Mgr Pickel, évêque de Saratov: ère nouvelle dans les relations entre catholiques et orthodoxes
par Jacques Berset

Photo: Mgr Clemens Pickel, évêque du diocèse catholique de saint Clément à Saratov

“La rencontre entre le patriarche Cyrille de Moscou et le pape François, le 12 février dernier à l’aéroport international de La Havane, à Cuba, a ouvert une ère nouvelle dans nos relations avec les orthodoxes en Russie”, constate Mgr Clemens Pickel, évêque du diocèse catholique de saint Clément à Saratov, en Russie méridionale.

De passage en Suisse à l’invitation de l’œuvre d’entraide catholique “Aide à l’Eglise en Détresse” (AED), Mgr Pickel a indiqué à cath.ch que cette première rencontre entre le chef de l’Eglise orthodoxe russe et le pape François avait totalement changé l’atmosphère dans son diocèse.

L’Eglise catholique était considérée comme une “secte”

Evêque auxiliaire pour la Russie d’Europe depuis 1998 et évêque du diocèse de saint Clément à Saratov dès février 2002, le jeune prélat est né en 1961 à Colditz, à mi-chemin entre Leipzig et Dresde, au cœur de l’ancienne RDA. C’est dire s’il connaît bien les réalités de l’ancien Bloc communiste. Depuis la chute du Mur de Berlin, en 1989, la vie sur place a bien changé. “Il y a 15 ans, en Russie, on avait atteint le point le plus bas dans les relations entre orthodoxes et catholiques. L’Eglise catholique était alors considérée comme une ‘secte'”.

Mgr Pickel, évêque de Saratov: ère nouvelle dans les relations entre catholiques et orthodoxes
Religieuses dans un jardin d'enfants du diocèse de Saratov (Photo; AED)

Entretemps, les choses ont bien évolué. “Ainsi, à La Havane, le patriarche de Moscou n’a pas rencontré une ‘secte’, mais des ‘frères’. En effet, c’est avec joie que l’on a pu lire, dans la déclaration commune signée par le pape François et le patriarche Cyrille, que nous étions ‘frères dans la foi chrétienne’, ce qui a eu immédiatement des conséquences pratiques: l’Eglise orthodoxe a tout de suite rendu compte de cette rencontre, dès que le texte a été signé. Nous l’avons également rapidement diffusé. Ce mot ‘frère’ est une expression qui nous porte au dialogue. Je puis le dire: depuis cette rencontre historique, les évêques orthodoxes sont intéressés à nous rencontrer. Auparavant, ils n’étaient pas sûrs s’ils devaient le faire!”

Une présence catholique anecdotique

La présence catholique, sur un territoire qui s’étend, au sud de Moscou, de l’Ukraine au Caucase, des rives de la Mer Noire à celles de la Caspienne, et le long du Kazakhstan, est presque anecdotique. Il n’y a en effet que 21’500 catholiques, dispersés au milieu de quelque 45 millions d’habitants, sur un territoire de 1,4 million de km2, soit une superficie quasiment équivalente à l’Allemagne, la France, l’Espagne et le Portugal réunis.

“Il arrive que l’on doive faire 500 km de route avant d’apercevoir la prochaine paroisse… Sur nos 45 prêtres, 5 seulement sont incardinés dans le diocèse; les 40 autres sont des prêtres d’autres diocèses, que l’on pourrait appeler ‘fidei donum’, ou des religieux de diverses congrégations. Ils ne viennent que pour un temps donné, en moyenne dix ans. Certains restent 15 ou 20 ans, mais d’autres s’en vont après quelques années”.

“La moitié d’entre eux viennent de Pologne, et nous avons ensuite dans notre diocèse des Allemands et des Slovaques, mais aussi des prêtres venant d’Argentine, d’Indonésie, du Mexique, de France, d’Italie, de Belgique ou des Etats-Unis…”

Mgr Pickel, évêque de Saratov: ère nouvelle dans les relations entre catholiques et orthodoxes
Mgr Clemens Pickel, évêque de Saratov, dans un village russe (Photo: AED)

En 1936, tous les prêtres avaient été liquidés

“Ils parlent tous russe, c’est la langue que l’on utilise dans les paroisses, mais avec leurs propres accents! On se comprend bien quand on est ensemble, mais parfois ce sont les Russes qui ne nous comprennent pas bien”, ironise l’évêque. Mais les vieux paroissiens sont indulgents, ils ont attendus si longtemps! A Saratov, c’est en 1936 que le dernier prêtre catholique était enlevé au sortir de son église par des hommes de la police secrète arrivés en voiture noire, certainement des agents du NKVD.

“A cette époque, tous les prêtres avaient été liquidés: certains ont été fusillés tout de suite, d’autres déportés au goulag; quelques-uns ont travaillé dans des mines d’uranium, dans les camps de Sibérie, où ils ont été irradiés. Une vieille femme qui était surveillante dans un de ces camps de travail a raconté que quand ils tombaient malades, ils pouvaient s’en aller, et finissaient par mourir dans la taïga…”.

Le retour du premier prêtre en 1987

C’est en 1987 qu’un premier prêtre est revenu s’installer dans la région, à savoir le Père Joseph Werth – actuel évêque du diocèse de la Transfiguration, à Novossibirsk – qui était curé de la paroisse catholique de Marx. Il officiait auprès des descendants des Allemands de la Volga, ces colons allemands invités par la tsarine Catherine II au XVIIIe siècle à s’installer près de la Volga et de la Mer Caspienne.

“Ces ‘Wolgadeutschen’ sont quasiment tous rentrés en Allemagne à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Dès qu’ils ont eu l’autorisation d’émigrer, c’était comme une réaction en chaîne, ils sont partis en masse… Alors qu’il suffisait au début qu’un des membres de la famille parle allemand, les lois allemandes sont devenues rapidement plus sévères”.

Les ‘Wolgadeutschen’ ont émigré

L’abbé Clemens Pickel était d’abord venu en Russie dès les années 1990 pour travailler avec ces “Deustchstämmigen”, mais c’était l’époque où tous partaient. Aujourd’hui, ils ne sont peut-être plus qu’un demi-millier. Les catholiques de son diocèse sont de diverses origines, mais ils ont tous été “russifiés” à l’époque de l’URSS. Ce sont d’abord d’anciennes familles catholiques, certaines d’origine polonaise, tchèque, lituanienne, biélorusse ou ukrainienne, qui ont gardé la foi malgré la persécution sous le régime communiste, souvent grâce aux grands-mères, les “babouchkas”; puis sont venus plus tard des jeunes en recherche, sans fondement religieux. A ces groupes s’ajoutent des étudiants en médecine étrangers, africains ou indiens, fréquentant l’Université de Saratov, ou l’ingénierie pétrolière à Oufa.

A Saratov, on note une croissance de l’Eglise, notamment grâce à la présence de ces étudiants étrangers. Ces jeunes viennent tous les dimanches à la messe, ce qui est un bon exemple pour la population russe, relève Mgr Pickel.

Mgr Pickel, évêque de Saratov: ère nouvelle dans les relations entre catholiques et orthodoxes
Paroissiens du diocèse de Saratov (Photo: AED)

Trois générations ont vécu dans une société athéiste

“Il faut se rappeler que trois générations ont vécu dans une société athéiste. Si le mur était tombé vingt ans plus tard, il n’y aurait plus eu aucune trace des catholiques ou des évangéliques dans l’ex-URSS!” Les conséquences du système soviétique, qui a façonné l'”homo sovieticus”, sont encore bien présentes dans la société actuelle: beaucoup de gens ont peur de dire la vérité, d’exprimer un point de vue personnel; ils jouent un rôle, comme au théâtre, c’est inconscient. “On joue sa vie sans se connaître vraiment, sans aller au fond de soi-même. C’est le résultat de l’éducation soviétique qui perdure dans les mentalités. La société russe ne prêche pas la liberté, beaucoup sont par conséquent passifs”.

Les personnes qui fréquentent l’église sont en général des pauvres, et l’on peut dire que “la pauvreté mène à l’église”. Dans les premiers temps de l’ouverture du pays à l’étranger, après la chute du communisme, nombre de personnes venaient dans les paroisses “parce qu’il y avait du chocolat… ils n’en avaient jamais vu, et des camions arrivaient alors d’Allemagne, plein de marchandises, comme du riz ou du sucre”.

A l’Ouest, au début, tout le monde voulait aider la Russie

“A l’Ouest, lors du changement de régime, tout le monde voulait aider la Russie. L’Eglise orthodoxe nous a alors accusés de faire du prosélytisme…” Cette aide blessait aussi la fierté russe. Ensuite, l’arrivée de marchandises des pays d’Europe de l’Ouest a été freinée par les taxes douanières. “Aujourd’hui, c’est fini, on peut acheter ces biens sur place”.

La situation est différente entre les villes, où l’on trouve de tout, et les villages éloignés, sans grands débouchés, où la vie est très difficile. Là, dans les isbas, on fabrique le “samogon”, la vodka faite maison, dont on connaît les ravages. L’alcoolisme représente effectivement un grand problème au sein de la jeunesse. Dans les paroisses, le curé ne rencontre que des personnes âgées, des femmes, des enfants et des adolescents. Les hommes ne viennent pas à l’église: ils sont absents, préfèrent regarder la télévision, boire ou faire la fête avec des amis. Dans de nombreuses familles, les hommes sont partis.

Mgr Pickel, évêque de Saratov: ère nouvelle dans les relations entre catholiques et orthodoxes
Véritable renaissance spirituelle

“Maintenant, nous voyons venir la première génération de catholiques qui ont des enfants. On sent la différence: ces familles ont des relations entre elles, forment un réseau d’amitié, sont liées par internet, se rencontrent. Ce n’est toutefois qu’une goutte d’eau dans la mer…” Il est loin le temps où tout le monde voulait venir en Russie, où les congrégations voulaient toutes avoir des succursales dans le pays qui s’ouvrait vers l’extérieur et qui était présenté, dans une illusion romantique en vogue dans les milieux chrétiens, comme “la lumière venant de l’Est”.

“Dans les faits, il y a peu de nouvelles vocations, car avec l’ouverture du pays est aussi venue la sécularisation. Mais une chose est sûre: depuis 25 ans, il y a une réelle liberté religieuse. Etre Eglise en Russie, c’était encore impossible il y a 30 ans! Nous avons des évêques, l’Eglise peut se développer, et même si tout n’est pas facile, on remarque une véritable renaissance spirituelle!”

Un diocèse hérité de celui de Tiraspol, fondé en 1848

L’histoire de l’Eglise catholique dans le sud de la Russie remonte loin dans le temps. Astrakhan et Azov ont été villes épiscopales durant une courte période, il y a environ 800 ans. Saratov était le centre administratif du diocèse de Tiraspol, fondé en 1848. Après la Révolution soviétique en 1917, le régime communiste a tenté de détruire systématiquement l’Eglise. Le dernier prêtre catholique, parmi les 160 pasteurs de la région de la Volga, a été déporté en 1936.

Sur les 45 prêtres du diocèse de Saratov, venant de 12 pays, quatre ont la nationalité russe, ainsi que 20 religieuses, sur les 67 religieuses et religieux venus de 21 pays différents. Ils sont actifs dans les 6 décanats de ce gigantesque diocèse d’une superficie de 1,4 million de km2. cath.ch-apic/be

Mgr Pickel, évêque de Saratov: ère nouvelle dans les relations entre catholiques et orthodoxes

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 3 Avril 2017 à 01:00 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: Une délégation de l’Église orthodoxe russe a assisté aux Journées mondiale de la jeunesse à Cracovie le 07/08/2016 19:23
Une délégation de l’Église orthodoxe russe a assisté aux Journées mondiale de la jeunesse à Cracovie

Le 24 juillet 2016, avec la Bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, à l’invitation de l’archevêque de Cracovie, le cardinal Stanislav Dziwisz, une délégation de l’Église orthodoxe russe est arrivée à Cracovie pour y participer aux XXXI Journées mondiales de la jeunesse. La délégation est présidée par le métropolite Isidore de Smolensk et de Roslavl, et se compose du hiéromoine Séraphin (Ameltchenkov), secrétaire de la Chancellerie du Patriarcat de Moscou, le hiéromoine Gennade (Voïtichko), responsable du Service d’information du Département synodal d’enseignement religieux et de catéchèse, M. G. Kouksov, vice-directeur du Secrétariat du Patriarcat de Moscou, responsable du Département des affaires de la jeunesse du diocèse de Moscou, ainsi que S. Alferov et S. Monakhov, du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou.

La délégation a été accueillie à l’aéroport Jean-Paul-II de Cracovie par des représentants de l’Église orthodoxe polonaise et le consul général de la Fédération de Russie à Cracovie.

Le premier jour de leur séjour en Pologne, les membres de la délégation ont visité la paroisse orthodoxe de Cracovie, où ils ont assisté à un concert de musique sacrée, avant de participer à l’inauguration d’une exposition de photographies intitulée « Les couleurs de l’Orthodoxie », décrivant le quotidien de l’Église orthodoxe polonaise. Le métropolite Isidore a transmis à l’assemblée la bénédiction et les bons vœux de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille, remerciant le recteur de la paroisse de son hospitalité.

Le 25 juillet, la délégation a été chaleureusement reçue au palais des archevêques de Cracovie par le cardinal Stanislav Dziwisz, en présence du nonce apostolique et du secrétaire du cardinal. Dans son allocution, le cardinal a souligné la nécessité d’efforts communs des deux Églises pour défendre les valeurs chrétiennes traditionnelles dans le monde sécularisé d’aujourd’hui, ajoutant qu’il importait beaucoup de poursuivre le dialogue russo-polonais et orthodoxe-catholique dans le cadre du Message commun sur la réconciliation entre les peuples de Russie et de Pologne signée en 2012.

Le 26 juillet, la délégation a visité le Consulat général de la fédération de Russie à Cracovie. Le même jour, elle a assisté à la messe festive d’inauguration des Journées mondiales de la jeunesse.

Le 27 juillet, les membres de la délégation ont rencontré l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en Pologne, S. A. Andreïev, avant de retourner à l’église orthodoxe de Cracovie, où ils se sont entretenus avec l’évêque Georges de Siemiatycze, ordinaire orthodoxe des armées polonaises. Saluant ses hôtes au nom de Sa Béatitude le métropolite Savva de Varsovie et de toute la Pologne, Mgr Georges a remarqué que la venue d’une délégation du Patriarcat de Moscou à Cracovie avait beaucoup d’importance pour renforcer les liens entre les deux Églises locales. L’évêque Georges a prié de transmettre les vœux sincères de Sa Béatitude à Sa Sainteté le Patriarche Cyrille.

Le 28 juillet, les membres de la délégation ont assisté à la messe solennelle au monastère de Jasna Gora, dans la ville de Czestochowa. L’office, célébré à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne, était présidée par le Pape François. Après la messe, la délégation a été reçue par le Primat de l’Église catholique romaine. Le métropolite Isidore a transmis au Pape François les salutations et les bons vœux du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, lui offrant une icône de la Mère de Dieu de Smolensk, de type « Odigitria ». Les délégués ont ensuite brièvement rencontré le Président polonais Andrzej Duda et le premier ministre du pays, Beata Szydło.

Le 30 juillet, la délégation s’est rendue aux vigiles nocturnes célébrées par le Pape François près de Cracovie.

Le 31 juillet, les délégués de l’Église orthodoxe russe sont repartis pour Moscou.

***

Les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) sont organisées tous les 2 ou 3 ans par l’Église catholique romaine, sous la forme d’un immense rassemblement. Cette année, selon des données approximatives, jusqu’à 2 millions de fidèles y ont participé. Il s’agit d’un évènement festif destiné aux jeunes chrétiens du monde entier. L’idée des JMJ appartient au Pape Jean-Paul II (1978-2005), qui institua ce forum des jeunes en 1986. La devise des dernières JMJ était le verset des Béatitudes : « Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Les prochaines JMJ auront lieu en 2019 à Panama.

2.Posté par justine le 20/03/2017 12:28
A noter: Cette "ere nouvelle entre catholiques et orthodoxes" ne concerne que les "orthodoxes" ecumenistes. Quant aux autres, ils preferent rester sur la voie des Saints Peres. Precieux a savoir pour les catholique afin de ne pas s'adonner a des illusions et un triomphalisme fallacieux d'avoir enfin eu raison de l'Orthodoxie!

3.Posté par Vladimir G: un an après La Havane – Le dialogue continue le 21/03/2017 11:06
L'article ci-dessus date de l'an dernier mais, un an après La Havane – Le dialogue continue

Il y a un an, le Pape de Rome et le Patriarche de Moscou se rencontraient pour la première fois à La Havane. Une réunion historique pérennisée par une déclaration commune et dont le premier anniversaire sera fêté officiellement le dimanche 12 février à l’Université de Fribourg. A cette occasion, Alma&Georges a rencontré les représentants des deux Eglises, le Cardinal Kurt Koch et le Métropolite Hilarion (Alfeyev).

Vous avez participé à la rencontre à La Havane et également à sa préparation. Que s’est-il passé ce jour-là?

Cardinal Kurt Koch: La rencontre à La Havane fut un entretien intense, fraternel et ouvert de deux heures entre le Pape François et la Patriarche Cyrille, pendant lequel les questions respectives et communes ont pu être abordées. Une Déclaration a ensuite été signée par les deux chef d’Eglises et la rencontre s’est terminée par de brefs discours. Il s’agit d’une réunion historique, qui a certainement ouvert la porte à d’autres rencontres et à un approfondissement du dialogue.

Métropolite Hilarion: C’était la première rencontre du Pape de Rome avec le Patriarche de Moscou, une rencontre très cordiale et bienveillante. La première tentative d’organiser une telle réunion remonte à presque vingt ans, en 1997, quand le Pape Jean Paul II et le Patriarche Alexis II avaient prévu de se voir en Autriche. Mais cette rencontre a, finalement, été annulée, car les protagonistes n’ont pas pu se mettre d’accord sur la substance de la déclaration commune. Dans le cas de la rencontre à La Havane, le texte a été préparé à l’avance et les intervenants se sont accordés sur tous les points substantiels de la déclaration. Le contenu de la déclaration a été préparé de manière strictement confidentielle et, une fois finalisé, nous avons pu concrétiser la date et le lieu de la réunion. Le Patriarcat de Moscou a toujours insisté sur le fait qu’une rencontre était nécessaire, pas uniquement pour se serrer la main et poser devant les caméras, mais afin de discuter nos défis communs.

....
Qu’est-ce qui a changé depuis? Comment ont évolué les relations entre les deux Églises?

Cardinal Kurt Koch: Les deux Eglises entretenaient déjà des relations avant La Havane. Des rencontres et différentes coopérations existaient déjà, mais, depuis, elles se sont intensifiées. Ce qui est très important, c’est les deux chefs d’Église s’y sont rencontrés personnellement. C’est un signe important et encourageant pour les fidèles des deux Églises, que nous avons l’intention de rapprocher.

Métropolite Hilarion: Beaucoup de choses ont changé, car la rencontre a donné un nouvel élan à nos relations mutuelles. Dans plusieurs domaines, nous avons maintenant une coopération plus étroite, y compris concernant la situation au Proche-Orient, qui représentait un des thèmes majeurs de la discussion entre le Pape et le Patriarche. Nous suivons la situation ensemble, nous sommes impliqués dans des actions humanitaires communes et nous coordonnons nos efforts. Ce nouvel esprit se reflète dans différents domaines, en particulier celui de la culture et de l’échange d’étudiants.

Vous fêtez la première année de ce rapprochement à Fribourg. Quel rôle tient cette petite ville helvétique dans cette grande Histoire?

Cardinal Kurt Koch: Le Métropolite Hilarion a proposé ce lieu, entre autres parce qu’il a de bonnes relations avec la Faculté de théologie fribourgeoise. En raison de mes origines helvétiques, je me réjouis tout à fait que la Suisse soit le cadre de cette célébration. Je suis très reconnaissant envers la Conférence des évêques suisses pour son hospitalité et envers l’Institut d’études œcuméniques, qui accorde depuis longtemps une attention particulière au dialogue catholique-orthodoxe auquel il apporte son soutien actif.

SUITE

4.Posté par Vladimir.G: réunion ordinaire du groupe de travail pour la coopération culturelle entre l’Église russe et l’Église catholique le 24/03/2017 18:54
A Moscou, réunion ordinaire du groupe de travail pour la coopération culturelle entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine

La réunion annuelle du groupe de travail commun pour la coopération culturelle entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine a eu lieu le 23 mars 2017, au Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou.
...

Ouvrant la séance, le métropolite Hilarion a souligné que c’était la 3e rencontre du Groupe de travail commun pour la coopération culturelle entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine depuis sa création en 2015. Depuis cette date, le Groupe de travail avait démontré son efficacité dans l’organisation et la tenue de manifestations culturelles communes aussi bien en Russie qu’en Italie, permettant une meilleure connaissance des traditions spirituelles et culturelles d’Orient et d’Occident et une meilleure compréhension mutuelle entre orthodoxes et catholiques.

Les participants à la rencontre ont établi le bilan de l’activité du Groupe de travail durant l’année écoulée, et discuté de nouveaux projets pour la période 2017-2018, notamment des concerts de musique sacrée et classique, des expositions d’art et des expositions à thème, l’édition des ouvrages de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille et du Pape émérite Benoît XVI en italien et en russe, des échanges d’étudiants.

5.Posté par père Joachim le 24/03/2017 23:27
Des temps nouveaux sont en marche qui seront d'autant plus fructueux que des affinités culturelles sont en place depuis des temps anciens.
Je me demande si c'est dans cette commission que sont décidées les échanges d'objets sacrés et de reliques russes de reconnaissance universelle comme cela a été le cas pour st.Séraphim de Sarov ?

6.Posté par ANNA le 27/03/2017 19:08
Cette ère nouvelle est ce que l’on peut souhaiter de mieux à la Chrétienté. Si des temps nouveaux sont en marche avec des échanges culturels et d’objets sacrés, espérons qu’ils ne permettront pas seulement des progrès relationnels mais aussi des échanges plus profonds, d’une autre dimension, suscitant des prises conscience.

En France la déchristianisation saute malheureusement aux yeux : nombre d’églises sont désertées, fermées, au bord de la ruine, il y en a ainsi des milliers sur tout le territoire alors que plus que jamais les coeurs et les âmes ont besoin d’être raffermis.

N’est-il pas légitime de se poser des questions et de chercher à comprendre ce qu’il se passe chez notre Église soeur ?

Ne serait-ce pas le moment qu'elle s’interroge sur la question de la place effective qu’elle fait à ses enfants ? N’y aurait-il pas un lien de cause à effet avec la désertion des églises ? C’est une question amicale.

Quand on voit chez nous la file des tout-petits dans les bras des parents et de tous les enfants qui vont goûter aus Saints Dons, on ne peut pas s’empêcher de penser à ceux de l’Église latine qui étant exclus de l’Eucharistie jusqu’à l’âge de neuf ans (diocèse de Paris) sont l’objet d’un véritable déni de la grâce.

Alors que leur Église elle-même ne sait plus ni pourquoi ni depuis quand existe cet interdit. N’est-ce pas une violence silencieuse à leur égard qu’exprime cette privation, cet ostracisme confiscatoire ? n’aurait-il pas un lien avec la désaffection des jeunes pour l'Église ?

Le Christ n’a-t-il pas ordonné expressément : « mangez-en TOUS et buvez-en TOUS » ? Ordre auquel l’Église latine elle-même s’était soumise pendant de nombreux siècles dans le passé avant cet incompréhensible rejet.

Le Christ Lui-même loin d’éloigner les petits nous les a présentés comme des modèles (Matt, 18,3 - entre autres). Déjà le psalmiste toujours si perspicace, avait osé à leur égard un extraordinaire verset dont nous attendons avec émotion la proclamation aux Matines des Rameaux, dans moins de deux semaines.

N’est-il pas temps qu’ils retrouvent leur place entière dans leurs paroisses ? Que leur soit restitué l’inestimable cadeau qu’à donné Le Christ d'aller TOUS goûter à la grâce du salut - sous les deux espèces a-t-Il insisté ?

Quand l’Église latine se souviendra de ses petits oubliés, vous verrez qu’une fois devenus des « jeunes » ils conserveront alors tout naturellement leur place à part entière et que beaucoup continueront à venir car ils auront soif de la grâce.

Un jour viendra où cette réintégration pleinière apparaîtra comme une évidence on ne peut plus légitime. Qu’il soit proche !

7.Posté par Vladimir G: le primat de la RAISON on Occident le 28/03/2017 09:53
Ah, bien chère Anna, comme il est agréable de lire votre commentaire emplis de bienveillance et d'amour après l’agressivité de celui qui précède!

La question de la communion des petits enfants n,est pas à l'ordre du jour dans l'Église catholique (sauf, peut être, dans les Églises catholiques orientales dont je ne connais pas la pratique.)

L'histoire de cette modification de la pratique baptismale en Occident est très bien exposée sur le site http://www.liturgiecatholique.fr/Un-peu-d-histoire-la-confirmation.html. L'origine de cette dérive est à rechercher dans le primat de la RAISON on Occident au dépens de la GRACE. Elle atteint son comble chez certains Protestants où même le baptême est repoussé à "l'âge de raison"... Ainsi, dans certaines communautés, la communion se fait après deux ans d'enseignement au moins, à l'âge de 16 ans...

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