Le Métropolite Athénagoras (Peckstadt) de Belgique, délégué du patriarcat œcuménique au synode catholique extraordinaire sur la famille l'an dernier (5 - 19 octobre 2014) avait décrit dans son intervention devant les pères synodaux quatre aspects de la tradition orthodoxe au sujet de la famille. Il disposait de quatre minutes pour exposer la position de l'Eglise orthodoxe sur la pastorale de la famille.

Votre Sainteté, Chers frères et sœurs en Christ,

C’est un honneur que de pouvoir représenter le Patriarche Œcuménique Bartholomée à l’occasion de votre Synode consacré à la famille. Le Patriarche Bartholomée m’a demandé de vous saluer tous en son nom.
Je vous remercie de m’offrir l’occasion d’intervenir dans vos débats et de présenter ainsi quelques réflexions issues de la tradition de l’Église orthodoxe.

Les quatre aspects de la tradition orthodoxe au sujet de la famille par le Métropolite Athénagoras de Belgique
Premièrement, notre Église veut toujours rester une aide pour ceux qui souffrent. C’est assurément le cas lorsque le mariage a cessé d’être une réalité à cause de la « faiblesse humaine ». Cela est concédé comme une approche pastorale, en vertu de l’« économie » envers la faiblesse de l’homme et du monde corrompu dans lequel nous vivons. Mais le deuxième mariage sera toujours une déviation par rapport à l’« idéal d’un mariage unique », souvent une nouvelle chance pour « corriger une faute ».

Déjà dans l’Église primitive, saint Basile le Grand affirmait, à propos de l’homme trompé par sa femme, que cet homme est « pardonnable » s’il se remarie.

Hier on a déjà entendu ce qu’est l’« économie » dans l’Église orthodoxe ; c’est l’application souple des directives canoniques et ecclésiastiques dans la direction et dans la vie de l’Église. La mise en œuvre de l’économie n’est réalisée que par l’évêque et ne vaut que pour des cas concrets, mais ne crée aucun précédent.
D’abord chaque situation particulière doit bénéficier d’un accompagnement pastoral qui tente de réconcilier les conjoints. Si vraiment ce n’est pas possible, on peut envisager un remariage. D’ailleurs, la tradition orthodoxe veut que chaque fidèle choisisse librement son père spirituel. Il s’agit d’une personne qui a de l’expérience dans la vie spirituelle et qui est appelée à apprendre la façon de vivre.

Deuxièmement il est certain qu’on ne doit être ni trop moralisateur ni trop rigide envers les jeunes, sous peine de ne pas être écouté.

Parmi nos jeunes ils y en a qui ne sont pas encore suffisamment engagés dans l’Église pour dire : ‘Nous allons nous marier parce que notre couple, notre future famille, sera une cellule d’Église, et donnera un exemple d’engagement évangélique’. Il arrive pourtant qu’ils vivent quelque chose de vrai qui les prépare à un amour durable, et que ces jeunes se tournent finalement vers l’Église. Ici le rôle du prêtre est important pour proposer le sens de l’amour et du mariage. Dans ces cas-là, nous pourrons mieux leur expliquer – sans jugement – qu’ils se privent d’une grâce mais que le moment venu ils pourront toujours la recevoir.

En troisième lieu, je tiens à me référer à un écrit de Saint Séraphim de Sarov – un saint bien-aimé tant en Occident qu’en Orient – à propos de la Communion. Il affirma « … comment tout au long de sa vie, il recourt à la communion aux Saints Dons comme à la nécessaire rencontre avec le Christ. Il exhortera d’ailleurs toujours les fidèles à recourir fréquemment à l’Eucharistie et recommandera aux prêtres de la leur donner volontiers, car, ajoutait-il, la grâce qu’elle nous donne est tellement grande que tout homme, fût-il le plus grand des pécheurs, s’il approche du Seigneur avec humilité et contrition de ses fautes, est complètement purifié et renouvelé ».

Quatre : en ce qui concerne les pratiques anticonceptionnelles, l’Église orthodoxe, en général, se contente de rappeler le sens de l’amour, mais laisse le choix des méthodes à la conscience de l’homme et de la femme, avec l’aide, s’ils le souhaitent, de leur père spirituel. À propos d’Humanae Vitae, le Patriarche Œcuménique Athénagoras, ami de Paul VI, a déclaré que l’Église doit faire comprendre aux hommes et aux femmes de ce temps que l’amour est possible, que la vraie rencontre veut la fidélité, que la puissance amoureuse de l’homme peut ainsi se transfigurer et, disait le patriarche, « si un homme et une femme s’aiment vraiment, je n’ai pas à entrer dans leur chambre, tout ce qu’ils font est saint ».

Je conclus, en plaidant pour un retour à la possibilité des prêtres mariés, étant moi-même fils d’un prêtre et ayant un frère et beau-frère qui sont des prêtres mariés !

V. G. source


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 8 Novembre 2015 à 17:43 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 11/11/2015 05:56
Les propos du patriarche Athénagoras sur la contraception n'engagent que le patriarche Athénagoras lui-même.

2.Posté par Vladimir.G: "entrer dans la chambre à coucher" le 11/11/2015 14:42
J'imagine, bien cher Daniel, (votre commentaire 1) que vous avez évidemment des références patristiques qui exigent de réglementer, vérifier et sanctionner ce qui se passe dans la chambre à coucher...

3.Posté par Vladimir.G: l''''Église catholique s''''est rapprochée de l''''Orthodoxie sur deux des point évoqués par le Métropolite Athénagoras l''''an dernier le 11/11/2015 17:18
Ce qui me parait par contre particulièrement intéressant et important, c'est que l'Église catholique s'est rapprochée de l'Orthodoxie sur deux des point évoqués par le Métropolite Athénagoras l'an dernier: la mise en œuvre de l’économie par l’évêque pour les cas où on peut envisager un remariage et l'accès des divorcés remariés à l'Eucharistie, toujours par une dispense épiscopale expresse ...

4.Posté par Daniel le 12/11/2015 18:55
@ Vladimir (2)

Dieu étant omniscient, il sait fort bien ce qui se passe dans la chambre à coucher. En la matière, l'enseignement orthodoxe dit bien que même entre personnes mariées, certaines pratiques constituent des péchés On peut citer :

- les rapports sexuels pendant la grossesse : voir commentaire du canon 22 de Saint Jean le Jeûneur par Saint Nicodème (Saint Jean y parle de la pénitence pour une femme ayant subi une fausse couche). Saint Nicodème l'Hagiorithe dans son commentaire explique que les personnes doivent s'abstenir des choses pouvant causer une fausse couche car il s'agirait alors d'un meurtre involontaire. Parmi ces choses, lever des choses pesantes pour la femme enceinte, causer de la peine ou frapper sa femme enceinte pour le mari, mais aussi avoir des relations intimes pendant la grossesse.

- les rapports sexuels avec l'usage de voies contre-nature (à la façon des homosexuels masculins). Il faut se rapporter non aux 35 canons de Saint Jean le Jeûneur eux-mêmes, mais à une autre liste du même saint que saint Nicodème liste dans son Manuel de la Confession et qu'il y insère pour que les confesseurs sachent commetn agir avec ceux qui commettent des péchés particulièrement graves. Ainsi, le dernier péché mentionné dit qu'un homme ayant eu une telle pratique sur sa femme reçoit une pénitence de 8 ans.

On peut trouver les canons de Saint Jean le Jeûneur à ce lien :

http://www.holytrinitymission.org/books/english/canons_fathers_rudder.htm#_Toc78634065

On peut aussi se référer au livre "Exomologetarion, a manual confession" de Saint Nicodème l'Hagiorite, qui lui, contient les commentaires et notes de bas de pages de Saint Nicodème.

5.Posté par Vladimir.G: L'UNE DES DIFFÉRENCES LES PLUS VISIBLES DANS LA PRATIQUE ENTRE LES ÉGLISES ORTHODOXES ET L'ÉGLISE ROMAINE le 10/03/2017 16:44
Revenant sur le célibat des prêtres dans l'église catholique, sur lequel le Métropolite Athénagoras termine son intervention, les choses bougent dans l'Église romaine: dans une interview accordée à l'hebdomadaire allemand Die Zeit, le pape François confirme pour la première fois officiellement que l'Église catholique pourrait bientôt ordonner au sacerdoce des «viri probati», des hommes d'âges mûrs qui ont fait leur preuve pour remédier au manque de prêtres dans des régions reculées.

Le pape François confirme pour la première fois publiquement qu'il n'est pas opposé à la perspective d'ordonner au sacerdoce des hommes mariés dans l'Église catholique latine. Mais il réserverait cette possibilité aux seuls «viri probati» des hommes d'âges mûrs qui ont fait leur preuve sur le plan chrétien. François estime en effet que «permettre de choisir le célibat» ou non, à de jeunes séminaristes «n'est pas la solution» au «sérieux problème des vocations».

C'est la première fois que le Pape est aussi clair sur ce sujet. Il répond à une interview accordée à l'hebdomadaire allemand Die Zeit, daté du 9 mars 2017. «Nous devons réfléchir, dit-il, pour savoir si les viri probati sont une possibilité. Ensuite, nous devons aussi déterminer quel rôle ils peuvent jouer, notamment dans les communautés éloignées».

François estime même qu'il est de la responsabilité de l'Église de «discerner quand le Saint-Esprit appelle à quelque chose» à propos de l'ordination des «viri probati». On savait que le Pape avait autorisé la conférence des évêques brésiliens à lancer une commission d'étude sur l'ordination de «viri probati» pour permettre à des hommes mariés d'officier dans des contrées reculées où ne viennent que très rarement des prêtres. Mais cela n'avait jamais été confirmé officiellement.

L'Église pourrait évoluer sur le célibat sacerdotal

Le 3 janvier dernier, le théologien de la libération Leonardo Boff, ancien prêtre, aujourd'hui marié, avait assuré après l'avoir rencontré que «le pape François était prêt à autoriser pour une phase expérimentale, préliminaire, limitée au Brésil, le retour au sacerdoce d'anciens prêtres qui l'ont quitté parce qu'ils se sont mariés». La confirmation, en tout cas par le Pape lui-même, que le dossier de l'ordination de «viri probati» est à l'étude s'inscrit dans le contexte de la préparation d'un synode sur les jeunes et les vocations, programmé pour octobre 2018.

L'enquête préliminaire lancée le 13 janvier 2017 ne comporte pas de questions sur ce thème mais beaucoup pensent que les résultats de cette consultation mondiale - qui vont revenir à Rome d'ici l'été - vont demander à l'Église d'évoluer sur le célibat sacerdotal. Ce sujet pourrait donc se trouver au cœur de ce synode sur les vocations.

L'Église latine a imposé le célibat des prêtres au XIe siècle au titre de la discipline ecclésiastique et non pour des raisons théologiques. Théologiquement, rien n'empêche en effet un prêtre marié de célébrer validement les sacrements, les Églises Orthodoxes l'ont toujours pratiqué et L'Église catholique les prêtres mariés dans les Églises catholiques de rite oriental, notamment en Ukraine (Gréco-catholiques/Uniates) et au Proche-Orient... Cette interview du Pape ouvre donc la voie vers une levée, au moins partielle, de cette interdiction.

Source: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/03/09/01016-20170309ARTFIG00251-le-pape-francois-est-ouvert-a-l-ordination-d-hommes-maries-les-viri-probati.php

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