A la question: Pensez-vous que la crémation des défunts soit compatible avec l'éthique orthodoxe? nos lecteurs ont répondu:

Oui 48.9%

Non 48.66%

Je n'y ai pas réfléchi 2.44%


409 Votant(s)

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 4 Décembre 2013 à 09:21 | 28 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir G. le 05/12/2013 21:24
Ce résultat 50/50 est très surprenant et montre, me semble-t-il les limites de ce type de sondage, non contrôlé, qui permet votes multiples et manipulations.

Plusieurs débats ont déjà eu lieu sur ce site et je veux juste rappeler qu'il s'agit là d'un débat très ancien comme je l'avais écrit: l'incinération était répandue chez les Grecs et les Romains et ni le Écritures ni les canons ne formulent aucun interdit précis. Le sujet a donc été débattu dès les premiers temps de la chrétienté comme le montre l'extrait suivant d'une apologie du début du IIIe siècle ("L'Octavius", mis en ligne par "Albocicade", cf. lien). Je trouve que tout y est dit et qu'on ne trouve rien à y ajouter depuis 1800 ans!

- Tout d'abord, le païen Cecilius évoque la question des funérailles en ces termes (Octavius, 11): Les Chrétiens "promettent l'éternité à des cadavres qui ont un commencement et une fin. De là vient qu'ils ont nos bûchers en horreur, et qu'ils condamnent l'usage de brûler les morts : comme si les corps, pour être dérobés à la flamme, ne laissent pas avec le temps de tomber en poussière ! Et qu'importe, en effet, que notre corps soit la proie des bêtes féroces ou des monstres de la mer ; qu'il soit couvert de terre ou consumé par le feu ? Si les cadavres ont quelque sentiment, toute sépulture doit leur être un supplice ; s'ils n'en ont point, la plus expéditive est la meilleure. Cependant les chrétiens, abusés par cette erreur, se promettent à eux seuls, après la mort, comme s'ils étaient des gens de bien, une vie heureuse et sans fin, et nous menacent, comme si nous étions des méchants, de tourments éternels."
et un peu plus loin
"Mais, dites-moi, je vous prie, si c'est avec ou sans corps que vous ressusciterez? Sera-ce sans corps? mais, si je ne me trompe, sans corps il ne peut y avoir ni âme, ni sentiment, ni vie. Sera-ce avec votre corps? mais il y aura alors longtemps qu'il aura été détruit. Sera-ce avec un autre corps? il naîtra donc alors un nouvel homme qui sera différent du premier."

- A quoi le chrétien Octavius répond (Octav. 34):
"Disputer à Dieu, qui a fait l'homme, le pouvoir de lui rendre sa première forme, soutenir qu'après sa mort l'homme rentre dans le néant d'où il était sorti, et vouloir qu'ayant pu naître de rien, il ne puisse de nouveau être créé de rien, ne serait-ce pas le comble de l'extravagance et de la stupidité? n'est-il pas plus difficile de donner l'être à ce qui n'est point que de reproduire ce qui a déjà existé? Croyez-vous que ce qui se dérobe à la faiblesse de notre vue se trouve anéanti pour la divinité? tout corps, soit qu'il se réduise en cendres ou en poussière, soit qu'il s'exhale en vapeurs ou en fumée, est soustrait à nos sens, mais il existe pour Dieu, qui en conserve les éléments."
Il continue ensuite :
"Nous ne redoutons rien, quoi que l'on puisse dire, de la sépulture par le feu; mais nous suivons la meilleure et la plus ancienne coutume, celle d'inhumer les corps."

Ainsi, il ne condamne pas en tant que telle la crémation, mais lui préfère comme meilleure pratique l'ensevelissement. Il est vrai, par ailleurs, que l'ensevelissement est une très ancienne coutume chrétienne, puisqu'elle remonte (au moins) à Abraham qui acquit un caveau (enfin, une caverne) de famille pour y ensevelir Sara (Genèse 23.17-20). Cette pratique juive - à laquelle le Seigneur lui-même a été soumis avant de ressusciter - est tout naturellement restée la pratique de l'Eglise naissante. Cependant - et Octavius le fait bien remarquer à son interlocuteur - il n'y a pas (à son époque) d'empêchement théologique, seulement la volonté de suivre une (la) coutume "meilleure et plus ancienne".

2.Posté par Vladimir.G: pas d'incinération en Grèce le 23/12/2015 15:32
Juste avant de mourir, il y a quelques semaines, l'acteur grec Minas Hatzisavvas l'avait précisé. : pour lui, pas question de se faire enterrer, mais plutôt incinérer. Un vœu testamentaire qui a fait resurgir la polémique en Grèce. Vous le savez, la très sainte et très puissante église grecque orthodoxe interdit la crémation, puisque pour permettre la résurrection des corps, il faut être enterré, disons... d'un seul morceau.

Problème : en Grèce, la terre est rare et chère. Les cimetières sont pleins comme des œufs. Pour éviter la congestion dans ces cimetières, si vous n'avez pas les moyens de vous acheter une concession à perpétuité (cela peut aller jusqu'à 150 000 euros) l’Etat vous déloge au bout de trois ans.

Je passe sur les détails à l'heure du petit-déjeuner, sachez juste que le processus, en présence obligatoire d'un membre de la famille, est extrêmement éprouvant et les restes finissent au mieux dans une petite boite, bien rangée dans l'ossuaire. Ou dissous avec force produits chimiques.

Bref, un moment très traumatisant pour les familles, qui préfèreraient avoir recours à la crémation. Sauf que ce n'est pas possible. En 2006, la gauche a réussi à porter le problème devant le parlement. Théoriquement, l'Etat a levé l'interdiction légale qui pèse sur l'incinération. Mais les crematoriums promis, eux, ne sont toujours pas construits.

Du coup, des dizaines de milliers de Grecs continuent d'entamer de lourdes et tristes démarches pour faire sortir leurs morts en Allemagne ou en Bulgarie voisine, et les ramener dans de petites urnes. Car la mort est un métier, ne l'oubliez pas, qui rapporte de l'argent, beaucoup d'argent.
...

Ainsi soit-il...

3.Posté par Philippe Amartolos le 23/12/2015 19:55
La crémation est condamnée par l'Eglise, l'enterrement étant l'une des traditions chrétiennes qui tire son origine de la propre façon dont le Christ fut traité après sa mort. Les chrétiens sont appelés à imiter, mieux encore, faire leur la vie même du Christ et cela dans les moindre détails de l'existence. Ainsi les simples d'esprits, cela même que le Christ appelle bienheureux, doivent-ils non pas être incinéré, mais mis au tombeau, leur famille devant imiter les femmes myrophores venues embaumer et entretenir le tombeau.

Si l'Eglise condamne la crémation c'est qu'il y a une raison théologique, plus encore que morale ou sociétale.
En lisant le livre de saint Païssios publié par le monastère St. Jean le Théologien de Souroti (Grèce) intitulé "Avec et amour et peine pour le monde contemporain", on pourra comprendre par l'exemple ce qu'est la fidélité totale et stricte à l'Eglise (ce qu'est l'orthodoxie). Saint Païssios y relate en effet un épisode de sa jeune vie monastique où arrivé dans une cellule d'un ancien, y voyant un clou au mur et ne comprenant pas son utilité, il l'enleva. L'ancien en rentrant voulu poser sa canne sur ce clou mais lui, n'y étant plus, fut fort embarrassé.
Saint Païssios se repenti longuement de son orgueilleuse action.

Cette question de la crémation n'en est pas une : l'Eglise n'a jamais été conciliairement pour, et c'est là se plier aux exigences et problème du monde athée, matérialiste et antéchrist. Plus le monde devient explicitement antéchrist, plus certains ecclésiastiques se sentent la nécessité d'entamer des débats éthiques et sociaux afin de mieux intégrer l'Eglise dans les mœurs sataniques de Babylone.

On peut lire ça :
http://orthodoxologie.blogspot.fr/search?q=cr%C3%A9mation

4.Posté par Tchetnik le 23/12/2015 22:17
Si un abstentionniste se fait incinérer, il n'aura pas droit à une urne.

5.Posté par Clovis le 23/12/2015 23:05
La crémation n'est pas la solution, en creusant un peu les grecs pourraient résoudre leur problème...

6.Posté par justine le 24/12/2015 16:23
L'article que reproduit Vladimir dans son post 2 provient évidemment de quelqu'un qui n'a aucune relation avec l'Orthodoxie, un journaliste de France Inter. Celui-ci mettait son élaborat sous le titre "La très puissante église orthodoxe veut conserver le business de la mort", par quoi il montre; outre son impudence, et son ignorance et son hypocrisie. Son ignorance parce que la réalité est que l'Eglise Orthodoxe en Grèce, loin d'etre "très puissante" (les Occidentaux ont cette habitude apparemment incurable de confondre l'Orthodoxie avec le Vatican), est en condition de persécution, son hypocrisie parce qu'il ferme les yeux au fait que c'est précisément le business des installateurs de machines à d'incinération qui est en jeu ici. Le lobby des crémateurs est en effet puissamment alimenté par ces intérets là!
Quant à l'ethique - pour l'Orthodoxie, le corps humain, oeuvre des mains de Dieu, est essentiellement sacré, et il est inconcevable qu'il soit légalement et à dessein détruit par une action humaine.

7.Posté par Tchetnik le 24/12/2015 18:58
Les expressions utilisées dans cet article sont - en effet - standards dans les mass média bancaires en France. Avec procès d'intention et amalgames (de la part de ceux qui en voient là où il n'y en a pas) à la clef.

50 journalistes de 50 radios différentes prononceront exactement ces mêmes expressions car elles font partie ET de leur formatage ET de la propagande qu'ils ont à charge de délivrer dans les cervelles des auditeurs par quelques mots chocs et sentimentalistes qui bloqueront toute contestation et toute réflexion.

8.Posté par Tchetnik le 24/12/2015 19:00
Explication fausse du reste car le fait d'être incinéré n'est pas condamné car il empêcherait la résurrection des corps (ou alors ceux qui sont morts dans un incendie auraient du souci à se faire) mais parce que la crémation - quand elle est volontaire - est une négation de la foi en la Résurrection par le fautif et une volonté de domination d'un corps dont il n'est que le gestionnaire.

9.Posté par Vladimir.G: décider de se faire incinérer par respect pour la Création… le 26/12/2015 15:09
L’article que j’ai posté en 2 a évidemment été rédigé par un anticlérical convaincu et c’est pour cela que j’en ai censuré les passages les plus déplacés, dont le titre… Mais il montre bien les particularités des obsèques en Grèce (voir aussi http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Ou-est-donc-passee-la-mort_a4528.html ).

D’une part la crémation y est impossible bien qu’elle soit prévue par la loi, ce qui apparait évidemment comme une anomalie, mais d’autre part la pratique de l’inhumation temporaire y est très largement rependue, même en dehors des grandes agglomérations, comme j’ai pu le constater au cours de mes voyages (mais j’écris sous le contrôle de Justine…). C’est en fait la même pratique que celle qui est proposée en France par la «réduction des corps», quand on veut continuer à inhumer dans un caveau familial plein... Cela consiste à exhumer les cercueils des défunts et à regrouper les restes mortuaires de chacun dans des reliquaires (coffret de bois plus petit qu’un cercueil, la "petite boite" dont parle notre journaliste, visiblement bien peu au fait des pratiques grecques) réinhumés ou placés dans un ossuaire. En France la durée minimale de l’inhumation est de cinq ans, ce qui laisse normalement le temps à la putréfaction naturelle de faire son œuvre, et l’article souligne que, le prix des concessions dans les grandes villes entrant en jeu, cette opération se fait dans des conditions assez horribles quand le délai d’inhumation est trop court…

Pour ce qui concerne l’attitude de l’Orthodoxie face à l’incinération, elle n’a pas bien changé depuis 1800 ans (cf. commentaire 1): "Nous ne redoutons rien, quoi que l'on puisse dire, de la sépulture par le feu; mais nous suivons la meilleure et la plus ancienne coutume, celle d'inhumer les corps." Il n’y a en effet rien dans les Écritures ni dans les décisions des Conciles qui l’interdise, alors même que le sujet était visiblement débattu dès le début du Christianisme.

Le 5 mai 2015, après plus d'un an de débats nourris dans les diocèses et sur Internet, le saint Synode de l'Église russe a approuvé le document final concernant "l'enterrement chrétien de défunts" ; le paragraphe sur la crémation est rédigé ainsi: "Dans le cas où l'enterrement n'est pas prévu par la loi locale, s'il faut transporter le défunt sur une longue distance, ou si l'enterrement est impossible pour toute autre raison objective, l'Eglise peut traiter la crémation du corps du défunt avec indulgence, sans l'approuver et en la considérant comme indésirable. Après la crémation les cendres doivent être rendues à la terre. Les pasteurs doivent aussi rappeler la position de l'Église sur la crémation à la famille du défunt et aux personnes responsables de l'organisation de l'enterrement." (http://www.orthedu.ru/news/12724-o-hristianskom-pogrebenii-usopshih.html ) Puis le document mentionne la foi de l'Église que Dieu peut ressusciter les corps même s'ils ont été détruits ou n'ont pas reçu de sépulture chrétienne, tout en insistant sur la différence entre destruction volontaire (par crémation) et les différentes formes de destruction involontaire, et le document ne prévoit aucune forme de "punition" pour les crémations (contrairement à la décision de l'Eglise Hors Frontière qui refuse tout rite funéraire (отпевание) avant une crémation et interdit même les prières pour le défunt incinéré (панихида) avant le 40ème jour conformément à la déclaration de son concile en 1932 (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/La-position-orthodoxe-face-a-la-cremation-des-corps_a546.html).

Les arguments des partisans de l’incinération ont, par contre, évolué : si Cecilius disait "qu'importe, en effet, que notre corps soit la proie des bêtes féroces ou des monstres de la mer ; qu'il soit couvert de terre ou consumé par le feu…" les partisans actuels arguent du manque de place et du coût financier, voire d’hygiène (d’ailleurs l’incinération était pratiquée dans les pays Chrétiens lors de grandes épidémies…). Ainsi l’accusation de "négation de la foi en la Résurrection par le fautif et une volonté de domination d'un corps dont il n'est que le gestionnaire" n’est généralement pas justifiée : on peut tout à fait croire en la Résurrection des corps et, sachant "que Dieu peut ressusciter les corps même s'ils ont été détruits ou n'ont pas reçu de sépulture chrétienne," décider de se faire incinérer par respect pour la Création…

10.Posté par Tchetnik le 26/12/2015 20:43
"
décider de se faire incinérer par respect pour la Création… "

Le lien entre la crémation et le "respect de la Création" ne sera évident que pour ceux dont la logique n'est pas la qualité première...

11.Posté par Vladimir.G: un article plus mesuré sur la situation en Grèce le 27/12/2015 20:06
«Notre peuple partage une certaine foi. Et l'Eglise a le devoir de la sauvegarder et d’assurer la disponibilité de sépultures. Si certains veulent être incinérés, c’est leur droit. Ils doivent être libre /de le faire/", a déclaré l'archevêque Hiéronyme II d’Athènes sur Mega TV ce le week-end.

Suite (en anglais) : http://www.ekathimerini.com/204361/opinion/ekathimerini/comment/cremation-faith-and-the-greek-orthodox-church

L’article, clairement plus mesuré, est écrit par un Grec qui a subi l’exhumation de sa mère après les 3 années légales. Il confirme l’horreur de l’opération et considère comme une hypocrisie de la part de l’Église de condamner l’incinération en obligeant de fait à cette pratique.

"L'argument plus prosaïque, continue-il, c’est que l’opposition à la crémation vient de la soi-disant «industrie funéraire" alors même que, d'une part, l'idée de la crémation a déjà été adopté par de nombreux pieux chrétiens orthodoxes et, d'autre part, cette pratique n’empêche en aucune manière de célébrer des obsèques ou tout autre service proposé par les pompes funèbres. Et les restes peuvent être enterrés après la crémation.

La foi n’est pas mise en cause par le progrès, mais par la "rigor mortis" (rigidité cadavérique) de l'une des institutions les plus puissantes du pays."

12.Posté par justine le 27/12/2015 23:09
L'auteur de l'article du journal grec "Kathimerini" est de toute évidence un athée. Il n'est donc pas une référence pour une attitude orthodoxe en la matière. La déclaration de l'Archéveque Hieronyme souligne simplement la liberté de choix que l'Eglise Orthodoxe accorde à chacun, ce qui signifie aussi la nécessité d'assumer les conséquences de ce choix: en l'occurence un enterrement non-ecclésiastique.

Quant à la levée des ossements, c'était la pratique générale dans le monde chrétien comme le montre l'existence d'ossuaires dans ou à coté des églises anciennes. Pour un athée évidemment, ce processus ne peut qu'etre macabre, mais pour un fidèle, c'est une occasion de repentir. Est-ce pour rien que nos Saints Pères nous recommandent la mémoire constante de la mort? Car qui a toujours devant les yeux la mort qui l'attend, disent-ils, ne péchera pas. Rappelons la célèbre icone du saint abba Sisoès qui le montre contemplant la squelette d'Alexandre le Grand et versant des larmes sur le caractère éphèmere de la gloire terrestre et l'inconstance du temps.

13.Posté par Philippe Amartolos le 28/12/2015 09:09
Merci Justine !

14.Posté par Tchetnik le 28/12/2015 10:42
Cela fait des siècles que l'on exhume les défunts après une certaine période, pour conserver les ossements en ossuaire comme en monastères, ou dans des catacombes prévues à cet effet et ce processus n'est "traumatisant" que pour des gens qui ont peur de l'après-mort. Aucun témoignage ne s'en préoccupait jusqu'à présent.

Les ossuaires de monastères sont des endroits très paisibles où on peut sans problème passer la nuit, du reste. Ils montrent au contraire que le lien de charité qui unit les Chrétiens dans ce monde-ci se poursuit après la mort, ce qui serait plutôt rassurant.

"Avoir chaque jour la menace de la mort devant les yeux." Règle de Saint Benoît, Chapitre 4:47.
..................................

"Nous, Chrétiens, nous nous saluons par ces paroles saintes, car la résurrection du Christ nous révèle la sainteté du corps humain. Ce salut met en évidence que tout comme l'avortement est un péché, comme tout meurtre, l'incinération des morts est également un péché. Celui qui brûle les défunts s'empare en fait des reliques et montre une absence de foi dans l'existence de Dieu et la résurrection des morts. L'incinération des morts reflète une soif cachée d'autodestruction et d'anéantissement du genre humain. Si le Christ ressuscité n'avait pas existé, il n'y aurait pas de saintes reliques. Les Saintes reliques sont des ossements humains pénétrés par la chaleur et la force du Christ ressuscité. L'expression même enterrer un défunt ne veut elle pas dire : le préserver et non le détruire?"

Patriarche Paul de Serbie

15.Posté par Vladimir.G: RIEN N'INTERDIT LA CRÉMATION le 29/12/2015 10:13
Je n'ai pas l'impression que les commentateurs aient jamais rencontré de personne ayant effectivement participé à une exhumation ni lu aucun témoignage personnel tant ces commentaires sont académiques et éloignés de la réalité. "On exhume les défunts après une certaine période," "Les ossuaires de monastères sont des endroits très paisibles," "nos Saints Pères nous recommandent la mémoire constante de la mort," "contemplant la squelette d'Alexandre le Grand," … tout cela est bien propret et gentillet et n'a rien à voir avec l'exhumation d'un cadavre en putréfaction et dont il faut ensuite séparer les chaires putréfiées des os avec forces produits chimiques... Même les amateurs de spectacle gores vont rarement jusque là et là il s'agit de vos proches… Les impératifs financiers qui imposent cette pratique en Grèce sont évidement inacceptables dans un pays civilisé. En France la durée de cinq ans est un minimum à peine décent, il y a aussi des concessions décennales et trentenaires et les durées traditionnelles étaient plus longues… L'incinération est alors évidement une solution plus propre, hygiénique et justement respectueuse du corps du défunt et de son environnement (respect de la Création pour Tchetnik, qui a du mal à suivre…)

Mais le plus curieux c'est que les opposants à la crémation ne trouvent pas plus d'arguments qu'il y a 1800 ans:
- "la meilleure et la plus ancienne coutume"
- allégation de manque de foi en la Résurrection ou de non respect du corps alors que, de la part des croyants qui se font incinérer, c'est bien souvent tout le contraire…

Et surtout, ils ne prennent jamais en considération que RIEN N'INTERDIT LA CRÉMATION ni dans les Écritures ni dans les canons des Conciles, alors même que, comme le montre "L'Octavius" (comm. 1), le débat existait dès les premiers siècles, les Romains et les Grecs se faisant couramment incinérer. Il est décidé de la circoncision, des interdits alimentaires et des jeunes, des dates de fêtes... mis rien concernant les obsèques. Cette absence de prescription normative a clairement un sens! De fait, il s'agit là d'une interdiction tardive: le premier concile à se prononcer doit être celui de l'EORHF … au XXe siècle! (J'écris cela sous contrôle des commentateurs érudits de site…) Tout le reste n'est que littérature!

16.Posté par Tchetnik: Rien ne vaut la chaleur du foyer. le 29/12/2015 13:26
"Je n'ai pas l'impression que les commentateurs aient jamais rencontré de personne ayant effectivement participé à une exhumation "

-En l'occurrence c'est mon cas.

Exhumations et inhumations, portage de cercueils et tout le colis. Très lourds du reste et dommage d'enterrer de si beaux meubles qui pourraient servir pour stocker nos purs malts. C’est le meilleur argument pro-incinéra…oups pardon – crémation que je connaisse.

"tout cela est bien propret et gentillet"

-Tout cela est surtout conforme aux enseignements de l'Eglise et au vécu millénaire de notre civilisation.

" et n'a rien à voir avec l'exhumation d'un cadavre en putréfaction et dont il faut ensuite séparer les chaires putréfiées des os avec forces produits chimiques..."

-Chose relativement rare, sauf - ce qui est hélas le cas de nos jours - en cas d'embaumements. mais c'est comme ça. Soigner les malades dans les hôpitaux n'est pas toujours ragoutant non plus, on ne va pas les euthanasier pour autant.

"L'incinération est alors évidement une solution plus propre, hygiénique et justement respectueuse du corps du défunt et de son environnement "

-Vladimir n'a manifestement pas conscience qu'une incinération demande beaucoup de combustible polluant - car un corps humain brule très mal - et dégage une fumée à faire pâlir un chalutier Grec.

La crémation nécessite une température d’au moins 1800 degrés et il est bien dommage que les crématoires en pyrex n’existassent pas car la violence faite aux corps des personnes chères et aimées n’en apparaitrait que plus évidente.

"Mais le plus curieux c'est que les opposants à la crémation ne trouvent pas plus d'arguments qu'il y a 1800 ans:"

-Les arguments des opposants à l'esclavage et aux sacrifices humains ne sont pas non plus d'une originalité transcendante ce qui n'enlève rien à leur pertinence.

"allégation de manque de foi en la Résurrection ou de non respect du corps alors que, de la part des croyants qui se font incinérer, c'est bien souvent tout le contraire…"

-la réalité prouve le contraire, avec des gens parfaitement athées - même s'ils fréquentent les églises pour des raisons ethniques - ou qui croient surtout en un dieu qu'ils se formatent à leur convenance personnelle.

"Et surtout, ils ne prennent jamais en considération que RIEN N'INTERDIT LA CRÉMATION ni dans les Écritures ni dans les canons des Conciles,"

-Les témoignages des Pères comme le Droit coutumier de l'Eglise l'interdit, ce qui est déjà une source suffisante sur bien des points de vie et de comportements. Rien n'interdit expressément de fumer du chichon dans une église pendant l'office non plus. Pourtant personne ne le fait à ma connaissance).

"De fait, il s'agit là d'une interdiction tardive: le premier concile à se prononcer doit être celui de l'EORHF … au XXe siècle!"

Il est vrai que Pie XI et Mgr Fellay appartiennent bien à l’Eglise russe Hors Frontière (composée de pas mal de malades mentaux il est vrai), que la Loi de Moïse ne prescrit déjà pas l’inhumation des corps de même les Evangiles, de même que la dimension symbolique du retour à la terre dont nous sommes issus est toute récente…


" Tout le reste n'est que littérature! »

-Tout le reste n’est que spéculations personnelles.

17.Posté par Tchetnik le 29/12/2015 17:24
...d'au moins 800 degrés disais-je donc...

18.Posté par Clovis le 30/12/2015 21:03
Puisque l'on en est à parler d'images et d'imaginaires, je pense que pour tout chrétien qui se respecte la crémation devrait évoquer le feu éternel, la "crémation des corps" étant réservée aux "damnés" condamnés à l'enfer. Plus proche de nous concernant la crémation il y a l'Allemagne nazie.
Bref que du beau monde.

C'est vrai que maintenant l'enfer et ses étends de souffre ne font plus recette, même si le diable-lui est plus vendeur que jamais... d'autant que comme le dit la chanson : "on ira tous au paradis".
Ce qui est très vérifiable ans les pays "occidentaux", catholiques et protestants ou il serait intéressant de comparer l'augmentation de ces pratiques honnies avec l'affaiblissement de la foi, de la fréquentation des églises etc... Je suis sûr que les deux se recoupent.
Allez dire à un péquenaud du moyen âge s'il préfère pourrir en terre et retourner poussière ou être brulé (le bûcher n'était pas la mort la plus enviable alors) car c'est plus respectueux du corps et plus sain. La réponse sera claire.

19.Posté par Théophile le 31/12/2015 10:07
Effectivement, une vision chrétienne impose un respect important du défunt, et de ce fait la crémation du corps paraît déplacée.
Mais il faut se rappeler que dans les catacombes funéraires de l'Antiquité, les corps des défunts étaient souvent recouverts de chaux (pour éviter la putréfaction, vu l'humidité élevée des catacombes), ce qui aboutit aussi à la consommation du corps par la chaux - c'est une lente crémation en quelque sorte.
Cela dit, le problème de la crémation contemporaine, c'est pour moi surtout le problème de la cérémonie funéraire qui ne peut être menée à son terme, vu que le corps du défunt est subtilisé à un moment crucial par les pompes funèbres pour être remis au lieu de la crémation.
C'est à mon sens le plus gros problème - on enlève le corps du défunt, qui ne peut recevoir les prières et la proximité de ses proches jusqu'au bout.
Il suffit d'observer comment se déroule une crémation en Inde, pour se rendre compte de la différence - en Inde, les proches du défunt sont présents lors de la crémation, ils participent directement à la cérémonie et prient. Il s'agit donc d'un moment de prière fervente, et non d'un acte effectué à l'abri des regards par des salariés qui ignorent tout de la personne défunte.

20.Posté par justine le 31/12/2015 12:10
A Vladimir post 15: Vous vous trompez entièrement! L'experience personnelle précisément nous montre combien nos Saints Pères ont raison. En Orthodoxie nous levons les ossements de nos proches avec amour, nous les lavons avec du savon, puis les passons au vin et les rangeons, fragrants et propres, en un lieu digne où nous allumons aussi une veilleuse.
D'autre part, n'avez-vous jamais lu les récits des Gerontika où nous voyons que les ossuaires des Monastères sont un lieu privilégié de prière? Lisez donc un peu le Paterik de la Laure de Kiev au lieu de cette sophiologie de Boulgakov!
Il y a effectivement des défunts dont les corps ne se décomposent pas normalement (à ne pas confondre avec le cas des reliques incorrompues des Saints, lesquelles sont de plus très fragrantes). Selon l'enseignement de nos Pères, c'est le cas de ceux qui sont couverts de péchés graves non-confessés (lire à ce sujet la vie de Saint Arsène de Cappadoce par le Saint Père Paissios), et leur état physique pitoyable révèle simplement l'état de leur ame. Une raison de plus de nous tourner résolument vers le repentir et de nous mettre à l'ordre "tant qu'il fait jour, car vient la nuit où nul ne peut plus agir" (Jn 9,4).

Avec mes meilleurs voeux pour une année de salut à tous.

21.Posté par justine le 31/12/2015 12:39
Encore a Vladimir post 15. Vous dites que ni la Sainte Ecriture ni aucun canon n'interdit l'incinération et que les adversaires de celle-ci manquent d'arguments. Pourquoi etre si formaliste? Encore que je doute que vous ayez étudié tout le corpus des canons de l'Eglise pour pouvoir affirmer ce que vous affirmez, il y a la parole de Dieu en Genèse 3,19: "... car terre tu es et a la terre tu retourneras". Et puis l'office funéraire et toute la Tradition de l'Eglise qui remontent aux premiers temps nous montre que l'enterrement a été la règle depuis le debut, suivant l'exemple de l'enterrement du Christ; lequel à son tour se fit exactement selon la Tradition hébraique, basée sur les prescriptions de l'Ancien Testament. Une chose aussi évidente donc et allant de soi etait-il nécessaire de la faire valoir par des canons? On fait des lois là ou il y a contestation. Vous parlez des Romains et des Grecs anciens - est-ce les coutumes paiennes qui nous interessent ici? S'il y a pu y avoir l'un ou l'autre paien converti qui était incinéré par ces proches peut-etre non-convertis, est-là un argument?

22.Posté par Vladimir.G: "Car tu es cendre et tu retourneras à la cendre" le 31/12/2015 14:53
"... car terre tu es et à la terre tu retourneras"… Une autre traduction de Genèse 3,19 donne : "Car tu es cendre et tu retourneras à la cendre"… et il est clair que, avec ou sans crémation, "nous les os deviendrons cendre et poudre" … La différence n’est qu’une question de durée. Et je suis surpris de constater uqe, tous les exhumés grecs dont on entend parler "sont couverts de péchés graves non-confessés…"

Par contre on ne peut pas dire que l’enterrement était "une chose aussi évidente donc et allant de soi" au début du Christianisme : si le Juifs et les Égyptiens se faisaient systématiquement enterrer, l’incinération semble avoir été majoritaire chez les Grecs et les Romains (cf. commentaire 1). Il en résulte que l’absence de toute interdiction dans les Écritures et les actes des Conciles (avant le Concile de ROCOR au XXe siècle) mériterait une autre explication… Il y a bien eu débat et décision sur la circoncision, les interdits alimentaires, les nouvelles fêtes… Si le rite des obsèques n’y a pas donné lieu, c’est que " Nous ne redoutons rien, quoi que l'on puisse dire, de la sépulture par le feu…" (dito)

Et non, bien cher Théophile, "on n’enlève pas le corps du défunt" et il peut "recevoir les prières et la proximité de ses proches" jusqu'à la "mise à la flamme" comme jusqu’à la mise en terre…

23.Posté par Tchetnik le 31/12/2015 17:34
ἕως τοῦ ἀποστρέψαι σε εἰς γὴν γῆν, ἐξ ἧς ἐλήφθης, ὅτι γῆ εἶ καὶ εἰς γῆν ἀπελεύσῃ.

De la terre donc, pas de cendre.

Sans oublier les références aux inhumations, notamment pour Sara, (Génèse 23:1-20), Lazare...et le fait que le feu est assimilé à une punition de la justice divine (Génèse 1:24, Lévitiques 20:14).

Après, chacun fait ce qu'il veut, mais l'incinération demeure autant étrangère au Christianisme que le racialisme.

24.Posté par justine le 31/12/2015 19:49
A post 22; De mon coté je vous propose une "autre traduction", au lieu de dire "poisson", peut aussi dire "lapin". Si selon vous "γη" se traduit également par "cendre", alors Dieu au début "créa le ciel et la cendre". (Genese 1,1: "Eν αρχη εποιησεν ο Θεος τον ουρανον και την γην...") Ensuite: "...et l'eau en-dessous du ciel s'assembla en un seul assemblement et apparut le sec. Et Dieu appela le sec "cendre"..." (1,9-10) "et Dieu dit: que la cendre fasse pousser de l'herbe verte..." (1,11) etc. etc. Et voilà que nous découvrons un monde tout nouveau, pour la joie de tous ceux qui raffolent du nouveau, Bonne année encore une fois!

25.Posté par Daniel le 31/12/2015 21:18
L'homme a été créé de la terre (l'argile qui a formé Adam) et non de la cendre (matière résultant d'une combustion).

Pendant l'incinération, il y a un moment où effectivement le corps est enlevé et il y a impossibilité d'être avec lui, à moins d'entrer dans le four... crématoire. Puis, on récupère des cendres dans une urne, qu'on enterre.

26.Posté par Vladimir.G: "entrer dans le four... crématoire" = entrer dans ... la tombe! le 01/01/2016 11:46
"entrer dans le four... crématoire" = entrer dans ... la tombe! Donc pas vraiment de différence de ce point de vue là!

Ne connaissant ni le grec ni l’hébreu, je me fie aux traductions et, pour Genèse 3,19 2ème partie nous avons l'embarras du choix: poussière (le plus courant), poudre, terre, cendre, glaise, "émanation spiritueuse" (sic! Traduction Fabre d'Olivet, 1816) ...

Reste " Nous ne redoutons rien, quoi que l'on puisse dire, de la sépulture par le feu…" (1) jamais canoniquement contredit avant le XXe siècle

27.Posté par Tchetnik le 01/01/2016 14:47
Connaissant le grec, bien des interlocuteurs peuvent dire que "γη" signifie bien "terre".


28.Posté par Daniel le 01/01/2016 20:26
"entrer dans le four... crématoire" = entrer dans ... la tombe

Non, il y a une vrai différence. On entre dans la tombe pour ne plus en sortir, on entre dans le four pour en ressortir en cendres et être enterré ensuite.

29.Posté par justine le 02/01/2016 10:07
Il est étonnant de voir jusqu'à quels arguments ridicules certains peuvent aller pour maintenir qu'ils ont raison. Dès lors, on perd son temps à discuter.

30.Posté par Vladimir.G: La crémation des morts est maintenant légale en Grèce le 01/03/2016 16:00
La crémation des morts est maintenant légale en Grèce, malgré la forte opposition de l'Eglise orthodoxe; la loi sur la crémation a été officiellement publié dans le Journal du gouvernement le 22 février 2016 après son adoption définitive par le Parlement le 20 février. La loi prévoit que le choix des rites funéraires est le droit de chaque personne; toute personne peut librement choisir par acte notarié le type des obsèques et le lieu d'inhumation

Le Saint-Synode de l'Eglise de Grèce a envoyé une lettre au ministre de l'Intérieur le 14 Janvier 2016 pour protester contre le projet de loi sur la crémation. Selon des sources de l'Eglise, le ministre n'a pas répondu. L'Archevêque d'Athènes et de toute la Grèce Ieronymos a en particulier récemment déclaré que «L'Église a un certain mode de vie et personne n'a le droit d'ajouter quoi que ce soit. Le principe de base de l'Orthodoxie est que chacun est libre de son choix. Mais en même temps chacun doit aussi assume la responsabilité ses actes. Si quelqu'un demande par écrit à être incinéré, c'est don choix et sa responsabilité. Mais il ne peut pas demander d'être en même temps partiellement orthodoxe et escompter des rites orthodoxes des funéraires et obsèques».

Source: http://greece.greekreporter.com/2016/02/24/cremation-is-now-legal-in-greece/#sthash.Dgi5YLOB.dpuf

En octobre 2014 le saint synode avait décidé que s'il est établi que le défunt avait autorisé la crémation de son corps, il ne pourra pas y avoir pour lui de rite orthodoxe des obsèques (otpevanie). Toutefois, après étude du cas, une courte célébration du défunt (litie) pourra être autorisée par l'évêque titulaire.

Source: http://www.pravoslavie.ru/74808.html

NB: comme indiqué au commentaire 2, le droit ainsi reconnu reste purement théorique: il n'y a aucun lieu d'incinération des défunts en Grèce actuellement et ceux qui veulent incinérer leur proche doivent le faire à l'étranger…

31.Posté par Vladimir G: Fête des morts : les Français sous-estiment-ils les difficultés cachées de la crémation ? entretien avec Bertrand Vergely le 07/11/2016 09:43
Fête des morts : les Français sous-estiment-ils les difficultés cachées de la crémation ?

Les rites funéraires sont multiples et dépendent beaucoup des cultures. Dans la tradition chrétienne, l'inhumation est la plus courante. Cependant, la crémation tient également une bonne place, en dépit de nombreux inconvénients.

Le Vatican a publié le 25 octobre une instruction intitulée Ad surgendum cum Christo ("Ressusciter avec le Christ"). Il y est question de l'inhumation et de la crémation et des raisons pour lesquelles l'Église Catholique préfère la première à la deuxième.

Le deuil serait plus facile dans le cadre de l'inhumation, permettant aux gens de se recueillir physiquement, sur une tombe ou un lieu précis. Cette hypothèse vous semble-t-elle pertinente ? Quelle est l'importance des lieux de recueillement ?

Bertrand Vergely : Cette interprétation, qui va dans le sens de l’accompagnement des familles dans le chagrin à la suite d’un deuil, est conforme à l’esprit de l’Église catholique qui n’entend pas négliger l’aspect humain de la perte d’un être cher et de la douleur que cette perte peut provoquer. Elle est également très diplomatique, en ne voulant choquer personne, ni les autres cultures qui pratiquent la crémation - je pense à l’Inde -, ni les athées qui, actuellement, ont recours à la crémation afin de rompre avec la tradition chrétienne des inhumations, des tombes et des cimetières. Toutefois, cette interprétation ne me semble pas la bonne, l’enterrement dans le christianisme obéissant à une théologie et nullement à des considérations sociales et affectives, aussi respectables soient-elles.

Quand le christianisme enterre les morts, il s’agit là d’une récapitulation de la vision chrétienne de la destinée de l’Homme et de l’univers. Dieu qui sort de lui-même afin de créer l’univers et l’Homme s’incarne en la personne de son Fils qui épouse l’univers et l’Homme avant de retourner vers le Père en emmenant en lui toute la création ainsi que l’Homme. La mise en terre est de ce fait un moment crucial en symbolisant la fin d’un cycle, celui de l’incarnation, avant d’aller vers un autre cycle, celui de la résurrection. Quand on a recours à la crémation, on est dans une autre symbolique, qui est celle non pas de l’incarnation, mais de la réincarnation. L’Inde qui considère, comme le Bouddha, que ce monde n’est qu’une vallée de larmes et de souffrances, ne souhaite nullement revenir dans ce monde. Aussi a-t-elle recours à la crémation afin de brûler les attaches avec lui. Dans cette perspective, étant perçue comme une prison dont il s’agit de se délivrer, la Terre n’est nullement vue comme une fin et un début. Autrement dit, la crémation se comprend dans un monde dans lequel il s’agit de ne plus souffrir, alors que l’inhumation tire tout son sens dans un monde dans lequel il s’agit de ressusciter.

Dans cette perspective, bien évidemment, la symbolique des lieux de recueillement n’est pas la même. En Inde, on se recueille sur les lieux de naissance et non de mort. En Occident, il ne devrait pas y avoir de lieux de recueillement, de tombes et de cimetières. Quand on se recueille, on se recueille sur la vie et non sur les morts. On se recueille avec les ressuscités et non avec les défunts. C’est la raison pour laquelle dans le monachisme oriental, on enterre les moines pendant cinq ans avant de les déterrer et de ranger leurs ossements.

Des cimetières avec des tombes existent pourtant. Il me semble pour des raisons politiques et sociales. La Cité fonde son unité, ne l’oublions pas, sur le culte des morts comme le soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe, lesquels sont des héros qui sont morts pour elle. Dans les familles, ces petites cités, le caveau familial et le culte de la mémoire qui se fait autour a le même sens. La famille se recueille autour de ceux qui ont vécu pour elle et qui l’ont fait vivre. Les vivants tissent leurs liens en se soudant autour des morts à travers une continuité mémorielle.

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