Bonne rentrée ecclésiale à tous !
Père André Krementzoff (1)
Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale

Le 1er septembre est le premier jour du Nouvel an liturgique (2). Il coïncide avec la rentrée scolaire et la journée de la préservation de la Création, institué par le Patriarche œcuménique. En début d’année scolaire, les élèves prennent généralement de bonnes résolutions, ce que tout le monde fait aussi le 1janvier. Pourquoi les chrétiens orthodoxes ne prendraient ils pas aussi de bonnes résolutions au début de l’année liturgique ? Elle peut être l’occasion, comme chacun des carêmes institués par l'Église, de remettre les pendules à l’heure et d’essayer de corriger ce qui ne va pas dans nos vies. Il est donc utile de rappeler certaines règles et usages de l'Église orthodoxe. La Liturgie est au centre de notre vie de chrétiens. Elle est l’aboutissement du cycle des offices qui se répartissent sur les vingt quatre heures d’une journée. La Liturgie dominicale, axée sur la Résurrection, est notre Pâque hebdomadaire. La communion fréquente est un progrès et un retour aux normes. Elle présente cependant le danger de la banalisation si elle n’est pas précédée d’une préparation spirituelle et matérielle (physique) et si elle devient automatique. L’obligation de passer par l’étape de la confession de ses péchés avant toute communion est une pratique révolue dans la plupart des paroisses de notre Archevêché – sauf, bien entendu, si on a un péché lourd sur la conscience. Le rythme des confessions est fixé conjointement par le fidèle et son confesseur (qui peut, bien sûr, ne pas être le prêtre desservant la paroisse, mais un autre prêtre). Il s’agit d’une hygiène spirituelle vitale. Nous sommes, en permanence, indignes de communier, que nous ayons confessé nos péchés la veille au soir ou juste avant la Liturgie.

Si nous ne sommes pas conscient de notre état de pécheurs permanents, et si nous ne savons pas quoi confesser, ne nous inventons pas des péchés, comme le font parfois les enfants et ne confessons pas les péchés des autres. Le remède pourrait alors être pire que le mal. La Liturgie devant être précédée d’une préparation, les vêpres ou la vigile du samedi soir sont une excellente pour tous ceux qui n’habitent pas trop loin de l’église. Pour les autres, cet office peut être remplacé par la lecture du canon précédent la communion, et la lecture de l’apôtre et de l'Évangile du dimanche. La participation à la vigile permet à ceux qui sont présents de se confesser la veille de la Liturgie afin de ne pas la retarder le dimanche matin. Dans tous les cas de figure, la communion dominicale est précédée du jeûne eucharistique qui commence samedi à minuit et est rompu par la communion aux Saints Dons. Jeûner signifie s’abstenir de manger, mais aussi de boire. Il est évident que les malades qui prennent des médicaments le matin peuvent boire un demi verre d’eau et manger un morceau de pain. Dieu n’attend certainement pas de ceux qui souffrent qu’ils ajoutent à leur maladie un ulcère à l’estomac …

La Liturgie est une anticipation du Royaume, souvent symbolisé par un festin dans les Évangiles. Il ne nous viendrait pas à l’idée d’arriver en retard à une réception organisée par un dignitaire quelconque de la mairie ou du gouvernement. Le retard à l’église manifeste l’inversion de nos priorités. Le 3ème et 6ème heure ne sont pas des offices privés réservés à quelques privilégiés, elles ne sont pas non plus un fond sonore destiné à rendre les confessions plus discrètes. On y lit des psaumes que le Christ a, Lui même, utilisés pour prier. Les heures sont des offices à plein titre du cycle journalier. Elles sont, comme des vêpres ou la vigile une préparation à la Liturgie. Et le dimanche matin, elles sont un sas de décompression et le monde extérieur et l’église où « nous déposons tous les soucis de ce monde » pour nous consacrer à l’essentiel.

Bonne année ecclésiale à tous!
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Commentaire et notes du rédacteur:

Ce texte de rentrée ecclésiale a été publié dans le bulletin n° 24 de la Communauté orthodoxe de Compiègne (Septembre 2010) (3). Le père André est un prêtre issu de la 3-ème, voire 4-ème, génération de l'émigration, typique de ces pasteurs de l'Archevêché qui cumulent la responsabilité de plusieurs paroisses (2 en l'occurrence) avec une vie professionnelle à plein temps et une famille… Son rappel des règles les plus élémentaires de la vie liturgique me semble très pragmatique, plein de bon sens et… bien nécessaire!

Certains seront surpris par des affirmations comme "La communion fréquente est un progrès et un retour aux normes ", "L’obligation de passer par l’étape de la confession de ses péchés avant toute communion est une pratique révolue dans la plupart des paroisses de notre Archevêché", mais c'est la constatation d'une théologie et d'une pratique introduites depuis longtemps et acceptée ("bénie"?) par l'Archevêque, chef de l'Eglise locale, et je trouve salutaire que le père André en précise les limites en rappelant le risque de "banalisation" et notre indignité. J'aurais personnellement ajouté que "si nous ne sommes pas conscient de notre état de pécheurs permanents…" au point de nous inventer des péchés comme de petits enfants, nous devons approfondir notre intelligence du sens même du péché et du repentir par quelques lectures, comme par exemple la magnifique "discussion sur la confession" de Mgr Antoine de Souroge publiée dans le Bulletin n° 4 de la paroisse de Compiègne (Avril 2008) (4)

(1) http://www.exarchat.eu/spip.php?article110
(2) Calendrier liturgique évidement. Pour ceux qui suivent le calendrier julien cela correspond au 14 septembre du calendrier civil.
(3) Télécharger en pdf sur http://nicolas_k.perso.neuf.fr/Paroisse/Bulletins/2010/024%20Septembre%202010.pdf
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Mgr-Antoine-de-Souroge-Le-but-de-la-confession-et-l-essence-du-peche_a2480.html et http://nicolas_k.perso.neuf.fr/Paroisse/Bulletins/2008/004%20Avril%202008.pdf