POURQUOI JE SUIS ORTHODOXE: Un non-grec australien explique pourquoi il s'est converti

Parlons D'orthodoxie

Neos Kosmos a récemment publié un article de Nick Trakakis intitulé "Pourquoi je ne suis pas orthodoxe" (*) et je voudrais profiter de l'occasion pour en prendre le contre-pied puisque j'ai suivi l'itinéraire inverse à M. Trakakis.

Je suis typiquement «australien», d'ascendance britannique, et j'ai grandi dans l'Église anglicane. Après avoir fait quelques recherches religieuses durant mes années universitaires j'ai fini par rejoindre l'Eglise orthodoxe en 2013 et j'ai été comblé depuis aux plans spirituel, intellectuel et social.

Beaucoup de gens critiquent l'Église orthodoxe comme étant archaïque et complètement déphasée à notre époque. Pourtant, c'est cette fidélité à la tradition qui est en fait l'une des principales raisons qui me font Orthodoxe. En fait je ne crois pas que tout ce qui est moderne soit automatiquement supérieur au passé. La religion authentique ne doit pas être soumise aux modes contemporaines, aux courants et aux préjugés, mais elle doit être basée sur des vérités salvatrices, immuables, éternelles. Si une religion n'a pas le courage ou la force de nager à contre-courant de l'époque, elle devient une simple institution humaine et perd tout droit de se revendiquer d'une inspiration divine.

POURQUOI JE SUIS ORTHODOXE: Un non-grec australien explique pourquoi il s'est converti
L'Eglise orthodoxe est également décrite comme «antioccidentale» et hostile envers l'unité avec les autres religions. Une fois de plus, je crois qu'il s'agit là d'une qualité plutôt que d'un défaut quand c'est bien compris. Toutes les religions non orthodoxes enseignent des doctrines différentes et, par définition, elles ne peuvent toutes être vraies. De ce fait le syncrétisme religieux détruit la possibilité de connaître Dieu véritablement, car il nie l'existence de la vérité et agit comme un masque pour l'agnosticisme ou l'athéisme. Est-il spirituellement sein de traiter de la même façon vérité et erreur? L'orthodoxie est une religion sincère et de ce fait elle ne peut jamais être relativiste ou agnostiques, mais doit au contraire témoigner des enseignements uniques qu'elle possède.

Le fait que l'orthodoxie n'accepte pas totalement ou sans poser de question tous les principes de la modernité, tels que la démocratie, la laïcité et le féminisme, ne devrait donc pas être une surprise. Ceux qui prétendent que l'Église doit toujours suivre les dernières tendances appellent en fait à une religion d'état bénigne, qui suit consciencieusement les désidératas de l'électorat.

La façon dont l'Église orthodoxe agit en toute indépendance et sans être influencée pas les tendances du moment est quelque chose à quoi je tiens beaucoup, car cela démontre que l'Église est bâtie sur le roc de la vérité plutôt que sur les sables mouvants de l'opinion publique. Je veux que l'Église guide, réponde aux défis et me purifie plutôt qu'elle ne cède à ce qui est à la mode ou à ce qui est commode.

L'orthodoxie est pleine de rituels élaborés et beaux, qui provoquent souvent des critiques, comme celle de M. Trakakis jugeant que les Orthodoxes "se livrent trop à des pratiques liturgiques au détriment de la vie interne de la personne." Mais les croyants orthodoxes voient leurs offices comme une rencontre transfiguratrice avec Dieu, qui leur donne la force intérieure pour aller de l'avant et faire le bien dans le monde. Et de fait, les personnes les plus charitables et pieuses que je connais sont souvent les mêmes qui fréquentent le plus les services religieux. Si les gens négligent de prier, lire de la littérature spirituelle, se confesser et prendre part tout le spectre de la vie orthodoxe, alors les longs offices peuvent être difficiles, mais ils sont vraiment enrichissants pour ceux qui cherchent Dieu.

Et enfin ce côté ethnique de l'Orthodoxie, qui en détourne de nombreuses personnes, a en effet été un problème dans l'Eglise. Cependant, il est maintenant traité, car il y a de nombreux offices orthodoxes célébrés en anglais et un nombre croissant de convertis à la foi dans le monde entier. Beaucoup de gens ne savent pas que l'Église a fait un travail missionnaire réussi parmi les populations du Japon, en Afrique, en Amérique du Nord et en Amérique latine. Personnellement, je été chaleureusement accueilli dans l'Eglise et j'ai été enchanté de rencontrer des éléments des cultures grecque, russe et serbe qui ont été si profondément imprégnées des principes chrétiens au cours des siècles.

Ce serait merveilleux de voir l'Eglise orthodoxe croitre et resplendir en Australie et j'espère que les efforts déployés dans ce sens vont se poursuivre. Bien qu'il y ait toujours des paroissiens ou des clercs qui agissent à l'encontre de l'Evangile chrétien à titre individuel, le Chef de l'Eglise orthodoxe est toujours le Christ qui parle à travers ses Saints. Au 20e siècle, le saint père Justin Popovic, a enseigné que «c'est un blasphème impardonnable, un blasphème contre le Christ et contre le Saint-Esprit de transformer l'Eglise en une institution nationale ... Son but est au-delà de la nationalité, il est œcuménique, il embrasse tout: unir tous les hommes dans le Christ, tous sans exception de nation, de race ou de couche sociale". (Orthodox Faith and Life in Christ, p24, translated by Asterios Gerostergios, Institute for Byzantine and Modern Greek Studies).

Je suis orthodoxe pour plusieurs raisons mais la raison essentielle est la fidélité intransigeante de l'Eglise à l'ancienne foi chrétienne. Je suis reconnaissant qu'elle ait été préservée au cours des siècles pour offrir une alternative au vide relativiste d'aujourd'hui et au culte de la modernité. Ponce Pilate a demandé, "Qu'est-ce que la vérité?" (Jean 18:38), et l'Église enseigne que Jésus Christ est «le chemin, la vérité et la vie» (Jean 14: 6) qui «est le même hier, aujourd'hui et éternellement" (Hébreux 13: 8).

L'Orthodoxie ce n'est pas le fait d'être Grec, ou d'être démodé, ou d'être têtu. Au cœur de l'Orthodoxie il y a son grand amour pour le Christ, ce qui signifie que ses enseignements et ses valeurs ne peuvent jamais être modifiés. Et si vous croyez que "Christ est ressuscité", c'est une très bonne chose.

9 novembre 2015
Michael Todd Lien
Traduction Vladimir Golovanow (*) Note du traducteur: cf



Photo : Mariage à l'église de Bankstown, Sydney, Archidiocèse grec orthodoxe d'Australie,


Commentaires (12)
1. Nathalie le 18/11/2015 07:59
Eglise est universelle (catholique) ou pas ? Donc, le titre , à mon sens est un peu mal choisi, et même paradoxal, je cite "non-grec australien". Et puis ensuite ? je suis française et c'est tout, c'est ma nationalité. C'est un travers de beaucoup d'orthodoxes de penser que l'orthodoxie appartient à certaines nationalités ou pays et que les autres doivent laisser leur culture et faire les immigrés, même dans leur pays et adopter une autre culture que la leur. Cet homme est autralien, il est orthodoxe. Voilà, c'est simple.
2. Tchetnik le 18/11/2015 09:23
L'Eglise n'est pas "antioccidentale" dans la mesure où elle n'est pas hostile à l'Occident qui fut - et est encore au fond - Chrétien et Orthodoxe.

Elle peut en revanche -et doit - être hostile à l'"occident" des banques et des lobbies, relativiste, matérialiste et deshumanisé.

"Beaucoup de gens ne savent pas que l'Église a fait un travail missionnaire réussi "

-Travail hélas trop tardif, à l'exception du Japon, et trop souvent réalisé contre l'institution de l'Eglise.
3. Vladimir.G: TOUT l''''Occident appartient à cette "civilisation européenne séparée de Christ ... le 18/11/2015 15:00
Bien chère Nathalie,

Le lien (mal) indiqué par le renvoi * en bout de texte indique que cet article est une réponse à celui de Nick Trakakis intitulé "Why I am not Orthodox. A Greek philosopher explains": "Pourquoi je ne suis pas orthodoxe. Un philosophe grec explique". Cela explique le titre de cet article, d'autant que celui Nick Trakakis appuie une bonne partie de sa critique sur le caractère ethnique de l'Orthodoxie... et j'imagine que notre bien cher Tchetnik doit applaudir!

TOUT l'Occident appartient à cette "civilisation européenne séparée de Christ ... Dans le catholicisme romain et le protestantisme l'Homme devient valeur suprême et remplace le Christ – Dieu-homme," comme écrit saint Justin Popovich.
4. Tchetnik: Christianisme ou talmud? le 18/11/2015 21:17
"TOUT l'Occident appartient à cette "civilisation européenne séparée de Christ "

Raison de plus pour évangéliser.
5. un lecteur le 22/11/2015 21:12
Le terme « converti » semble inapproprié car l’on ne se convertit qu’au Christ et M. Michael Todd l’était déjà en tant que chrétien.

Plus précisément, disons que la brebis qu’il est a changé de bercail c’est tout et c’est beaucoup.
Et quel bercail ! Il a trouvé le bercail qui comble la faim sans jamais rassasier, chemin d’émerveillement sans fin, « le ciel sur la terre ».
6. Vladimir.G: approche universelle! le 23/11/2015 10:25
Bien cher "Lecteur"

Ce site s'adresse à un large lectorat "au profit de la mission orthodoxe et de la communication entre chrétiens" (Cf. "Avant-propos") et, pour cela, se doit d'utiliser un langage compris par le plus grand nombre. Le plus populaire des dictionnaire français, le "Larousse" définit ainsi le mot "conversion": "Action d'adhérer à une religion, d'abandonner une religion pour une autre ou de passer de l'incroyance à la foi religieuse : Conversion au catholicisme." Citons ainsi l'exemple historique très connu de la "conversion d’Henri IV au catholicisme" ... Donner à ce mot un sens plus étroit revient à jargonner - utiliser un jargon ("Vocabulaire propre à une profession, à une discipline ou à une activité quelconques, généralement inconnu du profane, argot de métier : Jargon judiciaire." Ibid.)

Cet article est traduit de l'anglais et l'auteur utilise bien le mot "converted." Il est donc particulièrement intéressant de voir que les mots ont le même sens aux deux extrémités de la terre et que les mêmes questions y sont traitées de façon similaire. Cette approche devient alors universelle!

Ainsi, pour ce qui concerne les "conversions" au sein de la diaspora orthodoxe, la meilleure étude connue sur le sujet est celle du père Serge Model, "Une page méconnue de l’histoire de l’orthodoxie en Occident : la mission orthodoxe belge (1963-1987)", (http://archiepiskopia.be/content/biblio/fr/Model/MissionOrthoBelg.pdf). Et de nombreux articles et débats sur ce site tournent autour de la question: l'Orthodoxie en Occident doit-elle privilégier ses différentes cultures ecclésiales ou rechercher l'acculturation locale et s'adapter au monde? Là aussi, ce sont les mêmes questions qu'en Australie...
7. Philippe Amartolos le 23/11/2015 12:10
"Un seul troupeau et un seul Berger".
M Todd ne faisait pas parti de l'unique troupeau, il n'était donc pas une brebis de l'unique Berger.

M. Todd n'a pas "changé" de bercail, il est "entré" AU bercail.

M. Todd ne faisait pas parti de l'Eglise, il n'était donc pas un fidèle du Christ. Et s'il n'était pas disciple du Christ, en tant que fidèle de son corps divino-humain qu'est l'Eglise, alors il n'était pas chrétien.
Sa conversion (métanoïa) n'a pu avoir lieu que lorsqu'il fut admis dans la communion orthodoxe, seule foi de l'univers. Le chrétien n'est pas adepte du christian-isme mais fidèle disciple du Christ, voué à devenir dieu par grâce.
Seule l'Eglise est animée de divino-humanité et elle seule peut se revendiquer de Dieu et non des hommes
.
Aussi, il est une conception très "novlanguienne" de qualifier de chrétien ce qui n'est pas orthodoxe.
Est chrétien celui qui croit en la foi formulée par les saints Pères présents lors du concile de Constantinople en l'an 381.N'est pas chrétien celui qui y croit différemment, en choisissant ce qu'il veut, rejetant le reste (le sens même de l'hérésie.)
Il y a là une effroyable imposture intellectuelle visant à corrompre l'âme et l'esprit des humbles personnes : les mots ont un sens, ne les bradons pas par "amour du monde", ce monde qui haït toujours plus le Christ parce qu'Il l'a vaincu !
8. Philippe Amartolos le 23/11/2015 22:19
Précision car on entrevoit l'objection : " selon vous avant 381 on ne pouvait être chrétien".
Aussi, en 381 la foi éternelle fut proclamée une fois pour toute afin de prévenir les hérésies toujours plus subtiles. De fait le premier "concile" de l'histoire de l'Eglise, celui se réunissant autour de saint Jacques, frère du Seigneur, à Jérusalem, proclamait déjà cette Foi Trinitaire divine et de surcroît parfaite (Cf. Actes des Apôtres). Saint Irénée de Lyon témoigne deux siècles avant la rédaction du Symbole de la catholicité de la Foi.
9. Un lecteur le 25/11/2015 15:15
M. Michael Todd était anglican, donc chrétien qu’on le veuille ou non.
Il n’a pas changé de religion mais de confession, c’est ce que j’ai osé appeler apparemment malencontreusement « bercail ».
A l’intérieur de la religion chrétienne il existe plusieurs courants, ou confessions, ou bercails. C’est un fait tout simplement, pas de quoi prendre la mouche
10. Vladimir.G: le 25/11/2015 18:50
Débat habituel sur ce site pour définir la place des hétérodoxes ...

"Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père." (Jean 14:2). En langage courant, Orthodoxie et Catholicisme sont des confessions différentes, leurs adeptes appartiennent à des "demeures" différentes dans la maison du Père et changer de "demeure" s'appelle se convertir...

Notre bien cher "Lecteur" fait cette ... lecture là :), mais notre bien cher Philippe Amartolos en fait une plus étroite en réservant toute la maison du Père aux seuls Orthodoxes... Rien de bien nouveau donc: le Lecteur a une démarche œcuménique derrière saint Nicholas Velimirovich et les représentants de toutes les "Églises qui participent au dialogue œcuménique en général et au dialogue avec l'Église catholique en particulier; Philippe Amartolos a une position clairement plus restrictive à l'instar de saint Julien Popovic et de très nombreux clercs, moines et laïcs Orthodoxes qui constituent probablement la majorité à mon sens (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html).
11. Philippe Amartolos le 25/11/2015 21:36
"A l’intérieur de la religion chrétienne il existe plusieurs courants, ou confessions, ou bercails. C’est un fait tout simplement, pas de quoi prendre la mouche".

C'est votre point de vue, ce n'est pas celui du Pidalion et des saints Pères conciliaires. Et, selon l'approche théologique et TERMINOLOGIQUE (d'où l'importance des mots) cette phrase n'est pas logique et bourrée de contre-sens.
Je ne vois pas pourquoi, "qu'on le veuille ou non", un hérétique devrait être considérer comme chrétien. Pour être chrétien il faut faire sienne la profession de toute la foi, non quelques morceaux choisis. Cela n'entraîne pas pour le retranché de l'Eglise une incapacité, ad vitam eternam, d'obtenir le Salut, l'Eglise n'étant pas augustinienne, elle ne saurait proclamer l'impossibilité pour Dieu de sauver qui Il veut :
la grâce de Dieu est catholique en ce sens qu'elle embrasse TOUT, la preuve en est que d'une organisation non chrétienne (anglicanisme, papisme, protestantisme, islam, judaïsme, hindouisme, etc..) des gens parviennent à devenir orthodoxe et par là, à embrasser LA foi en Dieu.
Je reconnais prendre parti pour l'enseignement des saint Pères : reconnaissez prendre partie pour certaines théories plutôt modernes et théorisées assez récemment, ce qui, pour saint Vincent de Lérins, ne peut que les éloigner de toute catholicité et orthodoxie ( théories des branches, des deux poumons, "églises" soeurs). Je ne vous impose pas d'y croire, et je me refuse le devoir d’acquiescer vos "théologoumènes" déjà réfutés, condamnés et anathématisés.

L'oeuvre dogmatique de saint Justin Popovitch est une fabuleuse source de Lumière pour ce sujet.

Enfin, bien conscient que ce discours puisse paraître belliciste et éloigné de tout aspect irénique, l'Evangile rappeler que le Christ n'est AUCUNEMENT venu apporter la PAIX sur terre. Aussi, bien que le chrétien doive rechercher cette paix qui vient d'en haut pour être appelé fils de Dieu, il ne doit pas brader sa foi (seule à pouvoir lui faire accéder à cette paix divine) afin de s'assurer une vie tranquille, se contentant d'une confession formelle de la foi afin de ne pas froisser l'autre. Ce n'est pas le témoignages des saints confesseurs ni l'exemple des saints martyrs !
Un récent livre du Protopresbytre Michel Quenot nommé tout bonnement "LES GLORIEUX COMBATTANTS" présente justement tous ces saints, et non des moindres (saint Georges, saint Dimitri) qui se soulevèrent pour faire triompher la foi. Saint Païssios le prouva également en sortant de son désert pour protester contre les innovations antéchrists que le gouvernement grecque tenta d'imposer à un moment.

Tout cela pour dire que cette "paix mondaine" tant promue depuis les plus hautes sphères de nos sociétés semble au combien corroborer de plus en plus avec cette parole de l'apôtre Paul :
Vous savez très bien que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit.
Lorsque les hommes diront : Paix et sûreté, alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs surprennent la femme enceinte : et ils n'échapperont point (1 Thess. 5, 3).

Tout cela ne sert à rien, vous trouverez toujours mieux à dire.
12. Tchetnik le 25/11/2015 22:45
Saint Nicolas Vélimirovic - comme déjà maintes fois démontré - n'a jamais prôné la reconnaissance des églises hétérodoxes comme égales à l'Eglise Orthodoxe. Il était pour un dialogue respectueux, certainement pas pour une position relativiste.

Il suffit de le lire pour s'en apercevoir.
13. Philippe Amartolos le 26/11/2015 00:40
Très cher Vladimir,

Vous faites une certaine interprétation de cette péricope de saint Jean, celle qui prévaut désormais.
Selon saint Jean Chrysostome le Christ en déclarant cela veut rassurer ces disciples du fait qu'il y a pour eux aussi une place au Royaume des Cieux. Aussi, peut être saint Syméon le Nouveau Théologien (en tout cas un "mystique", je ne me rappelle plus), voyait ici différentes couronnes selon le charisme reçu durant notre vie martyrs, confesseur, anargyres, thaumaturges, clercs, laïcs, moines, etc..
On voit mal comment votre interprétation put être valide à l'époque où il n'y avait physiquement qu'une Eglise, celle de Jérusalem, de même lorsque les saints Pères conciliaires déclaraient une et unique la Foi et l'Eglise, le reste impie et voué à l'anathème.

A ma connaissance,aucuns saints (orthodoxes) n'interprètent cela de la sorte. Mais je suis avide de références.

Dans certaines conversations, j'ai déjà lu ces propos relatifs à l'oecuménisme de saint Nicolas Vélimirovitch, Selon mes lectures, il put être favorable à un dialogue tel que l'expérimentait saint Justin avec Tryphon ou saint Spyridon avec le philosophe arien.
On peut lire par exemple ses propos écrit lors de sa captivité au camp de Dachau (Adresse au peuple serbe depuis la prison) ou dans la Centurie de Ljubosnitsa, où l'on pourra constater que le saint aurait plutôt été sceptique face aux allumages de bougies par le patriarche pour Hanouka et devant tout oecuménisme qui ne serait pas apologétique et prosélyte.

Enfin, à l'époque de saint Marc d'Ephèse, "tout le monde" sauf lui avait signé l'union, de même, à l'époque de saint Athanase, "tout le monde" sauf lui était arien. si aujourd'hui toutes les Eglises orthodoxes participent aux dialogues alors, comme dirait Dostoïevski, le chrétien doit vivre avec l'espérance que quelque part, là-bas, il y a un homme qui porte la vérité et que dès lors, cette vérité viendra à nous un jour.

Le monde entier était aussi en communion pour haïr et lapidé le Christ, il l'est davantage chaque jours.
14. Vladimir.G: LES DIVISIONS ORTHODOXES SUR L'ŒCUMÉNISME le 26/11/2015 18:13
LES DIVISIONS ORTHODOXES SUR L'ŒCUMÉNISME

St Nicolas d'Ohrid développe une claire distinction entre les églises hétérodoxes et l'Eglise Orthodoxe comme l'illustre parfaitement son discours à la deuxième Assemblée du COE (Evanston, 15-31 août 1954), à laquelle il participa en personne dix huit mois avant de s'endormir dans le Seigneur:

"Un nom a réuni et nous rapproche à Evanston- Jésus-Christ… Comme mentionné plus haut (dans une citation de Florovsky: comme le souligne Mgr Maxim (Vasiljevic dans “Trois théologiens serbes entre l’Orient et l’Occident. Nicolas Velimirovic, Justin Popovic et Athanase Jevtic”, in "Istina" LVI (2011), p. 63-78) saint Nikolas reprenait scrupuleusement la position prise par le père Georges Florovsky à laquelle il adhérait totalement) le fait est que, si chaque dénomination contient seulement une partie de la foi chrétienne, l'Eglise orthodoxe contient la totalité et la plénitude de la vraie foi 'qui a été transmise aux saints une fois pour toutes' (Jude 1:3). L'espérance en Christ [une allusion au thème de l'assemblée: "Le Christ, seul espoir du monde"] est basée sur la foi véritable et entière, car il est écrit: d'abord la foi, ensuite l'espoir et puis l'amour, sinon il s'agit d'une maison sans fondations. La même chose s'applique à l'eschatologie contenue dans cette foi depuis l'origine. Sans une telle foi, il est difficile d'approcher du Christ en vérité qui est considéré comme l'espoir total, aussi bien que le Christ qui est eschatologique qui doit accomplir l'histoire de l'humanité et être le Juge pour l'éternité. L'union de tous les églises ne peuvent être atteinte par des concessions mutuelles, mais seulement par l'adhésion de tous à la seule vraie foi dans son intégralité, car elle a été léguée par les Apôtres et formulé par les conciles œcuméniques; en d'autres termes, par le retour de tous les chrétiens à Église une et indivisible à laquelle appartenaient les ancêtres de tous les chrétiens dans le monde entier au cours des dix premiers siècles après Jésus-Christ. C'est la Sainte Eglise Orthodoxe." (*)

Position donc parfaitement limpide: "l'Eglise orthodoxe contient la totalité et la plénitude de la vraie foi" alors que " chaque dénomination contient seulement une partie de la foi chrétienne." C'est bien cette "partie de la foi chrétienne" qui justifie respect et dialogue. Il n'est évidement pas question d'hérésie dans ce cas.

NB: j'ai rédigé un article reprenant les divisions des Orthodoxes à propos de l'œcuménisme; en attendant une publication éventuelle sur PO je l'ai posté sur ma page Facebook le 28 octobre (il y a en particulier une très belle illustration des saints Nicolas et Justin).

Quand à mon interprétation de la péricope de Jean, il faut aussi rappeler ce que dit le Christ aux Samaritains, "dénomination séparée" du judaïsme à son époque!

(*) In St. Nicolai Velimirovic, “Догађај у Еванстону” publié dans “Слобода” du 20 Octobre 1954 et repris dans "Collected Works". Vol. 13, Himmelsthür, 1986, p. 42-46 (en serbe). Traduit de l'anglais par Vladimir Golovanow d'après Julija Vidovic, "St. Nicolas Velimirovic and St. Justin Popovic on Ecumenism", OrthodoxHandbook on Ecumenism. Resources for Theological Education, чијисуиздавачи P. Kalaitzidis, T. Fitzgerald, C. Hovorun, A. Pekridou, N. Asproulis, D. Werner and G. Liagre, VolosAcademy, WCC, Regnum Books International, Oxford, Volos, Greece, 2014, p. 263-272. Disponible en PDF à partir de https://icp.academia.edu/JulijaVidovic/Papers.
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