Message de Noël du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie
Éminents évêques, vénérables pères, moines et moniales aimant Dieu, chers frères et sœurs !

De tout mon cœur, rempli de joie en ce jour de l’incarnation du Fils de Dieu, je m’adresse à vous tous et je vous félicite de la radieuse et vivifiante fête de la Nativité de Jésus Christ, notre Seigneur et notre Sauveur «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objet de sa complaisance » (Lc 2, 14). En glorifiant d’année en année l’indicible venue du Sauveur comme naguère les bergers de Bethleem auxquels l’Ange avait dit «Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple » (Lc 2,10) nous nous hâtons de contempler avec les yeux de l’esprit le Messie dont la venue avait été prédite par les glorieux prophètes et dans l’attente Duquel ont vécu multitudes d’hommes et de femmes.

Et voilà que le Souhaité par tous les peuples (AG 2,7) « s’est dépouillé prenant la forme d’esclave. Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme » (Ph 2,7). Le Maître de l’univers ne choisit pas un palais impérial ou un habitat semblable à celui de ceux qui gouvernent le monde, ni une demeure digne des riches et de ceux qui ont la gloire. Même dans une auberge Il ne trouve pas de place. Le Fils de Dieu nait dans une grotte qui sert d’étable, une mangeoire lui est berceau. « Qu’est-ce qui est plus pauvre qu’une grotte, qu’est-ce qui est plus humble que les langes par lesquelles a brillé la plénitude Divine ? », le Seigneur a choisi pour le Mystère de notre salut « la pire des misères », chantons nous dans le cantique tropaire de Noël. C’est délibérément qu’Il refuse des valeurs que notre monde persiste à estimer : pouvoir, richesse, gloire, origines nobles et statut social. Il nous offre une toute autre loi de vie, une loi d’humilité et d’amour, une loi qui l’emporte sur l’orgueil et la hargne. Selon cette loi la faiblesse de l’homme conjuguée à la grâce Divine devient la force à laquelle ne peuvent résister ceux qui dans ce monde détiennent le pouvoir et la puissance. Ce n’est pas par la grandeur terrestre et la prospérité que se manifeste la force de Dieu mais par la simplicité et par un cœur humble.

Selon Saint Séraphin de Sarov : « Le Seigneur cherche le cœur de l’homme rempli d’amour pour Dieu et pour le prochain. C’est bien là le Trône sur lequel Il aime siéger… ». « Fils, donne Moi ton cœur et Je complèterai par ce qu’il te faut. Car le Royaume de Dieu trouve toute sa place dans le cœur de l’homme » (Entretiens sur les buts de la vie chrétienne). Le Seigneur ne fuit pas les mendiants et les sans-abri, Il ne les méprise pas, Il ne rejette pas ceux qui manquent d’argent ou qui n’ont pas une occupation apportant le respect, d’autant plus Il ne passe pas outre les handicapés ou ceux qui sont gravement malades. Toutes ces choses ne sauraient en soi rapprocher ou éloigner l’homme de Dieu et ne doivent donc pas immerger l’homme dans la tristesse ou devenir le prétexte d’un désespoir néfaste. Le Sauveur nous appelle « Mon fils, prête-moi attention » (Pr 23,26).

La magnifique fête de Noël nous rappelle la nécessité de suivre sans en dévier la voie du Christ Qui « est venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante » (Jn 10,10) et Qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Que les inévitables difficultés ne nous effraient pas, que les épreuves auxquelles chacun de nous doit faire face ne nous brisent pas : car Dieu est avec nous ! Dieu est avec nous, et les craintes disparaissent de nos vies ! Dieu est avec nous, nous trouvons la joie et la paix de l’âme. Dieu est avec nous et c’en fondant nos espoirs en Lui que nous accomplissons notre chemin terrestre.

Lorsqu’il suit le Christ l’homme s’oppose aux forces qui régissent ce bas monde. Il ne cède pas aux tentations qui le guettent sur ce chemin. Il détruit résolument les obstacles que le péché dresse devant lui. C’en effet le péché qui nous éloigne de Dieu et rend profondément amère notre vie. Le péché, bien lui, fait ombre à l’amour Divin, nous entraine dans de multiples malheurs et durcit nos cœurs à l’égard des autres. C’est exclusivement par la grâce du Saint Esprit que l’on peut triompher du péché. L’Eglise est là pour nous octroyer cette grâce. Lorsque nous recevons la Force de Dieu toute notre âme s’en trouve transfigurée. La Force de Dieu nous aide à changer le monde qui nous entoure conformément à la volonté Divine. Ceux qui pour telle ou telle raison s’écartent de l’unité qui règne au sein de l’Eglise perdent, à l’instar de l’arbre qui se dessèche, la faculté d’apporter des fruits authentiquement bons.

Je tiens tout particulièrement à m’adresser aujourd’hui aux habitants de l’Ukraine. Les hostilités fratricides survenues en terre ukrainienne ne doivent pas entraîner la séparation chez les enfants de l’Eglise et semer la haine dans leurs cœurs. Le vrai chrétien ne saurait haïr ni les proches, ni les lointains. « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt, 5, 43-45). Que ces paroles du Seigneur nous guident tous dans la vie, que le rejet et la haine des autres n’aient jamais leur place dans nos âmes.

J’appelle tous les enfants de notre Eglise multiethnique à prier avec ferveur pour que cessent les hostilités en Ukraine, pour que les plaies infligées par la guerre aux âmes et aux corps se résorbent. A l’église, dans nos maisons implorons Dieu de tout cœur pour que cela se réalise. Prions pour les chrétiens qui vivent loin de nos pays et souffrent à cause de conflits militaires.

En cette radieuse nuit de Noël et lors des jours qui la suivent glorifions et magnifions notre Sauveur et notre Seigneur qui a daigné par son amour des hommes venir en ce monde. Tels les Rois mages de la Bible apportons nos dons au Divin Enfant : à la place de l’or offrons notre amour le plus sincère, à la place de l’encens donnons nos prières ardentes, à la place de la myrrhe notre sollicitude et notre amour des proches et des lointains.

Je vous félicité à nouveau, mes chers, en cette radieuse fête de Noël, je vous souhaite une très bonne Nouvelle année et je vous souhaite dans mes prières d’immenses grâces et des dons abondants venant du Très Généreux Jésus Christ, notre Seigneur. Amen.

+ Cyrille, Patriarche de Moscou et de toutes les Russies,
Moscou, Noël 2015/2016 Moscou

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 6 Janvier 2016 à 09:57 | 0 commentaire | Permalien



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