Mgr Hilarion pour "une alliance stratégique" avec Rome
LE MONDE

Stéphanie Le Bars


es intéressés veulent y voir un symbole du rapprochement entre l'Eglise orthodoxe russe et l'Eglise catholique, séparées depuis près de mille ans : le premier séminaire orthodoxe ouvert hors du territoire canonique relevant du patriarcat de Moscou est installé en France dans un ancien couvent catholique d'Epinay-sous-Sénart (Essonne).
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Inauguré samedi 14 novembre par le numéro deux du patriarcat de Moscou, Mgr Hilarion, en présence du cardinal André Vingt-Trois, le président de la Conférence des évêques de France, il formera, à terme, une quarantaine de prêtres orthodoxes ouverts sur le monde universitaire et l'oecuménisme - loin du modèle fermé des séminaires-monastères existant en terres orthodoxes.

Mgr Hilarion, responsable des relations extérieures du patriarcat de Moscou, a profité de son passage en France pour rappeler l'importance qu'il accorde aux relations entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe, en dépit des divergences théologiques profondes - les orthodoxes contestent la primauté et l'infaillibilité du pape -, qui empêchent toute avancée significative vers l'unité. "L'élection de Benoît XVI a relancé les discussions, mises à mal jusqu'au début des années 2000 par le problème des uniates (les catholiques de rite byzantin rattachés à Rome) et le prosélytisme catholique", souligne le jeune évêque de 43 ans, qui a lui même rencontré le pape en septembre. Pour autant, la rencontre historique maintes fois évoquée entre le pape et le nouveau patriarche de Moscou, Mgr Kirill, élu en janvier, ne paraît pas imminente.

En attendant, l'Eglise orthodoxe, confrontée comme l'Eglise catholique à des sociétés en voie de sécularisation, plaide pour "une alliance stratégique" entre les deux traditions chrétiennes. Catholiques et orthodoxes incarnent, aux yeux de Mgr Hilarion, la version "traditionnelle" du christianisme face à des Eglises "libérales", notamment protestantes, avec lesquelles l'orthodoxie ne peut plus guère dialoguer. "Avec les catholiques, nous avons à relever un défi commun pour trouver le chemin d'un christianisme militant, estime Mgr Hilarion. Il nous faut promouvoir les valeurs morales et sociales que nous avons en commun, sur la famille, l'environnement, l'économie...".

Dans ce contexte, l'Eglise orthodoxe russe entend donner "un nouveau souffle à l'évangélisation", mieux "pénétrer la société" et "moderniser son catéchisme ". "Le renouveau de l'Eglise depuis vingt ans ne doit pas nous faire tomber dans l'euphorie", juge encore Mgr Hilarion, qui s'interroge : "Dans vingt ans, qui ira dans les églises que nous ouvrons aujourd'hui ?"

Rédigé par l'équipe rédaction le 14 Novembre 2009 à 16:28 | 0 commentaire | Permalien



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