Un évêque italien, Mgr Ghidelli, au sujet de "la crise du schisme d'Orient"
Le site du Comité pédagogique synodal de l'Église orthodoxe russe a publié en russe le texte de la conférence donnée par Mgr Carlo Ghidelli, archevêque de Lanciano-Ortona (Italie), au colloque international "La Parole de Dieu dans les Traditions orientale et occidentale". Mgr Ghidelli propose une brève analyse intéressante des causes et des conséquences de la division entre les chrétientés grecque et latine. Voici deux extraits significatifs de son intervention:

"Il est bien connu que les motivations de ce schisme étaient à la fois d'ordre doctrinal (la célèbre question du Filioque) et disciplinaire. De notre côté, il faut noter qu'il y a eu trois ruptures: celle de la communion à la table eucharistique, celle de la communion ecclésiale et celle de la communion à la table de la Parole de Dieu. Bien sûr, la rupture fut très lourde de conséquences et il ne fallut pas attendre longtemps pour en voir l'ampleur...

Sans aucun doute, après cette séparation douloureuse, l'Église catholique s'est appauvrie, en devenant moins sûre et, dans une certaine mesure, désemparée. La lumière que la Parole de Dieu répandait dans la communion fraternelle, in sinu Ecclesiae (au sein de l'Église), s'est affaiblie, si elle ne s'est éteinte dans certains endroits."

Rédigé par l'équipe de rédaction le 18 Mars 2009 à 12:19 | 6 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Thierry Jolif le 18/03/2009 14:08
Et d'ordre théologico-politique ... ne l'oublions pas !

2.Posté par Manu le 18/03/2009 20:46
Bonjour, j'aimerais savoir quelle est la position orthodoxe à propos de la contraception, une question compte tenu de l'actualité et de Benoît XVI qui a dit que le préservatif n'aider pas à la lutte contre le Sida. Merci d'avance pour les éventuels réponses.

3.Posté par Riffo le 17/01/2010 23:29
Il n'y a pas de très grande différence entre nos deux Eglises. Ne pas attacher trop d'importance au Filioque...d'un coté et reconnaitre la primauté de Pierre (donc du pape) de l'autre ne devrait pas poser de problème.....Mais qui fera le premier pas...
Une question cependant les divorcés remariés : l'Eglise orthodoxe s'inscrit en faux sur l'indissolubilité du mariage voulu par le Christ.....en permettant un second mariage le problème sous jacent est d'importance puisqu'il permet la communion eucharistique Ceci est très grave car n'est pas en concordance ni avec les textes évangéliques (mes paroles ne passeront pas...) ni avec l'Esprit du sacré de l'Eucharistie....Comment vous y prenez vous avec les familles décomposées recomposées ailleurs avec d'autres partenaires....

4.Posté par vladimir le 18/01/2010 09:59
Comme vous y allez! On s,est étripé pour moins que cela! Pensez à 1204, à cet évêques de Chartres exhortant les troupes partant pour la Crimée à "extirper le schisme photien" ... voire certains débats qui agitent actuellement la "blogosphère ortho-russe"!

Pour le mariage vous n'avez pas vraiment saisi la doctrine orthodoxe:
- Le mariage orthodoxe est indissoluble et éternel (contrairement au mariage catholique que la mort dissout). AUCUN remariage n'est normalement possible, même en cas de veuvage. Il n'y a pas de divorce.
- Néanmoins, considérant la faiblesse humaine (le Christ parle de "dureté des cœurs" dans Matt 19.3-9, justement quand il condamne le divorce), l'Eglise peut donner son accord pour un remariage. Cela se fait dans des cas exceptionnel,s où l'Eglise constate que, de fait, le premier mariage n'existe plus. Cette autorisation spéciale ne peut être donnée plus de deux fois et tout remariage, même en cas de veuvage, est une faute qui est réparée par une pénitence appropriée.

Voici quelques extraits d'une conférence de Mgr Athénagoras qui font référence:
Le droit canonique orthodoxe permet donc, au nom de "l'économie", un deuxième et même un troisième mariage, mais interdit strictement un quatrième. En principe, le divorce n'est reconnu qu'en cas d'adultère, mais pratiquement il l'est aussi pour d'autres raisons. Il existe une liste de motifs de divorce, admis par l'Eglise orthodoxe. Dans la pratique les évêques appliquent à l'occasion l'"économie" avec libéralité. Pourtant, le divorce et le remariage ne sont tolérés qu'au nom de l'économie", c'est-à-dire par souci pastoral, par compréhension de la faiblesse humaine. Un deuxième ou un troisième mariage sera donc toujours une déviation par rapport à l'"idéal d'un mariage unique", souvent une nouvelle chance pour "corriger une faute"....
En fait, l'économie se base sur la recommandation faite par le Christ à ses apôtres : "Recevez l'Esprit Saint; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn, 20 22s). C'est le cas lorsque une vie conjugale humaine devient impossible en raison du dépérissement spirituel de l'amour. C'est alors que l'Eglise, Corps du Christ, peut appliquer l'économie, en raison de sa compréhension et de sa compassion, ainsi que par souci pastoral, en particulier "en admettant un divorce et en n'excluant pas des fidèles pécheurs et faibles, ne les privant pas de la miséricorde et de la grâce de Dieu"36. Le but de l'économie est très précisément d'empêcher qu'une personne fragile soit définitivement exclue de la communion ecclésiale, à l'exemple du Christ, toujours prompt à sauver celui qui est perdu....
... en ce qui concerne le point de vue orthodoxe dans la problématique complexe du
divorce et d'un éventuel remariage, il faut dire que tout cela est imprégné de sagesse. Elle souligne la valeur prioritaire du mariage chrétien durable et unique. Ce qui ne signifie pas que cette durabilité doive être vue en toutes circonstances comme le simple respect d'une décision juridique. L'Eglise orthodoxe ne veut pas fermer impitoyablement la porte de la miséricorde, mais elle reste néanmoins fidèle à l'enseignement du Nouveau Testament...

5.Posté par Marie Genko le 18/01/2010 10:08
@ Cher Riffo,

Contrairement à ce que vous pensez, il y a une différence profonde entre nos deux Églises.
L'orthodoxie a su conserver, envers et contre tout, la structure synodale, léguée par les apôtres.
L'Église catholique romaine s'en est progressivement éloignée pour aboutir à une structure pyramidale centralisée, qui se veut infaillible.
Il y a là deux démarches quasi incompatibles!
Pourquoi?
Et comment nous, chrétiens de bonne volonté, soucieux de reconstruire l'unité du Corps indivisible de l'Église du Christ devons nous nous comporter?
Il y a là matière à une longue réflexion.
Je ne suis pas certaine qu'un exposé de l'histoire de nos deux Églises vous apporterait une réponse satisfaisante, et pourtant, je ne saurais trop vous conseiller de vous y intéresser.
Je me contenterai donc de vous donner un seul élément de réflexion:

L'AUTORITÉ DANS L'ÉGLISE, SON BIEN FONDE ET SES CONSÉQUENCES.

Personnellement, j'ai pu observer autour de moi que beaucoup de personnes, intuitives et instruites, dans un grand désir de bien faire, imposent, sans aucune délicatesse, leur Vérité et leur autorité dans le cadre de leur propre famille, leur entreprise, ou le microcosme de société dans lequel ils gravitent.

Les conséquences en sont TOUJOURS d'obtenir l'inverse du but recherché!

Chaque fois que nous nous éloignons, dans le contexte qui est le notre, du respect de nos enfants ou de nos partenaires, nous obtenons un raidissement et une contradiction.

C'est également vrai en Église.

Les toutes premières hérésies ont pu être évitées grâce à la sagesse des théologiens en charge des premiers siècles l'Église.
Schisme et réforme protestante auraient pu être évités si tous étaient justement restés fidèles à la tradition synodale enseigné par les apôtres.
Être à l'écoute d'autrui, même des plus humbles, est la certitude d'agir avec amour selon l'enseignement de Notre Seigneur!
A l'exemple de notre Dieu, nous n'avons pas le droit de piétiner la liberté d'autrui.
J'ajouterai encore un dernier élément de réflexion au sujet du "filioque".
Le Saint Esprit est-il pour les catholiques consubstantiel au Père et au Fils?
J'entends par là, les trois personnes de la Sainte Trinité ont-elles la même valeur?
S'il est est ainsi, pourquoi introduire une notion de dépendance de L'Esprit Saint par le "Filioque"?

Pour répondre à votre question sur l'indissolubilité du mariage, il me semble que l'homme est pécheur et que l'Église, à l'image de Notre Seigneur, doit être non seulement un enseignement mais aussi un refuge et une consolation pour le pécheur!
Un divorce est toujours une déchirure, une peine profonde et une constatation d'échec personnel.
Aussi n'est-il pas question de priver le pécheur qui vient chercher le secours de l'Église du réconfort de la Sainte Communion.
C'est dans le même esprit de réconfort au pécheur que l'Église orthodoxe admet un second mariage.
J'espère avoir répondu, au moins de façon élémentaire, à vos questions.



6.Posté par Thierry le 18/01/2010 20:20
Excellente réponse de Marie ! Merci, en dehors de la réponse à une question qui a le mérite de mettre en lumière le "cheval de Troie" catholique, de mettre l'accent sur l'aspect essentiellement personnel de la foi et de la voie chrétienne !

Je vous cite : "Personnellement, j'ai pu observer autour de moi que beaucoup de personnes, intuitives et instruites, dans un grand désir de bien faire, imposent, sans aucune délicatesse, leur Vérité et leur autorité dans le cadre de leur propre famille, leur entreprise, ou le microcosme de société dans lequel ils gravitent.

Les conséquences en sont TOUJOURS d'obtenir l'inverse du but recherché! "


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