Les Eglise Uniates

Vladimir Golovanow

"Il faut bien reconnaître une fois de plus que la ligne suivie par l'Église gréco-catholique ukrainienne est un élément important qui bloque le développement normal des relations entre les Eglises /orthodoxe et catholique/. Un autre facteur est «le soutien manifeste à l'une des parties au conflit, et l'association publique avec les schismatiques en Ukraine. Nous aimerions espérer que la voix de notre Eglise sera entendue et la participation des greco-catholiques dans le conflit politique en Ukraine va diminuer, créant ainsi des conditions favorables pour maintenir un véritable dialogue entre les Orthodoxes russes et Églises catholiques romaine, y compris sur le sujet d'une éventuelle rencontre entre le patriarche et le pape" Père diacre Alexandre Volkov, porte-parole du patriarcat de Moscou, 3/12/2014

Préambule

L'Eglise Gréco-catholique d'Ukraine est la plus importante des Églises orientales unies à Rome, mais ce n'est pas la seule et il me parait intéressant d'en présenter toute la variété (j'utilise le terme "Uniate" pour parler de toutes ces Églises quelle que soit leur dénomination).

Un article de Claude le Liseur en faisait le point en 2003 avec une estimation du nombre des fidèles des Eglises uniates. Le voici in extenso (j'ai reclassé les Églises par taille et ajouté des sous-titres pour plus de clarté; la répartition entre "grandes" et "petite" Églises est arbitraire…).

Citation:

Cette estimation se base sur un livre publié sous les auspices de l'archevêché romano-catholique de Bucarest, mais écrit par deux Allemands, Dietmar Winkler et Klaus Augustin: Bisericile din Rasarit. J'ai révisé à la baisse les chiffres exagérés donnés pour les uniates roumains, melkites et arméniens, et à la hausse le chiffre probablement trop bas donné pour les uniates chaldéens.

Pour chaque Eglise uniate, j'ai indiqué son siège actuel et sa date de fondation. Le siège actuel n'est pas forcément le siège d'origine, et la date de fondation peut cacher des interruptions, certaines de ces Eglises ayant été interdites à l'époque du régime communiste (en Biélorussie et en Ukraine entre 1945 et 1990, en Roumanie entre 1948 et 1989, en Tchécoslovaquie entre 1950 et 1968 et en Albanie entre 1967 et 1991). Les Eglises uniates n'ont en revanche jamais été interdites par les communistes en Bulgarie, en Hongrie et en Yougoslavie.

13 grandes Églises (entre 120 000 et 3 800 000 fidèles)

Eglise ukrainienne catholique (Lviv; 1595) 3 800 000 (dont 38'000 en Australie, 56'000 en Europe occidentale, 135'000 aux Etats-Unis, 170'000 au Canada, 265'000 en Amérique latine et environ 3 millions en Ukraine - donc à peu près 6% de la population ukrainienne, ce qui est crédible)

Eglise syro-malabare catholique (Ernakulam; 1599) 3 500 000 (dont environ 700'000 au Kérala)

Eglise grecque catholique melkite (Damas; 1724) 825 000, dont environ 200'000 au Liban, 225'000 dans le reste des pays arabes et 400'000 en Occident (ici je corrige d'après Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des chrétiens d'Orient, Fayard, Paris 1994, p. 838, le chiffre peu crédible de 1'400'000 donné par Winkler et Augustin)

Eglise chaldéenne catholique (Bagdad; 1552) 535 000 (dont 400'000 en Irak, 35'000 dans le reste du Moyen-Orient et 100'000 en diaspora) Ici je substitue l'évaluation de Valognes à celle de Winkler et Augustin (350'000) qui me semble trop basse.

Eglise ruthène catholique (Oujgorod; 1646) 520 000 dont 200'000 aux Etats-Unis et 320'000 en Ukraine

Eglise syro-malankare catholique (Trivandrum; 1930) 400 000 (dont environ 300'000 au Kérala et le reste dans les autres Etats de l'Inde)

Eglise hongroise catholique (Hadjudorog; 1912) 280 000

Eglise arménienne catholique (Beyrouth; 1742) 274 000 (dont 30'000 en France et 30'000 au Liban) Ici j'ai substitué au chiffre de 350'000 donné par Winkler et Augustin le chiffre que cette Eglise revendiquait elle-même sur son site Internet, et qui me semble déjà lui-même exagéré...

Eglise slovaque catholique (Presov; 1937) 250 000 dont 25'000 au Canada et 225'000 en Tchéquie et Slovaquie

Eglise copte catholique (Le Caire; 1895) 200 000 (presque tous en Egypte)

Eglise roumaine catholique (Blaj; 1700) 195 481 en Roumanie (recensement roumain de 2002, et non le chiffre délirant de 1'500'000 avancé par Winkler et Augustin; l'avantage des pays qui tiennent des statistiques confessionnelles, c'est qu'au moins on ne peut pas raconter n'importe quoi)

Eglise éthiopienne catholique (Addis-Abeba; 1930) 170 000 (dont environ 80'000 en Erythrée et 90'000 en Ethiopie)

Eglise syriaque catholique (Beyrouth; 1781) 120 000 (dont environ 40'000 en Irak, 60'000 dans le reste du Moyen-Orient et 20'000 en diaspora)

7 petites Églises (moins de 100 000 fidèles)

Eglise italo-albanaise (autrefois dite italo-grecque) (Lugano en Italie et Piana degli Albanesi; 1742) 62 000 fidèles dans le sud de l'Italie

Eglise slave catholique de Krijevci pour l'ex-Yougoslavie (Zagreb; 1777) 49 000 (toutes les républiques ex-yougoslaves)

Eglise bulgare catholique (Sofia; 1926) 15 000

Visite apostolique de Biélorussie (Lublin; 1940) 15 000 (dont 10'000 en Biélorussie et le reste en diaspora)

Eglise catholique orientale russe (1917) 3 500 (essentiellement aux Etats-Unis)

Administration apostolique d'Albanie du Sud (Fier; 1900) 2 500

Eglise grecque catholique (Athènes; 1911) 2 300

Les Maronites (près de 2 millions de fidèles?)

Le tableau du christianisme oriental serait incomplet sans mentionner l'Eglise maronite: ce n'est pas à proprement parler une Eglise uniate, car elle tire son origine d'une Eglise monothélite (et non pas monophysite) qui s'est ralliée en bloc et sans opposition à Rome en 1182 et dont les rites ont été fortement latinisés.

Elle revendique 700'000 fidèles au Liban, 20'000 en Syrie et 1 million en diaspora. Ce dernier chiffre me semble très exagéré, car les maronites en Occident ont tendance à se fondre assez vite dans les paroisses latines. En outre, je sais d'expérience que les maronites de deuxième génération en Europe occidentale sont très souvent acculturés et déchristianisés. Mais retenons un chiffre de 1 million et demi de fidèles maronites. En revanche, le chiffre de 3'300'000 donné par Winkler et Augustin comprend des descendants d'émigrés qui ont perdu toute identité maronite depuis des générations et ne convainc pas.

Environ 11 millions de fidèles en tout

Ainsi, les Eglises uniates regrouperaient 11 millions de fidèles, ce qui est cohérent avec toutes les estimations selon lesquelles elles tourneraient autour de 1% des effectifs de l'Eglise catholique romaine, avec de très fortes concentrations en Inde (3'900'000), en Ukraine (3'320'000) et en Irak (443'000).

Environ 5'200'000 fidèles uniates sont issus d'Eglises préchalcédoniennes: mis en rapport avec une estimation de 41 millions de fidèles préchalcédoniens, cela veut dire que ces Eglises ont subi une véritable saignée qui correspond à plus de 11% de leur effectif de départ.

Environ 5'800'000 fidèles uniates sont issus d'Eglises orthodoxes: en rapport avec une estimation de 106 millions de fidèles, cela correspond à la perte de 5% de l'effectif de départ.

A noter que, de toutes les Eglises orientales (catholiques, préchalcédoniennes ou orthodoxes), c'est l'Eglise malabare catholique qui passe pour être la seule à avoir un dynamisme missionnaire réel.

A noter aussi la domination écrasante des uniates sur les orthodoxes (en termes d'effectifs) en Slovaquie (200'000 uniates contre 60'000 orthodoxes) et surtout en Hongrie (280'000 uniates de langue hongroise contre 8'000 orthodoxes de langue hongroise). Voilà sans doute deux pays où l'Orthodoxie pourrait manifester une présence plus agissante. (La situation est semblable en Ukraine occidentale, l'ancienne Galicie autrichienne, mais je n'ai pas de chiffres précis.)
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1. Vladimir.G: Détails sur l'Église gréco-catholique d'Ukraine le 05/12/2014 22:32
Voici un article qui décrit bien la situation actuelle de l'Église gréco-catholique d'Ukraine. Toutefois, comme la plupart des articles publiés en Occident, il passe sous silence les éxactions subies par les Orthodoxes du fait de cette Église.

Dès son origine le projet uniate fut conçu comme un moyen d'absorber l'Orthodoxie dans le catholicisme. L'Ukraine faisait alors partie du royaume Lituano-polonais.et, comme je le rappelle dans un article dédié (http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Reflexions-sur-l-Eglise-greco-catholique-d-Ukraine-et-La-declaration-de-Balamand_a3820.html), les Orthodoxes furent privés de tous droits religieux et subirent une sévère répression, les églises, monastères et biens de l'Eglise passant aux "Uniates" immédiatement après la signature de l'union en 1596 par le métropolite de Kiev et 6 évêques sur 8. Cette pression continua en Ukraine occidentale, partie de l'Empire austro-hongrois après le partage de la Pologne (1797), si bien qu'il n'y avait pratiquement plus d'Orthodoxes au début du XXe siècle.

Après 1945 le pouvoir soviétique confisqua un grand nombre d'églises et les Orthodoxes officiaient donc dans les églises qui leur avaient été laissées. Ce sont à elles que les gréco-catholiques s'attaquèrent en premier, avec la complicité des autorités, et non à celles, transformées en divers établissements laïcs, que les autorités protégeaient. "L’uniatisme a commencé une expansion active en Ukraine, cherchant à dépasser les limites de l’Ukraine occidentale et à s’implanter dans les régions orientales où il n’était guère présent auparavant. La preuve la plus triste de cette orientation fut le transfert en 2005 de l’archevêché majeur des gréco-catholiques de Lvov à Kiev et le projet de l’élever au rang de patriarcat qu’elle n’a jamais eu dans l’histoire. Ainsi, l’uniatisme n’est pas seulement un fait douloureux du passé qui, pendant des siècles, a divisé l’Orient et l’Occident, mais demeure un grave obstacle sur le chemin du rétablissement de l’unité perdue entre les Églises" écrit Mgr Hilarion en 2009.

En prenant en compte cette mise au point, l'article ci-après contient bon nombre d'information intéressante et donne bien le point des vue des Gréco-catholiques.

Sébastien Gobert 3 Dec 2014

Interdite durant la période soviétique, l'Église gréco-catholique d'Ukraine vient de fêter les vingt-cinq ans de sa légalisation. Étroitement liée à l'histoire du nationalisme ukrainien, elle se trouve actuellement en expansion, comme le raconte ce reportage de Sébastien Gobert.

Surplombant le fleuve Dnipro, sur les rives de la capitale ukrainienne Kiev, la cathédrale patriarcale de la Résurrection du Christ s'inscrit désormais dans le paysage de globes dorés des nombreuses églises de la ville. Consacrée en mars 2011, elle marque, d'une part, le retour du siège de l'Église gréco-catholique d'Ukraine (EGCU) à Kiev, après son départ pour Lviv (alors connue par son nom allemand de Lemberg) en 1803 à la suite de pressions de la Russie tsariste. D'autre part, elle témoigne du développement de cette Église. Selon les statistiques du département des affaires religieuses du ministère de la Culture, elle compte aujourd'hui 3247 paroisses enregistrées en Ukraine. Elle servirait les besoins d'au moins 5,5 millions de fidèles, en Ukraine et à l'étranger. Un développement d'autant plus remarquable, que l'EGCU est sortie de la clandestinité il y a tout juste vingt-cinq ans, le 1er décembre 1989.

"Les 9 et 10 mars 1946, les autorités soviétiques ont organisé un synode dans la cathédrale Saint Georges à Lviv", explique le père Taras Bublik, historien de l'Institut d'Histoire des Églises à l'université catholique ukrainienne (UCU), à Lviv. "Celui-ci s'est soldé par l'abrogation de l'Union de Brest de 1596, par laquelle l'EGCU était placée sous l'autorité de l'évêque de Rome. Autrement dit: l'EGCU a été purement et simplement liquidée, et fondue dans l'Église orthodoxe, à l'époque représentée par le seul Patriarcat de Moscou."

"Le régime soviétique était un régime athée: toutes les confessions en ont souffert", rappelle Taras Bublik. "Et de même, il faut différencier plusieurs périodes de répressions. Sous Staline, c'était les arrestations, les bastonnades, les déportations, les exécutions. L'archevêque Josip Slipiy, arrêté en 1945, a ainsi été envoyé pendant 8 ans dans un goulag de Sibérie. Sous Krouchtchev, il s'agissait plus d'intimidations et de fermetures d'églises... On ne peut pas dire que l'Église gréco-catholique a été la plus persécutée des Églises. Mais ce qui est sûr, c'est que c'était l'une des Églises clandestines les plus importantes", poursuit-il.

Tous les biens de l'Eglise furent confisqués, et pour beaucoup confiés à l'Église orthodoxe. Ce qui permit par ailleurs de préserver le patrimoine religieux de la région. En comparaison avec d'autres villes soviétiques où aucune église n'avait été laissée en activité, une seule église fut fermée à Lviv. Parmi les quelque 3000 prêtres de l'époque, la plupart s'étaient convertis à l'orthodoxie. "Le synode avait été organisé de force et ignorait l'opinion d'une large partie des gréco-catholiques qui ne voulaient pas rejoindre l'Église orthodoxe russe", explique le chercheur Andriy Iourash. "Il y avait néanmoins une base sociale de fidèles qui étaient favorables à une unité dans l'orthodoxie, même s'il est difficile de la quantifier."

"La plupart des convertis ont préservé leur foi pendant toutes ces années, comme on a pu le constater dès 1989", oppose Taras Bublik. "Et il suffit de se rappeler les risques que des centaines de prêtres et fidèles ont pris pendant des décennies pour se rendre compte que leur adhésion à l'EGCU n'avait rien d'artificiel."

Dans une salle de l'Institut d'Histoire, Taras Bublik présente une exposition dédiée aux années de répression et de clandestinité. L'Église a survécu dans des appartements ou dans des caves, à travers la tenue d'offices, d'ordinations, ou même l'organisation de couvents et monastères clandestins. "Nous nous réunissions au maximum à deux familles à la fois, de manière très épisodique", raconte Myroslava Kryvdik. Elle est née à Lviv en 1957, alors que son grand-père, lui-même prêtre, était en détention en Sibérie. "Il nous fallait couper le téléphone, et jouer de la musique pour étouffer les bruits. Nous avons survécu, en occultant nos croyances de nos vies publiques."

"L'EGCU n'a certes pas été la seule confession à être persécutée. Mais sa liquidation s'inscrivait dans la politique soviétique de briser l'esprit national ukrainien, étroitement lié à l'Église depuis le 19ème siècle", indique Constantyn Sigov, directeur du centre d'études européennes à l'Université Mohyla, à Kiev. "À l'inverse, on voit que sa légalisation a renforcé le mouvement d'indépendance à la fin des années 1980."

"En premier lieu, le prompt rétablissement de l'Église est dû au vide spirituel chez de nombreux Ukrainiens, en quête de réponses", estime Oleh Kindiy, vice-recteur de la faculté de philosophie et théologie à Lviv. "Le martyre de l'Église fut une source d'inspiration, c'est un rappel du sacrifice ultime du Christ pour le salut de l'humanité. C'est perçu comme l'expression la plus élevée de la dignité humaine."

Mais pour expliquer le récent développement de l'EGCU en Ukraine centrale et occidentale, qui se fait en général aux dépens d'autres confessions chrétiennes, notamment orthodoxes, la dimension spirituelle n'est pas suffisante. "Un élément de réponse, c'est que l'Église orthodoxe, dans le centre et l'est de l'Ukraine, a été décrédibilisée par ses compromis avec le régime soviétique", explique Oleh Kindiy. "L'Église avait été partie prenante de l'idéologie d'État, en quelque sorte, selon le modèle bien connu de la 'symphonie' entre État et Église. Je me rappelle avoir visité la région de Poltava, dans l'est du pays, pour aller voir quelques communautés gréco-catholiques. Les fidèles n'avaient rien à voir avec l'ouest de l'Ukraine. Mais ils ont rejoint l'Église, car ils se disaient que l'EGCU était une Église ukrainienne sans tache. Au moins, ils étaient sûrs que les prêtres n'avaient pas dû se compromettre avec le KGB ou les hommes politiques russes."

Roman Zavyisky, recteur de la faculté de philosophie et de théologie à l'UCU, se refuse à lier le développement de l'EGCU à une concurrence directe avec l'Église orthodoxe. "Il ne faut pas perdre de vue les coopérations concrètes au niveau des paroisses, ou encore nos solides partenariats œcuméniques." L'UCU abrite d'ailleurs un Institut d'Études œcuméniques, dont le premier directeur était Antoine Arjakovsky, orthodoxe du Patriarcat de Constantinople. "Mais évidemment, il n'est un secret pour personne que nous avons des enseignements différents et un certain nombre de contentieux avec l'Église orthodoxe."

25 ans après la légalisation de l'EGCU, la question de la restitution des biens saisis en 1946 n'est toujours pas réglée. "Et elle ne le sera probablement jamais", constate Roman Zavyivsky. "Beaucoup de choses se sont passées entre 1946 et 1989, et nous ne pouvons pas, par exemple, réclamer des bâtiments où vivent des familles entières. " Un certain nombre d'églises ont été retournées à l'EGCU, réduisant comme peau de chagrin la présence du Patriarcat de Moscou dans l'ouest de l'Ukraine. Une évolution aussi due en grande partie aux "développements intra-orthodoxes et complications juridictionnelles", selon le chercheur Andriy Iourash. Dans les campagnes de l'ouest de l'Ukraine, il n'est pas surprenant de trouver plus d'une église dans les plus petits villages. "Là où les paroisses ne se sont pas reconverties de l'orthodoxie au gréco-catholicisme, nous avons construit notre propre église", explique Roman Zavyisky. Des investissements soutenus en partie par la diaspora ukrainienne, particulièrement généreuse avec l'EGCU.

Malgré un "dialogue continu et constructif", comme le précise Roman Zavyisky, impossible de ne pas percevoir des tensions de fond, dans un contexte de guerre non-déclarée entre Ukraine et Russie. "Du point du vue de Moscou, les gréco-catholiques sont un obstacle à l'unité de l'orthodoxie au sein du 'monde russe', c'est une constante historique", commente Roman Zaviysky.

Des frictions qui s'opposent foncièrement à la perspective de l'édification d'une Église ukrainienne unifiée, un sujet pourtant récurrent depuis l'indépendance du pays en 1991. Le 13 novembre, deux évêques orthodoxes du Patriarcat de Moscou, un du Patriarcat de Kiev, un de l'Église orthodoxe autocéphale d'Ukraine et un évêque de l'EGCU se sont réunis à Rivne, dans l'ouest ukrainien, sous l'égide du gouverneur de région. Les cinq représentants ont signé un mémorandum, soulignant le rêve d'une Église d'Ukraine unie et condamnant les actions de la Russie en Ukraine comme "une agression".

Bien que très localisée et politisée, l'initiative représentait une démarche inédite dans le contexte actuel. "Deux jours plus tard, les deux évêques orthodoxes du patriarcat de Moscou devaient se rétracter, sous pression de leur hiérarchie", rapporte Roman Zavyisky. "En soi, l'unité est souhaitable, mais elle doit se définir par une unité dans la diversité, et non l'absorption de diverses confessions par une en particulier. Nous sommes déjà passés par là, nous savons que cela ne fonctionne pas."

25 ans après sa légalisation, l'EGCU vit son développement comme "un accompagnement des changements de fond qui traversent la société ukrainienne", estime Roman Zavyivsky, qui assure d'une prise de distance avec les milieux politiques. "Il en va de notre responsabilité de contribuer aux débats sociaux, politiques et économiques, pour donner des réponses aux questions quotidiennes de nos fidèles."

"Nous pouvons parler d'une connivence avec l'idée ukrainienne, mais elle se décline de plusieurs manières", développe Constantyn Sigov. "En l'occurrence, au centre de la révolution à Kiev, il y avait précisément la dignité de l'homme. Je pense que c'est ça l'idée ici, la dignité de chaque citoyen, de chaque être humain."

http://religion.info/french/articles/article_657.shtml#.VH7zK8m4N8E
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