Mgr Marc (Arndt)  archevêque de Berlin, d'Allemagne et de Grande Bretagne sur les problèmes de la diaspora (I)
Mgr Marc sur les problèmes de la diaspora et "l'esprit de communauté"

L'archevêque de Berlin, d'Allemagne et de Grande Bretagne Marc (Arndt) , de l'Église orthodoxe russe à l'étranger (EORHF – patriarcat de Moscou) est un Allemand d'Allemagne de l'Est. Il a appris le russe à l'école et le maitrise parfaitement ainsi que le slavon, dont il défend ferment l'usage liturgique; il a enseigné le slavon et la littérature russe ancienne à l'Université d'Erlangen (Allemagne).

Converti à l'Orthodoxie durant ses études universitaires, il fut ordonné hiéromoine en 1975 au monastère de Lesna (France) et sacré évêque en 1980. Il fut le premier des évêques de EORHF à entamer le dialogue avec le patriarcat de Moscou dans les années 1990 et participa aux discussions qui se conclurent par la réunification de 2007.

Il est actuellement le premier vice-président du Synode épiscopal de EORHF; il préside actuellement la commission de droit canon de la Conférence interconciliaire de l'Eglise russe.

Bogoslov.ru a publié le compte rendu d'un entretien qui eut lieu le 16 juin 2014 entre le métropolite Marc et le diacre André Psarev, enseignant au séminaire de Jordanville (USA), dont nous vous proposons un premier extrait: le début de sa réponse concernant les problèmes de l'émigration orthodoxe russe.


L'esprit de communauté que nous risquons de perdre

Comme premier problème l'archevêque Marc parle du risque de perte de "l'esprit de communauté": d'après lui cet "esprit de communauté" a été porté par l'émigration et "constitue le fondement de nos paroisses," mais nous risquons de le perdre car il est totalement absent chez les nouveaux arrivants.

"Ils ne le connaissent tout simplement pas," souligne le prélat. "Le pouvoir soviétique, qui condamnait toute initiative personnelle, a connu un franc succès dans la destructions de ces communautés-là. Ceux qui allaient à l'église fréquentaient volontairement des paroisses différentes et ne formaient pas un organisme vivant; ils ne le pouvaient pas – c'était alors impossible, et cela nous revient en boumerang car nous perdons ce sentiment de communauté, de contact communautaire. Il y a des endroits où les paroisses deviennent une sorte de station-service où on vient, on fait le plein et on repart, sans qu'il n'y ait plus cette vie intérieure, spirituelle. Nous devons faire de grands efforts pour ressusciter - ou conserver – notre système communautaire traditionnel. Car sans ce contenu intérieur la vie ecclésiale ne peut se développer correctement."

Puis l'archevêque parle des différences entre les vagues d'émigrations en précisant qu'il a surtout connu ceux qui sont arrivés pendant la deuxième guerre mondiale: "Là, disons, il était clair qu'ils se sont majoritairement ecclésialisés à l'étranger. Et il y a là une espèce de similitude avec la situation actuelle." Et il précise sa pensée: "Dans la première émigration il y avait des gens peu ecclésialisés. Ils se considéraient évidement comme Orthodoxes depuis toujours, ils étaient prêts à mourir pour l'Orthodoxie… mais ils ne pensaient pas, tout compte fait, indispensable d'aller à l'église: une fois par ans était suffisant. Il y avait des représentants de l'aristocratie russe – personnages décrits dans la littérature… C'est la deuxième émigration qui les a "activés". Bien qu'ils aient été beaucoup moins éduqués religieusement, car c'étaient des Soviétiques, la guerre les avaient rassemblés et ils s'étaient rassemblés justement autour de l'Eglise. C'est de cette façon, je pense, que s'est produite une bonne influence, une synthèse."

A suivre: le thème suivant traite de l'absence des jeunes et de la langue liturgique.

Traduction VG.
Mgr Marc (Arndt)  archevêque de Berlin, d'Allemagne et de Grande Bretagne sur les problèmes de la diaspora (I)

Biographie l'archevêque de Mgr Marc (Arndt) de Berlin, d'Allemagne et de Grande Bretagne, de l'Église orthodoxe russe à l'étranger

Lire aussi :
"La civilisation actuelle place les chrétiens devant de nouveaux défis. D’un côté les demandes spirituelles de la société grandissent mais d’un autre côté un témoignage chrétien direct et la défense des valeurs traditionnelles peuvent, dans de nombreux cas, mettre leur auteur en contradiction avec la loi ou provoquer des réactions inadéquates de la part du public.Comment conserver son identité religieuse et, en même temps, ne pas s’engager dans une attitude d’hostilité au monde extérieur ? Conserver la solidité de la foi et, en même temps, ne pas s’éloigner du rythme de la vie actuelle...." P.O. rappelle une importante interview avec Monseigneur Marc traduite par Séraphin Rehbinder

Trentième anniversaire de l’ordination épiscopale de Monseigneur Marc, archevêque de Berlin

Mgr Marc (Arndt) accorde une interview à Interfax

Rédigé par Vladimir Golovanow le 21 Mars 2015 à 08:02 | 2 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: deux thèses particulièrement justes! le 03/10/2014 22:37
Ce texte m'a paru très intéressant par la justesse de ses deux thèses:

1. "L'ESPRIT DE COMMUNAUTE": il est clair que c'est un acquis majeur de nos communautés de la diaspora, qui s'est forgé justement du fait de cet isolement minoritaire où il faut se serrer les coudes pour survivre et garder ses racines et sa culture. Nous devons aussi constater son absence totale parmi les nouveaux arrivants de l'Est qui se comportent en "consommateur de services religieux" contrairement aux anciens, qui ont su maintenir nos paroisses, et aux "convertis" qui s'y emploient avec l'ardeur des néophytes.

2. Sa remarque sur ceux qui "se considèrent comme Orthodoxes depuis toujours mais ne pensent pas, tout compte fait, indispensable d'aller à l'église" … là aussi cela reste totalement vrai et explique la différence entre le nombre d'orthodoxes "déclarés" – 5-600 000, voire plus, et le nombre de ceux que nous voyons aux offices…

2.Posté par L’Archevêque Marc (Arendt): «Nous, chrétiens, ne sommes pas de ce monde. Et nous ne devons pas nous y conformer» le 23/10/2015 11:43
– Monseigneur, vous êtes président de la commission interconciliaire chargée des questions de droit canon. Aujourd’hui chacun aime parler de ses droits, mais on oublie ses obligations. Quelles sont les plus importantes pour nous ?

– Il n’y a qu’une seule obligation : être un chrétien orthodoxe. Chaque jour, et non pas seulement le samedi et le dimanche. A toute heure. Témoigner de sa foi partout durant toute sa vie.

–Qu’est-ce qui caractérise notre époque ? Quels sont les défis auxquels sont confrontés les chrétiens aujourd’hui ?

– Je nommerai tout d’abord les problèmes liés à l’éducation des jeunes. Aujourd’hui, notre vie est largement envahie par un esprit non orthodoxe auquel chaque enfant est confronté dès les premières années de sa vie. L’église et les parents doivent bien sûr protéger les enfants de cela. Mais protéger ne suffit pas, il faut donner quelque chose de positif. Il faut que dès leur plus jeune âge les enfants participent aux sacrements de l’Eglise, afin qu’ils prennent conscience de ce qu’on pourrait appeler leur particularité. Nous, chrétiens, ne sommes pas de ce monde. Et nous ne devons pas nous y conformer. Oui, nous vivons dans ce monde mais nous vivons conformément à nos idées, selon notre règle propre.

Les enfants sont confrontés à l’opposition du monde de façon très aiguë dans le contexte scolaire, surtout en Occident où l’enfant peut-être le seul orthodoxe de sa classe. Il est naturellement contraint à défendre sa position. Or pour cela il doit reconnaître son côté exceptionnel, sa particularité. Il doit savoir qu’un chrétien ne peut se comporter comme tout le monde, penser comme tout le monde, agir comme le font tous ses camarades d’école. Il doit comprendre la valeur de sa foi, savoir qu’il possède quelque chose que d’autres n’ont pas. Car le fait même de communier le place au-dessus du niveau général. Même l’organisation de ses journées, qui commence avec les prières du matin et s’achève avec les prières du soir, est différent de celui des autres. Lorsque l’enfant en prend conscience, il peut vivre dans la paix. Sinon, soit il sera toujours oppressé ou tout simplement se fondra dans la masse.

Faire ce que tout le monde fait, nager dans le courant avec les autres est naturel pour la jeunesse de n’importe quel pays, pas seulement en occident. Pour un orthodoxe, y succomber est très dangereux parce qu’on peut facilement y perdre son moi, son originalité. Alors seulement on comprend quelle trésor on possède : la foi orthodoxe, la tradition de l’Eglise, et on vit vraiment sa vie. En occident cette situation est rendue plus difficile par le choix d’être russe ou non, de connaître telle ou telle langue etc. La vie pose à la jeunesse des questions complexe. Et il est important que celle-ci connaisse les bonnes réponses.

Le monastère et le monde

– Monseigneur, ceux qui ont choisi la voie monastique expérimentent la pression du monde. Quels défis estimez-vous les plus dangereux ? SUITE Orthomonde.fr

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