Le métropolite Hilarion: "Il nous faut  apprendre à appeler les choses par leurs noms"
Comment concilier ces deux faces de notre histoire

Il nous faut apprendre à appeler les choses par leurs noms. Ce n’est pas en dénaturant et en falsifiant le passé, en niant l’évidence que nous réussirons à réconcilier les ennemis d’hier. Nous resterions dans l’impasse. S’il y a eu répressions et victimes innocentes de ces répressions il nous faut le dire. S’il y a eu des coupables, nommons-les au lieu d’essayer de les faire entrer dans une nouvelle mythologie. Nous ne devons pas faire de ces gens des héros ou laisser dire à leur propos, comme nous l’entendons trop souvent, que ce n’étaient pas eux mais leur entourage qui était coupable des crimes de l’époque. Des millions de vies ont été supprimées, chacune d’entre elles représente une valeur sans pareil.

Aucune statistique ne permet de chiffrer les immenses malheurs infligés à nos peuples, aucun bilan comptable ne peut en être établi. Ces pertes ne sont pas réparables : comment oublier que chaque victime emporte dans le non-être sa descendance virtuelle. Le pays s’est donc privé de bien plus que de tous ceux qui ont péri sous le pouvoir de Lénine et Staline (leur nombre précis n’a pas été établi et ne le sera probablement jamais. On l’estime de 14 à 20 millions de personnes).

Ajoutons à ce nombre les enfants que les victimes auraient sans doute eus. Le pouvoir s’est tout simplement consacré à l’extermination de son peuple. Il convient de le dire avec toute la clarté possible et de ne rien passer sous silence. Ceux qui s’appliquent à réduire de tout un ordre de grandeur le nombre des sacrifiés agissent d’une manière mensongère, voire criminelle. Percer cet abcès n’est qu’un début, il faut pouvoir panser les séquelles infligées par cet abcès. Toutes les forces saines de la société civile, l’Eglise en premier, doivent s’y consacrer.

Mais comment fermer les yeux sur les crimes commis par le régime de Lénine puis de Staline qui ont exterminé des classes entières de la société. Les koulaks (paysans aisés), les cosaques, pratiquement toute l’intelligentsia russe ont été sacrifiés. Il était presque impossible d’échapper à la terreur des années trente. Il fallait un miracle pour survivre à cette époque.

Lénine n’était pas orthodoxe. Il avait été baptisé dans la foi orthodoxe mais il l’a abjuré. Comment le considérer comme un croyant ? Lénine n’était pas Julien l’Apostat qui avait abjuré la Croix. Cet empereur n’a pas eu le temps de commettre les crimes abominables dont Lénine est l’instigateur.

Pas plus tard que hier j’étais dans l’avion avec pour voisin un starets, confesseur célèbre.

Le sujet de la démographie est venu dans la conversation. Nous constations que la population décroit, surtout dans les campagnes. Mon interlocuteur m’a dit une chose qui, d’abord, m’a laissé perplexe. «Tout ceci ne changera pas tant que la Russie continuera à vivre dans la malédiction ». J’ai demandé : « De quelle malédiction s’agit-il ? ». La réponse fut : «Tant que ce cadavre restera en pleine Place Rouge. Le pays ne pourra aller de l’avant tant que ce péché et cette malédiction pèseront sur lui ». C’est là un exemple éloquent de la, si je puis dire, diversité des reliques du passé que nous vénérons. D’une part, les icônes que nous ont laissées les Nouveaux Martyrs, de l’autre les pseudos icônes de leurs bourreaux... Suite (1)

« Je ne crois pas au repentir de Staline », dit le métropolite Hilarion

Je ne crois pas à la contrition de Staline, cela ni pendant, ni après la guerre. Je n’accorde aucun crédit aux mythes qu’a engendrés cette personnalité. La politique conduite par Staline à l’égard de son peuple a été une politique criminelle, tout autant criminelle que celle à l’égard de l’Église. Notre victoire n’est pas le mérite de Staline, c’est celui de notre peuple tout entier.

Grands capitaines, soldats, officiers, travailleurs des arrières, tous ceux qui ont sacrifié leurs vies à leur pays, voilà les véritables auteurs de la victoire.

Le tournant de 1943 dans l’attitude de Staline envers l’Eglise s’explique essentiellement par l’espoir de voir s’ouvrir un deuxième front en Europe. Le leader soviétique tenait à montrer aux Britanniques et aux Américains « une Union soviétique civilisée ». Les Anglais avaient à cette époque missionné en URSS une délégation ecclésiale conduite par l’archevêque de York. Il fallait montrer à cette délégation les apparences d’une liberté de conscience dans le pays et favorablement impressionner les Anglicans. C’est là que le Kremlin s’est souvenu de l’existence d’un locum tenens du patriarche, de par ailleurs interdit de séjour à Moscou.... Suite (2)
Le métropolite Hilarion: "Il nous faut  apprendre à appeler les choses par leurs noms"


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 4 Juillet 2015 à 18:43 | 3 commentaires | Permalien



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