Une interview avec Mgr Marc, archevêque d’Egorievsk  « La présence et la mission de l’Eglise orthodoxe russe dans le monde »
"P.O." offre à ses lecteurs un document qui présente un grand intérêt : une interview avec Mgr Marc, archevêque d’Egorievsk, responsable de la Direction des établissements à l’étranger du patriarcat de Moscou

- Votre Excellence, c’est il y a deux ans qu’a été mise en place la Direction du patriarcat dont vous êtes responsable. Le Saint synode a décidé en mars 2009 de mettre en place un secrétariat pour les établissements à l’étranger. Quelles étaient les raisons de la création de ce service ? Quels sont les résultats qu’il a obtenus ?

- Mgr.Marc: Le Saint synode a été motivé par des raisons fort simples. Plusieurs nouveaux services du synode ont été crées car le Département des relations extérieures n’arrivait plus à suivre, il était sérieusement surchargé. Nous avons connu à l’époque soviétique deux grands départements du patriarcat, celui des relations extérieures et celui des publications. La charge de travail était immense. J’ai été pendant dix ans l’un des proches collaborateurs du futur patriarche Cyrille et j’ai pu constater que sa charge de travail est immense. Une seule institution synodale ne pouvait suffire étant donné l’envergure et le poids des tâches qui lui incombaient.

Nous avons vu se former le département de la mission, puis celui de l’instruction religieuse et de la catéchisation et, enfin, le service des relations entre l’Eglise et la société ainsi que celui de l’information.La présence de l’Eglise dans le monde s’est nettement accrue depuis que la direction des établissements à l’étranger a acquis son autonomie administrative. Plus de 30 paroisses ont fait leur apparition dans divers pays, nous comptons en tout plus de 400 paroisses situées dans 52 pays. Cela est considérable, d’autant plus si l’on se souvient du nombre des établissements à l’étranger dont nous disposions au début de la perestroïka.

- L’Eglise est devenue bien plus transparente qu’elle ne l’était de par le passé. Cependant, les activités de votre Département restent peu connues ?

- Mgr Marc: En effet, les médias, y compris ceux de l’Eglise parlent peu de nous. Le proverbe russe dit « la paroisse est à l’image de son pope » : l’une de nos tâches essentielles consiste à trouver des prêtres pour nos établissements à l’étranger. Souvent je m’entretiens avec des clercs qui ont exprimé le désir de servir hors de Russie ou qui nous ont été recommandés par leurs évêques.Le nombre des candidats à obtenir une affectation dans une paroisse hors de Russie ainsi que de moines et de moniales souhaitant aller dans un couvent à l’étranger est considérable. Deuxième orientation qui nous est essentielle : la construction de nouvelles églises. De très nombreuses communautés orthodoxes se constituent un peu partout dans le monde. Pas toutes, loin de là, disposent de leur propre église. On compte actuellement 49 communautés en Italie mais seule une faible partie d’entre elles ont leur propre église. Les offices sont assurés, ils sont souvent dits dans des locaux plus ou moins aléatoires. La construction de nouvelles églises revêt donc une grande importance. A Amsterdam, par exemple, nous avions seulement pendant de longues années une église-appartement. Dès qu’une église fut construite, cela dans un style architectural traditionnel, les effectifs des paroissiens ont doublé. De très nombreux Néerlandais fréquentent la nouvelle paroisse, ils en admirent les icônes, se familiarisent avec la tradition orthodoxe. Comment ne pas nous en réjouir ?
Vous savez que nous avons sanctifié en 2009 à Rome l’église Sainte Catherine. Bientôt une nouvelle église sera ouverte dans les Emirats Arabes Unis, ce sera le premier temple orthodoxe dans la péninsule arabique. Une église se trouve en construction à Chypres, elle sera bientôt inaugurée. Mentionnons un autre chantier à Madrid. Et bien sûr, Paris avec le projet d’une cathédrale et d’un centre spirituel. Disposer d’une église que l’on considère sienne renforce les communautés, les rend plus stables.
Il nous incombe également de traiter un nombre important de problèmes d’ordre juridique. Chaque pays a sa propre législation et il convient de la respecter. Un service juridique a donc été mis en place auprès de notre Direction.

Nous sommes en charge de la protection légale de nos paroisses, nous les aidons à élaborer des statuts conformes aux lois du pays où elles se situent.

Nous collectons et nous étudions les informations qui nous proviennent des paroisses. Tout ce qui concerne la vie de nos paroisses à l’étranger fait partie de notre domaine de compétence. Là où elles sont rattachées à des représentations diplomatiques du patriarcat de Moscou (Strasbourg, Sofia, Le Caire, Damas et New York) elles relèvent de la compétence du Département des relations extérieures. Mais leur vie ecclésiale proprement dite est administrée par la Direction des établissements à l’étranger. Notre Direction est également responsable de nos relations avec l’Eglise orthodoxe russe hors frontières. Relations canoniques, clergé, entraide, etc. Nous sommes par conséquent en contact permanent avec des représentants de l’EORHF.
Nos collaborateurs sont tous d’excellents spécialistes, il y a parmi eux beaucoup de jeunes professionnels ….

- Vous avez insisté sur l’importance du choix des prêtres affectés dans les paroisses à l’étranger. Quelles sont les qualités requises pour être choisi ?

- Mgr.Marc: En effet, « les ressources humaines », pour ainsi dire, sont pour nous quelque chose d’essentiel. Nos prêtres doivent avant tout être des pasteurs. Il arrive que des prêtres ignorent la langue du pays où ils se trouvent. Mais un véritable pasteur réussira malgré tout. S’il est capable de réunir ses paroissiens, de les inspirer, ils lui viendront en aide. Cependant nous attendons des candidats qu’ils maîtrisent au moins une langue étrangère. Il est évidemment impossible d’exiger la connaissance de telle ou telle langue. Lorsqu’un prêtre est missionné au Brésil ou en Argentine il ne pourra pas assimiler à l’avance l’espagnol ou le portugais. Cependant la connaissance ne fût-ce que d’une langue permet de communiquer et de mieux apprendre un deuxième idiome.
Nos prêtres ne viennent pas tous de Russie, certains sont ordonnés « sur le terrain » par les évêques du lieu qui choisissent des candidats parmi les nationaux du pays.

- Monseigneur, parlez nous de la formation que reçoivent les prêtres qui ont vocation à être affectés dans d’autres pays ? Existe-il des cours spéciaux, soit à Moscou, soit sur place ?

- Mgr.Marc:Le séminaire orthodoxe que nous avons récemment ouvert en France, à Epinay s/Sénart, non loin de Paris, nous sera d’une très grande aide.(1)
Les séminaristes viennent un peu de partout dans le monde, d’Europe occidentale comme d’Amérique latine. Cependant la majorité des élèves sont originaires de Russie, d’Ukraine et de Moldavie. Ces jeunes avaient déjà entamé des études religieuses avant d’être inscrits au séminaire. Ils y obtiennent un Master. Les cycles d’études sont personnalisés. Langues, intégration à la vie en Occident. La liturgie est dite quotidiennement. La journée commence par des prières. Les programmes sont très chargés, les cours qui sont faits en russe ainsi qu’en français. Les étudiants suivent également les cours de la faculté de philosophie de l’université de Paris. Ils obtiennent en fin d’études des diplômes de la Sorbonne. Les séminaristes doivent travailler dur. La sélection se fait en fonctions de critères très exigeants. Mais les résultats de la formation sont en vérité excellents. Nombre de ceux qui suivent les cours du séminaire d’Epinay reviendront en Russie pour y enseigner. Certains seront affectés à des paroisses hors Russie, en France comme dans d’autres diocèses à l’étranger.

- Es-ce que tout prêtre de tout diocèse est susceptible d’être affecté dans une paroisse à l’étranger ?

- Mgr.Marc: Oui, bien sûr. Mais nous accordons la priorité à ceux qui sont recommandés par leurs évêques.
La décision récente de construire un centre culturel russe à Paris a suscité des débats très animés. Le projet de la cathédrale qui sera érigée dans la capitale française a suscité de véritables dissensions.(2)

Le patriarche m’a désigné membre du jury. Je peux parler en connaissance cause de la manière dont s’est opéré le choix définitif. Le nombre des projets présentés était impressionnant, il y en avait 109 ! Dix d’entre eux se maintinrent pour un deuxième tour. Deux tendances essentielles étaient manifestes dans cette première sélection : les architectes russes avaient présenté des cathédrales inspirées par la tradition russe et qui devaient néanmoins s’intégrer dans le paysage parisien. Les architectes français, eux, avançaient des formes nouvelles, non traditionnelles pour ne pas dire extravagantes. Cela n’était pas sans inquiéter d’une certaine façon les membres du jury.
Ce jury était franco-russe. Il y avait parmi nous des représentants de la municipalité de Paris et de diverses associations ; les experts français opposaient leur veto aux projets typiquement « russes », impensables à Paris, disaient-ils. A chacun ses goûts. Mais c’est à Paris, quai Branly, que la cathédrale sera construite et il faut ne pas l’oublier. Ce quartier de Paris est parmi les plus visités, nous nous attendons à une très importante fréquentation de fidèles et de touristes. Nos collègues voulaient que la cathédrale devienne un monument marquant de la capitale française. Il y a longtemps que de nouvelles églises n’y ont pas été construites.

Nous avions donc à choisir parmi dix maquettes dont certaines nous paraissaient tout à fait inhabituelles. Certains des membres du jury qui ne saisissaient pas la nature du choix qui nous incombait se mirent à faire feu de tout bois sur les projets qui n’étaient pas de leur goût. De notre côté nous avons formé un petit groupe de travail qui a entendu tous les postulants. Cela afin que chacun des projets soit révisé de sorte à devenir plus acceptable. Dans une plus ou moins grande mesure chacun d’entre eux se devait de relever de la tradition architecturale russe. Tous les projets choisis à l’issue du premier tour furent amendés et améliorés.

Au dernier stade de la sélection la majorité de nos collègues français accordait leur préférence à un projet « alambiqué » qui ne pouvait guère nous convenir. En définitive nous pouvons dire que ce sont les tenants du classicisme qui ont eu gain de cause. Le projet sélectionné permettra d’ériger une belle église russe. Le revêtement en forme de « vague » est le résultat d’un compromis. Il va de soi que les autorités municipales exercaient un droit de regard plus que légitime. Il serait difficilement concevable de construire une telle cathédrale à Moscou, Novossibirsk ou Kiev, nous en sommes parfaitement conscients. Les responsables parisiens de l’urbanisme souhaitaient une cathédrale russe qui s’intègre bien aux bords de Seine. C’est précisément ce choix qui a été fait. Les intérêts de l’Eglise russe ont été pris en compte, il n’y pas lieu de regretter la décision qui a été prise. Elle prend en considération les avis de chacun des deux pays…

- Que pouvez-vous dire des relations que vous entretenez avec l’Eglise catholique ? La croissance rapide des diasporas orthodoxes n’a-t-elle pas rendu ces relations plus difficiles ?

- Mgr. Marc: De nombreux catholiques sont bien plus inquiets de l’influence croissante exercée par l’islam. Les orthodoxes pour leur part bénéficient en Europe Occidentale d’une attitude dans l’ensemble bienveillante. Souvent on nous offre la possibilité de dire des offices dans des églises catholiques tombées en déshérence. L’Eglise catholique nous prête de par ailleurs divers locaux où nous pouvons nous réunir pour prier.

- Quelle est la situation dans le diocèse de Souroge qui a récemment connu des temps difficiles ? (3)

- Mgr.Marc: La situation s’y est stabilisée. Notre présence en Grande-Bretagne s’est accrue : de nouveaux prêtres y sont affectés, des communautés s’y constituent, le nombre des fidèles augmente. La liturgie dominicale réunit à Londres près de 500 à 600 croyants russophones à la cathédrale de la Dormition. Il n’y avait pas assez de prêtres pour confesser. La situation est revenue à la normale. Les paroissiens originaires de Russie ne sont plus discriminés comme ils l’étaient auparavant. Après la mort du métropolite Antoine (Bloom) c’est l’évêque Basile (Osborne) qui a assumé la direction du diocèse. Il fit cesser la lecture des missives du patriarche de Moscou dans les paroisses ainsi que la commémoration de son nom au cours des offices. Ces pratiques relèvent maintenant du passé. Tous les fidèles sans exception sont accueillis de la manière la plus cordiale, l’ambiance est fraternelle, les rapports entre les anglophones et les russophones sont harmonieux.

- Que pouvez-vous dire des relations qui se sont établies avec celles des paroisses qui ont transité dans la juridiction du patriarcat de Constantinople ?

- Mgr.Marc : Vous savez sans doute que Mgr Basile (Osborne) a été déchu de sa dignité d’évêque.(4)
La majorité des paroisses du diocèse sont restées fidèles au patriarcat de Moscou, en particulier la cathédrale de la Dormition à Londres. Le diocèse de Souroge est pratiquement resté intact.

- Que peut-on dire de la vie de nos paroisses dans les pays arabes, Libye, Egypte, Tunisie ?

- Mgr.Marc: Nous étions représentés en Libye par un prêtre originaire d’Ukraine. Il y a des paroisses en Egypte, en Tunisie et en Syrie. La situation étant ce qu’elle est actuellement dans ce pays les choses ne sont pas faciles. Mais nos prêtres continuent à servir et il n’est pas question de leur départ.
De nombreux orthodoxes viennent travailler dans les Emirats Arabes Unis. Une jeune et énergique communauté s’y est constituée. Tout récemment une église a été construite à Sharjah. C’est la seule église chrétienne de la péninsule arabique à être couronnée par des croix. Le Gouverneur de l’émirat de Sharjah nous a donné cette autorisation à titre exceptionnel.

- Quelle est la situation de l’Eglise orthodoxe russe en Iran ?

- Mgr.Marc: Naguère la communauté orthodoxe russe en Iran était très nombreuse et active. Un home pour personnes âgées y fut ainsi mis en place. C’est bien plus tard que des établissements catholiques, arméniens, etc. apparurent dans le pays. On compte malheureusement maintenant peu d’orthodoxes en Iran. Les offices réunissant un nombre important de fidèles ne se tiennent qu’aux grandes fêtes comme Pâques, Noël, la Théophanie. Le reste du temps les offices ne sont pas célébrés d’une manière hebdomadaire. Il y a très peu de Russes dans le pays, à l’exception des fonctionnaires des missions diplomatiques.

- Nous savons qu’une communauté orthodoxe est en voie de constitution en Thaïlande. Pourriez-vous préciser ?

- Mgr.Marc: La Thaïlande est un pays ouvert et tolérant. Le tourisme a fait que de nombreux compatriotes s’y sont installés. Malheureusement, et c’est l’un de nos prêtres qui l’a dit, il arrive souvent que les gens se rendent en Thaïlande pour y commettre des péchés plutôt que pour prier… Des églises doivent absolument être construites dans ce pays, plusieurs sont déjà en chantier. L’Eglise connait en Thaïlande une croissance rapide, on peut dire que cela tient du miracle. Nos paroisses comptent un certain nombre de Thaïs. Récemment l’un d’entre eux a été fait protopresbytre. Un monastère orthodoxe s’est ouvert l’hiver dernier… La situation s’améliore dans une durée qui est propre à l’Eglise.

Entretien : diacre Dimitri Assratian
Site " Patriarchia.ru"

Traduction "P.O." - Nikita Krivocheine, version abrégée
......................................................
Notes:

1.Séminaire orthodoxe russe - Maison Sainte-Geneviève


2.Le projet de la nouvelle église orthodoxe et du centre culturel russes quai Branly à Paris


3. THE RUSSIAN ORTHODOX CHURCH IN GREAT BRITAIN AND IRELAND

4. L’évêque Basile (Osborne) est déchu de son état d’évêque et de moine

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 16 Septembre 2011 à 19:00 | 33 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 20/07/2011 18:02
Merci pour ce très intéressant article, qui donne une bonne image de la croissance de l'Eglise russe à l'étranger, et en particulier en Europe occidentale (le texte original montre aussi des progrès en Autriche et Hongrie, avec le souci de Mgr Marc de faire progresser la traduction des textes liturgiques en Hongrois). Cet article montre bien la présence de l'Eglise russe dans le monde entier et son incroyable dynamisme: 400 paroisses situées dans 52 pays et une croissance de 30 paroisses en 3 ans!

Un cas particulièrement intéressant est celui de Chypre, puisque c'est l'Eglise de Chypre qui a donné un terrain pour la construction d'une église russe dont les bâtiments vont appartenir à l'Eglise russe; on comprend aussi que le clergé va être proposé par l'Eglise russe, mais la paroisse va dépendre canoniquement de l'Eglise de Chypre: voilà une excellente façon de faire face ensemble aux besoins pastoraux de la diaspora russe en pays orthodoxe! En Grèce il existe aussi des paroisses où officient des prêtres russophones, mais l'Eglise de Grèce a refusé tout mètochion d’une autre Eglise et ces paroisses dépendent des diocèses locaux.


2.Posté par Marie Genko le 20/07/2011 19:03

Merci d'avoir traduit et mis en ligne cette très intéressante interview de Mgr Marc d'Egorievsk.
Elle nous éclaire sur l'extraordinaire vitalité de l'Eglise russe en dehors de Russie.

3.Posté par Un contributeur le 20/07/2011 21:24
Entretien d'une teneur fortement intéressante et qui nous démontre que des préoccupations très salutaire peuvent animer la présence de l'Orthodoxie dans nos contrées. Permettez-moi, seulement, de soumettre les suivantes observations:

1/ Il y a une approche curieuse dans cet entretien duquel l'approche ecclésiologique ne ressort pas suffisament. Mgr Marc parle indifféremment des églises à l'étranger qui se trouvent, d'une part, sur des "territoires en mission" ou des "lieux de diaspora" (*) et, d'autre part, sur le territoire canonique d'une autre Eglise orthodoxe (Chypre, Egypte,...).


2/ A ce propos, il conviendrait de mieux préciser quelle est, par exemple, pour la France, le rôle de Mgr Marc dans la mesure où le diocès de Chersonèse est sous la responsabilité de Mgr Nestor. Or l'Eglise n'admet pas l'autorité de deux évêques en un même lieu. Là, quand on parle de "lieu", on évoque clairement la vie à l'interieur du diocèse; c'est à dire ce qui se passe au sein des paroisses et des institutions relevant directement du Patriarcat de Moscou.

3/ Il est à noter la délicatesse avec laquelle le sujet de la cathédrale de Nice n'est pas abordé. Certes, il ne s'agit pas d'un "établissement à l'étranger" appartenant au Patriarcat de Moscou mais tout porte à croire que l'organisation de la vie ecclésiale devrait être confiée à ce dernier. On sait que les critiques sont vives ici ou là et qu'un certain attentisme se fait ressentir de la part des autorités de la Fédération de Russie mais, justement, c'est bien que l'Eglise russe se montre plus que prudente et cela ne peut lui être reproché. Au passage, si le territoire de la Cathédrale de Nice est reconnue Territoire de la Fédération de Russie, la territorialité canonique du Patriarcat de Moscou ne souffre aucune contestation.
4/ En revanche, on peut être étonné, presque déçu qu'à aucun moment, le rapprochement d'avec l'Eglise Orthodoxe Russe Hors-Frontières n'est abordé comme solution à des situations locales. Il me semble pourtant que des coordinations auraient tout lieu d'être envisagées. Et le terme de 5 ans avec la signature de l'Acte canonique s'approche... Ne serait-il pas opportun de déjà envisager une nouvelle période de 5 ans avec des axes de rapprochement plus concrets ou moins timides?
...........................
(*) Ces deux désignations - on peut en proposer d'autres! - désignent simplement les territoires (comme l'Europe occidentale) qu ne sont pas le territoire canonique de l'Eglise russe ni d'aucune autres Eglise orthodoxe ; à la rigueur, désignent le territoire du patriarcat de Rome.

4.Posté par Fabre Daniel le 21/07/2011 08:03
de Vladimir : " Un cas particulièrement intéressant est celui de Chypre, puisque c'est l'Eglise de Chypre qui a donné un terrain pour la construction d'une église russe dont les bâtiments vont appartenir à l'Eglise russe; on comprend aussi que le clergé va être proposé par l'Eglise russe, mais la paroisse va dépendre canoniquement de l'Eglise de Chypre:"
Donc bravo ! enfin quelque chose d' Orthodoxe !

5.Posté par vladimir le 21/07/2011 12:18
Pourquoi "enfin"? Cela me semble être la pratique constante de l'Eglise russe. Voire en particulier le cas du diocèse originel en Amériques (devenu OCA):
"Pour ce qui est de l'Amérique, dès 1794, l'orthodoxie sur ce continent a été représentée exclusivement par la juridiction de l'Eglise russe qui en 1918 regroupait 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais) ; y appartenaient également les grecs orthodoxes recevant l'antimansion pour leurs paroisses de la part des évêques russe. Une telle situation était reconnue par toute les Eglises locales qui pour les paroisses américaines envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Eglise orthodoxe russe. Le patriarcat de Constantinople aussi s'en tenait à cette même pratique. Par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent une requête pour l'envoi d'un évêque grec à Sa Sainteté le Patriarche de Constantinople Joachim III, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l'Eglise orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'Archevêque Platon d'Aléoutie et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe.
Le pluralisme juridictionnel en Amérique du Nord a commencé en 1921, lorsque a été créé l'"Archevêché grec d'Amérique du Nord et du Sud" sans l'accord de l'Eglise orthodoxe russe, qui n'en avait pas été informée." (source cf. lien). Et ce fut le début des créations de juridictions parallèles par de nombreux patriarcats (à l'exception notable de Moscou), les dernières en date étant l'Eglise d'Estonie (Constantinople) et la métropole de Béssarabie (Bucarest) implantées à partir de 1992 dans des diocèses de l'Eglise russe...

6.Posté par Fabre Daniel le 21/07/2011 15:50
ben parce que comme vous mettez en avant ...et c'est logique sur ce forum ci, votre Russité, pour ma part, français de la environ 40 ième génération, je dis enfin parce qu'en France, ce n'est pas ainsi, flopée de Métropolites, flopée d'évêques... flopée de paroisses.............".autels contre autels" !

7.Posté par vladimir le 21/07/2011 18:58
Vous mettez le doigt sur le problème de la diaspora et l'exemple de l'Orthodoxie en France est typique. Il me semble que le départ rappelle l'Amérique: après quelques implantations dispersées de l'Eglise russe à la fin du XIXe (Nice, Cannes, Daru...) une métropole de l'Eglise russe avec Mgr Euloge... et la dispersion commence avec les trois juridictions russes, la métropole grecque et les autres...

Ainsi il me semble bien que l'Eglise russe, malgré toutes ses vicissitudes, s'en est toujours tenu au respect du principe des territoires canoniques, qu'elle défend aussi actuellement; c'est pour cela que votre "enfin" m' a surpris. Il aurait été justifié s'il s'agissait de Constantinople (cf. exemples dans mon commentaire précédent)

8.Posté par Daniel le 21/07/2011 22:55
Je suis heureux que l'Eglise de Grèce et celle de Chypre n'aient pas toléré la création de métochion russe sur leur territoire; cela fut néanmoins tenté dans les 2 pays... Ouf, on ne commémorera que le seul évêque du lieu et non 2 primats d'église autocéphale comme en Terre Sainte ou dans l'Eglise russe en Afrique du Sud ou que sais-je encore... n'en déplaise aux statuts de l'Eglise de Russie qui s'estime compétente pour toute personne de nationalité russe, n'en déplaise ceux qui estime qu'ils veulent entendre commémorer le nom du patriarche de leur pays... Ouf, en effet, enfin un fonctionnement orthodoxe... fondé sur la territorialité et non la nationalité...

9.Posté par Potomok le 22/07/2011 10:05
Un peu acerbe, Daniel mais mal renseigné! Il y a, à Moscou, tout ce qu'il y a de plus officiel, une "métochion" du Patriarcat de Constantinople.. Je ne sais si c'est le cas d'autres Eglises mais si le patriarcat de Moscou dispose de telle structure sur le territoire canonique d'autres églises orthodoxes, il "rend la politesse" à ses frères orthodoxes. Je pense que le principe d'économie est parfaitement appliqué puisqu'il s'agit là d'avoir des structures qui permettent un contact plus étroit encore entre les hiérarchies ecclésiales.

Daniel devrait faire, parfois, l'effort d'entrevoir de telles initiatives non sur le plan conflictuel mais, au contraire, comme des marques d'Amour réciproque.

10.Posté par vladimir le 22/07/2011 10:49
Bien cher Daniel

Vous ne m'avez visiblement pas compris: l'Eglise de Chypre non seulement accepte un métochion de l'Eglise russe, mais offre même le terrain pour sa construction... Et j'imagine que les deux primats y seront commémorés selon la tradition russe.

Mais vous êtes aussi mal informé pour les statuts de l'Eglise russe: il n'a est pas question de "... toute personne DE NATIONALITE RUSSE", mais bien de "... personnes habitant dans d’autres pays /que ceux de l'ex-URSS listés avant/ qui y entrent volontairement". (Cf. lien, article 3 in fine). Et l'Eglise russe respecte alors les territoires canoniques, en particulier en commémorant d'abord le primat de l'Eglise locale comme le montrent les exemples que vous citez...

11.Posté par Fabre Daniel le 22/07/2011 11:13
ah ces Daniels ! mais il nous sera alors beaucoup pardonné ! parce que nous aurons......

12.Posté par vladimir le 22/07/2011 11:29
Il y a aussi au moins les mètochions du patrirche d'Antioche (Mgr Niphon) et de l'OCA (contrepartie des paroisses du patriarcat en Amériques?)
Et voici un article concernant la Grèce:
Conformément à l'usage de l'Église orthodoxe, quelques églises et quelques maisons monastiques dérogent à l'organisation territoriale présentée ci-dessus. Ce sont les exarchats, représentation en Grèce des différents patriarcats orthodoxes, et les métochions (dépendances) d'un monastère. Ces deux institutions jouissent d'une sorte d'extraterritorialité. Lors de la liturgie eucharistique, on n'y mentionne pas l'évêque du lieu, selon l'usage général, mais le primat de l'Église représentée ou l'évêque responsable du monastère, selon le statut d'exception de la représentation.
Citation:
Il y a à Athènes :
un exarchat du Saint-Sépulcre (Patriarcat de Jérusalem) dans le quartier de Plaka.
un métochion du monastère Sainte-Catherine du Sinaï dans le quartier d'Ambélokipi.
un métochion du monastère de Simonopetra (à l'Athos) dans la banlieue de Byron, l'église de l'Ascension.
Fin de citation. Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_de_l%27%C3%89glise_orthodoxe_en_Gr%C3%A8ce

13.Posté par Victorov le 22/07/2011 12:13
Pour ajouter mon grain de sel (spécialement à l'attention de Daniel) :

« Les membres de l’Église orthodoxe de Chypre sont :
– tous les Chypriotes chrétiens orthodoxes, qui sont entrés dans le sein de leur Église
orthodoxe par le baptême, résidant en permanence à Chypre, ainsi que
– tous ceux qui, d’origine chypriote, résident à ce jour à l’étranger »

(Charte statutaire de l'Eglise de Chypre, Article 2).

14.Posté par Tchetnik le 22/07/2011 15:37
Il existe effectivement à MK des métochi d'Alexandrie, de Jérusalem, des églises Serbes, Bulgares et de l'OCA. Cet état de fait est assez ancien. Le métochion Bulgare commmémore et le Patriarche de Moscou, et celui de Bulgarie, si mes souvenirs sont bons.


15.Posté par Volkoff le 22/07/2011 17:17
Le texte " mgr.Marc" globalisant et tellement optimiste évoque en moi le souvenir de mes grands-parents qui, habités par un espoir diffus, avaient coutume de dire pensivement "svet s Vostoka"...

Et comment ne pas verser dans le lieu commun qu'est devenu "Moscou, troisième Rome"...
Mais "objectivement" il est aussi évident qu'un nez au milieu de la figure, pardonnez moi, que la Providence est équitable: la nation russe et ses voisins dans le malheur communiste, ont dans leur renaissance miraculeuse (tautologie) acquis le don de mission. Avec pour instrument et matière première à la fois l'astronomique nouvelle diaspora venue cachet partout de par le monde!
Qu'importe que ce soit Saint Pierre ou le Christ Sauveur qui recrutent et sauvent de la sécularisation...

Gloire au DREE, si cher au cœur des fans de ce blog, champion de la mission bienveillante.
Un détail de l'histoire: en bon juriste Mgr Marc reste coi quant à Nice.
A chaque fruit sa saison...

16.Posté par vladimir le 22/07/2011 18:44
Bienvenue à vous "Un contributeur"!

Merci pour vos remarques qui montrent à quel point peur être mal connu et mal compris le fonctionnement d'une grande Eglise comme le patriarcat de Moscou, même par un spécialiste de l'ecclésiologie comme vous. L'Eglise russe, avec ses 200 évêques, 30 000 paroisses et 50 000 clercs et moines dans prés de 55 pays sur les cinq continents, comprend évidement des services fonctionnels, un peu comme le Vatican. Le "secrétariat pour les établissements à l’étranger" (SEE) est un nouveau département fonctionnel au service des diocèses qui ont des implantations à l'étranger. Les évêques en charge de ces diocèses répondent toujours directement au patriarche et au synode et Mgr Marc n'y a aucune responsabilité pastorale: il n'est pas un métropolite dont ces évêques dépendraient, mais assure des fonctions de soutien et de coordination. Un bon exemple des services rendus par le SEE est justement donné pour la France: participation au jury de la cathédrale, sélection des séminaristes et des prêtres candidats pour les paroisses… etc.

Cette interview est clairement destinée à un large publique de fidèles peu férus d'ecclésiologie, mais souhaitant tout comme vous mieux connaitre les différents services centraux de leur Eglise. C'est sans doute pour cela que Mgr Marc classe les pays par religions dominantes (Catholicisme, Islam). Il n'en montre pas moins les différentes façons dont l'Eglise russe y est présente, en indiquant les différences d'accueil des Eglises orthodoxes: methochion bienvenu à Chypre, représentations diplomatiques du patriarcat de Moscou à Sofia, Le Caire, Damas et New York, simples paroisses "russophones" en Grèce …

La cathédrale de Nice et les ensembles prestigieux des methochions St Serge à Jérusalem et St Nicolas à Bari font partie des bien récemment récupérés par le gouvernement russe et qu'il est prévu de transférer à l'Eglise. Mgr Marc n'en parle pas probablement parce que leur situation n'est pas finalisée: entre une intention annoncée et un transfert effectif il a bon nombre de problèmes administratifs, financiers et ecclésiologiques à régler (ces édifices seront-ils confiés à des diocèses locaux ou placés sous un statut spécial comme les "représentations diplomatiques du patriarcat de Moscou", citées par Mgr Marc, ou comme les monastères placés directement sous l'autorité du patriarche?). Je pense que les organismes concernés publieront des informations lorsque les décisions seront prises: le processus de récupération a duré plusieurs années et il n'est pas anormal d'attendre les décisions quelques semaines, surtout en tenant compte du temps de l'Eglise!

17.Posté par Daniel le 22/07/2011 22:54
J'ignore si vous lisez attentivement mais quand on dit : "personnes habitant dans d’autres pays /que ceux de l'ex-URSS listés avant/ qui y entrent volontairement" cela veut dire qu'il n'est pas expressément exclu de recevoir un jour des Russes ou ex-soviétiques résidant dans un pays ayant déjà sa propre église orthodoxe. L'article ne l'interdit pas explicitement : pour l'interdire, il aurait dpu rajouter "excepté les personnes résidant dans etc". A noter que je suis aussi au courant des statuts de Chypre et de l'Eglise de Roumanie qui sont encore pire.

Je suis bien évidemment au courant des métochions; ce n'est pas une preuve d'amour, la preuve d'amour est de mettre à disposition des fidèles de telle langue des locaux et des prêtres adaptés. Vous noterez que l'église catholique le fait à Paris avec des églises de langue polonaise, croate, portugaise, espagnole etc... qui dépendent toutes de l'évêque de Paris. Pourquoi se compliquer la vie à créer des métochions et cette extra-territorialité alors qu'il suffit de mettre à disposition les prêtres et les locaux. Pourquoi si ce n'est le désir des Russes de commémorer un évêque russe pour des raisons de nationalité etc...

Quand à la pratique de commémorer 2 patriarches, comme nous l'avons signalé, elle est bancale. Le fait qu'elle soit russe ne la rend pas orthodoxe, de même que le fait que les icônes sulpiciennes abondent en Russie ne les rend pas orthodoxes.

18.Posté par Marie Genko le 22/07/2011 23:46
Cher Daniel,

Pouvez-vous m'expliquer pourquoi les icônes sulpiciennes de l'église Saint Alexandre Nevsky, à la rue Daru, ne sont pas orthodoxes?
Y a-t-il une interdiction de peindre les icônes de façon réaliste? en supposant évidamment que soient respectées les règles propres à l'écriture des icônes?

19.Posté par Fabre Daniel le 23/07/2011 07:43
d'autre part, Vladimir écrit : ".... Mgr Marc n'y a aucune responsabilité pastorale: il n'est pas un métropolite dont ces évêques dépendraient, mais assure des fonctions de soutien et de coordination....." ce qui est foncièrement anticanonique dans l'Eglise orthodoxe et la Tradition, pour cela, c'est les diacres qui furent et doivent être délégués; pour résumer, aucun évêque ne peut être élu sans responsabilité pastorale et territoriale.

20.Posté par vladimir le 23/07/2011 10:09
bien cher Daniel,

Mais où voyez vous que la possibilité d'adhérer à l'Eglise russe soit réservée aux Russes? Notre Eglise compte déjà prés de 55 "citoyennetés" (prés de la moitié des membres du dernier Concile n'étaient pas des citoyens russes et la moitié des évêques ne l'est pas) et sans doute une centaine de "nationalités" au sens ethno-culturel que retiennent les anthropologues (Komi, Oudmourtes et autres Nenets... ).

Et pour revenir en France, l'Eglise russe y compte aussi un bon nombre de Français de souche, du regretté père Lev Gillet (recteur de la première paroisse orthodoxe francophone, Sainte-Geneviève-de-Paris, en 1928) aux pères Michel et Antoine de Castelbajac (dont la francité remonte vers l'an 1000), et bien d'autres encore...

Je vous laisse répondre pour les icônes?

21.Posté par Daniel le 23/07/2011 10:32
@ Marie (message 18)

Puis-je vous recommander à ce sujet le livre de Leonid Ouspensky, "La théologie de l'icône". Il en parle mais je l'ai lu il y a si longtemps... et je ne l'ai pas dans ma bibliothèque. Je ne peux donc que me souvenir de quelques éléments épars.

L'icône n'est pas un portrait... elle suit certains canons (règles). Cette façon d'écrire (peindre ) les icônes n'est pas traditionnelle : elle date de Pierre le Grand et des influences occidentales, d'un occident qui n'était plus orthodoxe depuis longtemps. Pour être honnête la Grèce a aussi connu ces influences iconographiques peu traditionnelles au 19e siècle, j'ai aussi vu en Géorgie des icônes de Sainte Nina des plus "occidentales"...

Certaines de ces icônes font très renaissance italienne, or si je me souviens les explications de ma professeur d'histoire de l'art en visitant la Toscane et le Musée des Offices à Florence, les artistes de la Renaissance avaient fait le choix dans les représentations de le Vierge à l'Enfant, de s'écarter des icônes pour faire un art plus réaliste. Ce qui nous donne, si l'on revient côté orthodoxe, à ces charmantes icônes où on voit un Jésus blond, joufflu, avec des joues roses et de belles boucles blondes... Je ne sais si je dois, rire, pleurer, sortir ma hache, fermer les yeux... comme ce moine auquel on demanda un jour comment pouvait-il prier devant des icônes de ce genre car son église était en terme iconographique un concentré de style "occidental".

Mais on trouve aussi en Russie des icônes bien russes et bien traditionnelles comme celles de l'école de Novgorod et aussi celles des vieux-croyants... qui les peignent selon les croyants anciens. Je ne sais pas comment vous l'expliquer différemment mais mettez côte à côte des icônes russes d'avant Pierre le Grand, des icônes anciennes d'autres pays avec leur style propre (Bulgarie, Géorgie, Grèce, Roumanie), malgré leurs styles propres, il y a une parenté... Ensuite, ajoutez l'icône de type réaliste, il y a comme un hic avec cette dernière.

Dans mon cas, c'est du domaine du ressenti (je n'ai jamais aimé l'iconographie "sulpicienne") mais Ouspensky l'explique bien. Avec le grec Photios Kontouglou, Leonid Ouspensky est considéré comme le "restaurateur de l'iconographie traditionnelle. Si une personne peut le citer et dispose du livre... je lui en serai fort gré, même si on s'éloigne de nos métochion...

22.Posté par Nikita Krivochéine le 23/07/2011 10:54
@lecteurs,
A propos de "réalisme" en iconographie comment ne pas évoquer un guide de Léningrad édité vers 1930, époque de la "révolution culturelle" et du "proletkoult" en ex URSS?
Décrivant la colonne Alexandre, place du Palais d'Hiver (le lieu avait été débaptisé) l'auteur précisait:
"La colonne est couronnée par l’effigie sculptée d'un ange représenté grandeur nature".
Authentique...

23.Posté par Daniel le 23/07/2011 11:34
@ Vladimir (message 19)

Je comprends le texte suivant ainsi : ""personnes habitant dans d’autres pays /que ceux de l'ex-URSS listés avant/ qui y entrent volontairement". L'Eglise de Russie se réserve le droit de recevoir en son sein toute personne désireuse de la rejoindre quel que soit le lieu où il habite, y compris dans un diocèse orthodoxe déjà existant.

J'aurais préféré la rédaction suivante : "personnes habitant dans d’autres pays /que ceux de l'ex-URSS listés avant/ qui y entrent volontairement" PROPOSITION D'AJOUT : à condition que ces pays ou territoires ne fassent pas partie déjà d'une territoire d'une église orthodoxe. Ma crainte est qu'un beau jour, pour une raison X ou Y, on se serve de cet article un rien flou pour accepter ou créer des communautés de façon unilatérale sur des territoires canoniques orthodoxes existants, car si on lit entre les ligne, cet extrait ne l'interdit pas explicitement. Ai-je bien compris?

24.Posté par vladimir le 23/07/2011 11:39
Je suis complétement Daniel là dessus...

L'icône doit nous faire voir, mieux - ressentir, ce qui est invisible et ineffable: la présence du Règne et des saints tels qu'ils sont maintenant, et non la réalité corrompue de ce monde. Or tout le mouvement de la Renaissance a été de se rapprocher de la réalité terrestre et le l'art sulpicien n'a fait qu'adapter cette représentation réaliste à des thèmes religieux. Ces représentations montrent donc des scènes de notre vie et des personnes de chair et d'os, malgré leurs auréoles, et ce n'est pas du tout là l'objet des icônes. De plus la création d'une icône (on ne devrait pas parler de peinture) est normalement un acte religieux, qui demande préparation, jeune et prière et les iconographes anciens étaient tous clercs ou moines. Cela aussi s'est perdu et les ateliers d'iconographie de la fin du XIXe employaient des artisans qui allaient jusqu'à peindre d'après nature, en particulier pour les visages (comme vous savez, il y a pourtant un terme slavon spécifique, "lik", ce qui montre aussi qu'il ne s'agit pas simplement d'un visage!) ...

Pour être précis, la perte du sens de l'icône en Russie intervient après l’introduction du modelé par Simon Ouchakov (1626-1686) pendent les réformes nikoniennes. Les prêtres conservateurs, particulièrement les Vieux-Croyants, ont dès le départ dénoncés cette facture "trop occidentale", l'archiprêtre Avvakoum (envoyé au bucher en 1681 ou 82) parlant des « œuvres lascives des démons »...

Un retour aux sources se fait dès la fin du XIXe et actuellement, avec de grands iconographes comme le père Zenon (article en russe: http://alniks.livejournal.com/7952.html) et l'Eglise catholique s'ouvre aux icônes traditionnelles après Vatican 2. Pour autant, les représentations sulpiciennes, plus simples à comprendre sans préparation, sont toujours très prisées par le public russe... Et je ne parle pas de églises coptes, en Egypte, où je n'ai rien vu d'autre...

25.Posté par Potomok le 25/07/2011 00:51
En réponse à "un contributeur" @3 - Pt n°2, on peut lire cette interprétation sur le "Blog de Daniel Struve" (lien ci dessous):

"... les évêques titulaires ont bien l'apparence des attributs d'un évêque diocésain, mais seulement l'apparence.
Les diocèses et les paroisses hors ex-URSS du Patriarcat de Moscou sont administrés non pas sur place par l'évêque "diocésain", mais bien par une tutelle lointaine, actuellement la Direction des établissements à l’étranger auprès du patriarche, confiée à un évêque vicaire du diocèse de Moscou, Marc de Iegorievsk. Dans un récent interview où il présentait le fonctionnement de son service, l'évêque Marc indique clairement que les paroisses de l'étranger lointain relèvent de sa tutelle:

Et de citer l'Evêque Mark:
"Nous collectons et nous étudions les informations qui nous proviennent des paroisses. Tout ce qui concerne la vie de nos paroisses à l’étranger fait partie de notre domaine de compétence. Là où elles sont rattachées à des représentations diplomatiques du patriarcat de Moscou (Strasbourg, Sofia, Le Caire, Damas et New York) elles relèvent de la compétence du Département des relations extérieures. Mais leur vie ecclésiale proprement dite est administrée par la Direction des établissements à l’étranger. Notre Direction est également responsable de nos relations avec l’Eglise orthodoxe russe hors frontières. Relations canoniques, clergé, entraide, etc. Nous sommes par conséquent en contact permanent avec des représentants de l’EORHF. "
Source: Patriarchia.ru, Diocèse de Chersonèse
-----------------

Daniel Struve, sur son Blog, semble extraire des propos de mgr Mark que c'est bien ce dernier qui dispose de la tutelle des paroisses en France. Les propos de Mgr Mark ne mériteraient-ils pas un éclaircisssement?

26.Posté par Fabre Daniel le 25/07/2011 09:41
"......Tout ce qui concerne la vie de nos paroisses à l’étranger fait partie de notre domaine de compétence. ......Mais leur vie ecclésiale proprement dite est administrée par la Direction des établissements à l’étranger."
je ne comprends pas....d'un coté, ici et là on semble défendre la tradition et les canons...et de l'autre, les faits témoignent que les églises s'en fichent éperdument...!?
Bon, pour les Ktos on sait, c'est le pape....pour d'aucun c'est le patriarche de Constantinople qui se conduit comme....le pape et pour d'autres orthodoxes leur patriarcat respectif...russe pour Russes, roumain pour Roumains..etc ! bon alors, nous, nous avons combien de papes ??!!
donc un rappel :
" selon les canons de l’Eglise orthodoxe (Corpus canonum de l’Eglise, 1er-9e siècles), chaque évêque a la totale responsabilité des affaires de son diocèse.
C’est lui qui choisit par étapes progressives son clergé, qui le forme et le guide (le clergé est soumis à des règles de comportement plus strictes que l’ensemble des fidèles) et qui l’affecte à différents “services”. C’est lui qui surveille la régularité de la vie des diverses communautés, y compris les communautés monastiques (il n’y a pas d’ordres monastiques dans l’Eglise orthodoxe, mais seulement unus ordo monasticus).
C’est lui encore qui est chargé d’enseigner tant les fidèles que les clercs. Il juge les fidèles et peut les écarter de la communion puis les réintégrer par étapes. Enfin il assure la gestion de tous les biens de l’Eglise, y compris ceux des paroisses et des monastères....
...les évêques ne doivent jamais intervenir hors de leurs diocèses pour des élections d'évêques ou quelque autre acte ecclésiastique.
Tout en observant au sujet des diocèses la règle prescrite ci-dessus, il est évident que, conformément aux ordonnances de Nicée, le synode provincial décidera des affaires de toute la province. ....( droit canon, et Tradition orthodoxe !)

27.Posté par Marie Genko le 25/07/2011 10:47
Cher Vladimir,

J'ai chez moi une icône de la Sainte Face de Notre Seigneur qui date de la fin du XVIIIème.
J'ai vu celle d'Ouchakoff à l'exposition du Louvre.
Je me suis rendue compte que mon icône est encore plus bele que celle d'Ouchakoff.
Elle a beau être dans la manière d'Ouchakoff, elle n'en est pas moins transcendante, et lorsque je prie devant elle, je me sens réellement en présence du Seigneur.
Désolée, mais il y a aussi des icônes réalistes, qui sont directement inspirées par la prière de l'iconographe!
Le nier voudrait dire, nier toutes les églises reconstruites dans l'esprit du XIXème siècle en Russie!
Pardonnez-moi, mais je trouve cela absurde!

28.Posté par vladimir le 25/07/2011 12:43
Bien chère Marie,

C'est un débat intéressant! Les Vieux croyants n'ont jamais admis ce type d'icônes et, les leurs ayant été interdites, ils préfèrent le schisme et l'exil....

Je ne suis pas le père Avvakoum à 100%, mais il est certain que le fait même de vouloir rapprocher les icônes d'une peinture réaliste, ce qui commence avec Ouchakov et atteint son apogée avec des peintres comme Vasnetsov, qui peignent indifféremment icônes et tableaux profanes, est contraire au principe essentiel de l'icône: elle doit faire connaître la réalité du Royaume qui "n'est pas de ce monde" et ne peut donc être représenté comme ce monde... Il faut donc essayer de respecter ce principe de base et les dérive vraiment sulpiciennes de la fin du XIXe, dont on voir la suite actuellement en Russie, ne sont pas souhaitables.

Pour autant je ne suis pas Vieux-croyant et je pense que, malgré le modelé, Ouchakov transcende encore la réalité... ce que ne feront plus ses successeurs! Je reconnais aussi une valeur religieuse aux icônes mêmes non canoniques, mais qui ont été réalisées avec foi et sont sanctifiées par la prière de ceux qui y ont vu cette réalité du Royaume ("они намолены" disent les Russes...). Mais ce débat est très actuel: dans notre paroisse nous avons une iconostase qui vient de Russie et date d'avant la révolution (photo sur http://www.egliserusse.eu/Paroisse-de-la-Protection-de-la-Mere-de-Dieu-Lyon_a32.html). Les icônes sont typiquement "sulpiciennes", avec en particulier une mauvaise copie d'une fresque de Vasnetsov à gauche de Portes royales. mais nous y tenons tous parce-que la prière de nos prédécesseurs les a consacrée...


29.Posté par vladimir le 25/07/2011 19:52
Je reviens sur les commentaires 25 et 26 qui font la part trop belle à une désinformation flagrante. Le "Blog de Daniel Struve" ne peut certainement pas servir de référence pour comprendre le fonctionnement de l'Eglise russe (1) et Les explications données sont en fait des élucubrations personnelles qui ne reposent sur aucun fait réel: jamais Mgr Marc n'est intervenu dans les affaires pastorales d'aucun diocèse à l'étranger, leur apportant par contre une assistance fonctionnelle dans les domaines décrits dans l'interview. Bien entendu son service "collecte et étudie les informations qui (nous) proviennent des paroisses" pour pouvoir assurer cette assistance. Cela ne veut pas dire qu'il décide et intervient! Cette légende de l'interventionnisme des services synodaux empiétant sur les prérogatives épiscopales fait partie des ragots sans aucun fondement colportés par les calomniateurs de l'Eglise russe qui, je le répète et j'y insiste, ne peuvent jamais apporter le moindre fait réel à l'appuy de ces affabulations!

La situation des "représentations diplomatiques du patriarcat de Moscou" est différente: ces implantations ont le statut spécial d'institutions "stavropygiales", directement rattachées au patriarche et non à un évêque local, et là, bien entendu, la DREE prépare les décisions du patriarche comme le ferait le secrétariat d'un évêque.

Cela dit, bien que l'autorité de l'évêque dans son diocèse ne soit pas contestée et ne subisse pas d'empiètements de la part des services synodaux (et le nouveau statut des paroisses a encore renforcé le rôle épiscopal!), l'Eglise russe n'a jamais partagé l'hypertrophie du rôle diocésain que défendent certains théologiens occidentaux en confondant allégrement Eglise locale, diocèse et autocéphalie. Ainsi le concile de 1917 donne la définition suivante: "on nomme diocèse une partie de l'Eglise orthodoxe russe, partie administrée par l'évêque diocésain"(2) et les statuts actuel de l'Eglise russe précisent (ch.X par 1): "l'Eglise orthodoxe russe se divise en diocèses, églises locales présidées par un évêque". L'Eglise russe fait donc bien la différence, même par le vocabulaire, entre le niveau local (местный), où se trouve le diocèse, et le niveau autocéphal (поместный), où se trouvent l'Eglise autocéphale et son primat. Et cela se retrouve clairement affirmé dans l'ordre de chaque commémoration…

(1) Certains commentateurs russes, en particulier le politologue Kirill Frolov (http://www.otechestvo.org.ua/main/20102/2011.htm), accusent carrément Daniel Struve de participer avec le site credo.ru à une campagne systématique de médisances et de calomnies contre l'Eglise russe…
(2) Cité in "Communications présentées à l’assemblée pastorale du 1 novembre 2004 et à la conférence diocésaine du 1 octobre 2005", Administration Diocésaine, Paris, 2007, p. 53

30.Posté par Marie Genko le 25/07/2011 21:37

Cher Vladimir,

Merci pour votre commentaire 29.
Je trouve que ce n'est pas à des personnes extérieures à l'Eglise de Russie de se mêler de la critiquer.

Non seulement ce n'est pas chrétien, mais c'est tout à fait déplacé!

Que les membres d'une Eglise s'élèvent contre ce qui leur semble une déviation ou une erreur dans leur propre administration, c'est une chose, mais se mêler des affaires d'autrui c'est absolument scandaleux pour un chrétien!

C'est bien pour cette raison que j'ai traduit le commentaire qu'avait écrit Misha en Russe sur ce blog à ce sujet et que je l'ai transmis à Mgr Gabriel, qui en a pris connaissance.

Ce qui m'attriste complètement dans cette affaire est que j'ai rencontré à plusieurs reprises autant Nikita Struve que son fils Daniel, et ce sont deux personnes qui ont une intelligence et des connaissances encyclopédiques hors du commun.
J'ajouterai même qu'ils sont l'un comme l'autre éminamment sympathiques et que cette bataille contre l'Eglise martyre de Russie est aussi incompréhensible que surprenante!



31.Posté par Fabre Daniel le 25/07/2011 23:39
merci Vladimir de cette mise au point, cela me rassure et me réchauffe le coeur ! merci !

32.Posté par Tchertkoff Alexis le 26/07/2011 10:43
Au sujet de Monsieur Nikita Struve, je vous suggère de lire sa dernière interview publiée dans l'hebdomadaire "Ogoniok" paru le 25 juillet dernier, sur sa vision du rôle de l'Eglise russe en France.

Monsieur Struve ne cesse de critiquer les différents projets de l'Eglise russe en se présentant soi-disant, comme le représentant de l'émigration russe en France.

Tout simplement édifiant.

Alexis Tchertkoff

http://www.kommersant.ru/doc/1681267


33.Posté par vladimir le 26/07/2011 14:33
Je suis bien d'accord avec Marie, y compris concernant les Struve, qui sont pour moi des personnes éminemment respectables. Le dernier interview n'est pas le pire: N. Struve y donne son opinion et s'explique de façon modérée, sans calomnies ni médisances.
Malheureusement les Struve, comme beaucoup d'autres, sont pris dans une logique paranoïde: d'une part ils se croient investis d'une mission pour l'émigration que personne ne leur a confiée, et d'autre part ils prennent pour base des informations fausses, sans se soucier d'aucune vérification à partir du moment où ses informations noircissent le patriarcat, et à partir de là se battissent une position de victime du méchant ogre patriarcal... La légende de l’interventionnisme des services synodaux dans les diocèses à l'étranger est exemplaire: elle traine depuis des décennies; les méfaits ont d'abord été imputés à la DREE, censée être inféodée au KGB, alors que même au temps de l'URSS les actions d'évêques comme Mgr Basile à Bruxelles ou Mgr Antoine à Londres (sans parler de la métropole américaine) ont montré leur indépendance dans l'administration de leurs diocèses. Mais cette fable perdure malgré la libération de l'Eglise et tous ces gens respectables et intelligents en sont persuadés...

On ne peut que prier pour que le Saint Esprit leur ouvre les yeux-

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