Mariage et communion dans l'Eglise catholique
V.G.

«Les mauvais pasteurs chargent sur les épaules des gens des fardeaux insupportables qu'eux-mêmes ne déplacent pas même avec un doigt.» Pape François, homélie inaugurant le synode sur la famille le 5/10/2014

Des experts orthodoxes

Le débat sur la communion des remariés est très animé dans l'Eglise catholique et la pratique orthodoxe est citée comme exemple. Ce sujet sera au cœur des débats du 1er synode du pontificat du pape François qui se déroule à Rome du 5 au 19 octobre 2014 et, si les orthodoxes ne sont pas directement concernés, le recours à leur pratique alimente les débats et les arguments échangés nous concernent. Il y a également 8 délégués d'autres Eglises chrétiennes ont été invités: le métropolite Athénagoras de Belgique y représente le patriarche oecuménique Bartholomée, le métropolite Hilarion de Volokolamsk y représentera le Patriarcat de Moscou pendant la deuxième semaine des travaux, et il y a aussi des représentants de l'Eglise copte, de l'Eglise syro-jacobite, de l'Eglise anglicane, de l'Alliance mondiale des luthériens, de la Communion mondiale de l'Eglise Réformée et de l'Alliance mondiale des baptistes.

Il a toujours existé parmi les chrétiens de la dureté de cœur (Mt 19, 8) et des cas d’adultère suivis d’une deuxième liaison quasi matrimoniale. La réponse des Pères de l’Église n’était pas uniforme. Mais il est sûr que dans certaines églises locales, il a existé un droit coutumier selon lequel, pour des chrétiens qui, alors que le premier partenaire était encore vivant, vivaient une deuxième liaison, il existait, après un temps de pénitence, non pas un ‘deuxième bateau’ – un deuxième mariage -, mais bien une ‘planche de salut » : la participation à la communion. » Cardinal Kasper « L’Evangile de la famille », p.62

Proposition "révolutionnaire" du cardinal Kasper

Le cardinal Kasper (ancien président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, 81 ans), avait formulé des propositions novatrices, voire révolutionnaires, dans son discours d’ouverture du consistoire des cardinaux sur la famille (20 février 2014). S'appuyant sur la pratique de l'économie dans l’Eglise orthodoxe, il proposait d'admettre à l'eucharistie des personnes divorcées remariées civilement; ces propositions avait développées dans un livre intitulé « L’Evangile de la famille ».

Réplique cinglante

Une réplique concertée cinglante est venue sous la forme d'un livre collectif regroupant les textes de cinq cardinaux de premier plan et quatre autres spécialistes. « Qu’il s’agisse de la catéchèse ou de la patristique, les auteurs ne trouvent aucun fondement à un remariage civil après un divorce comme le propose le cardinal Kasper,» résume le Père Dodaro dans la préface. "Il n'y a pas de position orthodoxe unique sur le divorce, les remariages, l'admission aux sacrements; il n'y a pas une position unique qui caractériserait les points de vue de toutes les différentes Eglises orthodoxes... Je n'ai pas entendu de hauts prélats orthodoxes applaudir l'Église catholique de vouloir adopter ou même étudier de plus près leurs pratiques, donc je ne sais pas à quel point cela contribuerait au dialogue œcuménique si nous allions dans ce sens," est-t-il ajouté. Et le Père Dodaro rejette "l'économie" comme pouvant offrir une solution acceptable: "Nous croyons que cela viole le principe de l'indissolubilité du mariage, parce qu'il s'agit là de personnes déjà mariées, au moins l'une d'entre elles, non seulement aux yeux de l'Église, mais aux yeux du Christ. Nous ne comprenons pas comment le cardinal Kasper ne voit pas cela."

En conclusion «la fidélité séculaire de l’Eglise au "vrai mariage" représente le fondement irrévocable de sa réponse miséricordieuse et charitable au divorcé civilement remarié ». Pas de charité authentique sans vérité, disent en substance les auteurs.

Sources:

- http://www.aleteia.org/fr/religion/article/divorces-remaries-vif-debat-au-sommet-de-leglise-5293890194112512
- http://www.catholicworldreport.com/NewsBriefs/Default.aspx?rssGuid=taking-gospel-seriously-on-marriage-is-not-rigid-its-love-46621/

Lire aussi L'Orthodoxie et les mariages mixtes

Rédigé par Vladimir Golovanow le 11 Octobre 2014 à 11:31 | 38 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par L'enseignement de l'Église orthodoxe sur l'indissolubilité du mariage le 11/10/2014 21:46
La pratique orthodoxe d'admettre à la communion des chrétiens divorcés, par principe d'économie ou indulgence pastorale, est souvent évoquée ces jours-ci. Nous proposons donc aux lecteurs de notre site cet extrait des Fondements de la doctrine sociale de l'Église orthodoxe russe, rappelant l'enseignement orthodoxe sur l'indissolubilité du mariage:


L’Église insiste sur la fidélité des époux tout au long de leur vie et sur l’indissolubilité du mariage orthodoxe, se fondant sur les paroles du Seigneur Jésus-Christ : « Ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer […]. Quiconque répudie sa femme – pas pour prostitution – et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère » (Mt 19, 6 et 9). Le divorce est condamné par l’Église comme un péché car il entraîne de graves souffrances à la fois pour les époux (au moins à l’un d’eux), et plus encore pour les enfants. La situation actuelle est particulièrement inquiétante, qui voit se déchirer un nombre très important de mariages, spécialement au sein de la jeunesse. Cette situation est une véritable tragédie tant pour les personnes que pour la population.

Le Seigneur cite l’adultère comme unique cause de divorce valable, qui profane la sainteté du mariage et détruit le lien de la fidélité conjugale. En cas de conflits entre époux, l’Église se fait un devoir de mettre en œuvre tous les moyens dont elle dispose (enseignement, prière, participation aux sacrements) pour protéger l’intégrité du mariage et prévenir le divorce. Les membres du clergé sont également invités à s’entretenir avec les personnes se préparant au mariage, leur montrant l’importance et la responsabilité du pas qu’ils s’apprêtent à franchir.

Hélas, il arrive qu’à cause d’une coupable imperfection, les époux apparaissent incapables de conserver le don de la grâce reçue par eux dans le sacrement du mariage et de préserver l’unité de la famille. Dans son désir de sauver les pécheurs, l’Église leur donne la possibilité de se corriger et les admet de nouveau aux sacrements après un juste repentir.

Les lois de Byzance, qui furent édictées par des empereurs chrétiens et n’encoururent pas la condamnation de l’Église, admettaient plusieurs causes de divorce. Dans l’Empire russe, la dissolution du mariage sur le fondement des lois existantes était prononcée par un tribunal ecclésiastique.

En 1918, le concile local de l’Église orthodoxe russe, dans sa Constitution sur les motifs de dissolution de l’union matrimoniale consacrée par l’Église reconnaissait comme motifs valables de divorce, en plus de l’adultère et du remariage de l’un des époux, l’abandon de l’orthodoxie par l’époux ou l’épouse, les vices contre-nature, l’incapacité à la cohabitation conjugale, apparue dès avant le mariage ou résultat d’une mutilation volontaire, la lèpre et la syphilis, l’absence prolongée sans nouvelles, la condamnation associée à la privation de tous les droits, l’atteinte à la vie ou à la santé du conjoint ou des enfants, le proxénétisme, l’utilisation du corps d’un des époux à des fins lucratives, les maladies psychiatriques incurables et l’abandon volontaire de l’un des époux par l’autre. À cette liste de motifs de dissolution du mariage, il faut ajouter à notre époque le SIDA, l’alcoolisme chronique et la toxicomanie médicalement attestés, l’avortement effectué par la femme sans l’accord du mari.

Pour l’éducation spirituelle des fiancés et afin de contribuer à l’affermissement des liens conjugaux, les prêtres sont invités à expliquer aux fiancés de façon détaillée, au cours de conversations précédant la célébration du sacrement du mariage, l’indissolubilité de l’union matrimoniale célébrée à l’église, en soulignant que le divorce ne peut être admis que comme mesure extrême en cas d’actes de la part d’un des époux définis par l’Église comme motifs valables de divorce. L’Église ne peut consentir à la dissolution d’un mariage pour satisfaire la concupiscence ou pour « ratifier » le divorce civil. Par ailleurs, lorsque l’échec du mariage est un fait, en particulier lorsque les conjoints résident séparément, et que la restauration de la famille se révèle impossible, le divorce ecclésiastique peut être prononcé à titre d’indulgence pastorale. L’Église n’encourage en aucun cas le remariage. Néanmoins, après un divorce légitime prononcé par l’Église, conformément au droit canonique, un second mariage est autorisé à l’époux innocent. Le second mariage n’est autorisé aux personnes par la faute desquelles le premier mariage avait échoué et été dissous, qu’à condition qu’elles se repentent et s’acquittent de la pénitence donnée conformément aux règles canoniques. Dans les cas exceptionnels où est autorisé un troisième mariage, la durée de la pénitence est majorée, conformément aux règles de saint Basile le Grand.

Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe, dans sa résolution du 28 décembre 1998, a condamné le comportement des directeurs spirituels qui « interdisent à leurs fidèles de conclure un second mariage sous prétexte que l’Église interdirait le second mariage ; qui interdisent aux couples le divorce alors que, pour une raison ou une autre, la vie familiale devient impossible aux époux ». Par ailleurs, le Saint-Synode a demandé de « rappeler aux pasteurs que l’Église orthodoxe, dans son attitude à l’égard du remariage, suit les paroles de l’apôtre Paul : ‘Es-tu lié à une femme ? Ne cherche pas à rompre. N’es-tu pas lié à une femme ? Ne cherche pas de femme. Si cependant tu te maries, tu ne pêches pas ; et si une jeune fille se marie, elle ne pêche pas […]. La femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu’il vit ; mais si le mari meurt, elle est libre d’épouser qui elle veut, dans le Seigneur, seulement ’ » (1 Co 7, 27-28 et 39).

2.Posté par Vladimir.G: Patriarche Athénagoras: «si un homme et une femme s’aiment vraiment, je n’ai pas à entrer dans leur chambre, tout ce qu’ils font est saint». le 13/10/2014 10:07
Intervention du Métropolite Athénagoras de Belgique au Synode des évêques de l’Eglise Catholique. En tant que ‘délégué fraternel’ il a reçu quatre minutes pour exprimer la position de l’Eglise Orthodoxe dans le domaine de la pastorale de la famille.

Votre Sainteté,

Chers frères et sœurs en Christ,

C’est un honneur que de pouvoir représenter le Patriarche Œcuménique Bartholomée à l’occasion de votre Synode consacré à la famille. Le Patriarche Bartholomée m’a demandé de vous saluer tous en son nom.

Je vous remercie de m’offrir l’occasion d’intervenir dans vos débats et de présenter ainsi quelques réflexions issues de la tradition de l’Eglise orthodoxe.

1. Premièrement, notre Eglise veut toujours rester une aide pour ceux qui souffrent. C’est assurément le cas lorsque le mariage a cessé d’être une réalité à cause de la « faiblesse humaine« . Cela est concédé comme une approche pastorale, en vertu de l’ »économie » envers la faiblesse de l’homme et du monde corrompu dans lequel nous vivons. Mais le deuxième mariage sera toujours une déviation par rapport à l’ »idéal d’un mariage unique« , souvent une nouvelle chance pour « corriger une faute« .

Déjà dans l’Eglise primitive, Saint Basile le Grand, affirmait à propos de l’homme trompé par sa femme, que cet homme est « pardonnable » s’il se remarie.

Hier on a déjà entendu ce que c’est l’«économie» dans l’Eglise orthodoxe? C’est l’application souple des directives canoniques et ecclésiastiques dans la direction et dans la vie de l’Eglise. La mise en œuvre de l’économie n’est réalisée que par l’évêque et ne vaut que pour des cas concrets, mais ne crée aucun précédent.

D’abord chaque situation particulière doit bénéficier d’un accompagnement pastoral qui tente de réconcilier les conjoints. Si vraiment ce n’est pas possible, on peut envisager un remariage. D’ailleurs, la tradition orthodoxe veut que chaque fidèle choisisse librement son père spirituel. Il s’agit d’une personne qui a de l’expérience dans la vie spirituelle et qui est appelée à apprendre la façon de vivre.

2. Deuxièmement, il est certain qu’on ne doit être ni trop moralisateur ni trop rigide envers les jeunes, sous peine de ne pas être écouté.

Parmi nos jeunes ils y en a qui ne sont pas encore suffisamment engagés dans l’Eglise pour dire: ‘Nous allons nous marier parce que notre couple, notre future famille sera une cellule d’Eglise, et donnera un exemple d’engagement évangélique’. Il arrive pourtant qu’ils vivent quelque chose de vrai qui les prépare à un amour durable, et que ces jeunes se tournent finalement vers l’Eglise. Ici le rôle du prêtre est d’une importance pour proposer le sens de l’amour et du mariage. Dans ces cas là, nous pourrons mieux leur expliquer – sans jugement – qu’ils se privent d’une grâce mais que le moment venu ils pourront toujours la recevoir.

3. En troisième lieu, je tiens à référer à un écrit de Saint Séraphim de Sarov – un saint bien-aimé tant en occident qu’en orient – à propos de la Communion. Il affirma « … comment tout au long de sa vie, il recourt à la communion aux Saints Dons comme à la nécessaire rencontre avec le Christ. Il exhortera d’ailleurs toujours les fidèles à recourir fréquemment à l’Eucharistie et recommandera aux prêtres de la leur donner volontiers, car ajoutait-il, la grâce qu’elle nous donne est tellement grande que tout homme, fut-il le plus grand des pécheurs, s’il approche du Seigneur avec humilité et contrition de ses fautes, est complètement purifié et renouvelé».

4. Quatre: en ce qui concerne les pratiques anticonceptionnelles, l’Église orthodoxe, en général, se contente de rappeler le sens de l’amour, mais laisse le choix des méthodes à la conscience de l’homme et de la femme, avec l’aide, s’ils le souhaitent, de leur père spirituel. A propos d’Humanae Vitae, le Patriarche Œcuménique Athénagoras, ami de Paul VI, a déclaré que l’Église doit faire comprendre aux hommes et aux femmes de ce temps que l’amour est possible, que la vraie rencontre veut la fidélité, que la puissance amoureuse de l’homme peut ainsi se transfigurer, et, disait le patriarche, «si un homme et une femme s’aiment vraiment, je n’ai pas à entrer dans leur chambre, tout ce qu’ils font est saint».

5. Je conclu, en plaidant pour un retour à la possibilité des prêtres mariés, étant moi-même un fils d’un prêtre et ayant un frère et beau-frère qui sont des prêtres mariés!

Les évêques de l’Eglise Catholique, rassemblés dans ce Synode, portent une attention particulière à la pratique de l’Eglise orthodoxe, qui – dans certains cas – peut accepter la possibilité d’un deuxième et/ou même un troisième mariage.

Lors de l’inauguration le délégué du Patriarcat Œcuménique a pu s’entretenir personnellement avec Sa Sainteté le Pape François, qui s’est déclaré très heureux de pouvoir très bientôt visiter le Centre de l’Orthodoxie, le Phanar, pour la fête de Saint André (30 novembre) de cette année.

Source: http://info.catho.be/2014/10/10/synode-la-parole-au-metropolite-orthodoxe-de-belgique/#.VDuF1VdZCt8

3.Posté par Clovis le 13/10/2014 13:37
Pardonnez ma question, mais qu'entend-on exactement par "économie" dans le message du Métropolite ?
Merci par avance.

4.Posté par justine le 13/10/2014 13:51
On voit ici toute la difference entre l'Orthodoxie veritable et l'euro-orthodoxie ou "orthodoxie light".

5.Posté par Vladimir.G: «oikonomia» le 13/10/2014 17:08
"Hier on a déjà entendu ce que c’est l’«économie» dans l’Eglise orthodoxe? C’est l’application souple des directives canoniques et ecclésiastiques dans la direction et dans la vie de l’Eglise. La mise en œuvre de l’économie n’est réalisée que par l’évêque et ne vaut que pour des cas concrets, mais ne crée aucun précédent."

"Les Fondements de la doctrine sociale de l'Église orthodoxe russe", Paris, 2007, p. 116-119, cité dans le commentaire 1

Cette définition me semble parfaite et c'est bien ce principe qui est mis en avant par le cardinal Kasper . Ce qui manque c'est l'origine du mot: il s'agit de la transposition du mot grec «oikonomia», qui provient de la philosophie classique. Vous avez ici un article du "Robert" qui en donne une explication très complète: http://robert.bvdep.com/public/vep/Pages_HTML/OIKONOMIA.HTM. Notons toutefois que l'auteur, Marie-José Mondzain, est une philosophe spécialiste de l'art et des images...

6.Posté par Vladimir.G: "Envisager des solutions uniques ou s'inspirant de la logique du tout ou rien n'est pas signe de sagesse" le 13/10/2014 23:42
Un premier résumé des travaux du synode des évêques sur la famille reconnaît lundi des "valeurs positives" au mariage civil et donne une appréciation plus bienveillante des unions de fait stables, y compris homosexuelles.

Présenté lundi par le rapporteur général, le cardinal de Budapest, Peter Erdö, alors que le synode entrait dans sa seconde semaine, un rapport synthétise en dix pages près de 200 interventions. Il servira de base à un document final qui sera soumis au vote en fin de semaine, après plusieurs jours en groupes de travail restreints.

Provisoire, ce texte a suscité aussitôt une avalanche de réactions, parmi lesquelles un certain nombre de désaccords, lors d'un débat très animé lundi. Certains cardinaux, d'Afrique notamment, ont réagi sur les paragraphes concernant les homosexuels de manière critique.

Une vision "pragmatique pour comprendre la réalité des familles"

"Le drame continue", a ironisé ensuite dans une conférence de presse le cardinal de Manille, Luis Antonio Tagle, saluant au passage "le groupe de héros" qui a réussi à synthétiser des interventions variées. "Envisager des solutions uniques ou s'inspirant de la logique du tout ou rien n'est pas signe de sagesse", a souligné ce rapport d'étape qui doit être amendé.

Monseigneur Bruno Forte, secrétaire spécial du synode, a résumé la mentalité "pragmatique" qui domine: "au lieu de proférer des oui-oui et des non-non, des jugements, il s'agit de comprendre dans leur complexité les réalités des familles".

Le mariage catholique "décision vocationnelle"

Le document a insisté sur l'accueil, sur la nécessité d'un chemin "graduel" pour permettre à ceux qui ne sont pas en règle avec le dogme de se rapprocher de l'Eglise, sur la "conversion du langage" de l'Eglise, qui ne doit pas se contenter de "présenter des règles".

L'absence de consensus sur l'accès à la communion des divorcés remariés, principale pomme de discorde, y est reconnue.

Le texte insiste beaucoup sur la nécessité de mieux présenter le mariage catholique, afin qu'il ne soit plus considéré "comme une tradition culturelle ou une exigence sociale". Il doit devenir "une décision vocationnelle", affirme ce texte où l'on retrouve des inspirations du pape François.

Parallèlement, le mariage civil et la cohabitation sérieuse se trouvent réévalués: "Une nouvelle sensibilité" de l'Eglise cherche à "comprendre la réalité positive des mariages civils, et, compte tenu des différences, des concubinages". Relevant que, pour beaucoup, "se marier est un luxe", et que des unions de fait se nouent souvent dans "l'attente d'une sécurité existentielle", le synode relève dans nombre de celles-ci "des valeurs familiales authentiques".

Les homosexuels reconnus au-delà de "leur tendance sexuelle"

Un ton nouveau est aussi observé vis-à-vis des homosexuels, qui "ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne". Le cardinal Erdö a souligné ensuite que cela signifiait que "l'identité d'une personne n'était pas déterminée principalement par sa tendance sexuelle". Le texte en effet ne propose pas de modifier la doctrine condamnant l'acte homosexuel, et une unanimité existe pour réserver le terme de "mariage" à l'union d'un homme et d'une femme.

Mais, de façon nouvelle, et "sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles", il prend acte notamment "de cas où le soutien réciproque jusqu'au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires". Samedi, le pape avait nommé six évêques supplémentaires, proches de lui, pour aider à la rédaction du texte. Les conservateurs avaient critiqué ce choix, considéré comme une mesure partisane.

7.Posté par justine le 14/10/2014 19:13
@ post 5: "...ce que c’est l’«économie» dans l’Eglise orthodoxe? C’est l’application souple des directives canoniques et ecclésiastiques dans la direction et dans la vie de l’Eglise. La mise en œuvre de l’économie n’est réalisée que par l’évêque et ne vaut que pour des cas concrets, mais ne crée aucun précédent."

Ceci n'est pas une d2finition orthodoxe du principe de l'économie, car elle donne à entendre que cette souplesse serait une règle générale, autrement dit le canon, alors qu'en realité c'est une abrogation du canon dans des cas spécifiques où une telle abrogation est jugée indispensable pour le bien spirituel de la personne (ou des personnes) concernée(2). Ensuite, appliquer le principe de l'economie n'est pas du tout le privilege exclusif de l' éveque. Il ne s'agit pas ici d'une question de rang ecclesiastique, mais du charisme du discernement spirituel. Le père spirituel également peut l'appliquer.

8.Posté par Vladimir.G: Justine versus Moascou le 14/10/2014 22:11
Bon, voilà notre bien chère Justine corrigeant un document approuvé par le Concile épiscopale jubilaire de l'Eglise russe (2000). J'espère que le patriarche Cyrille lit PO et va de ce pas reprendre ce document... :-)

9.Posté par justine le 15/10/2014 07:24
Vous citez le métropolite Athenagoras de Belgique, citation à laquelle se rapporte mon commentaire, et vous répondez que ce commentaire contredirait un document approuvé par le Concile episcopal jubilaire de l'Eglise russe de l'an 2000. Veuillez donc, s'il vous plait, présenter le passage exact de ce document auquel vous vous référez. Dans la version électronique des "Fondements de la doctrine sociale de l'Église orthodoxe russe" (http://orthodoxeurope.org/page/3/6.aspx) en tout cas, je n'ai rien trouvé de tel.

10.Posté par Clovis le 15/10/2014 17:18
Merci Vladimir pour la réponse.

11.Posté par Vladimir.G: amende honorable le 15/10/2014 18:31
Je fais amende honorable, bien chère Justine, j'ai confondu mes citations. C'est bien le métropolite Athenagoras de Belgique que vous contredisez et non les "Fondements de la doctrine sociale". Je vous prie de m'en excuser...

Par contre, il me semble important de souligner ce passage du document: "Par ailleurs, lorsque l’échec du mariage est un fait, en particulier lorsque les conjoints résident séparément, et que la restauration de la famille s’avère impossible, le divorce ecclésiastique peut être prononcé à titre d’indulgence pastorale." "Indulgence pastorale" apparait ici synonyme d'économie en s'opposant à "l'acribie" de l'indissolubilité du mariage...

12.Posté par Clovis le 15/10/2014 21:25
Très intéressante discussion, j'apprécie l'intervention disant qu'il revient (aussi) à l'Eglise d'apporter du soutien aux personnes qui souffrent.
L'église catholique et sa vision somme toute romaine du droit dura lex sed lex, prive parfois des innocents des Saint Dons, en raison du divorce au motif que celui-ci serait indissoluble. Soit, mais la réalité nous montre pourtant que si le mariage en tant que tel est un sacrement, son application et son appréhension dans le monde sont deux autres choses.

Deux réflexions,
En France nombres de couples vivent ensemble un certain temps voire plusieurs années dans le péché, avant de se lancer et de se marier, parce qu'il faut bien un jour en somme, la robe, les cloches, la beuverie et les jarretières.
Mais quelle peut-être la compréhension de ces gens (qui se disent catholiques mais qui ne mettent jamais les pieds à l'église et qui ne vivent pas selon l'évangile) du sacrement du Mariage ? Il faudrait faire des sondages, mais le temps de durée de ce dernier est très certainement inversement proportionnel à la vie de couple ante-mariage. Le discours étant puisque l'on est marié, l'on peut désormais divorcer...

Secundo, le rôle des prêtres qui accompagnent et marient ces couples sans trop se soucier de la cellule familiale et de l'engagement que cela représente de se marier devant Dieu, dans son Eglise, engagement donc pas seulement des époux l'un envers l'autre, mais aussi devant les enfants à naître ou déjà nés, et devant l'Eglise et Dieu ?
Je crois que si un réel accompagnement était fait, beaucoup renonceraient à cette tradition.
Comme les première et deuxième communion qui chez bien des catholiques sont prétextes à faire la fête et à avoir des cadeaux, pour les enfants...

Certes ici la question des Saint Sacrements pour les divorcés, implique déjà que les époux aient communié et souhaitent encore pouvoir y avoir accès. Mais alors pourquoi l'église catholique célèbre-t-elle se Sacrement indissoluble avec une telle légèreté (je ne parle même pas du rite et de la bénédiction) et traiter son échec avec une telle dureté ?
Deux poids deux mesures.

13.Posté par Tchetnik le 16/10/2014 19:31
Ce manque d'accompagnement existe aussi hélas dans l'Église Orthodoxe, en tout cas en Occident.

Quand un prêtre souhaite justement rencontrer les futurs époux pour leur faire une petite leçon de choses, il se fait rabrouer et par les caids des paroisses et par les évêques qui sont toujours de leur côté.

Résultat, de plus en plus de mariages qui transforment l'église en fête à nœud-nœud, au mépris de la réalité du lieu et de sa vocation, et de plus en plus de divorces à l'arrivée.

L'Église respecte le mystère de Dieu, la complexité de la vie humaine, comprend et pardonne, redonne une chance de repartir sur les bons rails, de réparer. Mais encore ne faut-il pas utiliser l'économie pour abolir les exigences logiques et légitimes.

14.Posté par Clovis le 16/10/2014 23:04
Pour ma part j'ai l'impression que la nef romaine prend l'eau de toute part et qu'ils essaient d'accompagner et de réglementer le flux plutôt que s'attaquer aux fuites, le vrai problème.
"Dieu se rit des gens qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes."

En effet dans l'orthodoxie aussi l'on peut trouver se genre de problèmes, il n'y a qu'à voir le nombre de divorces en Russie, et la facilité et la vitesse avec laquelle l'on peut s'y marier.
Il est regrettable que le mystère du mariage soit ainsi galvaudé comme vous le dîtes en fête à nœud-nœud. Mais c'est le lot de bien des sacrements, et même de certaines fêtes commercialement détournées, la dinde à Noël, le gigot à Pâques, le veau de la Pentecôte, je crains le pire pour la suite...

Plus sérieusement, un accompagnement par un père spirituel, digne de ce nom (là encore, il faut se méfier), pour dissuader les inutiles prises de risques dans un engagement futile de deux futurs époux, par exemple. L'économie devant être un ultime recours, recours que l'on pourrait parfois éviter par une meilleure connaissance à la fois du ou de la fiancé(e), et de ce que représente un tel sacrement comme engagement. C'est très délicat.

15.Posté par Daniel le 17/10/2014 13:03
Cela fait belle lurette que mariage et baptême sont devenus des événements mondains, y compris chez les orthodoxes. Il y a ceux qui se disent orthodoxes parce que baptisés mais sont en fait profondément agnostiques mais veulent se marier à l'église pour faire beau Parfois, je me demande si un mariage civil ne serait pas préférable plutôt que de jeter les perles aux pourceaux.

16.Posté par Tchetnik le 17/10/2014 14:30
Les meilleurs mariages à l'Église sont en général ceux où il y a le moins de monde.

Les témoins réglementaires, quelques amis et parents très proches...Et au finish une fête belle et digne, qui laisse un souvenir impérissable.
Les fiançailles sont justement censées servir pour faire connaissance, en plus de la promesse solennelle qu'elles représentent.

On n'st pas obligé de célébrer les fiançailles juste avant le couronnement, on peut très bien séparer les deux offices du reste.


17.Posté par Vladimir.G: le 17/10/2014 22:03
Depuis que l'empereur Théodose proclama le christianisme religion officielle de l'empire romain (392), l'Eglise a un rôle social important; Elle fut le seul organisme enregistrant l’état civil pendant des siècles et de ce fait les principaux actes liés à l’état civil lui restent traditionnellement demandés par tous ceux qui ressentent des liens avec leur religion et ce même si ils n'en partagent pas toutes les règles et obligations (mais cela avait toujours été le cas!). Catholiques, Orthodoxes, Protestants, Juifs, Musulmans ... nombreux sont ceux qui demandent à leur autorité religieuse cette onction traditionnelle considérée comme un service public du; et les autorités religieuses ne refusent ni ne mettent trop de conditions, considérant que c'est leur devoir envers les croyants et conscientes que ce sont des moments privilégiés de prise de contacts avec leur troupeau.

Le mariage est évidement l'un de ces actes principaux (avec la naissance et les obsèques). Orthodoxie et catholicisme en ont, au départ, des approches identiques en mariant religieusement tous leurs membres (les baptisés) qui en font la demande. Il est vrai que l'Orthodoxie ne rejette pas les divorcés et autorise exceptionnellement le remariage, mais cela reste des exceptions et non un droit et les fidèles en sont très conscients.

Ainsi en Russie, mariage et divorce civils sont de simple formalités, alors que le mariage religieux reste un acte important et les couples ne se décident généralement à franchir ce pas qu'après plusieurs années de mariage civil et avec une réelle volonté de vivre une vie de famille chrétienne. Le mariage religieux devient ainsi une confirmation solennelle du mariage civil et un véritable engagement réciproque, devant la communauté et devant Dieu. La grande beuverie, parade en limousine, etc. est plutôt réservée au mariage civil.

18.Posté par justine le 18/10/2014 08:35
"Les couples ne se décident généralement à franchir ce pas qu'après plusieurs années de mariage civil....Le mariage religieux devient ainsi une confirmation solennelle du mariage civil" - Pourvu que cela ne devienne pas la règle et que les couples réalisent à temps la profonde contradiction d'une telle pratique avec le contenu du sacrement lui-meme, tel qu'il est exprimé dans le texte de l'Office du Couronnement. Ce texte est d'ailleurs une admirable catéchèse orthodoxe, et les futurs époux feraient bien de l'étudier en détail, dans le cas idéal avec l'aide de leur père spirituel, afin de saisir le vrai sens de la vie conjugale, condition indispensable pour prévenir le divorce. Il montre aussi à quel point le sacrement du mariage orthodoxe se distingue des rites matrimoniaux qu'on pratique en-dehors de la Sainte Eglise. Comme Tchetnik le note à raison, pour faire connaissance, il y a la periode des fiancailles. Le mariage civil par contre, dans les pays où il est exigé par les autorités, ne devrait avoir que le sens d'une confirmation formelle du mariage ecclésial et non pas le contraire.

19.Posté par Daniel le 18/10/2014 09:54
@ Tchetnik

En cas de séparation des fiançailles de l'office du couronnement (qui est le mariage stricto sensu), une rupture des fiançailles compte néanmoins comme un divorce.

@ Vladimir

Le hic est que certains qui demandent ce mariage religieux ne sont pas dans les faits croyants, mais profondément agnostiques. Il y avait eu il y a quelques années un sondage indiquant que nombre de catholiques en France ne croyaient pas à la Résurrection du Christ... qui est quand même le fondement du christianisme.

20.Posté par Clovis le 18/10/2014 18:45
@ Daniel

Je me suis fiancé à l'église plusieurs mois avant mon mariage, nous étions dans le narthex, point de couronnement, très belle cérémonie par ailleurs.

Lorsque nous nous préparions, le prêtre me donnant un petit coup de coude, me dit, "c'est bien mon gars, on ne sait jamais, mais les fiançailles c'est aussi fait pour se rompre..." hé !

Et comme l'a dit Tchetnik, nous étions en petit comité, famille quelques amis proches et ce fut bien mieux ainsi !

Cela dit en Russie, j'ai été témoin et eu vent de baptêmes à la chaîne et sans aucune préparation, et pour bien des mariages itou malheureusement. Comme dans le chef d'oeuvre Ne Mojet Byt ! (histoire avec Pougovkine) d'après Zochtchenko, effectivement depuis l'URSS l'on peut civilement se marier et divorcer civilement d'une aisance proverbiale !

21.Posté par Daniel le 19/10/2014 08:46
@ Clovis

Malheureusement pour vous, la possibilité de rompre des fiançailles religieuses est nulle sans divorce ecclésisatique. Je vous donne comme piste le canon de Saint Basile suivant 17 et son commentaire, en particulier. La célébration des fiançailles selon un rite religieux est déjà assimilé à un mariage. Vous pouvez certes les rompre, mais cela équivaudra à un divorce aux yeux de l'église.


17. Whoever has entered into two marriages after baptism, or has possessed himself of a concubine, cannot be a Bishop, or a Presbyter, or a Deacon, or anything else in the Sacerdotal List.

(Cf. c. Ill of the 6th; and c. XII of Basil’s.).

Interpretation.

No matter how many sins a man has committed before baptism they cannot prevent him from taking holy orders and joining the clergy, since, and we so believe, Holy Baptism washes them all away. Not so, however, in the matter of sins committed after baptism. On this account the present Canon ordains that whoever after Holy Baptism marries twice (one marries twice not only by taking a second wife, but also by becoming formally betrothed to another woman by virtue of a religious rite, or even if he weds a woman plighted to another man, or keeps a woman as a concubine, he cannot become a bishop, or a presbyter, or a deacon, or be in anyway placed among the number or in any rank of the Sacerdotal List.

22.Posté par Vladimir.G: Eglise institutionnalisée le 19/10/2014 10:11
Eglise institutionnalisée

En effet, quand l'Eglise joue ce rôle institutionnel, elle se préoccupe plus de la situation "administrative" (certificat de baptême, non mariage préalable...) que de la conviction des époux. Même en cas de mariage mixte ce point est en général à peine abordé.

Je n'ai personnellement jamais eu connaissance d'un mariage orthodoxe où le rite des fiançailles serait dissocié... Votre cas, Clovis, semble assez exceptionnel. Quand au commentaire du prêtre...

Et pour ce qui concerne le divorce, dont on parle tant en ce moment, il faut aussi noter qu'il n'y a ni rite ni document formalisant un "divorce religieux". Oui, les époux divorcés civilement sont admis à la confession et à l'Eucharistie, mais ce n'est qu'en cas de remariage que l'évêque peut annuler la première union et autoriser la seconde, voire une troisième, après une pénitence appropriée... Et c'est bien l'évêque uniquement qui peut mettre en œuvre l’économie dans ce cas comme le précise le métropolite Athénagoras.

23.Posté par Tchetnik le 19/10/2014 15:54
Une rupture de fiançailles ne peut de facto être considérée comme un divorce, vu que cela enlèverait toute sa signification au mot "fiancailles", justement.


Les célébrations de fiançailles antérieures au mariages étaient autrefois courantes La rupture est toujours dommageable, mais, par essence, elle ne peut être considérée comme égale au mariage pas plus que la rupture d'un noviciat ne serait l'équivalent d'une rupture de tonsure monastique.

Citons Louis Bréhier:

L’innovation la plus importante, due à l’Eglise, fut la valeur légale donnée aux fiançailles bénies par un prêtre. Leur rupture injustifiée par l’une des parties était punie d’amendes pécuniaires et de peines spirituelles 18. De là naquirent d’étranges abus : des familles fian-çaient des enfants en bas âge pour des raisons d’intérêts et il fallut même que la loi civile défendît de fiancer un enfant avant l’âge de sept ans, tandis que l’âge légal du mariage était de douze ans pour les filles, de quatorze ans pour les garçons 19. L’accord était conclu par chartes écrites, s’il s’agissait de mineurs. A Chypre, les fiancés prê-taient serment sur des reliques devant témoins ; ils échangeaient aussi des croix ou de petits reliquaires, γκόλπια, en garantie de leur accord.

(Civilisation Byzantine)

Il est bon de se référer au Canons en comprenant que la vie humaine est d'une complexité que la lettre ne comprend pas forcément et que le but des hommes d'église est justement d'avoir le discernement et l'intelligence des situations pour les appliquer avec les meilleurs fruits spirituels, la plus grande des pertinence.

24.Posté par Clovis le 19/10/2014 17:02
Le commentaire du père était une boutade, mais effectivement ce prêtre me disait que l'on pouvait dissocier les deux cérémonies, cela se faisait paraît-il plus souvent sous l'ancien régime en Russie.
Par ailleurs Tchetnik évoque aussi le cas.

@ Daniel, étonnant, les fiançailles ne sont qu'un pré-engagement, il n'y a pas de couronnement, certes, il y a échange d'alliances, mais cela m'étonne. De toute façon ne soyez pas désolé pour moi, je n'ai et n'avais aucunement cette idée en tête ! ;-))
Le texte de Saint Basile ne parle pas de fiançailles mais de mariage non ? Le concubinage est encore une autre chose.

25.Posté par Clovis le 19/10/2014 22:52
@ Tchetnik, nos messages se sont croisés, il n'était pas publié au moment de ma réponse, merci pour ce texte intéressant.

26.Posté par Daniel Fabre le 20/10/2014 07:38
Mon épouse et moi-même avons aussi des fiançailles dissociés, à l'Eglise donc,environ deux ans...et après nous nous sommes mariés

27.Posté par Daniel le 20/10/2014 10:48
@ Tchetnik et Clovis


Votre thèse sur la possibilité de rompre les fiançailles sans conséquence est démentie par l'ouvrage: "
Sex and Society in the World of the Orthodox Slavs, 900-1700" de Eve Levin. Je renvoie à la page 89

"Once a betrothal was made in the church, it was almost as difficult as to break as a marriage. [...] Under canon law, a man or woman who was betrothed to one person but married another was guilty of adultery. If a couple managed to break their betrothal after a church ceremony, they were considered previously married"

En résumé : il était difficile de rompre des fiançailles célébrés à l'église; un fiancé qui se parierait à une autre personne est adultère.

28.Posté par Tchetnik le 20/10/2014 13:55
@Daniel

Rompre des fiançailles n'est évidemment pas spirituellement sans conséquence, nous sommes bien d'accord. Louis Bréhier a rappelé les peines encourues dans son ouvrage et on pourrait aussi mentionner les codes mérovingiens et Serbes sur la question. Les fiançailles constituent en effet un engagement, mais pas la totalité de l'engagement du mariage.Mais mettre sur l même plan la rupture de l'un ou de l'autre serait mettre sur le même plan la rupture d'un noviciat avec celui d'une tonsure. La notion même de "fiançailles serait alors sans objet.

Les canonistes avaient interprété certains canons qui, entre parenthèse, ne parlaient pas forcément des fiançailles en premier lieu, selon certaines circonstances, usages et abus et il convient de replacer leurs interprétations dans un contexte particulier et de ne pas en faire une constante indépendamment des circonstances de vie complexes.

Dans le rite des fiançailles et du couronnement tel que le pratiquent certaines églises, il est demandé par le prêtre aux futurs époux s'"ils ne se sont pas engagé envers un(e) autre fiancé(e). Ce qui signifie, outre que cet engagement serait, logiquement, largement antérieur au couronnement, qu'il n'empêche pas à proprement parler, le couronnement.

Les interprétations de certains canonistes peuvent varier, fluctuer selon certains abus et usages, il convient ensuite aux hommes d'église d'appliquer les règles avec intelligence des situations, dans le meilleur profit spirituel. Ce qui peut signifier plus de souplesse, mais aussi plus de dureté.

Je rappelle que dans votre extrait est utilisé le terme "almost" qui signifie similaire, mais pas "équivalent. La situation mentionne par ailleurs une personne fiancée à une autre alors qu'elle est déjà mariée. Situation un peu différente.


.

29.Posté par Tchetnik le 20/10/2014 14:00
L’usage actuel est effectivement de célébrer les deux offices ensemble, mais ce ne fut pas le seul usage ecclésiastique au cours de l’Histoire de l’Église et il serait certainement plus pertinent de les séparer afin de leur redonner à tous les deux leur valeur à la fois pédagogique et sacrée. Et ainsi éviter bien des légèretés, abus et sous-évaluations du mariage. Rien n’empêche de les célébrer séparément du reste, d’un point de vue canonique et liturgique.

Idem pour le canon de Saint Basile qui mentionne une fiancaille d'une personne déjà liée à une autre. Le Canon mentionne d'ailleurs le fait de se fiancer ainsi pas seulement religieusement mais aussi informellement.

La situation décrite ne correspond pas exactement à celle d'une fiancaille unique rompue.


30.Posté par Daniel le 20/10/2014 14:12
@ Clovis

Le texte est de Saint Basile mais l'interprétation est de Saint Nicodème. Vous voyez dans cette interprétation que Saint Nicodème dit "one marries twice not only by taking a second wife but also by becoming formally betrothed to another woman by virtue of a religious rite". Quelqu'un se marie deux fois en prenant une deuxième femme mais aussi en devenant formellement fiancé à une autre femme par le biais d'un rite religieux.

Les fiançailles religieuses à l'église n'ont rien à voir avec les fiançailles mondaines classiques que l'on peut rompre aisément en rendant la bague et les cadeaux. La rupture est plus difficile, raison à mon sens pour laquelle les deux offices ont été fusionnés.

31.Posté par Tchetnik le 21/10/2014 12:07
Les fiançailles sont au mariage en quelque sorte ce que l'Ancien Testament est au Nouveau.

Une promesse, une alliance d'attente, d'anticipation, de prophétie.

32.Posté par archichantre le 23/10/2014 10:30
La miséricorde traditionnelle dans l'Eglise orthodoxe n'est évoquée par ces semi-apostats romains et leur chef François l'humble que pour justifier un rejet latent de l'enseignement du Christ retransmis par l'Eglise au long des âges. A preuve, leur justification de l'homosexualité! Le pardon sans le regret du péché!
Autre exemple très clair : ils ne veulent pas, comme l'Orthodoxie l'a toujours fait légitimement, l'ordination d'hommes mariés; mais ils veulent que les prêtres puissent se marier (avec une femme ou même un homme?)
Je parle en connaissance de cause étant (ancien) Catholique romain (dégoûté par ce François qui dévalorise la fonction qu'il occupe). Je suis heureux de passer à l'Orthodoxie (Patriarcat de Constantinople - rite slavon) : je vais être reçu Orthodoxe sous peu et je pourrai communier à la Sainte Liturgie - notez que ma Confirmation latine correspond à la Chrismation et est admise comme valide par l'Eglise Orthodoxe. Liege -Belgique.

33.Posté par Vladimir.G: Bienvenue à bord le 23/10/2014 14:29
Bienvenue à bord archichantre,

Je note avec plaisir que votre Confirmation latine a été admise comme Chrismation valide par l'Eglise Orthodoxe... A ma connaissance, c'est loin d'être le cas dans tous les diocèses orthodoxes!

34.Posté par Daniel le 23/10/2014 16:18
Comme indiqué bien des fois précédemment, le fait de ne pas répéter un mystère n'équivaut pas à reconnaître sa validité... Ce qui est reconnu est usuellement le caractère correct de la forme...

35.Posté par Vladimir.G: le 23/10/2014 17:29
J'avoue ne pas vraiment vous suivre, bien cher Daniel. Notre nouveau contributeur, Archichantre, va communier à la Sainte Liturgie sans autre forme de procès, Confirmation latine valant Chrismation orthodoxe. Est ce que cela "n'équivaut pas à reconnaître sa validité"?

36.Posté par archichantre le 23/10/2014 19:59
La confirmation latine me fut conférée par l'évêque de Liège Mgr Joseph Kerkoff vers 1956. J'étais jeune mais je m'en souviens clairement. Les rites latins étaient encore fiables car célébrés avant les réformes discutables du concile dit "vatican 2"...
Il semble d'après mon clergé "slavon" (canonicité sûre puisque patriarcat de Constantinople!) que l'Orthodoxie russe reconnaît la confirmation latine - toujours séparée du baptême et conférée entre 11 & 15 ans- actuellement c'est un simple prêtre délégué par l'évêque (je me pose d'ailleurs la question de la validité dans un tel cas?).
Dans l'orthodoxie grecque, pourtant du même patriarcat de Constantinople, la Chrismation doit être reconférée aux convertis latins.
J'ajoute que j'ai pleine confiance dans mon clergé orthodoxe liégeois : la sérénité et la transcendance de la Foi Orthodoxe me change des élucubrations progressistes des prêtres catholiques actuels. Que Dieu me pardonne si je les juge trop durement... mais il faut avoir connu leur remise en doute continuelle de la foi chrétienne pour pouvoir comprendre.

37.Posté par Daniel le 23/10/2014 23:34
@ Vladimir (35)

Non, comme exprimé, dit et redit depuis des lustres, des mystères précédents peuvent être régularisés, c'est à dire remplis de grâce de façon simple sans les répéter, par un seul et unique mystère ou acte: profession de foi orthodoxe, signature de libelle de renonciation aux anciennes croyances etc.Il n'y a à ma connaissance aucun élément dans la littérature patristique reconnaissant l'efficacité des mystères dispensés hors de l'église (exception Saint Augustin peut-être?), c'est plutôt le contraire. En revanche, les moyens de réceptions sont variés et divers.

38.Posté par Vladimir.G: Mgr Hilarion de Volokolamsk: "" le 24/10/2014 10:23
Interview du métropolite Hilarion de Volokolamsk à « Radio Vatican »
Extrait

Q Monseigneur, dites-nous ce que l’Église catholique pourrait emprunter à l’Église orthodoxe sur les problèmes de la famille et du mariage ?

Je pense qu’il faut avant tout renoncer à une approche rigoriste. Nous avons des règles canoniques communes, nous avons la même compréhension du mariage, cette union entre un homme et une femme, qui doit rester unique. Mais il existe en même temps dans la pratique une énorme quantité de situations lorsque cette doctrine, pour différentes raisons, n’est pas appliquée. La question passe alors du niveau doctrinal au niveau pastoral, où l’Église orthodoxe a acquis une certaine expérience tenant au fait que nous appliquons tantôt le principe d’acrivie – application rigoureuse des canons – tantôt celui d’économie, condescendance à la faiblesse humaine.

Dans les discussions que j’ai entendues aujourd’hui, la question de l’admission des époux divorcés au Sacrement de la Sainte Communion et au Sacrement de confession a été abordée. Il me semble que cette question doit être examinée avec le plus grand soin, et nous sommes prêts à partager notre expérience pastorale avec nos frères catholiques.

Je pense qu’il est absolument inadmissible de remplacer le Sacrement de la Sainte Communion par ce que certains intervenants ont aujourd’hui appelé « communion spirituelle », car cela ne peut nullement être un équivalent. Nous avons ici de grandes possibilités de coopération et d’échange d’opinions.

Q Après une semaine de réunions, le Synode a publié un « compte-rendu d’après les débats » qui a suscité une réaction mitigée. Avez-vous été troublé personnellement par certains passages ?

Pour dire la vérité, je n’ai pas encore eu le temps de lire ce compte-rendu, mais j’ai entendu aujourd’hui de nombreuses réactions, qui seront également publiées. D’après ces réactions, j’ai compris qu’il existait une grande diversité d’opinion au sein de l’épiscopat catholique, et ceci doit être pris en compte dans l’élaboration du document final. J’ai eu l’impression que les avis qui étaient exprimés dans le document en question n’ont pas un caractère négatif ; peut-être quelques-unes des positions exprimées n’y ont pas été correctement interprétées.


39.Posté par Tchetnik le 24/10/2014 16:13
Les sacrements des autres églises ne sont pas en effet "reconnus".

L'Église Orthodoxe peut simplement leur donner un sens par économie, mais il ne s'agit pas d'une reconnaissance générale du sacrement ni de son caractère permanent de dispensiation de la Grâce.

Les Canons Patristiques, confirmés par les témoignages plus contemporains comme par l'usage général dans l'Église, sont assez explicites. Que, sous pression oecuméniste et relativiste excessive, certains évêques décident de leur propre chef, d'accorder aux sacrements hétérodoxes une valeur équivalente aux nôtres ne signifie pas que cela soit la position (au demeurant logique) de l'Église.

40.Posté par Vladimir.G: John Zmirak: communion des divorcés = adultère ou polygamie (!) le 25/10/2014 19:58
L'écrivain catholique conservateur américain John Zmirak (1) écrit que le pape François et ses alliés à Rome jouent avec le feu dans leurs tentatives de libéraliser la pratique catholique pour la communion des divorcés et rejette vertement l'exemple orthodoxe (2).

Extrait:

"Si le pape autorise les couples divorcés qui vivent maritalement à recevoir la Sainte Communion sans se repentir et s'engager au célibat, va sanctionner l'une des deux choses: l'adultère ou la polygamie. Le mariage est, par le commandement du Christ, indissoluble. Cela a été enseignée infailliblement par le Concile de Trente. Si le pape refuse cette doctrine, si il refaçonne de façon aussi radicale l'un des sept sacrements, prouvera ce que les Orthodoxes disent depuis 1870: qu'il n'est pas infaillible en matière de foi et de morale.

Cela peut sembler ne pas être un sacrifice énorme - l'Eglise a bien vécu sans cette doctrine jusqu'à Vatican I. Mais en bafouant le Concile de Trente, et en prouvant que Vatican I était en fait erroné, le pape ferait en fait beaucoup plus. Il démontrerait que ces Conciles eux-mêmes n'avaient pas l'autorité divine - qu'ils ne sont pas comme Nicée ou Chalcédoine, les premiers Conciles qui ont construit la doctrine chrétienne. Alors que les Conciles comme le Latran, Trente, et Vatican I et II, seraient au mieux des synodes locaux occidentaux, exactement comme l'affirment les orthodoxes depuis 1054. En d'autres termes, le pape prouverait que les affirmations catholiques de l'autorité papale sont grossièrement exagérées et que les orthodoxes peuvent le mieux se prévaloir de l'héritage des douze apôtres.

Et ce qu'il y a d'amusant, c'est que les orthodoxes ont autorisé la quasi-polygame option "Kasper" depuis plus de 1000 ans. Mais les orthodoxes ne prétendent pas opérer une autorité infaillible. Ils acceptent les premiers Conciles de l'Église (ceux d'avant 1054) et débattent entre de sur la façon de les appliquer. Ils peuvent être dans l'erreur.

Et sur mariage, les orthodoxes sont dans l'erreur. Mais Rome n'a pas une telle marge de manœuvre. Les revendications de la papauté sont courageuses, expansives - et empiriquement falsifiables. Si Rome adopte la pratique orthodoxe du mariage, cela reviendra à les falsifier. La souris sera morte dans le labyrinthe."

Fin de citation

Traduit de l'anglais par VG
Notes du traducteur
(1) http://zmirak.blogspot.fr/
(2) http://dailycaller.com/2014/10/20/no-marriage-no-papacy-if-the-pope-endorses-polygamy-that-spells-the-end-of-catholic-claims/2/

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