Mgr Hilarion: "Notre mission dans le monde"
Le site « Patriarchia.ru » a publié une interview importante et programmatique de Mgr Hilarion, président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, à l’hebdomadaire russe « Expert » (« Эксперт»).

Cette publication est intitulée « Notre mission dans le monde ». Les sujets traités sont nombreux:le bilan des premiers cent jours du patriarcat de l’ex-métropolite Cyrille. Le patriarche, conscient de la nécessité d’établir des passerelles entre l’Eglise et « la société civile », tient à simplifier le cheminement vers l'évangélisation parachevée du néophyte qui franchit pour la première fois le seuil d’une église et se sent souvent rejeté…Il est indispensable de mieux mobiliser les laïcs à la mission.

"L’attitude, encore trop répandue parmi le clergé consistant à croire: 'nous témoignons de la foi chrétienne par notre seule existence' - n’a plus lieu d’être. Si les apôtres avaient eu cette attitude le christianisme se serait éteint au bout de plusieurs générations.

Il convient de faire de sorte à ce que les diplômes des séminaires et des académies de théologie soient reconnus par l’Etat, ceci au risque de voir certains promus ne pas se faire ordonner et revenir dans le monde. Il est préférable de s’appuyer sur l’aide de ces futurs missionnaires que de rejeter d’emblée ceux qui, réflexion faite, renoncent à la prêtrise. Le nouveau patriarche s’appliquera à ce que les séminaires et les académies de théologie soient homologués par l’Etat.

N’idéalisons pas le statut de l’Eglise sous l’ancien régime : une grande partie de la nation s’en était éloignée lors de la révolution et des années qui la suivirent. Dans ses mémoires l’archiprêtre Georges Chavelsky, aumônier des armées et proche de la famille impériale, atteste d’un grand degré de laissez aller au sein de l’Eglise comme dans la société. Il parle de l’abîme qui existait entre les hauts responsables de l’Eglise et le monde tel qu’il était. Il y avait bien sûr beaucoup de facteurs positifs dans l’Eglise et la société avant la révolution. Mais il ne faut en aucun cas envisager un retour à la situation d’avant 1917. Il nous élaborer un nouveau modèle de relations entre l’Eglise et l’Etat qui rendrait impossibles les phénomènes négatifs ayant causé la révolution.

L’Eglise est actuellement séparée de l’Etat, juridiquement comme politiquement. L’Etat ne s’ingère pas dans les affaires de l’Eglise qui, à son tour, ne se mêle pas de politique, ne soutient aucun parti. L’Etat ne risque pas de se « cléricaliser », l’Eglise de devenir étatique. N’oublions pas cependant que c’est l’orthodoxie de tradition russe qui a dans les siècles exercé une influence déterminante sur la personnalité spirituelle de la Russie, pays multiconfessionnel et du peuple russe. Les deux grandes entités que sont l’Eglise et l’Etat poursuivent des objectifs souvent communs : plus de bien-être spirituel et matériel pour nos concitoyens.

Il y a des problèmes qu’il est impossible de résoudre en agissant d’une manière isolée, celui de la situation démographique, par exemple. Nous devons agir d’une manière concertée. L’Eglise orthodoxe est disposée à collaborer dans ce domaine avec les grandes religions traditionnelles.

Question « Expert »: - La récente intervention du patriarche Cyrille consacrée à la victoire de 1945 a suscité des réactions très critiques, y compris dans les milieux proches du pouvoir. Il était reproché au patriarche d’avoir dit que cette victoire relevait du miracle et que les souffrances des années de guerre avaient pour cause l’apostasie de 1917. Le patriarche est également critiqué pour avoir « sous-estimé » le rôle de Staline, celui des communistes. Comment réagissez-vous à ces critiques ?

Mgr Hilarion : - Je réfute ces assertions et, plus, je suis disposé à devenir moi-même la cible de ces critiques en vous faisant part de ma propre évaluation de Staline. J’estime que Staline était un monstre, un nabot spirituel, qu’il a mis en place un abominable système anti humain fondé sur le mensonge, la violence et la terreur. Il est l’instigateur du génocide des peuples du pays, il assume la responsabilité de l’extermination de nombreux millions d’innocents. Staline est en cela similaire à Hitler. Tous deux ont causé par leurs crimes tant de malheurs qu’aucun succès militaire ou politique ne saurait les justifier. Rien ne différencie Buchenwald du « polygone » de Boutovo (lieu dans les environs de Moscou où furent exécutés près de 150.000 personnes). Aucune différence entre le Goulag et les camps d’extermination nazis ! Les victimes de la terreur stalinienne ne sont pas moins nombreuses que celles de la Deuxième guerre.

La victoire de 1945 relève, en effet, du miracle car Staline s’était appliqué avant le début de la guerre à mettre le pays à bas. Il a fait fusiller tous les responsables de l’armée. A la suite de la terreur notre pays, naguère puissant, s’est trouvé dans une situation de survie. Le recensement de 1937 a mis en évidence la disparition de dizaines de millions d’habitants. Qu’étaient-ils devenus ? Ils avaient été exterminés par Staline. C’est exsangue que le pays est entré dans la guerre. Malgré cette monstrueuse campagne de répression le peuple a montré des prodiges d’héroïsme. Comment ne pas constater à un miracle ? Cette victoire appartient au peuple. Ce peuple qui a manifesté une fantastique volonté de résistance. Le miracle de cette victoire est celui force spirituelle de notre peuple. Ni Staline, ni Hitler n’en n’ont eu raison.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 26 Juin 2009 à 17:24 | 19 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Nikita Krivochéine le 27/06/2009 15:10
Voila (je ne me laisse pas dire "enfin!") une prise de position véridique et claire quant au "miracle" de 1943 - l'audience accordée par Staline à trois métropolites et la liberté d'action partiellement restituée à l'Église. C'était inévitable pour la survie du régime, le peuple russe était avant 1943 plus qu'hésitant à périr pour Staline... Depuis longtemps il m'était évident que la guerre a eu des effets Providentiels non voulus par les frères siamois Reich-URSS. Le miraculeux salut de l'Eglise en est un.
D'autre part, admirable analyse des relations Eglise-État telles qu'elles doivent être en 2009.

Mais la main droite ignore ce que fait la main gauche. Les sacrifices à la paix civile ont leurs limites. Quand je lis (voir lien plus haut) que l'archiprêtre Vsevolod Chapilne congratule le camarade Ziouganov à l'occasion de ses 65 ans et se réjouit de la bonne collaboration entre le patriarcat et le PC j'en reste stupéfait. A mon goût une pénitence de 1.500 génuflexions et deux pélérinages pédestres Moscou-Opina aller-retour seraient une toute petite chance d'expier la jeunesse de cet apparatchik hypocrite.

2.Posté par marie genko le 27/06/2009 23:46
Monseigneur Hilarion sait utiliser les mots les plus justes et la façon dont il fustige le petit père des peuples est tout à fait salutaire pour les oreilles paresseuses des admirateurs de la Russie soviétique!
Que l'archiprêtre Vsevolod congratule Ziouganov c'est évidemment totalement affligeant, car certaines "politesses" sont parfaitement déplacées!
@ Nikita, Ta sanction de 1500 génuflexions pour Ziouganov me bluffe totalement!
Est-ce un nouvel usage chez nous d'infliger des pénitences???
Je croyais que c'était un usage exclusivement latin?

3.Posté par wormwood le 28/06/2009 18:29
1) Contrairement à ce que déclare Mgr Hilarion, ce n'est pas Staline qui "a mis en place un abominable système anti humain fondé sur le mensonge, la violence et la terreur." C'est Lénine, comme l'a bien montré A. Soljénitsyne. Pur produit du système existant, Staline l'a perfectionné et obtenu de lui un rendement maximum.
2) Une remarque en passant (au risque de mal me faire comprendre) : S'il est juste de vilipender les actions, il ne nous appartient pas de juger les personnes. Le jugement de la taille spirituelle des uns et des autres appartient à Dieu et personne ne doit prendre sa place. S'il y a un nabot spirituel, c'est moi.
3) En revanche, j'ai apprécié la distance que Mgr Hilarion prend avec le mythe d'une sainte Russie pré-existante à la Révolution. Certes, les pauvres (avec quelques rares intellectuels) se pressaient à Optino Pustyn et dans les monastères où les startsy s'employaient à préparer le peuple à la catastrophe imminente mais, pendant ce temps, la haute société, tout en se prétendant orthodoxe, s'abandonnait à ses licences. Les ouvriers et les moujiks en faisaient les frais, subissant de plein fouet la morgue, l’incompétence satisfaite et l’enflure (quand ce n'étaie pas les coups) de ceux qui se croyaient d'une essence supérieure. Curieusement, la haute société russe, une fois émigrée, redécouvrit cette identité orthodoxe qu'elle méprisait auparavant et dont elle ignorait le contenu vivant. Malheureusement cette quête ne fut fructueuse que pour un petit nombre déjà sensibilisé à la tradition spirituelle. Pendant que la bibliothèque du monastère d’Optino était dispersée chez les bouquinistes parisiens, on vaticinait à Saint Serge pour réinventer en France, sur le mode académique, une orthodoxie qui se caractérisait moins par l'originalité de sa richesse spirituelle intrinsèque que par les traits spécifiques que lui imprimait sa double et fluctuante opposition au catholicisme et au protestantisme.
Ce que dit Mgr Hilarion sur le réveil nécessaire de la vie de foi en Russie, vaut aussi pour nous en Occident : la participation à la divine Liturgie et aux sacrements n'ont de sens que dans le cadre d'une vie chrétienne comprenant à la fois un effort de conversion spirituelle personnelle, une action pastorale missionnaire auprès de tout homme, une activité caritative efficace. En outre, une question spécifique se pose à nous de façon cruelle, celle du monachisme voulu pour lui-même (et non comme ascenseur vers l'épiscopat), monachisme que l'on a décrié dans les milieux russes occidentaux depuis des décennies et que les jeunes orthodoxes de nos régions n'envisagent même plus.
4) @ Nikita : Vous seriez un higoumène sévère. Le P. Vsévolod Chaplin, comme la plupart de ses confrères du sérail est entouré de gens qui lui baisent les pieds du matin au soir, il vit dans le confort, ne manque apparemment de rien et jouit de l'exercice de son pouvoir (toutes choses qui altèrent le jugement). Comment voulez-vous qu'il ne dise (fasse) jamais de sottises ?

4.Posté par wormwood le 29/06/2009 20:15
@ Marie. La pénitence (épitimie) est une partie constitutive du sacrement de la confession orthodoxe (On voit ainsi Macaire d'Alexandrie imposer à un prêtre licencieux de ne plus célébrer la Liturgie). Mais c'est aussi l'un des moyens d'action d'un supérieur de monastère ou d'un prêtre responsable de communauté. La pratique est donc la même que celle des latins, elle est seulement comprise de façon différente. L'épitimie orthodoxe est d'abord médicinale : elle est destinée à faire prendre conscience au pénitent de la gravité de son péché et à lui permettre d'exprimer en acte à Dieu son repentir, tout en étant pénétré de l'action de grâce propre au pécheur pardonné.
Mais dans certaines circonstances cette épitimie, sous la forme d'une métanie, est le moyen qu'un frère s'impose à lui-même pour solliciter le pardon d'un autre frère qu'il a offensé, ou avec lequel il se trouve en désaccord. Les saints Pères exhortent d'ailleurs à faire ce geste le premier, que l'on ait raison ou que l'on ait tort.
Les remarques qui précèdent ne sont pas purement anecdotiques : Que chacun apprécie à la mesure de son discernement l'apophtegme suivant :
"Un Ancien a dit : “L’humilité est plus forte que toute puissance.” Et il a raconté ceci : “Deux évêques étaient voisins. Un jour, il se produisit entre eux une querelle. L’un était riche et puissant, l’autre était humble. L’évêque qui avait du pouvoir guettait l’occasion de nuire à l’autre. Ce dernier, l’ayant appris, dit à son clergé : “Allons remporter la victoire par la grâce de Dieu.” Les clercs lui dirent : “Qui peut être plus fort que cet homme ?” L’évêque dit : “Patience, mes enfants, et vous verrez la miséricorde de Dieu.”
Il attendit donc et, lorsque l’autre évêque célébra la festivité des saints Martyrs, il rassembla ses clercs et partit en leur disant : “Venez avec moi. Si vous me voyez faire quelque chose, faites comme moi, vous aussi, et nous remporterons sur lui la victoire.” Ils l’accompagnèrent donc, se disant entre eux : “Que va-t-il donc faire ?” À leur arrivée la prière était en cours et toute la ville était assemblée.
L’évêque humble tomba aux pieds de l’évêque influent avec tout son clergé en disant : “Pardonne-nous, Maître, nous sommes tes serviteurs.” Celui à qui ces mots s’adressaient en fut tout interloqué et, Dieu ayant changé son cœur, il fut touché de componction. Tombant à son tour aux pieds de son visiteur, il déclara : “Tu es mon maître et mon Père !” Et, dès lors, régna entre eux une grande charité.”


5.Posté par Marie Genko le 29/06/2009 20:27
@wormwood
Merci de rappeler que Lénine est la source de tous les maux qui ont sévit en Russie durant 75 années!
A mon tour de demander pitié pour la haute société russe que vous vilipendez en quelques phrases!
Il est de mauvais goût de généraliser, car les imbéciles existent partout, et pas seulement dans la haute société!
Il est un fait assez reconnu que les gens qui ne manquent de rien sont plutôt plus débonnaires que ceux qui sont quotidiennement obligés de lutter pour leur survie!
Je peux vous dire que ce qui m'a frappée dans mon enfance, entourée de toutes ces personnes si merveilleusement bien élevées, c'est justement leur profonde bonté!
Ce qui est dommage, c'est que la légèreté et l'incompétence de nombreux acteurs politiques et militaires aient toujours été mises en avant, dans les commentaires concernant cette malheureuse époque.
On parle rarement du dévouement des femmes de la bonne société qui ouvraient des hôpitaux sur leur propre fonds et venant elles-mêmes soigner les soldats blessés. L'impératrice et ses filles en sont le premier exemple! Franchement, même en relisant "Guerre et Paix" , et Tolstoï n'est pas un tendre avec les siens, dans la bonne société du début du XIXè en Russie vous trouvez assez peu de personnes s'abandonnant comme vous le dites à des licences!
Je peux vous dire qu'un nombre effroyable de jeunes gens de la bonne société ont versé leur sang et donné leur vie pour défendre leurs alliés en 1914!
Et leurs familles n'étaient certainement pas du nombre de ceux qui dansaient encore durant l'hiver 1917!
Pitié aussi pour Saint Serge! Je me sens comme vous un nabot spirituel et je regrette profondément de n'avoir jamais fait d'études de théologie!
Mais même si, comme vous, je suis certaine que les circonstances politiques ont pesé de tout leur poids sur la pensée des étudiants de Saint Serge, comment pouvons-nous, vous et moi, juger de la qualité des théologiens qui ont étudié dans ces murs?
Pardonnez-moi ma franchise, ce sont de petites critiques versus beaucoup d'admiration pour votre clairvoyance.

6.Posté par Natalia ORLINKOV le 29/06/2009 21:44
@wormwood: « Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles étaient devenues amères. » (Apoc 8/10)

7.Posté par wormwood le 30/06/2009 14:13
@ Marie. Je vous remercie de bien vouloir lire et critiquer mes billets nécessairement sommaires et pourtant trop long. Le genre littéraire et mon incompétence imposent de manquer de nuance.
1) Je conviens qu'il s'est trouvé dans la haute société russe d'admirables personnages. Etaient-ils le plus grand nombre ? Si oui, nous devons admettre que le succès de la Révolution n'avait aucune cause historique. J'ai eu moi-même l'occasion de fréquenter en France certains aristocrates russes émigrés qui m'ont édifié par leur humilité chrétienne, leur maîtrise de soi en toute circonstance et leur bonté. Ils étaient peu nombreux. Les autres n'avaient pas ces qualités ... permettez-moi de ne pas insister. Je suis aussi d'accord avec vous sur la nuance qu'il faudrait apporter en ce qui concerne les femmes.
2) Qui a parlé de juger les théologiens de saint Serge ? Je crois n'avoir fait allusion qu'à la théologie que l'on y a concocté sur le modèle académique occidental et sous l'influence de l'idéalisme allemand. Inutile de revenir sur les pénibles événements de la dénonciation des propositions sophianistes du P. S. Boulgakov par V. Lossky. Inutile de revenir sur l'éviction de Saint Serge du P. G. Florovsky, tenant d'un renouveau théologique par la réappropriation de la théologie patristique. On en connaît la conclusion : le P. Florovsky dût partir aux Etats-Unis où il poursuivit une brillante carrière universitaire. Passons sur le passé. Il y a mieux à faire aujourd'hui que de nous attarder sur ces choses déplaisantes révolues.
Mgr Hilarion et l'église russe nous donne un programme : il nous invite à une véritable conversion à la vie spirituelle et à sortir de nos sacristies pour aller dans le monde et témoigner concrètement de l'Evangile en prêchant avec puissance (la puissance de l'Esprit qui touche et convertit les cœurs), en nous mettant, aussi, au service de tout homme souffrant. Je me suis permis d'ajouter un mot à propos du cœur de l'Eglise, la vie monastique, qui, semble-t-il, a disparu de la conscience des jeunes orthodoxes. Si nous prenions au sérieux ce programme, chacun à notre place, les minuscules querelles de chapelles qui nous opposent les uns aux autres seraient bien vite dépassées.
@ Natalia Orlinkova. Vous n'avez que trop raison. Laissez-moi un peu de temps pour trouver le ton juste qui concilie critique fondée et pensée bienveillante. En retournant davantage aux Pères, sans doute ... et en écrivant moins et mieux. Pardonnez-moi.





8.Posté par Nikita Krivochéine le 30/06/2009 14:52
suite du texte envoyé par inadvertance:
le développement très rapide de l'Empire à partir de 1861 et la guerre de 14 qui en sont les causes.
Pardonnez moi de m'être écarté de l'Orthodoxie, propos de ce blog.

9.Posté par Marie Genko le 30/06/2009 23:21
@wormwood,
-Je ne suis pas en mesure d'apprécier la spécificité de la théologie enseignée à Saint Serge!
Aussi, pardonnez-moi de vous avoir critiqué sur ce point, vous êtes probablement infiniment mieux informé que moi!
Il serait d'ailleurs intéressant de savoir en quoi cette théologie de St Serge serait différente de celle enseignée dans d'autres instituts de théologie...?

-Pour moi les causes historiques de la révolution russe sont un enchaînement de circonstances malheureuses et dramatiques, qui ont affaiblit le pouvoir et l'ont rendu incapable de faire front contre les forces révolutionnaires! forces animées par des gens sans scrupule.
Les révolutions sont menées par des penseurs, des idéologues, elles sont rarement des jacqueries spontanées et s'il n'y avait pas eu le désastre de la guerre de 1914, il est possible que cette révolution n'aurait jamais abouti.
Cette révolution est vraiment l'œuvre du démon! Car lui seul a régné durant 75 années, pulvérisant les églises, les prêtres, et surtout l'âme de tout un peuple!

-Nous convertir et Témoigner autour de nous...
C'est le programme de toute une vie!
Là où le Seigneur voudra nous guider, là nous irons et nous défendrons son Église de toute la force de notre amour pour Elle.

10.Posté par Xénia Krivochéine le 30/06/2009 23:31
Интересный анализ:

Деканонизация Сталина.
Проповедь Патриарха Кирилла и интервью архиепископа Илариона показывают: Московская патриархия не собирается во всем подыгрывать кремлевской идеократии

"Антисталинское" интервью нового главы ОВЦС МП архиепископа Волоколамского Илариона (Алфеева) вызвало неоднозначную реакцию "православной общественности". Хотя, казалось бы, никаких Америк архиепископ не открыл. Был Сталин "духовным уродом"? Преследовал ли верующих? Устроил ли геноцид собственного народа? Вопросы, разумеется, чисто риторические. Не один, конечно, кремлевский горец виноват в ужасах сталинизма, но на нем лежит личная ответственность за сломанные судьбы миллионов.

В Церковь после "перестройки" пришло немало бывших коммунистов, принёсших дух века сего в церковную ограду, так и не преодолев в себе "египетское рабство". Они до сих пор боятся правды. Этим и объясняется истерика части православных верующих, проявившаяся после "скандальных" слов архиепископа – между прочим, особо приближенного и доверенного лица Патриарха Кирилла. Но Церковь не может ради страхов и иллюзий этих верующих отказаться от Новомучеников и их духовного (и, в том числе, идейного) наследия, потому что она утверждается на их крови.

Беда в другом: об этом вспоминают только от случая к случаю. Во время, скажем, посещения Патриархом Московским и всея Руси Кириллом (Гундяевым) Бутовского полигона. А в текущей жизни память о святых почти отсутствует. Даже в местах их страданий. К примеру, на Соловках относительно недавно во время ремонтных работ были уничтожены граффити приговоренных к смерти репрессированных…

"Задумался Анзер, и Муксулма тоже
В брусничном пространстве теряет свой взор.
Ушел от меня ты с земных бездорожий
От горького подвига в Божий Собор".

Эти строчки неизвестного иподьякона на смерть святителя Илариона (Троицкого) почему-то вдруг всплыли по ассоциации.

Проблема исторической памяти остро стоит перед общественным сознанием, но ещё острее она стоит внутри Церкви. Похоже, приходит время написания нового "Архипелага ГУЛАГа". Это может быть коллективная монография. Необходимо осмыслить весь, в том числе и литургический, опыт святости за решеткой и колючей проволокой в ХХ столетии. Причем именно в церковном контексте, без оглядки на то, какие политические силы могут извлечь выгоду из такого открытого разговора. Без Правды всё равно ситуация не выправляется. И без детской простоты – тоже.

Недавно автор этих строк столкнулся с любопытной записью уполномоченного Совета по делам Русской Православной Церкви в Тамбове. Рапортуя о проделанной работе, тот жалуется на святителя Луку (Войно-Ясенецкого) и признаётся, что епархиальный секретарь избавляет чиновника "от многих неприятных и тяжелых разговоров с архиепископом Лукой, если иметь в виду многие его особенности и странности, а порой детскую наивность" (ГАРФ, ф. 6991, оп. 1, № 41, л. 93).

В страшное время святитель буквально исполнял заповедь "Будьте как дети". И одновременно другую заповедь – "Не будьте детьми умом". Как нам сегодня не хватает такого человека в высшем церковном руководстве!

Слова архиепископа Волоколамского Илариона были восприняты так болезненно, возможно, ещё и потому, что их произнес человек, явно не обладающий "детской наивностью" святителя Луки. Но как бы там ни было, Церковь не может вслед за властями вступать в узкий коридор "советизации" исторической памяти, и какое-то своё пространство восприятия прошлого ей просто жизненно необходимо.

Особенно в контексте недавно подписанного президентом распоряжения об усилении борьбы с фальсификацией отечественной истории. На первый взгляд, это распоряжение имеет внешнего адресата – страны Балтии и Украину, но фактически направлено оно против отечественной исторической науки. Многие советские мифы и мифологемы получают, таким образом, государственную подпитку. Однако кампания против "фальсификаторов" может ударить и по Церкви. Как, к примеру, церковно писать о Псковской миссии, не боясь быть обвиненным в "искажении" партизанской борьбы? Как говорить о репрессиях и уничтожениях памятников культуры советскими войсками (взорвали, например, ничтоже сумняшеся, колокольню Иосифо-Волоцкого монастыря), не боясь быть обвиненным в очернении героического прошлого?

В этой связи важна оценка Патриархом Кириллом Второй мировой войны для России, продолжением чего в известном смысле и стало интервью архиепископа Илариона. Кирилл озвучил перед широкой аудиторией мысль о том, что жертвы, понесенные во время Великой Отечественной войны, стали прямым следствием богоотступничества русского народа. Эта мысль, к слову, не нова, и часто звучала в религиозном подполье в семидесятые годы. И не беда, что она не стала поводом для широкой полемики в российских СМИ. Важно, что она четко обозначает вилку между церковной и официозной историографией.

Эти слова предстоятеля РПЦ МП посылают власти сигнал, что Московская патриархия не станет в исторических дискуссиях во всем подыгрывать Кремлю. Интервью главы ОВЦС МП лишь подтверждает это ощущение.

Борис Колымагин,
для "Портала-Credo.Ru"

11.Posté par vladimir le 01/07/2009 17:44
Merci Xenia. Ce commentaire mérite une traduction, car il met tous les points sur les i de ce débat concernant la position de l'Église.

Le point annexe des félicitations au président du Parti communiste par le président du Département des relations avec la Société de l'Église orthodoxe russe appelle quelques remarques:
- Il fait cela dans l'exercice de ses fonctions et engage donc consciemment l'Église (les remarques sur l'épitimie, très intéressantes en soi /merci wormwood/, sont donc ici complémentaire déplacées!).
- Le PC représente, aux dernières élections, prés de 15% des citoyens russes. L'Église peut elle les considérer tous anathèmes par principe? Nous avons vus que 20 à 30% d'entre eux, dont M. Ziouganov (?), sont des croyants orthodoxes: l'Église doit elle leur imposer de changer leur vote? Ne s'agit-il pas au contraire de ces croyants dont l'Église doit s'occuper en priorité d'après le Patriarche?
- Enfin, la réaction de Nikita me parait ressortir d'un oubli total des règles d'amour chrétiennes: aimer ses ennemis n'est-ce pas la plus spécifique des lois chrétiennes? Et le Bon Pasteur n'est-ce pas Celui qui laisse ses 99 bonnes brebis pour s'occuper de celle qui s'est égarée?

12.Posté par wormwood le 01/07/2009 21:02
@Vladimir.
1) Merci pour votre bonne appréciation. Mes remarques sur l'épitimie ne concernaient pas directement le sujet de ce débat mais répondaient à une question de Marie Genko qui demandait : 'Est-ce un nouvel usage chez nous d'infliger des pénitences??? Je croyais que c'était un usage exclusivement latin?' J'ai été un peu surpris par le fait qu'une personne de la qualité de Marie (qui doit certainement se confesser comme tout chrétien pieux et orthodoxe) se pose ce genre de question, et il m'a semblé utile de lui répondre.
2) D'autre part, je ne comprends pas très bien comment on peut à la fois confesser la Trinité sainte et adhérer au Communisme qui, si je ne me trompe pas, est un matérialisme historique dialectique athée. Un matérialisme dans lequel l'athéisme n'est pas une matière à option, mais le fondement de tout le reste de la théorie.
Vous demandez : 'l'Église doit-elle leur imposer de changer leur vote?' J'entends par là : 'changer leur manière de juger et de penser'. Ma réponse est celle-ci : 'Si les gens dont vous parlez sont des chrétiens orthodoxes qui militent dans le monde pour contrecarrer les menées contre-révolutionnaires des forces réactionnaires religieuses qui vaporisent l'opium de leur idéologie sur les masses laborieuses, alors l'Eglise à le devoir strict, non de les caresser dans le sens du poil, mais de les mettre, avec une paternelle fermeté, devant leur incohérence. Le rôle de l'Eglise consiste à dire avec amour la vérité, car c'est la vérité qui rend libre.
3) Quant à Nikita, le nombre des 1500 métanies et les deux pélerinages (que, pour ma part, j'aurais imposé à ce prêtre progressiste de faire à reculons) montraient bien dans quel genre littéraire il se situait. Inutile de l'interpeller sur une charité dont vous n'avez pas le monopole.

13.Posté par vladimir le 04/07/2009 23:32
@wormwood
1/ J'apprécie beaucoup la précision de vos commentaires pour tout ce qui concerne la doctrine orthodoxe. Je dois vous avouer que, comme Marie, j'avais complètement perdu de vue l'épitimie et son coté 'médication de l'âme'; cela n'est pas (plus?) tellement pratiqué chez nous, alors que les pénitences catholiques, avec leurs 'Paters' et 'Ave Maria', sont courants ... tout au moins dans la littérature! Donc merci pour ces précisions, et c'est bien le rôle des forums que de laisser partir les discussions dans les directions qui intéressent les participants. Vos remarques sur la théologie de Saint Serge sont 'alléchantes', mais je comprends qu'il faudrait un forum spécial pour ne débattre que... des débats théologiques que vous suggérez (la seule sophiologie mérite un détours, rien que pour la façon dont le P. Alexandre Schmemann l'exécute dans son journal!)
2/ Vous 'ne comprenez pas très bien comment on peut à la fois confesser la Trinité sainte et adhérer au Communisme qui, si je ne me trompe pas, est un matérialisme historique dialectique athée'. C'est que vous avez une approche cartésienne occidentale qui n'a rien à voir avec la façon de penser des Russes. Comme je l'exposais dans le fil consacré à ce thème, les Russes ne voient aucune nécessité à considérer leur appartenance religieuse ou politique comme totale. Oui, ils peuvent être croyants et orthodoxes tout en pensant que le communisme a aussi de bon cotés qu'il faut conserver. Et ils peuvent se considérer comme communistes sans adhérer au matérialisme historique dialectique athée (le communisme en Russie va bien au delà de ses fondements théoriques et, quand vous lisez Ziouganov, vous constatez que l'athéisme a totalement disparu de ses discours...). Des paradoxes de ce genre sont typique de la pensée russe, voyez Dostoïevski et son exposé sur 'les larmes de l'enfant' dans 'Les frères Karamazov', et si vous ne l'acceptez pas vous ne pouvez comprendre les Russes...
4/ Vous m'avez mal compris sur le rôle de l'Église dans ce cas: en lisant Mgr Hillarion, comme aussi Sa Sainteté Cyrille(1), vous constatez la force avec laquelle l'Église orthodoxe russe se refuse à toute prise de position politique. Hors qu'est-ce que l'appartenance à un parti sinon une prise de position politique? Logique dans sa démarche, l'Église ne se mêle donc pas d'en juger. Par contre elle va aller à la rencontre de ces citoyens là aussi pour 'établir des passerelles entre l’Eglise et « la société civile »' comme le mettent en avant aussi bien Mgr Hilarion , dans cette interview, que Sa Sainteté Cyrille dans ses livres et nombre de ses dernières interventions. Il est en effet bien claire que c'est là, dans cette distanciation entre trop de fidèles et l'Église, que se trouve l'un des défis majeurs de l'Église orthodoxe russe aujourd'hui (et Mgr Hilarion a raison de rappeler que ce problème existait aussi avant la révolution... et y a probablement contribué! Mais c'est là encore un autre débat!)
3/ Je persiste à considérer la remarque de Nikita hors propos: de quoi peut-on punir (ou vouloir guérir, pour rester dans le sens orthodoxe de la pénitence) un clerc qui remplit la mission que lui a confié son supérieur, le patriarche en l'espèce?

Note (1) En particulier avant son élection patriarcale, aussi bien dans 'Les fondements des la doctrine sociale' que dans 'L'Évangile et la liberté'.

14.Posté par wormwood le 05/07/2009 18:25
@ Vladimir.
1) Vous écrivez : "Les Russes ne voient aucune nécessité à considérer leur appartenance religieuse ou politique comme totale."
Pour la politique, je ne sais pas, mais pour ce que je sais de la religion, voici ce que je puis dire : Depuis la révélation à Moïse dans l'Ancien Testament, notre Dieu s'est manifesté comme le Dieu unique avec cette autre nom : "Jaloux." C'est dire qu'il ne tolère pas que l'on adore un autre dieu que Lui (Ex. 34,14.) La suite de l'Histoire Sainte, et surtout l'Evangile, montre que cette jalousie divine exige du croyant non seulement la foi, mais une foi totale, entière. La question n'est pas de savoir si l'on croit ou pas en Dieu, mais si l'on ne croit qu'en Lui, sans fonder d'espérance sur quelqu'un ou quelque chose d'autre que Lui : "Alors Jésus lui dit: "Retire-toi, Satan! Car il est écrit: C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte." Mt. 4,10). Pour faire court, disons que les premiers chrétiens ont tellement pris au sérieux ce radicalisme évangélique qu'ils se sont dépouillés non seulement de leur esprit mondain, mais aussi de leurs biens pour vivre en frères dans la familiarité du Seigneur opérée en eux et entre eux par l'Esprit-Saint. C'est ce radicalisme évangélique qui les a portés à subir dans une joie spirituelle ineffable un martyr qu'ils auraient fort bien pu éviter si l'exigence inspirée par leur foi avait été un peu plus flexible. Les moines ont pris leur suite par leur ascèse résolue. Vous connaissez d'autres exemples que l'on trouve dans l'Histoire : Quelle heureuse fin aurait connu le métropolite Philippe si son appartenance religieuse et sa détermination à se comporter en disciple du Christ n'avait pas été totale.
L'absolutisme de la foi est donc constitutif de l'identité chrétienne. Par "foi" j'entends la foi traditionnelle reçue des apôtres, transmise par les saints pères, et enseignée aujourd'hui dans l'Eglise orthodoxe. Je ne parle pas de cet ensemble de croyances que chacun se concocte, dans son ignorance, et qui a pour caractéristique de n'être en aucune manière dérangeant : on croit croire. Vous en avez un exemple lorsque M. Ziouganov déclare que Communisme et Christianisme ont un même but : le bonheur de l'humanité, ce qui est une monstruosité théologique. La bonne Nouvelle, comme le propos ecclésial n'est pas le bonheur, c'est le Salut et la Béatitude. Et si vous relisez les Béatitudes (Mt. 5) vous verrez qu'elles sont loin de définir pour le croyant les conditions qu'un communiste pourrait considérer comme celles du bonheur.
Le cartésianisme occidental opposé à un relativisme russe n'a rien à faire là-dedans. Le Christ lui-même nous demande que notre oui soit oui et notre non soit non. Tout le reste venant du Mauvais.
2) Cela étant dit, je comprends que l'Eglise russe (qui, comme toutes les églises, a pour mission d'annoncer à tous l'Evangile) a une tâche particulièrement ardue. Elle doit servir tout homme pour l'aider à purifier sa foi et à la traduire en actes. Là, nous ne sommes plus dans la théologie mais dans la pastorale. M. Ziouganov et ses semblables devraient peut-être se voir invités à lire l'ouvrage du Patriarche Cyrille sur la doctrine sociale de l'Eglise orthodoxe, ce qui pourrait leur donner des points de repère pour quitter une idéologie dont 80 millions de russes ont apprécié les vertus et adhérer à une doctrine cohérente avec la foi qu'ils pensent avoir. Je comprends ce que cette entreprise pastorale a de difficile et de risqué.
Je me hasarde à penser que, éduqués par des siècles d'autocratie et par un siècle de dictature sanglante, nombre de russes ont adhéré à l'Eglise comme ils avaient adhéré au Parti. Or, si dans celui-ci la discipline de pensée, l'éradication de tout esprit critique, l'adoration du Chef, la suspicion et la dissimulation étaient de rigueur, il en va autrement dans l'Eglise du Christ qui est une école exigeante de liberté et de transparence, un lieu où toutes nos puissances d'intelligence, de volonté, de mémoire sont purifiées, un lieu où tout notre être est à nouveau engendré par le baptême, les sacrements et le combat spirituel afin que nous adhérions de toute notre plénitude à toute la plénidude de Dieu.

Voilà cher Vladimir, ma réaction à votre dernier billet. Le xylophage que je suis change un peu de régime et va goûter durant quelques jours des essences plus méditerranéennes. Je n'aurais pas le plaisir de vous lire durant ce temps.

15.Posté par Marie Genko le 05/07/2009 22:38
Merci pour tous ces commentaires qui soulèvent vraiment des questions fondamentales.
Pour ma part, je suis un peu effrayée par l'obligation d'appliquer à la lettre la compréhension des textes de l'Ancien testament concernant le Dieu Jaloux. Il me semble que justement, la Bonne Nouvelle est que notre Créateur nous a suffisamment aimé pour donner Sa vie pour nous.
Combien d'entre nous sont capables de Sainteté? Serons nous tous damnés pour autant?
Notre Seigneur n'est-il pas justement venu sur terre pour sauver les pécheurs? Dont je suis la première.
Alors, un peu de patience et d'indulgence pour ce malheureux peuple russe, s'il vous plait, Wormwood! Je trouve pour ma part absolument merveilleux qu'il ait retrouvé le chemin de ses églises.
Merci, Vladimir, pour vos remarques concernant Saint Serge. Moi aussi j'aimerais beaucoup savoir en quoi la théologie de Saint Serge aurait sa propre spécificité.

16.Posté par vladimir le 05/07/2009 22:40
Je trouve tout à fait remarquable ce commentaire de wormwood, tant par l'explication de l'exigence chrétienne que par celle de la pastorale et de l'économie qu'elle implique. Je trouve particulièrement importante l'affirmation 'La bonne Nouvelle, comme le propos ecclésial n'est pas le bonheur, c'est le Salut et la Béatitude' (et j'ajouterais l'annonce du Règne dès maintenant), qui va tellement à l'encontre de la Pensée Dominante, y compris parmi les personnes qui se croient religieuses, comme wormwood le développe plus loin. Cela n'empêche nullement notre foi d'être joyeuse, comme l'écrit en particulier P. Alexandre Schmemann à chaque page de son Journal, et pour moi, c'est cette confusion en recherche Bonne nouvelle et recherche du bonheur ici bas qui a amené les errances des Chrétiens occidentaux.

Pour revenir au début du débat et aux félicitations officielles de l'Église au patron du PC russe, c'est bien évidement dans l'optique d'économie pastorale qu'elles se placent, dans cette 'nécessité d’établir des passerelles entre l’Eglise et « la société civile »' dont la hiérarchie de l'Église orthodoxe russe a parfaitement conscience.

Mais pour la stricte acribie de l'exigence chrétienne exposée au premier paragraphe, pouvons nous nous vanter d'en être de si bons exemples? Lequel d'entre nous peut jeter la première pierre aux Orthodoxes russes qui soutiennent Ziouganov? Alors comment condamner les congratulations du P.Vsevolod Chapline exprimées au nom de l'Eglise orthodoxe russe dans l'exercice de ses fonctions pastorales?

17.Posté par vladimir le 03/08/2009 13:40
Il me semble essentiel de revenir sur la condamnation de plus en plus claire des crimes du bolchevisme par l'Église russe: si c'est Mgr Hilarion qui est allé le plus loin, en particulier dans l'article ci-dessus, le patriarche n'est pas en reste (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-pelerinage-du-patriarche-en-Ukraine-pasteur-et-diplomate_a327.html?com#com_910613).

Ceci est d'autant plus important que les forces opposées restent très puissantes, comme le montre l'article ci-dessous. Cet article est très juste sur les faits, mais je n'en partage pas toutes les conclusions: tout comme le patriarche, Konstantin Kossatchev considère les deux régimes comme monstrueux, même si ensuite ils vont chercher des nuances dans la monstruosité. De même le vote pour Staline était à l'évidence un truc du jeu: plusieurs millions de votes sont arrivés le même jour... etc. Je pense en fait, comme disent les Russes 'que la glace a bougé', et l'action de l'Église y est pour beaucoup!

Le Courrier de Russie 23 Juillet 2009 http://www.lecourrierderussie.ru/fr/magazine/?artId=4765
Même combat ?

Les militants communistes ont manifesté hier à Moscou près des ambassades de Pologne, de Lituanie et de Slovénie contre la résolution de l’OSCE condamnant, au même titre, les régimes soviétique et national-socialiste. Le document, signé à Vilnius le 2 juillet, appelle notamment à faire du 23 août – date de la signature du pacte germano-soviétique en 1939 – une journée internationale du souvenir à la mémoire des victimes du stalinisme et du nazisme.

En mai, le président Medvedev lançait la création d’une organisation de « lutte contre la falsification historique » qui visait à défendre la Russie contre certains de ses voisins européens « malveillants », tentant de réécrire l’histoire et de minimiser le rôle de l’Union Soviétique dans la lutte contre le fascisme.

La Russie soviétique elle-même, en 1956, lors du fameux XXè Congrès du PCUS, dénonçait déjà les crimes de Staline. Mais ce qui chatouille – et grattouille – aujourd’hui, dans les cercles politiques russes, c’est bien le fait de comparer l’Union Soviétique et l’Allemagne nazie. Konstantin Kossatchev, président de la Douma, a expliqué au correspondant du quotidien Vremia Novosteï que « pas une personne sensée ne s’oppose aujourd’hui à l’idée de juger le nazisme et le stalinisme. Mais l’essence de la résolution de l’OSCE consiste bien à placer les deux régimes sur un pied d’égalité, et là, je m’inscris en faux. Il existe, entre les deux systèmes, une différence de principe fondamentale. Les fascistes voulaient le bonheur de leur peuple au prix de la vie de tous les autres, alors que nos communistes voulaient le bonheur de l’humanité entière, au détriment, en premier lieu, du peuple russe lui-même. » Vremia Novosteï précise que, concernant les méthodes utilisées pour atteindre leurs buts respectifs, le Président de la Douma n’a pourtant pas été capable de citer une seule différence significative.

Le président du Parlement estime encore que ce sont les pays baltes qui ont, avant tout, intérêt à effectuer cette comparaison, parce qu’ « ils n’ont pas la conscience tranquille avec leur propre histoire. On connaît l’attitude et les choix de leurs gouvernements pendant la Seconde Guerre mondiale, et ils en ont honte aujourd’hui. Ils ne sont pas en paix. D’où la nécessité d’élaborer un mythe, décrire une histoire manichéenne, de faire croire qu’ils ont toujours été du bon côté. »

Alexandre Konovalov, président de l’Institut d’analyse et d’évaluations stratégiques, estime pour sa part que les Russes souffrent de ce que, dans l’esprit de la plupart des Européens, « le fascisme a été vaincu sans l’aide de la Russie, ou que sa participation a été minime. Mais c’est pourtant bien notre peuple qui a brisé l’épine dorsale d’Hitler, et ce aux pris de pertes considérables. Je suis d’ailleurs persuadé que le chiffre de 27 millions de victimes est inférieur à la réalité. »

L’expert estime qu’il est nécessaire de lutter contre la fabrication de stéréotypes historiques : « Il faut simplement se souvenir. Ce ne sont pas des résolutions qu’il faut écrire, mais des manuels d’histoire, il faut former des enseignants qualifiés, réaliser des films de haute qualité sur le sujet. On n’arrivera à rien avec de beaux discours politiques. »

Pourtant, la Russie ne semble pas tellement mieux réconciliée avec son propre passé. Si l’on dénonçait allègrement, dans les années 90, les crimes de l’Union Soviétique, le culte de la personnalité ou les goulags, on assiste, avec les années 2000, à ce qui ressemble fort à un retour en arrière. Le politique et le chercheur s’accordent. Pour Konstantin Kossachev : « Nous devons nous occuper de notre propre histoire. Il existe aujourd’hui des tentatives de faire de Staline un héros. Quand nos militants communistes défilent en portant haut son portrait, cela facilite évidemment la tâche de nos adversaires : à l’étranger, les gens ont l’impression que nous ne jugeons pas assez sévèrement la période soviétique. » Alexandre Konovalov ajoute : « Nous ne nous sommes pas repentis. En Allemagne, tout a été fait pour rendre impossible toute association positive au nom d’Hitler. Ici, si le concours « Le Nom de la Russie » s’était déroulé honnêtement, Staline aurait sans aucun doute remporté la première place ! »

Julia Breen

18.Posté par Xenia Krivochéine le 03/08/2009 21:13
Aujourd'hui le 3 août nous commémorons Alexandre Soljenitsyne, rappelé à Dieu il y a un an. Voici ce qu"il disait à propos du nazisme et du communisme dans "L'archipel du Goulag" (t.1, chapitre "Les épaulettes bleues":
"И вот в Западной Германии к 1966 году осуждено ВОСЕМЬДЕСЯТ ШЕСТЬ ТЫСЯЧ преступных нацистовА в Восточной - не слышно, значит перековались, ценят их на государственной службе.
- и мы захлебываемся, мы страниц газетных и радиочасов на это не жалеем, мы и после работы останемся на митинг и проголосуем: МАЛО! И 86 тысяч - мало! и 20 лет - мало! продолжить!
А у нас осудили (по рассказам Военной Коллегии Верхсуда) - около ДЕСЯТИ ЧЕЛОВЕК.

То, что за Одером, за Рейном - это нас печет. А то, что в Подмосковье и под Сочами за зелеными заборами, а то, что убийцы наших мужей и отцов ездят по нашим улицам и мы им дорогу уступаем - это нас не печет, не трогает, это - "старое ворошить".
А между тем, если 86 тысяч западно-германских перевести на нас по пропорции, это было бы для нашей страны ЧЕТВЕРТЬ МИЛЛИОНА!
Но и за четверть столетия мы никого их не нашли, мы никого их не вызвали в суд, мы боимся разбередить их раны. И как символ их всех живет на улице Грановского 3 самодовольный, тупой, до сих пор ни в чем не убедившийся Молотов, весь пропитанный нашей кровью, и благородноо переходит тротуар сесть в длинный широкий автомобиль.

Загадка, которую не нам, современника, разгадать: ДЛЯ ЧЕГО Германии дано наказать своих злодеев, а России - не дано? Что ж за гибельный путь будет у нас, если не дано нам очиститься от этой скверны, гниющей в нашем теле? Чему же сможет Россия научить мир?

В немецких судебных процессах то там, то сям, бывает дивное явление: подсудимый берется за голову, отказывается от защиты и ни о чем не просит больше суд. Он говорит, что череда его преступлений, вызванная и проведенная перед ним вновь, наполняет его отвращением и он не хочет больше жить.

Вот высшее достижение суда: когда порок настолько осужден, что от него отшатывается и преступник.

Страна, которая 86 тысяч раз с помоста судьи осудила порок (и бесповоротно осудила его в литературе и среди молодежи) - год за годом, ступенька за ступенькой очищается от него.

А что делать нам?.. Когда-нибудь наши потомкии назовут несколько наших поколений - поколениями слюнтяев: сперва мы покорно позволяли избивать нас миллионами, потом мы заботливо холили убийц в их благополучной старости.

Что же делать,если великая традиция русского покаяния им непонятна и смешна? что же делать, если животный страх перенестии даже сотую долю того, что они причиняли другим, перевешивает в них всякую наклонность к справедливости? Если жадной охапкой они держатся за урожай благ, взращенный на крови погибших?

Разумеется, те, кто крутил ручку мясорубки, ну хотя бы в 37-м году, уже не молоды, им от 50 до 80 лет, всю лучшую пору свою они прожили безбедно, сытно, в комфорте - и всякое РАВНОЕ возмездие опоздало, уже не может совершиться над ними.

Но пусть мы будем великодушны, мы не будем расстреливать их, мы не будет наливать им соленой водой, обсыпать клопами, взнуздывать в "ласточку", держать на бессонной выстойке по неделе, ни бить их сапогами, ни резиновыми дубинками, не сжимать череп железным кольцом, ни втеснять их в камеру как багаж, чтоб лежали одиин на другом, - ничего из того, что делали они? Но перед страной нашей и перед нашими детьми мы обязаны ВСЕХ РАЗЫСКАТЬ и ВСЕХ СУДИТЬ! Судить уже не столько их, сколько их преступления. Добиться, чтоб каждый из них хотя бы сказал громко:

- Да, я был палач и убийца.

И если б это было произнесено в нашей стране ТОЛЬКО четверть миллииона раз (по пропорции, чтоб не отстать от Западной Германии) - так может быть и хватило бы?

В XX веке нельзя же десятилетиями не различать, что такое подсудное зверство и что такое "старое", которое "не надо ворошить"!

Мы должны осудить публично саму ИДЕЮ расправы одних людей над другими! Молча о пороке, вгоняя его в туловище, чтоб только не выпер наружу, - мы СЕЕМ его, и он еще тысячекратно взойдет в будущем. Не наказывая, даже не порицая злодеев, мы не просто оберегаем их ничтожную старость - мы тем самым из-под новых поколений вырываем всякие основы справедливости. Оттого-то они "равнодушные" и растут, а не из-за "слабости воспитательной работы". Молодые усваивают, что подлость никогда на земле не наказуется, но всегда приносит благополучие.

И неуютно же, и страшно будет в такой стране жить!

19.Posté par vladimir le 04/08/2009 20:30
Message évidemment particulièrement percutant. Je n'ai pas trouvé de traduction numérisée de 'L'Archipel', mais chacun peut relire ce chapitre génial ('Les épaulettes bleues') dans une version imprimée... J'espère qu'il restera bien présent dans la version condensée en 1 volume préparée par Natalia, la veuve de l'écrivain (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-3-aout-2008-Alexandre-Soljenitsyne-etait-rappele-a-Dieu_a329.html).

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