Maria Dimitrievna était l’épouse d’un ecclésiastique de Belgorod, le père Vassili Kiyanovski qui donnait des cours de religion au lycée de la ville. Elle était elle-même professeur au lycée de jeunes filles dont elle fut nommée directrice. C’était une femme d’une vaste culture et d’une piété profondément sincère ; elle aimait passionnément le bien. Elle ne cachait pas ses convictions politiques et religieuses et la révolution ne modifia pas son attitude. Bien au contraire, lors de la proclamation des « libertés révolutionnaires », elle sut élever la voix avec courage pour défendre la vérité.

Sa droiture, sa sincérité, son intrépidité lui acquirent le respect de ses élèves et de tous ceux qui la connaissaient. Quand l’évêque de Belgorod, Monseigneur Nicodème, fut arrêté par les bolcheviks, elle – comme on vient de le lire – ne put évidemment pas rester passive. Elle mit immédiatement sur pied une délégation chargée de demander la libération de l’évêque.

Les commissaires du peuple connaissaient probablement ses sentiments à leur égard et la grande influence dont elle jouissait ; en tout cas, dès le débuts des pourparlers, elle fut arrêtée comme instigatrice d’une « manifestation antirévolutionnaire ».

Ce même jour de Noël 1918, le commissaire Chapiro la tua d’un coup de revolver, dans les caves du Palais provincial. Son cadavre, avec deux de plusieurs autres victimes, fut jeté dans la même fosse que celle de l’évêque qu’elle avait voulu sauver.
On possède quelques détails sur la conduite héroïque de cette noble femme devant ses bourreaux.

Se voyant condamnée, au lieu d’avoir pu faire libérer Mgr Nicodème, et révoltée par l’interrogatoire qu’on lui faisait subir, elle dénonça l’illégalité des attaques et de la conduite des communistes contre l’Eglise et contre le bon droit et démontra leur bassesse morale. Le commissaire Chapiro ne trouva rien à lui répondre, et pour cause. Saisi d’une rage incontrôlable qui ne lui laissa pas le courage de demeurer dans les bornes de la légalité bolcheviste déjà si frêle, il assassina son innocente victime. Le souvenir de cette femme si intègre et si cultivée, qui donna sa vie pour faire triompher la justice selon Dieu, ne s’effacera pas de la mémoire de ceux qui l’ont connue.
Dans le monde à venir, le Seigneur lui accordera ce qu’elle a mérité.

Archiprêtre Michel Polsky, « Les nouveaux martyrs de la terre russe », éditions « Résiac », 1976

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 24 Décembre 2011 à 11:26 | 0 commentaire | Permalien



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