Chers frères et sœurs,
Comme l'unité doit être loin quand on voit le résultat de ce sondage. Quelle tristesse!!! Le corps du Christ est déchiré et ça nous va. Continuons ainsi. En plus, nous osons nous dire chrétien, alors que nous sommes indifférents à la douleur du Christ devant nos divisions. Il a prié pour l'unité, la veille de sa Passion.
Continuons à prier, donc. Fraternellement.
Gérard

XB!
1/ Il est important de bien comprendre que ce sondage est sympathique, mais ne respecte pas les règles minimales pour pouvoir être pris au sérieux:
- Le premier défaut c'est qu'on pouvait voter plusieurs fois sans aucun contrôle, donc même le nombre de participants est sujet à caution; la façon dont les réponses étaient rédigées introduit aussi un biais, mais il n'en donne pas moins des indications intéressantes en montrant que les opinions sont partagées entre deux tendances principales...
- La façon dont était rédigée la deuxième option impliquait immanquablement la référence à l'unité des Chrétiens (cf. commentaires), alors que ce n'était pas l'objet, et ce sans préciser que l'union pouvait se faire sur deux variantes: les calculs orthodoxes ou le calendrier astronomique géorgien. On peut donc imaginer que ceux qui ont choisi cette option se partagent aussi en deux: ceux qui veulent que les Orthodoxes rejoignent le calendrier grégorien, et ceux qui veulent que les autres Chrétiens rejoignent les calculs orthodoxes… De la difficulté de faire des sondages!

2/ Le vrai choix pour nous, Orthodoxes, devrait être:
- voulons nous revenir à l'icône cosmique voulue par les Pères (1)
- ou respecter des tables qui se voulaient scientifiques au VIe siècle et se révèlent maintenant erronées?

En effet, dans la vision des Pères, tout l'univers commémore Paques, triomphe de la Lumière… comme le calcule le calendrier grégorien, mais nous nous en éloignons parfois de plus d'un mois et cela va aller en empirant: Paques en plein hiver (et Noël en été) dans quelques milliers d'années, est-ce acceptable?

En allant plus loin, nous abordons la question de la relation entre science et Orthodoxie (2): pour les Pères, la science faisait partie de la religion et les seuls savants étaient des clercs. Ce sont eux qui ont fait les calculs et les découvertes qui les sous tendent; leur inspiration par l'Esprit Saint était évidente et l'Église entérinait leurs conclusions. Lorsque la science 'laïque' s'est détachée de la religion, l'Orthodoxie n'a pas allumé de bûchers - elle n'en a pas tenu compte: je me permettrait de résumer cette position en une formule (trop?) simple: la religion éclaire le 'pourquoi' de la création, alors que la science traite du 'comment'. Il n'y a aucune raison que ces deux plans se rencontrent, sauf quand l'un vient à empiéter sur l'autre (théologie scolastique, matérialisme scientifique)...

Et quel rapport avec la date de Paques? Directe bien entendu: c'est la science qui nous apprend que l'icône cosmique n'est pas à la date indiquée par les tables, alors que l'Église de son coté, attend un signe de l'Esprit. Pour les Catholique ce fut la décision du pape Grégoire XIII (1582 (3)… Pour l'Orthodoxie, l'Esprit intervient par l'intermédiaire de la conscience du Peuple de Dieu: tant qu'un consensus n'est pas atteint, 'ni patriarche ni concile ne pourraient parmi nous introduire un enseignement nouveau, car le gardien de la religion est le corps même de l'Église, c'est à dire le peuple (laos) même' (4). Il est claire, comme l'a dit récemment le patriarche Cyrille, que le Peuple de Dieu ne veut aucun changement du calendrier. Le signe est là et aucun raisonnement savant ne peut rien y changer.

Merci d'avance pour les commentaires de ceux qui seront arrivés jusqu'au bout: je vous félicite de votre persévérance!

Notes:
(1) Cf. note 'Pourquoi une fête mobile pour Pâques' expliquant les raisons de la différence des dates
(2) Cf. par exemple, Métropolite Cyrille, 'L'Évangile et la liberté'; Cerf 2006; p. 111 et suivantes.
(3) Pour plus d'information: http://www.henk-reints.nl/cal/audette/calgreg.html#intro
(4) Lettre des patriarches orthodoxes au Pape Pie IX écrite en 1848. Citée par Mgr Ware in 'L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles', Cerf 2002, p. 324