Site de l'OLTR - Editorial de Juin 2016:  Réactions au grand concile panorthodoxe
'OLTR avait proposé l'éditorial de 2016: "Le Concile orthodoxe de 2016" Suite aux derniers événements en lien avec ce concile, Séraphin Rehbinder propose une réflexion sur ce sujet.

Réactions au grand concile panorthodoxe

Parmi les réactions aux épreuves que traverse la préparation du grand concile panorthodoxe, il en est qui essayent de les expliquer par des raisons tout à fait extérieures à notre foi. A vrai dire, je n’apprécie pas cette façon de considérer l’Eglise comme un groupe d’éléments quasi étatiques qui nous est extérieur et dont on peut analyser la géopolitique. Je n’aime pas cette attitude car nous sommes membres de l’Eglise du Christ que nous aimons et en laquelle nous croyons.

Je préfère, pour ma part, examiner les choses sous l’angle des efforts humains tentés pour manifester l’unité des Eglises orthodoxes autocéphales. Ces efforts ont été initiés par le Patriarche de Constantinople, il y a une cinquantaine d’années. Soulignons, tout de suite, que ce faisant, il était parfaitement dans son rôle. L’empereur, autorité temporelle qui convoquait les conciles œcuméniques, n’existe plus.

Et le Patriarche de Constantinople ne peut se substituer à lui pour convoquer un concile mais il peut, dans le cadre de sa primauté d’honneur et de service entre des égaux, proposer à ses frères, les autres primats des Eglises orthodoxes, de se réunir en concile.

La proposition du patriarche Athenagoras fut acceptée unanimement par toutes les Eglises et un travail important et utile fut entamé au niveau de chaque Eglise et en commun, sur tous les sujets que l’on avait estimé possible de mettre à l’ordre du jour du concile. Des textes intéressants ont été produits et discutés. Ainsi, la préparation du concile se poursuivait à un rythme irrégulier, avec des périodes d’avancée et des périodes de stagnation.

Il y a quelques années, Sa Sainteté le patriarche Bartholomée a décidé de faire avancer les choses pour que le concile projeté puisse effectivement se tenir. Le rythme des réunions préparatoires s’accéléra et plusieurs synaxes (réunions) des primats de toutes les Eglises eurent lieu. Puis, une date fut fixée pour la réunion de ce grand concile pan orthodoxe qui devait manifester, rappelons-le, l’unité de l’Eglise Orthodoxe.

Mais plus la date fixée approchait, plus les orthodoxes de toutes les Eglises réalisaient l’importance de l’évènement. Et il est apparu que certaines différences de vues n’ont pu être aplanies aux cours des réunions préparatoires. Le patriarcat d’Antioche, qui est en désaccord avec celui de Jérusalem sur une question de respect de son territoire canonique a le premier fait clairement part de son refus de participer au concile si ce différent n’était pas réglé. Mais d’autres Eglises (patriarcat de Bulgarie, de Serbie [1], de Géorgie) ont aussi fait part de leur refus de participer au concile, si les vues qu’ils avaient exprimées lors des différentes réunions préparatoires n’étaient prises en compte par le concile.

Le patriarcat de Moscou a manifesté à plusieurs reprises son souci de voir respecté le principe d’unanimité dans le déroulement du concile et a insisté pour que la position de chaque Eglise, quelle que soit sa taille ou son histoire, soit prise en compte, pour éviter tout risque de schisme. Ce patriarcat a fait un effort tout particulier pour diffuser les textes adoptés lors des différentes réunions. Devant les difficultés actuelles, il a tenté de provoquer une nouvelle réunion des primats pour trouver une solution à la nouvelle situation. N’ayant pas réussi dans cette tentative, il a annoncé qu’il renonçait à participer.

Il semble bien que le patriarcat de Constantinople va ouvrir le concile en l’absence des Eglises qui ont renoncé à participer. Dans ce cas, ou bien ce concile va surtout témoigner de l’absence d’unité de l’Orthodoxie, ou bien il faudra considérer que la rencontre de Crète n’est que l’ouverture d’un temps conciliaire qui verra plusieurs sessions et finira par aplanir les difficultés actuelles.

Bien entendu, les ennemis de l’Eglise vont élaborer toutes sortes de théories explicatives dont le dénominateur commun est que la foi en Christ n’y joue aucun rôle. Gardons-nous de nous laisser contaminer par cet esprit païen et continuons de prier pour que nos évêques sachent, en fin de compte, manifester notre unité dans la foi, qui est réelle et dont nous avons l’expérience.

Séraphin Rehbinder


Président de l’OLTR

En ce dimanche de Pentecôte, 19 juin 2016.

[1] Au sujet de l'Eglise de Serbie.

En définitive, l'Eglise de Serbie décida de participer au Concile mais, dans sa déclaration du 15 juin 2016 posa des conditions très claires, non remplies à ce jour, pour ne pas quitter le concile avant son terme. Très précisément cette déclaration indique :

« Si les Églises présentes au Concile, et en tête le patriarche œcuménique, persistent à considérer que les Églises absentes boycottent sans raison valables le travail du Concile et si elles refusent de prendre en considération les questions, les problèmes et les désaccords, les représentants de l'Élise orthodoxe serbe seront malheureusement dans l'obligation de quitter le Concile et ainsi de se joindre aux Églises absentes.

Cela n'est pas une menace ni un chantage, mais une mise en œuvre cohérente de la position et de la décision de l'Assemblée des évêques orthodoxes de l'Église serbe du 7 juin dernier. Dans un esprit de responsabilité ecclésiale et pastorale, nous exposons nos positions avec espoir dans l'action sanctifiante de l'Esprit Saint. »



***
Lien OLTR
Bulletins
Publications
Documents "retrouvés"
Contacts

Lire aussi
Plusieures publications sur "PO" consacrées aux problèmes de la diaspora russe en France

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 21 Juin 2016 à 10:10 | 7 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par “Le concile panorthodoxe mène la vie dure aux médias” le 21/06/2016 18:34
Parmi les 140 journalistes accrédités auprès du Patriarcat de Constantinople, plusieurs dizaines ont jeté l’éponge suite au renoncement du patriarche de Moscou à venir en Crète, mais aussi en raison d’une organisation compliquée.

Dépourvue d’expérience dans ce domaine, l’Église orthodoxe a préféré verrouiller au maximum l’événement, rendant difficile les conditions de travail des journalistes présents. SUITE

2.Posté par Le peuple de Dieu exclu de la Liturgie de Pentecôte le 22/06/2016 01:24
Commentaire envoyé par Dimitri Mottier: Selon La Croix toujours : Pas de public

"De public, il n’y en avait pas non plus lors de la célébration de Pentecôte où les primats étaient seuls dans la cathédrale Saint-Mina d’Héraklion. « Quel signal de communion cela envoie-t-il ? De communion avec qui ? », s’interroge un autre journaliste grec."

C'est peut-être la plus mauvaise nouvelle provenant de Crète. Non seulement les journalistes sont exclus et ne peuvent valablement faire leur travail, mais l'assemblée des fidèles aurait été privée de la Divine Liturgie de la Pentecôte, à la cathédrale d'Héraklion. Si cette information s'avérait véridique, ce dernier signal serait du plus mauvais augure.

Si on peut à la rigueur comprendre que, vu la complexité de la situation, une partie des débats puissent se tenir à huis clos, c'est en revanche totalement impensable que les fidèles de la paroisse de la cathédrale (une assemblée pacifique et innocente) puissent être spoliés de la Sainte Fête, par des hiérarques censés conduire l'Église de Jésus-Christ avec confiance, paix et amour, en un jour aussi auguste, où justement la prière du plus petit entre tous est de la plus haute nécessité.

De qui ou de quoi aurait-t-on peur ? Se dirigerait-t-on vers une forme de réunion secrète entre initiés, étrangère à l'esprit de l'Église ? (Lc 12,1 et Lc 14, 10-11)

Corollairement à cela, on sent dans l'article de La Croix, ce triomphalisme particulier qui s'enorgueillit de la capacité romaine d'organiser une réunion de grande envergure et d'esprit dirigiste (on jette joyeusement de l'huile sur le feu). Si les orthodoxes en sont visiblement incapables, c'est certainement par manque de moyens et de coordination, mais surtout parce que le dirigisme est étranger à la nature du Saint Concile. Les pousser dans cette voie restera toujours contre-productif. Croire cette voie praticable relèvera toujours d'une funeste illusion et d'un esprit étranger à la Vérité.

3.Posté par Lucas le 22/06/2016 09:10
En quoi est-il possible de dire le dirigisme étranger à la nature du Saint Concile alors qu aucune " voix du bas " n a été associée à ses préparatifs, ni qu aucune " oreille du bas " n a été informée de leur cours ? Si ce n est pas là du dirigisme c est quoi ? N est-il pas pitoyable que les rares infos disponibles soient le fait de média non orthodoxes ? Ce qui est gênant, ce ne sont pas les articles de La Croix, pour l essentiel pondérés, mais le silence assourdissant des média orthodoxes. Et dans quelques jours, les décisions vont tomber c est ça ? Et ça sera " circulez, il n y a rien à voir " ? Le plus regrettable est que sans doute et en effet, il n y aura rien à voir ....

4.Posté par À propos du dirigisme le 22/06/2016 10:34 (depuis mobile)
Commentaire envoyé par Dimitri Mottier: À propos du dirigisme

Le dirigisme est par principe étranger à la nature conciliaire profonde de l''Église. C''est une affirmation générale et non le cas d''espèce de ce concile. Mais dans tous les cas, c''est l''histoire qui tranchera sur la nature de ce concile.

5.Posté par Gueorguy le 22/06/2016 17:05
@3 - Lucas.

Votre observation, selon laquelle, "aucune voix du bas" n'a pu s'exprimer est tout à fait censée.

Je me rappelle de conférence diocésaine prononcée par Mgr Kallistos WARE, le 1er octobre 2005, sur le thème « Comment construire l’Eglise locale ». Très sincèrement, je n’avais pas la même sensibilité ou les mêmes conclusions mais ce point est tout à fait secondaire. De toute évidence, cette conférence avait parmi ses objectifs de rejeter la proposition du Patriarche Alexis II. Il n’empêche que certaines idées rappelées, ce jour-là, par Mgr Kallistos était du plus grand intérêt et, justement, je m’en souviens très bien, il évoquait cet absolue nécessité de l’unité qui ne peut venir que d’en haut et d’en bas. Il est trop exhaustif de citer cette conférence en entier et j’invite à la parcourir mais on ne peut éviter de lire ce paragraphe dont j’ai conservé l’essentiel :

« L’unité viendra et d’en-haut et d’en-bas
… Si nous nous demandons : « L’unité orthodoxe viendra-t-elle d’en-haut ou d’en-bas ? », la seule réponse concrète est, à mon avis, « Des deux ! ».
D’en-haut : une solution définitive, face à la situation anticanonique de l’Église orthodoxe en Occident, ne peut plus venir que d’un « saint et grand concile », représentant le monde orthodoxe tout entier. Mais quand, demandons-nous, un tel concile sera-t-il convoqué ? En attendant le « saint et grand concile », il faut agir en pleine coopération avec nos Églises-mères, dans le cadre de l’Assemblée des évêques de ce pays.
Mais ce n’est pas assez. Nous devons aussi chercher une solution à partir d’en bas. Même si un saint et grand concile se réunit effectivement un jour, il ne pourra réaliser que peu de choses, ou même rien du tout, s’il n’a pas le soutien de l’ensemble de la communauté ecclésiale, clercs et laïcs, dans chaque région particulière. La préparation d’un tel concile, et également la recherche de l’unité au niveau local, c’est la responsabilité de chacun d’entre nous sans exception. Si notre avenir ecclésial est en bien de ses aspects un mystère, c’est un mystère qui nous concerne tous. Comme les patriarches orientaux l’affirmaient dans leur réponse au pape Pie IX (1848), « le défenseur de la foi, c’est le corps même de l’Église, c’est-à-dire le peuple (laos) lui-même ».
L’unité n’est pas qu’un don, c’est une tâche à accomplir ».

On mesure, déjà, combien, dans l’esprit de Mgr Kallistos, la participation de toutes les Eglises-mères est indispensable et combien il est important d’avoir l’adhésion de tous. Et que les solutions (celle évoquée à cette conférence mais toutes les autres aussi) ne peuvent venir que d’un « saint et grand concile », représentant le monde orthodoxe tout entier.
On n’est, à ce moment, pas étonné du tout que Mgr Kallistos, observant les difficultés qui se sont présentées, est l’un des rares hiérarques (peut-être le seul) à avoir pris clairement position pour un report du Concile. Voir le lien vers le site orthodoxie.com, ci-dessous.

Marginalement, on observe que les responsables de l’exarchat, en publiant l’appel de la Fraternité pour la tenue du Concile malgré les problèmes qui se posent à ce dernier, s’ils laissent percevoir qu’ils savent bien se montrer obéissant envers l’autorité spirituelle sous l’omophore de laquelle ils se placent, ils démontrent, dans le même temps et de la sorte, avoir bien oublié la teneur et les recommandations de cette conférence diocésaine.

6.Posté par Daniel le 22/06/2016 20:38
Pour avoir vu la cérémonie pour la Pentecôte, je puis affirmer que le côté droit de l'église était réservé au clergé, le côté gauche au publi mais qui était peu nombreux avec beaucoup de places vides. Peut-être fallait-il des accréditations pour assister à la liturgie... Ce n'est pas du meilleur effet.

7.Posté par Père Joachim le 23/06/2016 20:24
On peut souligner en effet que la rencontre des 300 en Crêtes est sérieusement verrouillée.
Doit on s'en plaindre ?

Rappelons que la réunion ne s'est pas tenue à Istanbul pour des questions de sécurité insuffisante.
Rappelons que le Patriarche PIERRE d'Alexandrie à périt avec une délégation de plus de dix Métropolites d'Afrique dans un hélicoptère militaire qui se rendait au Mont Athos, sans qu'à ce jour soit donnés de sérieuses informations. etc etc

Ces mers orientales ne sont pas beaucoup moins meurtrières qu'au temps de la piraterie. Et malheureusement après la PAX ROMANA aucun système pacifique n'a pu s'imposer.

Aucune protection ne peut garantir une sécurité parfaite. Mais le bon sens orthodoxe ne peut que soutenir une ferme protection de cette hiérarchie et cette élite mondiale.

J'ai toutefois rarement pu suivre un quelconque conclave avec une telle transparence et des points presses quotidiens en Anglais qui durent plus d'une heure; où toutes les églises locales sont représentées par des laïques aussi bien que des religieux et où les journalistes présents viennent du monde entier, y compris de Russie (Tsari Grad) d'Asie ou que des Émirats (Al Jazeera) pour réclamer informations et éclaircissements sur des points qui les concernent.

Ils sont d'une tenue qui méritent le détours et qui surprendront par leur clarté ceux qui ne disposent que de la misère du MARGAUX pour suivre cet évènement central d'église.

8.Posté par Dimitri Mottier : Le peuple derrière les barrières de l''''autre côté de la route le 24/06/2016 09:19
Après avoir visionné les vidéos sur KtoTv le résultat est clair. La partie droite de la cathédrale était réservée au clergé. La partie gauche, clairsemée, était réservées aux autorités civiles et militaires. Le peuple est resté contenu derrière des barrières métalliques, surveillées par la police, de l'autre côté de la rue qui fait face à la place de la cathédrale. Entre la cathédrale et le peuple il y avait un vide sanitaire, en quelque sorte. Le peuple est resté agglutiné en plein air, en partie à l'ombre (peu) l'autre partie en plein soleil, durant les 4 heures de la célébration. Ils ont prié humblement pour la réussite du concile, pour que l'Esprit Saint descende comme des flammes de feu sur une assemblé extraordinaire, qui ne s'est pas réunie depuis plus de 1000 ans. Leurs prières déclencheront-elles les décisons éclairées,
pleines d'amour et d'humilité, propres à ramener la paix et l'unité ?

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile