Boris ZAÏTSEV : Saint Serge de Radonège

Parlons D'orthodoxie

Bibliographie des œuvres de Boris Zaïtsev et en russe Boris ZAÏTZEFF

Plus de six cents ans se sont écoulés depuis la naissance de saint Serge1, plus de cinq cents depuis sa mort. Sa vie calme, sainte et pure, a duré près d’un siècle. Le modeste adolescent, qui s’appelait d’abord Barthélemy et qui prit plus tard le nom de Serge, devint une des plus grandes gloires de la Russie.

Par sa sainteté, Serge est grand pour l’univers, car il a vécu pour l’humanité entière. Mais son harmonie parfaite avec son peuple, ce qu’il y a de typique dans sa nature, qui réunit les traits disséminés du caractère russe, lui donnent quelque chose de particulièrement émouvant pour nous.

De là proviennent la vénération tout exceptionnelle dont il est entouré en Russie et la canonisation tacite dont il a été l’objet, et par laquelle le peuple russe le reconnaît pour son saint par excellence ; privilège que personne d’autre ne partage avec lui.

Saint Serge vivait aux temps du joug tartare. Il n’en souffrait pas personnellement : les forêts de Radonège l’en préservaient. Mais il n’est pas resté indifférent à l’oppression tartare. Tout ermite qu’il fût, il n’en éleva pas moins la croix pour la Russie avec la résolution calme qui caractérisait tous ses actes ; il bénit Dimitri Donskoï, en l’envoyant à la bataille de Koulikovo2 qui, grâce à son geste, a gardé un sens symboliquement mystique jusqu’à nos jours.

Boris ZAÏTSEV : Saint Serge de Radonège
Par ce combat avec le khan mongol où s’engagèrent les Russes, le nom de Serge est resté lié à jamais à l’œuvre de la construction de la Russie.

Aussi bien était-il doué pour l’action comme pour la contemplation. Cinq siècles ont considéré son œuvre comme la juste cause.

Tous ceux qui venaient vénérer ses reliques à la Laure (couvent de la Sainte-Trinité et de saint Serge) y étaient émus par la simplicité et la sainteté qui y régnaient. L’esprit héroïque du moyen âge qui donna naissance à tant de sainteté se manifestait là.

Rien de plus naturel que de juger d’une société et d’une époque d’après leur manière d’apprécier un homme comme celui-là.

Saint Serge est un ennemi pour tous ceux qui haïssent le Christ, qui s’affirment en niant la vérité. Ils sont nombreux de notre temps où les « déchirures » du monde sont devenues si grandes. Les Tartares, s’ils s’étaient approchés de son couvent, ne l’auraient probablement pas attaqué ; ils savaient respecter la religion. Le métropolite Pierre (contemporain de saint Serge) avait obtenu une charte de protection pour le clergé russe de la part du khan Ouzbec.

Mais notre siècle s’est cru en droit de démolir la Laure, d’insulter les reliques du saint. Pourtant il est hors de son pouvoir d’obscurcir son image. Ceux qui habitent les environs du couvent ont déjà créé une légende, d’après laquelle les reliques authentiques se seraient enfoncées dans la terre : le saint se serait ainsi éloigné de ce monde grossier, comme il l’avait fait jadis, dans l’expectative de temps meilleurs.

Qu’on le croie ou non, il reste indiscutable que l’image de Serge, après la profanation de ses reliques, répand une lumière encore plus pure et plus attirante. Le Christ a vaincu après sa crucifixion. B.Z. SUITE

Parmi les livres qui donnent un aperçu de la spiritualité orthodoxe, le Roseau d’Or a choisi pour ses lecteurs l’ouvrage de M. Boris Zaïtzeff (1881-1971), qui présente une des figures les plus populaires de la piété russe. Il importe en effet que le public occidental soit informé sur ces questions par des documents authentiques, lui procurant une connaissance directe. (N. D. E. 1927)


Commentaires (0)
1. Clovis le 08/10/2016 12:03
Merci pour cet texte.
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