Bernard Le Caro: « Pourquoi je ne fustigerai pas le patriarche de Moscou »
Réponse d’un orthodoxe « vibrant (aussi) de colère » à M. Colosimo

Dans un réquisitoire digne de Fouquier-Tinville, paru dans Le Figaro du 24 mars 2022, M. Colosimo enjoint à tous les orthodoxes de « fustiger » (étymologiquement « battre à coups de fouets ! ») le patriarche Cyrille de Moscou et, ni plus ni moins, « de le faire déposer » par les autres primats. Pour ce faire, il invoque les canons de l’Église orthodoxe sans, bizarrement, en citer aucun.

Donc, puisque celui-ci s’adresse à tous les orthodoxes (à quel titre ?), je dirai pourquoi je ne « fustigerai » pas le patriarche. La première raison est que chacun, selon les canons, « doit garder la mesure qui lui convient » (14e canon du Concile Prime-second).

Quant à la question de fond, force est de constater que ce n’est pas la première fois, dans l’histoire de l’Église, que sa hiérarchie fait face à une situation difficile. Parmi les exemples récents, il y a la guerre russo-japonaise (130 000 morts) en 1905.

À cette époque, l’Église russe développait une mission florissante au Japon, dont le chef était l’archevêque Nicolas (Kassatkine, +1912), depuis lors canonisé. S’il donna sa bénédiction aux clercs japonais afin de célébrer des offices pour la victoire de leur pays, il n’y participa pas lui-même : il ne pouvait agir à l’encontre de ses frères, qui versaient leur sang, même pour une cause discutable. Il y a aujourd’hui un certain parallèle : alors que le patriarche ne dénonce pas l’action de son gouvernement – il ne faut tout de même pas oublier que le président Poutine, l’homo sovieticus selon M. Colosimo, a reconstruit les églises détruites – ses propres hiérarques en Ukraine se trouvent aux côtés du gouvernement ukrainien.

A-t-il « fustigé » ses évêques en Ukraine ? Eh bien, non !

Plus récemment encore, en 2018, le patriarche Bartholomée de Constantinople, s’est trouvé également dans une position inconfortable : au titre de l’opération « rameau d’olivier » (!) les troupes turques avaient envahi le territoire souverain de la Syrie pour anéantir, on sait comment, la résistance kurde. À cette occasion, le patriarche Bartholomée a envoyé le message suivant au président Erdogan : « Conformément à la tradition de notre Église, nous prions toujours pour l’État, la santé de nos dirigeants… Nous prions pour que vous-même et les Forces armées turques obtiennent le succès et que l’opération ‘rameau d’olivier’ apporte la paix dans la région comme son nom le promet » (Hürriyet, 26.1.2018). Comprenant la difficile situation du Patriarcat de Constantinople vis-à-vis du gouvernement turc, nul n’eût songé à l’époque – et certainement pas M. Colosimo ! – à « fustiger » le patriarche Bartholomée. Deux poids, deux mesures ?

Rappelons encore les nombreuses guerres sanglantes entreprises par l’administration américaine et ses supplétifs européens. Qui, parmi les dirigeants religieux aux États-Unis a « fustigé » les présidents de leur pays pour les crimes de l’OTAN, par exemple en Serbie et en Irak – notamment des bombardements avec de l’uranium appauvri – sans parler des « opérations » ténébreuses semblables dans d’autres pays encore ? La liste est longue, et il convient encore de mentionner comment l’administration étatsunienne a abandonné les Chypriotes grecs à leur triste sort, avec 200 000 réfugiés, leurs églises saccagées dans la « République de Chypre du Nord », et ce jusqu’à ce jour. Où sont « les orthodoxes atterrés, les catholiques et les protestants consternés », dont parle M. Colosimo ? Où étaient-ils lorsque les habitants du Donbass étaient bombardés quotidiennement depuis huit ans ?

En outre, parmi toutes ses affirmations à l’emporte-pièce, M. Colosimo attribue « l’indépendance aux Orthodoxes d’Ukraine » au « concile de 2015 ». En fait, il fait allusion au « Concile de Crète », qui a siégé en 2016… et qui n’a pas statué sur la question, toutes les Églises orthodoxes reconnaissant alors l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou comme seule Église canonique en Ukraine ! Qui plus est, c’est le patriarche de Constantinople lui-même « à qui revient la primauté » selon M. Colosimo – sans préciser toutefois qu’il est primus inter pares – qui a accordé le statut d’Église autocéphale à un groupe schismatique ukrainien, et ce sous la pression des États-Unis, ce dont se targue M. Pyatt, ancien ambassadeur des États-Unis en Ukraine, puis en Grèce (Pour les curieux, consulter le site du Département d’État américain Ambassador Pyatt’s Remarks at 3rd International Conference on Religious Diplomacy – U.S. Embassy & Consulate in Greece (usembassy.gov), qui est très édifiant à ce sujet). N’est-ce pas là « la confusion entre les sphères religieuse et politique » dénoncée par M. Colosimo et qui ne concerne pas, cette fois, le Patriarcat de Moscou ?

Pour finir, et c’est le principal, le patriarche Cyrille a demandé aux fidèles de réciter quotidiennement le canon d’intercession à la Mère de Dieu pour la paix en Ukraine. Il serait intéressant de savoir combien, parmi tous ceux qui aujourd’hui « fustigent » le patriarche pour des déclarations soi-disant bellicistes, obéissent à une admonestation que nul ne saurait contester. C’est pourtant le seul et vrai moyen de faire cesser au plus vite les souffrances de toute une population. Et il y a, comme dans toute guerre, des morts des deux côtés. Plutôt que des discours, « prions pour la paix du monde entier », comme il est dit dans la liturgie. C’est là la véritable théologie.

Tenant compte de ce qui précède que ceux qui sont sans péché jettent la première pierre au patriarche de Moscou !

Bernard Le Caro
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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 2 Avril 2022 à 20:07 | 8 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 04/04/2022 12:21
Il est clair que Bernard le Caro - qui sait, lui, de quoi il parle, a certainement un poids que même PO et ses petits "pacifistes" de sac et de corde ne peuvent se permettre d'ignorer.
Bravo Bernard.

2.Posté par Marie Genko le 04/04/2022 16:07
Merci aux modérateurs d'avoir bien voulu publier le message de Bernard Le Caro

3.Posté par Veillat Didier le 04/04/2022 16:11
"il y a, comme dans toute guerre, des morts des deux côtés"... Et peut-on s'en satisfaire en dénonçant l'ennemi pour se justifier soi-même comme ennemi? Mais c'est infini et terrible! Le choc occasionné par l'action militaire de l'Etat russe ne nie pas la question du Donbass, il l'amplifie et ne peut se constituer, du point de vue ecclésial, en quelque justification que ce soit et de la part de qui que ce soit; cela n'a rien à voir avec l'Otan ou avec les US qui ne sont guère défendables en effet eu égard à certaines actions qu'ils ont mené. Mais détachons-nous un peu d'eux, changeons juste notre regard, notre perspective; et que voyons-nous ici et maintenant? du sang, des souffrances, des destructions... Comme si la question du Donbass n'avait pour seule issue qu'une innommable tragédie.

Le Patriarche Kirill n'a-t-il pas justifié cela par ces mots: « Ce conflit n’a pas commencé aujourd’hui. Les racines se trouvent dans la politique occidentale envers la Russie », s'adressant au père Ioan Sauca (de l’Église orthodoxe de Roumanie). Constat, certes, mais justification aussi confortée par cette vision des choses: "le plus terrible n’est pas les armes, mais la tentative de « rééducation », de transformation mentale des Ukrainiens et des Russes vivant en Ukraine pour en faire des ennemis de la Russie."

Le Patriarche entérine aussi (je cite) "la coopération entre l’Église et l’État [qui] se développe de manière fructueuse, visant à préserver la mémoire historique nationale et à affirmer les principes de la morale traditionnelle dans la vie des contemporains". Je pense que c'est cet aspect des choses dont fait état M. Colosimo: à une guerre non seulement de défense, mais à une guerre d'agression à visée morale. Mais quand donc un chrétien a-t-il légitimité - et de qui sinon par auto-proclamation? - pour engager la guerre pour des questions morales? Que nous dit le Christ à ce propos? Sommes-nous donc, nous chrétiens, des moralistes qui plus est belliqueux? La morale, ne peut-on justement la laisser à l'Otan?

4.Posté par Hai Lin (Buenos Aires República Argentina) le 04/04/2022 19:16
Du grand poète anglais du 17ème siècle, tiré de ses « Dévotions Pieuses » envoyé de ma part à Mme Genko et à M. le Caro, traduction d’après Mme de Staël.
***************
Aucun homme n'est une île,

Entière d'elle-même,

Chaque homme est un morceau du continent,

Une partie du principal.

Si une motte est emportée par la mer,

L'Europe est le moins.

Ainsi que si un promontoire était.

Aussi bien que si un manoir de ton ami

Ou des vôtres étaient:

La mort de tout homme me diminue,

Parce que je suis impliqué dans l'humanité,

Et donc n'envoyez jamais pour savoir pour qui sonne la cloche ;

Ça sonne pour vous.

5.Posté par Silvain : dénoncer les oeuvres infructueuses des ténèbres le 04/04/2022 22:43
Toute guerre prend ses racines dans l'invisible, particulièrement dans les zones sombres. Je constate que PO a pris son parti de ne rien laisser dire de sensible qui ne serait finalement compatible avec une pseudo-morale de bon ton dans toute la société métropolitaine.

Les gènes des dissidents soviétiques n'ont visiblement pas su franchir le cap des générations, et la haute bourgeoisie russe parisienne se vautre dans un conformisme franco-français des plus plats, en espérant peut-être sauver sa vie, au prix d'un prudent déni de la vérité.

C'est très malheureux, et comme un malheur n'arrive jamais seul, il ne faudra pas s'étonner si ce conflit s'étend finalement au monde entier, faute de dénonciation opportune (car il faut dénoncer les œuvres infructueuses des ténèbres Eph 5, 11, encore lu dimanche passé).

Dénoncer c'est ne pas participer. Ne pas dénoncer, c'est laisser faire, tout en criant au loup pour se dédouaner.

C'est exactement ce que veulent ceux qui ont conçu cette guerre dans leurs officines, et qui barrent la route des derniers résistants en imposant un modèle de vertus modernes aux "modérés", qui espèrent encore et toujours tirer leur épingle du jeu.

Comme le disait Bossuet :

"Dieu se rit des prières qu'on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s'oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. "

6.Posté par Tchetnik le 05/04/2022 10:58
Il est nécessaire - et évangélique - de protéger les populations innocentes, Didier. Le reste n'est que du blabla de bobo.

7.Posté par Veillat Didier le 05/04/2022 15:03
@ Tchetnik
Mais de quels innocents parlez-vous? Car il y en a pléthore et aucun ne saurait être justifié, même par l'innocence, justement. Quant au blabla de bobo, vous êtes bien en mal d'inspiration, si je peux me permettre. Toujours ce langage lapidaire somme toute révélateur d'une forme d'absence argumentaire...

8.Posté par Veillat Didier le 05/04/2022 15:49
@Silvain
Vous reprochez à PO de ne pas être de parti pris tout en l'étant finalement en n'étant pas dans le parti pris qui est à priori le votre, et de publier les interventions de tous (cela n'a pas grand chose à voir avec un quelconque parisianisme; d'ailleurs, ce qualificatif ne vaut pas argument).

Il me semble que les interventions des uns et des autres sont ici bien représentées au contraire. non pas qu'elle me plaisent nécessairement mais bien parce que certaines n'agréent pas mon sentiment (parfois avec une certaine forme de fausse politesse d'ailleurs...). Admettez que PO ouvre bien les portes de la discussion même si celle-ci est souvent un dialogue de sourds entre contradicteurs. Mais c'est le propre d'un forum.

Soyez prudent quant à l'usage de l'Epitre parce qu'il sous-entend dans votre commentaire que "les œuvres extérieures des ténèbres" sont hors de Russie, qu'elle en est en quelque sorte immaculée, concept qui mettrait la Russie hors du monde réel (ce qui ne serait pas une bonne nouvelle pour qui l'aime vraiment). Par ailleurs, je comprends en vous lisant que les concepteurs secrets de la guerre actuelle ont délégué à l'Etat russe la mission de l'exécuter avec force; mais en tant que victime qui par son action confirmerait de jour en jour cette victimisation violente portée contre un autre. Si vous me suivez... C'est extrêmement étrange et ô combien contradictoire. On s'arrange toujours pour qualifier de juste une violence en la justifiant par l'Ecriture. Mais alors, il ne s'agit plus de foi et votre rappel de l'Epitre du Saint Apôtre Paul est un peu "hors sol". Je m'inquiète quand même de cette convocation de l'Ecriture à une justification de la guerre physique, "corps sans âme", alors que tout, chez l'Apôtre, porte au soutien et au progrès dans la foi en Christ et à la promotion des Ses œuvres à des fins autrement plus élevées que l'horreur de quelque guerre que ce soit: "Soyez, au contraire, remplis de l'Esprit." (dans le même chapitre). Sous ce dernier point essentiel, il ne faut surtout jamais faire plier l'Ecriture qui manifeste quand même, il faut sans cesse le rappeler, la Parole de Dieu et non le service de nos idées (bien au contraire). Soyez prudent.

9.Posté par Manolis le 05/04/2022 16:33
Il y a une certaine hypocrisie à prier la Toute Sainte pour la paix tout en bénissant les forces militaires d'occupation russes. Le soutien de Kyrill aux méfaits de Poutine restera une tache indélébile sur sa mémoire.

10.Posté par Silvain le 05/04/2022 22:58
@Didier Veillat
Cher Monsieur Veillat, je vous entend.
J'avais posté un autre commentaire, plusieurs fois, à chaque fois remanié, mais qui a été systématiquement censuré. Le commentaire que vous avez lu s'adressait personnellement aux modérateur de PO, suite à ces censures, et je ne pensais pas que je serais publié, car cela n'amène rien au débat, et se retrouve complètement hors contexte. Comme souvent en ce qui me concerne, PO censure les posts sensibles et laisse passer les récriminations. Est-ce une preuve d'humilité pour autant?

Comme je ne peux pas développer ces idées, j'en suis à être finalement tourné en ridicule. Je maintiens que PO, par esprit mondain, joue un jeu hypocrite, et que finalement il fait semblant de laisser passer un certain débat contradictoire, mais évite beaucoup trop soigneusement les sujet plus forts.

Je m'étais résolu il y a plus d'un an à ne plus rien publier à cause de cela, et m'étant abstenu pendant tout ce temps, je crois que je vais continuer à le faire, puisque visiblement, mes arguments sont "à côté de la plaque".

Je profite cependant pour le cas où ce message passerait, de me réjouir de la prose de Bernard Le Caro, et de me lamenter de tous ces donneurs de leçon pontifiants et lénifiants, d'un célèbre acteur fraichement converti à je ne dirai pas qui par respect mais tout le monde comprendra, tous plus ou moins animés de cet esprit modéré à souhait, (celui que j'appelle métropolitain, parisien, ou franco-français, - pas assez de terre sous les godasses - bien qu'il puisse aussi faire son lit de l'autre côté de l'océan, et Dieu sait que j'aime la France) et qui pour moi a contaminé l'orthodoxie russe blanche.

Cet esprit finalement si ingrat, qu'il en vient à donner des leçons même au patriarche Cyrille, qui ne saurait plus - selon cet esprit - distinguer sa main droite de sa main gauche, et à assimiler agressivement tous ceux qui ne montent pas SANS DÉLAI DE RÉFLEXION dans l'autobus de la pensée unique antirusse et antipoutinienne, à des criminels contre l'humanité.
Et donc pour le reste je continuerai donc à me taire, puisque l'on ne peut pas parler vraiment.
J'en vois qui se félicitent, grand bien leur fasse.

11.Posté par Théophile le 06/04/2022 11:25
@ Silvain
"Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu, repose sur vous. Que nul de vous, en effet, ne souffre comme meurtrier, ou voleur, ou malfaiteur, ou comme s'ingérant dans les affaires d'autrui. Mais si quelqu'un souffre comme chrétien, qu'il n'en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom. Car c'est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu."
1Pi4

12.Posté par Veillat Didier le 06/04/2022 19:17
@Silvain
Cher Monsieur,

Je comprends votre désarroi. Et votre fidélité aussi au Patriarche Cyrille; la fidélité est une belle vertu.

Cependant, est-il besoin de montrer plus explicitement que ce que nous avons sous les yeux, tant en termes de décisions guerrières de la part de M. Poutine que du soutien non voilé provenant des plus hautes instances de l'Eglise orthodoxe russe, que tout cela qui est écrit pensé, acté, que tout cela relève de la mort et non de la vie en Christ? Il n'y a aucun précepte de morale relevant des Saintes Ecritures et plus particulièrement de la Parole évangélique qui puisse soutenir un seul instant l'épée qui frappe. Il ne s'agit pas d'une ire divine, mais d'une planification humaine glacée. Et cela au nom de la morale... Et quelle morale? Celle du droit purement humain à frapper son frère au nom d'une idée de la chrétienté, mais, j'ose l'écrire, contre le Christ Lui-même. Nos pensées et nos prières instantes doivent s'ériger contre ce fléau.

Qu'importe qui dit quoi et qui justifie, ni comment. Ces considérations sont dépassées par les morts. Et au demeurant, peut-être nos prières devraient-elles même aller vers les russes en priorité; je ne suis pas anti-russe non plus que la plupart des personnes qui ont le peuple ukrainien en grande pitié et défendent avec leur moyens dérisoires l'arrêt de la guerre. Ce que ne fait pas le Patriarche de Moscou. J'espère que les russes se sortiront de ce terrible sentier sur lequel beaucoup sont menés au nom de la morale qui n'est qu'une chose des hommes qui se privent de Dieu tout en parlant en Son Nom (morale qui par définition s'applique toujours au frère... la fameuse histoire de la poutre...); du reste, nous pouvons avoir confiance en eux, ils ont connu pire. Mais quelle épreuve que celle de l'innocence bafouée parce qu'elle ignore, parce qu'on lui cache tout le mal qu'on fait en son nom!

Il n'y a guère de parisianisme là dedans. Partout, des chrétiens orthodoxes sont profondément attristés, beaucoup de russes parmi eux. Il est de surcroît possible que nous nous acheminions vers un schisme; voilà encore une défaite qui se profile à l'horizon. Et donc, au nom de la morale, de la "métaphysique" et de la politique, nous assistons à une tentative de déchirure du vêtement du Christ parce que quelques hommes veulent le tirer à eux tout entier, se pensant leur unique et définitif protecteur. Selon moi, il s'agit là d'un sommet dans l'iniquité. Peu importe l'Otan et ses frasques, peu importe l'Europe et ses déliquescences. Ce qui importe au tout premier chef? L'épée brisée et la sauvegarde de la chrétienté orthodoxe dans l'Histoire du monde.

Certes, si quelqu'un avait attaqué la Russie, l'avait entamée dans sa chair ou son âme, nous serions portés à comprendre, à nous dire qu'il est humain de se défendre. Mais tel n'est pas le cas. La question du Donbass ne peut expliquer un tel déchaînement de violence bien au delà de cette province. Je veux croire que sûrement on a bien trop tardé à la résoudre. Mais on ne saurait la servir en tuant et en justifiant le meurtre par le pauvre argument qui dit invariablement que "c'est l'autre qui a commencé". Tout comme Adam a dénoncé Eve qui a elle-même dénoncé le serpent. On sait ce qui s'en suivit...

Excusez-moi si j'ai été un peu long. Je vous remercie de votre lecture.

Didier Veillat

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