Les problèmes démographiques qui concernent aujourd'hui presque la totalité des pays européens peuvent être un domaine de coopération entre chrétiens de différentes Églises, surtout celles attaches aux valeurs éthiques et familiales traditionnelles. En effet, il semblerait que l'ampleur des défis dans ce domaine soit telle que seuls des efforts joints des chrétiens pourraient porter ne serait-ce que quelques fruits positifs.

Dans le livre d'Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations, éditions Chronique, 2009, on peut lire l'affirmation suivante: "L'Europe est la seule région du monde dont la population va diminuer durant le premier tiers de ce siècle. L'évolution de deux grands peuples européens qui se sont massacrés mutuellement à Stalingrad illustre d'ailleurs ce déclin général: dans vingt-cinq ans, le peuple allemand aura fondu de 10 millions et le peuple russe (deux avortements pour une naissance) de 15 millions. Sur les vingt-cinq pays de l'Union élargie, dix-sept (dont ceux de l'Europe centrale) connaissent des excédents de décès par rapport aux naissances" (p. 58).

Reste à savoir ce que, concrètement, les chrétiens peuvent faire pour ralentir ce processus de vieillissement et de diminution de la population européenne.

Rédigé par l'équipe de rédaction le 25 Février 2009 à 23:16 | 4 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Jean-Gilles Malliarakis le 18/03/2009 05:29
Si on devait développer vraiment une "doctrine sociale" de l'orthodoxie
-- ce dont je me méfie en observant ce à quoi a conduit la "doctrine sociale" catholique développée par les papes à partir de Léon XIII] --
il me semble qu'elle pourrait partir de cette question essentielle pour l'Europe, - Russie comprise bien évidemment.

Pour répondre concrètement à la question posée je crois que les chrétiens peuvent et doivent fonder des familles et construire un modèle familial.
Ceci se traduira matériellement par un nombre d'enfants élevés dans les foyers chrétiens (conséquence) mais la première question à aborder sera celle du sens spirituel donné à la vie et à la famille.
Le matérialisme de la société occidentale actuel a fait des ravages même chez les catholiques : dans mon enfance, en France dans les années 1950 il était courant de voir une famille de 6 enfants et +. Aujourd'hui, père de 5 enfants j'ai l'impression d'être considéré comme une exception "nataliste".
"Ah ces orthodoxes : ils ne peuvent rien faire comme tout le monde".
Or les gens n'étaient pas plus riches, bien au contraire, dans la France d'il y a un demi-siècle, ils disposaient même de moyens matériels beaucoup plus modestes, les femmes travaillaient exactement autant, et même plus, etc.
Elles faisaient la vaisselle et la lessive à la main pour 8 personnes, et les hommes les aidaient beaucoup moins que de nos jours. On peut multiplier les exemples concrets.
Globalement je ne crois pas que l'on puisse résoudre le problème démographique européen, la "peste blanche", sans poser d'abord la question spirituelle.
Attention aussi aux considérations purement quantitatives et aux statistiques trompeuses.
Pour résumer en une formule : un foyer chrétien a d'abord besoin d'icônes, et les enfants lui seront donnés par surcroît.

2.Posté par le hiéromoine Alexandre le 18/03/2009 12:12
A M. Jean-Gilles Malliarakis:
Merci, Monsieur, pour vos propos éclairants. Permettez-moi d'y ajouter une petite précision: en 2000, l'Église orthodoxe russe a promulgué un document intitulé 'Fondements de la doctrine sociale' (traduit en français et publié en 2007 aux éditions du Cerf à Paris). C'est un document conciliaire, adopté d'abord par le concile épiscopal d'août 2000 et ensuite par le concile local de 2009. On ne peut donc pas dire que l'orthodoxie n'a pas développé de doctrine sociale.
Il est vrai cependant que les Fondements de la doctrine sociale de l'Église orthodoxe russe ne sont pas un document définitif, mais le début d'une longue réflexion sur les questions énoncées dans ce texte. Comme le disait le métropolite Cyrille de Smolensk (l'actuel patriarche de Moscou) dans l'introduction à ce document: 'Au fur et à mesure de l'évolution du contexte politique et social, de la naissance de nouveaux problèmes réclamant une réflexion de la part des chrétiens, la doctrine sociale de l'Église continuera certainement à se développer et à se perfectionner'.
Les problèmes démographiques font partie de ces domaines à développer, parce que les 'Fondements de la doctrine sociale' ne font que les effleurer.
Hiéromoine Alexandre

3.Posté par Manu le 18/03/2009 22:49
Totalement d'accord avec les constations faites. Même si les statistiques peuvent être retournées comme on le souhaite et elles ne satisfont que ceux qui s'en servent, combien de pays européens sont au dessus du seuil de renouvellement des générations qui est à 2,1 enfant me semble t-il? Les Français sont les premiers avec 2,0... http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070116.OBS7239/la_france_est_devenue_le_paysle_plus_fecond_deurope.html faut aussi noter que les familles d'origine africaine et nord africaine en Europe ont bien souvent plus d'enfants que celles européennes et sont pourtant pas souvent les plus aisées. De nos jours on dit qu'on fait moins d'enfants pour mieux les élever et subvenir à leurs besoins (notion souvent assimilée dans ce cas à l'envie) or la famille avant semblait plus stable même s'il est vrai qu'aujourd'hui nous sommes moins dans le besoin d'une manière générale. Ma grand mère avait une dizaine de frères et sœurs pourtant matériellement, et donc financièrement, ils étaient en dessous de tout les moyens dont nous disposons aujourd'hui. L'évolution de la place de la femme a aussi un rôle je pense, de plus en plus travaillent et mettent en priorité le boulot avant de fonder une famille. Chez les anciens c'était surtout l'homme qui travaillait (parfois plus dur encore qu'aujourd'hui) pour nourrir sa famille. La matérialisme laisse entrevoir que l'on ne peut pas suivre financièrement, et c'est sûr que si on adhère en totalité à la société de consommation que l'on nous propose alors une famille nombreuse c'est difficile mais si on se fait une autre idée et conception de la vie, plus simple mais aussi adaptée à la modernité ça ne doit pas être inconcevable pour un couple. Enfin la prise de conscience en France ne viendra à mon avis pas d'un aspect spirituel étant donné que le catholicisme en France tout du moins n'a pas grande influence dans l'esprit des gens puis il n'attire aujourd'hui plus ou peu de monde (et l'orthodoxie est peu connue dans les sociétés occidentales), mais au fil du vieillissement de la population et des diverses difficultés que cela entraîne. Je pense qu'il faut aussi reconsidérer la famille, les liens qui sont les siens de nos jours et le rôle joué par chacun à l'intérieur de celle-ci. Et mettre en avant le cadre solide qui doit l'unir, ce même sentiment que l'on retrouve dans certains milieux ruraux méditerranéens ou autres qui sont moins touchés par l'individualisme ambiant.

4.Posté par Manu le 18/03/2009 22:57
Correction : Lorsque je dis que de plus en plus travaille, je voulais dire plutôt que de plus en plus mettent leur carrière avant autre chose. Il ne faut pas en faire une généralité non plus, mais c'est aussi un point qui était moins présent chez les générations précédentes je pense.

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