« Vision de Mgr Serge (Konovaloff) pour l’avenir de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale : projet d’une métropole locale à statut d’autonomie »
Le 12 décembre a eu lieu une soirée OLTR consacrée à la mémoire de Mgr l’archevêque Serge (Konovaloff). Au cours de celle-ci, le père Nicolas Rehbinder a évoqué, de manière circonstanciée, les travaux d’une commission, réunie par Mgr Serge en 2001 et 2002, chargée de discuter avec le Patriarcat de Moscou de l’avenir de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale.

Le père Nicolas Rehbinder était membre de cette commission. Orthodoxie.com publie également le projet de statuts (en trois parties), annoté par Mgr Serge, « quasi achevé » selon le père Nicolas fin 2002 (en russe): 1 - 2 - 3 qui est le résultat de ces discussions et à l’origine de la lettre du 1er avril 2003 du patriarche russe Alexis II Des documents pour l’histoire de l’Archevêché et de l’orthodoxie en Europe occidentale.

Père Nicolas Rehbinder: « Vision de Mgr Serge (Konovaloff) pour l’avenir de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale : projet d’une métropole locale à statut d’autonomie »

On m’a demandé d’intervenir ce soir sur un épisode peu connu de l’activité de Monseigneur Serge qui a eu lieu vers la fin de sa vie. Je le fais volontiers pour honorer sa mémoire et contribuer à approfondir le sens de son action en tant qu’archevêque dirigeant de l’Archevêché des Eglises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale.

« Vision de Mgr Serge (Konovaloff) pour l’avenir de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale : projet d’une métropole locale à statut d’autonomie »
A) Formation d’une commission

Le 13 novembre 2001 l’Archevêque Serge convoquait à l’administration diocésaine, rue Daru, quelques personnes qu’il considérait vraisemblablement comme très proches et dignes de confiance. Il s’agissait du secrétaire général du Conseil de l’Archevêché Basile de Tiesenhausen, le précédent secrétaire le prince Serge Obolensky, le trésorier de l’Archevêché Oleg Lavroff, le marguillier de la Cathédrale Vadim Tichonicky et moi-même. Monseigneur Serge demandait la confidentialité la plus complète sur cette réunion et les suivantes. Toutefois, douze années après la rencontre et dix ans après le décès de Monseigneur Serge, cette confidentialité n’a plus lieu d’être. Les autres participants en sont d’accord, nous sommes dorénavant dans le domaine de l’Histoire de notre Archevêché.
Je me sers de mes notes prises soigneusement au cours de la rencontre pour rapporter mon récit.

Monseigneur Serge exposait alors à ce petit groupe de travail sa vision de l’état dans lequel se trouvait l’Archevêché et les perspectives qu’il envisageait pour son avenir. Il considérait que cet avenir était incertain. Il fallait en élaborer une vision claire et prendre des décisions afin d’éviter les grandes difficultés qu’il pressentait.

Le premier thème de l’exposé de Monseigneur Serge fut consacré à l’examen de nos relations avec « Constantinople ». C’est de cette manière que l’on appelait notre centre de canonicité situé à Istanbul en Turquie, personnalisé par le Patriarche Bartholomée et le saint Synode dont le siège est au Phanar. Ses observations étaient les suivantes :
1. Rien de nouveau ne se profilait sur le plan des relations entre les Eglises : l’antagonisme entre les centres patriarcaux de Moscou et de Constantinople était à son paroxysme. Le différent portait sur l’organisation ecclésiale en Ukraine et faisait suite au grave conflit vécu en Estonie quelques années auparavant.
2. Notre Archevêché dans ce contexte avait une position difficile : il était issu de l’Eglise russe, c’est-à-dire du patriarcat de Moscou mais se trouvait dans l’obédience du patriarcat de Constantinople. Sa position était donc inconfortable, entre les deux patriarcats en conflit.
3. Une troisième constatation, d’ordre ecclésiologique, compliquait les éventuelles relations entre l’Archevêché et le patriarcat de Constantinople : celui-ci considérait qu’il avait des droits canoniques supérieurs aux autres patriarcats. Il avait donc des prétentions juridictionnelles immédiates sur les pays dans lesquels nous vivons.

Sa conclusion était des plus directes : « Le plus simple est le retour dans l’Eglise russe » !
Mais cette solution, à son avis, demandait la plus grande prudence. L’exemple donné par l’Eglise Russe Hors Frontières à cette époque, qui commençait à renouer des contacts avec l’Eglise de Russie, n’était pas très rassurant. Elle souffrait des prémices d’un schisme interne, heureusement de petite proportion : les « lavristes », tenants de Monseigneur Lavr ; partisan du rétablissement du

lien canonique avec le patriarcat de Moscou et les « vitalistes », tenants de Monseigneur Vitaly qui avait toujours été hostile à cette solution.
Allant plus loin dans son analyse de l’état de l’Archevêché, Il distinguait 3 tendances qui se développaient alors en son sein :

1. La volonté de retourner rapidement au sein de l’Eglise russe ;
2. La volonté de perpétuer le statu quo canonique de l’Archevêché dans le Patriarcat de Constantinople ;
3. Le refus de l’un et de l’autre et la tenue d’un combat pour une Eglise locale.

Sur ce dernier point, il nous expliquait qu’à son avis, établir une Eglise locale dès maintenant était une illusion, car elle ne pouvait se former qu’avec tous les orthodoxes de nos pays. L’Archevêché n’était qu’une composante de l’ensemble du « conglomérat d’églises juridictionnelles » (c’est son expression). L’Archevêché ne pouvait jouer au mieux que le rôle d’un embryon de la future Eglise.
D’autre part, l’Archevêché se réduisait en nombre, alors que les autres juridictions se renforçaient avec l’arrivée de nouveaux émigrés des pays de l’Est. Les générations issues de l’ancienne émigration russe diminuaient et les nouveaux venus n’étaient pas si nombreux dans l’Archevêché et consolidaient plutôt le diocèse de l’Eglise russe. Finalement l’Archevêché allait lentement vers son implosion. Au mieux, on risquait un éclatement de ses différentes composantes lentement absorbées par les autres juridictions.
Or, il disait que son engagement personnel était de garder l’intégrité du corps ecclésial qui lui avait été confié, « цельность нашего церковного удела».

Avec cette introduction, Monseigneur Serge voulait nous amener à une réflexion qui devait aboutir à un engagement et une action.
Finalement, après discussion, les conclusions de Monseigneur Serge étaient celles-ci :

1. Il fallait absolument garder notre identité : la provenance russe (notre héritage…) et notre ouverture sur la réalité locale, notre mission, tout ce qui fait notre « spécificité ». Or, il ajoutait : « нас так мало, своими силами не удержаться» (« nous sommes si peu et nos forces ne nous permettent pas de résister »). Il fallait avoir l’aide de nos patriarcats, tout en gardant l’autonomie que nous avions.
2. Sur ce plan, obtenir quelque chose de Constantinople, plus que ce que nous avions déjà, n’était pas réaliste. Nous n’avons rien à recevoir de ce centre, si ce n’est la couverture canonique.
3. S’adresser à Moscou ? Si l’on y arrivait, il fallait tenter de négocier deux choses :
a. Une autonomie ;
b. Des forces nouvelles.

On comprend de ce qui précède que Monseigneur Serge n’était pas du tout partisan d’un retour pur et simple à l’Eglise russe, mais voulait, à l’occasion de cette nouvelle étape de la vie de l’Archevêché, obtenir :

1. le maintien de ses acquis auprès du patriarcat de Constantinople : reconnaissance canonique allant de pair avec une large indépendance de la vie interne de l’Archevêché ;
2. une augmentation des forces par la réunion des paroisses de l’Archevêché et celles du patriarcat de Moscou ;
3. l’accession à l’autonomie.

La réunion se termina sur deux décisions :
1. Prévenir le Patriarche Bartholomée. Ce qui fut fait. M. de Tiesenhausen en a parlé.
2. Commencer les négociations avec l’Eglise russe.

B) Discussions avec l’Eglise russe

Les discussions commencèrent donc avec l’Eglise russe. Celle-ci demanda à Monseigneur Serge de définir ce qu’il souhaitait pour l’Archevêché. Après quoi, viendrait le moment de négocier, si besoin.
Monseigneur Serge entreprit de réunir plusieurs fois la commission citée plus haut pour définir les objectifs à atteindre lors des discussions

Pour cela, Monseigneur Serge se servit des conclusions d’une autre commission qu’il avait formée auparavant : la commission nommée « Avenir de l’Archevêché ». Elle rassemblait des représentants de toutes les tendances et sensibilités qui existaient dans l’Archevêché et était composée de quinze personnes. Elle a travaillé intensément, si ma mémoire ne fait pas défaut, de mars 2001 à janvier 2003 et a rédigé un rapport qui exprime bien les tendances qui existaient en son sein. Deux propositions se détachaient :

1. Une partie de la commission préconisait de laisser l’Archevêché, telle qu’il était, au sein du patriarcat de Constantinople.
2. L’autre partie prônait le rétablissement des relations canoniques avec son Eglise Mère, l'Eglise russe, rendu possible par la disparition du régime communiste et les nouvelles conditions de vie de l'Eglise en Russie.
Il était en effet envisageable de rechercher avec l'Eglise russe une solution commune pour toutes les paroisses d'origine russe qui tiendrait compte de la spécificité territoriale, statutaire, liturgique, théologique et humaine de notre Archevêché. Elle pourrait renforcer son caractère indépendant en établissant, par exemple, un « Exarchat autonome ». Cette solution, l’autre voie de la commission « Avenir de l’Archevêché », devait honorer les règles actuelles de la vie liturgique, pastorale, canonique et spirituelle de l’Archevêché, c'est-à-dire garder :
1. Une conformité au rite orthodoxe oriental gréco-russe (Vostotchnoié Greco-Rossiïskoié Pravoslavié), s’inspirant des écrits des saints apôtres, des saints conciles oecuméniques et locaux, des Pères de l'Eglise, et en particulier des actes et décisions du concile de Moscou de 1917-18 ;

2. Son unité, et son implantation géographique en Europe occidentale, sa pluriethnicité et l’usage des langues locales ;
3. Son autonomie d’administration et de gestion et notamment, l’élection de son « primat» et des autres évêques, par une Assemblée générale clérico-laïque ;
4. L'inaliénabilité de son patrimoine en Europe occidentale.

Ceci en recherchant la réalisation des points suivants qui caractérisent une Eglise autonome :
1. Elévation de l’archevêché au rang de métropole ;
2. Création, en la métropole, de véritables diocèses territoriaux ayant à leur tête des évêques diocésains élus par l’assemblée générale de la métropole ; les diocèses devant respecter la diversité culturelle et linguistique de leurs paroisses dans un authentique souci pastoral d’unité et de mission ;
3. Constitution d'un saint synode d'évêques de la métropole ;
4. Election de son primat par l’assemblée générale métropolitaine, confirmée par le Saint Synode patriarcal
5. La métropole ainsi constituée serait la personne morale propriétaire indiscutable des biens appartenant aux diverses parties qui la composent ;
6. Les évêques diocésains établis sur le territoire français participent naturellement aux travaux de l’AEOF dont le président serait élu ou tournant.

Bien entendu, cette solution ne pouvait être acceptable que si les discussions, entreprises avec l'Eglise russe, aboutissaient à un accord en bonne et due forme garantissant l’indépendance et des statuts témoignant d’améliorations significatives par rapport à la situation actuelle.
Monseigneur Serge nous demanda alors d’élaborer avec lui les statuts d’une telle métropole à statut d’autonomie. Il fallait, nous disait-il, construire sur ce qui existe déjà dans l’Archevêché et prendre exemple sur les statuts d’une église à statut d’autonomie existant au sein du patriarcat de Moscou.

Le travail de la rédaction des statuts fut entrepris et des négociations commencèrent par messages électroniques, par des contacts directs de Monseigneur Serge avec le patriarcat de Moscou et par l’envoi d’émissaires.

C) Statuts de la métropole
Le point de départ était donc, pour Monseigneur Serge, les statuts de l’Archevêché tels qu’ils étaient en vigueur en 2001. A la fin de 2002, après de nombreuses réunions, d’aller-retour des textes entre Paris et Moscou, un texte quasi achevé apparut. Il a été publié plus tard, mais n’a pas eu, à mon avis, l’examen et la résonnance qu’il mérite.

Je vais m’efforcer d’en mettre en évidence les points essentiels en me servant des statuts annotés de la main de Monseigneur Serge lui-même.

I. Généralités

1. Origine.
Les statuts ont été rédigés à partir de ceux de l’Archevêché des Eglises Russes en Europe Occidentale. Ils gardent donc leur empreinte, particulièrement parce qu’ils s’inspirent, comme il est convenu de le dire, du concile de Moscou de 1917-18, surtout en ce qui concerne la représentativité des laïques dans les rassemblements de l’Eglise.

2. Fondation
Ils prévoient la création d’une métropole qui serait la réunion des paroisses de l’Archevêché et du Patriarcat de Moscou présentes en Europe Occidentale.

Article 1. La Métropole
La nouvelle entité ecclésiale créée est la Métropole des Eglises Orthodoxes de Tradition Russe en Europe Occidentale, issue de la réunion de l’Archevêché des Eglises Russes en Europe Occidentale avec les diocèses et paroisses du Patriarcat de Moscou en Europe Occidentale.
Chacune de ces entités était reconnue et enregistrée officiellement tant par les autorités ecclésiales que civiles et avait des statuts qui sont annexés à ceux-ci.

La réunion et l’intégration canonique ont été adoptées :
1.1 Par l’Archevêché lors de l’Assemblée Générale du ………200.,
1.2 Par le Patriarcat de Moscou lors du Concile épiscopal ……. 200..

Article 3. Situation canonique

3.1 La Métropole se trouve canoniquement dans l’Eglise de Russie et bénéficie du statut d’une Eglise autogérée avec les droits de l’autonomie.

3.2 Son primat a la dignité de Métropolite exarque du Patriarche de Moscou et de toute la Russie.
3.3 Le Métropolite reçoit le saint Chrême du Patriarche de Moscou et de toute le Russie.

3. Nom de la métropole

Article 2. Dénomination
La métropole ainsi définie porte le nom de « Métropole russe en Europe Occidentale » (plus loin, « Métropole »).

4. Territoire de la métropole

Article 5. Limites et fondements
La Métropole inclut les paroisses orthodoxes, communautés et autres organismes ecclésiaux situés en Europe Occidentale qui ont décidé de l’intégrer.
La Métropole réalise son activité en accord avec la législation de chaque pays en se fondant sur :
5.1 L’Ecriture Sainte et la Sainte Tradition.
5.2 Les constitutions apostoliques, les règles des conciles oecuméniques et locaux, les règles des saints Pères, les décisions des conciles locaux et épiscopaux de l’Eglise Russe, en particulier, du concile de l’Eglise russe de 1917-1918.
5.3 Des Traditions de l’Orthodoxie gréco-russe.
5.4 Des présents statuts.

5. Composition - membres :

Article 7. Composition
Les Membres de la Métropole sont les diocèses, paroisses, organismes synodaux, monastères, fraternités, communautés de soeurs, séminaires, missions, représentations et dépendances. Chacun d’eux possède son statut juridique conforme au pays dans lequel il se trouve et dépend canoniquement de la Métropole.

6. Structure hiérarchique :
Article 8. Structure hiérarchique
La Métropole possède un système hiérarchisé d’administration. Les organes d’administration les plus élevés sont :
8.1 L’assemblée générale de la Métropole (ci-après « Le Concile »).
8.2 Le concile épiscopal.
8.3 Le conseil de la Métropole (ci-après « Le Synode »).
8.4 Le tribunal ecclésiastique en deux instances :
8.4.1 Tribunal diocésain.
8.4.2 Tribunal du concile épiscopal

7. Lieu juridique que Mr Serge avait prévu.
Article 13. Lieu de l’administrationМесто Управления
L’administration de la Métropole se situe à Paris, auprès de la cathédrale Saint Alexandre Nevsky (12, rue Daru – 75008 Paris, France).

8. Relation avec les autorités civiles
Article 14. Situation vis-à-vis de la société civile
Sur le territoire français, la Métropole est gérée conformément à la législation civile et les présents statuts, enregistrés par les autorités françaises. Les autres organisations membres de la Métropole, situées en dehors de la République Française, se conforment à la législation du pays dans lequel elles se trouvent.

9. Enfin, statut du Métropolite :
Article 15. Le Primat
La Métropole et ses membres se trouvent sous l’autorité spirituelle, administrative et morale du Primat qui a le rang de métropolite portant le titre : .............-........................................................... Le métropolite a une relation directe avec le Patriarche.
Le métropolite est le président de la personne juridique de la Métropole.

* * *
II. Structure de la métropole

La métropole composée de ses membres adopte différents niveaux hiérarchiques de représentation et d’administration.

1. Le Concile
Le « Concile » est la même chose que L’Assemblée Générale » dans l’Archevêché.
Article 18. Le Concile
Dans la Métropole, l’autorité la plus élevée dans le domaine légal, administratif, judiciaire et de contrôle appartient au Concile. Le Concile ordinaire se réunit tous les trois ans. Dans les cas extraordinaires, un Concile extraordinaire peut être convoqué à tout moment par le métropolite et le synode.

Le Concile exprime la plénitude des membres de la Métropole. Après confirmation par le métropolite, ses décisions s’imposent à chacun dans la limite de la légalité et des présents statuts.
Article 19. Participants au Concile

Participent au Concile :

19.1 Tous les membres du clergé (métropolite, archevêques, évêques, prêtres, diacres), incardinés ou non, en exercice ou à la retraite mais appartenant obligatoirement canoniquement à la Métropole. Tous les prêtres et les diacres doivent être rattachés à une paroisse ou une communauté par un document officiel mentionnant ce rattachement.
19.2 Tous les psalmistes nommés à cette fonction par un document de leur évêque.
19.3 Les membres du synode.
19.4 Les délégués laïques de tous les membres qui composent la Métropole. Les délégués sont élus par les assemblées générales des paroisses et des communautés pour trois ans. Le nombre des délégués laïques dans chaque paroisse est égal au nombre de délégués du clergé augmenté du nombre de psalmistes officiellement rattachés à la paroisse.
19.5 Un représentant de l’Institut de Théologie Saint-Serge. Ce délégué est choisi parmi le corps professoral et doit dépendre de la Métropole.
19.6 Deux délégués de chaque communauté monastique officiellement rattachée à la Métropole et qui compte en son sein plus de dix moines ou moniales et un délégué de chaque communauté monastique qui compte en son sein entre trois et dix moines ou moniales.
19.7 Un délégué de chaque organisation orthodoxe se situant spirituellement dans la Métropole et dont la liste est établie par le Synode.
19.8 Un délégué de chaque église privée (par exemple auprès de maisons de retraite) rattachée à une paroisse et desservie par le clergé de la Métropole. La liste de ces églises est définie par le Synode.
Le concile ordinaire traite de la vie de la métropole.

Article 29. Exposés et rapports

Le concile ordinaire auditionne :
29.1 Le rapport moral du métropolite sur la vie de la Métropole durant la période écoulée.
29.2 Le rapport moral des évêques diocésains.
29.3 Le rapport du secrétaire général de la Métropole.
29.4 Le rapport financier du trésorier sur les comptes, le budget et les questions financières.
29.5 Le rapport de la commission d’audit.
29.6 Le rapport des commissions spécialisées et autres responsables nommés par le métropolite.
Il élit les participants au Synode :
Article 33. Candidature au Synode
33.1 Les candidats au synode sont élus uniquement parmi les présents au Concile ordinaire, sauf absence reconnue exceptionnelle par le présidium.
Il élit les candidats à l’épiscopat :
Article 36. Election des évêques
Le concile ordinaire élit à bulletin secret nominal les candidats à l’épiscopat sur proposition du Métropolite. Pour cela le Métropolite reçoit préalablement les opinions sur les candidats du Saint Synode des évêques et du synode et reçoit la bénédiction de Sa Sainteté sur les candidatures.
Chaque candidat doit avoir résidé au moins une année sur le territoire de la Métropole.

Le concile extraordinaire élit le Métropolite :
Article 37. Convocation du Concile extraordinaire
Réuni avec toutes les procédures prévues pour cela, le Concile Extraordinaire possède les pouvoirs pour :
37.1 Elire le Métropolite.
37.2 Modifier les statuts sur proposition du synode et avec l’accord préalable du Patriarche.

2. Le métropolite
Article 40. Définition

Le métropolite est le primat de la Métropole qu’il dirige avec la participation des évêques diocésains, des prêtres et des laïques, conformément aux principes de conciliarité de l’ecclésiologie orthodoxe. Le métropolite préside ex officio le Concile, le Saint Synode et le synode. Le métropolite, avec la participation du Saint Synode et du synode jouit des droits d’autorité dans les domaines de l’enseignement doctrinal et éthique, de la vie liturgique et du service pastoral. Le nom du métropolite est mentionné dans toutes les églises de la Métropole, après celui du Patriarche de Moscou et de toute la Russie.

Article 43. Candidature à la dignité de Métropolite
La procédure de recherche des candidats pour l’élection par le Concile extraordinaire est déterminée par le synode et les noms des candidats sont collectés auprès des paroisses avant la première session du Concile.
Article 45. Confirmation par le Patriarche
Le résultat de l’élection par le Concile extraordinaire attesté de par écrit par le présidium du Concile est transmis par le Lucum Tenens pour confirmation par le Patriarche.
3. Le Saint Synode
Article 56. Composition
Le Saint Synode est composé du métropolite, des évêques diocésains, des évêques vicaires (s’il y a lieu) et des évêques en retraite. Il est présidé par le métropolite

Article 57. Convocation et périodicité
Le Saint Synode se réunit sur convocation du métropolite ou du Locum Tenens en fonction des besoins et pas moins de deux fois par an.
4. Le Synode
Article 62. Composition
Le Synode est composé :
- du métropolite – président du synode ;
- des évêques diocésains et évêques vicaires ;
- de six membres du clergé ;
- de six laïques.

Les membres du clergé doivent résider de façon permanente sur le territoire de la Métropole et sont élus pour six ans. Leur mandat peut être renouvelé deux fois. Tous les trois ans la moitié de chaque collège est renouvelée.
5. Eparchies ou Diocèses
Il est prévu que les diocèses de la Métropole possèdent la même structure que la Métropole elle-même, mais au niveau inférieur : le Concile devient l’assemblée générale. Le synode conseil du diocèse, etc…

* * *
D) Conclusion et destin du projet

1. Conclusion
Nous sommes donc en présence d’une volonté de concevoir une Eglise Locale :
1. Le projet de Monseigneur Serge comporte l’établissement d’une Métropole territoriale. Les évêques diocésains sont des évêques de territoires bien définis.
2. La Métropole est autogérée, c’est-à-dire qu’elle possède le statut d’autonomie :
a. Toutes les instances sont élues sur place par une assemblée clérico-laïque, appelée Concile, qui élit le métropolite, les évêques et les membres du synode.
b. Le Patriarche ne confirme que le primat : le métropolite. Dans cette perspective, les candidats à l’épiscopat doivent recevoir préalablement sa bénédiction pour être élus par le Concile. Ces candidats doivent avoir résidé sur le territoire de la Métropole au moins un an.
c. La métropole possède un Saint Synode, composé par tous les évêques qui existent en son sein

Cependant, il s’agit d’un document inachevé qui demandait à être mûri. Il a montré néanmoins qu’il était possible, avec de la bonne volonté, de réaliser un travail commun avec le Patriarcat de Moscou, arriver à une convergence de vues et à un accord.
Malheureusement, il est le résultat du travail personnel de Monseigneur Serge qu’il n’a pas eu le temps de présenter ni au Conseil de l’Archevêché ni à son Assemblée Générale.
Il reste cependant dans le domaine de ce que l’on a appelé, une « structure d’attente ». En effet, chaque diocèse territorial de la Métropole ne comprenait, dans ce projet, que les paroisses et communautés issues de l’Eglise russe. Le processus d’union avec les paroisses et communautés issues des autres Eglises locales, présentes sur le même territoire que la Métropole, est reconnu comme beaucoup plus long, bien que fort espéré et indispensable, pour former une vraie Eglise locale qui rassemblerait les orthodoxes de toutes origines.

2. Destin de ce projet
Monseigneur Serge comptait probablement sur son autorité et sa conviction pour faire adopter par le Conseil et l’Assemblée Générale de l’Archevêché cette nouvelle évolution de son statut.

On ne peut aujourd’hui qu’imaginer ce qui se serait passé après la mise en place de cette métropole :

1. Tout conflit canonique entre le Patriarcat de Moscou et l’Archevêché aurait pris fin dès sa promulgation. Par conséquent, les paroisses auraient reçu, sans réserve de leur part, le renfort des nouveaux arrivants de Russie. Ceci a toujours fait partie de la mission de ces paroisses.
2. La nécessité d’un nouveau séminaire pour l’Eglise russe aurait disparue et l’Institut Saint-Serge aurait vu son personnel enseignant renforcé, ses étudiants plus nombreux et son influence affermie et élargie.
3. L’Eglise russe n’aurait pas eu besoin de construire une nouvelle cathédrale : celle qui existe aurait suffi.

Monseigneur Serge s’éteignit dans le Seigneur quelques semaines après l’élaboration de ces statuts.
Le patriarcat de Moscou ne savait alors plus quoi en faire.


1. Fallait-il enterrer ce qui venait, avec beaucoup de difficultés et de négociations, d’être mené à son terme ?
2. Fallait-il ouvrir immédiatement à la plénitude de l’Archevêché le travail accompli en confidentialité et proposer sans préambule la métropole ?
3. Fallait-il attendre et recommencer les discussions avec le successeur de Monseigneur Serge ?

Personnellement, je préconisais cette dernière solution. Le Patriarcat choisit la seconde en publiant la lettre du Patriarche Alexis II, arrivée à Paris le 1er avril 2003.

Cette lettre, avec une grande compréhension de la situation, proposait ce que Monseigneur Serge avait négocié : l’établissement de la Métropole autonome avec à sa tête le Métropolite Antoine (Bloom).
On connait la suite : Monseigneur Gabriel, élu successeur au siège de Monseigneur Serge, n’était manifestement pas bien informé de ce que ce dernier avait négocié. La même ignorance était valable pour les membres du Conseil diocésain. Celui-ci n’a pas suivi l’avis de plusieurs de ses membres de sursoir à l’élection du nouvel Archevêque pour prendre le temps d’examiner en détail la situation déclenchée par la lettre du Patriarche Alexis.

On connait la suite.
Archiprêtre Nicolas Rehbinder 12/12/2012

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Rédigé par Orthodoxie.com le 29 Novembre 2017 à 19:21 | 136 commentaires | Permalien


Commentaires
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136.Posté par Daniel le 21/02/2013 11:06
@ Jean-Marie Lotte (134)

Si cela est question de géopolitique, alors, je ne dirais jamais "jamais" car en géopolitique, tout est possible : on se déteste aujourd'hui, on s'embrasse demain etc.

Je n'entends pas ce que vous entendez par partie de l'Eglise de Russie libre. Comment être libre dans l'ensemble plus vaste mais captif qu'est le Patriarcat de Constantinople, captif des Etats-Unis, (jadis de l'Angleterre), de la Turquie, un peu de la Grèce. A titre d'exemple, chacun sait qu'Athénagoras fut imposé comme patriarche par un étrange accord américano-turco-etc.

Pour survivre aux pressions diverses et variées des autorités turques, Constantinople doit s'accommoder avec : les autorités turques, avec les autorités américaines, peut-être européennes (pour qu'elles exercent leur influence auprès des autorités turques). Vous qui parlez géopolitique,pensez-vous qu'en géopolitique les cadeaux gratuits existent?

Je ne pense pas qu'à ce jour, le Patriarcat de Constantinople soit plus libre que celui de Moscou par rapport à certaines intrusions politiques discrètes mais efficaces...

135.Posté par Marie Genko le 21/02/2013 10:07
Cher Jean Marie Lotte,

Je crois comme vous qu'une grande influence géo-politique entre en ligne de compte.

Mais comprenez que c'est le Phanar, et non l'Eglise de Russie, qui n'est pas libre de ses actions, pris en étau comme il l'est, entre le marteau des dictats américains et l'enclume turque !

Un homme d'Eglise est capable de désobéir aux dictats lorsque ceux-ci vont contre sa conscience!

Le Patriarche Athénagoras, qui a été un très grand patriarche, a montré l'exemple en renvoyant Daru à son Eglise mère!

Avec l'aide de l'Esprit Saint tout est possible aux hommes de prières!

Et il m'a suffit d'approcher une seule fois Sa Sainteté Bartholomée pour me rendre compte qu'il était lui aussi un homme nimbé de prières.

Le diocèse créé par l'Eglise russe lui revient selon nos Canons orthodoxes et les paroisses qui voudront rester sous l'omophore de Constantinople pourront sortir de ce diocèse en attendant la création de l'Eglise Locale à laquelle elles aspirent.

Avec tout mon amitié Marie


134.Posté par jean-marie lotte le 20/02/2013 21:28
Cher Marie! Merci pour votre anglais !Nicodeme et Boris j'ose l'ecrire encore une fois , Daru ne serat jamais rendus a Moscou par la Sublime Porte ,le Phanar ! C 'est une question de geopolitique ! J'ajouterais regardons la verite en face... il faut bien qu'existe un bout d'eglise russe vraiment libre !!!

133.Posté par Marie Genko le 20/02/2013 20:57
Cher Boris,

Merci pour votre message 131.
Je veux croire que tous les Patriarches orthodoxes s'efforcent dans la tourmente de l'Histoire de faire de leur possible pour préserver l'Eglise et les fidèles que le Seigneur leur a confiés.

Vous avez très certainement raison lorsque vous écrivez :

"D’abord la métropole est une réalité et non un phantasme non canonique et désincarné de l’école philosophique de Paris."

Il est tout à fait vraisemblable que cette métropole russe verra le jour.

Mais personne ne souhaite que certains restent sur le côté ... Soyons positifs, cher Boris, et prions pour que la situation en Europe occidentale se dénoue selon les Canons orthodoxes pour le plus grand bien de tous les fidèles présents dans ces pays!

Et ces Canons exigent que le diocèse russe de l'archevêché revienne à son Eglise mère.

Ces Canons exigent aussi la création d'un diocèse occidental soumis à un patriarche occidental!

Avec toute mon amitié Marie

132.Posté par Marie Genko le 20/02/2013 20:40
Cher Daniel Fabre,

Je ne parle pas des descendants des exilés de 1920, ceux là, pour la plus part d'entre eux, se sont assimilés à la France. Et souvent ne parlent même plus le Russe...!

Mais Paris est rempli de Russes, d'Ukrainiens, de Moldaves et de Roumains qui sont des immigrants de très fraîche date! De Serbes et de Grecs certainement aussi...?

Vous ne cotoyez probablement pas beaucoup de ces personnes en Province, mais je peux vous assurer qu'à Paris ils sont très nombreux et l'église des Trois Saint docteurs du Patriarcat de Moscou, et de même la cathédrale de la rue Daru, sont remplies de ces gens déplacés chaque dimanche!!!

Les diocèses grecs, serbes, russes ou roumains ont leur raison d'être! Cela est incontournable !

Vous faites une petite erreur lorsque vous parlez de 150 ans !
L'exil des Russes blancs a moins de cent ans!
Et si je me sens mieux dans le rite et la langue qui m'ont été légués par mes parents, je ne vois pas pourquoi, cent ans plus tard, je ne pourrais pas rester fidèle à l'Eglise de Russie?

Pour respecter les Canons et pour faciliter la création de cette Eglise Locale, nombreux seraient les Orthodoxes qui seraient prêts à se plier aux règles et qui accepteraient que leur clergé commémore un nouveau patriarche d'Occident!

Pardonnez-moi d'avoir parlé du " trône de Pierre", c'est mon acculturation en pays catholique qui m'a induite en erreur....!
Toutefois selon ma compréhension des choses, rétablir un Patriache à Rome ferait de cet évêque le premier dans l'ordre des dyptiques.

Avec toute mon amitié Marie

131.Posté par Boris le 20/02/2013 18:28
C'est un dixième de l'OCA et la direction de ce petit groupe basé à Paris a abandonné l'Eglise russe pour celle de Constantinople il y a prés de quatre vingt ans . Il n'y a plus qu'un seul évêque, actif mais pas en bonne santé, et une atmosphère malsaine et russophobe de "fin de siècle" s'y est installée; la décadence de la pratique dans plusieurs paroisses et la faiblesse numérique ailleurs - beaucoup venant d'ailleurs du Patriarcat – l'ont en grande partie fragilisé.
........................

Ceux qui sont entraînés à la dérive par le patriarcat de Constantinople ont aujourd’hui la possibilité de réintégrer le patriarcat de Moscou ou l’EORHF autonome qui est actuellement dirigée par le métropolite le plus ouvert et le plus compréhensif de son histoire. Par naïveté, par inexpérience vous n’avez pas voulu entendre les avertissements que nous vous avions adressés à l’époque en nous fondant sur notre triste expérience. Les idéaux multiethniques qui étaient ceux de l’Eglise russe au XVII siècle revivent. La nouvelle métropole européenne est viable, elle est déjà en devenir.

"Les cyniques peuvent en douter mais il faut qu’ils n’oublient pas trois choses :

- D’abord la métropole est une réalité et non un phantasme non canonique et désincarné de l’école philosophique de Paris.
- Deuxièmement, elle est l’unique solution réaliste car le patriarcat de Constantinople n’a jamais volontiers octroyé l’autonomie, sans parler de l’autocéphalie à qui que ce soit. Le professeur Basile Osborne me l’a expliqué il y a 35 ans. Les récents évènements de Bulgarie en sont d’ailleurs une preuve.
- Et troisièmement :les cyniques doivent ne pas perdre de vue que l’Eglise n’est pas gouvernée par les hommes mais par Dieu, que c’est à Lui qu’elle appartient. Nous nous efforçons d’accomplir la volonté de Dieu et non la notre. L’histoire récente de l’Eglise orthodoxe russe et de sa résurrection miraculeuse après le Golgotha soviétique en est une preuve.

A ceux qui sont à la recherche d’un havre de paix et qui veulent maintenir intacte la Tradition orthodoxe nous disons :" ne ratez pas le train". Souvenez vous que l’homme propose et que Dieu dispose. " (Père Andrew Phillips)

130.Posté par Daniel FABRE le 20/02/2013 16:25
Marie :
"...Les diocèses créés par les Russes, les Roumains et les autres ont été créés pour les Russes et les Roumains ou les Serbes expatriés!..."
les expatriés ne vivent quand même pas jusqu'à 150 ans...! ou bien ?les autres ont maintenant comme patrie la France et ne sont donc plus des expatriés !
"...puisqu'il régnerait sur le trône de l'apôtre Pierre!...."
il n'y a pas de trône de Pierre, Pierre n'a jamais été évêque de Rome et Rome fut un patriarcat comme Constantinople en raison de villes impériales.

129.Posté par Marie Genko @Daniel: message 126 le 20/02/2013 15:06
Cher Daniel,

Je reviens à votre message 126.
Vous écrivez plusieurs propositions:

1/- Tout le monde dépend de Constantinople, option défendue par Constantinople uniquement.

Personne ne semble prêt à accepter cette solution qui rappelle trop une organisation catholique romaine.

2/- Les paroisses restent rattachées à leur église-mère, la question étant, pour combien de temps, pour l'éternité, car cela amène à la superposition d'évêques et de diocèses.

Des diocèses émanant de différents patriarcats existent déjà en Occident.
Comme le rappelle Vladimir, ils ont été créés pour la pastorale des personnes déplacées.
Ces personnes déplacées continuent à affluer en Occident, il serait absurde qu'elles ne puissent pas profiter des bienfaits d'un clergé de leur Patriarcat d'origine.
Cependant ce flot peut très bien tarir au grés des crises ou des évènements?
Il me semble vraisemblable que ces différents diocèses attachés à leurs Eglises mère n'ont pas vocation à s'étendre. Ils pourraient simplement continuer à subsister le temps nécessaire à leur pastorale et à leur apostolat.

3/- Les diverses paroisses s'intègrent dans un diocèse commun, fondée sur le territoire avec un évêque par diocèse, solution la plus canonique. Chaque paroisse peut conserver ses pratiques, usages etc. La question est : à partir de quand une telle solution est-elle mûre?

Les paroisses peuplées d'autochtones pourraient être le noyau du futur Patriarcat d'Occident!
Les françaises célèbreraient en Français, les allemandes en Allemand etc.
Toutes les paroisses, même celles des diocèses rattachées aux Eglises mères commémoreraient le Patriarche (de Rome?) d'Occident !
C'est la solution qui devrait mettre tout le monde d'accord???

4/- Dans une zone conflictuelle, les paroisses pourraient toutes être rattachées à une seule église orthodoxe, trop petite par sa taille pour être soupçonnée d'ambitions expansionnistes. J'avais lu cette solution dans un article de quelqu'un dont le nom de famille était Sollogoub.

Cela a été la solution de l'ECOF qui s'est intégrée au Patriarcat roumain, mais cela ne résoud pas le problème de la superpositions des évêques et des diocèses.

En résumé, la création de ce patriarcat d'Occident me semble la solution la plus canonique!
Et tant pis pour l'oeucuménisme puisqu'il n'a donné aucun fruit jusqu'à présent.

Avec toute mon amitié Marie

128.Posté par V. Golovanow le 20/02/2013 13:32
Merci bien cher Daniel pour ce lien
.
Il y a aussi un article en français sur http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_d%27Aghbanie. L'Aghbanie (nom qui prête moins à confusion) a été christianisée à partir de l'Arménie et, si on parle bien d'un "catholicossat" autocéphale, il ne semble pas avoir été proclamé canoniquement (aucune source en tout cas), pas plus que celui d'Arménie. Cela explique pourquoi ces deux Eglise ne paraissent pas dans la liste du père Jivko, d'autant qu'elles ont toutes deux rejoint le 1er schisme d'Orient dit "monophysite" ou "non-chalcédonien" (451)…

Et oui, bien cher Irénée, Mgr Stephane ne semble pas à une contradiction prés, ne trouvez vous pas?

Je n'apprécie pas spécialement l'expression "identité patriarcale" proposée par Marie. Elle correspond à une certaine réalité, puisque ce sont surtout des patriarcats qui ont une diaspora orthodoxe, mais les patriarcats sont avant tout des Eglises autocéphales dont les primats bénéficient d'une primauté d'honneur… d'ailleurs disputée dans certains cas (voir le débat sur les dyptiques), et il y a aussi des diasporas autres que patriarcales (je pense aux Ruthènes et aux Ukrainiens orthodoxes, aux uniates catholiques…). Mais ce qui est certain c'est qu'il y a un charisme propre aux Eglises locales qui dépasse le folklore et participe à l'icône trinitaire de l'unité dans la diversité de l'Eglise. Il n'y a pas que des manifestations superficielles (langue, musique, costumes…), mêmes si cela participe aussi à la Tradition, mais il y a un grand nombre de fêtes particulière, de saints locaux qui participent clairement à notre salut. Ainsi Constantinople n'a pas ajouté les Néomartyrs russes, à commencer par le saint empereur Nicolas et sa famille, alors que leurs fêtes, dont l'une vient d'avoir lieu, tiennent pour nous une place très importante dans le calendrier. Et qui fête Notre Dame de Kazan en dehors du PM? C'est pourtant la seule fête religieuse chômée en Russie avec Noël… Tout cela fait partie de l'apport particulier de chaque Eglise et il me semble tout à fait naturel de le garder précieusement…

Non, nous ne sommes pas en train d'inventer une nouvelle ecclésiologie: nous essayons de comprendre la situation que nous constatons et de lire les canons à travers le prisme de la réalité: « Les formes que prend l’être historique de l’Église sont très variées, c’est une évidence qui se passe de démonstration pour toute personne un tant soit peu familière avec l’histoire de l’Église. Une forme historique de l’existence de l’Église en remplace une autre. Néanmoins malgré la diversité des formes historiques, on y trouve comme un noyau immuable. C’est l’enseignement dogmatique au sujet de l’Église, en d’autres termes l’Église elle-même. La vie ecclésiale ne peut adopter n’importe quelle forme, mais seulement celles qui correspondent à son essence, qui sont capables de refléter cette essence dans des circonstances historiques données » écrit George Florovski (1). Les canons concernant la territorialité des Eglises ont été calqués sur le cadre administratif de l'empire romain: "Quel rapport avec notre vie peuvent avoir certaines règles, celles par exemple du Concile de Carthage, traitant de la manière de partager les chaires épiscopales avec les évêques revenus de l’hérésie donatiste (règle 132 du Concile de Carthage)" écrit le père Alexandre Schmemann. (2). J'ai montré que leur application a évolué au cours des siècles et je ne pense pas que la situation actuelle soit foncièrement anticanonique:
- Oui, nous devons parvenir à organiser canoniquement les diocèses de la diaspora "à savoir la présence d’un seul évêque dans le même lieu" selon le communiqué de la Préconciliaire Chambésy IV (2009) qui constate aussi que « au stade actuel est impossible… un passage immédiat à l’ordre canonique strict de l’Église concernant cette question»
- Oui nous devons espérer et prier pour que "au moment choisi par Dieu, /on en arrive/ à l’organisation de la future Eglise orthodoxe Locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays" comme le prophétisait le patriarche Alexis II en 2003. Cette Eglise locale devra certainement sauvegarder les différents apports et les liens avec les différentes autocéphalies qui ont contribuer à la construire: ce n'est pas simple. C'est notre défi. Mais l'exemple de l'OCA, "prophétique" comme dit Mgr Hilarion de Volokolamsk, montre que c'est possible.

Mais pour cela nous devons partir de la diaspora telle qu'elle est, comme l'ont unanimement reconnu les délégués dûment mandatés de toutes les Eglises à la Préconciliaire de 2009 en décidant "la création d’une certaine situation transitoire, qui prépare aussi la base d’une solution strictement canonique du problème". Et il faut bien reconnaitre que cette solution transitoire a été reçue et adoptée, avec la création des Assemblées épiscopales dans les régions prévues, et il est probable que, si le Concile se tient prochainement, il confirmera cette résolution et actera aussi bien l'existence de la diaspora orthodoxe que son organisation provisoire.

Ainsi donc la diaspora existe et comprend des millions de fidèles dont la plupart d'entre nous font partie… On peut lui imaginer d'autres noms: "territoires barbares" conviendrait bien aux canonistes du Phanar, "patriarcat d'occident" puisque le Pape récuse le titre (resterait à trouver le patriarche…), je laisse Irénée et les Daniels proposer d'autre dénominations. Mais pour moi "diaspora" convient bien, sans "guillemets" ni majuscule selon la définitinon du Larousse : "Dispersion d'un peuple, d'une ethnie à travers le monde: La diaspora arménienne" (3) car cela correspond bien à cette réalité du peuple orthodoxe dispersé loin de ses Eglises.

PS: J'ai été particulièrement intéressé par les courtes interventions de Mania MOURAIT et j'ai répondu sur un autre fil (4)

PPS: Et non, bien cher Nicodème, "Les commentaires peuvent paraître en français, en anglais et en russe" dit le règlement du forum (5). Merci pour votre intervention bien cher Jean Marie Lotte: le débat reste ouvert puisque "en théorie très exigeant, Constantinople s'est montré en pratique totalement inconséquent (ainsi en 1965 il annula sa juridiction sur le diocèse russe en France et l'appela à retourner sous l'omophore du Patriarcat de Moscou)" écrivait le P. Jean Meyendorff à propos de l'autocéphalie de l'OCA (5). La nomination d'un évêque grec (on parle en effet de Mgr Stephane de Tallin qui connait bien la France…), me semble par contre plus difficile puisque les statuts précisent qu'il faut "être rattaché à l’Archevêché depuis au moins cinq ans" (art. 41 c)


(1) In «'Sobornost’» (Catholicité) dans The Church of God, Londres, 1934, p. 63, cite par le père Alexandre Schmemann;
(2) In "Église et organisation ecclésiale", 1949, p2-3, http://www.exarchat.org/spip.php?article771
(3) Il s'agit en effet d'un mot grec ancien qui désigne la dispersion d'une communauté ethnique ou d'un peuple à travers le monde (les premières diasporas sont les diasporas grecques de l'Antiquité : la diaspora phocéenne fonda Massilia, future Marseille, vers -600) cf. fr.wikipedia.org/wiki/Diaspora
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Vladimir-Konovaloff-fils-du-defunt-Monseigneur-Serge-KONOVALOFF-Intervention-a-la-Table-Ronde-de-l-OLTR_a2919.html?com#comments
(5) In ; nécrologie du p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10. (Traduit du russe par V. Golovanow)

127.Posté par Marie Genko le 20/02/2013 11:55
Cher Daniel Fabre,

Pardonnez à ma conscience d'être têtue!

Il est impossible actuellement d'arracher les fidèles à leurs Eglises mères respectives!

Les diocèses créés par les Russes, les Roumains et les autres ont été créés pour les Russes et les Roumains ou les Serbes extpatriés!
Il est juste et normal que ces diocèses (dont l'archevêché de la rue Daru) restent sous l'omophore de leurs Eglises mères.

Par contre les paroisses francophones, néelandophones etc. qui souhaitent dépendre directement du patriarche orthodoxe de Rome pourraient se détacher de leur diocèse d'origine...
Il est probable que beaucoup de paroisses peuplées d'Occidentaux suivraient ce chemin...??
Et petit à petit l'Eglise Locale d'Occident verrait le jour sur notre sol!

Evidemment il s'agirait au début d'une très petite structure, certainement très pauvre et très humble!
Mais son Patriarche serait le premier entre les Patriarches puisqu'il régnerait sur le trône de l'apôtre Pierre!

En fait nous pouvons nous souvenir que l'EORHF a toujours dénoncé l'oecuménisme comme étant une hérésie!

Il me semble qu'il serait temps de nous poser ces questions qui nous renverraient vers la canonicité de l'organisation ecclésiale orthodoxe!

Avec toute mon amitié Marie

126.Posté par Daniel le 20/02/2013 11:47
Je ne pense pas que ces spéculations diverses et variées qui tiennent plus de la politique et des bruits de couloir fassent sens. Supputations sur qui va lâcher qui, sur quel évêque sera mis en place... Cela s'éloigne de la question lancinante : quelle est la bonne organisation des orthodoxes dans certains territoires. Pour résumer on a les propositions suivantes.

- Tout le monde dépend de Constantinople, option défendue par Constantinople uniquement

- Les paroisses restent rattachées à leur église-mère, la question étant, pour combien de temps, pour l'éternité, car cela amène à la superposition d'évêques et de diocèses

- Les diverses paroisses s'intègrent dans un diocèse commun, fondée sur le territoire avec un évêque par diocèse, solution la plus canonique. Chaque paroisse peut conserver ses pratiques, usages etc. La question est : à partir de quand une telle solution est-elle mûre?

- Dans une zone conflictuelle, les paroisses pourraient toutes être rattachées à une seule église orthodoxe, trop petite par sa taille pour être soupçonnée d'ambitions expansionnistes. J'avais lu cette solution dans un article de quelqu'un dont le nom de famille était Sollogoub

125.Posté par Nicodème le 20/02/2013 09:33
@Jean-Marie Lotte , il semble que vous ayiez été capable de comprendre le contenu de ce fil d'interminable discussion (péché mignon des zorthos) , donc vous devriez être capable d'intervenir en français . Je vous rappelle que ce forum est un forum francophone .Je rappelle aussi que l'anglais n'est pas , pas encore ! la langue véhiculaire en France , quoique le désire ardemment la classe politique .


124.Posté par Marie Genko le 20/02/2013 09:07
Dear Jean Marie Lotte,

There is no question of betraying Daru...!
(Il n'est pas question de trahir Daru...)

The question is about the canocity of Church organization in the West.
(Il est question de la Canonicité de l'organisation de l'Eglise à l'Ouest.)

The Mother church takes care of deplaced persons in the West and the parishes established by this mother church continue to depend upon her.
(L'Eglise mère assure la pastorale des personnes déplacées en Occident et les paroisses fondées par cette Eglise mère continuent à dépendre d'elle.)

But in order to follow the rules of Orthodoxy all clergy present in the West quotes the Western Patriarche when praying during services.
(Mais dans le but d'observer les Canons de l'Orthodoxie, tout le clergé commémore le Patriarche d'Occident durant les Liturgies.)

A new orthodox Patriarch of Rome could be established !
(Un nouveau Patriarche de Rome pourrait être établi.)

And this way the Orthodox would, in all Logique and canonicity, rebuilt the primitive unicity of the Church !
(De cette façon, en toute logique et canonicité, les Orthodoxes recopnstruiraient l'Unité primitive de l'Eglise!)

All this would mean abandoning all hope and action in the direction of oecumenism !
(Ceci signifierait l'abandon de tout espoir et action dans le sens de l'oecuménisme!)

May be this would create the necessary choc for the Catholics and the Protestants to realise that it is high time to come back to their original orthodoxy???
(Peut-être que ceci créerait le choc nécessaire pour les Catholiques et les Protestants pour qu'ils comprennent qu'il est grand temps qu'ils reviennent à leur Orthodoxie originelle???)

Yours sincerely Marie G.

123.Posté par Daniel FABRE le 20/02/2013 06:52
mais non Marie ! vous êtes têtue (je le dis fort tendrement) non et non, si ".............." comme vous dites, les prêtres dépendraient du patriarcat d'Europe occidentale et non plus de leur Eglise mère respective.
et dire que les KTOs ne reconnaissent pas les Eglises orthodoxes comme Eglise.....c'est juste mais aussi juste que depuis toujours en principe selon les Conciles et Canons les Orthodoxes ne considèrent pas les Ktos comme Eglise; il ne faudrait peut-être pas l'oublier !

122.Posté par jean-marie lotte le 19/02/2013 22:20
Dear brothers and sisters ! All your writings are very moving. Yet it is all just unrealitic,it is, all a huge wishfull thinging ...Never, will the Phanar betray DARU ... moreover they may put a greek bishop instead...

121.Posté par Marie Genko le 19/02/2013 19:26
Cher Boris,

Merci d'avoir mis le lien en ligne et de nous raffrîchir la mémoire !

Je ne peux que faire la constation suivante:

1/ Jusqu'à présent les Orthodoxes se sont comportés sur le territoire canonique des catholiques avec un certain respect et une certaine retenue vis à vis des Catholiques.
Ils sont même participé à des réunionns oecuméniques etc....

2/ Selon ce qui est écrit dans le lien que vous citez, si les Catholiques se refusent à reconnaître l'Orthodoxie comme une Eglise et s'ils continuent à vouloir maintenir pour le Pape une autorité universelle, il me semble que plus rien n'empêche les Orthodoxes de s'organiser localement selon les Canons orthodoxes!

C'est à dire Créer une Nouvelle Eglise Locale orthodoxe d'Europe Occidentale avec son propre Patriarche Français, Allemand ou autre !!!

La diaspora pourrait continuer à dépendre et à être enseignée par les pasteurs des diocèses des Eglises mères respectives et les prêtres de ces diocèses, dépendant des Eglises mères, pourraient commémorer ce nouveau Patriarche d'Europe occidentale!

Dans ce cas de figure les Canons orthodoxes seraient enfin respectés!

120.Posté par Boris pour Irénée le 19/02/2013 13:06
Mais voici quelques points essentiels à la compréhension de la situation:

le Texte a été discuté et approuvé par les membres de la « Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe » lors de la dixième session plénière de la Commission à Ravenne (8–15 octobre 2007), sans l’Eglise orthodoxe russe, dont la délégation avait quitté la rencontre à cause de la présence des représentants de l’Eglise apostolique d’Estonie. (Il s'agit de l'opposition au "document de Ravenne" qui semble se transformer en un grand mouvement anti-œcuménique)

Les longs intervalles entre les sessions des conférences et des commissions s’expliquent par les difficultés qui se sont fait jour dans les relations inter-orthodoxes (divergences entre les patriarcats de Moscou et de Constantinople quant à l’organisation ecclésiale en Estonie). La rencontre entre les primats et les représentants des Églises orthodoxes qui a eu lieu à Istanbul en 2008 a rendu possible la reprise de la préparation du Concile ».

L'Eglise orthodoxe russe est en train de récupérer les églises qui lui appartiennent en France. Et ce n'est maintenant plus qu'une question de temps avant que le petit et faible Patriarcat de Constantinople, de plus en plus politiquement dépendant de Moscou pour son soutien contre la Turquie, se sépare du groupe de la rue Daru et le renvoie à l'Eglise russe (avec d'autres paroisses orthodoxes empochées dans sa juridiction, comme en Estonie). Cela s'est déjà produit une fois, en 1966. Mais 1966 était le pic de la guerre froide et la rue Daru avait une autre force spirituelle qu'aujourd'hui; cela lui a permis de survivre isolé, brièvement et de façon non-canonique. Cela n'est plus possible maintenant.

"L’archevêque Georges (Wagner) était hanté par la peur de voir son diocèse répudié par Constantinople. Hors, le patriarche Démétrios de Constantinople avait alors déclaré que ces paroisses européennes devront un jour réintégrer l’Eglise russe… La stratégie de Constantinople consistait alors à retirer de la juridiction Daru un pays à la suite de l’autre, des paroisses l’une après l’autre et à les placer sous l’omophore d’évêques grecs.

Constantinople est actuellement dans l’attente d’une éventuelle vacance de la chaire « Daru » ce qui conduirait à une « athénogarisation » de ce Diocèse. On pourrait croire que le patriarcat de Constantinople ait renoncé à ses ambitions en Ukraine et, peut-être, en Estonie. Ceci, probablement, en échange d’un soutien diplomatique et financier de la Russie dans les relations entre le patriarcat de Constantinople et les autorités turques. " (Père Andrew Phillips)


Par la prétention du patriarche de Constantinople à une juridiction universelle, qui le fait intervenir intempestivement en divers endroits du monde (y compris sur le territoire canonique des autres Églises orthodoxes) et souvent y doubler les hiérarchies orthodoxes existantes (ce qui fut le cas en Estonie ou en Ukraine, mais aussi en Amérique du Nord, «où existait déjà une Église orthodoxe, présidée par un évêque russe» et où «la création d’une juridiction dépendant de Constantinople divisa l’orthodoxie américaine» [p. 295]); 3) par l’affirmation que la primauté du patriarche de Constantinople doit être non pas une primauté d’honneur mais une primauté de droit et de pouvoir (voir par exemple les déclarations du métropolite Jean de Pergame à Rome en mai 2003, lors du colloque sur «Le ministère pétrinien»).

Mgr Hilarion a quant à lui, lors de la dernière réunion de la commission mixte catholiques-orthodoxes à Ravenne, fait, de manière éclatante, la preuve de sa capacité de résister aux prétentions de type catholique-romain du Patriarcat de Constantinople et, à travers cela, aux fausses conceptions de l’unité et de l’universalité de l’Église et de la primauté en son sein, que soutient depuis plusieurs siècles l’Église latine et, avec une vigueur nouvelle, le pape Benoît XVI.

http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-approche-du-debat-sur-la-primaute-et-la-diaspora-orthodoxe_a172.html

119.Posté par Irénée le 19/02/2013 11:38
La référence de Vladimir au métropolite Stéphane d'Estonie m'a amené à relire son article sur la "diaspora". J'en cite ici un extrait significatif :
" Voilà pourquoi Eglise et Diaspora sont des termes et des réalités opposés et incompatibles : le terme de « Diaspora » désigne exclusivement une entité ayant un point de référence précis et unique dans le monde entier (Etat, frontières ethno-étatiques), tandis que l’Eglise a pour point de référence eucharistique l’autel de chaque Eglise locale qui constitue l’icône du Royaume. C’est la présence permanente de cette image du Royaume qui exclut la pratique de la diaspora au sein de l’Eglise. La question si controversée de la « diaspora orthodoxe » est en fait, du point de vue ecclésiologique un mythe parce que la mono- juridiction d’une Eglise patriarcale ou autocéphale ne peut s’exercer qu’à l’intérieur de ses frontières canoniques, et aussi, parce que, hors de ses frontières canoniques, se trouve une autre Eglise établie localement, et ainsi de suite, sur toute la Terre.
L'article complet est consultable au lien ci-dessous :
http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/droit%20canon/canonetdiaspora.htm

118.Posté par Irénée le 19/02/2013 09:30
Merci Marie pour cette mise au point.
Mais il me semble que le terme "identité patriarcale" n'est quand même pas celui qui convient...
Il vaudrait mieux parler de traditions propres à une Eglise, ou de culture ecclésiale... ou autre chose...
en effet, en Grèce par exemple, les fidèles d'Athènes dépendent de l'archevêque d'Athènes, et ceux de Thessalonique du patriarche de Constantinople. Pourtant il y a très peu, voire pas du tout de différences de pratiques...c'est également vrai par exemple en Pologne orientale, près de la Belarus. Les patriarcats ne sont pas les mêmes, mais les cultures sont similaires... autres exemples au Proche-Orient, entre orthodoxes palestiniens et syriens par exemple...même langue, même histoire (ou presque) mêmes relations complexes avec le monde musulman, mais autre patriarcat.
Pour ce qui est de l'avenir en europe occidentale, nous verrons bien... mais il ne faut sans doute pas se limiter à une seule solution possible comme vous le faites. Comme il a été déjà dit ici, la situation hors des grandes villes est fort différente. Et il est très important que l'église locale, quelle que soit son diocèse, puisse assurer le travail pastoral nécessaire auprès de tous les fidèles présents, quelle que soit leur pays et leur culture d'origine.
A Brive, on ne peut pas sérieusement envisager d'avoir 10 paroisses orthodoxes "nationales" ce serait un contre-témoignage évident, une perte d'énergie et de plus contraire aux règles et usages de l'Eglise !
Concernant ce terme de "diaspora" je sais parfaitement qu'il a été utilisé à Chambésy, mais pour autant je le trouve personnellement inadapté... mais gardons le si vous voulez !

117.Posté par Marie Genko le 19/02/2013 08:37
Chère Mania,

Pardonne moi d'avoir omis de te mentionner dans l'intitulé de mon message N° 114
Il y a tant de messages sur ce fil que j'avais oublié que c'était précisément ici que tu as bien voulu nous donner ton avis.
Pardonne-moi et corrige moi surtout si tu penses que mon approche n'est pas conforme à la pensée orthodoxe qui est la tiennne.

Avec toute mon amitié

Marie

116.Posté par Marie Genko le 19/02/2013 08:31
Message 115

Entièrement d'accord avec vous Vladimir, il faut appeler les choses par leur nom!

115.Posté par Vladimir le 18/02/2013 22:58
Je me demande si c'est nous qui choisissons le sens des mots ou si nous avons à utilise ceux qui existent.

Le concept de "La diaspora orthodoxe" a été accepté par les représentants de toutes les Eglises en 1976 comme point 1 de l'ordre du jour du Concile. Il a été débattu et fait l'objet d'un consensus à la conférence des canonistes orthodoxes en 1995 et à la Conférence préconciliaire de Chambésy IV (2009). Je pense qu'il désigne clairement et précisément une situation très concrète sur laquelle tout le monde s'accorde: il s'agit "de millions d’orthodoxes qui se sont retrouvés à l’étranger en raison des migrations massives de la première moitié du XXe siècle. Maintenant, ces gens vivent dans des régions qui n’entrent dans le territoire canonique d’aucune des Églises orthodoxes locales. Il s’agit de l’Amérique du Nord et du Sud, de l’Europe occidentale et de l’Australie. À une certaine époque, avec les laïcs, sont venus dans ces régions des évêques et des prêtres des différentes Églises orthodoxes, qui continuèrent leur ministère auprès de leurs enfants spirituels. Avec le temps, de nouveaux hiérarques et prêtres furent ordonnés, les missions se développèrent dans l’environnement local hétérodoxe, ce qui eut pour effet l’apparition de nombreux clercs parmi des ex-protestants et ex-catholiques" comme le définit bien Mgr Hilarion de Volokolamsk.

Je ne vois pas pourquoi il faudrait maintenant se cacher la tête dans le sable et nier cette réalité. Au contraire, il faut reconnaitre cette réalité et faire que "la diaspora /soit/ le lieu providentiel où l'Eglise Orthodoxe se doit de manifester son unité et son universalité" comme l'écrit Mgr Stéphane d'Estonie.

114.Posté par Marie Genko le 18/02/2013 22:08
Cher Irénée, chers Daniels, cher Vladimir ...,

Le sujet de la diaspora et de l'Eglise Locale sont suffisamment importants pour que nous essayons de voir ensemble quelles sont les conditions sine qua non à respecter, autant pour rester dans la Tradition de notre Foi orthodoxe que dans l'observance des Canons de notre Eglise.

Plusieurs choses me semblent essentielles parce qu'elles sont depuis toujours attachées à notre Foi.

1/ L'Unité dans la Foi de tous les Orthodoxes
2/ La Conciliarité (Sobornost) de tous les évêques orthodoxes
3/ La pluralité des expressions des différents Patriarcats orthodoxes

-Notre Foi est Une, quelle que soit la langue ou le rite dans laquelle elle s'exprime.
-Tous les évêques orthodoxes participent à cette Sobornost (Conciliarité), qui nous a depuis toujours guidés sur un chemin de Vérité.
-C'est l'identité des différents peuples orthodoxes qui vit et respire au travers de chaque rite particulier.
Et cette identité, particulière à chaque patriarcat, permet à ses fidèles un attachement quasi charnel à leur Foi.
Nous sommes aussi faits de chair et de sentiments et désincarner notre foi serait une hérésie.
Je peux encore ajouter que ces particularismes attachés à chaque Patriarcat nous protègent de l'uniformisation galopante de la mondialisation!

A l'intention d'Irénée :chaque Patriarcat a des usages, qui lui sont propres, et une langue liturgique traditionnelle utilisée sur son territoire canonique.
A l'extérieur de ce territoire, il me semble normal d'adapter la langue liturgique aux besoins des fidèles, tout en conservant ses propres usages! C'est ce que j'appelle "l'identité partriarcale".

Je pense que vous serez tous d'accord pour admettre qu'il ne peut être question de donner des droits différents à l'un ou l'autre des patriarcats orthodoxes.

Les Patriarches orthodoxes sont tous égaux !
Ils sont tous soumis à l'ordre des dyptiques

Ils ont donc les mêmes devoirs d'évangélisation et de témoignage à l'intérieur de leurs territoires canoniques et même à l'extérieur de ces territoires !

Comment organiser les Orthodoxes français en France, allemands en Allemagne etc?
Je ne vois aucune solution autre que celle qui serait trouvée dans la conciliarité de tous les Patriarches orthodoxes, présents ou non sur le territoire d'Europe occidentale.
Après tout ce que nous avons pu lire des uns et des autres, il semble évident qu'une Eglise Locale serait souhaitée par beaucoup.

Un patriarcat d'Europe occidentale serait-il possible sur l'ancien terrtoire canonique de l'évêque de Rome?
La question mériterait d'être posée!

Mais en attendant que l'Esprit Saint souffle à nos Saints Patriarches la solution de l'organisation de la diaspora et des orthodoxes autochtones en Europe occidentale, il me semble que nous devons essayer de respecter les Canons de notre Eglise, qui interdisent à un diocèse de se détacher de son primat.

Et par conséquent, pour mettre fin aux désordres occasionnés par les dissenssions des fidèles sur ce sujet, nous devons souhaiter que Sa Sainteté Bartholomé mette fin à son omophore provisoire sur l'archevêché des églises russes d'Europe occidentale et qu'il renvoie cette entité ecclésiale à son Eglise mère, l'Eglise de Russie.

Avec mon amitié à tous Marie

113.Posté par Irénée le 18/02/2013 21:34
Merci Daniel, je partage votre avis, c'est la raison pour laquelle j'ai mis des " " à diaspora... C'est pour moi un terme tout à fait étranger à la vie de l'Eglise...
Juste un mot pour Vladimir : je pense au contraire que les territoires canoniques des Eglises sont très bien définis... la Palestine du Patriarcat de Jérusalem n'est ni la Palestine du mandat Britannique, ni l'état d'Israël. Mais le territoire est défini et connu depuis 15 siècles ! Quand à cette phrase "là où sont les croyants, là est l'Eglise" elle ne me choque pas, mais je ne crois pas qu'il faille inventer de nouvelles ecclésiologies pour correspondre à une mondialisation qui n'est pas forcément si nouvelle... Dans le monde antique on bougeait aussi beaucoup ! mais il ne venait pas une seconde à l'esprit du chrétien né en Egypte de créer une paroisse "égyptienne" en arrivant à Constantinople qui aurait été sous la juridiction de l'évêque d'Alexandrie !
Par contre St Jean Chrysostome acceptait que des églises, avec plus tard un évêque, puissent célébrer en langue gothique à Constantinople pour des raisons pastorales évidentes ! mais on n'a jamais parlé "d'identité patriarcale" ! simplement de répondre aux besoins spirituels des fidèles.

112.Posté par Daniel le 18/02/2013 19:22
Vous trouverez un article Wikipedia en anglais sur l'église d'Albanie du Caucase :
http://en.wikipedia.org/wiki/Church_of_Caucasian_Albania

Je n'aime pas le terme diaspora. L'usage même de ce terme fausse ce débat car c'est un terme juif qui fait référence à une terre promise de laquelle les gens seraient éloignées et à laquelle ils aspireraient.. Ces personnes orthodoxes sont des immigrés temporaires ou pas et non une diaspora; c'est encore plus vrai pour leur dépendance... On ne va pas dire que Jennifer Aniston, qui a des ancêtres grecs (ét n'est pas orthodoxe) appartient à une quelconque diaspora; elle est plus américaine qu'autre chose.

111.Posté par Marie Genko le 18/02/2013 18:09
Cher Vladimir,

Merci pour le lien sur la réflexion du Père Jivko Panev, je l'ai lue avec beaucoup d'intérêt.
Je vais essayer de rédiger une réponse à la remarque d'Irénée concernant "l'identité patriarcale".
Je pense qu'il est temps justement de prendre conscience et de réfléchir au problème du témoignage orthodoxe en dehors des territoire traditionnels des Orthodoxes.
Il est temps d'essayer de trouver les chemins qui nous rapprocherons les uns des autres au lieu de nous diviser l
Avec toute mon amitié Marie

110.Posté par Vladimir: Le texte que je cite est bien signé du Père Jivko Panev le 18/02/2013 13:31
Le texte que je cite est bien signé du Père Jivko Panev (cf. référence), mais il n'est pas daté. J'avais confondu auteur et adresse: merci de l'avoir rectifié.

Je trouve au contraire que nous évoluons de plus en plus vers une ecclésiologie basée sur la réalité du vécu des canons par le Peuple de Dieu, comme l'explique bien le père Aleixandre Schmemann. L'idée "d'Identité patriarcale", proposée par Marie, correspondrait à ma formule «Là où sont les croyants, là est l’Église» liant la responsabilité d'une Eglise (autocéphalie ou patriarcat, la différence n'étant qu'une question de rang d'honneur…) non plus à des frontières administratives mais à ses fidèles. Cela me semble bien correspondre à notre époque de la mondialisation et nous voyons que la plupart des Eglises le pratiquent ainsi: il s'agiterait de la dernière évolution de la définition de l'autocéphalie pour les fidèles concernés.
J'applique cela principalement à la diaspora alors qu'Irénée cite le cas des territoires canoniques traditionnels dont la définition peut en effet poser problème: le patriarcat de Jérusalem est-il limité à la Palestine du Mandat? Constantinople à la Turquie actuelle? Quid de la Moldavie/Bessarabie? Du Banat? De l'Estonie? De l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud... On pourrait continuer longtemps puisque aucune règle précise n'a été fixée depuis… la chute de l'Empire romain!

La liste du père Jivko se limite au Moyen Age et il ne cite pas "l'Eglise d'Albanie du Caucase", dont j'avoue n'avoir jamais entendu parler… Quand et comment a-t-elle obtenu l'autocéphalie?

109.Posté par Irénée le 18/02/2013 11:44
Il me semble que le texte cité par Vladimir a été écrit par le Père Jivko...
Ces échanges sur la "diaspora" sont en effet intéressants, mais en même temps la plus grande confusion règne tant que les principes de base de l'organisation de l'Eglise, et même sa raison d'être ne sont pas sérieusement définis...
Il y a par conséquent de nombreuses contradictions, incohérences... et malgré l'intérêt de ces échanges il n'en ressort pas grand chose de constructif...
Dans les derniers échanges par exemple, une notion comme celle "d'Identité patriarcale" reste totalement confuse, et à ma connaissance c'est un concept qui n'existe nulle part dans la vie de l'Eglise...
Gardant l'exemple de Marie, il n'y a bien entendu aucune difficulté au fait que les fidèles d'origine russe qui résident en Turquie pousse utiliser la langue liturgique qu'ils souhaitent, et suivre les usages qui leurs sont propres, tout en étant sur le territoire de l'Eglise de Constantinople et en mentionnant l'évêque du lieu à la Liturgie.
J'avoue ne pas comprendre cette double vision territoriale et "identitaire" qui me semble tout à fait étrangère à l'ecclésiologie orthodoxe...
Le respect des usages propres à une communauté n'a rien à voir avec les règles canoniques de territorialité !

108.Posté par Daniel le 18/02/2013 11:39
@ Vladimir (message 107)

Dans la liste des églises autocéphales, il faut ajouter l'Eglise d'Albanie du Caucase (territoire correspondant environ à l'Azerbaïdjan actuel).

107.Posté par Vladimir: Le débat sur le rôle de la diaspora est très intéressant et mérite un développement spécifique le 17/02/2013 18:14
Le débat sur le rôle de la diaspora est très intéressant et mérite un développement spécifique que je ferais ailleurs. Ici je vais me contenter de faire un point sur la notion du territoire canonique de l'Eglise autocéphale (ou patriarcat).

Les territoires de responsabilité des Eglise au sein de l'empire romain avaient été définis pour correspondre aux subdivisions administratives et en suivaient l'évolution. Ainsi Constantinople devint patriarcat avec "la même préséance /que Rome/ ... pensant à juste titre que la ville honorée de la présence de l'empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges civils que Rome, l'ancienne ville impériale, devait aussi avoir le même rang supérieur qu'elle dans les affaires d'église, tout en étant la deuxième après elle" (règle 3 du IIe Concile œcuménique, Constantinople, 381). Il n'y a qu'une exception au départ: l'évêque de Jérusalem, qui dépend du métropolite de Césarée, a dès le départ rang de 4e patriarche (5e après la promotion de Constantinople.)

"Ce « principe d'accommodation » fût dicté par des raisons purement pratiques, ce c'est ce que nous montre le canon 9 du Concile d'Antioche : « Les évêques de chaque province doivent savoir que l'évêque qui préside à la métropole est chargé du soin de toute la province, car c'est à la métropole que se rendent de toutes parts ceux qui ont des affaires à traiter. En conséquence, il a été statué qu'il occupera aussi le premier rang pour les honneurs et que les autres évêques, conformément à la règle ancienne établie par nos Pères, ne pourront rien faire sans lui, sinon administrer leur ville avec sa campagne ; chaque évêque, en effet, est maître de son diocèse, il doit l'administrer avec piété et veiller sur les campagnes qui dépendent de sa ville épiscopale ; il doit de même ordonner des prêtres et des diacres, et faire toutes choses avec discernement. Mais en dehors de cela il ne peut rien faire sans l'assentiment de l'évêque de la métropole, comme lui non plus ne doit rien décider sans l'avis des autres évêques » (1)

Au Moyen-Age sept Eglise obtiennent l'autocéphalie (ibid):
1. Église de Chypre, dont l'autocéphalie a été confirmée par le IIIe (381) et le VIe (680-681) conciles oecuméniques.
2. L'Église de Géorgie, qui a obtenu son autocéphalie d'Antioche (484).
3. L'Archevêché de Justiniana Prima, qui en 535 est devenu autocéphale, par décision de l'Empereur Justinien.
4. L'Archevêché de Ravenne qui en 666 est devenu autocéphale, en vertu d'une décision de l’empereur Constant Il.
5. L'Église de Bulgarie, en 927, a reçu le statut de patriarcat du patriarche de Constantinople.
6. L'Archevêché Ohrid (1019) devenu autocéphale en vertu d'une décision de l'empereur Basile Il.
7. L'Église de Serbie, à la demande de saint Sava et sur l'insistance de l'empereur Théodore Laskaris, en 1219, a obtenu, à Nicée, le statut d'autocéphalie du patriarche œcuménique Manuel 1er.
Et l'on voit alors apparaitre les Eglises "nationales", i.e. liée à une "nation" plus qu'à un territoire: les Eglises de Géorgie, Bulgarie et Serbie.

Cette notion ne fera que s'étendre au XIXe siècle avec les Eglises de Grèce, Roumanie, Pologne, Terres tchèques et slovaques … qui restent toutefois liées à un état, donc un territoire. Mais les frontières fluctuent au gré des découpages politiques et au XXe siècle apparait un concept nouveau, liant la responsabilité d'une Eglise non plus à des frontières politiques mais à ses fidèles. «Là où est l’évêque, là est l’Église», disait saint Ignace d’Antioche au IIe siècle. Malgré l'opposition des puristes du droit canon nous devons bien constater que cette formule devient «Là où sont les croyants, là est l’Église» à l'époque de la mondialisation.

Soulignons que, comme l'écrit Christophe Levalois (ibid) "le malentendu actuel vient de la surestimation de l'importance de l'autocéphalie. Elle s'identifie à l'église locale, alors qu'elle avait toujours été une sorte d'organisation ecclésiologique, à savoir le droit des évêques d'un territoire, circonscrit par des données empiriques (le principe d'accommodation, les anciennes coutumes), de choisir leurs collègues, sans ingérence externe, y compris le primat. "

(1) http://christophe.levalois.free.fr/fichier/autocephalie.pdf,

106.Posté par Marie Genko le 17/02/2013 17:30
Mes chers Daniels,

Oui l'Eglise est territoriale. Vous avez parfaitement raison!
Mais les Orthodoxes ont aussi un droit légitime à rester attachés à leur identité patriarcale!
C'est la raison pour laquelle les Russes, établis en Turquie, commémorent en Slavon dans leurs églises sa Sainteté Bartholomé!
Et beaucoup de situations similaires se retrouvent dans le Patriarcat de Jérusalem par exemple.

Ainsi, et la règle territoriale, et l'identité patriarcale des fidèles, sont légitimement respéctée!

Mais lorsque nous nous trouvons sur le territoire canonique de l'évêque de Rome et que cet évêque n'est pas orthodoxe, comment faisons-nous?

Au début de l'ère chrétienne il y avaient cinq patriarcats et chaque patriarcat avait son territoire canonique.
Il se trouve que le territoire canonique de l'évêque de Rome avait pratiquement la taille de l'Europe occidentale d'aujourd'hui.
Nous ne pouvons pas commémorer cet évêque de Rome puisqu'il n'est pas orthodoxe!

Alors comment faisons-nous????

A mon humble avis il n'y a que deux choix possibles:

1/ Celui de tenir compte du retour éspéré des Catholiques à leur orthodoxie première et laisser les choses en statu quo, c'est à dire que chaque Patriarcat orthodoxe continue à gérer sa diaspora comme par le Passé.
2/ Celui de prendre la décision d'arrêter de croire à ce retour possible des Catholiqes vers l'Orthodoxie et changer complètement notre attitude!!!
Plus d'embrassades, ni de courbettes oecuméniques!
Les Orthodoxes créent un patriarcat orthodoxe d'Europe Occidentale et ils partent en une croisade pacifique et évangélique pour la conversion de l'Occident !

Actuellement nous sommes dans le premier cas de figure. Celui qui devrait être le moins conflictuel!!
Mais nous connaissons des heurts, des procès et des tiraillements entre les fidèles. Il me semble que ces heurts, ces tiraillement à hue et à dia parmi les Orthodoxes viennent principalement de la situation de l'archevêché, exarcat de Constantinople, qui est une structure crée par l'Eglise Russe, et provisoirement acceptée sous l'omophore du trône oecuménique.
La finalité de cette structure ecclésiale russe est de retourner sous l'omophore de son Eglise mère au moment choisi par le Seigneur.
Mais nous constatons aussi que Sa Sainteté Bartholomé souhaite prendre en charge les fidèles en diaspora...Nous avons longtemps espéré que le grand concile orthodoxe allait mettre un pont final aux divergences et aux conflits, mais hélas ce concile semble remis sine die...???

105.Posté par Daniel FABRE le 17/02/2013 07:59
les Eglises ne sont absolument pas patriarcale mais liées à une région ! désolé Marie, le contraire est de l’ecclésiologie totalement détournée et volontairement ou pas de quelque autorité...

104.Posté par Daniel le 16/02/2013 22:59
NOn, les églises ne sont pas patriarcales mais territoriales... Un territoire, une église, une église, un territoire.

103.Posté par Marie Genko le 16/02/2013 16:44
Cher Daniel Fabre,

Combien de fois faudra-t-il répéter que les Eglises orthodoxes ne sont pas NATIONALES!

Elle ne doivent pas l'être puisque le phylétisme a été condamné!

Les Eglises orthodoxes ont une identité PATRIARCALE et il est normal qu'elles restent fidèles à cette identité patriarcale!

Rappelez-vous: A Chambésy tout le monde s'est mis d'accord:
Seule l'Eglise mère est habilitée à donner l'indépendance aux structures ecclésiales crées par elle.

Et pour respecter les Canons de l'Eglise orthodoxe la structure ecclésiale de l'archevêché, crée par le patriarche russe Tikhon, et acceptée provisoirement sous l'omophore de Constantinople, devra s'incliner et revenir sous l'omophore de son Eglise Mère l'Eglise de Russie, le jour béni où le Patriarche de Constantinople jugera que le provisoire n'a plus lieu d'exister....

Autrement, le mot russe et les statuts propres aux différentes paroisses crées par les exilés russes n'ont plus de raison d'être, ni de se réclamer de cette fameuse Tradition russe!

Et il leur faut, dans ce cas, quitter un archevêché russe pour se mettre directement et définitivement sous l'omophore du Patriarcat de Constantinople!

102.Posté par Daniel FABRE le 16/02/2013 08:37
pour Marie et Vladimir :
Nations et nationalisme : un défi pour l’ecclésiologie orthodoxe
février 16, 2013 Jivko Panev

L’Institut Saint-Serge organise un séminaire de master ouvert au public "Nations et nationalisme : un défi pour l’ecclésiologie orthodoxe", du 26 février, sous la direction de Michel Stavrou et de Pantélis Kalaïtzidis (Académie théologique de Volos, Grèce). Le nationalisme religieux apparaît comme l’un des plus graves problèmes auxquels l’Église orthodoxe doive faire face depuis la chute de Constantinople (1453). Les aspects spécifiques, mais très significatifs, de ce problème sont l'identification entre l'Église et la nation, l'Église et l'identité ethnoculturelle, l'Église et l'idéologie nationale, l'Église et l'État, et, par conséquent, le concept, mais aussi la réalité des Églises nationales, à savoir l’incapacité à concevoir l'Église orthodoxe et son témoignage dans le monde indépendamment d’une vision nationale particulière. A la suite d’une substitution plus ou moins consciente du critère ecclésial par le critère national, l'Église orthodoxe est désormais confrontée depuis plusieurs décennies à une séparation profonde entre les différentes Églises nationales, ainsi qu’à l'acceptation de l'idée ecclésiologique selon laquelle l'Église orthodoxe est une « confédération d’Églises nationales ». Le principe positif de l’autocéphalie a évolué vers l’autocéphalisme, l’idée d’une autosuffisance de chacune des Églises autocéphales, l’absence du souci de communier dans l’altérité des Églises locales. Manifester le caractère local et non national de l’Église, son unité et sa catholicité semble devenu une préoccupation secondaire pour l’orthodoxie contemporaine.

Durant les quatre premières séances, le séminaire abordera successivement au plan historique puis ecclésiologique les dossiers suivants :
1- (mardi 26 février, 9 h – 11 h), les avatars de la notion de « nations » dans l’Église patristique et byzantine,
2- (vendredi 1er mars, 9 h – 11 h), l’instrumentalisation de l’Église par l’État dans la Russie impériale et les mouvements nationaux dans les Balkans jusqu’en 1872,
3- (mardi 5 mars, 9 h – 11 h), dérives de l’autocéphalisme et problèmes de la « diaspora » orthodoxe ; La nation dans les sociétés multiculturelles à l’ère de la mondialisation,
4- (vendredi 15 mars, 9 h – 11 h), les nations dans une perspective eschatologique. La « nation » est-elle à proscrire ou à transfigurer dans l’ecclésiologie orthodoxe ?
Les séances suivantes (les vendredis, 9 h – 11 h) reviendront dans le détail sur les questions abordées lors des quatre séances introductives.


101.Posté par Mania MOURAIT le 07/02/2013 18:03
Je reviens à l’intitulé de ce forum «Vision de Mgr Serge sur l’avenir de l’archevêché ») et fais suite aux interventions n°10, 13, 14, 15 de janvier.
Pour dire l’opinion d’un défunt, on ne doit, à mon sens, que se référer à ses déclarations ou écrits officiels.
En déc. 97, dans son éditorial du n° 7 du Messager Diocésain, Mgr Serge déclare que son archevêché est le début d'une Eglise Orthodoxe d'Europe Occidentale en tant qu'église locale géographique et non ethnique.
Le 16 mai 2001, à l’assemblée générale diocésaine, lors de son rapport d’activité pour les années 1998-2001, Mgr Serge expose sans détours comment il a, avec amour et ténacité, tendu la main au patriarcat de Moscou et comment celui-ci l’a trompé par de belles paroles en agissant derrière son dos contre son archevêché. Il parle aussi de l'avenir de l’Exarchat et de la création du groupe de travail "église locale" tout en rappelant dans le même paragraphe et à nouveau les tensions provoquées par Moscou.
En janvier 2002, cette intervention est publiée dans le bulletin diocésain ( n°14).
Il est, pour moi, osé de considérer que par « église locale » il entendait « église autonome sous la houlette du patriarcat de Moscou » comme on le présente aujourd’hui ; si son opinion sur le patriarcat de Moscou avait radicalement changé il aurait largement eu en un an le temps de revenir officiellement sur ses déclarations précédentes.
Mgr Serge est décédé en janvier 2003 ; auparavant il avait confié à Mgr Gabriel la tâche de le remplacer pendant sa maladie, généralement on confie plutôt son intérim à quelqu’un de proche de ses propres opinions, aussi l’opposition qu’on en présente aujourd’hui est surprenante.
Tout est possible bien sûr … mais j’ai moi aussi des indices forts pour défendre mon point de vue. Car ce débat sur la pensée de Mgr Serge a déjà eu lieu au printemps 2003 suite à l’appel du Patriarche Alexis II et il s’est assez vite éteint car il y avait à l’époque encore nombre de personnes proches de Mgr Serge pour apporter la contradiction. C’est à ce moment là que j’ai constitué mon dossier sur le sujet et j’y retrouve trace de mes sources de l’époque, très fiables même si disparues aujourd’hui.
J’ai le plus grand respect pour le Père Nicolas Rehbinder et pas un instant ne mets en doute sa droiture ou sa sincérité cependant même le plus honnête des auditeurs ajoute sa subjectivité à ce qu’il entend et les notes prises sur le vif sont généralement un mélange de son propre reflet et des dires de l’orateur. C’est connu scientifiquement et expérimenté par la plupart d’entre nous.
Je continue donc de formuler des réserves sur les conclusions tirées des exposés de la soirée d’hommage à Mgr Serge.
Pour répondre à Gueorguy (dont je connais maintenant l’identité ) :
- étant « vieux jeu », je suis surprise, mais agréablement, qu’un inconnu quasi anonyme puisque paré seulement d’un prénom très courant, m’appelle « bien chère » - je manque d’habitude !
- étant loin d’être une encyclopédie vivante, je ne suis pas capable d’argumenter toute chose du tac au tac ; si je ne sais pas ce qui se dira, je ne peux guère m’y préparer. Pour prendre une image simpliste je ne m’aventure pas sur un terrain miné si je ne sais pas où sont les mines ; un exercice qui consiste à « faire parler les morts » s’apparente pour moi à un terrain miné car je ne connais pas d’exemple où il n’y ait dérapage en mêlant sa pensée à celle du défunt.
- enfin, souvent on blesse plus qu’on ne construit en apportant la contradiction à chaud devant tout un auditoire, est-ce bon ?

Prions tous que le Seigneur éclaire chacun d’entre nous en toutes choses et en cette affaire en particulier.

Avec mes salutations à chacun.

100.Posté par Marie Genko le 19/01/2013 17:02
Cher Daniel,

Merci pour votre message N°99!
Je trouve aussi que finalement il n'y a pas de quoi nous plaindre en France, où nombre de paroisses francophones célèbrent chaque dimanche et à Paris et en Province.

Même sans Eglise Locale, tout ne marche pas aussi mal que certains semblent le ressentir.

Les fidèles qui préfèrent le Slavon, le Serbe ou le Grec, trouvent à Paris des églises ouvertes et accueillantes...

Pour ceux qui ne connnaissent pas encore le séminaire d'Epinay sous Sénart, je ne saurais trop recommander de lui faire une visite pour la Liturgie du dimanche matin à 10h.
Le choeur des séminaristes chante en Français
La chapelle, autrefois assez froide, s'est soudain animée grace à d'admirables fresques nous contant la vie de Sainte Geneviève.
Un sentiment de plénitude vous pénètrara comme chaque fois que le Seigneur nous permet d'entrevoir Sa bénédiction sur les hommes.

Avec toute mon amitié Marie

99.Posté par Daniel le 18/01/2013 23:56
J'ai du mal à voir de quoi il est question dans cette discussion. En préalable, le point de vue orthodoxe est que les rites, le decorum etc, bref tous ces aspects liturgiques que d'aucun semble rejeter ici font partie de la Tradition de l'Eglise et donc vue non comme des inventions humaines mais comme inspirés par Dieu... Quant aux croyances, tout groupe humain a ses croyances qui, d'ailleurs, le fonde et le définisse...

Ayant bourlingué dans différentes paroisses, je ne vois pas mis à part les différences de typicon que d'ailleurs les fidèles peu observateurs ne remarquent pas, mis à part les différences de langues et dans la façon de chanter, je ne vois pas tant de différences que cela entre les diverses traditions... La question la plus sensible pourrait être celle de la langue utilisée dans les offices, mais mis à part cela, je ne comprends pas pourquoi le débat fait couler autant d'encre. Tant que les offices sont célébrés correctement, les choses me semblent acceptables...

Je ne vois pas quelles sont les traditions que certains voudraient remettre en cause.

98.Posté par Tchetnik le 18/01/2013 11:05
@Fabre Daniel

Vous avez raison de dire qu'il ne faut pas idolatrer les rites et les sortir de leur contexte d'idéal spirituel. Ils ne valent en effet que de par les fruits de présence du CHrist et d'exercice de vertus qu'ils sont censés susciter. Il ne sert en effet pas à grand chose de ne pas rater un seul office, as un seul carême, pas un`seul canon de prière si c'est pour ensuite se comporter avec jalousie, envie, médisance, voire racisme, (exemple constaté).

Cependant, les rites traduisent aussi la réalité du Royaume des Cieux, dans Son éternité et sa perfection, ils servent aussi à l'anticiper et il ne faut pas non plus les négliger complètement. Sans doute faut-il savoir à ne pas tout mettre sur le même niveau, en effet.

@Marie.

Ce que vous dites sur les "traditions des peuples" devrait, en toute logique, être valable aussi pour les Français, les Anglais, les Allemands...qui doivent recevoir le Christ, pas être slavisés ou slavonisés. Et les immigrés doivent apprendre à être avant tout Chrétiens, en dehors d'un folklorisme qui, je le constate régulièrement, ne sert pas leur connaissance de l'Évangile. Bie-Tchastuschki, mais ne s'interressent pas du tout au Christiansime. Comme quoi le maintien de ces "coutumes" soi-disant culturelles ne leur est pas si bénéfique que ça. Si ces immigrés sont Chrétiens, une église en langue locale ne les dérangera pas et ne les empêchera pas de pratqiuer leur héritage culturel particulier dans leur famille sans chercher à l'imposer comme un exclusif dans les paroisses qu'ils fréquentent.

97.Posté par Marie Genko le 18/01/2013 08:49
Cher Daniel Fabre,

Merci pour votre charitable message N°96

Je suis entièrement d'accord avec vous, l'essentiel pour chacun de nous est l'Eglise du Christ, qu'elle soit grecque ou géorgienne est tout à fait secondaire...

Ce que j'ai essayé d'expliquer est, qu'au nom de l'"Orthodoxie" de l'Eglise du Christ, il peut être dangereux pour les fidèles de s'éloigner des Traditions qui sont depuis des génération et des générations les leurs!

L'Orthodoxie a cette merveilleuse particularité de respecter les cultures et l'idendité des peuples qui sont orthodoxes. En cela elle est notre rempart contre la mondialisation Athée qui essaye de nous dévorer.

Voilà pourquoi vouloir acculturer une Tradition spécifique orthodoxe à l'Occident, me semble extrêmement dangereux!

Le Père Alexandre Schmemman s'y est efforcé aux USA en simplifiant autant que possible la forme de la Tradition russe.
Il faut dire qu'à son époque l'Ecole de Paris, dans laquelle il avait été formée, admirait particulièrement les écrits d'Alexis Khomiakoff, pour lequel l'Orthodoxie dans son expression russe était l'exemple par excellence du christianisme pour les Nations.
Mais malgré les efforts du Père Alexandre, les juridictions prospèrent toujours en Amérique et l'OCA a connu bien des difficultés...
Mais l'Occident n'est pas les USA et notre situation est encore différente....

Ce qui me semble de toute première importance est de respecter l'enseignement qui nous a été transmis par une Tradition multiséculaire parce qu'elle est riche d'un apport de prières qui ont toutes un enseignement éprouvé.

Pour l'Eglise Locale, je ne peux que répéter, faisons confiance à nos théologiens et arrêtons de critiquer nos malheureux Patriarches, qui méritent notre confiance et notre amour.



96.Posté par Daniel FABRE le 18/01/2013 04:30
Chère Marie, je comprends très bien ce que dit Nicomède; d'une part, il est un fait orthodoxe reconnu que le Christ n'est pas venu établir une religion comme justement on l'entend habituellement où alors tous les exemples de Nicomède sont valables... mais Il Est Venu fonder Une Eglise.
d'autre part, pour ce qui est de ce que vous appelez " décorum " ce sont des supports, des moyens de faire qui d'abord n'ont rien à voir aux manières d'êtres mais ils aident et c'est là qu'il faut raison garder raison comme, l'intelligence descendue dans le coeur, ne pas confondre les moyens avec le but : chercher le Royaume des Cieux, chercher la présence du Saint Esprit Qui Témoigne de Tous de la SAinte Trinité et de Tout (dont nos dogmes...etc) voici le But de la Vie Chrétienne ! et le contraire en risquant de s'attacher jusqu'à l'adoration aux rites et coutumes en oblitérant le but serait de l’idolâtrie.
mais bien sûr, j'ai besoin moi-même en raison de mes grandes faiblesses de moyens, de rites et de Rits, de Sym-boles (ce qui réuni, contrairement à dia -bolos ce qui divise, sépare) mais je suis trop petit encore pour ne pas avoir besoin d'échelle à barreaux de rites pour monter mais assez averti afin de ne pas confondre but et moyen.

95.Posté par Marie Genko le 17/01/2013 22:23
Cher Nicomède,

Je sais que ce que j'écris ne va pas vous plaire:

Je conçois que vous ayez une profonde admiration pour le Père Alexandre Schmemann, mais malgré tout son talent et l'immense travail qu'il a accompli, il ne faut tout de même pas suivre aveuglément tous ses concepts dont quelques uns, comme la critique du monachisme, laisse franchement à désirer...!

Nous savons que notre foi en Christ est la Foi orthodoxe, c'est à dire la vraie Foi!

Mais l'usage veut que toutes les différentes approches chrétiennnes, même hérétiques soient communément appelées "religions" Je n'y peux rien, c'est ainsi...

Donc, si vous estimez que je me suis mal exprimée, j'en suis sincèrement désolée!
Chacun d'entre nous fait ce qu'il peut avec les mots qu'il connnaît!
Si j'avais écrit que chacun d'entre nous est attaché à l'Orthodoxie vous auriez pu également m'en faire le reproche...

Lorsque vous écrivez:

"Seulement voilà , les hommes ont besoin de rites , de decorum , de croyances , d'un climat symbolique en lequel ils puissent "communier" , en somme , ils ont besoin de religion (même sans Dieu , nous le voyons en occident avec des phénomènes comme le foot , les raves , le show biz , etc...) . Et , de fait , une religion est un outil incomparable pour assurer l'identité et la cohésion d'un peuple"

En quoi trouvez-vous ce besoin de rite et de décorum nocif à notre Foi?
Ne contient-il pas une extraordinaire richesse millénaire en prières et en symboles ?

Peut-être n'êtes vous pas attaché au décorum de notre rite orthodoxe?
Mais ne pouvez-vous aimer aussi ceux qui ont des besoins différents des vôtres?
Et supporter qu'ils soient justement attachés à leur rite liturgique?

Cher Nicomède, le Seigneur nous a créés divers et Il nous aime dans notre diversité.

Elle se fera un jour cette Eglise Locale, mais elle se fera dans le respect des différentes identités des fidèles!
Je ne peux qu'exprimer à nouveau ce souhait de voir l'Eglise latine retrouver son orthodoxie de façon à ce que les personnes autochtones, qui souhaitent une Eglise Locale occidentale puissent y trouver le rite latin qui est celui de leurs ancêtres.

Avec toute mon amitié Marie

94.Posté par Nicodème le 17/01/2013 12:08
Eh bien , l'expression de Marie résume bien le problème . "Nous aimons tous notre RELIGION ORTHODOXE" . Raccourci sémantique révélateur . Le pauvre Alexandre Schmemann avait vu juste : "La pire chose qui pourrait arriver à l'orthodoxie , c'est de devenir une religion" . Nous y sommes depuis d'ailleurs fort longtemps . Par ailleurs , le mot "orthodoxie" seul ne veut rien dire . Il y a des communistes orthodoxes , des juifs orthodoxes , etc... Les divisions qui arrivent toujours au cours du développement historique d'une doctrine , qu'elle soit politique ou religieuse , divisent leurs partisans en "orthodoxes" (ceux qui ont gagné la bataille du dernier congrès ou du dernier concile , et en hétérodoxes , ceux qui ont perdu). Désolé des comparaisons . C'est à titre d'exemple afin d'illustrer mon propos .

J'aurais préféré que Marie parlât du "christianisme" , qui ne prétend pas ou ne devrait pas prétendre être une religion . Yeshouah de Nazareth (dont je reconnais la divino-humanité) a enseigné et agi en réformateur du judaïsme de son temps , en épurateur radical (rappelons nous les deux commandements dont il disait que "Voilà toute la Loi et les Prophètes!" . Et ce judaïsme là , déreligiosisé ,en quelque sorte , il a voulu que ses disciples le propagent "jusqu'aux extrêmités de la terre!" .

Seulement voilà , les hommes ont besoin de rites , de decorum , de croyances , d'un climat symbolique en lequel ils puissent "communier" , en somme , ils ont besoin de religion (même sans Dieu , nous le voyons en occident avec des phénomènes comme le foot , les raves , le show biz , etc...) . Et , de fait , une religion est un outil incomparable pour assurer l'identité et la cohésion d'un peuple . Poutine l'a très bien compris , et , politiquement , il n'a pas tort . Le stalinisme a fini par échouer à cet égard . L'"orthodoxie" va sûrement réussir , sauf à ce que l'occident arrive à corrompre assez le peuple russe avec ce "purin" dont parlait Soljénytsine ..."Ejus regio , ejus religio" , qu'y disaient , au XVI°siècle ... Mais la recherche de la vérité , càd de la Parole de Dieu , la façon de la comprendre et de l'appliquer , c'est autre chose ! On peut comprendre les vaudois et autres hussites , dont je me sens plus proche à force de connaître les querelles orthodoxes et les luttes picrocholines qu'elles engendrent (et dont la prise de Constantinople par les Turcs ottomans n'a pas été le moindre fruit amer ...) ....

93.Posté par Marie Genko le 17/01/2013 11:07
Chers amis,

Nous aimons tous notre religion orthodoxe, sommes tous soucieux de son apostolat!

Je pense qu'il est louable que nous discutions des problèmes qui se posent au niveau de notre diaspora en Europe occedentale et partout ailleurs dans le monde!

Mais il me semble que nous ne devons jamais oublier qu'à notre niveau nous ne pouvons appréhender qu'une infime facette des ces problèmes et qu'il est de toute première importance que nous restions POSITIFS!

Je veux dire par là, que s'il est probablement facile de critiquer des situations qui se sont mises en place, je pense que nous commettons une mauvaise action en critiquant les Patriarcats qui en sont responsables.

Lorsqu'un patriarcat fonde un diocèse à l'étranger, c'est tout d'abord comme nous venons de le voir pour les besoins pastoraux des fidèles de ce patriarcat à l'étranger.
Si ensuite, pour des raisons politiques ou autres, les fidèles se scindent en deux entités distinctes comme cela a été le cas pour les exilés russes de 1920, le partriarcat n'en est pas responsable...

Franchement je pense que nous avons tord de croire que ce sont des volontés de puissance qui mènent les plus hauts prélats de nos Eglises!

Et si l'Eglise Locale d'Occident n'a pas encore vu le jour, cela est certainement en grande partie par la volonté même de la diaspora en question.

Vomme l'écrit Vladimir, et comme je pense l'avoir écrit aussi, la diaspora dans sa marorité n'est pas prête à être séparée de son Eglise mère!

Que ceux qui se hâtent brident leur impatience et attendent, dans la prière, le silence et si possible l'humilité l'heure à laquelle le Seigneur voudra se manifester dans Son Eglise.

Avec mon amitié à tous Marie

92.Posté par Irénée le 17/01/2013 11:03
En complément du message de Daniel (89), je conteste moi-aussi ce que dit Vladimir.
En France, la première demande de création d'un lieu de culte pour les fidèles de confession orthodoxe à l'époque moderne date de 1796 à Marseille. La première Liturgie Pascale semble avoir été célébrée en 1820, et l'église de la Dormition de la Mère de Dieu a été inaugurée en 1834.
Quand aux sièges épiscopaux, le métropolite Germain de Thyatire a été nommé en 1922 exarque du Patriarcat oecuménique pour l'europe occidentale ayant son siège à Londres.
L'affirmation selon laquelle la patriarcat de Constantinople aurait "brisé l'unité ecclésiale" me semble donc très injuste, et historiquement fausse !

91.Posté par Vladimir le 17/01/2013 10:53
Dont acte et merci bien cher Daniel. J'étais mal informé et fais amande honorable. Avant la fondation de la métropole grecque (qui n'indique aucune origine antérieure à 1963...) Je n'ai entendu parler que des divisions entre "russes" (ECOF inclus).

Je rappelle néanmoins que les célébrations en français ont commencé dès 1936 avec la bénédiction du patriarcat de Moscou à la paroisse "Notre-Dame-Joie-des-Affligés et Sainte-Geneviève" qui "a rassemblé les Russes du quartier, ainsi que quelques Grecs et géorgiens. La langue utilisée pour les offices était le slavon, mais une fois par mois, la messe était célébrée en français, la paroisse ayant été fondée dans le but de devenir francophone. " (http://ndjasg.perso.neuf.fr/textes/historique2006.html)


90.Posté par Tchetnik le 17/01/2013 10:40
Ce que "veut" le peuple n'a pas et n'a jamais eu aucune valeur théologique dans l'Église. L'opinion du peuple est comprise comme voix de l'Église si et seulement si elle défend la Tradition de l'Église, en aucun cas dans d'autres circonstances.

Certains immigrés peuvent "vouloir" un copier-coller d'église Russe en France, mais leur volonté ne suffit pas à être légitime parce que c'est leur volonté et parce qu'ils seraient "nombreux" (j'aimerais savoir combien seront leurs enfants et leurs petits-enfants à l'Église....).

Les indigènes convertis ou à convertir ne sont peut être pas "nombreux", mais ils représentent un aspect fondamental de la mission de l'Église qui n'est pas à mettre au chapitre des "voix" mais qui est au moins équivalent à l'attention portée aux immigrés (Certainement au dessus même d'un point de vue évangélique).

Cette théorie du "peuple de Dieu" n,est pas orthodoxe. Il s'agit d'une déformation de certaines circonstances historiques au cours desquelles le peuple a effectivement d'avantage défendu la Vérité que les clercs, pour cela leur voix a été retenue. Mais elle n,a jamais été retenue pour en faire un vote démocratique sur les questions ded'enseignement. Je ne crois pas me souvenir que le Christ ait jamais convoqué de "réunion" ou de "table ronde" pour que les Apôtres débattent de Ses exigences. Il les imposait sans discussion. Elles étaient ensuite défendues par Ses disciples, mais leur voix ne comptait que tant qu'elle était en phase avec celle du Christ.

89.Posté par Daniel le 17/01/2013 09:52
Comme je l'ai indiqué hier dans un commentaire passé à la trappe (souci technique?), l'affirmation suivante est fausse :

"Constantinople qui a détruit l'unité ecclésiale en Europe occidentale, comme en Amériques, en implantant ses propres métropoles sur un territoire desservi par Daru".

Les premières églises orthodoxes en France après la disparition de l'orthodoxie en France sont peut-être russes mais dès 1895, il y a la construction de l'église Saint Etienne à Paris et 1892, l'établissement de la paroisse des Saints Archanges, paroisse roumaine. Dès leur fondation ces paroisses n'ont jamais dépendu de l'Eglise de Russie, ce qui indique bien que personne n'a considéré l'Europe occidentale comme une propriété russe. Les paroisses grecques qui se sont fondées dans les années 20, n'ont jamais dépendu de la Rue Daru. J'ignore quelle était leur organisation. En fondant une métropole, Constantinople n'a pas détruit d'unité ecclésiale car celle-ci n'existait pas de toute façon et ce dès le début.

La situation en Europe occidentale est différente de la situation américaine où il semble en effet que tout le monde ait considéré qu'il fallait se greffer dans la structure existante du diocèse russe. En Europe occidentale, les faits indiquent que tout le monde a considéré que le territoire était ouvert à tous... Il faut dire que dans le diocèse russe en Amérique, l'approche a été ouverte à tous. EN fonction d'un besoin linguistique, on trouvait des évêques ou prêtres au besoin dans le pays d'origine et ils rejoignaient ce diocèse. Ainsi, Saint Raphael de Brooklyn s'est occupé particulièrement des arabes... En Europe, la situation était autre : les églises russes étaient des églises s'adressant surtout aux russes et célébrant en slavon;et, avant la révolution, s'adressant, je pense, surtout à des gens de passage et peu à des gens résidant en permanence en France, situation différente de l'Amérique. De là, le besoin qu'ont eu les Grecs puis les Roumains de se doter d'églises en propre qui ont été dès le début rattachée à leurs églises respectives.

88.Posté par Tchetnik le 16/01/2013 23:24
@Nicodème

Vous n'avez hélas pas tort.

On peut aussi paraphraser l'Évangile en disant que certains clercs non seulement n'iront pas au paradis, mais empêchent de plus les petits d'y entrer.

Carriérisme, querelles de préséances, rancunes diverses pour un siège au mauvais rang, folklorisme, mépris complet de la mission d'évangélisation, grande séduction de l'argent et de la position sociale...Tout cela existe et est à combattre, mais il faut se souvenir que l'Église n,est pas unquement cela, aussi envahissant que cela puisse être.

Les gens honnêtes, fidèles, équilibrés, justes, sans être parfaits existent aussi et y produisent de bons fruits de présence du Christ, de vertu, d'enseignement. Il y a bien eu un Judas parmis les 12 Apôtres et, en dépit de comportements humains discutables, l'Église et tout son enseignement, sa Tradition, son patrimoine reste proteuse de Grace et de Vérité.

87.Posté par Vladimir le 16/01/2013 22:57
Bien cher Nikolas,

J'ai trouvé excellent votre résumé et j'ai écrit que c''est l'un des grands apports de ce débat. Les thèses de JCL y sont très bien présentées et je les trouve aussi très intéressantes. Je me permets toutefois, comme nous somme dans un débat ouvert, d'en souligner deux points que je considère comme des faiblesses de toutes les analyses de JCL que je connais:
1. Le fait qu'il ne prend pas du tout en considération le volonté qu'exprime le Peuple orthodoxe comme un élément théologique et je vous renvois à la citation du père Alexandre de mon commentaire 84: "nous devons avant tout autre chose nous rappeler ce que l’Église a toujours et partout manifesté par son organisation externe, ce contenu essentiel qui est aussi ce que nous indiquent les canons". Je regrette que JCL n'en dise rien, cela enrichirait se réflexion…
2. Le fait que ce soit Constantinople qui a détruit l'unité ecclésiale en Europe occidentale, comme en Amériques, en implantant ses propres métropoles sur un territoire desservi par Daru: et là JCL n'est pas le seul: je n'ai trouvé mention de cela chez aucun auteur…

Je vous accorde que mon expression "l'Eglise locale hic et nunc, sans lien avec les Eglises-mères" est simplificatrice et que JCL " donne quelque piste qui pourrait éventuellement être suivies", mais je regrette que ces pistes ne tiennent pas assez compte des liens avec les Eglises-mères qui me semblent indispensables si on veut tenir compte de ce que l'Eglise "manifesté par son organisation externe" actuelle.

Je tiens surtout à vous remercier pour vos passionnantes contributions qui ont permit les progrès et la haute tenue de ce débat.

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