Le site Orthodoxie.com a publié une recension de Jean-Claude Larchet sur l'ouvrage de Mgr Hilarion (Alfeyev), «L'Orthodoxie», tome 1, «Histoire et structures canoniques de l'Église orthodoxe». Très élogieuse pour l'ouvrage recensé, bien que non dépourvue de critiques fondées, cette recension lance plusieurs réflexions sur notre situation ecclésiologique. Je vous en propose ci-dessous un extrait qui a trait à la primauté et à la situation de la diaspora orthodoxe, que nous avons abordées sur ce blog dans plusieurs notes. En commentant les deux positions qui s'opposent, celle de Moscou et celle de Constantinople, et en soulignant leurs insuffisances canoniques réciproques, Jean-Claude Larchet nous permet, je trouve, d'approfondir ce débat en apportant des arguments intéressants. Voici ce texte:

La deuxième partie /du livre de Mgr Hillarion/, qui traite de "l'organisation canonique de l'Église dans le monde", se fonde sur le principe de l’Église locale qui est à la base de l’ecclésiologie orthodoxe traditionnelle, et c’est à bon droit que, après un exposé historique sur l'organisation canonique de l'Église orthodoxe à l'origine du christianisme et dans les siècles passés, elle formule des critiques sévères à l’encontre de l’ecclésiologie actuelle du Patriarcat de Constantinople. Il apparaît en effet que celle-ci est devenue, au cours des dernières décennies, très proche de l’ecclésiologie catholique romaine, notamment 1) par l’idée que l’Église aurait besoin d’un centre d’unité visible (le patriarche de Constantinople pour les Églises orthodoxes, et le pape pour toutes les Églises en cas d’un retour à l’unité); 2) par la prétention du patriarche de Constantinople à une juridiction universelle, qui le fait intervenir intempestivement en divers endroits du monde (y compris sur le territoire canonique des autres Églises orthodoxes) et souvent y doubler les hiérarchies orthodoxes existantes (ce qui fut le cas en Estonie ou en Ukraine, mais aussi en Amérique du Nord, «où existait déjà une Église orthodoxe, présidée par un évêque russe» et où «la création d’une juridiction dépendant de Constantinople divisa l’orthodoxie américaine» [p. 295]); 3) par l’affirmation que la primauté du patriarche de Constantinople doit être non pas une primauté d’honneur mais une primauté de droit et de pouvoir (voir par exemple les déclarations du métropolite Jean de Pergame à Rome en mai 2003, lors du colloque sur «Le ministère pétrinien»). L’auteur doute même que dans les conditions actuelles le patriarche de Constantinople soit apte à jouer «le rôle d’arbitre suprême» dans la mesure où «la plupart des conflits inter-orthodoxes tournent autour du Patriarcat de Constantinople», et note que son rôle n’est pas indispensable : les différends entre les Églises peuvent en fait être aussi bien réglés par des pourparlers entres elles, par la médiation d’une troisième Église (quelle qu’elle soit) ou par des assemblées inter-orthodoxes (p. 294).L'auteur rejette, comme l'a fait récemment dans un document officiel le patriarche Alexis II (mais aussi comme le font de nombreux canonistes), la prétention du patriarche de Constantinople, se fondant sur une interprétation abusive du canon 28 du IVe Concile œcuménique, à exercer sa juridiction en dehors de son territoire canonique qui comporte l'actuelle Turquie, la Grèce du Nord et certaines îles méditerranéennes (p. 295).

Cependant l’ecclésiologie présentée ici reflète aussi pour une part les positions écclésiologiques récentes de l’Église russe (développées surtout sous l’égide du mentor de Mgr Hilarion, l’ex-métropolite, actuel patriarche Kirill), qui poussées dans leurs conséquences logiques (qui n’apparaissent pas ici, mais que l’on trouve dans les déclarations de l’ex-métropolite, actuel patriarche Kirill, et dans certaines déclarations officielles de Mgr Hilarion lui-même), paraissent également problématiques sur plusieurs points.

1) La notion de territoire canonique reste assez floue et paraît assez largement dépendante de frontières politiques variables au cours du temps. Ainsi, peut-on dire que le territoire canonique de l’Église serbe est constitué «par les pays ayant fait partie de l’ex-Yougoslavie» (p. 296) alors que celle-ci est une création de la première moitié du XXe siècle, réalisée pour une part par la monarchie serbe et pour une autre part par Tito, et qu'elle a maintenant disparu? Peut-on étendre le territoire canonique de l’Église russe à tous les pays de l’ex-empire russe ou de l’ex-URSS (cf. p. 296) alors qu’il s’agit, pour beaucoup, de pays ayant leur culture, leur langue et leur histoire propres avant qu’ils n’aient été, à une époque relativement récente, annexés à l’empire russe ou à l’ex-URSS telle qu’elle a été constituée par Staline, et que leur unité, réalisée artificiellement, n'a jamais été une unité proprement territoriale?

2) Ces positions n’apportent pas une solution satisfaisante au problème de la diaspora, qui est située en dehors du territoire des Églises orthodoxes locales actuelles. L’affirmation de l’ex-métropolite, actuel patriarche Kirill selon laquelle «les diocèses du Patriarcat de Moscou dans la diaspora n’ont pas le statut de diocèses ordinaires, et n’entraînent donc pas de juridiction locale» (Moscou, 02.12.2007) paraît en contradiction avec les principes de l’ecclésiologie fondée sur le principe de territorialité qu’il développe par ailleurs en le considérant comme une norme absolue.

3) Ces positions amènent dans la pensée de leurs promoteurs, par une sorte de logique interne, mais aussi en vertu de divers facteurs de politique ecclésiastique, la reconnaissance de l’Europe comme territoire canonique de l’Église de Rome, ce qui paraît étrange dans la mesure où l'Église catholique n'est pas en communion avec l'Église orthodoxe et où les deux Églises ne se reconnaissent même pas mutuellement comme Église (voir infra). L’Église russe a développé cette ecclésiologie depuis la chute du communisme a) en espérant d’une part échapper aux prétentions du Patriarcat de Constantinople qui, depuis qu’il a été réduit à quelques milliers de fidèles sur son principal territoire propre (l'actuelle Turquie), a développé, au moyen de ses prélats (en charge pour la plupart de diocèses fictifs «in partibus» et entièrement disponibles pour des activités diplomatiques), une politique active de conquête de nouveaux territoires dans le monde entier, et notamment auprès de pays de l’ex-URSS, mettant à profit la volonté d’indépendance vis-à-vis de Moscou d’une partie de la population locale; b) en pensant, d’autre part et surtout, contrer la politique d’uniatisme de l’Église catholique romaine qui s’est redéployée lors de la chute du communisme. L’Église russe a tenté de conclure un marché tacite avec l’Église de Rome dont les termes peuvent être ainsi résumés: «Vous arrêtez votre politique d’uniatisme et cessez de créer des diocèses et d’envoyer des missionnaires sur le territoire de l’ex-URSS; en échange, nous ne nommons pas d’évêques locaux sur votre territoire historique que nous reconnaissons comme étant votre territoire canonique, et nous n’y faisons aucun prosélytisme». Ce principe a été appliqué scrupuleusement par l’Église russe qui, par exemple 1) a continué à nommer en Europe des évêques titulaires de diocèses dont la dénomination est sans rapport avec leur territoire pastoral réel ; 2) n’hésite pas à affirmer que ses propres églises en Europe relèvent du territoire canonique de l’Église de Rome (rappelons cette stupéfiante déclaration du métropolite Kirill à l’évêque catholique du lieu lors de la consécration de la première église du Patriarcat de Moscou en Espagne le 11.11.2007: «Étant donné que nous sommes dans ce diocèse dont vous avez la charge, je vous demande de bien vouloir procéder à la bénédiction de cette église»); 3) limite son activité pastorale à ses propres ressortissants, cultive son identité ethnique et linguistique et ne fait d’effort significatif ni pour s’adapter aux cultures locales et s’exprimer dans leurs langues propres, ni pour y contribuer à la formation d’Églises orthodoxes locales. Ce marché, cependant, ressemble fort à un «marché de dupes», puisque le Vatican : 1) ne reconnaît pas à l’Église russe (ni aux autres Églises orthodoxes) la qualité d’Église (voir les documents de la Congrégation pour la doctrine de la foi : «Sur l’expression “Églises sœurs”» [30.06.2000] et «Subsistit in» [29.06.2007]); 2) continue à créer des diocèses sur les territoires canoniques des Églises locales orthodoxes ; 3) encourage le prosélytisme en Russie comme dans tous les autres territoires orthodoxes, en faisant un devoir aux fidèles catholiques d’évangéliser tous les non-catholiques quels qu’ils soient, donc aussi les orthodoxes (voir le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi: «Note doctrinale sur l’évangélisation» [14.12.2007]).

Il est assez difficile de dire, en l’état actuel, si ces principes de l’ecclésiologie de l’Église russe (avec toutes leurs conséquences logiques et pratiques) vont être maintenus par le nouveau patriarche et par Mgr Hilarion, devenu son successeur dans la gestion des relations avec les autres Églises. L’actuel patriarche Kirill a, par le passé, su parfois exprimer des positions fermes face à l’arrogance du pape Benoît XVI. Après le refus par ce dernier de reconnaître la qualité d’Église à l’Église orthodoxe, le métropolite Kirill a déclaré sans ambages: «L'Église orthodoxe est l'héritière de plein droit, selon la ligne apostolique, de l'Église Une et ancienne. C'est pourquoi nous rapportons avec plein droit à l'Église orthodoxe tout ce qui a été formulé dans le document catholique [«Subsitit in»]». Mgr Hilarion a quant à lui, lors de la dernière réunion de la commission mixte catholiques-orthodoxes à Ravenne, fait, de manière éclatante, la preuve de sa capacité de résister aux prétentions de type catholique-romain du Patriarcat de Constantinople et, à travers cela, aux fausses conceptions de l’unité et de l’universalité de l’Église et de la primauté en son sein, que soutient depuis plusieurs siècles l’Église latine et, avec une vigueur nouvelle, le pape Benoît XVI.

Notes:

(1) http://www.orthodoxie.com/2009/04/recension-%C3%A9v%C3%AAque-hilarion-alfeyev-lorthodoxie-tome-1-histoire-et-structures-canoniques-de-l%C3%A9glise-or.html#more

(2) Laïc orthodoxe, Jean-Claude Larchet est docteur es lettres et sciences humaines, docteur en théologie, et docteur d'État en philosophie. Théologien connu, auteur de nombreux livres et articles en particulier sur la patristique et St Maxime le Confesseur.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 1 Mai 2009 à 23:13 | 15 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Igor D. le 01/05/2009 23:51
Ce que Monsieur Larchet dit au sujet de la reconnaissance mutuelle entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe n'est ni exact ni documenté. Visiblement, il n'a lu ni le concile Vatican II (notamment, le décret 'Unitatis Redintagratio'), ni le document 2000 de la congrégation pour la doctrine de la foi 'Dominus Iesus', ni la déclaration du concile des évêques du patriarcat de Moscou sur l'attitude de l'Église orthodoxe russe envers les non orthodoxes. C'est regrettable pour un chercheur...

Notamment, la distinction qui est faite dans ces documents entre l'Église catholique (celle du Credo) et l'Église locale - manifestation concrète en un lieu de l'Église-Corps du Christ - semble avoir tout à fait échappée à l'auteur de cette recension. Par ailleurs, des positions comme la sienne (critique du patriarcat de Moscou parce qu'il reconnaît le territoire canonique de l'évêque de Rome) ne sont ni théologiques ni constructives.

2.Posté par vladimir le 02/05/2009 09:07
J'ai trouvé ce texte particulièrement intéressent justement parce que, en exposant les positions en présence, il en fournit aussi une critique et donne ainsi le départ à débat en lui fournissant une base théologique.

Les objections d'Igor sont parfaitement fondées et montrent un point par où le débat peut s'engager: il se fonde sur deux documents importants, l'un catholique, l'autre de l'Église orthodoxe russe, qui sont autant d'apports à ce débat mais ne sauraient le conclure tant qu'ils n'ont pas été reçus par l'Église. Or c'est loin d'être le cas! Ils peuvent donc bien servir de base à la relation entre l'Église russe et les catholiques, qui elle-même peut PREPARER les relations entre Orthodoxie et Catholicisme, mais il faut attendre un accord de toute l'Orthodoxie pour aller plus loin...

Et nous en sommes très loin: il y a nombre d'Orthodoxes qui partagent l'opinion de JCL sur 'le marché de dupes', et encore plus sur 'cette stupéfiante déclaration du métropolite Kirill ... en Espagne le 11.11.2007'; enfin, fondamentalement, il y a tous ceux qui suivent, consciemment ou pas, les décisions du Concile de Constantinople de 879-880 (1) proclamant immuable le texte du Credo sans Filioque et jetant l'anathème sur tous ceux qui y apporteraient des modifications (2)

Les autres points soulevés par JLC, par exemple celui de territoire canonique qui a subi bien des fluctuations dans son application récente par l'Église orthodoxe russe elle-même, méritent de la même façon une discussion approfondie et une décision conciliaire.

Contrairement au débat sur la primauté, cette question passe à l'intérieur des différentes Églises: le patriarche Bartholomé I se retrouvera probablement sur des positions proches de celles exposées par Mgr Hillarion, poursuivant ainsi la voie de la levée réciproque des anathèmes, en 1965, par son prédécesseur Athénagoras I de bienheureuse mémoire; d'autres dans son patriarcat, à commencer par la Sainte Montagne, ou dans l'Église orthodoxe russe y sont farouchement opposés... et je les vois malheureusement plutôt majoritaires à l'heure actuelle, mais ce n'est qu'une impression personnelle!

Je proposeras la même conclusion que pour la question de primauté: unissions nos prières pour que le Saint Esprit éclaire nos hiérarques avant et pendant le futur Grand et Saint Concile...
Amen.

(1) cf. http://www.archiepiskopia.be/Fra/bibliotheque/symboliques/chapitre3.htm#_ftn1
(2) « Ainsi, décide le Concile, quiconque, arrivé au degré extrême de la folie, aura l'audace d'exposer un autre symbole... qui ajoutera ou qui enlèvera quoi que ce soit au Symbole qui nous a été transmis par le Saint Concile Œcuménique de Nicée... qu'il soit anathème » ibidem.

3.Posté par gérard le 03/05/2009 20:29
Frères et soeurs
Je vous joins la réaction du métropolite Jonas de Washington.
Le métropolite Jonas de Washington, primat de l'Église orthodoxe en Amérique, a présenté des excuses publiques au patriarche oecuménique, tout en appelant à une coopération entre les différentes juridictions orthodoxes.

Dans un communiqué officiel diffusé le 17 avril, il a appelé à un meilleur témoignage de l'Orthodoxie et de son unité sur le continent nord-américain.

Lors d'une homélie prononcée le 5 avril dans la cathédrale orthodoxe de Dallas, et consacrée à la question de l'unité et de l'avenir de l'orthodoxie dans la "diaspora", le métropolite Jonas s'était ému à l'idée que la soi disant "diaspora" orthodoxe, notamment sur le continent nord-américain, ait à reconnaître la juridiction d'" un patriarcat étranger ", celui de Constantinople.

" Pourtant, avait-il encore déclaré, si nous devions nous soumettre à un pape, nous nous serions adressés à celui qui existe déjà "." Allons-nous renoncer à la liberté que nous avons reçue en tant que chrétiens orthodoxes américains au profit d'un patriarcat qui est encore sous le joug islamique ? Je pense qu'il y a une meilleure solution que cela ", avait-il poursuivi.

Le métropolite Jonas avait également exprimé son inquiétude quant à la réunion de la 4e conférence panorthodoxe préconciliaire prévue en juin prochain, au centre orthodoxe de Chambésy, près de Genève (Suisse). Selon lui, le patriarcat oecuménique pourrait " y [chercher] à soumettre la diaspora à son unique contrôle ".

Ces déclarations avaient suscité, notamment sur les forums et blogs de l'Internet, de très vives réactions, souvent contradictoires, de la part de nombreux clercs et laïcs de différentes juridictions orthodoxes en Amérique du Nord.

" Je m'adresse à vous, écrit le métropolite Jonas, dans un esprit de repentir et de pardon alors que nous célébrons la passion de notre Seigneur Jésus-Christ ", écrit le métropolite JONAS, constatant que " de nombreux commentaires apparus à la suite de mon sermon ont provoqué des réactions parmi mes frères orthodoxes que je n'avais pas voulues ni prévues ". " Je regrette d'avoir tenu ces propos."

" Plus particulièrement, je me rends compte que certaines remarques de ma part concernant le patriarche oecuménique et le patriarcat de Constantinople étaient inappropriées ", poursuit-il. " Je présente mes excuses [au patriarche] aussi bien qu'aux autres personnes qui ont pu être offensés ", et il tient à 'exprimer l'espoir que, " par les contacts personnels et une meilleure connaissance... nous pourrions être capables de surmonter n'importe quels malentendus qui pourraient survenir ou ont assombri les relations entre nos Églises dans le passé ".

" En ma qualité de primat de l'Église orthodoxe en Amérique, ma seule motivation est la volonté de souligner notre ferme espoir que la discussion à venir sur le futur statut canonique de la soi disant "diaspora orthodoxe" inclura des représentants de l'Eglise orthodoxe en Amérique et des autres juridictions orthodoxes en Amérique du Nord.", affirme encore dans son communiqué le métropolite Jonas.

" Nous sommes tous Américains, nous sommes une seule communauté de chrétiens orthodoxes et, de ce fait, une Église locale... Peu importe que nous relevions de juridictions administratives différentes, parce que nous sommes un seul corps, nous prions d'un seul coeur et d'un seul esprit, nous célébrons la même eucharistie et nous communions au même calice. Peu importe que nous soyons de rite oriental ou de rite occidental, peu importe la langue dans laquelle nous célébrons, parce que nous sommes une seule Église, une Église locale et, j'oserai dire, une Église autochtone.
Prions pour l'unité des orthodoxes

4.Posté par Anna Rotnov le 04/05/2009 00:08
Cher Gérard ,
Je n' ai pas très bien compris ; pourquoi exactement le métropolite Jonas présente - t - il ses excuses au patriarche Bartholomé - pour les propos tenu ( donc , revient - il en arrière ? ) ou pour les avoir tenu d' une façon trop directe ce qui a pu offensé les fidèles ( ou le patriarche ? ) ? D' autres attendent toujours les excuses du patriarche pour les offenses dites ou faites .
Bref , le métropolite Jonas revient - il sur ses mots ? Si oui , pourquoi ? Un " arrangement " serait - il déjà trouvé ?
Je suis d' accord qu' il faut prier pour l' unité des orthodoxes et je reste convaincu que les prières seules , sans actions ne résoudront aucun problème sur terre .

5.Posté par Svetlana Milko le 04/05/2009 08:50
Comment interpréter, cher Gérard, les multiples déclarations faites par le métropolite Jonas lors de son long séjour en Russie? Le nouveau primat de l'OCA n'y a-t-il pas réaffirmé sa fidélité à son Église mère, l'Église Orthodoxe Russe? D'amples programmes de coopération entre les deux entités ont été signés pendant cette visite.
Que d'opportunités manquées pour l'exarchat œcuménique en France, humainement parlant tout simplement de chances de survie!

6.Posté par vladimir le 04/05/2009 13:04
Nous avons deux autres publications concernant l'Orthodoxie en Amérique:
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Primaute-dans-l-orthodoxie-la-bataille-d-Amerique-aura-t-elle-lieu_a152.html?com#comments
&
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-primat-de-l-Eglise-orthodoxe-en-Amerique-sur-l-avenir-de-la-diaspora-orthodoxe_a133.html?com#comments

J'avais expliqué les excuses de Mgr Jonas sur ce dernier et je viens d'y poster un commentaire sur son interview à Moscou.

Par contre je trouvais intéressant le débat engagé ici sur les territoires canoniques et les relations avec Rome, mais le commentaire d' Igor D. me laisse sur ma faim: je ne suis familier ni du décret 'Unitatis Redintagratio'), ni du document 'Dominus Iesus', ni même de la déclaration du concile des évêques du patriarcat de Moscou (2000) sur l'attitude de l'Église orthodoxe russe envers les non orthodoxes, et j'aurais bien aimé savoir en quoi ils contredisent ou complètent l'analyse de JC Larchet.

7.Posté par Nikita Krivochéine le 04/05/2009 20:21
Le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants réunit une conférence, combien opportune et nécessaire.
Bis repetita: Constantinople y sera le seul à représenter le monde orthodoxe...
Les Eglises orthodoxes autocéphales dont le troupeau est devenu par la force des choses plus migratoire que de raison ont-elles raison de continuer à accepter ce monopole alors qu'ils s'agit de leurs intérêts vitaux? Voir dépêche "Zenit":

Les migrations à l’ère de la mondialisation

Un congrès mondial 5 ans après « Erga migrantes caritas Christi »


ROME, Lundi 4 mai 2009 (ZENIT.org) - Cinq ans après la promulgation de l'instruction Erga migrantes caritas Christi, le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, a décidé d'organiser un Congrès mondial qui aura lieu au Vatican, du 9 au 12 novembre prochain.

« Une réponse pastorale au phénomène migratoire à l'ère de la mondialisation (cinq ans après Erga migrantes caritas Christi) », sera le thème de cette rencontre, la sixième de la série, pour revenir sur le document, publié le 3 mai 2004 et dont l'objectif était de mettre à jour la pastorale des migrations, trente cinq ans après la publication du Motu proprio de Paul VI Pastoralis migratorum cura et de l'Instruction de la Congrégation pour les évêques De pastorali migratorum cura s'y rapportant.

Dans une note explicative, le dicastère précise que cette prochaine rencontre prévoit la participation de représentants des commissions épiscopales pour la pastorale des migrants et des réfugiés de nombreux pays des divers continents, « de manière à ce que les réflexions et suggestions faites en prévisions de projets futurs expriment vraiment celles de ceux qui se trouvent engagés dans cette pastorale, quelque soit les lieux de la terre où ils se trouvent »....

Participeront également à la rencontre des experts et des représentants de congrégations et instituts religieux, de mouvements ecclésiaux et d'associations laïques en vue d'un engagement futur pour faire face à tous les défis présents dans ce domaine.

La présence amicale de représentants du Conseil œcuménique des Eglises, du Patriarcat œcuménique de Constantinople, de la Communion anglicane et de la Fédération luthérienne mondiale donnera une dimension œcuménique à la rencontre.

8.Posté par gérard le 04/05/2009 20:28
Anna et Svetlana
Mgr Jonas a demandé pardon à Mgr Bartholomé à cause du ton non fraternel qu'il a employé envers lui. Et c'est beau qu'il est fait cela. On peut être en désaccord mais nous sommes à la recherche du chemin vers l'unité par la vérité. L'autre va être nécessaire pour l'atteindre. Personne ne l'atteindra seul. Ce sera par la communion et la communication en vérité. D'autre part, Jésus a dit: "A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l'amour que vous aurez les uns pour les autres. " Jean 13(35)
Vladimir a raison, le débat sur les territoires canoniques et les relations entre catholiques et orthodoxes est très interessant et je vous ramène à ses questions.

9.Posté par Svetlana Milko le 05/05/2009 08:47
Cher Gérard,
Le nouveau primat de l'Eglise orthodoxe en Amérique n'y a-t-il pas réaffirmé sa fidélité à son Église mère, l'Église Orthodoxe Russe?

10.Posté par vladimir le 05/05/2009 10:50
XB chère Svetlana,
Il me semble que les commentaires sur les notes
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Primaute-dans-l-orthodoxie-la-bataille-d-Amerique-aura-t-elle-lieu_a152.html?com#comments
&
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-primat-de-l-Eglise-orthodoxe-en-Amerique-sur-l-avenir-de-la-diaspora-orthodoxe_a133.html?com#comments

sont particulièrement complets, en particulier la dernière interview de Mgr Jonas à Moscou. Pourquoi ne vous y reportez vous pas?

11.Posté par Anna Rotnov le 05/05/2009 11:55
Merci , cher Gérard ,
Donc , Mgr. Jonas reste sur ses positions en présentant les excuses pour le ton ( que certains qualifient de normal et digne et d' autres n' auraient pas appréciés ) . Ces excuses ont - ils avancés en quoique ce soit le problème , sinon en calmant les indignés et en semant l' incompréhension ( même sur ce forum , car plus d' un se posait des questions ; " Pourquoi exactement les excuses ? " )
Le patriarche Bartholomé a - t - il eu une réaction quelconque ? Aucune , je présume et le problème est au point de départ . Le patriarche a - t - il cherché à discuter , à présenter des excuses à son tour , car ses propos ont pu choquer également ? Non , n' est ce pas ? ...

12.Posté par Marie Genko le 06/05/2009 23:13
Il me semble à peu près certain que, si différents patriarcats orthodoxes demandaient à envoyer des observateurs au congrès qui aura lieu au Vatican du 9 au 12 novembre prochain, ces derniers y seraient accueillis aussi fraternellement que possible??
Il serait d'ailleurs dommage qu'ils ne le fassent pas !

13.Posté par vladimir le 07/05/2009 10:58
XB Chère Marie,
Merci de ramener ce fil à son thème d'origine. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce congrès?

Personnellement je ne pense pas que les orthodoxes doivent s'aligner ainsi sur la ligne du Vatican et 'demander à envoyer des observateurs' (corrigez-moi si j'interprète mal votre pensée). En effet, d'après ce que je comprends de leur position depuis Vatican II (j'espère que Igor D. corrigera aussi si je me trompe), les catholiques considèrent les Églises orthodoxes comme des sœurs... mais de rang inférieur, avec une grâce incomplète! Ils les acceptent donc, y compris à la communion (cf. le cas de Mgr Nicolae du Banat l'an dernier) en souhaitant qu'elles 'se corrigent' et parviennent à la grâce complète... en devenant catholiques, éventuellement comme les Uniates (je force un peu le trait, pour être plus claire!).

Du coté Orthodoxes, par contre, le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas de ligne claire: entre les tenants du concile de 879-80 (en particulier Athos et Sinay), la levée des anathèmes par Constantinople(1), la ligne du l'Eglise orthodoxe russe, exposée par Mgr Hillarion après le document du concile de 2000 et résumée par JC. Larcher, mais contestée à l'intérieur (2) et les positions des autres Églises, chacun semble décidé à jouer son propre jeu. Mais il peut clairement y avoir là un danger: nous pouvons tous témoigner ici de l'appui que nous a assuré l'Église catholique au plan matériel et moral. Mais n'est-ce pas en train de changer maintenant que l'orthodoxie n'est plus matériellement en état d'infériorité, faible et prisonnière, mais devient un interlocuteur avec qui il faut compter, capable de prendre en main son propre destin? L'Église catholique ne va-t-elle pas revenir aux pratiques antérieures, où tous les moyens étaient bons pour étendre son influence? Rappelons les conversions forcées dans l'empire hongrois, l'évêque de Chartres bénissant les troupes en 1855 pour 'aller extirper le schisme photien'... etc. De la chasse aux orthodoxes du Kosovo à la création des diocèses en Russie, n'y a-il pas des signes avant-coureurs inquiétants qui demandent que l'orthodoxie définisse une position commune claire?

Note
(1) Geste symbolique mais, à mon sens, sans portée dogmatique: les anathèmes étaient personnelles
(2) Cette contestation avait atteint un point extrême avec Mgr Diomide, du Kamchatka, qui avait anathémisé le patriarche et le chef du département des relations extérieures pour leurs contacts avec les autres confessions. Déchu par le concile et le synode, il a crée une secte séparée... mais sans aller aussi loin, d'autres prélats sont très réservés, en particulier au sein de l'Eglise russe hors frontières (cf. discours du primat, aussi Mgr Hillarion, au concile, rappelant leur opposition à tout œcuménisme)

14.Posté par Marie Genko le 07/05/2009 15:21
Cher Vladimir,
Je ne peux rien vous dire de plus que ce qui est écrit ci-dessus par Nikita Krivochéine le 4 mai dernier.
Ayant beaucoup d'amis catholiques, je ne peux que donner des impressions tirées de conversations tenues avec des laïcs et même des religieux catholiques. Je sais bien qu'il ne faut pas être exagérément optimiste, mais il me semble qu'après avoir voulu moderniser à tout prix au moment de Vatican II , certainement dans le but de retrouver une nouvelle vigueur spirituelle et peut-être aussi pour séduire les protestants, les clivages entre modernes et traditionalistes créent aujourd'hui un climat nouveau parmi les catholiques.
Aussi, ai-je de plus en plus souvent entendu des Catholiques dire qu'ils sont infiniment plus proches de nous que des protestants. Certains vont jusqu'à une sévère auto critique des règles en usage chez eux. Pour avoir lu, à plus d'une reprise, que certains catholiques se tournent vers l'orthodoxie, je pense que la hiérarchie de cette Église doit certainement prendre en compte ces divers mouvements, même s'ils ne sont pas d'une très grande ampleur.
Par ailleurs l'extraordinaire renouveau de la spiritualité orthodoxe en Russie doit aussi leur donner à réfléchir.
Il me semble donc que la conjecture pour un dialogue fructueux entre nos deux religions n'a pas depuis des siècles été aussi favorable qu'elle l'est actuellement.
Se parler, c'est aussi commencer à se comprendre, à se connaître et à s'aimer.

15.Posté par Marie Genko le 08/05/2009 17:21
Je viens seulement maintenant de trouver le temps de relire attentivement tout ce qui a été écrit ci-dessus et je m'aperçois que plusieurs questions importantes sont restées sans réponse.
Je vais encore en ajouter une supplémentaire. Puisque lors du récent congrès de la Fraternité orthodoxe, à Amiens, certaines de ces questions ont été évoquées, notamment celle qui a trait à l'édification de l'Église Locale Orthodoxe en Occident, il serait intéressant de connaître quel a été le point de vu soutenu par les intervenants présents. Si un, ou plusieurs, parmi les lecteurs de "parlons d'orthodoxie" pouvait nous éclairer à ce sujet, cela serait une excellente chose et continuerait de façon constructive à nous éclairer sur les arguments du patriarcat de Constantinople pour défendre sa toute nouvelle approche de l'ecclésiologie orthodoxe.
Il me semble me souvenir avoir lu, ou entendu, que Sa Sainteté Bartholomé a terminé ses études de théologie à Rome, à l'institut Russicum. Surtout que quelqu'un me corrige, si je me trompe!
Mais si cette information est exacte, l'un pourrait expliquer l'autre.

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