Vladimir GOLOVANOW partie 1 et 2

Evolution de la position orthodoxe

A partir du début des années 1990 les difficultés de la participation orthodoxe au COE se font jour de plus en plus clairement sous l'effet de deux phénomène opposés: d'une part les Eglises slaves, libérées du joug communiste, font valoir une position de plus en plus traditionnelle, et ce d'autant plus qu'elles sont attaquée de l'intérieur et de l'extérieur par un mouvement anti-œcuméniste que je crois personnellement majoritaire au niveau des paroisses, et de l'autre côté, je dirais même à l'opposé, certaines Eglises protestantes dérivent vers un libéralisme de plus en plus poussé. Les Eglises orthodoxes ne cachent pas leur malaise vis-à-vis d'une organisation qui leur semble dominée par le protestantisme libéral occidental et ces inquiétudes se sont précisées à la Septième Assemblée du COE (Canberra, Australie, février 1991) dans les "Réflexions des participants orthodoxes à l’attention de la Septième Assemblée" (lire à ce sujet l'intéressante analyse engagée de Nicolas Lossky dans "L’église orthodoxe et le mouvement œcuménique : les difficultés", 2001/2) et ont pris un tour particulièrement aigu à partir de 1998.

1998: "Communiqué de Thessalonique"
(D'après Nicolas Lossky, "Faisons route ensemble; Introduction: deuxième partie")

A l'initiative des Eglises russe et serbes, le patriarche de Constantinople réunit formellement les délégués de toutes les Eglises orthodoxes à Thessalonique en avril-mai 1998 pour décider de leur participation à la prochaine assemblée générale du COE qui devait se tenir à Harare (Zimbabwe) en décembre de la même année (voir plus loin).Chaque Eglise était représentée par deux délégués, l'Eglise russe ayant délégué Mgr Cyril de Smolensk et le père Hilarion (actuellement patriarche de Moscou et "ministre des affaires extérieures" du patriarcat).

La délégation de l'Eglise russe proposa de ne pas y envoyer de "délégués" mais de simples "observateurs" et, après discussion, une solution de compromis transcrite dans un "Communiqué" fut unanimement adoptée: après avoir condamné "les groupes schismatiques les extrémistes qui utilisent le thème de l'œcuménisme pour attaquer la direction de l'Eglise elle-même" et déclaré leur détermination de poursuivre leur participation à toutes les "formes d'activité interchrétienne", ils définissent une "participation restreinte" à l'Assemblée du COE, eu égard à leur "situation minoritaire" au sein des instances de décision, ce qui ne leur permettait pas de faire véritablement entendre leur voix sur des questions "inacceptables pour les orthodoxes" mais encouragées par le COE sous l'influence de la majorité protestante (l'intercommunion, le langage inclusif, l'ordination des femmes, les droits de minorités sexuelles et "certaines tendances au syncrétisme religieux"). Les délégués orthodoxes à l'assemblée du COE ne devaient pas participer aux célébrations ou prières communes ni prendre part aux votes et ces restrictions à la participation devaient rester en vigueur jusqu'à ce qu'une Commission théologique spéciale (orthodoxes-COE) n'aurait pas pris des mesures pour permettre une participation véritablement constructive des orthodoxes dans un COE radicalement restructuré.

Seuls les délégués de l'Eglise de Russie ont été obligés par un mandat impératif du Synode d'appliquer les décisions de Thessalonique à la lettre. Les autres Orthodoxes ont "interprété" le texte. Ainsi, certains ont fait valoir que ne pas "participer" aux offices pouvait être compris au sens d'être présents sans accepter de prendre un rôle "actif" (présider ou lire un texte biblique ou une prière.) Les Eglises de Géorgie et de Bulgarie ont, elles, quitté le COE avant l'assemblée générale, mais ces deux Eglises ont été malgré tout présentes à Harare en la personne d'invités officiels, un prêtre géorgien et un groupe de Bulgares (avec le professeur Todor Sabev; ce groupe a fait circuler un texte déplorant le départ de leur Eglise). Le prêtre géorgien a pris la parole en séance plénière et a décrit d'une façon extrêmement émouvante la situation impossible du patriarche-catholicos Elie, personnellement très engagé dans le mouvement œcuménique et attaché au COE dont il fut l'un des présidents. Le prêtre a reçu une ovation debout (standing ovation) qui a duré plusieurs minutes. Quant aux orthodoxes, la plupart ont été émus jusqu'aux larmes.

Huitième Assemblée du COE Harare Zimbabwe, 3 - 14 décembre 1998 (D'après Nicolas Lossky, ibidem): Le père Hilarion (Alfeïev), chef de la délégation de l'Eglise de Russie, a fait une déclaration importante:

Citation

"Je représente l'Eglise de loin la plus importante du point de vue numérique au COE: plus de cent millions de fidèles. Notre Eglise a beaucoup contribué au processus d'une CVC («Vers une conception et une vision communes du COE»). L'une des principales lignes de force de ce processus consiste à découvrir s'il y a croissance de la koinonia entre les chrétiens des différentes confessions. Posons-nous la question avec franchise ici: la koinonia est-elle en croissance ou non? Je répondrai 'oui' si nous parlons des processus qui existent à l'intérieur des principales familles d'Eglises. Plusieurs Eglises protestantes qui n'étaient pas en communion eucharistique entre elles il y a cinquante ans sont maintenant en pleine communion. Les Eglises orthodoxes étaient, certes, en pleine communion eucharistique il y a cinquante ans, mais il y avait beaucoup moins de coordination et d'échanges entre elles qu'il n'y en a maintenant. Les représentants des Eglises locales orthodoxes se rencontrent régulièrement à présent et ceci a très souvent lieu dans le cadre du COE. Nous sommes donc reconnaissants au Conseil qui a fourni l'espace et le financement pour ces rencontres. Mais si nous considérons les relations entre les Eglises orthodoxes d'une part et les Eglises des traditions protestante et anglicane d'autre part, il est clair que la koinonia n'est pas en état de croissance. Au contraire, le fossé entre elles s'élargit de plus en plus. Il y a cinquante ou soixante ans, il existait même un espoir de rétablissement d'une pleine communion eucharistique entre les orthodoxes et les Eglises anglicanes. En fin de compte, surtout après la décision des Eglises anglicanes d'ordonner des femmes à la prêtrise, cet espoir a complètement disparu. La même chose est vraie de beaucoup d'Eglises protestantes. Après toutes ces années de notre engagement œcuménique, il devient clair que l'Eglise orthodoxe et les Eglises de tradition protestante se développent dans des directions opposées. L'Eglise orthodoxe maintient les valeurs traditionnelles dans les domaines du dogme, de la spiritualité, du culte et de l'ethos. Plusieurs Eglises protestantes au contraire adoptent certaines caractéristiques de la société libérale occidentale, perdant l'une après l'autre des valeurs chrétiennes traditionnelles. (Beaucoup d'Eglises protestantes ordonnent des femmes, certaines utilisent le langage inclusif appliqué à Dieu dans leur liturgie, certaines approuvent le mariage d'homosexuels, etc.). Toutes ces tendances alarmantes se reflètent dans l'ordre du jour du COE, lequel, comme beaucoup le reconnaissent, est dominé par un ethos protestant occidental. Les orthodoxes ne peuvent pas avoir d'influence sur l'ordre du jour car ils sont toujours minoritaires (et le quota de 25% n'aide en rien la situation).
Nous n'avons jamais discuté les questions, importantes pour nous, comme la vénération de la Vierge Marie, la vénération des icônes, la vénération des saints, le monachisme, la prière pour les défunts, parce que ces questions divisent. Mais qu'en est-il du langage inclusif appliqué à Dieu? Qu'en est-il de la prêtrise des femmes? Est-ce que ce ne sont pas des questions qui divisent? Etant forcés d'entrer dans la discussion sur des questions étrangères à notre tradition, nous devenons de plus en plus isolés et marginalisés au sein du COE. Nous nous sentons de moins en moins chez nous ici. Deux Eglises orthodoxes (géorgienne et bulgare) ont déjà quitté le Conseil; elles n'ont pas envoyé de délégués à cette Assemblée. D'autres Eglises (celles de Russie, de Grèce, de Serbie) ont décidé d'envoyer des délégations réduites, ou d'abaisser leur niveau de représentation. Que signifie tout cela? Que les orthodoxes ne sont plus satisfaits de l'ordre du jour et de la structure du COE. Cette insatisfaction fut clairement exprimée à la réunion panorthodoxe officielle qui s'est tenue à Thessalonique en mai 1998: 'Après un siècle de participation orthodoxe au mouvement œcuménique, et 50 ans au COE en particulier, nous ne percevons pas de progrès suffisant dans les discussions théologiques multilatérales entre les chrétiens. Au contraire, le fossé entre les orthodoxes et les protestants s'élargit.' En ce qui concerne les relations entre les Eglises orthodoxes et le COE, la déclaration de Thessalonique suggère que 'le COE doit être radicalement restructuré pour permettre une participation orthodoxe plus adéquate'. Cette proposition a été favorablement reçue par le Comité exécutif et je voudrais appeler tous nos sœurs et nos frères assis ici à soutenir la création de cette Commission (spéciale). Enfin, la déclaration de Thessalonique souligne que 'si les structures du COE ne sont pas radicalement modifiées, d'autres Eglises orthodoxes se retireront aussi du Conseil, comme l'a fait l'Eglise de Géorgie'. Il ne faut pas se laisser abuser par ce discours. Il ne s'agit ni de menace, ni de chantage. Il s'agit plutôt d'un cri de douleur. Il décrit une réalité douloureuse dans laquelle beaucoup d'orthodoxes se trouvent au sein du Conseil, une réalité que nous ne pouvons plus supporter". Fin de citation

Notons que sur un point, le refus de « l’hospitalité eucharistique », les Orthodoxes ont été entendus au sein du COE. En effet, il a été décidé à partir de cette Huitième Assemblée de ne pas inclure de célébration de l’Eucharistie dans le programme officiel. Ceci n’est certainement pas un règlement du débat sur la question de fond mais, au moins, cela exclut le scandale d’une Eucharistie orthodoxe où tous sont présents, mais seuls les Orthodoxes chalcédoniens peuvent communier, comme à Canberra (Nicolas Lossky ibidem).

* * *

1999-2003 La Commission spéciale sur la participation des Orthodoxes au COE: Créée en 1999, la Commission spéciale sur la participation des Orthodoxes au Conseil œcuménique des Eglises se compose de trente représentants des Eglises orthodoxes, aussi bien chalcédoniennes que préchalcédoniennes, et trente représentants des autres Eglises membres du Conseil. Elle est coprésidée par le métropolite Chrysostomos d'Ephèse (Patriarcat de Constantinople) et par l'évêque Rolf Koppe (Eglise évangélique d'Allemagne).

Elle a pour mandat "d'étudier et d'analyser tout l'éventail des questions relatives à la participation orthodoxe au sein du COE" et "de faire des propositions au Comité central de ce dernier concernant les modifications nécessaires à apporter à la structure, au style et à la manière de vivre du Conseil".

La Commission s'est réuni 2 fois en 1999 et 2000. Accueillant les délégués au Caire en 2000 le pape de l'Eglise copte Shenouda III a vigoureusement rappelé certaines des difficultés que rencontrent les orthodoxes en général, et les fidèles de son Eglise en particulier, du fait de leur appartenance au COE. Il s'est notamment arrêté sur des questions qui constituent une menace pour l'unité et la communion fraternelle des Eglises, telles que l'homosexualité, l'ordination des femmes et l'emploi du langage inclusif pour parler de Dieu déjà mentionnées dans le Communiqué de Thessalonique (l'Eglise copte ne faisant pas partie des Eglises chalcédonienne n'avait pas été partir prenante de ce communiqué). Il a déclaré que, dans leur quête de l'unité visible, les Eglises membres devraient rechercher ce qui les unit, plutôt que ce qui les divise. Le "rapport intérimaire" établi à l'issue de la réunion a été approuvé par le Comité central du COE (août 2002), qui a admis en particulier que les décisions ne seraient plus prises à la majorité des voix mais par consensus, et confirmé à la conférence de Thessalonique (juin 2003). Outre le processus de décision il aborde des points de friction importants, de l'ecclésiologie aux prières communes sans leur apporter aucune réponse définitive mais en montrant la voie de recherches ultérieures.

Ainsi deux demandes concrètes des Orthodoxes ont été satisfaites par le COE, sur l'intercommunion et sur la règle du consensus pour les décisions; par contre tous les sujets doctrinaux restent en suspens.

La position actuelle de l'Eglise russe: L'Eglise russe est, à ma connaissance, la seule à avoir pris et publié une position canonique sur le sujet en adoptant les "Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie" (adoptés par le concile épiscopal en 2000 et confirmés par le concile local de 2009). Même s’il s’agit d’un document interne de l’Église orthodoxe russe, il est peu probable « qu’une Église orthodoxe (sous-entendu parmi les autres) veuille critiquer une position dogmatique de l’Église orthodoxe russe. Les évêques de cette Église pensent que lorsqu’ils parlent de divers aspects théologiques et doctrinaux de notre participation à des activités interchrétiennes, ils représentent le point de vue orthodoxe, que partagent certainement les autres Églises orthodoxes » comme l'a dit Mgr Hilarion (Alfeyev) dans une interview donnée à Karin Achtelstetter, responsable des relations avec les médias au COE en 2000 (ibidem "L’église orthodoxe et le mouvement œcuménique : les difficultés").
Il me parait donc intéressant de citer ce que le même métropolite Hilarion déclarait récemment à ce propos dans une conférence au sujet du saint et grand concile de l’Eglise orthodoxe (3.11.2011)Citation (les No sont ceux du texte original)

8. La question de la relation des Églises orthodoxes à l’égard du reste du monde chrétien

La question de la relation des Églises orthodoxes à l’égard du reste du monde chrétien fut discutée la première fois lors de la session de la commission interorthodoxe préparatoire en 1986. Le projet de décision proposé par la commission, où l’attention était portée sur les dialogues de l’Église orthodoxe avec les catholiques-romains, vieux- catholiques, luthériens, anglicans, réformateurs et les représentants des Églises orientales anciennes, fut confirmé par la Réunion préconciliaire panorthodoxe en 1986.

Il convient de mentionner que, à l’époque actuelle, une partie significative du document y relatif est dépassé. Aussi, celui-ci nécessite une révision significative, car beaucoup de données du dialogue interchrétien ont subi un changement sérieux depuis 1986. C’est ainsi, par exemple, que toute une série de dénominations protestantes ont dévié dans des formes extrêmes de libéralisme, légitimant des phénomènes tels que le sacerdoce et l’épiscopat féminins, les mariages d’homosexuels et les ordinations de ceux-ci à la prêtrise. En raison de ces circonstances, l’Église orthodoxe russe a interrompu le dialogue avec toute une série de groupes protestants.

En l’an 2000, le concile des évêques de notre Église a adopté le document « Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie ». Les principaux postulats de ce document, pensons-nous, doivent être pris en compte dans le projet révisé de résolution panorthodoxe relatif à ce thème.
Certains principes reflétés dans ce document [c.-à-d. le projet de décision de la commission], concernant la coordination de l’interaction des Églises orthodoxes autocéphales dans la conduite du dialogue avec les hétérodoxes, nécessitent un réexamen. Toutefois, certaines positions fondamentales du document peuvent être reprises comme base lors de sa nouvelle rédaction.

9. Le thème « L’orthodoxie et le mouvement œcuménique »

Le thème « L’orthodoxie et le mouvement œcuménique », consacré à la participation de l’Église orthodoxe aux différentes organisations interchrétiennes, telles que le Conseil œcuménique des Églises, la Conférence des Églises européennes et autres, a été discuté en 1986. Le texte, préparé par la réunion panorthodoxe préconciliaire, il y a maintenant 25 ans, nécessite une révision fondamentale. Lors du quart de siècle écoulé, hormis les tendances déjà énumérées et confirmées dans les milieux protestants, le niveau de participation des Églises locales orthodoxes dans les organisations interchrétiennes a changé, ainsi que les circonstances à l’intérieur de ces organisations mêmes.

En 1997, le concile des évêques de l’Église orthodoxe russe a examiné attentivement la question de l’œcuménisme et l’on s’est demandé si l’Église orthodoxe russe pouvait rester membre du COE. Il fut décidé de discuter le problème du mouvement œcuménique actuel à un niveau panorthodoxe. Une réunion panorthodoxe fut convoquée sur l’initiative des Églises orthodoxes russe et serbe en automne 1998 à Thessalonique. Les participants à la réunion témoignèrent du fait que, pendant toutes les années d’existence du COE, le fossé dogmatique et moral entre les orthodoxes et les hétérodoxes non seulement ne s’est pas réduit, mais s’est même agrandi. Il fut déclaré que la structure présente du COE, le mécanisme de prise de décisions, l’organisation de prières communes sont inacceptables pour les Églises orthodoxes. En conséquence, ou bien elles doivent quitter le Conseil, ou bien le Conseil doit être radicalement réformé. Lors de cette réunion, la décision fut prise concernant la nécessité impérative de créer une commission bilatérale paritaire au sujet du dialogue entre le COE et les Églises orthodoxes. L’auteur de cette idée était le président du département des affaires extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Cyrille (l’actuel patriarche de Moscou et de toute la Russie).

Les principes de participation aux organisations interchrétiennes, élaborées par les réunions panorthodoxes, ont été pris en considération lors de la préparation des «Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie», dont il a été question plus haut. En tout état de cause, ce travail de nombreuses années doit trouver son écho dans le futur document consacré aux liens interchrétiens." Fin de citation









Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 10 Juillet 2012 à 09:37 | 22 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G le 24/02/2014 20:13
"Justine" a écrit sur un autre fil:

Quant à St Nikolaj et d'autres qui ont soutenu le mouvement œcuménique à ses débuts, on a déjà signalé plusieurs fois qu'ils se sont ensuite séparés de ce mouvement parce qu'ils ont constaté qu'il déviait complètement du but qu'ils lui avait assigné à l'origine. Quant à votre article sur le sujet que vous me demandez de commenter, il est clair que vous écrivez à partir d'une position œcuméniste ou du moins philo-œcuméniste ou fortement sympathisante, comme le montre déjà la citation de Berdiajev que vous mettez en exergue: "Rentrer, du plus profond" etc., laquelle suggère qu'il s'agit simplement d'établir des relations fraternelles avec "les chrétiens de toutes confessions", éclipsant entièrement l'œuvre cruciale, essentielle de ramener les hétérodoxes à l'Orthodoxie, but assigné à l'origine par St Nikolaj et autres Orthodoxes à ce mouvement.

Or, comme le dit expressément le document "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie": "L'unité authentique n'est possible que dans le sein de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Tous les autres 'modèles' d'unité sont irrecevables" (2.3) et : "Absolument inacceptable et liée avec celle qui vient d'être exposée, est la théorie dite 'des branches', qui considère comme normale et providentielle l'existence du christianisme sous forme de 'branches' distinctes" (2.5).
Et plus loin: "Pour l'Orthodoxie l'affirmation selon laquelle les divisions des chrétiens sont une imperfection inévitable de l'histoire chrétienne, qu'elles n'existent qu'à la surface de l'histoire et qu'elles peuvent être guéries ou maîtrisées moyennant des compromis entre dénominations est inacceptable" (2.6), et: "L'Église orthodoxe ne peut reconnaître l' 'égalité des dénominations'. Ceux qui ont déchu de l'Église ne peuvent lui être à nouveau unis dans l'état où ils se trouvent actuellement; les divergences dogmatiques existantes ne doivent pas seulement être contournées, mais surmontées. Cela signifie que le chemin de l'unité est un chemin de repentance, de conversion et de renouveau" (2.7). Notons aussi cette constatation:

"Les erreurs et les hérésies apparaissent comme conséquence d'une auto-affirmation et d'un isolement égoïstes. Toute scission, tout schisme entraînent à un degré ou à un autre la déchéance de la plénitude ecclésiale. La division, même si elle ne découle pas de raisons d'ordre doctrinal, est une atteinte à la doctrine de l'Église et en fin de compte conduit à une altération de la foi" (1.14).

En fait, ce document de l'Eglise russe est tellement complet et inéquivoque qu'il suffisait de le reproduire pour informer les lecteurs de PO sur la question d'une manière orthodoxe. Notez d'ailleurs le "ton abrupte et sans appel" de ce document!

Dans votre article vous énumérez bien certaines protestations orthodoxes du siècle passé (Déclaration d'Oberlin notamment), mais vous ne signalez pas que depuis deux décennies, ces protestations ont cessé et que, au lieu de s'y opposer de manière manifeste et inéquivoque, la majorité des représentants orthodoxes se laissent entrainer de plus en plus par l'idéologie protestante du COE – notamment aussi dans ce souci néfaste de "ne pas heurter des sensibilités", avec le résultat qu'on heurte le Christ, Son Eglise et la Sainte Foi orthodoxe! - et ont signé des documents clairement hérétiques exprimant l'ecclésiologie protestante des "branches" et acceptant que les soi-disantes "églises" (lis: sectes) protestantes soient traitées sur un pied d'égalité avec l'Eglise Orthodoxe, c'est à dire avec l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique.

2.Posté par Vladimir.G le 25/02/2014 18:01
J'ai reporté ici ce commentaire de Justine pour souligner notre accord sur un point: l'importance des "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", seul document sur le sujet adopté par un concile local, ce qui lui donne évidement un poids canonique certain comparé à toute sorte de "proclamation de foi" plus ou moins individuelle ou émanant de groupuscules divers .

Ce document souligne l'importance du dialogue œcuménique et c'est en le gardant pour base que la délégation de l'Eglise russe, dirigée par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, a été la plus nombreuse à la Dixième Assemblée du Conseil œcuménique des Églises (1) (Busan 2013). Le métropolite Hilarion en a confirmé les objectifs dans une une interview (ibis): "Témoigner de l’Orthodoxie devant le monde hétérodoxe, c'est l'objectif essentiel de notre participation aux travaux du COE," a souligné le métropolite en définissant les priorités du travail de la délégation de l'Eglise russe. "Le COE reste à sa manière le seul espace où peuvent se rencontrer les représentants de plus de 300 églises" a-t-il précisé dans l'interview.

Comme on le voit, les Orthodoxes qui participent pleinement au travail des instances œcuméniques restent clairement dans la voie définie par les fondateurs dont faisait partie saint Nicolas...

Mais à ce propos, je lis souvent des affirmations du genre "qu'ils se sont ensuite séparés de ce mouvement..." mais il n'y a jamais aucune source documentée de cette assertion. Pourriez-vous, bien chère Justine, palier cette fois cette lacune ou en resterons nous une nouvelle fois à une affirmation gratuite et infondée?

(1) cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Dieu-de-vie-mene-nous-a-la-justice-et-a-la-paix-Matthieu-2531-46-Luc-178-79_a3381.html

3.Posté par Daniel le 25/02/2014 23:02
Quand on lit les accords de Balamand, on voit bien qu'il ne s'agit pas de demeurer dans la voie originelle, ce n'est pas du témoignage, c'est de la capitulation. Illustration

" Par réaction, l’Église orthodoxe, à son tour, en vint à épouser la même vision selon laquelle chez elle seule se trouvait le salut. "

Faux l'église orthodoxe a eu toujours la conscience d'être la seule église du Chrits

"De part et d’autre, on reconnaît que ce que le Christ a confié à son Église — profession de la foi apostolique, participation aux mêmes sacrements, surtout à l’unique sacerdoce célébrant l’unique sacrifice du Christ, succession apostolique des évêques — ne peut être considéré comme la propriété exclusive d’une de nos Églises."

Encore un mensonge, tout ce dépôt n'existant pas en dehors de l'église orthodoxe. Ainsi, la succession apostolique se perd en sortant de l'église comme indiqué dans le canon 1 de Saint Basile validé par je ne sais quel concile oecuménique.

Au passage, je sais qui est Saint Basile, je sais ce qu'est un concile oecuménique, les deux ont formulé des canons. En revanche, jignore superbement un document des années 2000 signés par des évêques russes dont j'ignore tout et qui contredirait les deux éléments précités (et d'autres), document qui n'est même pas un canon pour avoir une valeur canonique.

On peut aussi citer la reconnaissance de baptême donné en dehors de l'église (Australie par le covenant agreement ou Allemagne...)

Texte de Balamand : http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/ch_orthodox_docs/rc_pc_chrstuni_doc_19930624_lebanon_fr.html

Covenant agreement australien : http://ecumenism.net/archive/docu/2004_australian_covenant.pdf

4.Posté par Tchetnik le 26/02/2014 13:19
Voici déjà ce qu'écrit Jean Claude Larchet dans courte biographie:

""Il fit part aussi, à cette époque, de sa volonté de
réunir toutes les églises chrétiennes, et à partir de ce moment-là il se rapprocha de l’église anglicane
en Angleterre et de l’église épiscopalienne aux États-Unis.""

Plus loin, il mentionne bien:

""Sous l’influence du Mont-Athos, de ses relations avec le starets Silouane (qu’il considérait
comme son « maître ») et de son contact étroit avec les oeuvres des saints Pères — qu’il se mit à lire
et à étudier beaucoup à cette époque — un changement intérieur profond s’opéra en lui, marqué par
un recentrage sur l’Orthodoxie et une transformation personnelle qui purent être remarqués par
tous.
Sur le plan des idées, Monseigneur Nicolas rejeta loin de lui ce qui, venant soit de l’Occident soit
de l’Extrême-Orient, était étranger à la Tradition orthodoxe.""

""Monseigneur Nicolas fut également conduit à s’engager dans certains épisodes de la vie politique
de son temps. En 1937, il s’opposa avec succès au concordat imposé à l’Église par le gouvernement
de Stojadinović et de Korosec, qui résultait d’un accord conclu avec le Vatican et faisait du pays
une terre de mission pour l’Église latine.""

Il suffit ensuit de lire effectivement ses textes d,après 1920 (en particulier sa VIE DE SAINT SAVA) pour se convaincre que, s'il entretenait de bonnes relations avec les membres des autres confessions Chrétiennes, il n'en était pas relativiste ou eucuméniste pour autant.

5.Posté par Vladimir.G le 27/02/2014 18:22
Bien cher Daniel,

Votre message semble mettre dans le même sac la "Déclaration de Balamand" et les "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie" alors que ces deux documents n'ont rien à voir.

Le premier n'a rien à voir avec notre débat. Adopté par la Commission théologique mixte Orthodoxes-Catholiques en 1993, c'est un document de travail qui n'a jamais été reçu par aucune Eglise (1) et qui n'a rien de définitif. Ainsi le métropolite Hilarion de Volokolamsk a-t-il rappelé le 22 novembre 2011 dans son discours ouvrant le Comité de coordination de la Commission théologique mixte réuni à Rome, que l’une des conditions à la participation de l’Église orthodoxe russe au processus de dialogue orthodoxe-catholique avait été "un retour sur le problème de l’uniatisme", ce qui implique évidement de reprendre la "Déclaration de Balamand". Ce document avait toutefois marqué une avancée importante dans ce dialogue là: "catholiques et orthodoxes y ont condamné l’uniatisme, reconnaissant que cette voie ne menait pas à l’unité" a rappelé Mgr Hilarion en janvier dernier(2). En tous cas cette Déclaration n'est pas le sujet de ce fil car elle ne traite que des relations entre les Eglises catholique et orthodoxe et ne concerne donc pas directement l'œcuménisme. Si vous souhaitez continuer ce débat, je vous suggérerais de rejoindre un fil dédié (3).

Les "Principes fondamentaux" sont un document de tout autre ordre puis qu'il a été adopté par le concile épiscopal de l'Eglise russe en 2000 et son concile local en 2009. Il a donc une valeur canonique certaine pour l'Eglise russe et, comme il n'y a jamais eu aucune décision d'un tel niveau dans aucune Eglise orthodoxe et qu'aucune Eglise ne l'a jamais contesté, on peut penser qu'il servira de base au débats du concile panorthodoxe sur ce thème comme l'a suggéré Mgr Hilarion. Il semble de fait que ces "Principes" fassent l'objet d'un très large consensus parmi les Eglises et il est d'ailleurs souvent arrivé par le passé que des décisions adoptées par un concile local soient ensuite confirmées par les conciles œcuméniques…

Merci bien cher Tchetnik de rappeler cette biographie. Elle montre bien que St Nicolas n'a jamais renié son engagement pour la fondation du mouvement œcuménique ni sa signature de la "Déclaration des participants orthodoxes" à la Première Conférence mondiale «Foi et Constitution» à laquelle il participait (Lausanne, 1927; cf. "Partie 1").

(1) Cf. http://www.catho-theo.net/spip.php?article176
(2) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-metropolite-Hilarion-Le-Patriarche-Cyrille-a-pour-objectif-d-employer-au-maximum-tout-le-potentiel-de-l-Eglise_a3579.html
(3) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-Commission-theologique-mixte-internationale-orthodoxe-catholique-va-revenir-sur-les-questions-de-l-uniatisme-et-de-la_a2054.html

6.Posté par Tchetnik le 27/02/2014 19:59
Elle montre surtout qu'il en était beaucoup revenu.

7.Posté par Daniel le 28/02/2014 00:36
Saint Nicolas de Jitcha meurt en 1956. L'oecuménisme n'avait pas encore pris sa forme folle furieuse (prêtresse lesbienne, danses exotiques un rien chaude etc).

8.Posté par justine le 28/02/2014 09:16
Cher Vladimir, vous demandez des documents précis, avec adresse Internet etc. Ainsi donc vous vous dispensez de faire des recherches pour prouver votre position (jusqu'a present, pour ce qui concerne St NIkolaj, vous n'avez fourni que l'affirmation de sa signature sur le document initial de "Foi et constitution" et rien de plus) et n'exigez de preuves que pour celle de ceux qui vous contredisent. Je vous ai déjà indiqué auparavant, je ne sais plus sur quel fil, une déclaration caractéristique de St Nikolaj sur la mentalité œcuméniste: sa lettre missionnaire no 127. Veuillez donc vous y reporter. Comme relève Tchetnik, les écrits de Saint Nikolaj après 1920 témoignent en maints endroits qu'il a une optique parfaitement orthodoxe et non pas relativiste-œcuméniste. Veuillez donc les lire. Il se peut que quelque part il se soit formellement prononcé contre les déviations au sein du COE (dont les pires, comme relève Daniel, datent des toutes dernières années), mais un tel texte est introuvable sur l'Internet. Ne prenez pas cela pour argument pour continuer à soutenir que St Nikolaj était en union d'âme avec la panhérésie de l'œcuménisme dénoncé sous ce terme exact par son disciple, ami et compagnon de lutte Saint Justin (Popovic), avec lequel il était, par contre, en union d'âme jusqu'à sa fin. Mais on se lasse de répéter les mêmes choses et de tenter de percer des oreilles bouchées.

Pour le Père G. Florovski - dont le retrait du mouvement œcuménique est mentionné par de nombreux théologiens anti-œcuménistes (notamment le Père Georges Metallinos dans sa contribution à la Conférence contre l'hérésie post patristique au Pirée en février 2012 (http://aktines.blogspot.gr/2012/02/blog-post_29.html#more) - , vous pouvez vous ressourcer au sujet de ses critiques du mouvement œcuménique dans les volumes 13 et 14 de ses Oeuvres complètes, dans lesquels sont réunis ses textes sur la question (George Florovski, "Collected Works", Nordland Publications 1972).

D'autre part, à ce que vous dites sur les "Principes fondamentaux", relevant qu'il est le seul document sur le sujet adopté par un concile local etc., je voudrais ajouter encore que l'Eglise Russe est une des rares Eglises orthodoxes participant au COE ou peut-être même la seule, dont la participation soit déterminée par des motifs évangéliques, car la plupart des autres y participent pour faire avancer leurs propres causes, politiques, économiques etc., bref, pour faire bonne figure en Occident dont on espère protection et financements. Mais, dit le Prophète Isaïe, "malheur à ceux qui descendent en Egypte pour chercher secours..." (Is 31,1)

9.Posté par Vladimir.G le 28/02/2014 10:06
Nous ne parlons visiblement pas de la même chose. Pour moi l'œcuménisme orthodoxe est celui de Mgr Hilarion qui est clairement dans la ligne des fondateurs dont faisait partie saint Nicolas (cf. partie 2)

10.Posté par Vladimir.G le 01/03/2014 20:49
(Suite de 9)
Je ne sais pas ce que signifie "relativiste-œcuméniste". S'il s'agit de qualifier les dérives dont parle Daniel, je ne sais pas quels sont les Orthodoxes qui y participent. Mais là encore c'est surtout une question de mots: si je vous comprends bien, chère Justine, vous ne considérez ni les fondateurs orthodoxes autour de St. Nicolas, ni les représentants de l'Eglise russe comme des "relativiste-œcuméniste" alors que la «Confession de foi contre l’œcuménisme» d’avril 2009 amalgame toute forme de dialogue interconfessionnel à l'œcuménisme qui "est le nom commun pour les pseudo-Églises de l’Europe occidentale" et conclu "Leur nom commun est en fait «panhérésie»".

Pour ma part je fais clairement la distinction entre d'une part le dialogue fondè par St Nicolas et ses compagnons et que continuent les Eglises orthodoxes (menés par l'Eglise russe), et d'autre part les dérives contre lesquelles s'élève Mgr Hilarion.

11.Posté par justine le 02/03/2014 14:42
Vous persistez à confondre écuménisme et effort de ramener les hétérodoxes à l'Orthodoxie. Veuillez donc vous rapporter à une definition technique du terme, p. ex. sur wikipedia:

"L’œcuménisme, parfois orthographié écuménisme, est un mouvement tendant successivement et selon les périodes de l'histoire :
à promouvoir l'unité ecclésiologique des Églises protestantes issues de la Réforme, auquel cas, il s'agit d’unionisme ;
à promouvoir des actions communes entre les divers christianismes, en dépit des différences doctrinales affichées par les diverses Églises, avec pour objectif l’unité visible de l’Église1, auquel cas, il s'agit d’œcuménisme."

Voila une définition brève et exacte. Ni dans un cas ni dans l'autre il y a la moindre intention de témoigner de la Sainte Foi Orthodoxe en vue de ramener les hétérodoxes à l'Orthodoxie, unique motif, selon le Document de l'Eglise Russe sur la relation avec les hétérodoxes, de sa participation au COE.

Par ailleurs, votre manière de présenter les choses, attribue à St Nikolaj un role qui n'était pas le sien. Vous ne pouvez pas le styliser "fondateur du mouvement oecuménique", pour la simple raison que la genèse de ce mouvement et du COE en particulier est beaucoup plus complexe.

12.Posté par justine le 02/03/2014 21:12
Concernant la genèse du mouvement dit œcuménique, rappelons qu'elle impliquait surtout les protestants et les Francs-Maçons, lesquels sont eux aussi une ex-croissance du protestantisme d'une part, du zionisme de l'autre. Dès ses origines, ce mouvement est instrumentalisé par les promoteurs du "New World Order". Pour apprendre quelques-unes de ces implications et la provenance des moyens financiers de ce mouvement, vous pouvez consulter les mémoires de D. Rockefeller ainsi que l'étude de l'historien américain Charles Harvey, «John D. Rockefeller, Jr., and the Interchurch World Movement of 1919-1920: A Different Angle on the Ecumenical Movement», Church History, tome. 51, no. 2 (Juin 1982), p. 198-209.

13.Posté par Irénée le 03/03/2014 13:05
Les Francs-Maçons, excroissance du sionisme et du protestantisme ? Personnellement, j'ai un peu de mal à vous suivre.... pour des raisons de dates tout d'abord... et concernant une filiation idéologique également... Mais Justine va certainement pouvoir nous expliquer tout ça !

14.Posté par Vladimir.G le 03/03/2014 18:32
Bien chère Justine,

Vos amalgames et raccourcis sont habituels aux zélotes de l'anti-œcuménisme qui rend toute discussion très ardue et vous persistez à déformer ce que j’écris:

- "Ni dans un cas ni dans l'autre il y a la moindre intention de témoigner de la Sainte Foi Orthodoxe en vue de ramener les hétérodoxes à l'Orthodoxie": c'est pourtant bien là le motif essentiel de participation des Orthodoxes comme le précisent les "Principes fondamentaux de l'Eglise russe" et les déclarations de Mgr Hilarion.

- "attribue à St Nikolaj un rôle ... de "fondateur du mouvement œcuménique"": en participant à la Première Conférence mondiale «Foi et Constitution» en 1927 saint Nicolas a incontestablement participé à la fondation du mouvement œcuménique, en particulier à la "Déclaration des participants orthodoxes" à cette Première Conférence mondiale, mais je n'ai jamais écrit qu'il en était LE fondateur.

Il est certain que les fondateurs orthodoxes y ont vu un moyen de faire largement connaitre l'Orthodoxie en Occident et que les représentants orthodoxes s'y tiennent toujours, ce qui rend caduques et non fondées les accusations récurrentes des "zélotes".

15.Posté par Daniel le 04/03/2014 13:24
Quand le Christ envoie les apôtres en mission, il leur dit aussi de secouer la sandale des pieds devant les portes des gens qui ne les auront pas reçus. La mission et le témoignage s’adressent à tous, mais on n’insiste pas auprès de gens peu réceptifs, ce qui est logique car ils sont libres de leurs choix.

Dans le cas du COE, entre les années 20 et 2020, on ne peut dire que le témoignage orthodoxe, à supposer qu’il y ait témoignage en tapant ensemble dans les mains ou en regardant des danses, n’a pas eu un grand succès. Il suffit de voir la post-modernisation des églises membres du COE : femme prêtre, mariage homosexuel etc. S’y ajoute le fait que le fidèle de base de ces églises ne sait en général rien de l’église orthodoxe. Le témoignage inexistant s’adresse donc… à une poignée de délégués… ce qui est minime au vu de la population chrétienne mondiale… avec des résultats proches du zéro… Va-t-on encore continuer à dépenser de l’argent dans pareilles bêtises ?

16.Posté par justine le 06/03/2014 15:46
Le document de "Foi et Constitution" est une des étapes de la genèse du mouvement œcuménique et non pas sa fondation. Je vous ai indiqué des sources. Les racines de ce mouvement plongent dans le18e siècle, lorsque Zinzendorf essaya pour la première fois de réunir tous les chrétiens occidentaux, les efforts se poursuivent par la fondation de diverses organisations protestantes au 19e siècle (YMCA, YWCA, WSCF etc.), pour parvenir enfin, au début du 20e à la fondation du Federal Council of Churches (1908), donc tout cela bien avant la Conférence de Lausanne en 1927. Que l'œcuménisme est promu et encouragé de mille manières par le zionisme est un fait trop connu, et d'ailleurs un des financiers le plus célèbres du mouvement œcuménique est le déjà nommé John Rockefeller et sa famille, piliers du zionisme américain. Quant a la franc-maçonnerie, elle apparait aux Iles Britanniques au 17e-18e siècle, se répand rapidement dans les milieux protestants sur le continent et en Amérique, (l'Eglise catholique devait la combattre), et on trouve parmi ses organisateurs beaucoup de pasteurs, comme p. ex. le calviniste Fréderic Desmons (Grande Loge de France, 19e s.). L'universalisme et pluralisme anti-ecclesial franc-maçon trouve une de ses expressions dans le mouvement œcuménique, et beaucoup des dirigeants de ce dernier sont aussi des franc-maçons. Si vous voulez des détails, vous n'avez qu'à vous procurer des manuels d'histoire dans ces divers domaines ou faire vos propres recherches sur l'internet où les sources abondent. Il est trop facile de toujours réfuter toutes les indications qu'on vous fournit, sous prétexte que les détails manquent et qu'on vous donne des raccourcis. Les indications données suffisent pour vous permettre d' entreprendre vos propres recherches. Je n'ai pas le loisir de vous soumettre des études en détail.

Ensuite, c'est un procédé malhonnête, mais évidemment largement utilisé par les oecuménistes à court d'arguments, de toujours coller à leurs adversaires des étiquettes méprisantes et discréditantes, que ce soit "zélotes" ou "fondamentalistes", voire "fanatiques" ou "sectaires". Mais cela ne fait qu'éclater au grand jour leur manque de défenses authentiques. D'ailleurs peu importe, la suite des évènements suffira pour montrer où est le vrai. Ce sera comme avec les évènements de Kiev où la vérité apparait de plus en plus clairement et l'hypocrisie des Occidentaux est demasquée.

17.Posté par Tchetnik le 07/03/2014 08:29
Sur la collusion FM-eucuménisme (entre autres) on peut lire les ouvrages de LÉON DE PONCINS, en général bien sources et documentés.

18.Posté par Hors sujet (posté par Vladimir.G) le 07/03/2014 23:02
Je pense que le titre de ma série d'articles, auxquels se rattache ce fil de discussion, délimitait clairement le sujet: il s'agit de L’ŒCUMÉNISME ORTHODOXE, dont la doctrine a été clairement définie par la "Déclaration des participants orthodoxes" en 1927. J'en ai proposé différents jalons dans mes articles et on peut certainement en trouver d'autres (je pense par exemple aux conférences de Mgr Antoine de Souroge), le discours et l'interview de Mgr Hilarion à Busan étant le dernier jalon à ce jour. Mais je n'y vois aucune de ces manifestations excentriques que stigmatise Daniel...

Si on veut chercher des précurseurs, c'est parmi les Orthodoxes qu'il faut regarder: Mgr Kallistos de Diokleia cite Khomiakov (1). On peut aussi penser à Soloviev qui écrit « La division de l'Église se produisit parce que les ecclésiastiques s'étaient laissé dominer par l'esprit anti-chrétien d'arbitraire égoïste sans frein et de rivalité» (2) et propose de réunifier l'Orient, avec ses aspirations contemplatives vers le divin, et l'Occident et avec ses tendances actives et pratiques vers l'humain pour reconstituer la divino-humanité de l'Église universelle (3). Toutefois certaines de ses idées, en particulier le rôle central qu'il donne au pape de Rome, l'éloignent de l'Orthodoxie... Et on en arrive au début du XXe siècle avec les patriarches de Constantinople que je cite au tout début de ma partie 1 et Berdiev.

Et pour ce qui concerne le vocabulaire, bien chère Justine, vous êtes partisane du "perler vrai" et je pense qu'appeler un chat un chat ne devrait pas vous déplaire. Les termes "zélotes" ou "fondamentalistes" ne devraient donc pas vous choquer plus que "relativiste" ou "œcuméniste". Pour moi, dans les deux cas, ils s'agit de positions extrêmes, voire extrémistes, qui ne peuvent évidement pas aboutir à un dialogue réel ni donner aucun résultat.

(1) In Mgr Kallistos Ware, "L'orthodoxie. L'Eglise des sept Conciles", Cerf Paris 2002, p.198-99
(2) In "La grande controverse et la politique chrétienne", 1883
(3) http://www.biblisem.net/etudes/tavernvs.htm

19.Posté par Vladimir. G: père Serge Sollogoub; "Cette dimension de dialogue que porte l’œcuménisme est ancrée dans les racines orthodoxes." le 01/08/2015 11:01
Lorsque nous avons eu ce débat, je n'avais pas connaissance de cette interview du père Serge Sollogoub qui souligne aussi que les Orthodoxes "avaient été pionniers /de l'œcuménisme/ au début du 20ème siècle avec les protestants." (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-1_a2514.html;)

Dans la deuxième partie de l'interview le père Serge parle de la conception orthodoxe de la synodalité et du baptême.

QUE SIGNIFIE L’ŒCUMENISME POUR LES ORTHODOXES ?

Cette dimension de dialogue que porte l’œcuménisme est ancrée dans les racines orthodoxes. Nous en avons été pionniers au début du 20ème siècle avec les protestants.
L’œcuménisme, c’est répondre à l’injonction du Christ : « que tous soient un ». Il s’agit véritablement de se mettre en marche sur le chemin des chrétiens, vers le Christ. Mais c’est le Christ qui nous fera le don de cette unité.

Le plus important est de connaitre les autres pour se reconnaître comme frères ; beaucoup de choses nous sont communes ou dépassables. On ne peut pas prier pour l’unité et attendre que ça se passe !
En France, il est certain que l’Eglise catholique tient un rôle de pivot dans le dialogue entre les différentes confessions chrétiennes. L’orthodoxie y étant une minorité, nous sommes obligés de rester en lien avec les églises dominantes, encore plus dans un pays de tradition catholique. Pourtant, il faut reconnaitre que les catholiques ne connaissent pas toujours leurs frères orthodoxes, souvent parce qu’ils n’en rencontrent pas. Nous avons tous un vrai effort à faire. Au niveau national, en revanche, nos relations sont très claires, notamment grâce au dialogue théologique mis en place.

QUELLE PLACE TIENT LA DEMARCHE SYNODALE CHEZ LES ORTHODOXES ?

Il y a une véritable tradition synodale dans notre église : cette démarche intervient au niveau local dans chaque église territoriale. Elle existe également dans certains diocèses, le plus souvent de tradition russe. Les assemblées diocésaines se réunissent tous les trois ans avec les représentants de différentes paroisses et du clergé pour réfléchir sur l’avenir du diocèse et élire le conseil diocésain qui travaille à la gestion du diocèse. Le synode fait partie de notre organisation. Malheureusement l’Histoire ne nous permet pas toujours de mettre en place une telle démarche. Aujourd’hui, nous devons réadopter nos modes de fonctionnement pour redonner priorité à la synodalité dans notre église. Cette participation de tous au quotidien est vitale.

"UN BAPTEME A VIVRE" : QU’EST CE QUE CELA REPRESENTE POUR VOUS ?

C’est bien le défi de chaque chrétien ! Vivre pleinement son baptême tous les jours, avec une réponse toute simple : vivre l’Evangile !

Nous devons être des sources d’amour dans notre monde comme nous y invite st Paul, de l’amour qui dépasse tout, nous devons être des sources d’Espérance. Mais nous n’arriverons à rien sans la pratique de notre foi : nous recevrons l’aide de Dieu pour rayonner autour de nous à travers l’Eucharistie. Si nous sommes appelés à une pratique régulière, ce n’est pas pour remplir les églises mais bien parce que sans Dieu, nous ne pouvons rien.

SI TOUS LES CHRETIENS AVAIENT DES TETES DE RESSUSCITES, BEAUCOUP CROIRAIENT !

POURQUOI AVOIR ACCEPTE DE PARTICIPER A LA CONFERENCE DU 23 JANVIER « EGLISE ET SYNODALITE »’

Et bien, d’abord, tout simplement par amitié ! Mais bien évidemment aussi pour l’intérêt de la réflexion. Si nous souhaitons avancer dans notre unité entre chrétiens, nous devons confronter notre vision et notre pratique. Je suis heureux de pouvoir participer à ce rendez-vous.

Délégué aux relations œcuméniques, l’archiprêtre Serge Sollogoub est recteur depuis presque dix ans de la paroisse Saint-Jean-le-Théologien à Meudon (92). Cette communauté se compose d’une soixantaine de foyers orthodoxes venant du sud et de l’ouest de l’Ile de France. Il est marié et père de cinq enfants.

Source: http://www.catholique78.fr/oecum%C3%A9nisme-et-synode-chez-nos-fr%C3%A8res-orthodoxes-005826 (extraits)

* Note du rédacteur: « Un baptême à vivre » était le thème du Synode diocésain des Yvelines (2010-2011).

20.Posté par Daniel le 03/08/2015 01:26
Saint Nicolas de Jitcha n'était pas un relativiste oecuméniste. Il rejetait ce qui était contraire à la tradition orthodoxe. Le terme a tant de sens en fait qu'il faut le définir : sous forme de critique, voire d'insulte, un oecuméniste est une personne qui est prête à sacrifier les dogmes, les canons dans le but d'une union avec une église hétérodoxe : typiquement ceux qui prient avec les non orthodoxes, ceux qui reconnaissent les mystères hors de l'église, ceux qui professent la théorie des branches (implicitement ou explicitement), voilà quelques-uns des symptômes, la liste étant non exhaustive

Saint Nicolas de Jitcha n'a fait aucune de ces choses ; on ne peut pas en dire autant des "oecuménistes". Il a ainsi déclaré dans une réunion oecuménique que seule l'église orthodoxe possédait la plénitude de la foi, ce qui est à des lieues de la croyance selon laquelle les antichalcédoniens l'auraient eux aussi, en dépit de leur refus de Chalcédoine.

Ce papier présente la vision de l'oecuménisme de Saint Nicolas de Jitcha et de Saint Justin de Celije, en anglais.

http://www.academia.edu/2619413/_St._Nikolai_Velimirovic_and_St._Justin_Popovic_on_Ecumenism_

21.Posté par Vladimir. G: Le menteur est toujours celui qui le crie le plus fort, mais St Nicolas n''''est jamais revenu sur son engagement œcuménique le 03/08/2015 13:11
Le menteur est toujours celui qui le crie le plus fort, mais St Nicolas n'est jamais revenu sur son engagement œcuménique

Je sais bien que, en tant que Chrétien, je dois tendre l'autre joue, mais là il est important de détromper les lecteurs: Tchetnik pense que plus fort il le clamera - mieux il nous fera prendre sa vessie pour une lanterne.

Mais non, il n'a jamais produit aucun document montrant que St Nicolas revenait sur son engagement œcuménique, qu'il confirmait au contraire à coup sur en participant à le 2ème assemblée du COE (Evanston, Illinois, 15 - 31 août 1954) avec un texte contenant tous les principes de l'engagement orthodoxe qui ont toujours été repris par les différents "jalons" dont je parle sur un autre fil (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-3_a2536.html?com#com_4600659).

22.Posté par Vladimir. G: Une bonne définition et un excellent texte! le 03/08/2015 13:23
Une bonne définition et un excellent texte!

Merci Daniel pour ce commentaire très constructif,

Je suis assez d'accord avec votre définition de ceux que je qualifie "d'ultras de l'œcuménisme" et auxquels on peut appliquer le terme "œcuménistes", avec sa terminaison "iste", comme extrémiste... Je l'avais d'ailleurs explicité dans un texte précédent où je proposais de qualifier de "zélotes" les extrémistes de l'autre bord...

Il faut que je lise en détail le texte que vous signalez et que je ne connaissais pas. Il illustre bien l'engagement œcuménique de St Nicolas qu'il confirmait à coup sur en 1954 en participant à le 2ème assemblée du COE (Evanston, Illinois, 15 - 31 août 1954) avec un texte contenant tous les principes de l'engagement orthodoxe qui ont toujours été repris par les différents "jalons" dont je parle dans mon article, de la "déclaration d"Oberlin" (1957) au dernier discours du métropolite Hilarion de Volokolamsk (Pusan, Corée, 2013), en passant par les "Principes de base des relations de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’hétérodoxie"...

23.Posté par Tchetnik: le 03/08/2015 14:41
La lecture de "La vie de Saint Sava", celle de "Théodulie" comme le texte cité en exemple par Daniel suffisent à montrer ce que pensait alors saint Nicolas d'Ohrid de l'œcuménisme.

le leceur saura faire la différence entre affirmation claire et sourcée et discussion pilpoulique.

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