Le pape François à Istanbul, il prie dans la Mosquée Bleue

Comme son prédécesseur Benoît XVI il y a huit ans, le souverain pontife a conclu sa visite de la mosquée impériale construite au XVIIe siècle sous le règne du sultan ottoman Ahmet 1er par une «adoration silencieuse», selon la terminologie du Vatican. VIDEO

La promotion du dialogue interreligieux

Au côté du grand mufti d'Istanbul Rahmi Yaran qui priait, Jorge Bergoglio a médité pendant deux longues minutes, les yeux fermés et les mains jointes. «C'était un beau moment de dialogue interreligieux», a ensuite commenté devant la presse le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, "il s'est passé la même chose qu'il y a huit ans avec Benoît".

Une visite de Sainte-Sophie

Le pape François, qui a délaissé samedi sa grosse berline allemande blindée d'Ankara pour une voiture compacte française de série plus modeste, s'est ensuite rendu dans la basilique Sainte-Sophie pour une courte visite, sous les chants de l'appel à la prière des muezzins voisins.

Visitée chaque année par des millions de touristes, cette monumentale église byzantine a été convertie en mosquée à la prise de Constantinople par l'Empire ottoman en 1453 puis est devenue un musée sur décision en 1934 du fondateur de la Turquie moderne et laïque Mustafa Kemal Atatürk.

Quinze siècles plus tard, Sainte-Sophie nourrit encore régulièrement les tensions entre chrétiens et musulmans, qui souhaite en refaire une mosquée. AFP

Une conférence sur le thème « Le christianisme et l'islam face aux défis de notre temps »

Une conférence sur le thème "Le christianisme et l'islam face aux défis de notre temps" a réuni à Kazan, capitale du Tatarstan le chef du Département synodal de l'Eglise russe pour les relations entre l'Eglise et la Société, l'archiprêtre Vsevolod Chaplin et le Mufti de la République du Tadjikistan K. Samigullin.

«Au Tatarstan nous sommes habitués de voir une église orthodoxe en sortant de la mosquée et vice versa" a souligné le Mufti K. Samigullin dans son discours. Et l'archiprêtre Vsevolod Chaplin a déclaré: "La force de notre pays est dans sa diversité et sa richesse. Nous sommes riches de différentes nationalités et traditions religieuses. Une des traditions véritablement russes - l'art du dialogue. Le monde a oublié l'expérience dans laquelle nous sommes conscients que nous sommes différents, mais cela ne se nous gêne pas mais nous aide à vivre ensemble. "

Le père Vsevolod a en outre pris part à la signature d'un accord de coopération entre le Séminaire orthodoxes de Kazan, l'Université musulmane de Russie, l'Université fédérale de Kazan et l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de Russie.
V.G.
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Rédigé par "PO" et V.G. le 30 Novembre 2014 à 10:59 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 30/11/2014 12:20
Quand on pense qu'il ne s'est même pas déplacé à la cathédrale de Strassbourg...

2.Posté par Clovis le 30/11/2014 15:14
Pourquoi faire ? Les messes maintenant c'est dans les stades de foot, sauf quand le pape joue à domicile, au Vatican, avec ses supporters, son staff, ses banderoles. A Strasbourg il n'y avait même pas de match amical.

Blague à part, il y avait aussi Eschau avec les saintes reliques de Foi, Espérance et Charité...

3.Posté par Père Joachim le 30/11/2014 17:58
Le Pape FRANÇOIS ne s'est pas rendu en visite en Turquie à l'invitation de Monsieur Erdogan. Il ne lui revenait pas le soin de saluer aucune prouesse, ni au niveau des droits de l'homme, ni sur la liberté d'exercer librement son culte, ni pour le respect des minorités ethniques, pas non plus pour son projet de leader chip sur le monde islamique, etc, etc...
D'ailleurs selon la presse italienne le Saint Père a été prié de ne parler d'aucun de ces problèmes.

Il avait bien pour objectif, d'accompli sur les rives du Bosphore et de la Corne d'Or, sur l'invitation du Patriarche Œcuménique,ce qu'ont effectué ses trois prédécesseurs: un"Pèlerinage de Paix"(atypique) lors de la fête patronale du Siège Constantinopolitain, de Saint André.
Pèlerinage de Paix, qui est accomplit par chaque primat orthodoxe lors de son élection, comme un signe de "réception"d'un acte synodal, d'une église particulière. Et surtout, signe d'unité, celé par une Divine Liturgie, concélébrée lors de ce déplacement rituel.
Cette démarche religieuse bien connue, est effectuée selon l'ordre des "dyptiques"; elle suit une encyclique que le nouvel élu à envoyé à chacun de ses pairs, au lendemain de son élection par son Saint Synode.
Le caractère atypique de la démarche papale vient du fait que qu'elle poursuit un usage instauré, que depuis cinquante ans lors la rencontre entre Paul VI et Athénagoras.
L'échange de telles visites a été, pour un temps le fait saillant du "dialogue de charité" que Jean Paul II à voulu transformer en "dialogue théologique" ouvert à toutes les églises orthodoxes . Mais ce dernier ne cesse de s'embourber dans les méandres de positions et d'objectifs trop divergents.

Pour ce qui est des "turquismes"du voyage papal, on peut y voir (comme pour les libations islamo-judaïques de la dernière rencontre chrétienne de Jérusalem) d'affligeantes libations que le monde chrétien doit offrir pour pouvoir exister dans des systèmes théocratiques qui ne disent pas leur nom.

Il y a vraiment un sens particulier dans le déplacement pontifical et pas de rapprochement évident avec la rencontre de Kazan.

Par contre, il est bon de trouver des convergences pertinentes comme à propos de la deuxième partie du discours patriarcal de bienvenue. Ne pourrait-on trouver là des thématiques fortes, que développe aussi le Primat de l'église de Russie et son assistant délégué aux affaires extérieures, qui nous permettraient entrevoir non seulement le fruit des rencontres préparatoires, qui travaillent à un train soutenu, mais déjà les contours des conclusions de la prochaine rencontre de 2016 ?

4.Posté par Vladimir.G: Le pape François ose prier dans la Mosquée bleue d'Istanbul le 30/11/2014 18:42
Le pape François ose prier dans la Mosquée bleue d'Istanbul
De notre envoyé spécial à Istanbul.

Le pape François a explicitement prié, samedi matin, dans la mosquée bleue d'Istanbul aux côtés du grand muphti. C'est une première. Au même endroit, en 2006, Benoît XVI s'était simplement recueilli. Plutôt discrètement du reste. Au point de soulever une polémique. Certains estimant que le pape allemand avait alors «prié» dans la mosquée. D'autres non parce qu'un chrétien, à fortiori le pape, ne pouvait pas, avançaient-ils, prier ainsi dans un lieu de culte musulman. Prudent, le Vatican avait tranché pour le «recueillement» de Benoit XVI.

Source, photo et vidéo sur http://www.lefigaro.fr/international/2014/11/29/01003-20141129ARTFIG00073-le-pape-francois-ose-prier-dans-la-mosquee-bleue-d-istanbul.php

C'est sans doute pour éviter l'ambiguïté mais surtout par conviction profonde - François inscrit le «dialogue» avec les autres, et les autres religions, comme une priorité de son pontificat - que le successeur de Benoît XVI, dans la même mosquée, a donc croisé très visiblement les doigts, incliné longuement la tête en fermant profondément les yeux, deux à trois minutes, pour prier à l'évidence . Et pour… signifier qu'il priait. Et ce en direction du mihrab, cette niche cernée de deux colonnes, qui indique la qibla, donc la direction de la ka'ba de la Mecque.
Le pape François en train de visiter la Mosquée Bleue d'Istanbul en compagnie du Mufti Rahmi Yaran.

Un geste fort en forme de message qui s'inscrit dans la ligne de ce voyage qui se veut une main tendue à l'islam pour combattre le «fondamentalisme», comme François l'a expliqué, vendredi, à Ankara, au premier jour de sa visite. Elle s'achèvera dimanche, où le pape assistera à la divine liturgie orthodoxe avec le Patriarche Bartholomé.

Quelques instants après cette prière spectaculaire, samedi matin, le Père Federico Lombardi, porte parole du Vatican, s'est empressé de préciser qu'il s'agissait, en fait, d'une «adoration silencieuse». Le Pape, selon Lombardi, ayant d'ailleurs confié à son hôte musulman, «nous devons adorer Dieu».

Cette étape à la mosquée, où aucun discours n'était prévu, devait être l'un des moments forts de son déplacement de trois jours en Turquie. Il le fut mais restera comme un geste fort du pape François. Car il aura osé là ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'a jamais fait: prier ouvertement dans une mosquée à côté d'un dignitaire musulman.

Après la grande mosquée de Jérusalem en mai dernier, François visitait pour la seconde fois une mosquée en tant que Pape. Pour Benoît XVI ce fut à Istanbul en 2006. Mais c'est Jean-Paul II qui en 2001 à Damas qui entra pour la première fois comme pape dans la magnifique mosquée des Omeyades.

5.Posté par Attila le 02/12/2014 23:13
La mosquée des Omeyades est elle aussi la transformation en mosquée d’une basilique chrétienne.

Tant que Sa Sainteté n’embrasse pas - comme JP II - le concentré de cruauté et d’injonctions d’assassiner (plus de cent fois) que je ne nommerai pas de crainte d’être censuré, tout est pour le mieux … sauf pour les chrétiens d’Orient décapités, crucifiés, martyrisés, spoliés, abandonnés et ce en application stricto sensu dudit concentré.
Il ne s’agit pas de renoncer au dialogue, seulement d’un peu de retenue garder. En leur mémoire.

6.Posté par Nicodème le 04/12/2014 09:19
Merci Attila . j'aurais dit la même chose , mais j'aurais été censuré . Même en orthodoxie , l'islamocorect veille ...Les gestes de François premier ne peuvent être compris par la partie musulmane que comme une soumission . C'était pareil avec JPII . Il y a une très grande naïveté à s'imaginer l'utilité d'un "dialogue" avec une doctrine politico-religieuse qui prescrit l'assassinat pur et simple des "apostats" , càd de ceux qui décident d'ouvrir leurs yeux et d'abandonner la fausse doctrine du "chamelier analphabète" comme disait Mustapha Kemal Atatûrk ...

7.Posté par Vladimir.G: "nous sommes conscients que nous sommes différents, mais cela ne se nous gêne pas mais nous aide à vivre ensemble" le 04/12/2014 10:30
Le dialogue interreligieux est particulièrement important dans le contexte de violence terroriste que nous connaissons.

Ainsi le Pape est revenu sur le sujet durant le vol retour de Turquie, dimanche 30 novembre, en répondant aux questions des journalistes (http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-pape-Francois-demande-aux-dirigeants-musulmans-de-condamner-le-terrorisme-2014-11-30-1272424?xtor=EPR-9-[1300751203] ): « Il faut un saut qualitatif ». « Un dialogue entre leaders appartenant à différentes religions », a-t-il suggéré, sans autre précision. Revenant sur son adoration en silence dans la Mosquée bleue d’Istanbul la veille, il a confié avoir prié « pour la Turquie, pour la paix, pour le mufti, pour moi, j’en ai besoin. »

Et les modérateurs ont eu la bonne idée de rapprocher ce geste du Pape avec la rencontre de Kazan: l'Eglise russe, qui représente plus de la moitié de l'Orthodoxie, est clairement en phase avec le Catholicisme sur ce sujet. Son porte-parole vient d'ailleurs de le réaffirmer en parlant de "partenaires stratégiques dans le témoignage des valeurs morales chrétiennes, la nécessité de préserver la paix et la compréhension mutuelle entre les peuples de différentes confessions et nationalités, et dans la défense des droits des Chrétiens au Moyen-Orient." (http://www.interfax-religion.ru/?act=news&div=57214 ). Et l'expérience multiséculaire de coexistence pacifique avec l'Islam en Russie est clairement un exemple à méditer et l'archiprêtre Vsevolod Chaplin le souligne clairement: "Nous sommes riches de différentes nationalités et traditions religieuses. Une des traditions véritablement russes - l'art du dialogue. Le monde a oublié l'expérience dans laquelle nous sommes conscients que nous sommes différents, mais cela ne se nous gêne pas mais nous aide à vivre ensemble. "

8.Posté par Vladimir.G: Le pape François a dit mercredi que son récent voyage de trois jours va promouvoir "un dialogue fructueux" entre la majorité musulmane du pays et les Chrétiens orthodoxes le 05/12/2014 11:06
Le pape François a dit mercredi que son récent voyage de trois jours /en Turquie/ va promouvoir "un dialogue fructueux" entre la majorité musulmane du pays et les Chrétiens orthodoxes

Pope Francis said Wednesday he prayed that his recent three-day trip will promote “fruitful dialogue” between the country’s majority Muslims and Eastern Orthodox Christians.

“Religious belief has an important place in the life of this predominantly Muslim nation. In my visit to Ankara, I wished to stress the importance of ensuring its free exercise by all, and the need for Christians and Muslims to work together in promoting solidarity, peace and justice,” Francis said in St. Peter’s Square, according to Rome Reports.

Pope Francis visited Turkey, a nation of about 75 million with a Christian population estimated at around 120,000, from Friday through Sunday. He spent one day in Ankara, the capital, followed by two in Istanbul, the nation's largest city. His speeches focused on the importance of inter-religious peace among Christians and Muslims and greater unity between the Roman Catholic Church and the Eastern Orthodox Church.

The pontiff’s trip came during a tumultuous time in the Middle East where hundreds of thousands of Christians in Syria and Iraq have been forced to flee due to threats from al Qaeda and the Islamic State group. Many have sought refuge in Turkey.

“An extremist and fundamentalist group” has subjected communities in Syria and Iraq to “barbaric violence simply because of their ethnic and religious identity,” Francis said in a speech he made in Ankara alongside Turkish President Recep Tayyip Erdogan. While Turkey has “generously welcomed a great number of refugees,” Francis said, the country also has a "great responsibility," due to its history and geographical location, to promote peace among different faiths.

In his weekly audience, Francis said this meeting was an “opportunity to reaffirm the need for states to recognize the public relevance of religious faith and to guarantee everyone the freedom of worship.”

In Istanbul Friday, Francis celebrated Mass at Holy Spirit Cathedral. “We invoked the Holy Spirit so that the people of God, in the diversity of their traditions, grow in openness, docility and obedience to his divine action,” Francis said.

On his final day, Francis signed a declaration with His Holiness Bartholomew I, the Istanbul-based leader of the Eastern Orthodox Church.

“Together we signed a declaration, renewing the commitment to continue along the path of the restoration of full communion between Catholics and Orthodox, aware that prayer is the foundation for fruitful ecumenical dialogue,” Francis said. While the two leaders are on friendly terms, the joint declaration could be a sign the Vatican is making amends after an official recently said the end of Communist rule created tensions between the Roman Catholic Church and the Eastern Orthodox Church.

The pontiff’s next visit will be to Sri Lanka and the Philippines in January. According to a Vatican press release, the trip to the Philippines will focus on “mercy and compassion” towards survivors of the Bohol earthquake and Typhoon Haiyan, both of which took place in 2013

9.Posté par Vladimir.G. Patriarche Cyrille: "l''''islamophobie et de la christianophobie étaient des phénomènes de la même nature et devraient être analysées conjointement." le 20/12/2014 14:56
MOSCOU, 13 décembre - RIA Novosti/La Voix de la Russie L'activité des groupes radicaux, tels que l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, vise à diaboliser l'islam aux yeux de l'opinion internationale, a estimé vendredi le patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille, en recevant le ministre turc des Affaires religieuses Mehmet Germez.

"Je ne peux me défaire de l'idée que le "printemps arabe" et l'apparition de formations paramilitaires islamistes, ainsi que les exécutions publiques auxquelles ses radicaux se livrent, tout cela est destiné à diaboliser l'islam aux yeux de l'opinion internationale", a déclaré le chef de l'Eglise orthodoxe russe.

Et d'ajouter que l'islamophobie et de la christianophobie étaient des phénomènes de la même nature et devraient être analysées conjointement.

"Nous sommes profondément préoccupés par la situation dans des pays, tels que l'Irak et la Syrie où les djihadistes exterminent pratiquement les chrétiens", a souligné le Patriarche.

Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2014_12_13/PO-lEI-diabolise-lislam-chef-de-lEglise-orthodoxe-russe-4250/

10.Posté par Vladimir.G. Patriarche Cyrille: "Nous nous efforçons de soutenir au maximum l’Église catholique. Nous estimons nécessaire de développer et d’approfondir le dialogue avec elle sur toutes ces questions" le 20/12/2014 15:07
«Il est très important de réfléchir ensemble à ce qui arrive à la civilisation humaine, ». a dit le Patriarche Cyrille le 11 décembre 2014en recevant M. Mehmet Görmez, chef de la Direction des affaires religieuses de la République turque. « Il est évident que la civilisation occidentale, la culture occidentale contemporaine ont perdu tout lien avec la religion et l’on ne peut plus appeler le monde occidental un monde chrétien. Les valeurs religieuses ont pratiquement disparu de la sphère publique. Des lois en contradictions avec les commandements divins et contre la morale traditionnelle ont été adoptées». «Je pense qu’il faut parler ensemble de ces thèmes. Nous devons réagir à ce qui ne correspond pas à nos convictions religieuses ».

Sa Sainteté a expliqué à son interlocuteur que le reflux des normes de la morale religieuse qui s’est produit sous la pression de forces laïcistes dans un nombre appréciable d’églises protestantes occidentales, avait eu des répercussions négatives sur les relations bilatérales de ces communautés avec l’Église orthodoxe russe. Le Patriarche Cyrille a également évoqué les relations avec l’Église catholique : « Les catholiques sont restés fidèles à la tradition biblique, mais il leur devient de plus en plus difficile de déclarer leur position à haute voix. Nous nous efforçons de soutenir au maximum l’Église catholique. Nous estimons nécessaire de développer et d’approfondir le dialogue avec elle sur toutes ces questions».

Poursuivant sa pensée, le Patriarche Cyrille a souligné qu’il fallait également affermir les relations avec le monde musulman et les autres groupes religieux qui demeurent attachés aux principes de la morale donnée par Dieu. « C’est pourquoi il me semble que notre groupe de travail commun doit étudier un large spectre de problèmes relatifs au développement de la civilisation contemporaine ».

Le Primat de l’Église orthodoxe russe s’est dit profondément inquiet de la christianophobie qui se répand actuellement au Proche Orient. « Nous sommes très alarmés de voir ce qui se passe sur des terres comme l’Irak, la Syrie et d’autres où des rebelles exterminent les chrétiens » a constaté Sa Sainteté.
L’Église russe est également inquiète du sort des deux hiérarques chrétiens enlevés en avril de l’an dernier, a souligné le Patriarche Cyrille.

Selon lui, le problème de la christianophobie touche aussi actuellement les pays occidentaux. « Il y a de nombreux exemples de discrimination de personnes qui témoignaient ouvertement de leur appartenance à la religion chrétienne » a constaté Sa Sainteté.

Par ailleurs, le Primat de l’Église russe a mentionné le problème de l’islamophobie, soulignant que ces deux phénomènes étaient à mettre au même niveau. Selon lui, il serait utile de les analyser ensemble et d’évaluer des situations concrètes.

Pendant l’entretien, Sa Sainteté a insisté sur les conséquences destructrices de l’action des forces radicales, en particulier des agissements du groupe de « l’État islamique ». « Je ne peux m’empêcher de penser que le printemps arabe et la conduite des forces musulmanes armées radicalisées, les exécutions publiques qu’ils commettent, ont pour but de diaboliser l’islam aux yeux de l’opinion publique mondiale » a partagé le Patriarche Cyrille.

Le Patriarche Cyrille a rappelé en accueillant son hôte leur précédente rencontre en 2011, qui avait marqué le début de relations systématiques entre le Patriarcat de Moscou et les leaders musulmans de Turquie. Dans le cadre des accords qui avaient suivi cette rencontre, un groupe de travail pour le dialogue entre l’Église orthodoxe russe et la Direction des affaires religieuses de la République turque avait été créé.

Lors de ses rencontres, les membres du groupe discutent notamment des pèlerinages et du tourisme religieux, des échanges estudiantins. Sa Sainteté le Patriarche Cyrille a proposé de réunir régulièrement le groupe de travail et d’élargir la thématique abordée.
Source: https://mospat.ru/fr/2014/12/12/news112918/

11.Posté par justine le 21/12/2014 22:53
Il serait réjouissant si Vladimir se résoudrait enfin à corriger ses pratiques en matière de citations. C'est à dire qu'il ne tire pas les mots prononcésde leur contexte. Ici il met en exergue les mots du Patriarche Cyrille "Nous nous efforcons au maximum de soutenir l'Eglise catholique." Or, qu'est-ce que le Patriarche a voulu dire en réalité? Il parle des normes de la morale religieuse, à laquelle les Roméo-catholiques sont restés fidèles, et c'est à cet égard que l'Eglise russe les soutient.

12.Posté par Vladimir.G.: «Il est très important de réfléchir ensemble à ce qui arrive à la civilisation humaine, » le 24/12/2014 15:04
«Il est très important de réfléchir ensemble à ce qui arrive à la civilisation humaine, »

Ce discours du patriarche Cyrille est très important par son ouverture aux autres confessions qui partagent avec l'Orthodoxie les mêmes valeurs: « Je pense qu’il faut parler ensemble de ces thèmes. Nous devons réagir à ce qui ne correspond pas à nos convictions religieuses ».

Le patriarche s'adresse évidement aux Musulmans, et c'est pour cela que je place ce commentaire dans ce fil, et fait ressortir les relations avec les Catholiques, ce que j'ai pris en titre du commentaire…

13.Posté par Vladimir. G: "La liberté et les droits de l’homme ont toujours été compris par nos traditions religieuses comme l’expression de la reconnaissance de la haute valeur de chaque personne." le 02/04/2015 23:38
Le Conseil interreligieux de Russie a publié une déclaration sur la liberté d’expression et les offenses aux religieux sentiments des croyants le 27.01.2015.

La liberté et les droits de l’homme ont toujours été compris par nos traditions religieuses comme l’expression de la reconnaissance de la haute valeur de chaque personne. Avec la sécularisation, les grands principes des droits imprescriptibles de l’homme ont été envisagés indépendamment de toute dimension sacrée, et la protection de la liberté de la personne s’est transformée en défense de la volonté propre, ce qui ouvre la voie à l’immoralité, à la permissivité, à l’anarchie et à la tyrannie. Nous n’approuvons pas l’approche libérale, laïque et relativiste de la liberté, selon laquelle il n’existe aucune valeur ni aucun critère absolu, le bien-être étant la seule chose à laquelle il vaille d’aspirer. Privée de repères moraux, la liberté, devenue idole et concentrée sur la satisfaction des besoins de l’individu, y compris la « liberté » de se moquer de ce qui est sacré pour les autres, est incompatible avec la vraie dignité et la grandeur de l’homme.

Malheureusement, certaines valeurs morales traditionnelles, autrefois évidentes, comme le respect de la religion ou des convictions d’autrui et l’aspiration à la paix, doivent être énoncées et justifiées à cause de la dégradation et de l’étouffement de la voix de la conscience. La liberté a besoin de limites, sans quoi elle peut se transformer en violence contre autrui, sous forme d’atteintes physiques ou sous forme de mots capables de blesser profondément l’âme humaine. La liberté d’expression ne doit pas aller à l’encontre du droit des autres hommes, ne doit pas porter atteinte à l’honneur et à la dignité des croyants, en offensant ce qu’ils ont de plus sacré et de plus cher. La liberté individuelle doit être soumise aux principes de justice, d’humanité et de bien commun.

La liberté est également inséparable de la notion de responsabilité. Dans le contexte d’un monde globalisé, où les forces politiques, économiques et culturelles sont étroitement imbriquées et dépendantes les unes des autres, tandis que se développent les facultés de l’homme et de son potentiel à créer et à détruire, la question de la responsabilité des médias devient plus importante que jamais. Les formulations grossières et les caricatures blasphématoires offensant les sentiments religieux des croyants provoquent inévitablement des conflits interreligieux et interethniques. C’est pourquoi les personnalités doivent être extrêmement prudentes dans une sphère aussi délicate que la religion et tenir compte des conséquences possibles de leurs actes.

On constatera également que dans la conscience des masses, la notion de « laïcité » est aujourd’hui bien souvent et injustement assimilée à la notion de « laïcisme ». Le principe de laïcité, qui désigne la séparation des organisations religieuses de l’état, n’est pas synonyme d’« areligieux » ou d’« athée ». Par exemple, la majeure partie des citoyens russes sont croyants. Ils exercent une activité professionnelle laïque tout en étant porteurs de valeurs religieuses. On ne peut parvenir à la prospérité et à la concorde sociales sans respecter la culture qui s’est formée au cours des siècles sur des générations, ni les convictions morales et religieuses dont elle est la gardienne. C’est pourquoi l’état laïc doit non seulement tenir compte des racines morales, mais aussi s’appuyer sur elles. Les religions traditionnelles peuvent soutenir cette politique, en aidant à répandre une bonne compréhension des valeurs fondamentales les plus importantes.

Nous condamnons en même temps résolument le terrorisme en tant que manifestation de violence et d’agressivité illégale, sans rapport avec la morale. Malheureusement, les actes et la voix des terroristes sont mieux entendus de beaucoup que la voix des centaines de millions de ceux qui désirent vivre en paix. Nous appelons à briser le cercle vicieux de la violence et des offenses mutuelles, à résoudre les problèmes soulevés au moyen du dialogue, de la recherche d’une solution pacifique, juste et mutuellement acceptable aux désaccords existant, dans le cadre de la loi.

14.Posté par Vladimir.G: LE METROPOLITE HILARION DE VOLOKOLAMSK : IL N’Y A PAS DE TERRORISME ISLAMIQUE le 06/06/2016 14:37
LE METROPOLITE HILARION DE VOLOKOLAMSK : IL N’Y A PAS DE TERRORISME ISLAMIQUE

Dans une interview à « Interfax-religion », le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures explique en quoi la théologie se différencie des sciences religieuses, comment empêcher ces dernières de se transformer en « athéisme scientifique ». Il dit aussi si l’on peut employer l’expression « terrorisme islamique » et parle de la nocivité des sectes.

– Monseigneur, dans vos interventions publiques, vous dites souvent qu’il ne convient pas d’employer des expressions comme « terrorisme religieux » ou « terrorisme islamique ». Pourquoi ?

– Ces dernières années, nous avons été confrontés à une poussée de terrorisme encore jamais vue, que beaucoup appellent par erreur « islamique » ou « religieux ». Beaucoup de gens sont persuadés que les terroristes qui sévissent aujourd’hui au Proche Orient et dans certaines autres régions du monde commettent leurs méfaits parce ce que c’est ce qu’enseigne leur religion. Mais aucune religion n’enseigne qu’il faut tuer des gens, commettre des crimes et des actes terroristes. On assiste à une sorte de substitution, avec des gens qui commettent des crimes en les justifiant par des slogans religieux, qu’ils utilisent aussi pour recruter. C’est-à-dire qu’il ne faut pas parler de terrorisme religieux, mais de terrorisme à slogans religieux, dans lequel des gens commettent des crimes et blasphèment en s’abritant derrière le nom de Dieu et la religion.

– Le 22 avril, à l’Académie russe d’économie nationale et de service public a eu lieu un symposium national qui a rassemblé des théologiens et des religiologues. Quelle est la différence entre la religiologie et la théologie.

– La théologie est enseignée par des gens qui connaissent une tradition religieuse de l’intérieur, alors que les religiologues voient la religion de l’extérieur. Nous ne disons pas que ce n’est pas bien, ou que c’est inadmissible. Pendant le symposium que vous avez mentionné, j’ai comparé la théologie et les sciences religieuses avec la musique et la musicologie. Il y a des musiciens-praticiens : les uns jouent du piano, d’autres du violon, d’autres encore du cor, certains écrivent de la musique. Et il y a des critiques musicaux, qui évaluent le travail des praticiens, qui nous disent quel pianiste joue mieux, lequel joue moins bien, quelle musique peut-on écouter, laquelle doit-on éviter. Les praticiens croient souvent les théoriciens inutiles parce que les critiques musicaux gênent généralement les compositeurs, les pianistes, les joueurs de cor, etc. Mais ils peuvent être utiles à l’auditeur.

De la même façon, nous affirmons que les sciences religieuses peuvent être utiles, dans la mesure où elles permettent de regarder la religion de façon détachée, je ne veux pas dire de façon objective, car, à mon sens, on ne peut avoir un regard objectif sur une religion qu’à l’intérieur de cette tradition religieuse. Mais il peut être utile d’examiner certaines lois générales, les relations entre traditions religieuses, les processus qui se produisent à l’intérieur de chacune, et ce, de l’extérieur. Nous avons aussi besoin d’un regard extérieur. Nous nous renfermons parfois dans notre milieu et cessons de voir nos propres défauts. Lorsque quelqu’un nous les indique avec délicatesse, nous réagissons positivement.

– Beaucoup de religiologues contemporains ont enseigné autrefois « l’athéisme scientifique » et défendent aujourd’hui des positions athées. Un dialogue est-il possible entre théologiens et religiologues dans ce contexte ?

– Sans coopération avec la théologie, les sciences religieuses peuvent à nouveau retomber dans « l’athéisme scientifique ». A mon avis, l’erreur de cet athéisme scientifique consiste à se présenter comme une idéologie objective : d’un côté, disait-on, il y a différentes erreurs en forme de religions, en voici une, une deuxième, une troisième, etc, tandis que l’athéisme scientifique donnent aux gens un regard scientifique sur le monde.

Or, la science et la religion sont deux domaines différents. Je connais des quantités de spécialistes, y compris dans les domaines des sciences naturelles, qui sont profondément religieux. La foi ne les empêche pas d’être des scientifiques.

Je pense que les rapports entre sciences religieuses et théologie doivent avoir la forme d’un dialogue. Ce dialogue est nécessaire tant aux théologiens qu’aux religiologues. Je pense qu’il est très important que les théologiens et les religiologues existent en parallèle. Ce sont deux domaines qui ne doivent pas être en concurrence, car ils utilisent des méthodes différentes, ont un regard différent sur les traditions religieuses. Mais le dialogue est nécessaire, sans lui les sciences religieuses se transformeront effectivement en athéisme scientifique, violemment opposé aux traditions religieuses.

Récemment, un religiologue discutait avec moi mon point de vue qu’il n’y a pas de terrorisme religieux. Pour nous, religiologues, disait-il, le wahhabisme, le satanisme sont aussi des religions. Nous ne sommes pas d’accord : il y a la religion et il y a l’anti-religion. Nous, orthodoxes, sommes en contact avec d’autres traditions religieuses, nous rencontrons les musulmans, les bouddhistes, les juifs. Mais nous ne rencontrons pas les satanistes, les sectataires, les terroristes. Nous ne dialoguons pas avec eux. Je pense que vous comprenez bien que le seul dialogue qu’on peut avoir avec les terroristes c’est de les exterminer. Malheureusement, l’humanité ne connaît pas d’autre remède à cette peste.

Le satanisme, les sectes sont du même ordre. Même si les satanistes ne tuent pas les gens physiquement, ils les détruisent spirituellement et moralement. C’est pourquoi nous ne pouvons pas dialoguer avec eux. Nous ne pouvons que lutter contre eux. Il est très important que les théologiens et les religiologues comprennent le danger que représentent ces doctrines.

Si quelqu’un dit : « Je ne suis pas croyant. J’ai lu la Bible, mais elle ne m’a pas plu, j’ai été à l’église, mais cela ne m’a pas intéressé », c’est son droit. Mais lorsqu’on vend sous l’aspect d’une religion ce qui est de notre point de vue une anti-religion, cela représente un sérieux défi. N’oublions pas que les démons prennent souvent, en ce monde, la forme d’anges, comme nous en prévient l’apôtre Paul. Les sectes, à leur tour, prennent le masque d’églises.

– Quel principal danger représentent les sectes ?

– Je vous répondrai d’après l’expérience de ma paroisse de la rue Ordynka. L’un des prêtres de notre église organise régulièrement des entretiens pour les victimes des sectes. Ce sont généralement des gens baptisés, élevés dans la foi orthodoxe, qui, pour une raison ou pour une autre ont ensuite quitté l’Église pour rejoindre une secte. Lorsqu’ils reviennent vers nous, ils rencontrent notre prêtre, pendant six mois ils ont des rencontres avec lui ; puis ils sont réintégrés dans l’Église. Le rite de réintégration à l’Église, je le célèbre deux fois par an, et il touche chaque fois entre 50 et 100 personnes. Le samedi de Lazare, une centaine de personnes ont ainsi rejoint l’Église, ou, plus exactement, l’ont réintégrée.

Quelles leçons tirerai-je de mes échanges avec ces personnes ? Je vois que pendant le temps qu’ils ont passé dans leur secte, on est parvenu à les briser spirituellement, psychologiquement, moralement. Ils ne sont plus les mêmes que lorsqu’ils quittaient l’Église, ils sont brisés, ont parfois des problèmes psychiatriques. Peut-être ont-ils été attiré dans une secte parce qu’ils avaient des prédispositions. Les gens des sectes ne sont pas des sots, ils n’attirent pas dans leurs filets n’importe qui. Ils marchent dans les rues, ils s’adressent à une personne, à une seconde, puis à une troisième. Cent personnes passeront leur chemin, mais la cent-unième écoutera et parlera aux recruteurs. Cela veut bien dire qu’il existe une certaine prédisposition, et ce sont ces gens qui sont recrutés.

Mais ce qui leur arrive lorsqu’ils ont été recrutés est parfaitement horrible. Les sectes brisent les familles, on leur prend leurs biens, on en fait des malades psychiatriques, des zombies. Leur retour à l’Église est toujours très difficile, très douloureux. En échangeant avec eux, je constate les dégâts faits par les sectes.

Les orthodoxes peuvent vivre en paix avec les musulmans, avec les juifs, avec les bouddhistes, avec les athées (y condition qu’ils ne soient pas des athées militants luttant par tous les moyens contre la religion). Mais la coexistence pacifique avec les sectes et les satanistes n’est pas possible. Nous devons lutter contre elles. Je pense que cette lutte doit être commune, indépendamment des convictions religieuses des uns et des autres.

Croyant ou incroyant, je pense que personne ne souhaite que son fils ou sa fille ne tombe entre les mains d’une secte sataniste. Cela veut dire que croyants et athées peuvent s’unir sur ce plan. Les religiologues, croyants ou non, peuvent être d’une grande aide dans la lutte contre les cultes destructifs. Mais uniquement à la condition qu’ils sachent faire la distinction entre religion et anti-religion, entre orthodoxe et satanisme, entre l’Église et les secte.

Source:https://mospat.ru/fr/2016/05/30/news132364/

15.Posté par Vladimir.G: Le « constructeur de ponts » a levé l’ancre le 28/03/2018 12:15
Le père Georges Massouh, « constructeur de ponts », a levé l’ancre

Le dignitaire grec-orthodoxe, connu pour son œuvre de rapprochement islamo-chrétien et sa lutte contre les « choix identitaires », est décédé à 55 ans des suites d’une longue maladie.

Le P. Georges Massouh, théologien, chercheur et philosophe, connu pour avoir œuvré durant de longues années pour le rapprochement islamo-chrétien et l’acceptation de l’autre, est décédé hier à l’âge de 55 ans des suites d’une longue maladie.

Licencié en mathématiques de l’Université libanaise, le P. Massouh était détenteur d’un master en théologie orthodoxe de l’Institut Saint-Serge à Paris (1992), et d’un doctorat en études islamiques de l’Institut pontifical des études arabes et islamiques de Rome. Ordonné prêtre en 1997, il a pris en charge la direction du Centre d’études islamo-chrétiennes au sein de l’Université de Balamand. S’identifiant lui-même comme un religieux révolutionnaire, le P. Massouh est l’auteur d’un ouvrage ainsi que de nombreuses réflexions, exprimées notamment dans des articles hebdomadaires publiés dans an-Nahar, à travers lesquels il prône la coopération entre les deux communautés musulmane et chrétienne au Liban, mais aussi dans la région et dans le monde, à la manière de l’évêque grec-orthodoxe du Mont-Liban, Mgr Georges Khodr, et de l’évêque grec-catholique décédé Mgr Grégoire Haddad, surnommé l’évêque rouge.

Aussitôt connue la nouvelle du décès du P. Massouh – qui n’a pas accédé à un ordre plus élevé en raison de son statut d’homme marié (il était père de trois enfants)– nombre de ses amis ont exprimé sur les réseaux sociaux leur tristesse face à cette perte, rendant hommage à celui qui fut aussi curé de l’église Saint-Georges, à Aley. Selon les témoignages unanimes, il n’avait de cesse d’appeler au dialogue, de défendre les libertés et de condamner toute violation des droits humains.

L’ancien ministre Tarek Mitri, qui faisait partie du jury chargé d’évaluer les soutenances de thèse du P. Massouh à Paris et à Rome, a salué en lui, sur son compte Twitter, « son amabilité en même temps que sa fermeté, son courage en même temps que sa pondération ». Joint par L’Orient-Le Jour, M. Mitri a rendu hommage à « un constructeur de ponts, enraciné dans sa tradition chrétienne, mais ouvert à l’islam et désireux de faire établir des rapports fraternels entre les membres des deux communautés ». « Il avait conscience des différences majeures qui séparent les deux religions et ne cherchait pas à les unir, mais contrairement à bien d’autres, il s’employait à mettre en relief leurs éléments de rapprochement », observe l’ancien ministre. Et d’insister, par ailleurs, sur « le rôle qu’a joué le P. Massouh dans la réconciliation de la Montagne, déployant ses efforts pour que les chrétiens revenus dans les régions qu’ils avaient fuies renouent au mieux leurs relations quotidiennes avec les habitants druzes ». Dans ce cadre, M. Mitri a indiqué à L’OLJ qu’il venait d’effectuer sa visite de condoléances auprès de la famille du disparu, relevant que « ce sont autant les chrétiens que les druzes qui sont venus exprimer leur tristesse ». Et d’ajouter que le P. Massouh « était en outre une figure appréciée tant par les intellectuels que par les simples gens », estimant que « cela n’est pas fréquent, vu que lorsqu’on est immergé dans les recherches et les ouvrages, il n’est pas aisé d’être proche des gens ».

Dialogues
Abbas Halabi, président de la Commission nationale du dialogue islamo-chrétien, relève, lui aussi, l’ouverture de cet homme de dialogue, de science et de religion en direction de la communauté druze, affirmant qu’« après la fin de la guerre de 1990, il a encouragé les chrétiens à retourner à Aley, œuvrant à améliorer leurs relations avec les dignitaires et les familles druzes ». M. Halabi se souvient par ailleurs de « son dynamisme lors des différents colloques et conférences auxquels il participait, notamment au sein du groupe de dialogue entre Danois et Arabes qui s’est créé après la publication au Danemark de caricatures représentant le prophète Mahomet (2006) ».

En réponse à une question sur la position du P. Massouh à l’égard du conflit syrien, M. Halabi affirme à L’OLJ qu’ « il jugeait que ce n’est pas à travers la coalition des minorités que les chrétiens peuvent obtenir des garanties (en allusion au soutien des chrétiens au régime alaouite en place en Syrie), mais plutôt à travers leur ouverture au monde arabe et à l’islam ».

Le vice-président du Renouveau démocratique (fondé par Nassib Lahoud), Antoine Haddad, explique, dans le même sillage, que cet humaniste « critiquait les choix identitaires, estimant que la peur de l’autre et le repli sur soi entraînent une réclusion qui va à l’encontre de la citoyenneté ». « Lui-même né en Syrie, le P. Massouh stigmatisait, sur un autre plan, le régime syrien, pour l’oppression qu’il exerçait sur son peuple, dont il défendait avec acharnement les droits humains », ajoute M. Haddad.

Plus généralement, le vice-président du Renouveau démocratique affirme que le P. Massouh « n’était pas seulement un homme religieux dont le rôle est de guider, mais aussi un militant qui œuvrait au changement ». « Il critiquait ainsi le comportement de certains chrétiens et musulmans pour qui la religion revêt un caractère sociétal plutôt que spirituel, et les appelait à s’ouvrir vers un État laïc où régnerait la raison et la justice », note enfin M. Haddad.

https://www.lorientlejour.com/article/1107107/le-pere-georges-massouh-constructeur-de-ponts-a-leve-lancre.html

Voir aussi: https://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/Carnet/Deces-P-Georges-Massouh-artisan-rapprochement-entre-chretiens-musulmans-Liban-2018-03-27-1200927088

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