La pierre naturelle magnifie le Centre spirituel et culturel russe de Paris
Façade achevée du bâtiment Branly du CSCP

Pour rappel, le projet du CSCO comporte 4 bâtiments R+3 étalés sur une surface au sol de 4.790 m2, en lieu et place de l'ancien siège de Météo France, situé à l'angle du Quai Branly et de l'avenue Rapp (7e arrondissement de Paris).

Confié à Jean-Michel Wilmotte en 2014, après que le maître d'ouvrage et la ville de Paris ont rejeté une première esquisse d'un autre architecte, le projet comporte une cathédrale et trois bâtiments destinés à accueillir un Centre paroissial, un auditorium de 200 places et son foyer, une école primaire franco-russe de 150 élèves, des salles d'exposition, un séminaire, des logements, une librairie, une bibliothèque et une cafétéria.

La pierre naturelle magnifie le Centre spirituel et culturel russe de Paris
Surtout l'îlot arborera une allée centrale, séparant l'église du Palais de l'Alma restauré, qui offrira une perspective depuis le bâtiment de l'école l'école jusqu'aux quais de la Seine. Wilmotte a ainsi conçu un "ensemble monolithique très calme", mais aussi très aéré et respirant, alors qu'il se situe dans un tissu urbain restreint et dense.

"J'ai une passion pour l'Eglise orthodoxe. Par esprit de curiosité, j'ai fait la procession de Pâques à Moscou et mon projet est fondé sur l'horizontalité, la transparence, le travail de la lumière, la minéralité, la sobriété et la douceur", expliquait Jean-Michel Wilmotte au magazine Paris Match.

La pierre naturelle magnifie le Centre spirituel et culturel russe de Paris
Détail des pierre en Massangis du CSCO

Et justement, cette minéralité souhaitée par l'architecte français, on la retrouve dans le choix de la pierre, élément essentiel du projet architectural. "Jean-Michel Wilmotte a souhaité donner une identité parisienne à ce projet, en travaillant avec une pierre utilisée à Paris. Et son choix s'est porté sur le pierre de Massangis, extraite dans les carrières de l'Yonne, pour les façades et les parties intérieures, mais aussi la pierre de Rocherons-Comblanchien pour les espaces extérieurs, qui elle est extraite en Côte d'Or", explique, ce mardi 12 juillet, Louis Lafargue, un des collaborateurs de l'architecte sur ce projet. Avant de poursuivre : "L'idée était de créer des jeux de lumière naturelle sur les façades, et la pierre choisie a permis cela".

L'originalité du projet tient notamment dans l'utilisation "horizontale" des pierres. Telles des lames, ou strates, aux longueurs variées, elles vont habiller les façades des bâtiments selon un calepinage minutieux. Près d'une centaine de profils ou gabarits ont été créés, se déclinant à divers endroits des bâtiments : dalles, pièces fraisées, débouchantes, incurvées, convexes, concaves, sculptées...

Chaque pièce est donc unique, et il a fallu créer un refoulement sur le côté des profils pour accueillir un insert inox.

La structure métallique supporte un mur rideau composé d'une alternance de pierre et de verre en avant par rapport aux façades enveloppes des bâtiments.

Pierre, verre, bois et inox sont les principaux matériaux utilisés dans ce projet, conférant à la réalisation sobriété, élégance et raffinement.

La pierre naturelle magnifie le Centre spirituel et culturel russe de Paris
Structure porteuse en façade et Isolation par l'extérieur

Le bureau d'études de Rocamat a dû adapter les pièces aux contraintes de pose. Les profils moulurés ont été percés, collés et goujonnés pour être fixés à deux platines métalliques chargées de lier la pierre au mur rideau Permasteelisa.

"En effet, 5.555 bandeaux linéaires de pierre ont été accrochées en porte-manteau par Permasteelisa sur la structure rapportée devant le bâtiment au moyens d'ergos posés en usine, pour l'ensemble des bâtiments tertiaires", explique le cabinet Wilmotte. Qui précise que le système de la façade a nécessité une Atex du CSTB.

Pour l'Eglise, il aura fallu 6.184 pièces, usinées dans un atelier de la Vienne, avec 72 profils différents.

Sur certaines façades de la cathédrale, il s'agit de pierres agrafées avec ITE. Sur le reste des façades, c'est un système autoporteur.

La pierre attachée permet de réaliser des revêtements muraux constitués de plaques de pierre fixées à un support béton ou en maçonnerie. Une lame d'air ventilée doit être prévue entre la face arrière des plaques et l'isolant fixé au support. L'épaisseur d'isolant est couramment de 15 cm et peut aller jusqu'à 28 cm. Le DTU de référence de ce système est le 55.2.

La pierre naturelle magnifie le Centre spirituel et culturel russe de Paris
Montage de l'une des façades du CSCO et angle du CSCO

A l'angle des façades, certaines pièces sont incrustées de verre doré.

La production des pierres s'est étalée sur 8 mois, alors que la mise en oeuvre, beaucoup plus rapide, s'est déroulée en 4 mois. Rocamat a donc fabriqué en amont et stocké sur ses propres sites l'ensemble des pierres du chantier, distillant les livraisons au fur et à mesure de la mise en oeuvre.

La pose de bas en haut de chaque trame verticale a imposé la fabrication de la totalité des éléments en amont.

1.500 m2 de pierres moulurées en épaisseur de 15 cm habillent les quatre angles de l'église. Entre les angles, les 400 m2 de parties planes sont recouvertes de revêtement en 5 cm d'épaisseur.

La carrière d'où est extraite la pierre de Massangis couvre 59 ha et a une capacité de 17.000 m3 de blocs par an. En 2016, 8.000 m3 ont été extraits, preuve de la longévité du site. Rien que pour ce projet du CSCO, seuls 800 m3 ont été nécessaires. SUITE Batiactu

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Juillet 2016 à 13:37 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tamara Schakhovskoy le 15/07/2016 10:44
Dans le contexte troublé qui est le nôtre, c'est le moins qu'on puisse dire, j'espère de tout mon coeur depuis des mois que quelque chose a été prévu pour protéger toute cette belle pierre contre les graffitis... il faudrait être fou pour ne pas y avoir pensé. Mais pas un mot là-dessus dans cet article, ce n'est pas rassurant. Sinon, merci pour les photos et les explications détaillées, c'est intéressant.

2.Posté par Anne Malko le 23/07/2016 13:11
Le projet de la construction d'une église est toujours magnifique. Dans le cas présent cependant, il me semble regrettable que l'architecte en charge de celui-ci parle " d'horizontalité"....Cela laisse à penser, bien qu'il dise avoir assisté à un office pascal à Moscou, que le dit architecte n'a pas saisi un de aspects essentiels de l'Orthodoxie, à savoir cet élan VERTICAL qui doit nous élever vers Dieu ( même les constructeurs des cathédrales de jadis savaient cela !)

3.Posté par Centre Orthodoxe Russe : une réalisation parisienne gravée dans la pierre le 25/07/2016 23:17
À Paris, les façades et l’entrée du Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe sont habillées de pierre naturelle fournie par la société Rocamat, spécialisée dans l’extraction et la transformation de pierres naturelles calcaires. Retour sur un chantier d’exception.

À l’issue d’un concours international pour l’aménagement du Grand Moscou en 2012, l’agence Wilmotte et Associés, en partenariat avec Antoine Grumbach et Sergueï Tkachenko, a décroché la réalisation du Centre Spiriturel et Culture Orthodoxe Russe. L’ensemble culturel, situé au coeur de Paris, le long de la Seine, se compose d’une cathédrale et de 3 bâtiments destinés à accueillir un centre paroissial, un auditorium de 200 places et son foyer, une école primaire franco-russe de 150 élèves, des salles d’exposition, un séminaire, des logements, une librairie, une bibliothèque et une cafétéria.

L’architecture du bâtiment de 37 m de haut s’inspire des lois canoniques orthodoxes avec la croix aux 4 bras égaux, la croix grecque, les cinq bulbes ou dômes symbolisant le paradis, le Christ pour le dôme central et aux quatre points cardinaux des dômes plus discrets (les apôtres), l’évangéliste, le cheminement (les allées pour les processions), l’Iconostase, les symboles entaillés ou inscrits dans la façade. Avec la volonté d’intégrer le Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe dans un environnement incarnant à la fois tradition et révolution, Jean-Michel Wilmotte, maître d’oeuvre architectural du projet, a choisi la pierre naturelle pour habiller son oeuvre en raison de sa durabilité, sa solidité et ses vertus environnementales. Ont été utilisées les pierres naturelles de la société Rocamat, issues des carrières de Massangis et de Rocherons-Comblanchien.

Un choix esthétique

À pans inclinés, inversés, disposées selon un calepinage très minutieux, les pierres de Massangis très lumineuses vont créer un jeu d’ombres et de lumières sur les trois bâtiments. Leur particularité ? Elles laissent voir le jour grâce à des verres insérés entre les linéaires de Massangis. Inscrites en façade à l’aide d’un système couplant l’ingéniosité du transformateur de pierre et du façadier, elles se retrouvent également à la base des cinq dômes. L’entrée des lieux est en pierre de Rocherons‐Comblanchien choisie pour les circulations, en finition flammée (anti‐glissance). Des marches rainurées, parfois tactiles, mènent aux intérieurs des bâtiments, où la pierre de Massangis revient, au sol comme parfois en vertical. Ici, la pierre est déclinée en dalles, en pièces fraisées, débouchantes, demi‐débouchantes, incurvées, convexes ou concaves, sculptées, en marches rainurées, tactiles. Différentes finitions permettent également de travailler les effets : flammée, lisse. Près d’une centaine de gabarits ont été dessinés et réalisés pour cette partie du bâtiment.

Production : faire preuve de flexibilité

En raison de la diversité des pièces, le bureau d’études Rocamat a dû adapter les pierres aux contraintes de pose. En outre, la pose de bas en haut de chaque trame verticale a imposé la fabrication de la totalité des éléments en amont dans deux ateliers de production, créés spécialement pour ce projet. Un atelier à Corgoloin a développé une vingtaine de meules de formes spécifiques pour fabriquer les 5 555 éléments des bâtiments tertiaires. Un autre atelier à Chauvigny était chargé de fabriquer les 6 184 éléments de l’église. Une machine versatile permettant de débuter les 72 types de profils a été créée pour l’occasion.

Une pose sur-mesure

La production des pierres s’est déroulée sur 8 mois tandis que la mise en oeuvre a été achevée en 4 mois. La pose a été prise en charge par 4 entreprises différentes. Les 3 bâtiments ont été habillés par Permasteelisa en façade et les intérieurs réalisés par FGPM. Les façades et les intérieurs de l’église ont été confiés respectivement à LCM et FGPM. Enfin, les aménagements extérieurs ont été alloués à IDF Travaux.

Pour les 3 bâtiments, Permasteelisa a accroché en porte-manteau les 5 555 bandeaux linéaires de pierre sur la structure métallique au moyen des ergots posés en usine. La structure Permasteelisa supporte un mur rideau composé d’une alternance de pierre et de verre en avant par rapport aux façades enveloppes des bâtiments. 1 500 m² de pierres moulurées en épaisseur 15 cm habillent les 4 angles de l’église. Certaines pièces d’angles sont incrustées de verre doré. Entre les angles, les 400 m² de parties planes sont recouvertes de revêtement en 5 cm d’épaisseur. Les éléments ont été installés au fur et à mesure, en fonction de leur numérotation et suivant le calepinage de la maîtrise d’oeuvre par des fixations latérales sur mur en béton. Les pierres de l’entrée de l’église sont gravées de motifs symboliques tandis que les pièces de l’abside ont été taillées concaves-convexes.
À l’intérieur de l’église, la pierre de Massangis a été utilisée verticalement, horizontalement, sur des pans inclinés, pour des marches, des panneaux sanitaires, et des portes. Le sol de l’église en est intégralement recouvert. Les rosaces du sol de l’église sont constituées en éléments découpés au jet d’eau en pierre de Massangis et de Sierra Elvira. Elles ont fait l’objet d’un calepinage très précis. Avant de livrer l’ensemble, elles ont été montées à blanc en usine. Les dalles en pierre de Rocherons‐Comblanchien sont d’épaisseurs variables selon les zones (6 à 8 cm). En raison des charges à supporter, elles sont posées sur mortier ou sur sable. Les marches rainurées, préassemblées ont été posées sur mortier. Pour les allées végétalisées, les joints des dalles, de 2 cm de large, ont été remplis de terre.

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile