Le long week-end du 1er mai a donné lieu à plusieurs manifestations de l'unité orthodoxe à différents niveaux:

 La manifestation la plus importante a été le 13e congrès orthodoxe d'Europe occidentale (1) du 30 avril au 3 mai dernier, à Amiens (Somme), sur le thème "La Création remise entre nos mains". De 600 à 700 participants, selon les sources, se sont retrouvées dans la fraternité et la convivialité qui font toujours les succès de ces congrès, pour écouter des conférenciers de haut niveau et participer aux tables rondes et ateliers. La divine liturgie du dimanche 3 mai était concélébrée par six évêques et une dizaine de prêtres et diacres. Certains anciens m'ont dit avoir retrouvé leurs souvenirs de jeunesse.

 Une autre manifestation, moins importante en nombre mais aussi fraternelle et conviviale a réuni le vendredi 1er mai les représentants de toutes les paroisses dans le cadre de l'assemblée générale de l'Association diocésaine de l'Église orthodoxe russe - Diocèse de Chersonèse. Il s'agit de la première assemblée de cette nouvelle forme juridique du diocèse de Chersonèse en France et elle a été suivie, dans l'après-midi, de l'assemblée générale de l'Union des associations cultuelles, forme juridique du doyenné des paroisses orthodoxes russes en France. Les deux assemblées se sont tenues dans les locaux diocésains dans le XVe arrondissement de Paris et des comptes rendus des travaux seront diffusés dans les paroisses dont les représentants étaient heureux de voir ainsi réunie notre famille, qui s'agrandit à chaque réunion, et souhaitent créer et approfondir les liens entre paroisses. (2)

 Enfin une autre célébration pan-orthodoxe a réuni le dimanche 3 mai au soir, les paroisses et le monastère orthodoxes présents dans le canton de Vaud (Suisse): quelque 200 personnes ont célébré les vêpres dans la cathédrale protestante de Lausanne organisées par les communautés organisatrices des patriarcats de Moscou, Constantinople, Serbie et Roumanie. Pour la première fois l’église russe à l’étranger participait aussi à l’événement. La magnifique cathédrale gothique de Lausanne (la plus grande de Suisse), consacrée en 1274, accueillait ainsi pour la troisième fois les orthodoxes dans le cadre de célébrations confessionnelles mensuelles placées sous l’égide du Conseil des Églises Chrétiennes du Canton de Vaud. Comme au congrès d'Amiens, plusieurs participants ont dit leur joie et leur désir de voir de semblables occasions se renouveler en témoignage de l’unité de l’orthodoxie. (3)

Commentaire du rédacteur: il est vraiment réjouissant de voir ces belles manifestations de l'unité orthodoxe, qui restent trop rares, mais on doit regretter aussi un manque de coordination: il serait me semble-t-il préférable de les étaler dans le temps pour permettre à tous ceux qui n'ont pas le don d'ubiquité de participer à plusieurs d'entre elles. Il est particulièrement regrettable que, si des représentants de patriarcat de Moscou ont pu participer aux tables ronde d'Amiens, il n'y en ait pas eu parmi les conférenciers: les écoles théologiques russes nous semblent en effet particulièrement en pointe et leur expérience des nouvelles missions dans la population constitueraient certainement un apport important et permettraient des échanges d'expérience particulièrement intéressants.

Notes:
(1) cf. http://www.nectaire.net/article-31121079.html ou http://www.aartsbisdom.be/Z-Nouvelles_2009/Congres_Amiens.html. Ces congrès sont organisés tous les trois ans depuis 1971, à l'initiative de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale. Le précédent s'était déroulé à Blankenberge (Belgique), en octobre 2005.
(2) cf. http://www.egliserusse.eu/notes/Assemblee-generale-de-l-Association-diocesaine_b1353476.html)
(3) cf. site du diocèse de Chersonèse

Rédigé par Vladimir Golovanow le 8 Mai 2009 à 15:02 | 13 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 08/05/2009 16:21
Je venais juste d'envoyer ma note sur les manifestations du 1er mais quand, sur un site orthodoxe particulièrement intéressant et sympathique, dont je suggère la fréquentation régulière à nos lecteurs (1) je vois une nouvelle manifestation unitaire: un évêque de l'Église orthodoxe russe hors frontières, Mgr Agapet, a célébré la liturgie au Saint Sépulcre pour la première fois depuis de nombreuses années, avec un métropolite du patriarcat de Jérusalem, Mgr Aristarque. À partir du moment ou l'EORHF avait rompu ses liens avec le patriarcat de Moscou, au début des années 1930, elle s'est trouvée en dehors de la communion canonique avec les Eglises orthodoxes et ses clercs ne pouvaient plus concélébrer avec ceux des églises canoniques; la réunification de l'Église russe il y a presque deux ans, le 17 mai 2007, a rétabli la pleine communion et permis la reprise des concélébrations, dont plusieurs ont aussi eu lieu en Europe et en Amérique.

Rappelons que l'EORHF est maintenant une structure autonome au sein du patriarcat de Moscou, tout comme d'autres Eglises locales à l'extérieur des frontières de la Fédération de Russie. Ainsi elle procède elle-même à ses nominations et ordinations, comme à l'élection de son primat qui doit simplement être confirmé par le Saint-Synode de l'EOR; il est actuellement commémoré en tête dans les paroisses de l'EORHF. Cette situation est toutefois provisoire et devrait être revue avant 2012: certains, dont en particulier Mgr Marc de Berlin (EORHF), ont déjà proposé de restructurer tous les diocèses et les paroisses de l'EOR se trouvant en dehors de son territoire canonique traditionnel, en 4 ou 5 grandes métropoles autonomes, recouvrant chacune un continent. Pour ce qui concerne en particulier l'Europe occidentale, ce schéma suivrait celui que proposait, dès 2003, le patriarche Alexis II, de bienheureuse mémoire en écrivant 'Nous fondons notre espoir que la nouvelle Métropole autonome, qui réunira tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d’Europe Occidentale, servira au moment choisi par Dieu, de creuset à l’organisation de la future Eglise orthodoxe locale multiethnique en Europe Occidentale, construite dans un esprit de conciliarité par tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays.'(2) D'ores et déjà, comme le rappelait récemment le patriarche Cyrille, le rapprochement est effectif sur le terrain entre les paroisses voisines qui se sont ignorées pendent les années de la douloureuse séparation.

Notes:(1) http://www.moinillon.net/post/2009/05/05/concelebration-au-Saint-Sepulcre#c8473137(2) cf. http://oltr.france-orthodoxe.net/html/appelfr.html

2.Posté par André le 09/05/2009 14:23
Ce qui est dommage, c'est que le dimanche, à la liturgie, il n'y a eu aucun évêque non constantinopolitain de l'assemblée des évêques orthodoxes de France. N'est-ce pas un signe qu'elle ne fonctionne pas aussi bien qu'on voudrait nous le faire croire?

3.Posté par Svetlana Milko le 09/05/2009 17:27
Je constate que cette adresse (ainsi d'ailleurs que le blog "orthodoxierusseoccident") est très accueillante pour l'exarchat Constantinople! Et des évènements "Frat", AEOF.
Or, lorsqu'il m'arrive de me promener sur les sites de l'ACER-MJO je tombe sur un triste duo Paris-Liège s'appliquant à noircir la vie de l'Église russe, à y chercher tout ce qui risque de sembler déplaisant.
Des inquiétudes chez ces auteurs quant à l'avenir de l'orthodoxie aux Etats-Unis: n'est-elle pas engagée dans le chemin de Moscou? Échappant aux scissionnistes Mgr Basile Osborne?
Les malveillances à l'égard de la petite organisations OLTR y foisonnent.
Rédacteurs des adresses mitoyennes, faites vous moins sectaires et pensée unique. J'aime bien la manière avec laquelle Marie Genko traite de tout cela.

4.Posté par Marie Genko le 09/05/2009 21:04
Je comprends la lettre du patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire comme un appel à la réconciliation entre tous les descendants de l'émigration russe en une seule et même Métropole.
Sa Sainteté Alexis II a bien écrit:
"tous les fidèles de tradition orthodoxe russe des pays d'Europe Occidentale"
Ce qui veut bien dire que les diasporas roumaine, serbes, grecque etc ne sont pas concernées.
Pour nous autres paroissiens des églises russes de France, notre Église Locale est russe.
Et notre Église restera russe, tant que nos frères séparés catholiques n'auront pas réussi à retrouver la pureté de leur foi de l'an 1054.
Lorsque le Seigneur permettra aux chrétiens de reconstruire l'unité du Corps de Son Église, ce jour là, l'Église locale dépendra du patriarche de Rome, comme cela a été le cas durant le premier millénaire de notre chrétienté.



5.Posté par vladimir le 09/05/2009 22:55
XB chère Marie,
Je trouve injuste que vous vouliez oublier la deuxième partie de la phrase: s'il faut d'abord réunir les Orthodoxes russes, le patriarche voyait aussi la nécessite de réunir tous les Orthodoxes 'au moment choisi par Dieu', quand il parlait de 'tous les fidèles orthodoxes se trouvant dans ces pays'. Je pense même que le schéma évoqué par Mgr Jonas pour l'Amérique, dans sa dernière interview, pourrait être un modèle: la grande métropole autonome créée par l'Eglise russe (c'est effectivement le cas de l'OCA en Amérique) servant ensuite de base à une unification plus large, par exemple dans le cadre d'un synode... La difficulté, là bas comme ici, vient de l'opposition du patriarcat de Constantinople, comme cela a été souligné tant par P. Elpidophoros Lambrianidis que par Mgr Jonas (cf. notes dédiées).

6.Posté par Anna Rotnov le 10/05/2009 00:37
Chère Svelana , Mme Marie Genko a le mérite d' aller à Daru pour ensuite dire en face , ou écrire sous son nom complet des textes qui dérangent l' Exarchat . Elle le fait avec fraîcheur et courage et beaucoup de parisiens devraient tirer enseignement et exemple...

7.Posté par vladimir le 10/05/2009 15:10
Je pense en effet que ce site se distingue de beaucoup d'autres par son ouverture et sa tenue. Je regrette néanmoins que, du fait des origines des intervenants et de leurs connaissances linguistiques, il est surtout focalisé sur l'Eglise orthodoxe russe en France et en Russie, mais j'espère que d'autres nous rejoindrons pour élargir nos échanges à toute l'orthodoxie (comme les nouvelles que nous avons eu de Pologne). Déjà plusieurs site, en particulier http://www.nectaire.net/archive-04-2009.html, citent régulièrement nos notes...

Le commentaire d'André souligne encore la prédominance de Constantinople en France citée ailleurs; c'est toujours pour les mêmes raisons historiques: l'archevêché 'de Daru' est encore majoritaire en France et il est renforcé par la métropole grecque qui dépend aussi de Constantinople. Or la France a longtemps été le pays de pointe pour l'orthodoxie en Europe Occidentale grâce à l'émigration russe, qui avait fait de Paris sa capitale intellectuelle, avec en particulier l'institut Saint-Serge. Toutefois, la situation a considérablement évolué entre pays, comme le montrent les chiffres publiés dans une autre note (l'Allemagne et l'Italie semblent avoir dépassé la France), mais aussi au niveau des juridictions: les vagues d'immigrants de l'Est viennent renforcer les diocèses qui dépendent de ces Églises. Ainsi le diocèse de Chersonèse s'est considérablement agrandi, le nombre de paroisses étant multiplié par 3 ou 4. Mais les congrès orthodoxes restent sur les structures datant de leur création, il y a plus de 30 ans...

8.Posté par Marie Genko le 10/05/2009 17:49
Chers tous, je vais essayer de vous répondre à chacun.
Merci à Svetlana de nous rappeler que certains noircissent autant qu'ils le peuvent l'image de l'Église russe sur le forum de l'ACER!
Nous devons prier chaque jour pour eux, afin que le Seigneur les éclaire, car ils se font le plus grand tord à eux-mêmes d'abord, à Sa Sainteté Bartholomé ensuite et enfin à l'Orthodoxie tout entière en assumant la responsabilité d'une médisance permanente!
Il me semble qu'ils devraient être suffisamment intelligents pour le comprendre, sans que nous soyons obligés de le leur dire, et même de le leur répéter.
Chère Anna, il est important que chacun d'entre nous s'exprime avec liberté, sans que nous recevions en retour ni compliments, ni gratitude, car nous écrivons ce qui pèse dans nos cœurs avec l'espoir que quelque part nos théologiens, nos prêtres et nos évêques finiront par nous entendre.
Cher Vladimir, je ne suis pas théologien, c'est délibérément que j'ai insisté sur l'union des diasporas des juridictions russes, simplement parce qu'il me semble qu'il s'agit, après l'union de l'EORHF avec le Patriarcat de Moscou, de la deuxième marche à atteindre pour marcher sur le chemin de l'unité du Corps de l'Eglise du Christ.
Il est irréfutable que l'archevêché des églises orthodoxes russes d'Europe occidentale doit revenir dans le giron de son Église mère.
Je ne comprends même pas que cela soit un sujet de discussion!
Par contre, si les convertis Français, Belges (Liégeois en l'occurrence) préfèrent rester sous l'omophore du Patriarche de Constantinople, ils sont parfaitement en droit de se tenir à ce choix, mais à conditions toutefois qu'ils ne le fassent pas dans nos églises, nos églises construites par les Russes pour les Russes!
Vous me reprochez de ne pas citer la seconde partie de la phrase de Sa Sainteté Alexis II.
Pour moi, en ce qui concerne l'Amérique, ce continent est suffisamment vaste pour justifier la création d'un Patriarcat.
Un Patriarche américain pour les Américains!
Quelqu'un qui ne pourra plus être accusé de faire le jeu de Moscou ou de qui que cela soit d'autre!
De même l'Église Locale en Occident, justifie elle aussi son propre Patriarcat. Et ce Patriarcat existera le jour béni, où nos frères séparés de l'Église catholique auront accepté de repartir en communion avec les Orthodoxes sur les bases théologiques et traditionnelles en vigueur en l'an 1054.
Cela ne demanderait après tout pas un effort tellement surhumain de mettre de côté les changements survenus au courant du dernier millénaire;
Tout les chrétiens, même les Protestants, pourraient se mettre d'accord sur une telle démarche!
En attendant ce miracle, les diasporas grecques, roumaines, serbes ont le droit de rester attachées à leur Église mère.
Tout comme je ne souhaite pas que l'archevêché des églises orthodoxes russes d'Europe occidentale reste soumis à l'omophore d'un patriarche Grec, soumis lui-même à un État musulman,
de même les autres diasporas ont un lien affectif et identitaire avec leurs Patriarcats respectifs, ce qui me paraît tout à fait louable et justifié.
L'acculturation, propre à notre religion orthodoxe a certainement commencé à agir sur nos différentes communautés, ici en Occident, mais il est encore bien trop tôt pour nous séparer de nos Églises mères.
Et il ne s'agit pas de vouloir de favoriser une juridiction, plutôt qu'une autre.
Favoriser Moscou pour les uns, ou Constantinople pour les autres!
Non, il s'agit de trouver la démarche la plus juste, la plus orthodoxe, celle qui répond le plus exactement aux besoins de fidèles, celle enfin qui nous permettra de retrouver l'Amour et la Confiance des uns envers les autres.
Afin que selon nos identités respectives, nous œuvrions tous ensemble à la plus grande gloire de Notre Seigneur et de notre Sainte Orthodoxie.

9.Posté par vladimir le 10/05/2009 19:28
Chère Anna,

Je suis bien entendu d'accord avec vous tant sur les buts que sur la démarche. Il y a peut-être une petite différence d'interprétation sur les étapes:

1ère étape: rassembler tous les orthodoxes de tradition russe dans une grande métropole autonome (j'y insiste beaucoup car c'est important: c'est déjà le cas pour l'EHF et les autres Églises en dehors de la Fédération de Russie et c'est textuellement ce que proposait le patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire). Je pense que cela se fera prochainement, avec ou sans Daru, comme le disait Mgr Marc de Berlin.

2ème étape: union des différentes juridictions au plan local dans une structure qui permette de garder les liens avec leurs Églises d'origine, par exemple un synode comme le propose Mgr Jonas pour l'Amérique. Il y a plusieurs exemples de ce type de double juridiction: l'Église russe de Johannesbourg reconnait l'autorité de l'évêque local et du patriarcat d'Alexandrie tout en dépendent du patriarche de Moscou; les établissements de l'EHF en Terre Sainte sont placés sous l'autorité du patriarche de Jérusalem (il bénit les antimensions et confirme les nominations des chefs de la mission et des mères abbesses), enfin, le plus caractéristique concerne la situation en Amérique avant 1920: la juridiction de l'Église russe y regroupait 300 000 orthodoxes de nationalités différentes (Russes, Ukrainiens, Serbes, Albanais, Arabes, Aléoutes, Indiens, Africains, Anglais) recevant l'antimension pour leurs paroisses de la part des évêques russe. Une telle situation était reconnue par toute les Églises locales qui, pour les paroisses américaines, envoyaient leur clergé dans la juridiction de l'Église orthodoxe russe. Le patriarcat de Constantinople aussi s'en tenait à cette même pratique: par exemple, lorsque en 1912 les Grecs orthodoxes d'Amérique adressèrent à Sa Sainteté le Patriarche de Constantinople Joachim III une requête pour l'envoi d'un évêque grec, le Patriarche ne l’a ni envoyé lui-même, ni n’a adressé cette requête à l'Église orthodoxe de Grèce mais il a recommandé d'en référer à l'archevêque Platon des îles Aléoutiennes et d'Amérique du Nord afin que cette question soit tranchée par le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe russe (1).

3ème étape: régularisation des relations avec l'Église de Rome

Si la 3ème étape est à un horizon lointain, du fait des différences dogmatiques accumulées (rappelez-vous Florence au XVe siècle: les problèmes n'ont fait qu'augmenter depuis!), il est claire que les 2 premières sont parfaitement réalisables à court terme: il suffirait d'un accord entre les Églises orthodoxes concernées... Mais il parait évident que Constantinople s'y opposera par tous les moyens car, privé des diaspora et réduit à son territoire propre tel que reconnu par le traité de Lausanne, il aurait l'impression de perdre ses prérogatives... D'ailleurs l'histoire récente, de la rupture de l'unité orthodoxe en Amérique par la création de la métropole grecque, en 1924, au discours du secrétaire du patriarcat il y a quelques semaines, en passant par l'aide aux séparatistes en Estonie et en Ukraine, tout démontre bien cette volonté, que décrivait aussi très bien le soi-disant patriarche Philarète de Kiev. Remarquons aussi que les seules nouvelles autonomies et autocéphalies du XXe siècle proviennent de l'Église russe.

Note
(1) D'après http://oltr.france-orthodoxe.net/html/patriarches2002fr.html

10.Posté par Anna Rotnov le 10/05/2009 20:16
Ce qui est le plus surprenant à mes yeux est le fait , ( écrit partout et que tous semblent accepter ou ignorer ) que tous les patriarcats son juste des patriarcats , ce qui est écrit près des églises dans les annuaires , et celui de Constantinople mentionne partout la ' soumission ' à sa juridiction . Nul part ailleurs ce mot si dérangeant pour les Hommes Libres dans une religion des plus libres n' est employé . Or , ce mot joue inévitablement sur le psychisme ; ainsi les prêtres se sentent ' soumis ' à leur hiérarchie et cherchent à ' soumettre ' la paroisse ( à eux - même d' abord et à leur hiérarchie ensuite ) . D' où les dérives d' autorité incontrôlée et inexplicable à premier abord .

11.Posté par Marie Genko le 11/05/2009 11:12
Cher Vladimir,
La première étape,dont vous parlez, celle d'une grande métropole autonome rassemblant tous les orthodoxes de tradition russe, est effectivement la solution souhaitée par la plus part des fidèles des descendants de l'émigration russe et il est vraiment dramatique que la direction actuelle de l'archevêché de la rue Daru n'y soit pas favorable. Pire, il est désolant que les opposants à cette démarche se répandent, en critiques médisantes au sujet de l'Eglise de Russie sur les forums internets tels que celui de l'ACER.
Cette union est souhaitable pour des raisons évidentes d'ecclésiologie et pour de nombreuses autres raisons qui ont été maintes fois exposées, ailleurs et ici.
Pour ce qui est des autres diasporas orthodoxes, je ne me sens absolument pas le droit d'émettre une opinion, en ce qui les concerne, si ce n'est qu'il y a plus de fondement, pour des raisons identitaires évidentes, à ce qu'elles dépendent de leur Églises mères respectives, que du Patriarche de Constantinople ou de celui de Moscou.
Je suis d'accord avec vous que l'union avec nos frères séparés romains n'est hélas pas imminente, mais la conjoncture actuelle est certainement infiniment plus favorables que celle des siècles passés. C'est la raison pour laquelle, je crois nécessaire et prudent de respecter le territoire canonique de Rome et de ne pas chercher à y édifier une Eglise Locale orthodoxe.
Pour ce qui est de l'Amérique, je ne sais pas comment fonctionnera le synode que propose Mgr Jonas? Mais s'il s'avère, dans un futur proche, que le Patriarcat de Constantinople a réellement la volonté et la prétention de prendre son son omophore la diaspora mondiale, et bien dans ce cas seule la création légitime d'un patriarcat américain lui garantira une véritable et durable autonomie.
Cette indépendance évitera à la vie de l'Église américaine les tentions que nous connaissons au sein de l'assemblée des évêques orthodoxes de France.
Comme le dit Mgr Jonas lui-même son Église est une Église indigène, son identité et son autonomie doivent être respectées de tous.
Je suis résolument opposée à la nouvelle vision d'une orthodoxie universelle, méprisante des identités cultuelles, qui nous sont si chères à tous.
Je suis résolument opposée à une orthodoxie soumise à l'hégémonie d'un seul Patriarche, nous imposant sa volonté, au mépris de notre tradition conciliaire deux fois millénaire.

12.Posté par vladimir le 11/05/2009 13:41
Je suis, bien entendu, entièrement d'accord avec vous, en particulier avec votre vision du monde orthodoxe, et je voudrais citer le P. Jean Meyendorff: le 'but canonique et missionnaire /du Patriarcat de Moscou/ a toujours été une Église pour les Américains, fondée avec la bénédiction de l'Église mère et invitant tous les candidats à se joindre librement à elle' (1). Comme la montre la la lettre du patriarche Alexis II, de bienheureuse mémoire, ce principe et aussi d'actualité pour l'Europe occidentale...

Juste une précision: l'Église orthodoxe en Amérique, présideé par Mgr Jonas, est autocéphale depuis 1970 et rien ne distingue une Église autocéphale d'un patriarcat, sauf le prestige de cette dénomination. Ainsi, d'après Mgr Ware (ibid cité, p. 13), parmi les 15 Églises autocéphales (OCA comprises), 8 primats portent le titre de Patriarche, un celui de Catholicos (Géorgie) les 6 autres étant soit des métropolites soit des archevêques... Le problème pour l'OCA, comme le dit Mgr Jonas dans son interview, reste l'opposition de Constantinople à la reconnaissance de cette autocéphalie: elle est reconnue par 5 Églises, 5 s'y opposent (avec Constantinople) et 4 la reconnaitraient plus ou moins de facto et non de jure.

(1) P. Jean Meyendorff: nécrologie de p. Alexandre Schmemann annexée à l'édition russe du Journal, après une 1ère publication ds St Vladimir's Theological Quarterly, 28, 1984, pp 3-10. Traduit du russe par V. Golovanow))

13.Posté par Marie Genko le 11/05/2009 19:55
Merci pour toutes ces précisions, cher Vladimir, cela permet aux personnes comme moi, de peu de culture théologique, de mieux comprendre les évènements qui se mettent en place.
La raison pour laquelle il me semble essentiel que chaque diaspora reste liée à son Eglise Mère est, comme je l'ai déjà écrit, autant cultuelle, que identitaire.
Cela n'est pas tout à fait le cas du Continent Américain, car la longue durée de la guerre froide a marqué au fer rouge tout ce qui vient de Russie!
Si nous ne voulons pas que se créent des situations analogues à celle qui a été créée par Mgr Vitaly il n'y a pas si longtemps au sein de l'EORHF, il est extrêmement important que l'orthodoxie en Amérique soit d'une totale indépendance, vis à vis de tout autre Patriarcat, même et surtout celui de Russie.

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