Père Andrew Phillips: La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann
Je voudrais faire part aux lecteurs de ce site d’une réflexion, inspirée par le journal du Père Alexandre Schmemann, écrite par le Père Andrew Phillips. La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann ont une grande importance dans l’Archevêché des Eglises Russes d’Europe occidentale. Il me semble donc utile à la réflexion de tous de prendre connaissance de l’article du Père Andrew Phillips, qui a une approche de l’Orthodoxie assez différente de celle du Père Alexandre. Je tiens à souligner que, l’un comme l’autre, ces deux prêtres sont animés par le désir sincère d’amener des âmes au Christ. Et il appartient au lecteur de faire la part des choses en ce qui concerne le jugement, parfois sévère, du Père Andrew concernant l’enseignement du Père Alexandre. Je recommande vivement aux anglophones cet article dans son intégralité sur le lien ICI
Pour ma part, je donne uniquement la traduction en Français de la seconde moitié de cet article pour éviter de mettre en ligne un exposé trop long.
Je tiens aussi à faire remarquer qu’il n’est pas question ici de l’immense travail d’écriture fourni par le Père Alexandre, travail utile et toujours largement utilisé aujourd’hui. Il est question du fond de la pensée du Père Alexandre tel qu’elle apparaît dans les pages de son journal. ( Marie GENKO )


Père Andrew Phillips: La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann
« Nous parvenons à présent à la véritable tragédie du Père Alexandre. ….
Il était suffisamment intelligent pour rejeter l’école de Paris (p.527), il traitait Boulgakov d’hérétique, l’accusait de marxisme à l’envers (p.527), de fantaisie occulte (« sophianisme »), d’imagination, d’auto-exaltation et de déracinement. Mais le Père Alexandre lui-même était totalement déraciné, à la fois intellectuellement et culturellement, ni Russe, ni Parisien, ni Américain.
L’essentiel de la tragédie du Père Alexandre se résume dans le fait qu’il aimait la Bible et l’Eucharistie (p.615, 635- et qui ne les aime pas ?) mais il n’accepta jamais la masse populaire de l’Eglise, telle qu’elle apparu sous le règne de Constantin, cette Orthodoxie des masses qui est le fruit de l’Incarnation. Fondamentalement - et c’est ce qui donne un prétexte à toutes les accusations qu’il était Protestant – il ne franchit jamais la limite du 4ème siècle, il n’accepta jamais la réalité d’une Eglise des masses populaires. Voilà pourquoi il refusa toujours ce mouvement sanctifiant de balancier de l’Eglise du 4ème siècle, celui de l’Orthodoxie du monachisme, de l’ascétisme, des symboles, des mystères, des Pères de l’Eglise, du « Byzantinisme », de la Sainte Russ, des Iconostases, des prières secrètes, de la confession, de la vie des Saints, de la vénération des reliques, des Menées, du « sanctoral », des akathistes, des molebens (services d’intercession) et des panikhides (service à la mémoire des défunts).

C’est certainement une excellente chose de louer « les chrétiens primitifs », « qui n’avaient pas d’iconostases » mais contrairement à nous, ils étaient des Saints, capables de d’endurer à n’importe quel moment le martyr, et nous ne sommes pas des Saints.

En ce sens, l’orthodoxie du Père Alexandre était une orthodoxie puriste et élitiste, qui ne tenait simplement pas compte du fait que la plus part des gens sont heureux de participer à des célébrations, dont ils ne saisissent que peu de choses intellectuellement, parce qu’ils ne comprennent pas la langue utilisée. Ils n’ont pas besoin de la comprendre. La plus part des gens ont besoin d’une atmosphère pour prier et non de livres à lire, de choses à comprendre. La plus part des gens ne lisent simplement jamais et ne vivent pas de leur intelligence. Leurs besoins sont différents. Ils vivent dans leurs corps et dans leurs cœurs, même si, pour les intellectuels, cela semble une approche émotionnelle ou sentimentale – ou spirituelle et « mystique ».
Il est intéressant de constater que ceci est le nœud du problème qui se pose aujourd’hui à tous ces Russes d’origine, ou qui se disent de « Tradition Orthodoxe Russe », qui refusent toujours d’accepter une unité dans l’amour sous l’autorité de l’Eglise Orthodoxe Russe : ils ne peuvent accepter l’Orthodoxie des masses populaires, mais préfèrent de petites « communautés » presque de petits ghettos, souvent de 20 à 30 personnes, parmi lesquelles chacun est supposé être un intellectuel, et avoir ainsi une foi « pure ». Ceci est essentiellement de l’orgueil, l’orgueil qui se cache derrière chaque division, derrière chaque rejet de l’unité, que celui-ci vienne de la gauche (séminaire Saint Vladimir) ou de la droite (la véritable Eglise Orthodoxe etc.) Ils pensent tous, qu’eux seuls « seront sauvés ». Et cela montre simplement une absence d’amour inacceptable pour ces masses populaires , qui, en réalité, ne les rejoindront jamais.

Les malentendus

Intellectuellement, le Père Alexandre ne comprit jamais que l’orthodoxie est, dans sa conduite de vie chrétienne, l’Evangile incarné. De là viennent aujourd’hui les accusations d’hérésie contre le Père Alexandre en Russie. En cela, l’esprit du Père Alexandre n’est jamais complètement entré en Eglise, de là son aversion pour le terme « ecclésial » (p.379). Son approche des services religieux était une approche de « dé mythologie » de destruction à la base, en fait l’approche d’un critique littéraire profane. Tout l’aspect mystique en était absent, ne restait que le bibliste rationnel protestant. Ironiquement c’est aussi cela qui conduisit au nationalisme ethnique américain russophobe, qui infecte jusqu’aujourd’hui une partie de l’OCA (Orthodox Church in America).

« Père spirituel de l’OCA », le Père Alexandre, n’était pas russophobe (p.360), mais il avait une vue très critique de la Russie (p.438) et il se sentait davantage chez lui, à l’Ouest, à Paris. En parlant de l’évêque Gregory Grabbe de l’EORHF (Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières, juridiction dans laquelle se trouvaient des groupes s’opposant entre eux, du moins aux USA), le Père Alexandre exprima que les enfants sont certainement pires que leur père (p.54). Le Père Alexandre, qui était un internationaliste, aurait été horrifié par le nationalisme qu’expriment aujourd’hui certains de ses enfants spirituels dans diverses juridictions. Déjà de son vivant, il s’inquiétait du style protestant de l’activisme et de l’approche du business à l’américaine dans l’OCA (p.438-617-18), qu’il avait bien malgré lui encouragé ; et il admettait lui-même, qu’il se sentait davantage à la maison « à l’Ouest » et non « à l’Est » c'est-à-dire qu’il se sentait mieux « à l’Ouest » que dans un univers orthodoxe.

Ainsi le Père Alexandre ne comprenait souvent l’Eglise que comme « une religion » (mot qu’il n’aimait pas en évidence – nous détestons « les religions organisées », c’est la raison pour laquelle nous sommes orthodoxes) il n’aimait ni « les théologiens » (p.39), ni les institutions (« croix et barbes » p.10) (en tant qu’institution, évidemment tous nous ne l’aimons pas (la religion), mais nous l’acceptons comme nécessaire). Il ne regardait jamais plus loin que l’apparence de la coquille, ne voyant pas son contenu ? Il y avait toujours chez lui cette superficialité ; si typique des conférenciers orthodoxes dans le circuit des conférences internationales, avec leur vues académiques, plates, superficielles et dénuées de spiritualité concernant l’Eglise, et sans réelle expérience. La tragédie du Père Alexandre fut qu’il ne réalisa jamais ce principe positif à savoir que l’Orthodoxie est toujours incarnée dans la vie des groupes et des Nations ; il ne voyait que les aspects négatifs de l’Incarnation et à cause de cela en rejetait le principe même. En dépit du fait qu’il comprenait clairement les faiblesses de nombres de personnes, par exemple le prince Andronikov (p.110 et 132), Olivier Clément (p.422), Dimitri Obolensky (p.604, 607, 630) et Nicolas Zernov (p.78, 79, 564), il montrait une certaine naïveté dans son jugement concernant d’autres personnes. Comme nous l’avons déjà mentionné, il avait une saine aversion pour « les pères spirituels » (p.35, 631) et le mensonge d’une pseudo-spiritualité (ce qui est un phénomène inter juridictionnel – le diable se faufile toujours partout). A partir de cela nous pouvons comprendre son attitude envers une mauvaise sorte de convertis (« les maximalistes »), il les rencontra par exemple à Oxford au début des années 80 (les transfigurés p.640).

Le Père Alexandre ne comprenait pas du tout la véritable Angleterre, il ne connaissait que les élites de Londres et d’Oxford (p.590). Comme tous les élitistes, il ne comprit jamais le peuple. Je me souviens parfaitement d’un de ses disciples à Paris, diplômé de Saint Vladimir, me faisant part de son choc en prenant connaissance des aspects de la vie de tous les jours, la vie que moi-même, et tous ceux que je connaissais bien, avaient toujours menée, et je me demandais de quelle planète venaient des gens comme lui. C’était de la planète de la Désincarnation.

La dimension absente

Le Père Alexandre écrivait qu’il aimait l’Orthodoxie, (l’idée désincarnée, la théorie), mais qu’il n’aimait pas l’Eglise (p.237-7, 248) qui, Elle, est incarnée. Il opposait parfois l’Eglise et la chrétienté au Christ (p.85, 459), chose qu’il est possible de faire seulement si on considère l’Eglise comme une institution surtout humaine, artificielle et « Byzantine » (p.92, 95, 105, 331, 452). Son aversion pour le « Platonisme » le « Byzantinisme » pour Saint Dionysos l’Aréopagite (p.236, 453, 619- Comme tout ce non sens « pseudo Dionysos » est fatigant) son aversion pour Saint Maxime le Confesseur contrariait de façon tout à fait compréhensible le Père Georges Florovsky et tous les Grecs – et pour cette raison tous les Orthodoxes- qui méritaient davantage de sa part. Voilà pourquoi il n’aimait pas également le terme « Sainte Russie », qu’il confondait aussi avec l’idolâtrie, au lieu de La comprendre comme une Incarnation du Christ, ce qui est la réalité de la Sainte Russie.

Parfois, il considérait les services liturgiques à la façon d’un critique littéraire jugeant des textes, laissant échapper tout l’aspect mystique de la liturgie orthodoxe et cela parce qu’il était tellement concerné par l’aspect humain de la vie de l’Eglise. Et comment aurait-il pu conserver un jugement équitable sur tout cela ? Il n’y avait aucun monastère où il aurait pu aller se ressourcer spirituellement, juste sa maison d’été familiale au Canada. D’un autre côté, nous avons vu qu’il prenait position contre la fausseté en Eglise, contre une pseudo-religiosité, contre l’hypocrisie, la bigoterie et qu’il comprenait que toute la théologie orthodoxe est contenue dans les services religieux.

Le Père Alexandre comprenait la place centrale de l’Eucharistie et parlait de « Eucharistisme » (p.608). Il œuvra beaucoup pour encourager une communion fréquente auprès de son troupeau composé dans sa majorité d’ex-uniates, qui avaient été forcés d’adopter, plus de deux siècles auparavant, la vieille coutume catholique d’une communion rare. Cependant le Père Alexandre ne comprenait absolument pas la nature sacrée, « Byzantine » mystique de l’Eglise (p .452, 518, 480), ni la prière secrète, la repentance, la vie ascétique, ni Saint Grégoire Palamas (p.374, 539), ni Saint Ignace et Saint Théophane (p. 502, 587), et, comme d’autres parisiens, il ne comprenait pas l’utilité de la confession (p. 511) de la prière et du jeûne. En cela il était dans le siècle et, comme il l’admettait lui-même, il ne pouvait pas se détacher du monde (p.452). Pour cette raison toute une dimension, toute une moitié de la vie orthodoxe en Eglise lui manquait.

Le Père Alexandre comprenait aussi que Saint Vladimir pouvait déboucher sur un désastre, qui échapperait à son contrôle (p. 34, 331, 438, 460, 596). Il comprenait que les séminaires eux-mêmes ne sont pas orthodoxes ; ils sont le résultat du cléricalisme catholique romain. Néanmoins, malheureusement, à cause de son préjugé anti monastique, il ne comprenait pas qu’un véritable séminaire doit faire partie d’un monastère, comme Saint Tikhon, dans sa propre juridiction, plutôt qu’un établissement dirigé et conçu par, et pour, des intellectuels. Le Père Alexandre n’aimait pas confesser (p.34, 511), mais il le faisait et, apparemment, il le faisait bien. Il avait de la Liturgie une approche rationnelle, anti mystique (p.518), protestante – et pour cela il accusait ceux qui avaient une approche orthodoxe de se comporter comme des Catholiques (p. 158)

Le Père Alexandre ne comprit jamais l’importance de l’habit clérical, ni celle des femmes aux têtes couvertes dans les églises, ni la fidélité à l’ancien calendrier orthodoxe, ni la façon dont les services sont célébrés (p.96). Il ne comprit jamais qu’en dépit du fait que le rituel est certainement secondaire, il est aussi l’image d’une vérité intérieure. Son rejet de la piété traditionnelle fut une tragédie, il ne comprit jamais que de nombreux paroissiens pieux et fidèles ne sont simplement pas capables de prier dans des églises selon le nouveau calendrier, avec des prie-Dieu et des prêtres glabres, qui interdisent l’usage d’une langue étrangère (elle n’est étrangère qu’aux ignorants) des prêtres, qui interdisent le jeûne et les têtes voilées des femmes.
Il ne comprit pas davantage que des prêtres rasés et portant le col romain ne seraient jamais pris au sérieux, pas plus que le nouveau calendrier- tout du moins dans l’Eglise russe (p.426).
Il est désolant que de jeunes prêtres naïfs, qui célèbrent matines sans observer le Canon (en supposant qu’ils célèbrent les matines ?), qui détestent les Menées, qui gardent les portes royales ouvertes durant toute la liturgie (en supposant qu’il ait un iconostase ?) qui déclament à haute voix les paroles sacrées des prières secrètes, qui mettent des prie Dieu dans leurs églises, qui refusent de confesser et interdisent aux femmes de se couvrir la tête, soient, peut-être injustement, considérés aujourd’hui comme une conséquence de l’enseignement de l’OCA, enseignement appelé à tord à présent le « Schmemanisme ».
Le fait est que, quelque soit son appellation, cet enseignement piétine la piété orthodoxe et scandalise les fidèles.

La personnalité du Père Alexandre

Néanmoins dire, que toute la tragédie actuelle de l’OCA et ses scandales, indirectement mentionnés dans son Journal censuré, seraient la faute du Père Alexandre, est injuste. Il n’était pas seul à fonder l’OCA. Ce qui lui semblait être une bonne idée, en ces tristes temps de guerre froide. Il ne fut pas responsable pour les compromis séculiers qui se répandirent dans certains endroits de l’OCA. Il est vrai que son parti pris anti monastique ne fut pas une aide. Et ce fut l’absence fondamentale d’une vie monacale authentique et d’une tradition ascétique, qui fut, et qui est toujours, la racine du déclin de l’OCA.

Mais pourquoi devrait-on accuser le Père Alexandre, un prêtre marié, un bon et honnête père de famille pour le manque de vie monastique et le déclin qui en résulte ?

Cela ne serait pas le cas si le Père Alexandre avait voulu le pouvoir et s’il avait voulu être responsable de Saint Vladimir – il n’était ni ambitieux, ni carriériste, il aurait été plus heureux en se limitant à prêcher, parler, écrire et vivre avec sa famille. Il lui arrivait bien souvent d’être fatigué et exaspéré par les mesquineries bureaucratiques, les querelles, les plaintes et les coups de téléphone. C’est en dépit de lui-même qu’il avait été placé dans une position de pouvoir. Et ses efforts infatigables en conférences, écriture, confessions, services et émissions sur Radio Liberté, sont certainement inestimables, même s’ils sont unilatéraux.

Le Père Alexandre faisait ce qu’il pouvait, dans les limites de ses possibilités, dans les tragiques limites humaines, qui sont notre lot et qui étaient les siennes. En cela son effort n’était pas moindre que celui de n’importe quel d’autre et même, bien souvent, il lui était infiniment supérieur. Le fait que toute la dimension sacrée, monastique et ascétique est absente de son travail et le fait, qu’il la considérait comme une erreur ( !), ne veut pas dire que sa compréhension de la place centrale de l’Eucharistie soit erronée. Cela veut simplement dire qu’elle est unilatérale – juste la moitié du contenu. Et ce fut cette moitié qu’il fit revivre. Il appartient à ceux qui viendront après lui de redonner vie à l’autre moitié, pour compléter le puzzle.

Aucune Eglise orthodoxe n’a été fondée par des laïques, ou des prêtres mariés. La mission monastique occupa toujours une place centrale, qu’il s’agisse de l’empire romain des premiers siècles, de la Géorgie et de l’Arménie, du pays de Galle, de l’Irlande et de l’Ecosse aux 5ème et 6ème siècles, de l’Angleterre en 597, des Slaves aux 9ème et 10ème siècles, ou de la Roumanie et de la Serbie au 20ème siècle, cette place a toujours été vitale. Sans monachisme, il y a immaturité et prématurité, avec pour résultat une absence de progrès spirituel, juste un « activisme » extérieur qui s’éteint lorsque s’estompent l’émotion et le naïf enthousiasme de la jeunesse.

Conclusion et vue d’ensemble

Nous avons une prémonition depuis 1974 et cette vision des choses est la suivante :

Un jour, après toutes les divisions de l’Eglise Russe, dues à la tragique Histoire de la guerre froide, qu’il s’agisse de l’Amérique ou de l’Europe de l’Ouest, divisions causées par la paralysie du centre à Moscou, lorsque cette situation aura été maîtrisée et consignée dans les livres d’Histoire, toutes les pièces du puzzle devront retrouver leur place. Ce jour là nous verrons à nouveau une image d’ensemble, que peu de personnes de la tragique génération du Père Alexandre auront vue.
Le processus de la reconstruction de cette image d’ensemble a commencé avec la canonisation des Nouveaux Martyrs et Confesseurs à New York et elle a été terminée à Moscou. C’est par leur sang et leur sacrifice que tout a pu changer et que l’Unité a pu se faire. Leur canonisation a donné ses fruits lorsque les deux parties les plus importantes du puzzle, celles particulièrement proches des Nouveaux Martyrs et Confesseurs, l’Eglise Russe Hors Frontières fondée par le Patriarcat russe et le Patriarcat lui-même, entrèrent en communion en 2007.

A présent les autres pièces de ce puzzle, l’OCA et la rue Daru, doivent encore les rejoindre. Cela arrivera lorsque partout et sans restriction, seront commémorés les Nouveaux Martyrs et Confesseurs. Alors le puzzle entier sera reconstitué. Alors la grande image de l’universalité et de la mission mondiale de l’Orthodoxie Russe et son rôle vital dans l’unité de la pan-orthodoxie seront à nouveau visibles. Cela sera évident même pour ceux qui sont partis loin d’elle, parce qu’ils étaient concernés par leurs petits coins retirés et leurs « personnalités ». En ce qui concerne les personnalités dans les petits coins, il y a un proverbe qui dit que si vous voulez être un grand poisson, tout ce que vous avez à faire est d’entrer dans une petite mare. Et c’est ce que certains et leurs adeptes ont fait, ils ont rétréci leur pièce d’eau, afin d’avoir l’air plus importants eux-mêmes.

Comme tout ce qui est sectaire, il s’agit ici d’une illusion, ou plutôt d’un mensonge à soi-même. Le mensonge avec son culte de la personnalité a toujours été la croix de l’émigration russe. Les petits groupes d’émigrés étaient si concernés par leur petits groupes avec leur petit monde, ils étaient si insulaires, si coupés de leur centre, qu’ils avaient perdu la vision de la grande image, la vision du Tout. Cela est compréhensible puisque leur centre était captif d’un athéisme militant. Ainsi que restait-il d’autre que de petits coins et quelques personnes ayant le souvenir de la grande image et souhaitant sa restauration ? Mais ces temps sont à présent révolus, ils doivent être rangés dans la case des mauvais vieux jours – et, ne nous faisons pas d’illusion, c’est ce qu’ils étaient.

Il n’y a aucun doute que le Père Alexandre aida de nombreuses personnes à entrer dans l’Eglise, personnes qui plus tard eurent une compréhension et une vie plus profondes dans l’Eglise du Christ et lui en furent reconnaissantes. Il est un fait que la métropole moribonde des années 1950 avec son ritualisme ethnique de « l’ancienne patrie » fut transformée par lui et son entourage. Il est indubitable, qu’en dépit de ses vues unilatérales, le Père Alexandre était sincère et de bonne volonté. Il est aussi indubitable qu’il a aidé à poser les fondations et le renouveau de l’Eglise Orthodoxe en Amérique du Nord.

Depuis la mort du Père Alexandre, d’autres, comme le Père Ephrem, des membres de l’Eglise Russe Hors Frontières et d’autres encore complètent ce qu’il n’a pas pu faire de son vivant, en redonnant vie à toute l’autre moitié, supranationale, de l’Eglise orthodoxe, le monachisme, l’ascétisme , la Tradition, que le Père Alexandre, en homme de son temps, ne connaissait et ne comprenait que partiellement.

Pour cette raison, à l’intention de celui qui aida à poser ces fondations, nous n’hésitons pas à dire :
Au Protopresbytre Alexandre – Mémoire éternelle !

Archiprêtre Andrew Phillips, recteur de l’église de Saint Jean de Shanghai, Colchester U.K.
16 février/1er mars 2011

Cet article a déjà été publié Orthodoxierusseoccident
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Notes du traducteur

1) Les numéros de pages cités ci-dessous correspondent à l’édition anglaise du journal du Père Alexandre Schmemann.

2) Colchester, England. March 1, 2011. Archpriest Andrew Phillips, Comparing Notes: The Diaries (Дневники) of Fr. Alexander Schmemann and Russian Church Unity in the Diaspora

3) Cet article a déjà été repris partiellement en russe sur le lien ICI
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Par Georges Nivat - "Prêtre, orthodoxe, occidental et russe: Alexandre Schmemann"

Rédigé par Marie GENKO le 2 Juin 2011 à 09:45 | 17 commentaires | Permalien



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