Mgr Benjamin (Toupeko) "A propos du projet du Règlement des monastère et de la vie monastique " (partie 1)
Mgr Benjamin (Toupeko), évêque de Borissov
Traduction Dimitri Garmonov

Le temps est venu de discuter des règles du monachisme contemporain qui, lors des décennies de persécutions, ont subi des altérations significatives sur le plan spirituel, canonique et pratique. L’initiative du Concile des évêques et celle de Sa Sainteté Patriarche Cyrille d’organiser une discussion interconciliaire de tel ou tel projet sont donc plus qu’opportunes. Surtout s’il s’agit de débattre du projet des « Règles des monastères et des moines ». Cette discussion à laquelle participent des nombreux frères ne peut que réjouir parce qu’elle montre à quel point est grand l’intérêt du monachisme contemporain à résoudre les problèmes qui ont surgi. L’unité des pasteurs et des fidèles s’en trouve renforcée, crée un esprit de compréhension mutuelle conciliaire, d’ouverture, d’honnêteté et de responsabilité. Ces discussions suscitent inévitablement des déclarations émotionnelles, voire brutales. Elles témoignent de l’actualité des problèmes discutés.

Ce n’est pas par hasard que la plupart des réactions des moines et des moniales sont anonymes : cela montre l’existence de problèmes dans les relations entre eux et leurs supérieurs ainsi qu’entre ces derniers et les évêques, l’incompréhension mutuelle et le manque de confiance. Surmonter de tels problèmes n’est pas facile, ce sont les moines et les pasteurs qui doivent y tendre.

Ils sont appelés à imiter notre Seigneur Jésus Christ et à agir en envisageant son testament d’amour. « Je vous soulagerai » dit le Vrai Pasteur (Mt, 11 :28). Le premier souci des pasteurs de l’Eglise du Christ, des supérieurs des monastères est de manifester de l’amour et de la compréhension, de faire tout le possible pour que la paix et la confiance mutuelle s’établissent dans l’Eglise, que les frères sentent un véritable souci pastoral et ne craignent pas leurs supérieurs quand il les menacent de sanctions se fondant uniquement sur le principe hiérarchique. Il est important de savoir écouter, de faire confiance et de développer la tolérance et le respect des uns envers les autres indépendamment des fonctions occupées. Chacun de nous est un être humain avec les faiblesses inhérentes à notre nature.

Je voudrais remercier tous les participants à cette discussion d’avoir mis en évidence des problèmes spirituels et pratiques dans la vie de nos communautés monastiques ainsi que d’avoir attiré notre attention sur la non-conformité à la tradition canonique ou théologique de certaines choses présentes dans ce projet. Plusieurs articles ont paru qui traitent de tel ou tel aspect du droit canonique. C’est que la préparation du « Règlement » n’est pas que l’élaboration d’un simple document formel, mais une véritable définition des principes essentiels d’organisation de la vie monastique, une nouvelle interprétation et une nouvelle étape du développement du monachisme russe. Ainsi ce projet doit aboutir à un résultat qui tienne compte d’une nouvelle interprétation des nombreuses traditions et coutumes qui, l’expérience le montre, ne sont plus d’actualité ou même font du tort en exigeant donc des corrections sur des fondements patristiques traditionnels.

Dans cet article, nous voudrions brièvement rappeler quelques aspects négatifs dans la vie pratique de nos monastères :

1. De la fin du XIX au début du XX siècle, on a vu la vie monastique tomber en décadence. Pendant la période soviétique, la tradition a souffert à un tel point que l’expérience ascétique ne se maintenait plus que dans les livres.
2. Dans les années 90 du XXe siècle, une énorme croissance du nombre de monastères et de moines n’a apporté, en principe, qu’un niveau spirituel très bas.
3. L’absence de l’unité du pouvoir spirituel et administratif en la personne du supérieur du monastère (l’higoumène) et du confesseur (le père spirituel).
4. Les évêques qui assument la charge de supérieur du monastère, n’ont souvent pas l’attention et le temps ainsi que l’expérience monastique indispensables pour diriger la communauté comme il se doit.
5. Certains higoumènes n’ont pas assez d’expérience monastique, ayant peu connu la tradition et la doctrine patristique. Eloignés des frères, ils vivent à part en consacrant la plupart de leur temps plus à l’organisation extérieure visible du monastère qu’à sa vie spirituelle. Ils dirigent le monastère par des directives administratives et non dans un esprit évangélique. Souvent ils n’ont pas de sollicitude paternelle.
6. La notion de communauté monastique est disparue : dans les monastères du type de vie commune, les frères, sous le même toit et avec des repas communs, vivent séparément.
7. La compréhension de l’importance de la vie au sein de la communauté monastique qui est l’idéal évangélique de la vie selon l’exemple du Christ et ses disciples.
8. Les connaissances des jeunes frères sur la vie monastique et la vie chrétienne, sur la doctrine ecclésiologique sont parfois imprécises, superficielles, non conformes à la doctrine des saints pères.
9. La vertu monastique d’obéissance est souvent comprise d’une manière injuste. Les frères font confiance à la raison et à leurs connaissances bien qu’ils ne fassent pas abnégation de leur propre volonté. D’autre part, « l’obéissance absolue » exigée par les supérieurs est également une altération et, au lieu d’un épanouissement spirituel, mène au développement de différents vices tels que la flatterie, la complaisance, l’hypocrisie.
10. L’absence d’un règlement monastique ou l’utilisation de la Règle de la Laure Saint Serge et de la Sainte Trinité, élaborée en 1980, à l’époque où la vie monastique était limitée et contrôlée .
11. L’absence des règles canoniques et juridiques de la vie monastique, ce qui permet aux supérieurs d’abuser de leur pouvoir et, si c’est le cas, les moines restent sans protection devant leur arbitraire.
12. La transformation du monastère en « une institution sociale », « une organisation missionnaire », « un centre de pèlerinage » etc. transgressant l’idée principale de la vie monastique comme une vie dans la solitude, profondément différente d’une vie dans le monde.

Ce n’est qu’une partie des problèmes dont la solution doit être trouvée SUITE.....

Résultats de notre sondage sur la réaction des parents face à la vocation religieuse de leurs enfants

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 25 Novembre 2014 à 23:29 | 0 commentaire | Permalien



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