"J'ai beaucoup de respect pour le pape François et pour le fait qu'il maintient des liens étroits avec la tradition monastique qui l'a formé" Patriarche de Moscou Cyrille
Interview à l'agence Tass, 10 mars 2015 (1)


Dans le cadre d'un grand article signé de John L. Allen Jr., écrivain et journaliste spécialisé dans la couverture de l'Église catholique (2), et consacré au pape François (3), le média catholique "cruxnow.com" fait une intéressante analyse des relations entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe russe en se basant essentiellement sur une longue interview récente du patriarche Cyrille de Moscou (ibid 1). En voici la traduction. Les références et sous titres sont du rédacteur V.G.

Le Pape et le Patriarche
«L'homme indispensable" pour les relations avec l'Orthodoxie

Pour que son pontificat débouche sur une plus grande unité chrétienne, le pape François s'est investi dans le partenariat développé avec le patriarche Bartholomée de Constantinople (4) durant ses deux premières années. Malheureusement, si Bartholomée jouit de plus grand respect dans le monde orthodoxe, il a relativement peu de véritable pouvoir. Le pouvoir est plutôt à chercher du côté du patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies, primat de l'Eglise orthodoxe russe.

Il y a entre 225 et 300 millions de chrétiens orthodoxes dans le monde; prés de 60 millions d'entre eux vivent en Russie et 150 millions en tout appartiennent à l'Église russe. Cela signifie que l'autorité du patriarche Cyrille s'étend sur la moitié, voire les deux tiers, de tous les croyants orthodoxes de la planète. C'est donc lui «l'homme indispensable" pour les relations avec l'Orthodoxie.

Tout comme ses prédécesseurs, le patriarche Cyrille a montré de sérieuses réserves vis à vis de l'œcuménisme au cours des années. En outre, comme ses prédécesseurs, il a tendance à être terriblement proche des pouvoirs politiques en Russie, ce qui peut le mettre en contradiction avec le sentiment chrétien occidental.

Le Pape et le Patriarche
Ouverture sur l'Ukraine

Néanmoins, il y a eu des signes d'une ouverture de la part de Cyrille concernant le pape François. Une rare interview qu'il a donnée cette semaine à l'agence russe laïque Tass en est le dernier exemple (ibid. 1)

Le cas de l'Ukraine est peut-être le point le plus intéressant: le patriarche Cyrille a réservé ses critiques les plus forte non pas aux gréco-catholiques, dont la place dans le pays déplais à beaucoup d'orthodoxes, mais aux schismatiques orthodoxes (note de VG: il s'agit du pseudo-patriarcat de Kiev), qu'il a accusés d'utiliser la violence pour s'emparer des paroisses orthodoxes russes et saper l'influence de Moscou.

"C'est une énorme erreur de la part de ceux qui ont déclaré la guerre à l'Église en Ukraine", a-t-il dit en promettant que la communauté orthodoxe fidèle à Moscou ne va pas disparaître.

Sa retenue vis-à-vis des gréco-catholiques peut être un signal important quand d'autres responsables orthodoxes russes ne manquent aucune occasion de s'en plaindre (5)

Convergence sur Charlie Hebdo

On peut aussi constater que la prise de position du patriarche Cyrille sur les attaques de Charlie Hebdo est pratiquement similaire à celle du pape François en janvier, lorsque le souverain pontife a déclaré que la violence au nom de la religion ne peut jamais être excusé, mais celui qui insulte la foi de quelqu'un ne doit pas s'étonner de recevoir un "coup de poing dans le nez." (VG: Le pape a dit exactement: « Si un grand ami dit du mal de ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing ! ».(6)

"Nous condamnons sans ambiguïté le terrorisme et les assassinats de personnes pour leurs convictions", a déclaré le patriarche Cyrille. "Nous sommes en deuil pour ceux qui ont souffert des mains des terroristes. Mais en même temps, nous trouvons inacceptable le radicalisme qu'il soit pseudo-religieux ou laïc ».

Pour le patriarche, l'Europe actuelle "se noie dans la mousse qu'elle a elle-même créée, "en essayant de combiner les valeurs libérales et le multiculturalisme, et la Russie mérite des éloges car elle a eu "suffisamment de bon sens pour empêcher des actes comme la publication de caricatures religieuses dans les médias."

Un coup de chapeau appuyé au pape

Et sur les relations avec les Catholiques, le patriarche Cyrille a pris une position "les bonnes clôtures font les bons voisins": "Les Orthodoxes et les Catholiques Romains, a-t-il dit, "appartiennent à des peuples différents avec des traditions anciennes différentes, et «chacun de nous doit se concentrer sur ses propres affaires sans chercher à s'immiscer dans celles de son voisin." Cela tranche avec l'attitude pugnace que les prélats orthodoxes russes adoptent souvent vis à vis de Rome.

Et le patriarche a ajouté un coup de chapeau appuyé au pape: "j'ai beaucoup de respect pour le pape François," dit-il, "et pour le fait qu'il maintient des liens étroits avec la tradition monastique qui l'a formé." Bon, ce n'est pas tout à fait exacte: les jésuites, ordre religieux auquel appartient le pontife, ne sont pas des moines et c'est un peu trompeur de prétendre qu'il a été "formé" par le monachisme. Pour autant, dans le contexte de l'animosité que les relations entre Catholiques et Orthodoxes russes génèrent parfois, en particulier les plaintes répétées sur des allégations de "prosélytisme" catholique en Russie, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a là une sorte de progrès.

Traduction V. Golovanow

Références du rédacteur
(1) http://www.patriarchia.ru/db/text/4010650.html
(2) http://www.cruxnow.com/author/johnallen/
(3) http://www.cruxnow.com/church/2015/03/14/pope-francis-and-the-politics-of-a-maybe-short-papacy/
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Pape-Francois-L-union-ne-peut-plus-attendre_a4076.html
(5) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-patriarche-Cyrille-de-Moscou-s-en-prend-a-l-Eglise-greco-catholique_a3774.html
(6) http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-pape-Francois-on-ne-peut-insulter-la-foi-des-autres-2015-01-15-1267821. Le pape a dit textuellement" « Si un grand ami dit du mal de ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing ! ».

Rédigé par Vladimir Golovanow le 20 Mars 2015 à 07:57 | 18 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Hai Lin (Los Angeles - Santiago du Chili) le 24/03/2015 00:21
Dear Mr. Golovanow,

Have read through your innumerable and well-thought posts over the course of these past five-or-six years, I often noticed and frankly not understood your great interest in the state of relations between the Church of Rome and the Russian Orthodox Church.

I admit that I am not ecumenical by any means, on the one hand, but that I do strive to practice great tolerance on the other.

If one is firm in one's Orthodox roots and heritage, and to the spirit of one's baptism, I do not understand why one would even consider looking at a far away mountain to consider which mountain might be greener, nor which mountain might be more sturdy, nor which mountain might be of greater benefit to the other mountain, nor on which mountain the cross of Christ might shine with greater strength.

Consider this passage please.

Да не смущает ся сердце ваше; веруйте в Бога, и в Меня веруйте.
В доме Отца Моего обителей много. А если бы не так, Я сказал бы вам: Я иду приготовить место вам. И когда пойду и приготовлю вам место, приду опять и возьму вас к Себе, чтобы и вы были, где Я. А куда Я иду, вы знаете, и путь знаете.

With all best wishes for the remaining weeks of Great Lent,

Hai Lin

2.Posté par Vladimir. G: "Afin que tous soient un..." le 24/03/2015 21:36
Bien cher Hai Lin,

Je vous remercie de votre flatteuse appréciation de mon modeste travail et pour votre magnifique citation de Jean 14(*) qui contient une partie de la réponse à votre question: Oui, "Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père" et il me semble très important de connaitre ceux qui sont dans les "demeures" voisine; en confrontant nos opinons nous approfondissons notre propre foi...

Ce sujet est donc important et, en tant que membre de l'Église russe, il m'est important de connaitre la position de mon Église à ce propos, surtout quand c'est le primat qui l'exprime..

D'autre part, nous vivons entourés de Catholiques et en relation permanente avec eux. Nous avons donc souvent l'occasion de confronter nos opinions et, depuis que leur attitude vis à vis des Orthodoxes a changé il y a 50 ans (Vatican II, "Lumen Gentium"), nous avons des relations étroites sur bon nombre de sujets. En particuliers, ils nous prêtent des lieux de cultes (ma paroisse est dans ce cas!)

Enfin, et c'est la raison essentielle, ce rapprochement répond à un commandement du Christ Lui-même: "Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé." (Jean 17:21). Nous ne pouvons pas nous y soustraire...

J'espère avoir répondu à votre interrogation et vous souhaite un bon carême.

(*) La voici en français pour les non-russophones: "1Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu, et croyez en moi. 2Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n'était pas, je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. 3Et, lorsque je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. 4Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin."

3.Posté par Hai Lin (Los Angeles - Santiago du Chili) le 25/03/2015 04:10
Dear Mr. Golovanow,

I do very much appreciate the kind response to my posting.

I try not to be sectarian and try to be accepting of all others. That is a basic rule of my existence. I also try not to be judgmental, unless circumstances are such that a judgment cannot be avoided.

You write that you lived "surrounded by Catholics". I do not wish to be rude nor gratuitous but upon my last visit to France, I found France to be the least Catholic country that I had every visited, with the possible exception of the State of Israel. We were in France over a Good Friday weekend and everything was opened and business was humming along and nothing would have even indicated that it was Good Friday nor that the country was "la fille ainée de l'Eglise". In Spain, Italy, Portugal and in Orthodox Greece, things were quite different. The following year we visited Poland, and yes, Poland is indeed a Catholic country.

That is my first point. My second point is that I personally flee at great speed from the Catholic Church. The churches are wonderful, the Mass is beautiful but there is a history to the Catholic church that could cause me cardiac arrest -- from the Inquisition, to the expulsion of the Jews, to the Michelangelo affair, and the world-is-flat business, to the pedophiles on the loose, etc., right down to Pius XII and the Holocaust. Its role in pre-1949 China was just horrific -- and the Vatican even maintained relations with Pu Yi and his puppet state of Manchukuo right until the end.

Interfaith dialogue can be good and constructive -- perhaps -- but I am not sure that it is in the slightest salutary.

Now, this passage for your consideration today, please, kind sir :

"а входящий дверью есть пастырь овцам. Ему придверник отворяет, и овцы слушаются голоса его, и он зовет своих овец по имени и выводит их. И когда выведет своих овец, идет перед ними; а овцы за ним идут, потому что знают голос его. За чужим же не идут, но бегут от него, потому что не знают чужого голоса."

4.Posté par Vladimir. G: les représentants officiels de mon Église comprennent et répondent favorablement à ces ouvertures le 26/03/2015 20:01
Bien cher Hai Lin,

Votre citation (pour les francophones :-) ): "02 Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. 03 Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. 04 Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.05 Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers." (Jn 10; 2-5)
Pour moi le Pasteur est incontestablement le Christ. Chacun des évêques le représente sur terre et le premiers d'entre eux, en ce qui me consacre, est le patriarche de Moscou: je le suis car "je connais sa voix..." L'article analyse sa relation à un autre représentant du Pasteur sur terre, qui est le premier pour mes millions de voisins... Je trouve cela intéressant et important.

Car, si vous avez raison pour la déchristianisation de la France, c'est surtout là le fait de la "pensée gauche" dominante que dénonçait déjà le p. Alexandre Schmemann dans son "Journal" ... Mais, heureusement, cela laisse plusieurs millions de Français catholiques, plus silencieux mais bien présents: 62% de Français se déclarent catholiques en 2010 même si seuls 43% d'entre eux sont pratiquants réguliers (cf. http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/01/24/qui-sont-les-catholiques-de-france_4354161_3224.html). Tous les gens que je fréquente sont parmi ceux-là (en dehors des Orthodoxes de ma paroisse, évidemment!) ... De plus, comme je l'ai écrit, notre paroisse bénéficie de locaux mis à disposition par une paroisse catholique pour ses célébrations et agapes: cela crée des contacts supplémentaires ...

Vos griefs contre l'Église romaine sont, pour moi, de l’histoire ancienne. Les Orthodoxes n'ont pas encore tous pris conscience de la totale volte face qu'à représenté Vatican II pour nos relations: si un évêques pouvait bénir les soldats de Napoléon III à partir en Crimée "extirper le schisme Photien", les derniers papes parlent "d'Église sœurs", de "communion avec l'Eglise orthodoxe", d'union "par l'esprit et par le sang!" ... Je mets cela au crédit du travail de nos théologiens de "l'École de Paris" et le fait que les représentants officiels de mon Église comprennent et répondent favorablement à ces ouvertures me parait donc de la plus grande importance.

5.Posté par Daniel le 27/03/2015 09:26
La pensée de gauche n'est pas la seule responsable de déchristianisation de la France : l'Espagne est très déchristianisée, le Royaume-Uni également, l'Allemagne aussi, la Belgique aussi... Le catholicisme et l'anglicanisme péréclitent dans ces régions de façon naturelle, sans plus. Quand la faillite d'un système est évident, pour peu que les gens disposent de liberté religieuse, il meurt de mort naturelle.

6.Posté par Clovis le 27/03/2015 16:22
@ Daniel, ce serait quand même oublier l'antichristianisme larvé pour ne pas dire plus qui est de mise dans ce pays depuis 1789, avec quelques soubresauts violents et infects (1905, affaire des fiches, hussards noirs...) et la collaboration ne fut-ce que passive de l'église de France depuis Vatican II. Les derniers à avoir défendu leurs églises par la force sont les tradis de Saint Nic', en 1905, c'était beaucoup plus.
L'église de France et son clergé évoquent tristement les prêtres assermentés, ou "jureurs" de 1792, à ceci près que jadis les réfractaires étaient en majorité...

Certes il y a la pensée de gauche de nos états, mais aussi de l'église, et on juge un arbre à ses fruits. Pour être un ancien catholique pratiquant, je sais de quoi parle, il y a une réelle crise de sacré dans cette église, presque plus de culte des saints, si ce ne sont la Sainte Famille, les Apôtres, en général, une liturgie bâclée en 30-40 minutes, et l'Hostie distribuée par n'importe qui (même par des femmes) à n'importe qui et tout cela n'importe comment, et la transsubstantiation dans tout ça ? S'ils y croyaient fermement, cela ne se passera pas comme ça...
Et la litanie est longue. C'est l'entropie, l'église catholique est en quête d'image et de reconnaissance en terme d'image, plus dans la volonté de transmettre la Bonne Parole qu'elle croît ne plus être sa vocation principale, comme le montre l'opinion sur François (le pape), et surtout cette volonté comme pour justifier le Concile Vatican II de canoniser tous les papes depuis le concile, sauf comme par hasard Jean-Paul Ier, du jamais vu depuis 1600 ans et Libère, premier pape non canonisé. C'est l'apothéose.

Bref, il s'agit désormais d'une formidable machine de com' qui s'adresse à tous comme aux catholiques, centrée autour de la personne du Pape, de sa personnalité, d'un commandeur des croyants, et non plus autorité spirituelle en tant que telle.

Être catholique revient donc (presque) uniquement à être fidèle au pape, et non pas à l'Eglise dont il est le chef, l'élu.
A quand un conclave au suffrage universel direct ?

7.Posté par Hai Lin (Los Angeles) le 27/03/2015 17:20
Firstly, to Mr. Daniel above, your points are well-taken. Succinctly expressed.

Secondly, to Mr. Golovanow, let us continue to disagree. I respect your intellectual prowess very much. That being said, I am afraid that I find myself on the rather conservative side of the dialogue. I shall explain why.

I would never quote from the late Father Alexander Schmemann, as much as I find him an icon of his times. His patina and veneer have diminished with time, at least on the global Orthodox stage. I once heard an Orthodox Metropolitan describe him as the very best Lutheran pastor that ever wore a "клобук". Very modernizing in the Orthodox Church which does not need to be "modernized".

Next, I respect your dignified attitude towards the Patriarch of Moscow. For sure -- but let's leave personality cults out of this -- shall we. As opposed to the Roman Catholic Church, I am not aware that any Orthodox patriarch is infallible before and under God. We are all mortal beings. I afford great, great "уважение" to the office of Patriarch, however.

I can thoroughly appreciate your and your parishes respect towards the local Catholic church for the kindness that they have rendered to your parish. To belittle that would be unspeakable.

That being said, the highly nefarious history of the Catholic church is hardly "ancient history". The ill deeds continue to surface in Ireland, and in Spain, and in the United States, in China and in other places. Again, I refer you to my quotation from Santana on repeating history. It is simply part-and-parcel of a long, egregious history. Let us accord to Martin Luther that the respect that he deserved. Let us consider the attitudes of the German Catholic Church towards the Jews during the war, and the attitude of the Primate of the Bulgarian Orthodox Church towards the Jews during the war -- as far different as possible. And then the silence of Pius XII.

Today I shall leave you with this quotation.

"Посылайте агнцев владетелю земли из Селы в пустыне на гору дочери Сиона; ибо блуждающей птице, выброшенной из гнезда, будут подобны дочери Моава у бродов Арнонских.
Составь совет, постанови решение; осени нас среди полудня, как ночью, тенью твоею, укрой изгнанных, не выдай скитающихся. Пусть поживут у тебя мои изгнанные Моавитяне; будь им от грабителя: ибо притеснителя не станет, грабеж прекратится, попирающие исчезнут с земли. И утвердится престол милостью, и воссядет на нем в истине, в шатре Давидовом, судия, ищущий правды и стремящийся к правосудию".

Above all, be strong in your Orthodox faith. Strong, but not stubborn. Determined, but not rigid. Charitable but not weak.

8.Posté par Tchetnik le 27/03/2015 21:56
Pour remettre quelques stéréotypes à leur juste place:

On peut non seulement parler du message de Noël 1942, qui a été radiodiffusé, mais aussi des témoignages suivants:

""Le 13 mai 1942, le président du Consistoire central des rabbins s’adressant aux prélats et aux prêtres français, avait dit : « Jamais le judaïsme ne pourra être assez reconnaissant de ce que font pour nous, sans aucune arrière-pensée, prélats, prêtres, pasteurs et fidèles catholiques et protestants. Ma gratitude s’adresse spécialement au cardinal Gerlier, compatissant et charitable à toutes les infortunes. »"

--Après la guerre, ce même Pinhas Lapid estimait à 850 000 le nombre de juifs sauvés par les catholiques dans toute l’Europe. Il déclarait en 1963 : « Je comprends très mal que l’on s’en prenne aujourd’hui à Pie XII tandis que pendant de nombreuses années, on s’est plu ici (en Israël) à lui rendre hommage. Je peux affirmer que le pape personnellement, le Saint Siège et les nonces ont sauvé de 150 000 à 400 000 juifs »

--90 % des juifs d’Italie ont été cachés et protégés par l’Église, c’est-à-dire par des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs. Pie XII avait ordonné de cacher tous les juifs possibles dans les couvents et monastères. A cet effet, il fait lever la clôture canonique des maisons religieuses de Rome. A Rome même, 40 000 réfugiés juifs sont cachés dans les églises, les couvents, et 7 000 dans la cité du Vatican. Les plus menacés, qui étaient cachés dans les séminaires, étaient revêtus de soutanes (!) en cas de perquisition. En 1944, Pie XII fait publier une protestation publique dans L’Osservatore Romano, contre la déportation des juifs. En représailles, le commandant SS de Rome convoque le grand rabbin Zolli et exige une rançon de 50 kg d’or dans les 36 heures sinon 200 juifs seront immédiatement déportés. Les juifs ne purent réunir que 35 kg. Israël Zolli alla trouver Pie XII qui fi t fondre les vases sacrés et donna les 15 kg restants. Caché au Vatican dans les derniers mois de la guerre, le grand rabbin se fi t baptiser le 13 février 1945 en même temps que sa femme. En signe de respect et de sincère reconnaissance envers Pie XII, il demanda à prendre comme prénom de baptême «Eugène» (c’était le prénom du Pape).

--Mme Golda Meir, ministre des Affaires étrangères d’Israël, déclara lors de la mort de Pie XII en 1958 : « Nous partageons la douleur de l’humanité pour la mort de Sa Sainteté Pie XII.(...) Pendant la décennie de la terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du Pape s’est élevée pour condamner les persécuteurs et pour invoquer la pitié envers leurs victimes. Nous pleurons un grand serviteur de la paix ».

Pie XII ne s'est donc pas totalement tu : il a parlé avec mesure, et autant qu'il pouvait le faire sans empirer la situation. Mais, en même temps, il a énormément agi.
Paolo Mieli (historien d’origine juive dont plusieurs parents périrent dans les camps de concentration nazis) fournit des témoignages d’époque :
En 1944, le grand rabbin de Jérusalem, Isaac Herzog, a déclaré : « Le peuple d’Israël n’oubliera jamais ce que Pie XII et ses éminents délégués […] sont en train de faire pour nos malheureux frères et sœurs, au moment le plus tragique de notre histoire. Une preuve vivante de la divine providence dans ce monde ».
La même année, le sergent-major Joseph Vancover a écrit : « Je voudrais vous parler de la Rome juive, d’un grand miracle : celui d’avoir trouvé des milliers de juifs à Rome. Les églises, les couvents, les religieux et les religieuses et surtout le pape sont venus en aide aux juifs et les ont sauvés en les arrachant des griffes des nazis et des fascistes italiens qui collaboraient avec ces derniers. Cacher et nourrir les juifs pendant les mois de l’occupation allemande a nécessité de grands efforts non dénués de risques. Certains religieux ont payé de leur vie cette œuvre de sauvetage. Toute l’Église a été mobilisée à cet effet et elle a agi avec beaucoup de fidélité. Le Vatican a été le centre de toutes les opérations d’assistance et de sauvetage dans les conditions de la présence et de la domination nazies ».
Voici maintenant une lettre envoyée depuis le front italien par le soldat Eliyahu Lubisky, membre du kibboutz socialiste Bet Alfa. Elle a été publiée dans l’hebdomadaire Hashavua le 4 août 1944 : « Tous les réfugiés évoquent l’aide louable du Vatican. Des prêtres ont mis leur propre vie en danger pour cacher et sauver des juifs. Le pape lui-même a participé à l’opération de sauvetage des juifs »

L'historien Gary Krupp (juif de New York) était très hostile à Pie XII lorsqu'il commença ses recherches sur l'action de ce pape pendant la guerre. Or ses recherches le firent changer complètement d'avis. Il finit par déclarer : « Pie XII a sauvé dans le monde plus de juifs que tout autre personne dans l’histoire.» Il ajoute : « De ce que j’ai vu, c’est le plus grand héros de la seconde Guerre mondiale, sans aucun doute ».


Donc, non seulement Pie XII a bel et bien parlé, bien plus que Roosevelt, Churchill ou Staline sur le même sujet (tente donc d trouver de leur part UNE SEULE déclaration sur les camps de concentration, bien du plaisir), Pie XII a aussi AGI au maximum des moyens dont il disposait. Action bien réelle et concrète qui a sauvé des centaines de milliers de personnes. Après Pie XII n’est ni Dolf Lundgren, ni Jason Statham, ni général d’armée et n’a ni divisions blindées ni aériennes ni bombe atomique à sa disposition et ce n’est pas son rôle que de revêtir un uniforme pour aller guerroyer (comme cela n’a pas été le cas pour les autres protagonistes du reste, en tout cas, pas dans cette guerre, si on exclut le fait que Churchill ait combattu en Afghanistan et dans le 21ième Lancier à Omdurman en 1898).
De plus, les actes de Pie XII et les protestations officielles des évêques Catholiques contre le sort des juifs s’était déjà traduit par des représailles qui menaçaient et les Chrétiens protecteurs et les Juifs qu’ils protégeaient (comme aux Pays Bas par exemple). Par conséquent Pie XII a fait ce qu’il a pu au maximum pour sauver un maximum de gens en évitant les actions maladroites. Il a simplement fait preuve, en plus de ses actes réels, d’une prudence lucide. S’il avait agi sabre au clair avec les conséquences de représailles derrière, les mêmes qui lui reprochent injustement son « silence » lui auraient reproché son imprudence et son inconséquence…

Je pourrais parler aussi des actions de l'évêque Nicolas d'Ohrid, de l'Archévêque d'Athènes Damaskinos ou du métropolite de Zante, Chrysostomos, histoire d'universaliser un peu le contexte.

La légende noire sur Pie XII est le résultat d’une opération d’agit-prop du Guébé (opération « Siège 12 », connue entre autres grâce au transfuge Ion Mihai Pacepa », en particulier du général Ivan Agayantz et de son séide Rolf Hochhuth, écrivain médiocre et inconnu qui, grâce aux puissants relais intellectuels et médiatiques acquis au PC, est devenu célèbre pour cette seule pièce (sans aucune base historique, lancée en 1963, avec une énorme publicité desdits relais) du jour au lendemain.

Bien des Juifs ont été sauvés par la protection de Chrétiens, par les gestes que des Chrétiens, hommes, femmes, prêtres, laics leurs ont accordé au moment crucial. On ne compte plus les faux certificats de baptême, les fausses déclarations, les hébergements clandestins, les actes de protestation et autres provenant de Chrétiens pour sauver des vies juives. Ce fait apparait dans bien des témoignages de Juifs (Gotlib, Joffo…) et pourtant, même ces témoignages souvent, au lieu de se montrer reconnaissants, mentionnent ces Chrétiens sauveurs avec mépris, arrogance et moquerie. Un fait qui demeure aussi agaçant qu’inexplicable.

9.Posté par Clovis le 28/03/2015 18:58
Merci Tchetnik pour ce rétablissement de la vérité, l'on pourrait même ajouter la conversion du Grand Rabbin de Rome Israel Zolli au catholicisme choisissant comme nom de baptême Eugenio, du prénom de Mgr Pacelli, pape en tant que Pie XII.
Il n'y rien à redire la-dessus les faits sont ce qu'ils sont, par contre, l'histoire me semble plus sombre pour le soutiens aux oustachis croates et la mort de 700 000 serbes. Non ?

10.Posté par Tchetnik le 28/03/2015 20:30
...Et les fameux réseaux Ratline, en effet.

Certains Franciscains comme Ante Zrinusic, Pero Brzica et d'autres ont directement participé à ces atrocités (lesquelles ne sont pas aussi monétisées que la Shoah et n'ont pas le même intérêt de la part des droitdelhommistes "occidentaux").

Cependant, là aussi, les autorités pontificales ne sont pas nécessairement directement en cause, même si elles ont un peu trop complaisamment protégé les leurs.

11.Posté par Vladimir. G: « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l''''œil de ton frère et n''''aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! (Luc, 6, 41) le 31/03/2015 15:38
Merci bien cher Tchetnik pour cette excellente mise au point. Je pense aussi qu'avant de chercher la paille dans l’œil de notre frère nous devrions penser à notre propre poutre: toutes les Églises orthodoxes d'Europe de l'Est se sont largement compromises avec les régimes bolchéviques ("sergianisme") dont les crimes ont dépassé ceux des nazis en nombre de victimes et en durées des exactions. "Que celui qui n'a jamais péché ..."

Et, bien cher Hai Lin, je suis moi aussi heureux de continuer ce débat.

Je ne partage pas votre point de vue sur le père Alexandre Schmemann que je considère comme l'un des plus important théologiens du XXe siècle car il a mis la théologie à la portée de la majorité des croyants en la faisant sortir des cabinets académiques. Son "Journal" est mon livre de chevet...

Mais je respecte totalement votre opinion, d'autant que vous avez l’honnêteté "d'afficher la couleur" en vous plaçant du côté des conservateurs. Je respecte totalement ce choix et je pense que, outre leur honnêteté foncière, les "conservateurs" sont indispensables pour garder l'Orthodoxie des dérives où des "modernistes" (au rang desquels je ne place pas le père Alexandre) pourraient être tentés de l'entrainer. J'essaye personnellement de rester indépendant en cherchant à comprendre et à expliquer les positions des uns et des autres (je suis ainsi en train de travailler sur une conférence du professeur Alexis Osipov, un célèbre théologien russe contemporain, pourfendeur de la doctrine catholique romaine, connu pour ses position traditionnelles et slavophile).

Pour ce qui concerne le patriarche de Moscou, il représente de fait la position officielle de l'Église russe et une interview de cette importance - le première dans un média laïc depuis qu'il est en fonction, a une grande valeur programmatique pour toute son Église et pour tous les croyants qui s'en réclament et dont je fais partie.

Votre citation:
Envoyez l'agneau du dominateur du pays, de Pétra, à travers le désert, à la montagne de la fille de Sion. Comme des oiseaux fugitifs, comme une nichée que l'on disperse, telles sont les filles de Moab, aux passages de l'Arnon
Conseille-nous, sois notre arbitre; donne-nous l'ombre, comme dans la nuit, au milieu du jour; cache ceux que l'on poursuit, ne trahis point les fugitifs.
Que les fugitifs de Moab demeurent chez toi; sois-leur une retraite contre le dévastateur; car l'invasion a cessé, la dévastation a pris fin, les oppresseurs ont disparu du pays.
Le trône est affermi par la miséricorde, et sur ce trône s'assiéra selon la vérité, dans la tente de David, un juge poursuivant le droit, et zélé pour la justice." --
Livre d'Isaïe ch. 16.

Je ne la connaissais pas et si vous pouviez la commenter je serais intéressé...

Je vous souhaite une bonne fin de carême

12.Posté par Hai Lin le 01/04/2015 08:41
Technick, I reject out-of-hand all of your defenses concerning Pius XII and his opprobrious silence.

There is the very eloquent testimony of the famous Pignatelli family of Rome, the Princes Pignatelli, concerning this issue. When the Jews of Rome were being sent to the crematorium, the well-regarded and still quite famously wealthy Principessa Pignatelli received a telephone call from the fascist Mayor of Rome telling her, at 04h00 in the morning, what was going on. She dressed herself, ran literally into the Vatican, demanded with all of her social standing to see Pius prontissimo, and then she demanded that he do something to stop this. HE DEMURRED and past it along to a bureaucrat. As the British say, he did NOT seize the moment at all. And everything but everything is cover up.

And then there was this little incident with Monsieur le Président de Gaulle, a man whom I consider to be one of the great leaders of the 20th century, that occurred after the Liberation of Paris. There was a Te Deum of Liberation scheduled in Notre Dame Cathedral, and Monsieur le Président simply BANNED OUTRIGHT all of the collaborationist Catholic clergy that did nothing for the Jews and for France from the ceremony, and that ban extended to the Cardinal Archbishop of Paris himself. He warmly welcomed the Bishop of Montauban who sent out the letter to all in his diocese criticizing the Germans for harming the Jews. Truly a Just-of-the-Nations as the Israelis say.

"Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate"

So please, dear Ttechnick, there is not enough Eau-de-Javel as you call it in France to make this institution white and pure again. Not in this life, and even less in the next one.

And one day let me write about what the Church did to all of the orphans under its care in China. Worse than in Ireland.

But at least God sent St. John Maximovitch to China to try to undo the damage of the Papal Nuncio.

Next, to Mr. Golovanow, my esteemed co-contributor to this site. We are separated by only one major difference concerning the Patriarch. I respect the Office of the Patriarch, and whomever momentarily and temporarily, in the Latin meaning of the term, occupies the Patriarchal See, without delving into the personality of the occupant. I should, and do, afford respect to the Office. I do not have to, and need not have to, afford respect to a given occupant. A fine point, indeed, but a very subtle and important one.

"Потому не устоят нечестивые на суде, и грешники--в собрании праведных. Ибо знает Господь путь праведных, а путь нечестивых погибнет. "

Finally, concerning Father Alexander Schmemann, it is a "dialogue-des-sourds", unfortunately, between us. As you invoked your night table, let us consider my night table. On my night table, near the icons, is my prayer book in Chinese and in Slavonic, then the Holy Bible, in Chinese and in Russian, and then for inspirational readings, there are the some of the collected works of Dostoiyevski and Gogol (in Russian), some of the collected sermons of Metropolitan Philaret (Drozhdhov) of Moscow (in Russian), the collected sermons of Metropolitans Anthony, Anastasi and Philaret of the Church Abroad (in old Russian), some of the works of Khomiakov (in Russian). To put Schmemann and Meyendorff books with this collection would be a step short of heresy for me.

"Смотрите, не творите милостыни вашей пред людьми с тем, чтобы они видели вас: иначе не будет вам награды от Отца вашего Небесного. Итак, когда творишь милостыню, не труби перед собою, как делают лицемеры в синагогах и на улицах, чтобы прославляли их люди. Истинно говорю вам: они уже получают награду свою. У тебя же, когда творишь милостыню, пусть левая рука твоя не знает, что делает правая, чтобы милостыня твоя была втайне; и Отец твой, видящий тайное, воздаст тебе явно. И, когда молишься, не будь, как лицемеры, которые любят в синагогах и на углах улиц, останавливаясь, молиться, чтобы показаться перед людьми. Истинно говорю вам, что они уже получают награду свою. Ты же, когда молишься, войди в комнату твою и, затворив дверь твою, помолись Отцу твоему, Который втайне; и Отец твой, видящий тайное, воздаст тебе явно. А молясь, не говорите лишнего, как язычники, ибо они думают, что в многословии своем будут услышаны; не уподобляйтесь им, ибо знает Отец ваш, в чем вы имеете нужду, прежде вашего прошения у Него. "

"Ищите же прежде Царства Божия и правды Его, и это все приложится вам."

Precibus et omnium Ioannis Maximovitch, Russiae Terrae Novae Martyrum et Confessorum, ut pertranseat per te magni erunt quadragesime ultimo placida et redemptio.

H.L.

13.Posté par Tchetnik le 01/04/2015 11:53
Évidemment, ils ne vous viendrait pas à l'idée de penser que si l'entrevue de la princesse n'a pas eu les conséquences voulues, cela pouvait être pour d'autres raisons et que cela n'enlève rien à la réalité des témoignages portés par ailleurs, noms, dates, lieux et chiffres précis. L'armée Allemande n'étant pas réputé pour être très commode...

N'en rajoutez pas trop dans le déni, quand même, camarade.

En 1944, De Gaulle, pas plus qu'aucun autre leader ne se préoccupait du sort des Juifs, alors considéré comme faisant parti d'un tout. Il a effectivement banni certains clergés pour leur soutien à Pétain (c qui ne signifiait pas nécessairement avoir été "collabo"), mais pas pour la question juive sur laquelle bien des témoignages existent par ailleurs. De Gaulle, enfin, n'a pas eu beaucoup d complexe à collaborer avec les communistes, ce qui n'est pas franchement la fleur des pois.

Pour vos orphelins en Chine, vous nous avez déjà déballé le colis et on vous a déjà répondu que, sans nier la réalité de certains faits, il fallait cependant se garder de généraliser (ce qu'en tant qu'"universitaire", vous êtes censé faire).

L’Église Catholique aussi ne vous en déplaise, celle qui s’est fait massacrer par les Boxers justement. Les Chinois se convertissent en masse au Christianisme, en particulier au sein de l’Église Catholique, que manifestement ils apprécient et dans laquelle ils trouvent joie, Vérité, sens et réconfort. Ce qui signifie que –ou les Chinois ont la mémoire courte-ou qu’ils ne sont pas rancuniers-ou (plus probable) que les exemples de mauvaises actions que vous citez sont peut-être réels mais aussi extrêmement marginaux, ne résument pas à eux-seuls l’action de l’Église Catholique en Chine et n’en annulent certainement pas tous les bons fruits spirituels comme charitables. Pas plus que son martyr du reste.

14.Posté par Vladimir. G: Pause de la Semaine Sainte le 05/04/2015 23:12
Bien cher Hai Lin

Merci pour ce débat. Je n'ai pas eu le temps de vous répondre avant la pause de la Semaine Sainte mais je tacherai de revenir après Pâques...

Je vous souhaite une pieuse Semaine Sainte dans l'attente de la joie pascale.

Bien à vous en Christ

15.Posté par Vladimir. G: it''''s not a "dialogue-des-sourds" between us! le 26/04/2015 18:26
XB!
Bien cher Hai Lin,

As far as I am concerned, it's not a "dialogue-des-sourds" between us! "Let us continue to disagree" :-)!...

Indeed … je respecte totalement votre position, même quand je ne la partage pas, et dans votre commentaire (12) vous posez deux sujets de débat qui me paraissent importants:
- Le rôle du patriarche
- Les théologiens du XXe siècle

Je vais donc expliciter ma position sur ces deux questions et cette rédaction, un peu longue car je la voulais réfléchie, m'a pris un certain temps, d'où mon retard dont je vous prie de m'excuser...

1. LE PATRIARCHE DE MOSCOU: il est clair que mon respect et mon obéissance vont à la fonction de primat de l'Église russe, à laquelle j'ai choisi d'appartenir, quelle que soit la personne qui occupe cette fonction, elle représente l'Église en agissant en accord avec le Peuple de Dieu, son concile, son synode et ses évêques dans le cadre des canons. En l'occurrence, il est évident que le patriarche n'exprime pas une opinion personnelle, mais bien la position de l'Église qui a été murie dans les instances canoniques.

L'interview dont nous parlons est extrêmement importante par sa longueur et par son média (en dehors de ses interventions TV, c'est la première fois que le patriarche Cyrille se livre ainsi dans un journal laïc, et c'est TASS…) Cette interview est un véritable programme d'action pour l'Église dont chaque point mériterait d'être analysé. J'ai commencé par les relations avec l'Église catholique car j'ai trouvé l'analyse de John L. Allen Jr. particulièrement pertinente pour comprendre et éclairer ce que dit le patriarche au nom de l'Église russe. Et ce débat est très important pour nous "ici et maintenant" comme je l'ai expliqué précédemment…

2. LES THÉOLOGIENS DU XXe SIÈCLE: je vous suis sur vos lectures concernant livre de prières, Saintes Écritures et aussi Khomiakov: il fut le chef de file de ces "slavophiles" du milieu du XIX siècle qui firent renaitre la pensée orthodoxe dans le cadre de la culture sécularisée et occidentalisée qui prévalait à l'époque, et aussi bien les "fondamentalistes" actuels que les théologiens de "l'École de Paris" et leurs disciples se réclament de lui.

Par contre ensuite je prends les ouvrages du père Alexandre Schmemann, et en particulier son "Journal" et ses "Causeries sur Radio Liberté" (en russe). Pourquoi?:

- Fondamentalement parce que je suis d'accord avec Ouspensky pour voir en lui, Florovsky et Meyendorf les initiateur «d'un profond processus de purification de la science théologique, sa libération des influences hétérodoxes occidentales et, en même temps, une prise de conscience plus profonde de la théologie patristique.» (In.Léonide Ouspensky «A propos d’un des sujets du futur Préconcile : la question de l’art sacré», "Contacts" n°53, 1er trimestre 1966; cité par http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Emilie-van-Taack-L-ART-SACRE-UN-DES-SUJETS-DU-FUTUR-PRECONCILE-UNE-PRISE-DE-POSITION-IMPORTANTE-DE-LEONIDE-A-OUSPENSKY_a4205.html).

- Mais il y a aussi une deuxième raison, plus concrète: le père Alexandre a fait sortir la théologie des cercles académique pour la mettre à la portée de chaque croyant. Tous ses livres sont en fait des ouvrages de "vulgarisation" (au sens le plus noble de ce terme) qui permettent à chacun de comprendre le pourquoi et le comment de notre foi, de notre Tradition et de nos rites. Ses "Causeries sur Radio Liberté" ont amené ou gardé dans la foi orthodoxe des millions de russes: selon des témoignages que j'ai recueilli, c'était la seule source de foi disponible pour le plus grand nombre pendant ces années noires… Et ces textes restent une source de réflexion et d'inspiration pour un grand nombre – je connais plusieurs prêtres qui s'en inspirent régulièrement pour leurs sermons.

Tout cela fait du père Alexandre un grand théologien et une grand missionnaire du XXe siècle. (J'avais développé ces points en 2011 dans mon article http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/UN-GEANT-DE-LA-THEOLOGIE-CONTEMPORAINE_a1749.html)

Je vous souhaite un bon dimanche des Myrophores

Ваш о Господе брат
Владимир

16.Posté par Vladimir. G: le patriarche Cyrille a constaté avec satisfaction "le haut niveau des relations entre l''''Église orthodoxe russe et l''''Église catholique romaine" le 01/05/2015 11:33
Dans son discours devant l'Académie diplomatique du Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie, dont il a été fait docteur "honoris causa" le 30 avril 2015, le patriarche Cyrille a constaté avec satisfaction "le haut niveau des relations entre l'Église orthodoxe russe et l'Église catholique romaine, dicté par la nécessité d'unir les efforts des Orthodoxes et des Catholiques pour défendre les valeurs chrétiennes traditionnelles." Il a aussi souligné que la coopération entre Orthodoxie et Catholicisme a acquis une actualité particulière dans la défense des Chrétiens contre les persécutions.

17.Posté par Le pape va-t-il rencontrer le patriarche de Moscou ? le 28/01/2016 14:41
De sources concordantes, le pape François pourrait rencontrer Kirill, le patriarche de l’Église orthodoxe russe, à la fin de son prochain voyage au Mexique. Outre sa portée hautement symbolique, la rencontre entre les responsables des deux plus grandes Églises de la chrétienté correspond à une série d’intérêts croisés.

La fin du voyage du pape François au Mexique, prévu du 12 au 18 février, pourrait réserver une surprise exceptionnelle. Dans l’entourage du pape, on le laissait entendre sans en dévoiler la teneur. Le vaticaniste italien Sandro Magister a vendu la mèche le 26 janvier sur son blog : le pape irait rencontrer le patriarche Kirill, qui se trouvera alors en visite à Cuba.

À Moscou, le porte-parole de l’Église orthodoxe russe pour les relations avec les autres chrétiens, le hiéromoine Stefan Igumnov, a aussitôt démenti l’information. Mais ce n’est pas le cas au Vatican, où, sans rien confirmer, on n’exclut rien non plus.

Au contraire, au sein de la Curie romaine, on parle même d’un « désir réciproque » d’une telle rencontre, et d’« opportunités » pour l’année 2016. « À l’heure actuelle, le feu n’est plus au rouge mais à l’orange », a déclaré le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, le cardinal Kurt Koch, à la presse suisse.
Gages de respect

Une étreinte entre le pape et le chef de la « Troisième Rome », le patriarche de Moscou, serait historique. Sans cesse évoquée, une telle rencontre a toujours été, jusqu’ici, reportée. Les accusations de prosélytisme des communautés catholiques dans l’ex-URSS sont depuis longtemps levées mais la question de la place des catholiques en Ukraine s’est tendue avec la guerre dans ce pays. Le Saint-Siège s’est toutefois employé à ne pas prendre parti dans le conflit opposant Kiev à Moscou. Attitude qui a été appréciée publiquement par le patriarche Kirill.

> Relire : Le pape François demande aux évêques d’Ukraine d’agir sans faire de politique

Cette rencontre a d’autant plus de chances d’avoir lieu qu’elle ne ferait pas ombrage au patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomeos, qui exerce un leadership symbolique sur le monde orthodoxe, le pape lui ayant donné suffisamment de gages de respect.

Depuis le début de son pontificat, François a déjà rencontré à Rome, à Jérusalem et à Istanbul, le grand rival de Moscou. Mais au retour de Turquie, le 30 novembre 2014, le pape avait aussi fait montre de sa complète disponibilité à s’entretenir avec le patriarche russe. « Je lui ai dit :”Je viens où tu veux. Tu m’appelles et je viens”, et lui aussi a la même volonté », avait répondu Jorge Bergoglio à la presse à ce sujet, ne posant aucune condition.

> Relire : Le pape François demande à Vladimir Poutine un « effort sincère de paix » en Ukraine

Vu de Moscou, une telle rencontre au sommet aiderait à rompre en partie l’isolement diplomatique et économique dans lequel se trouve aujourd’hui la Russie. Comme au temps de l’Union soviétique lorsqu’il s’agissait de conserver un lien – même ténu – avec l’Occident, l’œcuménisme peut se révéler un terrain propice au dénouement des crises, y compris aux yeux du Kremlin.

« Poutine a besoin de François pour sortir de l’isolement sur la question de l’Ukraine et François a besoin de Poutine pour protéger les chrétiens d’Orient, résume le théologien orthodoxe Jean-François Colosimo. La mondialisation rend ainsi nécessaire un rapprochement catholique/orthodoxe encore inimaginable il y a vingt ans. »
Climat de confiance

Poids lourd de l’orthodoxie mondiale avec ses 150 millions de fidèles, l’Église orthodoxe russe est en outre dominée par un courant national-conservateur qui tend à l’isoler sur la scène panorthodoxe.

Après avoir réformé son Église de fond en comble, quadruplé le nombre de ses évêques et parachevé son retour au premier plan en Russie, le patriarche Kirill veut maintenant se poser en interlocuteur incontournable vis-à-vis du reste de la chrétienté. Avec toujours, en arrière-plan, l’idée de constituer avec l’Église catholique un front pour la défense des valeurs chrétiennes « traditionnelles ».

Après des relations tendues sous Jean-Paul II et un net réchauffement sous Benoît XVI, le pape François apparaît plus que jamais à Moscou comme l’homme de la situation. Sa prudence sur le dossier ukrainien – jusqu’à donner l’impression aux grecs-catholiques d’être sacrifiés sur l’autel du rapprochement avec Moscou – et ses multiples rencontres avec Hilarion, le responsable des relations extérieures du Patriarcat russe, ont instauré un climat de confiance entre Rome et Moscou.

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Benoît XVI a ouvert une ère de confiance

En vingt ans, les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique ont opéré un virage à 180 degrés. Pape polonais œuvrant à la renaissance de diocèses catholiques en Russie, le « prosélyte » Jean-Paul II n’inspirait que méfiance à Moscou. Féru de théologie patristique et arborant un profil plus classique, Benoît XVI a ouvert une ère de confiance marquée par la reprise du dialogue théologique et la venue à Paris, en 2007, du patriarche Alexis, le prédécesseur de Kirill. C’était alors la première fois qu’un patriarche orthodoxe russe se rendait dans un pays de tradition catholique depuis le schisme entre Orient et Occident (1054). La rencontre avec Benoît XVI n’a toutefois pas eu lieu.
Sébastien Maillard (à Rome) Et Samuel Lieven

18.Posté par Clovis le 28/01/2016 22:02
Se méfier des sons de cloches du Vatican. Notamment sur l'ukraine des mots doux d'une côté et de l'autre on souffle sur les braises, comme Jean-Paul II nommant un évêque uniate de Kiev etc...
Nous sommes dans ce que l'on appelle vulgairement la com'. Car ce n'est plus de la communication puisque les informations sont contradictoires, du verbiage qui correspond en tout point à cet esprit "vivre-ensemble" voire métissé que l'on nous impose politiquement aujourd'hui.

19.Posté par Патриарх Кирилл подарил папе Римскому частицу мощей Серафима Саровского le 15/09/2016 22:08
Москва. 15 сентября. ИНТЕРФАКС - Папе Римскому Франциску передали в дар от патриарха Московского и всея Руси Кирилла частицу мощей преподобного Серафима Саровского в ковчеге, изготовленном в форме пасхального яйца.

Подарок понтифику в четверг в Апостольском дворце в Ватикане вручил глава синодального Отдела внешних церковных связей митрополит Волоколамский Иларион, сообщает служба коммуникации ОВЦС.

"Папа Римский был глубоко тронут драгоценным даром и просил передать Святейшему патриарху слова сердечной благодарности и братского приветствия", - говорится в сообщении.

В ходе встречи стороны обсудили состояние православно-католических отношений после исторической встречи предстоятелей двух Церквей в Гаване в феврале этого года.

Одной из центральных тем беседы стало трагическое положение христианского населения Ближнего Востока. Папа Франциск и митрополит Иларион отметили положительный опыт сотрудничества по оказанию помощи ближневосточным христианам во исполнение решений, принятых в ходе встречи на Кубе.

"С обеих сторон была подчеркнута необходимость дальнейших консолидированных действий в ближневосточном регионе. Председатель ОВЦС познакомил Папу с инициативами Русской церкви по оказанию гуманитарной помощи страждущим гражданам Сирии и поблагодарил понтифика за его миротворческие усилия", - сказано в сообщении.

Стороны отметили плодотворное развитие православно-католического сотрудничества в области культуры. Так, за последний год перспективным показал себя проект обмена учебными поездками священников и студентов богословия из Католической церкви и Московского патриархата в Москву и Рим соответственно для более глубокого знакомства с традициями и современной жизнью двух Церквей.

Митрополит Иларион также встретился с госсекретарем Ватикана кардиналом Пьетро Паролином. Они высказались за дальнейшие миротворческие усилия по преодолению конфликта на Украине в соответствии с подписанной в Гаване совместной декларацией понтифика и патриарха, призывающей "Церкви на Украине трудиться для достижения общественного согласия".

Митрополит Иларион прибыл в Италию на XIV пленарную сессию Смешанной комиссии по богословскому диалогу между Православной церковью и Католической церковью. Заседание пройдет в городе Кьети 15-22 сентября.

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