Quitter maman ?
Le texte "Pravmir" qui suit peut paraître "sortir du rang" dans la séquence P.O.. Nous le mettons en ligne car il nous rappelle que les jeunes orthodoxes ont, partout, à prendre de difficiles décisions d'ordre existentiel.

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Le site « Pravmir » a reçu une lettre disant : « Je ne comprends pas le dessein qu’a Dieu pour moi. A – t- Il besoin de mon malheur ? J’approche la quarantaine mais j’habite avec ma mère un petit appartement. J’ai un travail intéressant et des amis, je chante dans une chorale religieuse et j’enseigne la catéchèse. Mon apparence est ordinaire mais je ne me suis jamais comportée en vieille fille. Cependant, je ne suis pas mariée, je n’ai jamais eu de fiancé ni d’enfants. Et probablement je ne les aurai jamais… Comment cesser de vouloir des enfants ? Comment ne plus rêver de vivre en couple ? Comment continuer à accepter ma vie actuelle ? Lire la suite »

Et voici la réponse d’Olga Goumanova, auteur d’essais et psychologue.

« Je vous comprends très bien. J’ai également fait mienne la vie de ma paroisse. Je ne me suis mariée qu’à 32 ans. Dans le passé j’ai beaucoup réfléchi aux raisons de ma solitude et j’interrogeais Dieu, sans recevoir de réponse.

Quand mon problème a trouvé une solution j’ai voulu aider d’autres femmes qui se trouvaient dans la même situation que moi. Actuellement je pilote des séminaires pour ceux qui rêvent trouver leur moitié.

Vous parlez beaucoup de votre mère. Vous avez presque 40 ans et pourtant vous continuez à vivre ensemble. C’est votre mère qui prend pour vous les décisions importantes comme adopter un enfant ou prendre le voile. « Rester avec votre mère » est le plus important pour vous.

Dans le monde d’aujourd’hui les parents ne marient plus leurs enfants. Avant de se mettre à deux et vivre en couple, la personne doit quitter le foyer parental et vivre seule un certain temps. D’habitude, c’est une étape qu’on traverse au cours des années d’études ou peu après. Les enfants louent un logement ou vont vivre dans une autre ville, font des fêtes avec leurs propres amis.

Aujourd’hui il est impossible de se mettre en couple sans se mentalement de ses parents. Nombre de mes patientes ont trouvé leur moitié une fois qu’elles ont quitté leur foyer parental ou ont trouvé un autre moyen d’abandonner la mentalité de grand enfant. Parfois il est très difficile de le faire sans l’aide d’un psy ou sans travail personnel. On peut partir, en effet, d’Irkoutsk à Moscou mais garder en tête les objectifs, les valeurs et les conseils de sa mère.

La vie en Eglise, la participation aux sacrements et les activités dans la paroisse peuvent devenir un environnement fertile où le chrétien grandit spirituellement et la personnalité s’épanouit. Et au contraire, cet environnement religieux peut devenir étouffant. Au lieu de chercher à résoudre ses problèmes on peut se dire qu’on est dans la bonne voie et qu’il ne faut rien y changer. Par exemple, une de mes amies a trouvé à Moscou un père spirituel qui lui infligeait des pénitences en lui interdisant de communier et la faisait faire des génuflexions pour être sortie et avoir dansé avec un jeune homme. Elle a franchi la trentaine depuis longtemps, ses vêtements rappellent ceux d’une musulmane « bon teint » et à son âge elle n’a pas vécu un seul rendez-vous amoureux, ni ne s’est embrassé avec un homme.

Bien sûr, dans une grande ville il n’est guère compliqué de trouver un prêtre ayant une autre vision du mariage. Je connais quelques prêtres de notoriété qui, au contraire, exprimaient leur mécontentement si les jeunes filles en âge de se marier « se refermaient chez elles ». Ils les persuadaient de sortir et de chercher un futur époux pour se marier à temps. Sinon, avec l’âge, le risque est important de ne pas supporter la solitude et de sombrer dans le vice, soit à se désespérer. Mon amie a choisi un prêtre moine. Pourquoi ? Parce qu’il lui donnait une parfaite opportunité de ne rien changer. Solitaire ? Oui, mais on peut toujours se lamenter que le père spirituel ne bénit pas les sorties et qu’il est donc impossible de faire une rencontre.

Changer sa propre vie est un dur travail. Réfléchissez combien de temps encore vous êtes prêtes à supporter la solitude ? Dix ans, cinq ans, un an ? Peut-être vous n’en pouvez plus. Alors, ne faudrait-il pas risquer ? »

"Pravoslavie i Mir"

Traduction Elena Tastevin


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 23 Octobre 2014 à 06:42 | 10 commentaires | Permalien



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