La question posée par notre nouveau sondage (en gardant en esprit les réserves techniques formulées précédemment), nous pose évidement un problème fondamental sur la manière de vivre notre foi. La Liturgie est en effet au centre de notre foi, de notre vie de chrétien, de la vie de l'Église, comme le montre en particulier le livre du père Alexandre Schmemann que j'avais déjà cité (1) (il le fait de façon magistrale et, je crois, pour la première fois avec cette approche et en ces termes accessibles à chaque croyant). Il est donc évident à tous, je pense, que la question posée est essentielle; elle fait d'ailleurs l'objet de débats passionnés dans tout le monde orthodoxe. Pourtant, pour ce qui me concerne, aucune réponse proposée ne me semble satisfaisante. Peut-être, ce sujet complexe ne peut-il être ainsi simplifié?

Je vous propose ci-dessous un petit extrait du livre de p. Alexandre (p. 87) qui a directement trait à la question posée:

Une fonction essentielle de la tradition liturgique est de garder en plénitude la vision et la doctrine chrétiennes du monde, de l'Église, de I'homme, une plénitude qu'aucun individu ni aucune époque ni aucune génération ne sont capables à eux seuls de comprendre et de conserver. Tout de même que le fait chacun de nous, chaque culture ou société "choisi", inévitablement dans le christianisme ce qui correspond à ses "besoins" , ou à ses problèmes. Aussi est-il d'une importance majeure que la "Tradition", I'organisation, les définitions dogmatiques et la rège de prière de l'Église ne permettent d'identifier avec le plérome de la révélation chrétienne aucun de ces choix ni les jugements et adaptations qui les accompagnent immanquablement.

Or il se produit sous nos yeux, dans le christianisme occidental, un processus de réévaluation de la tradition en fonction de sa correspondance avec les "besoins du temps" et les. "problèmes de I'homme d'aujourd'hui". Et ce sont justement cet "homme" et la culture "moderne" qui représentent les critères d'appréciation de ce qui serait permanent et de ce qui serait caduc dans le christianisme, à peu près sans discussion. Pour mieux servir cette ' modernité ', certains sont disposés à évacuer de l'Église tout ce qui leur paraît "non pertinent","inactuel", (irrelevant). C'est la sempiternelle tentation du modernisme qui secoue périodiquement I'organisme ecclésial. Aussi, quand il est question de telle ou telle coutume ou tradition "désuètes'' est-il indispensable de faire preuve de Ia plus grande prudence et de se demandent non pas si elles correspondent à Ia " modernité", mais si elles expriment quelque chose de constant et de substantiel dans le christianisme, quand même elles sembleraient "dépassées".


(1) P. Alexandre Schmemann. L'EUCHARISTIE Sacrement du Royaume. Traduit par Constantin Andronikov. L'Échelle de Jacob. Editions ŒIL - YMCA.PRESS.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 30 Avril 2009 à 16:33 | 0 commentaire | Permalien


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