Vladimir GOLOVANOW

Le référendum du 18 février démontre la fracture de la société:

Le 18 février les Lettons ont rejeté à environ 75% samedi la possibilité d’instaurer le russe comme deuxième langue officielle de leur pays, lors d’un référendum national reflétant le malaise de la minorité russophone de cette ex-république soviétique, qui représente environ un tiers des 2 millions d’habitants de ce pays balte. Le taux de participation a été très élevé (près de 70 %), signe de l’importance que les Lettons ont attaché à ce référendum.

Pendant la campagne, les partisans du «non» ont rappelé que des milliers de Lettons de souche avaient été envoyés par les Soviétiques dans des camps en Sibérie et que la langue russe avait été imposée dans la vie publique pendant que le pays était dominé par Moscou, durant cinq décennies.


La Lettonie a repris son indépendance de Moscou en 1991, à l’issue de cinquante ans de domination soviétique, et a rejoint en 2004 l’Union européenne et l’Otan. Après l’indépendance, les immigrants russes qui s’étaient installés dans le pays ont dû demander la nationalité lettone en se soumettant à un test de langue pour ne pas devenir apatrides
Note du rédacteur: il y a aussi environ 300 000 personnes, soit 14% de la population, qui résident en Lettonie depuis plusieurs décennies et n'ont pas obtenu la nationalité lettonne. Ils n'ont pas le droit de vote et n'ont pu participer au référendum (1). La situation de non-droit de ces sous-citoyens de l'UE n'inquiète aucunement ni Bruxelles ni nos élites "bien pensantes"

Vers le 7 janvier chômé?

« Je suis d’accord que la fête de Noël orthodoxe pourrait être un jour chômé dans notre pays », a déclaré le président de Lettonie Andris Bērziņš le 9 février en ajoutant que, si pour une partie significative de la population ce jour – le 7 janvier – est important, l’État peut aller à la rencontre de ses souhaits.
Cette déclaration fait suite à un colloque sur "la consolidation de la société", organisé par le président, au cours duquel l’archevêque Zbignew Stankiewicz, chef de l’Eglise catholique-romaine, première confession en Lettonie, avait affirmé que le premier pas à faire par l'état en direction de la population russophone serait de déclarer chômé le jour de Noël orthodoxe pour que "les gens sentent qu'on les écoute au lieu de seulement les traiter d'occupants."

Rappel

La Lettonie est peuplée de 2 millions d'habitant, dont 350 000 se reconnaissent Orthodoxes et Vieux-Croyants. Les Orthodoxes appartiennent à "l'Eglise Orthodoxe de Lettonie", archidiocèse autonome du patriarcat de Moscou (http://www.pravoslavie.lv/). Il y a aussi 500 000 catholiques et 450 000 Luthériens. 40% de la population n'appartiennent à aucune religion… (http://turkeybiz.ru/index.php/latvia/244-latviya-religiya.html)

Le pays a longtemps été dominée par différentes puissances régionales: dans les années 1190, les papes apportent leur soutien à l'accroissement d'une église missionnaire chez les Livoniens, c'est le début du processus de christianisation, puis les Chevaliers Porte-Glaive (crées par l'évêque Albert de Riga en 1203) constituent une principauté de l'Empire (1226) et leurs terres deviennent fief papal (1234). Les Chevaliers Teutoniques (successeurs de Porte-Glaive) sont vaincus à Grunwald (1410) et la Lettonie passe sous domination polonaise, danoise puis suédoise et le protestantisme luthérien prend le dessus (le premier prédicateur arrive d'Allemagne en 1521), sans toutefois évincer le catholicisme. Pierre le Grand s'en empare en 1721 et c'est le début de l'implantation des Russes en nombre (il y en avait quelques milliers dès le XIIe siècle dans les régions limitrophes de la Russie ainsi qu'à Riga).

Après la Seconde guerre mondiale, la Lettonie est absorbée par l’URSS (après avoir été envahie dès 1941 dans le cadre du pacte germano-soviétique) et les "non Lettons" passent de 478 000 en 1935 (24.5%) à 1 279 000 en 1989 (48%). Ils n'obtiennent pas la citoyenneté lettonne lors de l'indépendance, car celle-ci est réservée à ceux qui résidaient en Lettonie avant 1941 et à leurs descendants, mais cette règle est assouplie à partir de 1998 (en particulier les enfants nés en Lettonie peuvent devenir citoyens sur demande), ce qui permet d'en naturaliser une grande partie. Il reste néanmoins 290 660 "non citoyens" au recensement de mars 2011, soit 14,1% (2), qui ne jouissent d'aucun droit civique dans un pays "démocratiques" et qui fait partie de l'UE.

(1) ICI
(2) ICI




Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 20 Février 2012 à 07:56 | 0 commentaire | Permalien


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