Les catholiques feront-ils François Fillon président de la France ?
Traduit du russe par Marie et André Donzeau

Les catholiques français se mobilisent en soutien de l'ancien Premier ministre François Fillon, qui a l'intention de se présenter à l'élection présidentielle avec l'appui de l'électorat de droite.

Le dimanche 20 novembre, il est arrivé en tête au premier tour des primaires organisées par le parti de centre-droit "Les Républicains", avec 44,1% des voix.

Dimanche prochain, 27 novembre l'ex-premier ministre sera en concurrence avec le maire de Bordeaux, Alain Juppé, qui a obtenu 28,3%.

Le journal d'extrême-gauche "L'Humanité" a appelé la victoire écrasante de Fillon au premier tour des primaires "un signal inquiétant de l'électorat de droite", rapporte Radio France Internationale.

Le journal écrit que l'ancien premier ministre a creusé l'écart grâce aux voix des catholiques et des traditionalistes en raison de ses vues conservatrices sur les questions de la famille. Et il rappelle que le nouveau chef de la droite a été appuyé par les représentants des mouvements "La Manif pour tous" et "Sens commun", qui s'opposent au mariage homosexuel.

Les catholiques feront-ils François Fillon président de la France ?
Les politologues français et la presse s'efforcent maintenant de comprendre en quoi Fillon a "séduit" les électeurs catholiques (selon les sondages, ce sont environ 53% des paroissiens de base qui ont voté pour lui lors des primaires du parti).

Observons une première chose : il n'a jamais caché son attitude chaleureuse à l'égard de la religion, dont il dit clairement : "J'ai été élevé dans cette tradition, et j'ai conservé ma foi". L'ancien Premier ministre fait régulièrement des pèlerinages à l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes, un monastère bénédictin situé sur les rives de la Sarthe, dans le village où se trouve sa maison. Au début de l'été dernier, commençant sa campagne pour l'investiture présidentielle, Fillon s'est rendu à un rassemblement à Paris pour le soutien aux chrétiens d'Orient. Cette visite a été organisée par son directeur de campagne Patrick Stefanini, et les discours de l'ancien chef du gouvernement lui ont valu le soutien enthousiaste des réfugiés chrétiens. Deuxièmement, son équipe comporte des "chrétiens ardents" parmi lesquels ses porte-parole Valérie Boyer et Jérôme Chartier, ainsi que le président de la cinquième plus grande région française, les Pays de la Loire, Bruno Retailleau.

Troisièmement, la lettre de Fillon à la Conférence de l'épiscopat catholique de France, publiée le 24 Octobre en réponse au message du clergé "redécouvrir le sens de la politique dans un monde en mutation" du 13 Octobre de cette année, a été une démarche importante. Le prétendant au poste présidentiel a exprimé sa solidarité avec les "espoirs" de l'épiscopat. Dans sa réponse, il a appelé la dignité de la personne humaine et l'esprit d'entreprise et de liberté "valeurs héritées du christianisme et du siècle des Lumières".

Face à la croissance de ce "j'appelle le totalitarisme islamique", a déclaré Fillon, il faut opposer une ferme affirmation de "nos valeurs, sans succomber au relativisme ". Il s'est prononcé en faveur d'un capitalisme, qui n'exonère pas le créateur de richesse de la lutte pour l'élargissement des droits et des possibilités des faibles, mais, a-t-il dit, "je suis contre le capitalisme clanique, où les lobbyistes sont prioritaires pour bénéficier du bien commun et de l'intérêt général". Aux catholiques, l'ex-Premier ministre a également promis de réécrire la loi sur le mariage homosexuel, interdisant aux couples homosexuels l'adoption « plénière ». En même temps, il parle de limiter l'afflux de migrants dans le pays.

Les catholiques feront-ils François Fillon président de la France ?
Ces jours-ci, Fillon a parlé sur la station de radio Europe 1, où il est entré dans une polémique avec Juppé, qui accusait l'ex-premier ministre d'être un traditionaliste trop fervent.

"Oui, bien-sûr, je suis catholique, mais ni réactionnaire ni conservateur," a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'a pas l'intention de présenter des excuses pour ses "valeurs". De cette manière, il attire non seulement les voix des personnes d'âge moyen et plus âgés, mais également des jeunes gens bénévoles de sa campagne, qui soutiennent activement leur candidat sur les réseaux sociaux. Jérôme Fourquet, de l'Institut français d'opinion publique, souligne l'importance des sympathies des électeurs catholiques. Au niveau des primaires, les catholiques pratiquants représentent environ 15%, "une minorité puissante qui se mobilise plus fortement lorsqu'il s'agit des élections", note le sociologue, soulignant que "pour les catholiques de droite, Fillon représente une bonne synthèse entre la stature présidentielle et le radicalisme idéologique". Les 9000 bénévoles de la Manif pour tous et de Sens commun sont prêts à soutenir sa candidature au sein de la population.

Jusqu'à présent, les catholiques français ont subi une défaire de la part de l'administration du président actuel François Hollande. Mais maintenant, la situation commence à changer. Des Etats-Unis se sont mis à souffler les vents du changement, dont l'indicateur a été l'élection à la première place du candidat républicain Donald Trump. Dans son programme, ainsi que dans le programme de Fillon on peut trouver d'importantes convergences de principe, comme le désir de mettre en œuvre une "révolution de la droite conservatrice" qui, contrairement à l'idéologie de la gauche libérale, prétend qu'elle travaille au bien commun, qu'elle remplira vraiment ses promesses et détruira les élites kleptocratiques globalistes. Dans ce contexte, Fillon, qui, comme Trump, est entouré de conseillers chrétiens pratiquants, proposera un programme de rénovation et non pas de maintien du statu quo, comme ses adversaires. L'Eglise catholique des Etats-Unis et les électeurs catholiques ont pu aider considérablement le candidat républicain à remporter l'élection présidentielle. Le temps de la revanche est arrivé aussi en France, elle qu'en Mars de cette année, le pape François a appelé la "fille aînée de l'Eglise, mais pas la plus fidèle."

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Сделают ли католики Франсуа Фийона президентом Франции?



Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Décembre 2016 à 16:54 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik: Orthodoxes aux Amériques. le 06/12/2016 22:09
Les Catholiques se feront probablement duper sur ce coup-ci comme Sarkozy a dupé bien des Français quelques années auparavant.

Les chats ne font pas des chiens.

2.Posté par Yves Leroy - Higoumène Georges le 07/12/2016 17:39
À la lecture de cet article qui est pratiquement un encart publicitaire pour François Fillon, il est permis de se poser la question suivante : devrait-on renommer le blog « Parlons d'Orthodoxie », en lui accordant l'appellation : « Parlons Politique »? Il me semble que c'est la première fois, dans ce blog, que je trouve de la publicité explicite pour un parti politique.

Cela pose la question de savoir si, à l'heure actuelle, être orthodoxe entraîne nécessairement et inévitablement une appartenance à la droite conservatrice ? Être orthodoxe signifie-t-il le fait de militer pour des « valeurs » - ce terme de « valeur » étant une appellation élastique qui recouvre généralement un conservatisme social et politique ? Être orthodoxe en France donne-t-il automatiquement le droit de tenter d'imposer à la totalité de la population des « valeurs » recopiées sur celles qui sont préconisées par l'Église catholique-romaine dans ce pays - Église qui elle-même ne regroupe qu'à peu près 10 % de la population française, si l'on tient compte des pratiquants ? Assurément, à l'aune de la vérité, le fait d'être majoritaire ou minoritaire n'est pas un argument pertinent. Mais je me demande au nom de quoi se permet-on de vouloir imposer ses « valeurs » à une société dont on n'est nullement représentatif - si ce n'est au nom d'une « morale naturelle » à laquelle tout le monde est censé souscrire.

Qui parle de « morale naturelle », parle ainsi de « nature » - et quelle est cette « nature » que l'on invoque si aisément ? Dans ce domaine, on se trouve sur un terrain glissant : la « nature » est une notion aristotélicienne, selon laquelle « par nature », la femme est inférieure à l'homme ; « par nature », le barbare est inférieur à l'homme civilisé ; « par nature », l'esclave est inférieur et asservi à son maître, comme un objet… Est-ce bien selon ce genre de catégorie que l'on désire penser ?

Il me semble que, selon la théologie patristique, en fait, nous vivons dans un état de « sous-nature », suite au « refus originel » - si on veut l'appeler comme cela - par lequel l'humanité a refusé ou ignoré le projet divin concernant la création. Le Christ nous révèle ce qu'est en réalité la plénitude de la nature humaine, en nous la montrant telle qu'elle est, lors de la Transfiguration. Le Christ nous révèle ce qui est en réalité la plénitude de la personne humaine, en nous la montrant telle qu'elle est, lorsqu'Il apparaît à ses disciples en son état ressuscité.

S'il vous plaît, n'utilisez pas la notion de « nature » dans le sens aristotélicien du terme, en affirmant très imprudemment que la famille est « par nature » composée d'un homme et d'une femme… En usant inconsidérément du mot « nature », on s'aventure sur un terrain qui est on ne peut plus incertain.
Par contre, ce qui est certain, c'est que le pouvoir politique n'a jusqu'à présent jamais demandé à une Église historique de célébrer des mariages autres que ceux qui consistent en l'union d'un homme et d'une femme. À ma connaissance donc, ce problème spécifique ne se pose pas au sein de l'Église orthodoxe. Le rêve d'imposer une norme de conduite à la totalité de la Nation, alors que soi-même, l’on ne constitue en son sein qu'une très faible minorité, me paraît être davantage un fantasme qu'un projet susceptible de réalisation.

N'oublions pas que l'État est un grand prédateur. On peut dormir à ses côtés, jusqu'au moment où ce prédateur se réveille et vous dévore, sans état d'âme. Il est bon de garder une prudente réserve vis-à-vis du pouvoir politique : l'assimilation de l'Église à un pouvoir politique donné, n'a jamais fait du bien à l'Église, à long terme. Si le pouvoir politique aide d'une quelconque façon l'Église, c'est très bien, mais il ne faut jamais tenir cela pour acquis.

De même, notre adhésion à l'Orthodoxie ne saurait inclure automatiquement le vote en faveur d'un parti ; c'est pourquoi cet article en faveur de Fillon me paraît ne pas avoir sa place dans le blog « Parlons d'Orthodoxie ».

Méfions-nous également des idéologies politiques du genre « travail, famille, patrie ». Le christianisme n'est pas fait pour soutenir la société civile, qui n'a nul besoin de notre appui pour exister - et qui continue son chemin, que nous pensions « blanc » ou « noir » à son sujet… Rappelons-nous que les régimes athées et totalitaires étaient « pour la famille » - mais n’étaient certainement pas pour le Christ ! Souvenons-nous que l'idée de la nécessité de soutenir la famille comme étant la brique fondamentale qui constitue la société - cette idée ne se trouve pas dans le message du Christ. Le Christ étant adolescent a « remis à leur place » ses parents, en leur précisant qu'ils devaient Le laisser s'occuper des affaires de son Père céleste - et, une fois adulte, il a précisé que sa mère, ses frères, ses sœurs, sont ceux qui écoutent sa Parole et la mettent en pratique - étant entendu que Marie était la première à pouvoir bénéficier de plein droit du titre de « mère », car, depuis le début, elle avait toujours inscrit les paroles et les actions de son fils et son Dieu, au plus profond de son cœur.

Le christianisme est fait pour nous laisser découvrir le Royaume - cette réalité éblouissante toute remplie de Lumière incréée - et d'en devenir dès à présent, ici et maintenant, les citoyens, poursuivant notre existence en ce monde, en sachant qu'il n'y a rien là que du provisoire… À l'exception de ceux qui sont moines, prêtres, diacres ou évêques, rien ne nous empêche d'adhérer à une tendance politique, si nécessaire, mais notre cœur se trouve déjà auprès du « Trône de l'Agneau », dans l'espérance d'avoir déjà notre place préparée, au pied des murailles resplendissantes de la Jérusalem céleste.

3.Posté par Lucas le 07/12/2016 23:00
Primaire de la droite : mais où est passé le catholicisme social ?
Bernard Laurent, professeur, EMLYON Business School. Chercheur associé au Von Hügel Institute for critical catholic inquiry (université de Cambridge)
Le catholicisme et le pape ont été invités, à leur corps défendant, dans la campagne des primaires de la droite et du centre. Les commentateurs de la scène politique française mettent en avant le vote catholique pour expliquer le score surprenant de François Fillon. Il est présenté comme le candidat des militants chrétiens de « La manif pour tous » et de « Sens commun » dont la forte mobilisation expliquerait son score élevé. Lui-même ne cache pas sa pratique religieuse et sa proximité avec les valeurs défendues par l’Église.
Notre très grande surprise vient de la réduction du catholicisme faite par les analystes comme par François Fillon au discours sur la famille et à la morale sexuelle.
Pourtant la morale comme la personne humaine ne se divisent pas. Il n’y a pas d’un côté la morale privée, de l’autre la morale sociale, ce que rappelle sans cesse le pape François qui, fidèle à la doctrine catholique, place la dignité de la personne humaine au cœur du magistère pour défendre la vie certes mais aussi pour approcher les questions économiques et sociales : « L’homme (…) représente le cœur et l’âme de l’enseignement social catholique. Toute la doctrine sociale se déroule, en effet, à partir du principe qui affirme l’intangible dignité de la personne humaine » (Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n. 107)
La doctrine sociale propose une vision de la société subordonnée à l’idée de la justice qui ne peut être satisfaite par le seul bon fonctionnement des marchés concurrentiels. François juge « grossière » et « naïve » la confiance que l’on accorde « aux mécanismes sacralisés du système économique dominant » (Evangelii gaudium, n.54). L’Église insiste sur la responsabilité des autorités politiques pour permettre à chacun d’être intégré dignement à la société : l’autorité « doit rendre accessible à chacun ce dont il a besoin pour mener une vie vraiment humaine : nourriture, vêtement, santé, travail, éducation et culture, information convenable, droit de fonder une famille, etc. » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 1908). Cette intervention de l’État doit se faire dans le respect de l’action des corps intermédiaires (entreprises et syndicats). Autrement dit l’Église se prononce pour une économie aux finalités humaines et solidaires dont l’option préférentielle pour les pauvres est l’expression.
Le programme de François Fillon paraît bien éloigné de l’enseignement social de l’Église. Ses recommandations économiques très libérales ont conduit les commentateurs à le comparer avec raison à Margaret Thatcher : libéralisation plus poussée de l’économie grâce à la dérégulation des marchés, réduction draconienne de la dépense publique, baisse des impôts, remise en cause de la politique sociale avec la réduction de la redistribution à l’exclusion de la politique familiale, privatisation partielle de la politique de santé, augmentation du temps de travail, mépris affiché pour les partenaires sociaux.
Les soutiens catholiques de François Fillon ne semblent guère s’émouvoir de cette distance prise avec l’enseignement social. Les commentateurs politiques n’en disent rien. Église contre bourgeoisie, titrait l’un des livres d’Émile Poulat. Cela traduit-il une évolution sociologique du catholicisme français : intransigeant sur les mœurs, libéral en économie ? La revanche du catholicisme bourgeois ?
Paru dans le journal " La Croix "

4.Posté par Tchetnik le 08/12/2016 10:16
La nature est une notion qui existe, y compris aux yeux des Pères de l'Eglise.

la nature humaine a acquis une déchéance mais demeure d'origine divine et il est bon d'en prendre soin, comme il est bon de comprendre qu'un Chrétien vit dans le monde et se doit de participer à sa transformation. la vie Chrétienne n'est pas une question de "majorité" ou de "minorité" mais d'idéaux de vertu et de perfection qui en effet, s'imposent à tous. Il ne s'agit pas de passer cette vie-ci dans un quiétisme facile et illusoire en se donnant l'impression d'être un grand spirituel.

Donc non seulement il est du devoir du Chrétien d'incarner au maximum dans sa vie personnelle les idéaux de l'Eglise, mais également de combattre ce qui s'en éloigne.

Par ailleurs, la question d'imposer à une église de célébrer des mariages autres que ceux recommandés par la nature humaine s'est déjà posée. L'Eglise Orthodoxe y sera aussi confrontée tôt ou tard et une attitude de "neutralité" passive et quelque part trahissante ne la sauvera pas.
"Travail famille Patrie, outre que ce n'est pas une mauvaise devise, est empruntée à Saint Eloi. Sans doute n'était il pas un bon Chrétien...

5.Posté par père Joachim le 09/12/2016 07:28
Comment doit on interpréter le regard "surpris"de la statut de notre Marie Anne quand au soir de la trop médiatisée "primaire de droite" le candidat JUPPE a pu dire du candidat FILLON :"lui il a derrière lui le soutient de l'électorat de la manif du mariage pour tous, moi je suis plutôt avec ceux qui suivent la ligne du Pape François" ?

Rien n'est certes totalement bouclé à ce jour, mais comment devrons voter au deuxième tour des présidentielles ceux qui pensent aux millions de nouveaux pauvres, sans abris, clients nombreux et désespérés des maraudes caritatives du 115, des laissés pour compte des couvertures soins ... tous ceux que notre grand Président Hollande pouvait qualifier dans l'ambiance confiantes de ses alcôves palatines "de sans dents"?

Y aura t il en fin un jour un vote éclairé des millions de personnes qui lisent de temps en temps la Sainte Écriture,( toutes races et confessions confondues) libéré de la LECTURE NORMATIVE "des petits hommes gris" qui régissent les sacristies chrétiennes désertes de toute spiritualité et dont parlait il y a six mois, sans trop de compassion, l'éditorialiste français et catholique de Lyon ?

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