Revenir sur terre et voir la réalité de l'Orthodoxie en France
Une réaction de Vladimir Golovanow au Communiqué de l’OLTR

Toujours le même fatras d'échanges hors sol et de considérations académico-théologiques abstraites du réel!

Il est certain que la culture occidentale, profondément imprégnée de pensée scolastique et de rationalisme humaniste, est à l'opposé de la spiritualité orthodoxe. Cela n'empêche évidement pas TOUTE conversion, mais elles restent exceptionnelles et négligeables d'un point de vue statistique: de l'ordre de quelques % ("l'épaisseur du trait" pour les statisticiens...)

Comme le montrent les recensements dans les pays voisins où la question de la religion n'est pas taboue (Italie, Suisse, Allemagne...), l'irruption soudaine des Orthodoxes, toujours minoritaires mais au moins visibles, reste essentiellement le fait des nouvelles émigrations qui sont venues remplir nos anciennes paroisses péniblement maintenues par les descendants des premiers émigrés.

Parmi les pratiquants réguliers des paroisses de tradition russe que je connais, les descendants des premiers émigrés et les "convertis" font à peu prés jeu égal.

Ensemble, ils gardent l’administration et la majorité du clergé (sauf pour le patriarcat de Moscou, où le clergé provient majoritairement de Russie), mais ils sont clairement en minorité face aux nouveaux arrivés. Et parmi les pratiquants "épisodiques" (baptêmes, mariages, enterrements + Pâques pour les plus religieux), qui représentent 70-80% du troupeau et permettent donc une certaine visibilité statistique du fait orthodoxe, la prépondérance des nouveaux arrivés est encore plus marquée...

NB: pour la France, ces considérations concernent essentiellement les Orthodoxes de traditions russe, que je connais, recoupés avec les statistiques des pays voisins. Je serais très intéressé à avoir des éléments similaires, mêmes subjectifs, sur les autres traditions orthodoxes en France. Les rares témoignages que j'ai recueillis semblent montrer une situation semblable, avec peut-être moins de nouveaux arrivants pour la tradition grecque et plus pour les autres (roumaine, serbe...) qui étaient moins présentes dans les premières vagues. Les lecteurs peuvent ils confirmer cette impression?

Et oui, contrairement aux autres commentateurs, je m'intéresse aux Orthodoxes de France réels, ceux qu'on peut rencontrer dans nos paroisses, et non aux idéaux virtuels inventés par les uns et les autres pour correspondre aux canons!

Gueorguy a probablement raison de dénoncer le manque de mobilisation que provoque le sort de l'ITO et l'éditorial de Séraphin. Ce dernier a le grand mérite de rappeler, à ceux qui ne la connaîtrait pas, l'histoire de la fondation et le grand éclat de ce haut lieu de la théologie orthodoxe pendant un demi-siècle: alors qu'elle était totalement sous le boisseau en URSS et bien faible dans les Balkans pour des raisons historiques, elle s'est effectivement épanouie sur cette "colline inspirée" et a permis de faire connaitre l'Orthodoxie en Occident. Et merci Séraphin de bien rappeler que ce fut exclusivement l’œuvre des "émigrés", les premiers "convertis" (au sens du p. Serge Model) arrivant après les ouvriers de la dernière heure pour prolonger une pensée qui avait déjà été largement reprise par ailleurs sans rien apporter de bien original.

Malheureusement, très cher Séraphin, tu ne tiens pas compte des réalités toi non plus! Il est évident que c'est le patriarcat de Moscou qui a seul les moyens humains et financiers de faire vivre (et non vivoter!) une telle institution - il le prouve avec la fondation du séminaire à Épinay, la brillante restauration de la cathédrale de Nice (à comparer avec le piteux état de l'église de Biarritz, où j'étais à Pâques, ou de celle de Cannes...) et, bien entendu, la construction de la somptueuse nouvelle cathédrale... Mais l'ITO, comme "Daru" , ont choisi de refuser toute discussion avec ce partenaire potentiel en refusant, comme tu le sais bien, la main tendue par le patriarche Alexis II il y a prés de 15 ans. maintenant le train est passé!

Les raisons de ce refus sont à rechercher bien évidement d'abord dans la position du Phanar, comme le souligne Justine. Le métropolite Euloge avait pourtant bien vu la nécessité de s'en affranchir en 1946, rappelons le (était-ce trop tôt?), et le Phanar n'avait pas hésité à rejeter Daru en 1965, quand cela l'arrangeait...

Mais il y a aussi cet orgueil immense dont fait preuve l'équipe dirigeante de "Daru" et de l'ITO et qui lui fait croire qu'elle n'a besoin de personne comme le montre ce dernier communiqué. CONJOINT DE L’ARCHEVECHE DES EGLISES ORTHODOXES RUSSES EN EUROPE OCCIDENTALE ET DE L’INSTITUT DE THEOLOGIE ORTHODOXE SAINT-SERGE
Revenir sur terre et voir la réalité de l'Orthodoxie en France

Très chers Séraphin et Gueorguy il faut vous rendre à cette évidence: ils ne vont pas explorer de voies d'un rapprochement avec le patriarcat de Moscou! Ils rêvent toujours des années 1970-80 où "Daru" se voyait prendre la tête d'une Orthodoxie d'Europe occidentale unifiée (celle dont rêvent aussi certains des commentateurs "hors-sol" précédents...)

Seulement voilà, la majorité des Orthodoxes n'en veut pas comme l'ont bien compris et proclamé les Pères du Concile de Crête: "Il a été aussi constaté que durant la présente phase il n’est pas possible, pour des raisons historiques et pastorales, de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église sur cette question, c’est-à-dire qu’il y ait un seul évêque dans un même lieu... "Daru" représente donc approximativement 2/5 des Orthodoxes en France (100 paroisses sur 250) et ne peut compter que sur ces forces là pour continuer à vivote en prolongeant la baisse inexorablement engagée depuis plus de 50 ans, alors que les autres juridictions se développent, et le diocèse de Chersonèse tout particulièrement avec ses croyants majoritairement attachés à leurs racines, son clergé majoritairement importé et ses réalisations prestigieuses... Le déclin mal caché d'un côté, l’expansion visible de l'autre !

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V.G. Pour qu'il n'y ait pas d’ambiguïté, je tiens à souligner que le premier paragraphe de l'article ne qualifie pas le communiqué de l'OLTR mais bien les commentaires qui le suivaient et n'avaient pas grand chose à voir avec le sujet. Le communiqué lui même est d'une grande tenue et ouvre un vrai débat, même si, comme je l'écris, il ne tient pas compte des réalités de la situation en "Orthodoxie parisienne"!

Mais cet article a été composé par la rédaction en accolant deux commentaires, ce qui en explique aussi le caractère désordonné...


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 14 Mai 2017 à 21:31 | 10 commentaires | Permalien



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