposer à l'Eglise. L'évêque Artemije en Serbie en à lui fait les frais.

Toujours, pour rebondir sur vos déclarations précises et concises concernant saint Nikolaj d'Ohrid,
il est claire que, au vue de ce que vous relevé, ce saint fut soucieux de la conversion de ces innombrables âmes errantes d'occident et pris dès lors activement part à la proclamation de la foi dans ces assemblées nouvellement constituées, étant lui même un grand spécialiste de la pensée occidentale comme en témoigne ses oeuvres. Il fut en cela un continuateur de l'oeuvre du théologien russe Khomiakov qui, grâce à l'organe de presse "L'Union chrétienne" permis de faire découvrir aux classes érudites et aux théologiens occidentaux la foi et la vie selon l'Evangile du Christ gardée immaculée dans l'Eglise orthodoxe.
Cependant, vous n'apportez pas une précision, pourtant assez importante, sur les participants de ces premières assemblées "oecuméniques". En effet, comme c'est encore officiellement le cas de nos jours, le Vatican n'est pas membre au même titre que les autres "confessions" chrétiennes du COE. Ainsi,à l'époque des activités de saint Nikolaj -- avant le concile Vatican II -- prêchait la Vérité devant une assemblée où se réunissaient les principales factions protestantes, anglicanes, etc., l'assemblée papiste n'étant présente qu'à travers des "observateurs" faisant bonne figure. Ainsi, le saint évêque ne dialoguait-il pas directement avec les "hétérodoxes" papistes qui ont toujours été considérés de manière différente que les protestants et pour cause, comme le déclarait Khomiakov, le papisme est la source du protestantisme, le premier foyer révolutionnaire contre l'Eglise du Christ, la première rébellion contre la foi parfaitement éclairée par les saints conciles œcuméniques.


Cette présence protestante et l'action de saint Nikolaj est rendue tout à fait compréhensible grâce à ces mots du Métropolite Vitaly de l'EORHF :
"Si nous jetons un regard sur la vie intérieure de toutes les Eglises protestantes et si nous essayons de regarder la part qui y revient à l’œcuménisme, nous constaterons aussitôt l’existence de deux courants de pensée et de vie. La grande majorité des communautés protestantes est représentée par des gens qui ont, par la force du temps, abandonné leurs doctrines hérétiques, et qui, ne pouvant plus trouver dans leur milieu le stimulant qui donnerait de nouveau une force de concentration, s’abandonnant à l’œcuménisme. Ils sont complètement indifférents aux conceptions qui furent les leurs en d’autres temps et qui avaient été défendues par les souffrances et le sang versé ; ils représentent une énorme masse de gens indifférents au Christ. Le phénomène contraire se remarque quelquefois, mais il est rare, presque individuel ; il s’agit de quelques rares unités dans le monde protestant, agissant par instinct de conservation et ne voulant pas encore se voir fondre dans l’énorme masse dévitalisée et se transformer en cadavre de ce qui était autrefois le christianisme occidental." (La lumière du Thabor, n°9, 1er trimestre 1986).

Cette souffrance protestante est une des sources de l'engagement du saint en faveur d'une activité missionnaire ardente au sein de ces milieux en voie "d'athéisation". Activité que l'on ne peut comparer avec ce qui se fait de nos jours : le saint n'aurait jamais prié avec des hérétiques (selon ces dires) de même qu'il n'aurait jamais débattue des vérités révélées et gardées par les saints canons. de même qu'il n'aurait jamais participé à l'allumage des bougies pour hanouka, acte proscrit par le 72ème canon apostolique et qui aurait été en totale contradiction avec les déclarations présentent dans son livre "ПОРУКЕ СРПСКОМ НАРОДУ ИЗ ЛОГОРА ДАХАУ", traduit en anglais par : "Addresses to the Serbian People–Through the Prison Window" au chapitre 77, disponible en ligne ici (en serbe) : http://www.svetosavlje.org/biblioteka/vlNikolaj/KrozTamnickiProzor/Nikolaj070277.htm.

"UN NOM NOUS RÉUNI ET NOUS RAPPROCHE - JESUS-CHRIST." est aussi la proclamation de la véritable fraternité à rechercher, et la justification de tout travail missionnaire auprès de tout être humain tous voués dès la création à être déifiés par la foi en Jésus Christ, Pierre angulaire de toute vie sur terre.

4.Posté par Vladimir.G: "UN NOM NOUS RÉUNI ET NOUS RAPPROCHE - JESUS-CHRIST." (suite) le 01/12/2015 23:41
Bien cher Philippe Amartolos,

Merci pour votre nouveau commentaire, toujours très documenté. Débatre avec vous est très intéressant et enrichissant.

1. Je ne souhaite pas du tout me placer dans un contexte polémique, mais le terme "Zélote de l'Orthodoxie" a été employé dans l'encyclique du patriarche Bartholomée que vous citez pour qualifier les signataires de la "Confession de foi contre l’œcuménisme" de 2009. Il me semble donc bien approprié dans ce cadre comme je l'utilise aussi. D'ailleurs les moines d'Esphigménou se réclament aussi de cette "Confession de foi" (dont le lien donne un commentaire lui-même relié à l'original…) et j'avoue ne pas bien voir où est la nuance…

2. Je fais par contre clairement la différence entre les tenants de cette "Confession de foi" et l'opposition aux dérives œcuméniques de ceux qui suivent saint Justin de Tchélié. Ceux-ci s'opposent en effet aux tendances humanistes de la démarche "œcuménique" des Catholiques et Protestantsauxquels saint Justin oppose le concept d'un "œcuménisme orthodoxe", qui rejoint sur le fond la démarche d'un saint Nicolas d'Ohrid comme le montre bien le Dr Vidovic. Lorsque St Nicolas proclame "UN NOM NOUS REUNI ET NOUS RAPPROCHE - JESUS-CHRIST" devant les représentants des Églises Catholique et Protestantes, c'est bien à cela qu'il appelle.

3. Les considérations concernant les bougies pour hanouka sont absolument hors sujet (nous débâtons des relations des relations entre confessions chrétiennes et le judaïsme n'en fait pas partie…). Par contre il est clair que le dialogue avec les Catholiques romains est, sur ce plan, au même niveau qu'avec les confessions Protestantes qui n'avaient pas connues au temps de St Nicolas les dérives que nous voyons aujourd'hui (épiscopats féminisé, ordination d'homosexuels…): Vous citez vous-mêmes Khomiakov démontrant que le papisme est la source du protestantisme et les représentants officiels de Rome étaient bien là en temps qu'observateurs parmi ceux à qui s'adressait St Nicolas en 1954. Comme je le montre dans mon article "Quelques étapes de l'œcuménisme orthodoxe Partie 2" (renvoi 2 de l'article ci-dessus), tous les participants orthodoxes au débat œcuménique ont toujours réaffirmé la doctrine définie par St Nicolas, sauf ceux que j'appelle ULTRA ŒCUMENISTES."

Mais le sujet essentiel qui me préoccupe est bien cette division à l'intérieur de l'Orthodoxie au nom de "la proclamation de la véritable fraternité" où le patriarche Bartholomé voit un risque de schisme. Je pense que nous devons tous prier pour éviter cela.

Amen

5.Posté par Daniel le 02/12/2015 12:55
@ Vladimir (message 4)

Le moines d'Esphigmenou ne se réclament pas de la confession de foi de 2009. Les moines d'Esphigmenou ont rompu la communion avec Constantinople et sont en communion avec le synode vétérocalendariste grec de Callinique d'Athènes. À l'inverse, la confession de 2009 est rédigée par des personnes en communion avec Constantinople.

Je pense que le Docteur Vidovic ne montre pas grand chose, mis à part une certaine confusion qu'elle n'aide pas à éclaircir, ce qui est dommage quand on est doctorant, car au final oecuménisme devient un mot valise contenant tout et son contraire, ce qui permet toutes les manipulations.

6.Posté par justine le 03/12/2015 08:22
Appelons donc les choses par leur nom : Ce dont il s'agit dans toute cette thématique, c'est l'affrontement entre l'apostasie et la fidélité. Il existe une excellente analyse à ce sujet, de la plume du p. Seraphim Rose, hiéromoine orthodoxe américain, auteur de plusieurs livres importants (malheureusement non traduits en français jusqu'à ce jour), et basée sur l'oeuvre d'Ivan Kireyevsky. Ce penseur russe (1806-1856), disciple du Starets Makarij d'Optina, est une source de premier ordre pour comprendre la nature de cet affrontement. "Il avait été", écrit le père Séraphim Rose, "pénétré entièrement de l'esprit occidental, puis s'est converti entièrement à l'Orthodoxie. Pour cette raison, il a vu que ces deux choses ne peuvent etre mises ensemble." (cité dans Hieromonk Damascene, "Father Seraphim Rose, His Life and Works", St. Herman of Alaska Brotherhood, Platina 2005, p. 620).

Citant amplement des oeuvres de Kireyevsky, le p. Séraphin montre que l'origine de l'apostasie moderne, laquelle commença avec le schisme de Rome, est une caractéristique spécifique de l'esprit occidental: la conviction que la pensée rationnelle est plus importante que l'essence intérieure des choses. Tant que Rome fit partie de l'Eglise universelle, ce trait culturel, cette confiance dans les conclusions logiques, demeura en équilibre. Mais lorsque Rome se detacha de l'Eglise universelle, "ce trait donna naissance à tout un système d'erreurs, causant un aveuglement général vis-à-vis des vérités qui sont en-dehors de la sphère de la logique" (ibid, p. 621).

Kireyevsky ecrit: "Il est tout à fait clair pour nous pourquoi les théologiens occidentaux avec toute leur méticulosité logique ne pouvaient concevoir l'unité de l'Eglise autrement qu'à travers l'unité extérieure de l'épiscopat... Cela explique aussi pourquoi ils pouvaient attribuer une valeur essentielle aux oeuvres extérieures de l'homme; pourquoi ils ne pouvaient concevoir comme moyen de salut pour une âme qui, tout en étant intérieurement prête, ne disposait pas d'une quantité suffisante d'oeuvres extérieures, qu'une période déterminee dans le purgatoire, et pourquoi enfin ils pouvaient attribuer à certains hommes même un excès d'oeuvres extérieures méritoires et transférer cet excès à d'autres hommes qui étaient en déficience de telles oeuvres" (c'est à dire tout le système latin des indulgences et d'oeuvres superérogataires des Saints). (cité à la meme p. 621)

Et Kireyevsky poursuit: "L'Eglise Romaine est tombée hors de la vérité uniquement parce qu'elle désirait introduire dans la Foi de nouveaux dogmes inconnus à la tradition de l'Eglise et engendrés par les conclusions fortuites de la logique occidentale. A partir de là se developpa d'abord une philosophie scholastique dans le cadre de la Foi, puis une réformation de la Foi et enfin une philosophie hors de la Foi. Les premiers rationalistes furent les scholastiques. On peut dire que l'Europe du 19e siècle acheva le cycle d'un développement qui avait commence au 9e." (cite p. 622).

Pendant la scholastique du Moyen Age, observe le p. Seraphim - et il souligne que le "Moyen Age" fut un phénomène exclusivement occidental, toutes les autres cultures, soit chrétiennes comme Byzance et la Russie, soit non-chrétiennes comme la Chine et l'Inde, ne connaissant que deux périodes: l'ancienne, pendant laquelle ces civilisations étaient régies par leur propre vision du monde, et la moderne, quand elles furent submergées par l'Occident -, pendant la scholastique du Moyen Age donc, l'enseignement chrétien est "systématisé" et subordonné à la logique. "La 'logicité' devient le premier critère de vérité et les sources vivantes de la Foi sont releguées à la seconde place. Sous cette influence, l'homme occidental perd la relation vivante avec la Vérité. Le christianisme est réduit à un système, au niveau humain. ...C'est une tentative de fabriquer, par l'effort humain, quelque chose de 'meilleur que le christianisme' . Le preuve de l'existence de Dieu d'Anselme en est un exemple - il est 'plus fûté' que les Saints Pères." (p. 622).

Devant tout cela, cher Vladimir, quel poids peut avoir le discours écuméniste académique et à la fois sentimental stereotype (et trop souvent hypocrite) qui passe complètement, mais alors COMPLETEMENT à côté du problème reel?


Les chrétiens, les orthodoxes et les autres qui désirent le devenir et le rester, font bien de lire les oeuvres du bienheureux père Séraphin de Platina (en anglais pour le moment, puisqu'aucun éditeur de langue française ne s'est encore trouvé pour le publier!), car d'une part, ayant été pleinement contemporain et familier avec tous les phénomènes du monde moderne et en meme temps pleinement immergé dans la Tradition patristique orthodoxe authentique et vivante, comme ascète et comme théologien, il nous a laissé un témoignage unique et un message de la plus haute importance: un "programme de survie orthodoxe" dans l'apostasie générale de nos jours.

7.Posté par Tchetnik le 03/12/2015 10:32
Elle montre surtout que tout le monde emploie le même terme pour désigner des choses différentes. Ce qui permet à certains défenseurs d'une position ultra relativiste de se réclamer de gens qui pourtant n'ont jamais milité pour.

8.Posté par Père Joachim le 03/12/2015 11:05
Oui, oui tout va bien !

Mais histoire de faire fumer quelques encensoirs et lumignons de plus devant des icônes à Paris,
c'est quand qu'on ouvre la nouvelle Cathédrale ?
Il faudrait pouvoir accueillir bientôt dignement l'"unique Grand Prêtre et seul Prince de la Paix"

9.Posté par Ulysse le 03/12/2015 13:43
Au sujet du père Seraphim Rose, il reste quelques exemplaires de "L'orthodoxie et la religion du futur". Il faut contacter le monastère Saint Geny qui avait publié ce livre en français.
Il y a aussi la vie de St Seraphim par le saint père Justin...

10.Posté par Vladimir.G: opposer l''''harmonie orthodoxe entre la foi et la raison au rationalisme occidental relie au catholicisme-protestantisme comme "religion dominante" en Occident le 03/12/2015 20:40
Merci bien cher Justine pour ce rappel magistral des thèses du fondateur du mouvement slavophile en Russie au tournant du XIXe siècle.

Ivan Kireevsky (Moscou1806 - Saint-Pétersbourg 1856) et son contemporain Alexis Khomiakov (Moscou 1804 - 1860) lancèrent ce mouvement qui permit de faire renaitre la pensée orthodoxe malgré la culture sécularisée et occidentalisée qui prévalait à l'époque. Ils utilisèrent le langage contemporain de la philosophie européenne, et principalement des idéalistes allemands, pour rendre accessibles à leurs contemporains les bases de l'Orthodoxie et en montrer la vérité intemporelle. Je ne sais pas de quel texte d'Ivan Kireevsky proviennent vos citation, mais elles sont bien dans l'esprit de son étude “Sur la nécessité et la possibilité nouveaux principes philosophiques” (1856). Ce texte, considéré comme programmatique du courant slavophile, appelle à créer une nouvelle philosophie russe sur «les bases vraies» de la tradition orthodoxe tout en utilisant la langue philosophique de Schelling; mais surtout il oppose déjà l'harmonie orthodoxe entre la foi et la raison au rationalisme occidental qu'il relie au catholicisme-protestantisme en considérant que toute philosophie dépend de la "religion dominante".

L'exposé du Dr. Vidovic permet de faire le lien entre ces auteurs de la première moitié du XIXe siècle et les deux saints théologiens du XXe en montrant leur commune critique "d'une civilisation européenne séparée de Christ, d'une part, et de la présence des tendances sécularisatrices à l'intérieur même de l'église d'autre part." Ces tendances étaient en effet depuis longtemps à l'œuvre en Occident, comme l'écrivent Kireevsky et Khomiakov, mais elles se sont encore exacerbées au XXe siècle comme le soulignent les saints Nicolas et Justin.

11.Posté par Vladimir.G: Rencontre de travail du métropolite Hilarion avec le secrétaire général du Conseil œcuménique des églises le 13/03/2017 12:57
Rencontre de travail du métropolite Hilarion avec le secrétaire général du Conseil œcuménique des églises

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Le 7 mars 2017, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a rencontré Olaf Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des églises.

Durant l’entretien, les parties ont insisté sur l’importance d’initiatives telles que la conférence internationale « Le respect mutuel et la coexistence pacifique comme condition de la paix et de la stabilité interreligieuses : la protection des chrétiens et des représentants d’autres religions », à laquelle ils avaient pris part. Différentes questions relatives à la défense des chrétiens du Proche Orient ont été soulevées.

Le secrétaire général du COE a présenté au métropolite Hilarion les résultats de son séjour en Irak, dont l’objectif principal était de manifester sa solidarité avec les églises de ce pays et d’analyser la situation des chrétiens en Irak. Olaf F. Rveit a souligné que les représentants officiels de l’état irakien voyaient dans la présence chrétienne un facteur important pour leur pays, nécessaire à la construction d’une société véritablement pluraliste. O. F. Tveit a invité le Patriarcat de Moscou à participer aux prochains programmes du Conseil œcuménique des églises sur l’Irak.

Les participants à la rencontre ont aussi évoqué la situation de l’Église orthodoxe en Ukraine. Le secrétaire général du COE a souligné l’importance de la présence de deux représentants de l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou à la session du Comité central du COE en Norvège, en juin 2016. Le COE avait alors confirmé sa volonté de collaborer dans l’avenir avec les églises canoniques en Ukraine afin de parvenir à la paix.

12.Posté par Vladimir.G: "un seul nom nous rassemble ici, à Evanston, - Jésus Christ"... le 01/07/2017 15:00
Sur un site voisin Jean à posté le commentaire suivant, qui me parait plus approprié sur ce fil: "A la bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, de même qu'à la bibliothèque des facultés de théologies de Strasbourg, est disponible le compte rendu de la réunion d'Evanston en 1954.
En le scrutant minutieusement, je n'ai pu trouver aucune mention d'une participation, encore moins d'une déclaration de saint Nicolas Vélimirovitch.
Le lien donné par Vladimir, ne fait que recenser les déclarations écrites dans un article par Mme Vidovic qui elle-même ne cite jamais précisément ses sources, ce contentant de précisions spatio-temporelles.

... voici la référence du livre évoqué: voici la référence du livre évoqué: L'Espérance chrétienne dans le monde d'aujourd'hui : message et rapports de la deuxième Assemblée / du Conseil oecuménique des Eglises, Evanston 1954 [15-31 août]
Neuchâtel ; Paris : Delachaux et Niestlé, cop. 1955. 478 p. ; 24 cm.
Malheureusement sur le site de la bibliothèque je n'ai pas vu l'ISBN.
L'Espérance chrétienne dans le monde d'aujourd'hui : message et rapports de la deuxième Assemblée / du Conseil oecuménique des Eglises, Evanston 1954 [15-31 août] Neuchâtel ; Paris : Delachaux et Niestlé, cop. 1955. 478 p. ; 24 cm. Malheureusement sur le site de la bibliothèque je n'ai pas vu l'ISBN."


Réponse: Merci bien cher Jean pour cette recherche scientifique de vérification des sources. Vous êtes bien le premier à vous mettre à ce niveau au lieu d'aligner affirmations gratuites et raisonnements personnels. Les actes de l'Assemblé générale du COE ne sont pas disponibles sur Internent et je n'ai pas accès à l'ouvrage que vous cite. Mais le Dr. Julija Vidovic est une chercheuse sérieuse qui publie sur plusieurs sites renommés dont www.academia.edu et, en lisant son article disponible in extenso sur https://www.academia.edu/2619413/_St._Nikolai_Velimirovic_and_St._Justin_Popovic_on_Ecumenism_P._Kalaitzidis_T._Fitzgerald_C._Hovorun_A._Pekridou_N._Asproulis_D._Werner_G._Liagre_%C3%A9d._Orthodox_Handbook_on_Ecumenism._Resources_for_Theological_Education_Volos_WCC_Regnum_Books_International_Greece_2014_263-272, on constate qu'elle donne la référence de sa citation (note 22): "St. Nicolai Velimirovic, “Догађај у Еванстону” first published in review “Слобода” from 20th of October 1954 and reprinted in Collected Works. Vol. 13, Himmelsthür, 1986, p. 42-46 (in Serbian)." Resterait à vérifier l'authenticité des sources de cet ouvrage là...


En tout les cas, comme je l'écris dans mon article, la position de St Nicolas a été parfaitement cernée par la Dr. Julija Vidovic: il était très favorable au développement du dialogue œcuménique à ses débuts et il en fut l'un des fondateurs en participant à la première conférence de « Foi et Constitution » (Lausanne, 1927(2)). Il se méfia ensuite de l'évolution de l'œcuménisme, dominé par les Protestants en l'absence de l'Église catholique, mais, comme l'écrit le Dr Vidovic, "cela ne signifie pas que l'évêque Nicolas n'était plus ouvert au dialogue œcuménique…mais il développe une claire distinction entre 'les églises hétérodoxes' et l'Eglise Orthodoxe. Dans 'Centurie de Ljubostinja' il va même plus loin en écrivant que, dans le monde chrétien, seule l'Eglise Orthodoxe honore l'Evangile comme la Vérité absolue et n'est pas gouvernée par l'esprit du siècle," et elle l'illustre parfaitement avec la citation de son discours à la deuxième Assemblée du COE (Evanston, 15-31 août 1954)… Toutes les délégations orthodoxes aux différentes instances œcuméniques reprennent cette doctrine, de la "déclaration d'Oberlin" (Conférence "Foi et Constitution", 1957) au dernier discours du métropolite Hilarion de Volokolamsk (Pusan, Corée, Xe Assemblée du COE, 30 octobre - 8 novembre 2013), sans oublier les "Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie" (2000). "

13.Posté par Vladimir.G: l'erreur de ceux qui "se sont détachés de l’Église à cause des unionistes." le 20/03/2018 12:08
« Dans le passé, de nombreux fidèles, moines ou laïcs, se sont détachés de l’Église à cause des unionistes. A mon avis chaque fois que des gens se séparent de l’Église à cause des fautes du Patriarche ils ne font pas bien du tout. C’est du dedans, tout près de notre Mère l’Eglise, qu’il est du devoir et de l’obligation de chaque membre de lutter à sa façon. Cesser de commémorer le Patriarche, se séparer et créer sa propre église et continuer à parler de façon blessante du Patriarche dénote un manque de sens. » (Saint Païssios l'Athonite)

14.Posté par Daniel le 20/03/2018 14:20
Comme si l'ancien Paissios avait obtenu un seul résultat de sa vie avec sa posture.

15.Posté par Vladimir.G: Le Patriarcat œcuménique canonise l’Ancien Païssios, le 21/03/2018 18:34
CANONISATION

Mardi 13 janvier 2015, le saint-synode du Patriarcat œcuménique a canonisé l’Ancien Païssios du Mont Athos, un spirituel de la Grèce contemporaine très estimé dans l’Église orthodoxe.

Né en 1924 en Asie Mineure et baptisé par saint Arsène de Cappadoce, l’Ancien Païssios vécut la vie monastique à Konitsa (Grèce) puis sur le Mont Sinaï (Égypte) et enfin sur le Mont Athos, la prestigieuse « sainte montagne », en Macédoine, où il a passé la plus grande partie de sa vie.

Le mode de vie de Païssios, qui comprend une forte dimension ascétique, contribue à sa vénération chez les orthodoxes. Pour ces derniers, il incarne les vertus chrétiennes, en particulier l’humilité et la charité. Il avait la réputation d’exercer un don de guérison. On dit qu’il sut s’attirer la sympathie des animaux, et fut un homme clairvoyant et généreux.

Selon le P. Isaac, l’un de ses disciples, l’Ancien prodiguait des conseils sur la prière, la vie monastique, les charismes, la paix : « La paix du monde viendra de la paix intérieure. Les organisations pour la paix ne peuvent rien y faire » enseignait-il.

L’Ancien Païssios est mort en 1994. Sa mémoire est vénérée en Grèce, notamment aux monastères Saint-Jean-le-Théologien et Saint-Arsène-de-Cappadoce près de Thessalonique où il est enterré.

https://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/Monde/Le-Patriarcat-aecumenique-canonise-l-Ancien-Paissios-moine-athonite-du-XXe-siecle-2015-01-16-1268488

HAGIOGRAPHIE

L'Ancien Païssios du Mont-Athos (1924-1994) est, parmi les grands spirituels orthodoxes du XXe siècle, un géant. Les dizaines de milliers de personnes qui ont trouvé auprès de lui lumière, espoir, consolation, force, paix et joie le savent déjà. Ceux qui liront ce texte en seront rapidement convaincus. Bien qu'il se présente comme une biographie, ce livre relève du genre hagiographique.

https://www.lagedhomme.com/ouvrages/hieromoine+isaac/l%27ancien+paissios+de+la+sainte-montagne/3542

16.Posté par Vladimir G: On ne peut pas dire qu'il y a une doctrine orthodoxe claire sur ce sujet le 07/08/2019 19:31
Un commentaire sur un autre fil disait: "l’œcuménisme: le peuple est est globalement contre mais vous prenez". Je reporte ici ma réponse car ce fil est dédié à ce sujet.

J'ai bien écrit dans mon article ci-dessus "La grande majorité des croyants et des prêtres de paroisse, ainsi que bon nombre de théologiens et de prélats un peu marginalisés par leurs hiérarchies dans leurs Églises, se retrouvent dans ce courant là avec les Églises de Bulgarie et de Géorgie." Je suis donc très conscient de ce problème, mais c'est une erreur de dire que "le peuple est est globalement contre": ce n'est la majorité qui détient la Vérité dans l'Orthodoxie mais bien la "réception" consensuelle par le Peuple de Dieu qui est "gardien de la foi" comme l'écrivent les Patriarches Orientaux en 1848. Or, sur cette question, nous en sommes loin: les hiérarchies de 13 Églises (sur 15) participent au dialogue œcuménique ainsi que la majorité des théologiens et des personnalités de premier plan comme, pour la Russie, le père Zénon (célèbre iconographe), le père Georges Kochetkov (Fraternités de la Transfiguration*, Institut St Philarète**) et surtout le métropolite de Volokolamsk Hilarion avec son Institut St Cyrille et Méthode***; ces personnalités charismatiques font progresser l'adhésion au dialogue œcuménique en Russie. Et dans la diaspora, c'est la grande majorité des paroisses qui y participent à la suite des établissements prestigieux que sont l'ITO St Serge, avec ses éminent théologiens comme le métropolite Antoine, le père Alexandre Schmemann et bien d'autres qui ont fait progresser la doctrine œcuménique orthodoxe, et le jeune séminaire d'Épinay qui la met concrètement en pratique (je parle essentiellement de la situation dans l'Église russe, que je connais bien, mais dans le reste de la diaspora il y a par exemple l'OCA, qui est très engagée dans les dialogues œcuméniques...)

En fait, la question du dialogue œcuménique est récente et fait encore largement débat au sein de l'Orthodoxie, comme je l'explique dans l'article ci-dessus. Le texte adopté au Concile de Crête ("Les relations de l’Église orthodoxe avec l’ensemble du monde chrétien", 2016) a provoqué beaucoup de controverses et reste ambigu. On ne peut donc pas dire qu'il y a une doctrine orthodoxe claire sur ce sujet et les différents points de vue continuent à être débattus.

* https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-Fraternite-de-la-Transfiguration-celebre-son-25e-anniversaire-une-liturgie-est-officiee-a-la-cathedrale-du-Christ_a4435.html
** https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Bulletin-de-la-Fraternite-de-la-Transfiguration-et-de-l-Institut-orthodoxe-Saint-Philarete-mai-2016_a4727
*** https://mospat.ru/fr/category/news/inter-christian-relations/

17.Posté par Tchetnik le 07/08/2019 22:02
Il faudra qu'un jour Vladimir comprenne la ((très grosse)) différence entre "garder" la Foi et la "définir".

Le "consensus" (Qui reste d'ailleurs indéfinissable, et encore moins si on refuse le critère majorité-minorité, effectivement stupide, ce qui prouve que le "consensus" n'existe pas) n'est pas le "critère" de définition de la Vérité, cette dernière est révélée par Dieu, incarnée ensuite dans la Sainte Ecriture, les réflexions et témoignages de Foi des Apôtres et des Pères de l'Eglise et manifestée dans les Conciles Œcuméniques. Il n'en n'a jamais été autrement dans l'Eglise. En tout cas Orthodoxe...

18.Posté par Didier Veillat le 08/08/2019 10:09
@ Tchetnik

Puisque vous dites que la définition de la Vérité est révélée par Dieu:
"Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises" (Apocalypse 3;6).
Tout le monde n'a pas la même oreille. Toute définition (j'entends objective) de la Vérité est ainsi vouée à l'échec. Il vaut donc mieux garder ce qui a été confié par Dieu que le définir.

Et encore! Garder, définir, c'est encore d'ici-bas... D'où les nombreuses frasques de l'histoire au nom de la Vérité, encore aujourd'hui.
Mais globalement, je vous rejoins; l'Orthodoxie a gardé l'essentiel.

Didier Veillat

19.Posté par Vladimir G: toutes les prises de position en restent au stade de théologoumènes le 08/08/2019 17:15
L-OECUMENISME_a4530.html?com#comments
''Les évêques, dit Khomiakov*, étant docteurs de la foi, définissent et proclament la vérité dans les conciles, mais ces définitions doivent ensuite être reçues par tout le peuple de Dieu (dont les laïcs font partie), puisque c'est le peuple de Dieu qui, en sa totalité est gardien de la Tradition"**. Concernant œcuménisme, il n'y a eu ni approbation ni condamnation conciliaire et le Peuple de Dieu étant partagé, toutes les prises de position en restent au stade de théologoumènes...

* Alexeï Stepanovitch Khomiakov, 1804 à Moscou - 1860, est un théologien, poète et philosophe russe, généralement considéré comme le chef de file des "Slavophiles". Cf. https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Arkady-Mahler-developpement-de-la-theologie-russe-aux-XIX-XX-siecles_a3311.html
** Mgr Kallistos Ware "L'Orthodoxie : L'Eglise des sept Conciles", Editions du Cerf, Paris, 2002, p. 326

20.Posté par Vladimir G: Concernant l'œcuménisme, il n'y a eu ni approbation ni condamnation conciliaire le 09/08/2019 15:05
''Les évêques, dit Khomiakov*, étant docteurs de la foi, définissent et proclament la vérité dans les conciles, mais ces définitions doivent ensuite être reçues par tout le peuple de Dieu (dont les laïcs font partie), puisque c'est le peuple de Dieu qui, en sa totalité est gardien de la Tradition"**. Concernant l'œcuménisme, il n'y a eu ni approbation ni condamnation conciliaire et, le Peuple de Dieu étant partagé, toutes les prises de position en restent au stade de théologoumènes. C'est le contraire de la situation pour le rite de bénédiction des icônes, dont nous débattons sur un autre fil: là il y a bien eu proclamation dans les Euchologes et Trebniks puis large réception par une pratique quasi générale...

* Alexeï Stepanovitch Khomiakov, 1804 à Moscou - 1860, est un théologien, poète et philosophe russe, généralement considéré comme le chef de file des "Slavophiles". CF. https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Arkady-Mahler-developpement-de-la-theologie-russe-aux-XIX-XX-siecles_a3311.html
** Mgr Kallistos Ware "L'Orthodoxie : L'Eglise des sept Conciles", Editions du Cerf, Paris, 2002, p. 326

21.Posté par Daniel le 09/08/2019 19:54
Le critère de la vérité est la vérité elle-même, non la quantité de personne qui y adhèrent. Ceux qui ont une vision démocratique de la vérité chanteront les louanges de l'Antichrist vu qu'une majorité sera séduit par lui.

22.Posté par Vladimir G: "Les évêques définissent et proclament la vérité ..." le 11/08/2019 18:28
Et donc, pour les Orthodoxes, "Les évêques définissent et proclament la vérité dans les conciles, mais ces définitions doivent ensuite être reçues par tout le peuple de Dieu..." CQFD!

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