Cheminement d'un intellectuel russe vers l'Orthodoxie
Vladimir GOLOVANOW

De nombreux débats portent chez nous sur la "qualité" de l'Orthodoxie pratiquée actuellement en Russie. Je propose ce témoignage personnel à verser au dossier, sans prétendre ni répondre à toutes les questions ni délivrer un message scientifique. Je témoigne.
À prés de 60 ans mon cousin moscovite A* est un poète et un critique lit-raire assez connu; il jouit d'une reconnaissance certaine dans le milieu, il est vrai restreint, de ceux qu'intéresse la poésie russe contemporaine et il est, à mon sens, assez représentatif d'une grande partie de l'intelligentsia actuelle.

Un athéisme modéré

J'ai fais sa connaissance au cours des 2 mois que je passais à Moscou durant l'été 1969. Il me fit connaitre les nuits tumultueuses des étudiants de Moscou qui reconstruisaient le monde, comme d'habitude, dans des cuisines enfumées et avec force vodka… Il est arrivé que les voisins excédés par le bruit appellent la milice, et on m'avait fait sortir par la fenêtre pour ne pas compliquer les choses en impliquant un étranger.

C'était les débuts de cette dissidence qui allait abattre le régie vingt ans après et je me souviens d'une traversée nocturne de la place Dzerjinski (maintenant redevenue Loubianka), en rentrant après le dernier métro, où A* me dit, en regardant le monument au fondateur de la Tcheka: "Celui-là, si on pouvait lui passe la corde au cou et le balancer dans le Dniepr" (1)… j'avais souri de cette vision utopique!
Nous évoquions peu la religion: j'avais été élevé dans l'Orthodoxie par mes grand-mères et les cours de catéchisme de l'école du jeudi rue Daru, mais cela restait assez enfantin. Ses parents étaient des membres convaincus du Parti et lui-même professait un athéisme modéré: "Dieu n'a pas de place dans ma conception du monde" m'avait-il expliqué. Nous avions aussi une cousine de 12 ans qui répétait naïvement ce qu'on lui serinait à l'école: "si Dieu existe, pourquoi on ne le voit pas…". A* ne relevait pas.

Un intérêt culturel

Nous nous revîmes quand je passais plusieurs mois à Moscou en 1973-74.
La jeunesse Moscovite bouillonnait de plus en plus et je fis connaissance avec le "samizdat". A* approuvait sans s'engager; il commençait une prometteuse carrière de journaliste et ne voulait pas entrer au Parti. Dieu ne l'intéressait toujours pas, mais il me demanda de lui rapporter une Bible, car "un intellectuel qui se respecte se devait de connaitre ce monument de la littérature mondiale". Je lui en apportais une, petit format, bien cachée dans les documents professionnels au passage de la douane… Mon cousin m'emmena aussi à un mariage à la campagne: le couple préférait s'éloigner de Moscou pour éviter les ennuis, et la cérémonie, avec les trois enfants des mariés et le chœur réduit à deux babouchka hors d'âge, me fit une forte impression.

Nos contacts s'espacèrent pendent 15 ans car je n'allais que rarement en Russie à la fin de l'ère brejnévienne. A* était un journaliste apprécié, mais son refus d'adhérer au Parti lui fermait les grands quotidiens. Il commença à publier quelques poèmes… Puis je vécus carrément chez lui de 1991 à 2000, quand je passais la moitié de mon temps en Russie. Il s'était alors engagé au coté des démocrates, depuis les barricades contre le putsch d'août 1991 jusqu'au soutien à Eltsine en octobre 1993; puis la politique le déçut. Par contre son intérêt pour la culture orthodoxe croissait et nous participâmes ensemble à une splendide Liturgie pascale en 1995, dans le "Nouveau monastère du Christ Sauveur" récemment rendu à l'Église.

"Protestantisme orthodoxe" et anticléricalisme

Je viens de retourner à Moscou et là nous parlâmes religion: mon cousin a clairement changé de conviction et fait maintenant partie des 70% de Russes qui se déclarent Orthodoxes "parce que l'Orthodoxie fait intrinsèquement partie du fond culturel russe"; mais, comme la majorité de ceux qui pensent cela, il ne connait rien à l'Orthodoxie! Il se méfie de l'Eglise, dont il ne voit que la pesante organisation administrative avec tous ses défauts humain, et il cherche par lui-même en commençant par le début: la Bible et la Liturgie à Pâques et Noël essentiellement. Cela donne donc une espèce de "protestantisme orthodoxe" où il ne garde que les bases de la christologie, accepte la Mère de Dieu et les saints sans se poser de question et considère le reste comme sans importance… Heureusement il a trouvé un excellent guide spirituel dans "Le Journal" du père Alexandre Schmemann: c'est encore récent, mais je pense qu'il va vite progresser!
L'attitude de mon cousin vis-à-vis de l'Eglise russe est très caractéristique: il reconnait évidement son indépendance du pouvoir et il constate son influence sur la société, mais il trouve cette influence totalement exagérée eu égard au nombre très faible de véritable pratiquants, dont il ne veut pas faire partie. Il n'aime pas les membres du clergé, qu'il considère comme des fonctionnaires principalement attirés par la sécurité de l'emploi, la possibilité de faire carrière sans risques et le gout du pouvoir à tous les niveaux.

Il critique ainsi violemment les deux interventions récentes de l'Eglise dans le domaine quasi-législatif: la lettre du Patriarche concernant la question "du soutien gouvernemental à la famille, la maternité et l'enfance" et la proposition du Responsable du Département patriarcal des relations avec la Société. Dans les deux cas, d'ailleurs, ce n'est pas tant le fond que la forme qui choque mon cousin:

• L'intervention du Patriarche contre l'avortement parait légitime, puisque cela fait partie des bases doctrinales de l'Eglise; par contre la proposition de rendre l'avortement payant lui parait clairement en dehors du rôle de l'Eglise qui ne doit pas se mêler des finances publiques.

• De même l'intervention du père Vsevolod Tchaplin, dénonçant le mauvais gout de certaines tenues vestimentaires peut se comprendre, mais de là à vouloir définir un code vestimentaire ("dress-code"… en russe :-) ), voire chercher à l'imposer réglementairement, semble aussi aller trop loin.

En conclusion:

Il me semble que la description de ce cas concret, assez représentatif d'une couche sociale qui a une influence sur l'opinion générale, montre très concrètement tous les paradoxes et les difficultés que doit affronter l'Eglise en Russie. Elle est évidement en phase de renaissance et de croissance, ce qui l'amène à affronter les troubles inhérents à ces périodes de transition, et cette période est loin d'être terminée. Il ne faut pas se laisser illusionner par l'ouverture d'un grand nombre d'Eglise au centre de Moscou, le chemin qui reste à parcourir sera long et périlleux, mais le mouvement ainsi lancé me semble bien aller dans le bon sens! Rappelons d'ailleurs que l'intelligentsia avait abandonné l'Eglise dès la fin du XIXe siècle et, bien que le catéchisme fut obligatoire dans les écoles, la population ne se fit pas trop prier pour suivre ceux qui voulaient détruire la religion en commençant par les églises… Là le mouvement me semble, heureusement, inverse.

En conclusion:
Il me semble que la description de ce cas concret, assez représentatif d'une couche sociale qui a une influence sur l'opinion générale, montre très concrètement tous les paradoxes et les difficultés que doit affronter l'Eglise en Russie. Elle est évidement en phase de renaissance et de croissance, ce qui l'amène à affronter les troubles inhérents à ces périodes de transition, et cette période est loin d'être terminée. Il ne faut pas se laisser illusionner par l'ouverture d'un grand nombre d'Eglise au centre de Moscou, le chemin qui reste à parcourir sera long et périlleux, mais le mouvement ainsi lancé me semble bien aller dans le bon sens! Rappelons d'ailleurs que l'intelligentsia avait abandonné l'Eglise dès la fin du XIXe siècle et, bien que le catéchisme fut obligatoire dans les écoles, la population ne se fit pas trop prier pour suivre ceux qui voulaient détruire la religion en commençant par les églises… Là le mouvement me semble, heureusement, inverse.

(1) Allusion à l'idole de Peroun, le principal dieu des Slaves, que Saint Vladimir avait fait jeter dans le fleuve en 988, lors du baptême de Kiev.

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 30 Janvier 2011 à 10:29 | 23 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Marie Genko le 30/01/2011 17:16

Cher Vladimir,

Merci de vous être donné la peine de nous donner ce témoignage.

J'espère simplement que vous saurez conseiller d'autres livres à votre cousin que le journal du Père Alexandre Schmemann.
Je crois très fort que nous devons nous abstenir du juger sans cesse le clergé!
Or, le journal du Père Alexandre est justement très critique et sévère sur tout ce qui est clergé russe traditionnel, maints autres aspects de l'orthodoxie russe et même critique des moines du Mont Athos.
A mon sens, pour une première approche de l'Orthodoxie, ce serait une toute autre démarche qui serait profitable à votre cousin.
Non une démarche de jugement de l'Église, mais une démarche d'amour pour elle!
Pour progresser en orthodoxie nous devons apprendre à émettre des jugements sur nous-même!
Et pour cela qu'il s'agisse de nouveaux ou d'anciens en Orthodoxie, le travail est le même!
Apprendre à prier, prier et prier encore! Lire les Écritures et nous pénétrer de la sagesse des moines.
Voici ce que dit le moine Géronda Porphyrios dans le petit livre intitulé :

"La Flamme divine que Géronda Prophyrios a allumé dans mon cœur"
(traduit du grec par les religieux du monastère Saint Antoine le Grand et du monastère de Solan)

"Au contraire tu dois fermer les yeux sur les faiblesses de tes frères, et sans pour autant les imiter, tu dois devenir un avec eux. Fais ce qu'ils veulent et de la manière qu'ils le veulent. C'est comme cela qu'ils veulent que l'on fasse? On fait comme cela! Ils veulent que l'on fasse autrement? On fait autrement. C'est de cette façon que les murs qui nous séparent de nos frères seront abattus. C'est ainsi que nous nous unissons au Christ. Plus tu deviens chaque jour plus uni à tes frères, plus tu entres mystiquement dans l'amour du Christ. "Demeurez fermes dans la liberté" dit Paul (Gal., 5, 1)." page 64

Si les fidèles s'abstenaient de se juger entre eux et aussi de juger ceux qui ont consacré leur vie au Seigneur, la vie des paroisses aurait un avant goût de Paradis!

Que l'Église russe, grecque, ou tout autre patriarcat ne soient pas parfaits, cela est dans l'ordre de leur nature humaine!
Mais je suis convaincue que nous devons soutenir nos Églises par nos prières et nous garder de constamment vouloir les critiquer ou les réformer!

N'oublions pas, comme le dit Irénée sur un autre fil, que l'Orthodoxie est une!

Cher Vladimir, pardonnez-moi de réagir de la sorte, mais si le Père Alexandre a par ailleurs écrit d'excellents livres, son journal n'est pas du tout ce que je préfère!


2.Posté par vladimir le 31/01/2011 13:46
Bien chère Marie,

Pour une fois je ne suis pas du tout d'accord avec vous: je considère "Le Journal" du père Alexandre comme une excellente introduction à l'Orthodoxie. Sa publication a été en Russie un véritable événement et ne cesse d'inspirer et de nourrir débats et réflexions; preuve de son succès - il est introuvable!

Et je rejoins totalement l'opinion des théologiens qui se sont exprimés: "C'est le livre qui manquait à la théologie orthodoxe" dit Jean-François Colosimo (06/12/2009, émission Orthodoxie sur France-Culture), en lisant le « Journal », le père Pierre Mechtcherinov a eu l’impression «qu’il buvait enfin une eau fraîche et pure pour la première fois depuis des années ». (lien ci-dessous) et pour le père Georges Mitrofanov (ibidem) le « Journal » « pose des problèmes si essentiels et avec une acuité si criante que la réception de ce livre peut devenir une sorte de pierre de touche pour la vie ecclésiale en Russie, un test de son aptitude à la créativité spirituelle ».

Le père Georges a relevé un certain nombre de ces problèmes soulevés dans le Journal. En premier lieu, c’est le caractère anhistorique de la vie ecclésiale contemporaine. Selon l’auteur du « Journal » « l’orthodoxie n’a pas remarqué l’histoire», ce qui l’a amenée à une « crise spirituelle des profondeurs », qui se manifeste par l’absence de retour critique sur soi, par un accent excessif mis sur les formes extérieures, la forme, le rituel, tout ce que le père Alexandre désigne comme « une piété de bonnes femmes, imprégnée d’émotion et de superstition ». Dans la vie paroissiale d’aujourd’hui, on n’éprouve souvent nul besoin du Christ, au lieu de quoi est réclamé « tout un ensemble de mesures de type psychothérapeutique, un catalogue de saints rappelant les listes de spécialistes dans les hôpitaux. » Autrement dit, ce qu’on cherche n’est pas le Christ, mais la vie religieuse, diluée dans une sentimentalité religieuse », « ce qui nous ramène dans une dimension païenne»

Selon le père Georges, beaucoup de remarques dans les journaux de Schmemann sont d’une très grande actualité. Ce sont les problèmes de l’éducation théologique avec son conflit entre un « enseignement scolaire et la vie spirituelle » et la perte de la dimension liturgique de l’eschatologie, qui est réduite à un « épouvantail pour le peuple ». Le plus préoccupant est ce que Schmemann appelle « la soumission de l’orthodoxie au nationalisme dans sa pire forme païenne et dans son essence étatique et autoritaire jacobine ». En effet, confirme le père Georges, pour beaucoup l’orthodoxie est devenue « une espèce d’idéologie eurasienne ésotérique ». Quant aux relations entre l’Église et l’État, là encore il y a de grands dangers. Beaucoup de membres du clergé sont davantage occupés à « établir des relations avec les puissants de ce monde (sponsors, fonctionnaires), plutôt qu’avec leurs paroissiens, alors même que c’est la communauté ecclésiale qui fonde l’Église. Malheureusement, constate le père Georges, ces problèmes ne sont jamais discutés dans les réunions paroissiales et diocésaines et c’est pourquoi le « Journal » du père Schmemann peut remplir la fonction « d’un maître spirituel pour de nombreux prêtres en activité ».

Etc. Je vous laisse lire tout le compte rendu...

3.Posté par Daniel le 31/01/2011 14:15
A un débutant dans l'orthodoxie, je conseillerais la lecture des vies des saints, le Prologue d'ohrid ou le synaxaire par exemple, des choses qui édifient spirituellement, ou les père de l'Eglise qui ne sont pas démodés. L'Echelle sainte garde toute sa fraîcheur... Cela dit, le conseil de lecture doit répondre aux besoins et interrogations de cette personne.

4.Posté par Marie Genko le 31/01/2011 14:38

Cher Vladimir,

Autant que je puisse en juger, je pense que le Père Schmemann est un disciple de la pensée de Khomiakoff.
C'est à dire:
L'Orthodoxie de tradition russe revue et corrigée (modernisée) pour devenir une religion universelle.
Une religion orthodoxe constituée de diocèses autocéphales dans différents pays.

Cette conception est contraire au respect des différentes traditions patriarcales chères à l'Orthodoxie.
Elles est contraire à l'espérance de voir nos frères séparés, catholiques et protestants, retrouver une unité de dogmes avec les orthodoxes et constituer leurs propres patriarcats occidentaux avec leurs propres traditions et leurs propres visages.

Que le Père Alexandre ait écrit des choses intéressantes et à retenir pour tous, cela est indiscutable.
Mais méfions nous des engouements!
Le Père Alexandre, n'est pas plus infaillible que nous le sommes tous!
Tout n'est pas bon à prendre dans ce qu'il écrit!
Et pour conclure sur un sujet dont il serait vraiment très long de débattre, j'ai même entendu dire, mais je dois vérifier si cette information est exacte, que les livres du Père Alexandre ont été démonstrativement brûlés par le clergé traditionnel d'une ville russe....
Amitiés Marie


5.Posté par Fabre le 31/01/2011 15:46
chère Marie, voici une analyse qui va dans le sens du pourquoi le père Alexandre va dans le sens où il va ..."Le problème du culturalisme ecclésiastique
Le problème du culturalisme ecclésiastique présente de multiples aspects et son apparition est liée au fait que certaines Églises établies localement avaient derrières elles (elles se trouvaient dans) des Empires. Par conséquent, le problème que nous examinons ici est en rapport avec la relation qu’entretenaient ces Églises établies localement avec ces Empires. En d’autres termes, les Églises qui sont confrontés à la tentation du culturalisme ecclésiastique sont avant tout celles qui avaient derrières elles des Empires qui, depuis, se sont écroulés et ont cessé d’exister sur la scène de l’histoire contemporaine et de la politique internationale. C’est à cette même tentation que, toutes proportions gardées, sont soumises les Églises qui se trouvent dans des États nationaux, en particulier celles dont, au sein de l’État en question, les limites se sont rétrécies de par la conjoncture internationale, au détriment de l’intégralité territoriale nationale. À la première catégorie appartiennent clairement les Églises : 1) de Rome [Romanité latine], 2) de Constantinople [Romanité œcuménique] et de Grèce [Romanité nationale], et 3) de Russie [Romanité de “3e Rome”, par imitation de Rome et de la Nouvelle Rome]. À la deuxième catégorie appartiennent les Églises dans lesquelles des événements géopolitiques ont également favorisé la tendance au culturalisme ethno-ecclésiastique : 1) l’Église de Grèce encore une fois, en raison de l’État helladique qui s’est consolidé entre-temps (notamment à partir de 1947), 2) l’Église de Bulgarie, qui pourrait également appartenir à la première catégorie en raison de la nature et de la forme de l’Exarchat qui s’est développé à partir de 1870, et 3) l’Église de Serbie (et non, comme l’affirment les Serbes, de la Yougoslavie d’alors, ainsi que l’aurait exigé l’acribie canonique).
À ces deux catégories d’Églises, nous pourrions en ajouter une troisième catégorie qui, récemment, manifeste un culturalisme ethno-ecclésiastique très aigu dans la pratique. Il s’agit de l’Église de Roumanie, ainsi que d’autres Églises de l’ex-bloc de l’Est (comme l’Église orthodoxe de Pologne en particulier, etc.), qui ont témoigné et témoignent encore d’un culturalisme ethno-ecclésiastique effréné aux dimensions mondiales, lequel coïncide et rivalise avec le culturalisme ethno-ecclésiastique russe. Ces Églises orthodoxes, issues du carcan du communisme internationaliste qui, par définition, n’encourageait pas les initiatives nationalistes, donnent l’impression qu’elles cherchent à acquérir, serait-ce rétrospectivement, un Empire dont elles ont été privées jusqu’à ce jour. Il suffit de remarquer, par exemple, la manière dont le Patriarcat de Roumanie organise les paroisses et les communautés ecclésiales dans le cadre de ladite « Diaspora » orthodoxe, au niveau européen et mondial. Sans parler de l’Église de Skopje de l’ex-Yougoslavie – malheureusement encore en schisme –, qui, imitant au pied de la lettre l’Église de Bulgarie, a développé, depuis le schisme (1946), un culturalisme ethno-ecclésiastique d’un type particulier, cherchant à toute force à utiliser et manipuler l’Autocéphalie ecclésiastique sur la base de l’Église nationale, en vue d’acquérir (son peuple) une hypostase étatique. En ce cas, il ne s’agit pas d’une influence exercée par la culture. Il s’agit d’une culturalisation à outrance de l’Église et de sa transformation en fondement éonistique sur lequel s’édifie le futur État.
En raison de l’étendue de la question et de la nécessité de la présenter globalement, il nous faut schématiser afin d’analyser, ne serait-ce que succinctement, les phénomènes dont nous soulignerons du même coup les ressemblances et les dissemblances. Prenons donc quelques points de manière plus détaillée.
Droits ecclésio-canoniques et intérêts ethno-ecclésiastiques
Afin de faire ressortir la relation entre « une Église “a un droit” et “a un intérêt” » et la question que nous examinons, il est pertinent de donner un exemple tiré de l’Histoire politique de la Grèce. Quand le Premier Ministre Elefthérios Venizélos (1920-1923) débattait des questions nationales autour de la table des négociations politiques, il eut bien des difficultés à convaincre le Centre National d’Athènes de la meilleure méthode à adopter pour revendiquer des droits nationaux foulés au pied. Ces difficultés étaient dues au fait qu’il persistait, dans la conjoncture de l’époque, à donner priorité aux intérêts nationaux, et non aux droits nationaux. Nous ne citons pas cet exemple de manœuvres diplomatiques en vue de déprécier les choix politiques de Venizélos, mais simplement pour mettre en relief la distinction que sous-tend tout choix politique : le droit et l’intérêt. Finalement, en politique, la priorité est donnée à l’intérêt national. Dans le domaine de l’ecclésialité, au contraire, c’est la priorité ecclésiologique et eschatologique qui prime, et le droit ecclésio-canonique qui est prioritaire, en pleine conformité avec la Tradition canonique de l’Église. Or, en dépit de cette distinction si évidente, ce à quoi le culturalisme ecclésiastique attache le plus d’importance reste les conditions et la logique de la politique, c’est-à-dire l’intérêt ethno-ecclésiastique et les priorités ethno-ecclésiastiques. Ceci apparaît en pleine lumière dans l’espace de ladite « Diaspora » orthodoxe : ce ne sont pas les droits ecclésio-canoniques qui priment et auxquels les Églises nationales orthodoxes donnent priorité, mais les intérêts ethno-ecclésiastiques de nature purement culturaliste. C’est pourquoi, récemment, se développent, tels des cancers, des stratégies non ecclésiologiques et des pratiques non canoniques, qui amènent à un prismatisme ecclésial et à la fragmentation. Et c’est précisément là que l’on voit qu’à notre époque, une époque dominée par un culturalisme ecclésiastique virulent, le Droit Canon de l’Église s’est transformé et mué en …Archéologie canonique !…, sans aucun sens pour le devenir ecclésiastique de nos jours. Par conséquent, un aspect de ce culturalisme ecclésiastique que nous examinons ici entraîne la question de savoir s’il faut donner priorité au droit ecclésio-canonique ou à l’intérêt ethno-ecclésiastique. Et c’est précisément là qu’il apparaît, en fin de compte, que le culturalisme ecclésiastique est mu par des conditions et des catégories politiques, et non par des catégories ecclésiales et canoniques, contribuant ainsi à la domination aveugle de l’Église nationale au sein de la communion ecclésiale.
* * * * * *
La question que nous étudions est d’importance capitale, du fait que le culturalisme, cette dérive de la culture et de la civilisation à s’imposer comme une exclusivité idéologique collective, ainsi que le culturalisme ecclésiastique qui s’ensuit, seront le problème auquel, dans le cadre de l’unification européenne et de la mondialisation, nous serons continuellement confrontés dans toutes les relations inter-ecclésiales, qu’elles soient inter-orthodoxes, inter-chrétiennes ou même inter-religieuses. Aujourd’hui, les Chrétiens, particulièrement les Orthodoxes, confirment au quotidien cette devise italienne caractérisant si bien l’esprit de leur temps : siamo primo Veneziani e poi Christiani !...
Il ressort clairement de ce qui précède que le culturalisme ecclésiastique a causé et continue à causer, au sein de l’Église, des problèmes et des difficultés sous-jacentes, difficilement perceptibles, et il nourrit en permanence l’Église nationale, lorsque celle-ci se manifeste visiblement ou même invisiblement. Cette constatation recouvre des aspects multiples. Nous n’en présenterons que deux, à titre indicatif, relatifs à l’espace ecclésiastique orthodoxe.
1) La question de ladite « Diaspora » ecclésiastique en tant que problème interorthodoxe tout au long du 20e siècle. Sur cette question, il n’y a ni convergence ni coïncidence, car, alors que la question est en fait résolue de manière ecclésio-canonique et théologique par l’Église au niveau diachronique et mondial, les Orthodoxes ne cessent de la poser sur un fondement culturaliste qui ignore, d’une part, par définition, les facteurs théologiques, ecclésiologiques et canoniques, et qui, d’autre part, multiplie et augmente un problème ecclésio-canonique actuel et à venir, celui de la canonicité prismatique, à plusieurs façades (canonicité multifaciale). Ce problème est d’une nature en apparence si ecclésiologique et canonique que le culturalisme ecclésiastique toutefois l’expose aujourd’hui comme un problème ecclésiastique insoluble. Du moins, il semble que les évêques orthodoxes de la « Diaspora » s’intéressent davantage au prestige de leurs mêmes Églises nationales et à leurs intérêts ethniques plus qu’au témoignage de l’Évangile face à nos contemporains. Ils représentent consciemment une Orthodoxie plutôt “orientale et culturelle” et moins “ecclésiale et eschatologique”. C’est pourquoi la communauté ecclésiastique nationale de chacun porte les caractéristiques de “juridiction messianique”…, à l’image et à la ressemblance de l’Église nationale-mère messianique… Voilà encore un autre aspect non visible de l’Église nationale.
2) L’impossibilité de réunir un Concile panorthodoxe durant les 50 dernières années (1961-2010). Malgré les tentatives bien coordonnées et organisées en vertu de la Théologie ecclésiale et de la Tradition canonique, entreprises par le Patriarcat œcuménique de Constantinople durant tout ce laps de temps, les difficultés de réunir un Concile panorthodoxe proviennent de causes plus profondément culturalistes qui entravent, d’une part, la théologie ecclésiale locale, et d’autre part, les chefs ecclésiaux de chaque lieu. L’année dernière, rencontres et travaux pré-conciliaires ont été repris. Nous espérons profondément qu’ils progressent et portent leurs fruits, mais nous pensons que, tant que les priorités des Orthodoxes resteront culturalistes, fondées sur les intérêts sous-jacents des Églises nationales, les travaux se heurteront à de multiples difficultés. C’est pourquoi il faudra cette fois et dorénavant que les priorités s’inversent et deviennent avant tout théologiques et ecclésio-canoniques.
En tout cas, toutes ces tentatives de culturalisme ecclésiastique qui, aujourd’hui, ont envahi et paralyse l’Église, quelle que soit la forme qu’il revêt, resteront un simple combat humain, purement et simplement humain, si, finalement, il ne repose pas sur les fondements eschatologiques de l’Église et n’est pas reçu par l’Église de manière sotériologique. Malgré cette constatation théologique et historique, l’Église nationale ne cesse pas d’être influencée et guidée par le culturalisme ecclésiastique qui aliène la théologie ecclésiale et contamine en permanence la vision christique « de l’union de tous » (Jn 17, 21-22).
Archim. Grigorios D. PAPATHOMAS Paris, le 15 janvier 2010
Paris-Tallinn-Athènes "

6.Posté par vladimir le 31/01/2011 15:47
Je persiste et signe en considérant que "Le Journal" permet d'accéder à une Orthodoxie à l'opposé de cet «épouvantail pour le peuple» dont parle le père Georges ci-dessus; une Orthodoxie joyeuse, humaniste, "compréhensible dans cette lumière paisible qui émane de ce prêtre surchargé, pourtant souvent découragé, fatigué par les intrigues ecclésiales, les confessions qui sont un fardeau de broutilles, d’états d’âme relevant plus du thérapeute." comme l'écrit si bien Georges Nivat (LE TEMPS Livres, 19 décembre 2009, http://www.letemps.ch/Page/Uuid/4c3fc9b0-ec1e-11de-976e-533375518f5a|0) qui commence son excellente recension par "Voici un premier grand texte d’un Européen orthodoxe occidental. Le Journal du père Schmemann furète, réfléchit, se réjouit de la vie et de sa beauté."

Pour quelqu'un en recherche "Le Journal" ouvre la porte, les vies de saints et l'Echelle viendront après, pour approfondir...

Et pour ce qui concerne spécialement la critique de "la vie religieuse, diluée dans une sentimentalité religieuse ... ce qui nous ramène dans une dimension païenne» et des excès du monachisme, je vous renvoie à cette conférence du père Pierre Mescherinov dont nous avons parlé dans un autre fil (cf. lien).

Toutes ces références me semblent bien démontrer l'importance extraordinaire de ce texte pour l'Orthodoxie et la Russie ACTUELLEMENT. Et je dois dire que je n'ai pas remarqué DANS CE TEXTE les tendances que vous soulignez, chère Marie (et que je connais bien... ailleurs!). En tout cas ce n'est pas cela qui saute aux yeux et qui reste après lecture, comme le montrent aussi les différentes recensions que j'ai lues et que je cite...

7.Posté par Daniel le 31/01/2011 19:55
@ Wladimir

Je conseille vraiment de commencer par les vies des saints plutôt que par ce journal. Les vies de saints quelle que soit l'époque montre des exemples de vies orthodoxes accomplies par différentes personnes, de différents âges etc. Cela se lit en général très facilement et c'est instructif et édifiant spirituellement car cela montre l'orthodoxie vécue. Ca familiarise avec le cycle liturgique, ça incite à prier les saints dont on découvre la vie et ça génère un amour pour les saints.


8.Posté par vladimir le 01/02/2011 19:06
Bien cher Daniel,
Je n'ai rien contre les vies des saints, au contraire, mais il est certain que ni leur qualités littéraires, généralement médiocres, ni la vision qu'ils donnent souvent d'une Orthodoxie austère et ascétique, ne sont pas de nature à attirer des intellectuels comme mon cousin. Le titre du colloque où intervenait le père Pierre (commentaire 6) était "La théologie de la joie dans l'éclairage de l'héritage du père Alexandre Shmemann" («Богословие радости в свете наследия прот. Александра Шмемана») et c'est bien cette incroyable vitalité, cette joie dans la vie orthodoxe que transmet "Le Journal".

Je veux préciser que je n'ai pas conseillé cette lecture à mon cousin: c'est lui qui me l'a envoyé peu après sa parution, en me disant qu'il avait découvert un livre extraordinaire que je devais connaitre! Car, malgré les recensions que j'ai cité, on ne se rend pas compte ici de l'impacte de ce livre en Russie. Le texte frappe d'abord par ses qualités littéraires, soulignées par G. Nivat, et évidement par cette présentation d'une Orthodoxie vivante. le p. Alexandre: "Ce dont a le plus besoin notre siècle froid et terrible, c'est d'un récit vivant qui parle de la foi vivante, la transmission non pas seulement de connaissances ou de faits concernant la foi, mais de son expérience même" a-t-il écrit, et son succès en Russie ne se dément pas: je connais un prêtres et j'ai lu plusieurs témoignages qui l'utilisent pour leurs sermons; l'un d'eux a complétement démonté l'ouvrage, le reclassant par thèmes, avec des marque-pages, des renvois et des commentaires partout...

Le souffle de cette bombe n'est pas retombé 5 ans après sa parution: les débats continuent dans la blogosphère orthodoxe et les colloques théologiques (celui que j'ai cité a eu lieu en octobre dernier) car, "le père Alexandre Schmemann formule très nettement nombre de problèmes parmi les plus importants de la vie de l’Église et aide parfois à trouver une solution" comme l'a dit le père Pierre Mechtcherinov (lien commentaire 2). Et c'est cela qui en fait l'un des principaux outils qui, je crois, permet à l'intelligentsia russe actuelle d'avancer dans la bonne direction. à l'exemple de mon cousin...

9.Posté par Marie Genko le 01/02/2011 21:53

Cher Daniel Fabre,

Je vous ai envoyé hier un message de remerciement pour vous être donné la peine de m'avoir envoyé, le texte du Père Papathomas.
Je l'ai lu dès que je l'ai reçu et je vous ai aussitôt répondu.
Simplement j'ai du faire une mauvaise manipulation et mon message n'est pas parvenu à destination...
La prose du Père Papathomas, n'est pas exactement limpide! Et je vais prendre le temps de la lire à nouveau, avec une tête reposée, afin de pouvoir comprendre son fil directeur.
Il y a quelques années j'avais eu connaissance d'un texte de ce théologien qui soutenait que le patriarche de Constantinople avait, de par la vertu d'un des canons du concile de Calcédoine, sous son omophore tous les territoires, dits barbares, c'est à dire en autre l'Europe occidentale!
Les dernières réunions de préparation au concile panorthodoxe ne lui donnent absolument pas raison.... Comme quoi, même un éminent théologien grec peut faire des erreurs...

Alors, à mon sens, il ne nous reste plus qu'à nous faire petits et à avoir davantage confiance en nos traditions séculaires qu'aux innovations des uns et des autres!!!


10.Posté par Marie Genko le 01/02/2011 23:02

Cher Vladimir,

C'est tout de même étonnant que le Père Georges parle de l'orthodoxie comme de l'épouvantail du peuple....!!!
Comment se fait-il que cet épouvantail ait réussi en 20 ans à reconstruire tant et tant d'églises? Je vous rappelle qu'il restaient 19 monastères en URSS en 1989 et aujourd'hui la Russie en compte 450....

Pourtant, vous, moi, et le père George parlons bien de la même Orthodoxie?

Cette Orthodoxie russe qui porte en elle depuis tant et tant de siècles la joie de la Résurrection du Christ !
Cette orthodoxie russe si riche de la bonté et de la patience infinie de ses prêtres!
Des prêtres paternels et humains auprès desquels les fidèles peuvent en confiance épancher leurs fautes, leurs craintes et leur désarroi!

Lorsqu'un prêtre consacre sa vie au Seigneur, il sait qu'il s'engage à Le servir, et cela est sans aucun doute une joie sans mélange!
Mais il sait aussi qu'il sera responsable d'un troupeau de fidèles et qu'il devra s'efforcer d'imiter le Christ dans son ministère auprès de ses fidèles!

Imiter le Christ, c'est à dire donner aux autres, au-delà de ce qui est humainement possible!
C'est à dire aimer les autres, au-delà de ce qui est humainement possible...
Et toutes ces actions sont justement portées, grandies et rendues possibles par la joie de la Résurrection!

J'ai toujours vu autour de moi des fidèles orthodoxes joyeux dans leur Foi et des prêtres dévoués!

Le but de notre religion n'est-il pas de nous appeler à la Sainteté?

Alors permettez moi de trouver étonnant que vous écriviez, que pour plaire aux intellectuels, les vies ascétiques des moines et leurs pauvres qualités littéraires ne sont pas de nature à les séduire !!!

Cher Vladimir, nous parlons de vie en Christ, de vie en Église et non d'un cercle littéraire!

Ce n'est pas la qualité d'écriture d'un livre, qui importe, mais bien l'amour du Christ et la Charité que ce livre porte en lui!
Et pour moi, seuls les exemples de Charité et d'Amour sont un enseignement profitable!

Et en cela Daniel a entièrement raison, les vies des Saints sont cet exemple de Charité et de prières que nous devons nous efforcer d'imiter.

Avec toute mon amitié Marie




11.Posté par Fabre le 02/02/2011 09:50
chère Marie, vous avez raison pour le père Papathomas....en ce qui concerne le patriarcat de Constantinople et sa prétention par rapport aux " barbares ". Toutefois, tout ce qu'il enseigne n'est pas obligatoirement faux ! sinon quel professeur de faculté pourrait encore enseigner si d'emblée, il était un à priori, pour quelques erreurs de rejeter tout de leur enseignement...! valable pour toutes discipline..
pour le père Shmemann, c'est son expérience et ses réflexions, certaines je puis faire miennes, aujourd'hui, d'autres....peut-être une autre fois, un autre demain mais pas ce jour...cependant tout cela le garde respectable..je pense quand même pour avoir vécu chez les grecs,Antioche, les Roumains et fréquenter les Russes (enfin ceux de Constantinople) que l'analyse du père Shmemann est vraie en ce qui concerne les travers des orthodoxes (que je suis et auxquels s'ajoutent mes travers de moi)
Enfin, cher Vladimir, cela me gêne d'entendre orthodoxie " humaniste" quand je vois les dégâts de l'humanisme que l'on prend ou vit en lieu et place de spiritualité...ou d'Evangile, Dieu évacué pour mettre l'homme au centre, lui seul alors source de toute bonté.! Brrrr ....! ça fait froid!

12.Posté par Irénée le 02/02/2011 10:00
Pourriez-vous, les uns et les autres, faire l'effort de respecter l'usage d'appeler les évêques et les prêtres par ler prénom (suivi éventuellement de leur nom de famille).
Je n'aime pas lire père Papathomas, je préfère père Grégoire (ou Grigorios pour les amateurs d'exotisme !)
Merci

13.Posté par Marie Genko le 02/02/2011 11:49

Cher Vladimir,

Dans votre message 6, vous citez G. Nivat qui parle du journal du Père Alexandre comme suit:

"Voici un premier grand texte d'un Européen orthodoxe occidental"

Je crois que vous avez mis le doigt, en donnant cette citation, sur à la fois l'originalité du Journal du Père Alexandre et d'autre part sur une certaine contradiction inhérente à cette définition.

Pour moi, le christianisme occidental n'est pas la tradition russe, mais bien la tradition latine revenue aux dogmes de l'Eglise indivise.

Nous n'avons pas à nous efforcer d'occidentaliser l'Orthodoxie russe!

Cette orthodoxie russe elle a su survivre aux pires persécutions!
Elle prend sa source dans la culture et l'âme du peuple russe!
Elle a su ressusciter de ses cendres et elle nous montre chaque jour sa vigueur retrouvée!
Cette orthodoxie de Russie n'a aucune raison de s'occidentaliser!

Je sais que le Père Alexandre Schmemann est très lu dans les milieux ecclésiastiques catholiques et cela me semble une excellente chose, car sa vie et son témoignage, sont un exemple admirable.
Puisse le Seigneur permettre à nos frères catholiques et protestants séparés de retrouver, grâce au Père Alexandre, le chemin de l'Église indivise.

14.Posté par Marie Genko le 02/02/2011 11:00
Cher Irénée,

Merci pour ce rappel de la politesse la plus élémentaire!

15.Posté par Marie Genko le 02/02/2011 11:03
Cher Daniel Fabre,

Votre message 11
Vous avez entièrement raison, j'ai presque envie d'ajouter : "comme d'habitude!"
Car vous remettez bien souvent les choses dans leur juste perspective!
Je reviens vers vous dès que je pourrai trouver le temps pour lire tranquillement le Père Grégoire Papathomas.

16.Posté par Fabre le 02/02/2011 13:40
oui Irénée, je confesse avoir écrit le nom de famille ....parce"que pour le mémoriser et le citer alors, ce me fut plus aisé....voici un trait de ma paresse intellectuelle ! pardon à Lui, le père grigorios et à vous mais faites aussi la remarque à Monseigneur le Métropolite Stephanos de Tallin dont voici le copier coller de son site :
" Site national EAÕK en estonien

Copyright © 1998-2011 EAÕK

Calendrier liturgique janvier et février 2011
Message de Noël du Métropolite Stephanos de Tallinn

Quatre niveaux de co-territorialité par le P. Papathomas"

17.Posté par Marie Genko le 04/02/2011 10:42

Cher Daniel Fabre,

Je viens enfin de trouver le temps de lire à tête reposée l'article que vous donnez ci-dessus concernant le problème du culturalisme ecclésiatique, écrit par le Père Grégoire Papathomas.

Je vais essayer d'énoncer aussi clairement que possible les réflexions que m'inspirent cet article.

Deux choses sont à prendre en compte

1/ le droit Canon, c'est à dire : un évêque établi localement avec ses fidèles est nécessairement l'Eglise Locale.
2/ L'Histoire de la construction de l'Eglise chrétienne durant le premier millénaire.
C'est à dire l'octroi de territoires à différents patriarcats autocéphales.

L'attitude adoptée actuellement par les différents patriarcats orthodoxes est, autant que je puisse le comprendre, UNE ATTITUDE D'ATTENTE
que le déroulement de l'HISTOIRE, NON PAS POLITIQUE, MAIS ECCLÉSIALE,
permette de se mettre en règle avec les Canons.

Je m'explique:
Nous sommes sur le territoire historiquement canonique du patriarcat Romain et en attendant que ce patriarcat retrouve une unité de Foi avec les Orthodoxes, nous continuons à nous comporter en Diaspora et non en Eglise Locale.
Si nous devenions l'Eglise Locale, nous deviendrions nécessairement une Église autocéphale sur le territoire canonique du Patriarche de Rome, ce qui nous mettrait vis à vis des Catholiques et des Protestants dans une position de conquête, et non plus de témoignage!
Une position de prosélytes envahisseurs d'un territoire qui n'est historiquement pas le notre!

Témoigner la Vérité de sa Foi est à mes yeux un devoir de chrétien.
Mais le prosélytisme n'est pas exactement la même chose et si nous ne voulons pas tomber dans les travers que nous reprochons à nos frères catholiques, nous devons prendre garde à nous en abstenir.

Les fidèles en diaspora, et leurs descendants, témoignent des traditions propres à leurs différentes Églises Mères.
Ils ne prétendent pas, ou du moins ils ne devraient pas prétendre être l'Église Locale!
Il n'y a pas là, contrairement à l'analyse du Père Grégoire, un culturalisme ethno ecclésiastique.

Mais plutôt un respect instinctif a/ de sa propre identité.
b/ de l''identité du pays d'accueil.

Le texte du Père Grégoire mériterait une analyse détaillée pour comprendre les causes de certains replis identitaires, dont il fait état.
Je ne suis pas certaine que ce sujet passionne nos lecteurs, aussi vais m'épargner et épargner à ceux qui nous lisent un texte trop long et probablement rébarbatif.

18.Posté par Fabre le 04/02/2011 16:46
chère Marie, ben oui c'est long et un peu rébarbatif, mais intéressant pour connaitre les " points de vues " (je ne sais si on met le pluriel aux deux mots....??!) et les arguments....mais il est vrai que cela ne doit pas être enthousiasmant pour beaucoup..

19.Posté par Marie Genko le 06/02/2011 22:46

Cher Daniel Fabre,

Je pense que ce qui est important pour nous tous est de ne pas confondre le cheminement historique des peuples avec le cheminement dans le TEMPS de l'Église.

L'ÉGLISE du Christ se construit, non par rapport à l'Histoire des Nations, comme le craint le Père Grégoire, mais par rapport à sa propre maturation.
Et cette construction, à cause de notre impatience, de nos doutes et de notre manque de Foi se fait dans la douleur et parfois aussi dans les erreurs.

Mais nous pouvons être certains que nous progressons, puisque le Christ lui-même est notre guide.

20.Posté par vladimir le 12/03/2011 16:37
Un témoignage pour notre débat sur quels livres conduisent à la foi orthodoxe: orthodoxie.com signaleque, dans la région d'Irkoutz, un ancien pasteur est devenu le prêtre Igor dans l'Eglise orthodoxe. Dans un entretien, il a relaté que les livres qui l'ont aidé à cheminer vers l'orthodoxie furent notamment ceux de Mgr Antoine (Bloom) de Souroge, de saint Jean de Cronstadt, du père Alexandre Schmemann et de saint Nicolas du Japon.

Deux sur quatre de ces auteurs sont combattus par les traditionalistes comme appartenant à "l'école de Paris" ou proche d'elle.

21.Posté par Daniel le 12/03/2011 20:23
@ Vladimir (message 20)

Cela dit, quand je vois la photo du nouveau prêtre orthodoxe aussi bien le premier plan que l'arrière plan, je suis un rien réservé. Cela rejoint le texte de Marie Genko sur le "Modernisme dans mon archevêché". Je répondrai donc sur ce fil...

22.Posté par vladimir le 13/03/2011 09:54
Irkoutsk (Sibérie centrale) est donc touché par le modernisme comme Daru (Paris VIIIe)! Les voies du Seigneur sont impénétrables et tant qu'il y a l'Amour et la Grâce ...

Au plaisir de vous lire sur le bon fil, voire sur un prochain post que je prépare à propos des rites occidentaux.

23.Posté par Aristote Miaoulis le 14/03/2011 21:43
Vive l'Orthodoxie russe !

Amitiés,

A. Maioulis

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