Site de l'OLTR - Editorial de Novembre 2016 - "Entendre et écouter"
Voilà six mois qu'un nouvel archevêque et exarque du Patriarcat de Constantinople, Mgr Jean de Charioupolis, a été intronisé à la tête de l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale. Nous sommes heureux que, grâce à ses charismes, un certain calme apparent soit revenu après plusieurs années fort agitées.

Mais nous regrettons amèrement que , comme son prédécesseur Mgr Gabriel, le nouvel archevêque n'écoute qu'une partie de ses ouailles, celle qui considère que si ses parents et grands-parents ont gardé et entretenu les églises construites en Europe par des Russes, ils l'ont fait pour se les approprier. Et il n'écoute pas ceux qui considèrent qu'eux-mêmes, leurs parents et grands-parents ont défendu ces églises russes contre le pouvoir soviétique persécuteur de la foi, non pour se les approprier, mais pour les faire vivre et les remettre à l'Eglise russe maintenant qu'elle n'est plus opprimée, à l'image de la parabole des talents, voire celle des vignerons.

Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui pensent que l'Eglise russe est à ce point indigne que s'en rapprocher mettrait en danger la pureté de l'orthodoxie transmise par leurs parents, pureté qu'ils s'imaginent devoir préserver jalousement de toute possible contamination par des contacts avec le Patriarcat de Moscou. Et qu'il n'écoute pas ceux qui se réjouissent de la renaissance miraculeuse de l'Eglise russe à partir de presque rien et jugent que la grâce et la sainteté ne l'ont jamais quittée, même s'il n'est évidemment pas facile de relever la spiritualité du peuple russe après les dégâts causés par le pouvoir athée « combattant Dieu », comme on l'exprime en russe (богоборческая власть).

Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui s'attribuent les mérites des grands théologiens russes réfugiés à Paris après la révolution et considèrent leurs œuvres comme leur héritage exclusif. Et qu'il n'écoute pas ceux qui regardent avec intérêt et sympathie les développements de la théologie en Russie, où l'on connaît maintenant les théologiens de l'émigration, mieux que chez nous, et où l'on fait un intense effort de formation pour éviter d'éventuelles dérives provoquées par l'affaiblissement de la tradition ecclésiale pendant la période soviétique.

Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui s'autoproclament « embryon de l'Eglise locale » pour justifier la position canonique aberrante de l'Archevêché. Et qu'il n'écoute pas ceux qui estiment que cette aberration n'a plus aucune raison de se poursuivre car sa cause (les persécutions de l'Eglise en Russie) a disparu. Et qu'en plus, elle entraîne le Patriarcat de Constantinople dans une situation impossible dans laquelle il exerce sa sollicitude en Europe occidentale à travers deux hiérarchies épiscopales parallèles : les métropolites grecs dirigeant des diocèses par pays (comme Monseigneur Emmanuel, Métropolite de France, par exemple) et, en même temps, par le truchement d'un archevêque, exarque de sa sainteté le Patriarche, ayant autorité sur des communautés russes, ou d'origine russe, situées dans les mêmes pays. Le phylétisme n'est pas loin !

Nous regrettons amèrement cette situation, mais nous n'allons pas étaler bruyamment notre désaccord par des manifestations de type syndical, totalement inappropriées en Eglise, comme on a pu en déplorer à Paris. Nous considérons cela, non seulement comme indigne, mais comme un signe manifeste des dérives qui se sont développées dans ce corps ecclésial.

Nous voudrions espérer que l'actuel archevêque Mgr Jean de Charioupolis saura résister à cette nouvelle pensée unique apparue parmi les membres de l'archevêché, qui ont progressivement marginalisé, par des méthodes douteuses, tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec eux. Nous avons toujours dit et pensé que toutes ces questions, ayant trait à la situation canonique, auraient dû donner lieu à un débat ouvert, y compris avec les patriarcats de Constantinople et de Moscou. Il n'est jamais bon de maintenir les problèmes sous le tapis ou de nier leur existence. Il n'est peut-être pas trop tard pour ouvrir, enfin, cette discussion.

Séraphin Rehbinder
Président de l'OLTR

Novembre 2016
LIEN OLTR
Et Publications 2016


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 28 Novembre 2016 à 11:55 | 30 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Yves Leroy - Higoumène Georges le 28/11/2016 19:06
Que de regrets amers ! Est-il bien nécessaire de peupler sa pensée de tels soupirs et gémissements ? Selon cette réflexion, la rue Daru « entraîne le Patriarcat de Constantinople dans une situation impossible dans laquelle il exerce sa sollicitude en Europe occidentale à travers deux hiérarchies épiscopales parallèles ».

- Or, que constatons-nous dans le Patriarcat de Moscou lui-même ? Ce dernier exerce sa sollicitude à travers deux hiérarchies parallèles (sans que personne ne juge pour autant sa situation comme étant « impossible ») : la hiérarchie de l'Église russe en tant que telle, et celle de ceux qui étaient précédemment des « Russes hors-frontières ». Par exemple, à Berlin, coexistent deux évêques russes : un évêque dépendant directement de Moscou, et un évêque chargé des ouailles qui furent précédemment Russes hors-frontières. Ne disons pas que c’est provisoire : cette situation perdure maintenant depuis des années : jusqu'à présent, les anciens Russes hors-frontières n'ont pas accepté de s'intégrer complètement à la hiérarchie du Patriarcat de Moscou. - Qu'arriverait-il si la « rue Daru » s'écartait du Patriarcat œcuménique pour relever directement du Patriarcat de Moscou ? Une troisième hiérarchie viendrait se juxtaposer aux deux précédentes. Car l'intégration ne s'effectuerait pas plus qu'elle ne s'est faite avec les anciens Russes hors-frontières. Le Patriarcat de Moscou s'accommoderait fort bien, à ce moment-là, de trois hiérarchies parallèles. Il est donc difficile de reprocher au Patriarcat de Constantinople d'en avoir deux… - Notre interlocuteur poursuit sa réflexion : « nous avons toujours dit et pensé que toutes ces questions, ayant trait à la situation canonique, auraient dû donner lieu à un débat ouvert, y compris avec les Patriarcats de Constantinople et de Moscou ».

- Quelle bonne idée ! Et laissez-moi ajouter un petit mot : ce « débat ouvert » aurait parfaitement pu avoir lieu lors du Concile de Crète, si tout le monde avait eu le courage de bien vouloir y participer. Car c'était une occasion ou jamais d'affirmer la conciliarité de l'Église, plutôt que d'y préférer ses particularismes locaux (et de ne pas vouloir en signer les actes, prétextant les visions incohérentes de quelque ermite exalté, tiré du XIXe siècle). Il est assez paradoxal d'entendre des professeurs de dogmatique discourir doctement sur la « sobornost » de l'Église, alors même que certains de ses représentants les plus éminents ne parviennent pas à se réunir - ce qui aurait été la moindre des choses. Assurément, la politique de la chaise vide est la plus mauvaise conseillère…

- Le problème de la rue Daru est beaucoup moins une question d'appartenance que le fait que cette organisation ne soit jamais arrivée à définir clairement sa mission. Si sa mission consiste en le fait de préserver la culture russe de ses fidèles, contre l'inévitable érosion de celle-ci lorsque les gens vivent en Occident - dans ce cas, le travail de la rue Daru fait clairement double emploi avec celui qui est accompli par le Patriarcat de Moscou et dont, effectivement, le travail est de préserver la « russité » de ses ressortissants nouvellement émigrés à l'étranger. Par contre, si la mission de la rue Daru est de poser les bases d'une Orthodoxie intégrée dans le pays où elle existe - d'une Orthodoxie qui prie et qui pense dans la langue du pays où elle vit - d'une Orthodoxie qui est franchement et ouvertement européenne et qui soutient fortement les valeurs de liberté de l'individu et de liberté de recherche théologique, valeurs qui sont en accord avec l'esprit européen - dans ce cas, la rue Daru aurait effectivement à la fois son originalité et sa raison d'être. Mais, malheureusement, la rue Daru ne s'est jamais franchement décidée à prendre cette option - et aujourd'hui, moins que jamais. Nous pouvons penser que les organisations qui sont impuissantes à définir leur mission fondamentale, auront de la difficulté à exister durablement, et à maintenir leur cohérence.

2.Posté par NB - Répétitif cauchemar... le 29/11/2016 10:39
"Mais nous regrettons amèrement que, comme son prédécesseur Mgr Gabriel, le nouvel archevêque n'écoute qu'une partie de ses ouailles...."
Lire - Monseigneur Gabriel, un évêque sous influence…http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Monseigneur-Gabriel-un-eveque-sous-influence_a1960.html

3.Posté par Marie Genko le 30/11/2016 11:09
@ Higoumène Georges,

Mon Père Bénissez.
Il me semble me souvenir que vous ne vivez pas en Europe occidentale?
Pour ma part, je fait partie de la deuxième génération des émigrés russes blancs. Mes parents étaient adultes lorsqu'ils ont quitté l'empire russe en 1920. Je suis née en France, et je peux dire que j'ai vécu et que je continue à vivre dans le microcosme de la rue Daru.

Le problème de la rue Daru, je le connais bien, et il est double

1/ Cet archevêché souhaite conserver sa russité. La cathédrale Saint Alexandre Nevsky est remplie d'icônes de l'armée blanche et sur les murs vous regardent d'immenses fresques de quatre éminents saints métropolites de Moscou, Alexis (1354-1378), Jonas (1448-1461), Philippe (1556-1569), Pierre (1308-1326)
Non seulement l'église elle-même est fondamentalement russe, mais l'équipe qui la dirige est convaincue de sa mission d'être la pierre angulaire de la future Église orthodoxe française de rite slave, héritière de la pensée du philosophe slavophile Alexis Stépanovitch Khomiakoff (1804-1860).

2/ La grande contradiction qui mine l'archevêché est qu'il a justement la même approche que celle que vous avez vous-même : je vous cite ci-dessous:

"d'une Orthodoxie qui est franchement et ouvertement européenne et qui soutient fortement les valeurs de liberté de l'individu et de liberté de recherche théologique, valeurs qui sont en accord avec l'esprit européen "

Pardonnez-moi, mais pensez-vous vraiment qu'il y ait deux sortes d'Orthodoxie?

L'une PHARE issue des sombres Lumières du XVIIIème siècle français, droit de l'hommiste etc, et l'autre issue d'un ORIENT OBSCURANTISTE ?

Pour moi il n'y a qu'UNE SEULE ORTHODOXIE, celle que nous ont transmise les Apôtres et les Pères de notre Église.

Et ce n'est pas parce que Dieu nous a créés libres de choisir entre le Bien et le Mal, que nous devons cautionner toutes les dérives sociétales que nous imposent les législateurs de nos pays.

Malheureux Occident!
Il sombre actuellement dans une dangereuse Laïcité profondément Athée et doublée d'un radical changement de civilisation.

L'Europe vit à l'heure des migrations des peuples d'Afrique et du Moyen-Orient.
Les mosquées sont de plus en plus présentes ici, alors que les églises se sont vidées depuis longtemps.
Si la civilisation européenne ne veut pas disparaître, elle doit impérativement se tourner vers ses propres racines, vers cette merveilleuse spiritualité, qui a été la sienne, lorsque les abbayes vibraient du chant des moines sur tout son territoire.
C'est bien la renaissance d'une Église latine priante, et à nouveau orthodoxe,une Église dépendant du Saint Père de Rome, qui est la seule issue pour échapper à la tragédie qui se trouve à nos portes.

Vous voyez, lorsque Séraphin Rehbinder souligne le malaise de l'archevêché, c'est une souffrance qu'il exprime. Celle que nous vivons tous de cet antagonisme ridicule entre l'Occident et l'Orient.
Celle de l'attachement de nombreux fidèles de l'Archevêché à leur Église Mère, qui est si systématiquement rejetée par toute une frange hostile au patriarcat de Moscou...
Avec tout mon respect filial et mon amour en Christ.

Marie Genko

4.Posté par Tchetnik le 30/11/2016 11:54
Excellent constat de P. George Leroy qui doit cependant ne pas confondre l'esprit Européen de toujours avec celui "européen" contemporain et ne pas faire de la "liberté individuelle" une finalité en soi. La liberté de la personne a toujours été reconnue par les Pères mais elle ne vaut que par le carburant de la Vérité.
De même la "recherche théologique" ne saurait se faire sur une Vérité déjà révélée. En revanche, on peut chercher de nouvelles formes d'action, de pastorale, de catéchèse et de charité dans les sociétés qui changent.

5.Posté par justine le 30/11/2016 16:41
"Malheureux Occident!
Il sombre actuellement dans une dangereuse Laïcité profondément Athée et doublée d'un radical changement de civilisation." - Je prends cette phrase de Marie pour signaler un evenement surprenant qui semble etre passe inapercu dans ce malheureux Occident et qui est en complete opposition avec ce qui s'y passe aujourd'hui : La Pologne en date du 19 novembre a officiellement confesse le Christ comme Roi de la nation polonaise. Voir la ceremonie officielle, avec participation de tout le clerge catholique, du gouvernement polonais et d'une immense foule, dans cette video: https://youtu.be/pzv9DOg0ksk.

Et voici le texte, en traduction anglaise, qui a ete lu a l'occasion par le prelat catholique:

"The Act of Acceptance of Jesus Christ as King and Lord:

O Immortal King of Ages, Lord Jesus Christ, our God and Savior! In the Jubilee Year of the 1050th anniversary of Poland’s Baptism, in the Extraordinary Jubilee of Mercy, we Poles stand here before you [together with our authorities, clergy and laity] to acknowledge your reign, to submit ourselves to your law, to entrust and consecrate to you our Fatherland and our whole people.

We confess before heaven and earth that we need your rule. We acknowledge that you alone have a holy and perennial law for us. Therefore, humbly bowing our heads before you, the King of the Universe, we recognize your dominion over Poland and our whole people living in the Fatherland and throughout the world.

Desirous to worship the majesty of your power and glory, with great faith and love, we cry out to you: Christ, reign over us!

– In our hearts – Christ, reign over us!
– In our families – Christ, reign over us!
– In our parishes – Christ, reign over us!
– In our schools and universities – Christ, reign over us!
– In the social communication means – Christ, reign over us!
– In our offices, places of work, service and rest – Christ, reign over us!
– In our cities and villages – Christ, reign over us!
– Throughout the Polish Nation and State – Christ, reign over us!

We bless you and give you thanks, Lord Jesus Christ:

– For the unfathomable love of your Sacred Heart – Christ our King, we thank you!

– For the grace of baptism and the covenant with our People over the centuries – Christ our King, we thank you!

– For the maternal and royal presence of Mary in our history – Christ our King, we thank you!

– For the great Mercy that you constantly extend to us – Christ our King, we thank you!

– For your faithfulness despite our betrayals and weaknesses – Christ our King, we thank you!

Aware of our faults and abuse inflicted on Your Heart, we ask forgiveness for all our sins, and in particular for turning away from the holy faith, for our lack of love for you and our neighbor.

We ask you to forgive the social sins of our nation, all its defects, addictions and enslavement. We renounce the devil and all his works.

We humbly submit ourselves to Your Lordship and your law. We commit ourselves to ordering our entire personal, family and national life according to your law:

– We pledge to defend your holy worship and to preach your royal glory – Christ our King, we pledge!

– We pledge to do your will and to protect the integrity of our consciences – Christ our King, we pledge!

– We pledge to care for the sanctity of our families and the Christian education of our children – Christ our King, we pledge!

– We pledge to build your kingdom and to defend it in our nation – Christ our King, we pledge!

– We pledge to engage actively in the life of the Church and to protect her rights – Christ our King, we pledge!

You, the only Ruler of states, nations and of all creation, the King of kings and Lord of lords!

We entrust to you the Polish State and Poland’s rulers. Make them all those who exercise power do so with justice and govern rightly in accordance with your Laws.

Christ our King, we confidently entrust to your Mercy all of Poland and especially those of the people who do not follow your ways. Give them your grace, enlighten them through the power of the Holy Spirit, and lead us all to the eternal communion with the Father.

In the name of brotherly love, we entrust to you all the world’s nations, especially those that have made Poland bear the cross. Make them recognize you as their rightful Lord and King and use the time given to them by the Father to submit voluntarily to your lordship.

Lord Jesus Christ, King of our hearts, make our hearts like your Sacred Heart.

Let your Holy Spirit descend and renew the face of the earth, this earth. May he support us as we accomplish the obligations that are the consequences of this national act, protect from evil, and realize our sanctification.

In the Immaculate Heart of Mary, we place our decisions and commitments. We all entrust to the maternal care of the Queen of Polish and to the intercession of the patron saints of our Fatherland.

Christ, reign over us! Reign over our fatherland, and reign in every nation – for the greater glory of the Most Holy Trinity and the salvation of humanity. Make our homeland and the entire world into your kingdom: a kingdom of truth and life, a kingdom of holiness and grace, a kingdom of justice, love and peace."

6.Posté par Clovis le 01/12/2016 10:32
Et le Pape quant à lui demande à la France d'approfondir ses valeurs républicaines. Cent ans après le désastre de l'appel au ralliement de Léon XIII...
Décidément...

7.Posté par Marie Genko le 01/12/2016 19:57
Voici ce qu'on peut trouver dans famille chrétienne à propos d'un livre écrit par R. De Mattei intitulé:
Le Ralliement de Léon XIII:

"Léon XIII était-il un pape libéral ? C’est la question qui affleure tout au long de cette étude. Pour R. de Mattei, « son magistère fut antilibéral ». Malgré tout, l’historien voit dans le désir du pape de composer diplomatiquement avec la modernité la preuve même d’un esprit libéral. Et le Ralliement dans tout cela ? L’auteur estime que les conséquences furent essentiellement d’ordre psychologique et culturel. Et c’est ce qui explique l’étonnante actualité de ce sujet, au regard notamment du rapport des catholiques français avec des institutions capables de graver dans le marbre de la loi l’avortement et le « mariage » homosexuel."

Pour ma part, il me semble qu'il serait difficile au Pape François de soutenir un retour à la monarchie en France.
Approfondir les valeurs républicaines, veut justement dire essayer de remettre les Lois de la
République en accord avec l'enseignement de l'Evangile.

Le miracle polonais, dont parle Justine dans son message N° 5, nous donne l'espoir que le Seigneur voudra bien aussi prendre la France et le reste de l'Europe en pitié.

8.Posté par Micha le 01/12/2016 20:00
Я уже ничего не пониамюю в этом Дарю. Какой то клуб по интересам одной группы. Опять у власти? Что они хотят, что защищают, рисуют карикатуры на своих епископов, думают что это "демократия" в свободном пространстве. Но выглядит позорно для них самих и исторического местаа на улицах Парижа

9.Posté par Vladimir.G: le parcours du père Georges (Leroy) a été décrit dans les 10 "Chroniques d'Abitibi". le 01/12/2016 23:01
Pour information: le parcours du père Georges (Leroy), de Bruxelles au Canada en passant par l'ITO St. Serge (Paris), a été décrit dans les 10 "Chroniques d'Abitibi". Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/search/chroniques+d%27Abitibi/

10.Posté par Clovis le 02/12/2016 11:52
@ Marie, qu'il se mêle de ce qui le regarde. Encore une ingérrence de plus de la papauté...

Il faut se replacer dans le contexte d'une France encore très monarchiste (certes divisée entre les Légitimistes, les orléanistes et si l'on veut les bonapartistes), mais monarchiste.
A cette ingérence dans le temporel suivra 1905, le scandale des fiches et l'anticléricalisme républicain violent du début du XXème siècle, à cela ajoutez un quart de siècle plus tard la condamnation inique de l'Action française et vous aurez toute la reconnaissance de la papauté envers les rois qui les ont (presque) toujours soutenus...

Mais sans pour autant appeler à un retour à la monarchie (pourtant seul régime souhaitable pour le cas de la France) il aurait pu rappeler aux catholiques ce que fit Benoît XVI avec les trois points non négociables auxquels devraient s'en tenir tout bon catholique.

Benoît XVI évoque ces trois points non négociables dans l'exhortation apostolique Sacramentum Caritatis (22 février 2007) au paragraphe 83 :

"cela vaut pour tous les baptisés, mais s'impose avec une exigence particulière pour ceux qui, par la position sociale ou politique qu'ils occupent, doivent prendre des décisions concernant les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle, comme la famille fondée sur le mariage entre homme et femme, la liberté d'éducation des enfants et la promotion du bien commun sous toutes ses formes. Ces valeurs ne sont pas négociables."

Mais ces points ne semblent pas peser fort face au mainstream dans lequel se baigne le pape actuel...

11.Posté par Marie Genko le 02/12/2016 15:23
Cher Clovis,

Je suis tout à fait d'accord avec vous que le début du siècle dernier a été violemment agressif envers les Catholiques de France. Et cette agressivité ne s'est malheureusement pas éteinte depuis.
Tout le christianisme en souffre dans ce pays.
Je suis assez d'accord avec vous pour dire que la démocratie, telle que nous la voyons à l'œuvre en Europe n'a rien d'enthousiasmant.
Mais je pense que la monarchie n'était pas parfaite non plus et que l'Histoire repasse rarement les plats.

Il me semble avoir lu, et même entendu, le Pape François dire très clairement qu'il était opposé au mariage homosexuel et à l'avortement.
Je crois que ce Pape est très critiqué dans les milieux les plus radicalement opposés à l'invasion de l'Europe par les Musulmans. Et cela simplement pour la raison qu'il rappelle notre devoir d'accueil et de Charité envers les malheureux qui fuient vers notre continent.
Après tout ce sont les guerres initiées par l'Occident qui sont responsables de cet exode massif.

Pour ma part je trouve le Pape François ouvert et sympathique et je lui suis très reconnaissante pour sa rencontre avec le Patriarche Cyrille à la Havane.
Puisse le Seigneur nous guider tous dans un effort commun pour retrouver le chemin de Vérité et de Vie que nous a enseigné le Christ.

12.Posté par Yves Leroy - Higoumène Georges le 02/12/2016 20:31
Il me semble que le propos initial évoqué par l'OLTR a été pratiquement perdu de vue, au fur des commentaires successifs. Nous en sommes à la comparaison du pontificat de Léon XIII, par rapport à l'anticléricalisme républicain... - J'aimerais cependant que Mme. Marie Genko m'explique ce qu'elle veut dire, lorsqu'elle dit que la « rue Daru » est « la pierre angulaire de la future Église orthodoxe française de rite slave, héritière de la pensée du philosophe slavophile Alexis Stépanovitch Khomiakoff ». J'avoue que cette affirmation me laisse perplexe ?

13.Posté par Tchetnik: attention enfumage le 02/12/2016 23:34
L'immigration massive se fait essentiellement pour des raisons économiques et les pays d'où peuvent venir certains réfugiés se trouvent dans un chaos largement antérieur aux guerres effectivement illégitimes initiées par l'"occident".

A partir du moment où ces "réfugiés" sont clairement musulmans et ont un comportement clairement hostile, il ne faudrait pas confondre "charité" et "soumission", ce que certains font régulièrement. Si c'est la charité qui les démange, il y a des centaines de milliers de SDF dans les rues du reste.

14.Posté par Vladimir.G: Je pense important de souligner plusieurs points: le 03/12/2016 00:08
Merci cher père Georges de recentrer le débat!

Je pense important de souligner plusieurs points:

1. DARU INCONTOURNABLE: Daru regroupe plus de 1/3 des paroisses orthodoxes de France (80-90 sur 250? à vérifier) et c'est donc la juridiction la plus importante, loin devant les Grecs et les Roumains, l'Église russe arrivant en 4e position. Toutefois le position de l'Archevêché tend à se réduire: elle était largement majoritaire après la guerre et elle stagne maintenant alors que les autres croissent.

2. Mon ami Séraphin ne semble pas avoir conscience du fait qu'une bonne partie des paroisses ne se considèrent pas comme "russes": elles ne commémorent pas la Russie et se désignent comme "paroisses DE TRADITION russe" (contrairement à l'appellation officielle!). Mgr Jean est bien en phase avec ces paroisses là et les élections démontrent que cette position est majoritaire... parmi les votants! Je partage évidement LES REGRETS DE SÉRAPHIN et je considère que cette position trahit la volonté des fondateurs, dont j'ai connu les représentants... Mais le fait est là et je n'y vois aucun remède... sauf à quitter Daru, mais on voit bien que peu le font!

3. Cette situation convient parfaitement à Constantinople qui a l'habitude des diocèses ethnoculturels parallèles aux métropoles grecques (en Amériques, il y a ainsi les Ukrainiens et les Ruthènes, et il y a un diocèse ukrainien en Europe occidentale avec 2 paroisses en France...) La situation de l'Église russe, en revanche, a été inscrite comme provisoire dans l'acte d'union et, si les 5 ans prévus sont dépassés, ce n'est pas encore une éternité!

4. DARU FRAGILE: Ce qui est inquiétant dans le projet de Daru d'être l'embryon d'une Église localisée c'est que cela va à l'encontre de la volonté de toutes les autres juridictions qui défendent farouchement leur rattachement à leurs Églises-mères respectives, comme cela a été acté dans le document du Concile de Crête: "Il a été aussi constaté que durant la présente phase il n’est pas possible, pour des raisons historiques et pastorales, de passer immédiatement à l’ordre canonique strict de l’Église sur cette question..." Comme le montre l’exemple de l'OCA, tenter de s'imposer comme Église locale contre les autres ne fait qu'augmenter la division!

5. Ce sont évidement les immigrés qui ont implanté l'Orthodoxie en Occident et qui continuent à la faire progresser ("suite aux récents apports d’une immigration diversifiée, la France compterait de 400 000 à 500 000 baptisés orthodoxes..." (*) et cette situation est appelée à perdurer grâce au flux continu des migrants dont toutes les juridictions "nationales" assurent la pastorale. En revanche, le nombre de "convertis" ne dépasse pas 1% (**) ce qui explique la réduction de la part relative de Daru même si, plus actifs que les immigrés, surtout récents, les "convertis" (sont surreprésentés parmi le clergé et dans les instances dirigeantes... Cette tendance lourde porte évidement un risque de dépérissement à moyen-long terme.

(*) p. Siméon, "Annuaire de l’Église Orthodoxe de France", monastère de Cantauque, 2014.
(**) Les "convertis" sont "ces Occidentaux « de souche » devenus orthodoxes". P. Serge Model' «Une page méconnue de l’histoire de l’orthodoxie en Occident : la Mission orthodoxe belge (1963-1987)», http://basilekrivocheine.org/fr-memoires/une-page-mconnue-delhistoire-delorthodoxie-enoccident-lamission-orthodoxe-belge-1963-1987/р

15.Posté par Tchetnik le 03/12/2016 09:59
Vladimir ne rate jamais une occasion de défendre sa vision racialiste et talmudique de l'Eglise en avançant des chiffres toujours aussi bidons.

Décidément, on s'étonne ensuite que l'Eglise Orthodoxe n'ait pas dépassé le stade de la cabane à frites dans une lointaine banlieue et n'intéresse que les Bobos qui lisent Géo.

16.Posté par Marie Genko le 03/12/2016 10:46
@ Higoumène Georges,

Mon Père bénissez.
Je vais essayer de vous répondre par un exemple que j'ai vécu en 2008.
C'était à l'occasion de la sortie d'un livre, le Journal du Père Alexandre Schmemann, publié en Français par l'édition des Syrtes.
Un séminaire de deux jours, consacré au souvenir du Père Alexandre, se tenait dans les murs de l'Institut Saint Serge, sous le patronage de l'archevêque Gabriel.
Des prêtres de l'OCA, qui avaient connu le Père Alexandre sont venus des USA, et d'autres prêtres de l'Archevêché, venus de toute d'Europe, étaient présents. Nous étions assez nombreux.
A la fin de ces deux journées, il nous fut proposé de signer une lettre supplique adressée au Patriarche Bartholomée pour lui demander d'accorder l'autocéphalie à l'archevêché.
Je n'ai pas en mémoire les termes exacts de cette lettre mais il est clair que l'archevêché souhaitait marcher sur les traces de l'OCA.
Comme vous l'explique très bien Vladimir dans son message N°14 au paragraphe 4

"'être l'embryon d'une Église localisée va à l'encontre de la volonté de toutes les autres juridictions qui défendent farouchement leur rattachement à leurs Églises-mères respectives, "

Vous connaissez certainement mieux que moi l'historique de l'OCA. Je pense ne pas me tromper en écrivant que le souhait du Père Alexandre était de créer une Eglise Orthodoxe en Amérique affranchie de la tutelle des Eglises mères respectives.

Comme l'explique à nouveau parfaitement Vladimir :

"tenter de s'imposer comme Église locale contre les autres ne fait qu'augmenter la division!"

Je ne sais pas si le rêve d'être la pierre angulaire de l'Eglise orthodoxe en Occident est toujours aussi vivante dans l'esprit des instances dirigeantes de l'archevêché après toutes les difficultés et les remous qu'elles ont enduré?

Pour ma part, il me semble que ce qui a toujours fait la force de l'Eglise orthodoxe est le fait qu'elle soit totalement habitée par l'esprit et la culture des peuples qui ont adopté cette Foi.
Pour moi la future Eglise Locale en Occident ne pourra être qu'une Eglise issue le la tradition latine dépendant de l'Evêque de Rome redevenu orthodoxe.

Pour conclure sur l'excellent message N° 14 de Vladimir, que je cite ci-dessous:

"Je partage évidement LES REGRETS DE SÉRAPHIN et je considère que cette position trahit la volonté des fondateurs, dont j'ai connu les représentants... "

Moi aussi, je considère que l'Archevêché trahit ses fondateurs en s'efforçant de créer des paroisses française, belges ou autres de tradition russe.
En attendant le retour à l'unité de l'Eglise du Christ, celle d'une chrétienté débarrassée de ses schismes et de ses hérésies, la place de l'Archevêché est de rejoindre son Eglise mère, l'Eglise de Russie.

Avec tout mon respect filial et mon amour en Christ.

17.Posté par Marie Genko le 03/12/2016 10:50
@Higoumène Georges,

J'ai omis de vous répondre sur l'Eglise russe hors frontières, que nous sommes nombreux à avoir rejoint depuis les déchirants remous de l'Archevêché. Mais Vladimir l'a très bien fait à ma place.
C'est vrai que les deux structures restent parallèles, mais je pense que c'est provisoire selon la longévité des évêques en place.

18.Posté par Théophile le 03/12/2016 15:38
Quelques commentaires:

- L'Eglise russe hors-frontière est en voie de disparition, remplacée par les paroisses qui sont directement liée au Patriarcat de Moscou, ce qui est logique d'une certaine manière, vu la fusion.

- L'Exarcat russe de la rue Daru, survit, malgré les scandales et contradictions qui l'ont touché depuis plusieurs années. La nomination d'un évêque français, qui est aimé de ses brebis, en fait une communauté locale orthodoxe originale, au milieu des Eglises orthodoxes qui sont directement rattachées à leur Eglise-mère.

De ces 2 constats, je déduis que la rue Daru a sans doute encore un rôle de témoignage à jouer dans l'Orthodoxie en France, notamment via l'Institut S.Serge, mais aussi à travers ses paroisses francophones. Mais la création d'une Eglisse locale autocéphale semble hors de portée, car l'Exarcat est trop affaibli.

Et je suis assez d'accord avec Marie pour affirmer que le Seigneur veut aussi que l'Eglise latine (ce qui en reste de sain et vivant) soit participante du projet de l'Eglise locale, dans des voies que seul connaît le Saint Esprit.
Peu importe la structure ecclésiale, il faut que les bonnes volontés collaborent toutes à la divine Volonté.

19.Posté par Arnold le 03/12/2016 19:28
Cela fait donc six mois qu'une sorte de malaise apparait de nouveau dans l'Exarchat. J'ai une question : il a été annoncé qu'un nouvel éveque a été élu selon les règles de l'Archevéché début novembre 2016. Un Anglais, donc qui fait face à l'éparchie de Sourozh que le patriarche Cyrille vient de visiter et et qui important. Qui peut dire si cet évêque Daru anglais a été confirmé et sera donc vraiment consacré évêque pour venir en aide à Daru ?

20.Posté par Vladimir.G: Daru semble bien rester sur le bord du chemin! le 03/12/2016 19:38
Bénissez-moi cher père Georges,

Comme vous, je suis assez dubitatif quand à la filiation de Daru à partir du mouvement slavophile et d'Alexis Khomiakoff. Le mouvement relativement étroit des "slavophiles" voulait libérer la pensée orthodoxe russe de la "Babylone occidentale" et reformuler les bases de l'Orthodoxie dans le langage de la philosophie idéaliste allemande. Il oppose l'harmonie orthodoxe entre la foi et la raison au rationalisme occidental qu'il relie au catholicisme-protestantisme en considérant que toute philosophie dépend de la "religion dominante". Le texte programmatique de ce courant - l'étude d'Ivan Kireevsky “Sur la nécessité et la possibilité de nouveaux principes philosophiques” (1856), appelle à créer une nouvelle philosophie russe sur «les bases vraies» de la tradition orthodoxe en utilisant la langue philosophique de Schelling... Tout cela parait bien dépassé!

Il me semble que l'"École de Paris", qui reste toujours le courant directeur de Daru, reprend plutôt la pensé du successeur des Slavophiles, le fondateur de la “Renaissance religieuse et philosophique russe”, Vladimir Soloviev, dont “la Justification du bien” (1897) présente une nouvelle e synthèse globale de la théologie orthodoxe, de la philosophie européenne et de la science moderne; les exemples les plus connus en sont "la Colonne et le fondement de la vérité” de Paul Florensky (1914) et La lumière sans déclin ((Svet nevetchernyi, 1917) de Serge Boulgakov qui servent de base aux développements de la "Sophiologie" (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Apercu-de-la-Sophia-dans-la-theologie-orthodoxe-russe_a1935.html).

Toutefois, le nouveau courant qui s'organise dans les années 1920 autour l'Institut de Théologie Orthodoxe St Serge (fondé en 1925) autour de Serge Boulgakov et Georges Florovsky, met en avant l'idée de "synthèse néo-patristique" (qu'on appelle aussi parfois "synthèse néo-cappadocienne" ou "palamite") qui veut, comme I.Kireevsky et V.Soloviev exposer «les fondements absolus» de l'orthodoxie en utilisant la langue philosophique moderne. Cependant la grande différence de "la synthèse" de Florovsky c'est que l'accent n'a pas été mis sur l'utilisation de la langue philosophique contemporaine (comme, de son point de vue, le firent les slavophiles, Soloviev et ses continuateurs), mais sur la renaissance d'une véritable philosophie orthodoxe, une philosophie «de l'hellénisme ecclésialisé» incarnée dans la patristique byzantine. Le recours inconditionnel aux normes dogmatiques de la tradition orthodoxe-patristique, la liaison avec l'approche rationnelle-systématique dans l'exposé de ces normes et le dialogue avec les contradicteurs ainsi que son volontarisme dans les questions dogmatiques et son apologie de l'irrationnel distinguent fondamentalement ce mouvement de ces prédécesseurs (voir «les Pères Orientaux de IV siècle» (1931) et «les Pères Byzantins des V-VIII siècles» (1933), «La Voie de la théologie russe» (1937) de Florovsky, les travaux des pères Nikola Afanasiev (1893-1966), Vladimir Nikolaévitch Lossky (1903-1958) et Cyprien Kern (1899-1960), Mgr Basile Krivochein (1900-1985), et des pères Alexandre Schmemann (1921-1983) et Jean Meyendorf (1926-1992) dans la génération suivante.

La théologie russe se réapproprie depuis vingt cinq ans ces recherches; des ouvrages inaccessibles durant près d'un siècle sont publiés et la recherche repart vers de nouvelles avancées, forte de ses dizaines de chercheurs, moines et laïcs. Des avancées théologiques sont aussi indéniables dans d'autres Églises - Constantinople, Bucarest, Athènes, Belgrade... et Daru semble bien rester sur le bord du chemin!

21.Posté par Yves Leroy - Higoumène Georges le 03/12/2016 22:20
Cher Vladimir, merci pour vos commentaires toujours éclairants et fort bien documentés – avec votre très intéressant aperçu sur « la filiation de Daru à partir du mouvement slavophile et d'Alexis Khomiakoff ».
L'existence serait bien ennuyeuse s'il n'y avait pas notre cher ami Tchetnik, dont la plume acérée excelle à souligner d'un grand trait rouge certaines caractéristiques ecclésiastiques, que les orthodoxes « classiques » tentent vainement de « balayer sous le tapis »… Son style est vraiment inimitable ! Lorsqu'il lui arrive d'espacer ses interventions, ses affirmations caustiques - et ses images à la fois surprenantes et imprévues - nous manquent.
Je remercie cordialement Marie Genko pour ses commentaires, que j'ai lus avec le plus grand intérêt. Je vis au sein de l'OCA, et je suis heureux d'y pouvoir exister, en priant dans ma langue. Ceci étant dit, je suis d'accord avec vous, lorsque vous affirmez : « tenter de s'imposer comme Église locale contre les autres ne fait qu'augmenter la division ».
Je crois qu’en ce qui concerne l'OCA, il faut distinguer deux problématiques : d'une part, la volonté de créer une Église qui soit parfaitement intégrée à l'univers culturel des États-Unis, et donc d'expression anglophone. - D'autre part, le projet d'absorber l'ensemble des juridictions orthodoxes existant en Amérique du Nord, au sein de cette grande Église nationale États-Unienne.
On peut dire que le premier projet est une réussite, du moins aux États-Unis. Mais par contre, le deuxième projet n'a pas pu se réaliser et, effectivement, l'OCA a ajouté une juridiction supplémentaire à celles qui existent sur ce territoire.
À l'époque, du point de vue canonique, c'était l'Église russe hors-frontières qui était marginalisée, par rapport aux autres juridictions orthodoxes. Avec l'évolution récente de la situation en Amérique du Nord, l'Église russe hors-frontières - étant désormais réunie au Patriarcat de Moscou - a acquis dès lors une pleine canonicité, alors que c'est maintenant l'OCA qui est marginalisée et qui est assise de façon précaire sur un strapontin, au fond de la salle, près de la sortie… Elle n'a évidemment pas été invitée au Concile de Crète, ne pouvant y fournir que des observateurs. Le clergé de l'OCA peut certes célébrer sans difficulté parmi l'ensemble des juridictions, mais la canonicité de ce corps ecclésial paraît être plus problématique qu’auparavant.
On peut imaginer, par exemple, que le Synode de l'OCA renonce à son autocéphalie, et que cette juridiction soit reçue par le Patriarcat œcuménique en tant qu'Exarchat. Le Synode n'aura qu'à signer un papier, et la situation des paroisses ne subirait aucun changement. Nous pouvons remarquer qu’il y a plus de 25 ans, les Ukrainiens du Canada et des États-Unis ont regagné leur canonicité de cette façon. - On pourrait aussi imaginer que l'OCA revienne à son Église-Mère, l'Église russe. Mais je suppose que, vu le contexte politique, une paroisse existant aux États-Unis accepterait sans doute difficilement de relever immédiatement de Moscou. Par contre, la situation est différente au Canada : ce contentieux historique envers la Russie n'existe pas.
On peut présumer qu'au Canada, diverses paroisses authentiquement russes, et peuplées aujourd'hui de nouveaux immigrants venant de Russie et d’autres pays salves, ne verraient pas d'inconvénient particulier à dépendre du Patriarcat de Moscou. Mais il y a un « bémol » : parmi leurs fidèles, il y a des Ukrainiens, qui assistent volontiers aux Offices en slavon, mais qui ne veulent pas entendre parler de Moscou…
Enfin, nous ne sommes pas « dans le secret des dieux », et je n'ai aucune idée de la façon dont les autorités désirent faire évoluer la situation. Peut-être l'OCA restera-t-elle tout simplement ce qu'elle est, sans changement ? Mais nous sommes dans un monde qui évolue à toute vitesse, et il est difficile de ne pas tenir compte de l'actualité.
Pour ma part, je suis réellement sidéré de voir le caractère accéléré et imprévisible de l'évolution du monde contemporain. Je constate simplement que l'Église russe a fait de très grands efforts et a beaucoup investi, pour asseoir sa présence et son influence en Europe.
Je serais fort étonné que l'Église russe reste totalement indifférente au devenir de ses ressortissants et de son patrimoine culturel et religieux, en Amérique du Nord. Et ceci d'autant plus que le paysage politique vient de changer abruptement : on peut penser qu'avec la nouvelle administration États-Unienne, les relations entre les États-Unis et la Russie seront désormais au beau fixe ! Cela pourrait éventuellement « donner des ailes » aux projets de l'Église russe envers l'Amérique du Nord, si du moins de tels projets sont dans les cartons ? L'avenir nous le dira.
Quant à l’idée que l'Eglise latine soit participante du projet d’Église locale, Orthodoxes compris, cela me paraît être totalement fantasmatique. Certes, le pape François est une personnalité sympathique, mais aucune institution n'abandonne une parcelle de son pouvoir, à moins que celle-ci le lui soit arrachée. L'ensemble de la doctrine de la papauté reste intacte jusqu'à présent, et rien ne permet de penser que Rome puisse y renoncer. Sans parler des aspects théologiques, qui sont bien connus.
On peut toujours croire en la réunion éventuelle des Églises chrétiennes, tout comme on peut croire que le Père Noël puisse survenir avec son traîneau et ses rennes. Cela possède à peu près le même niveau de vraisemblance. La réalité, c'est que les ornières historiques se sont progressivement creusées, et qu'elles ont atteint aujourd'hui une telle profondeur que leur franchissement est pratiquement inenvisageable. Il est ici question d'ornières psychologiques et culturelles, creusées depuis plus d'un millénaire, bien plus que de questions de foi et d'opinion théologique qui, aux yeux de la masse des fidèles, restent très ésotériques.

22.Posté par Vladimir.G: dommage que Tchetnik ait été censuré le 04/12/2016 20:03
Bénissez-moi cher père Georges,

Je suis bien d'accord avec vous sur le "style vraiment inimitable" de Tchetnik qui égaie nos échanges trop sérieux. Dommage que son dernier commentaire, que nous avions eu le temps d’apercevoir, ait été censuré (il est vrai qu'il n'apporte rien de sérieux aux échanges...)

23.Posté par Vladimir.G: évêque fantome le 04/12/2016 20:15
Bien cher Arnold,

D'où tenez-vous cette information "qu'un nouvel évêque a été élu selon les règles de l’Archevêché début novembre 2016. Un Anglais..."???

Jusqu'ici les évêques de l’Archevêché n'étaient pas élus, en dehors de l’Archevêque...

24.Posté par Victorov le 05/12/2016 08:49
Arnold a raison : le hiéromoine anglais Porphyrius (Plant) a été (pré)élu évêque auxiliaire de l'archevêché par l'AG du 14 novembre 2016. Jusqu'ici, il n'y a pas eu de confirmation par Constantinople.

http://exarchat.eu/spip.php?article1907

25.Posté par Vladimir G: :encore une innovation? le 05/12/2016 10:50
Je crois bien que c'est la première fois dans l'histoire de Daru qu'un évêque auxiliaire serait élu et il n'en est pas question dans le tomos ni dans les statuts. Cela reste jusqu'ici une prérogative du Phanar de nommer les évêques sur proposition de l'Archevêque. Et souvent cela n'allait pas de soi: feu Mgr Gabriel n'en a jamais obtenu...

26.Posté par Tchetnik: Orthodoxes aux Amériques. le 05/12/2016 10:51
Non, non, je n'ai pas été censuré - sur ce coup-ci.

Je confirme en passant ce que dit Père George sur l'OCA qui, avec ses maladresses et ses imperfections - dont Dieu se sert aussi - a réussi a réaliser un Christianisme orthodoxe dans l'ensemble fructueux en Amérique anglophone (un peu moins en francophone). Les paroisses OCA anglaises sont en général assez dynamiques et font de la catéchèse, ce qui n'est absolument pas le cas des paroisses "russes" ou "grecques" en Amérique. Il existe de très nombreuses et sérieuses source spirituelles Orthodoxes anciennes ou récentes en anglais, bien plus qu'en français. C'est ce qui anime véritablement spirituellement l'Eglise orthodoxe aux Amériques et pas des immigrés en général sans catéchèse ni formation spirituelle et pour lesquels les églises restent des restaurants ou des clubs de dance.

Antioche y fait un travail intéressant de catéchèse et de formation spirituelle aussi, même s'il est un peu maladroitement teinté de relativisme.

On peut rappeler que le colonel Francis Wilkinson Pickens, qui fut ambassadeur des USA auprès de l'Empereur Alexandre II, fut intéressé par le Christianisme Orthodoxe et il est dit que sa fille Eugenia Olga Neva qui fut baptisée au palais impérial.

27.Posté par Clovis le 05/12/2016 14:33
@ Vladimir et Mgr Michel Storogenko ?

28.Posté par Gueorguy le 05/12/2016 16:28
@25 - Vladimir

Il me semble intéressant d’apporter quelques amendements à vos affirmations exprimées en votre commentaire n°25.

Les trois derniers évêques auxiliaires qui ont été reçus dans l'Archevêché, me semble-t-il, sont Mgr Gabriel (auxiliaire de Mgr Serge) et Mgr Michel (Storogenko ; nom raccourci : Store), comme évêque auxiliaire de Mgr Serge. Et tous récemment, Mgr Jean de Chariopoulos qui après avoir été élu par le Saint Synode de Constantinople, a été mis à la disposition de Mgr Job.

Et il semble bien que pour les trois cas cités, aucune AGO n’avait procédé, préalablement, à leur « élection » comme candidat évêque auxiliaire, selon les termes des articles 33 et 61 (ce dernier renvoie au précédent).

En revanche, deux candidats semblent, au moins en ce qui concerne le rôle de l’AGO, avoir été élus par celle-ci et suivant les articles mentionnés :
- Il s’agit de l’Archimandrite Johaness Johansson (AGO des 30 avril-1er mai 2007) mais dont l’élection canonique auquel fait référence l’article, ci-dessus, n’a jamais eu lieu.
- Et récemment, le Hiéromoine Porphyre (Plant) (AGO des 11-12 novembre 2016) dont il n’a pas, à ce jour, été procédé à l’élection canonique.

On peut observer que votre affirmation est assez conforme à la réalité historique observée (à l’exception du dernier cas dont on ne connait pas l’issu). Par contre, contrairement à ce que vous indiquez, le processus d’élection est clairement mentionné dans les statuts et dans le point n°6 du TOMOS qui se réfère à ces statuts.

Maintenant, ayant uniquement observé ces faits et ces textes, votre serviteur laisse à votre appréciation la lecture que l’on peut en faire et les conclusions que l’on peut en tirer.

PS. Pour répondre à Clovis. Mgr Michel était évêque auxiliaire avant l'intronisation de Mgr Gabriel (il n'a donc pas été "obtenu" par Mgr Gabriel. Effectivement, il n'y a pas eu d''intronisation d'évêque auxiliaire quand Mgr Gabriel était archevêque.

29.Posté par Vladimir.G: une innovation dans la jurisprudence du Phanar le 05/12/2016 18:54
Merci bien cher Gueorguy

Vous avez totalement raison pour les statuts - j'avais oublié cet article 33 qui n'a jamais été appliqué comme vous l'écrivez: soit il n'y avait pas d'élection en AGO (Mgrs Gabriel, Michel et Jean), soit le Phanar ne confirmait pas (père Johaness). Voyons si l'élection du père Porphyre marquera une innovation dans la jurisprudence du Phanar...

30.Posté par Clovis le 05/12/2016 19:30
Merci Gueorguy !

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